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Full text of "Saint Bruno et l'ordre des Chartreux"

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SAINT  BRUNO 


ET 


L'ORDRE   DES  CHARTREUX 


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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/saintbrunoetlord02lefe 


SAINT  BRUNO 


ET 


L'ORDRE  DES  CHARTREUX 


PAR 


I.\AWBK    F.-Ji.    LEFE'BVRE 

MEMBRE  DE  L'ACADEMIE  DARRAS 
ET   DE    PLUSIEURS    SOCIETES     SAVANTES 


TOME  SECOND 


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S 


& 


PARIS 

LIBRAIRIE    CATHOLIQUE    INTERNATIONALE 

DK    L'ŒUVRE    DE    SAINT-PAUL 

6,  rue  Cassette,  6. 

M  DCCC  LXXXIU 


H8LY  REDEEMER  LIBRARV^INDSQR 


SAINT   BRUNO 


ET 


L'ORDRE  DES  CHARTREUX 


CINQUIÈME    PARTIE 


r  r 


GENERAUX 


E  fut  seulement  au  XIIe  siècle,  sous  le 
gouvernement  de  saint  Anthelme,  sixième 
successeur  de  saint  Bruno,  que  le  Cha- 
pitre Général  reconnut  le  Prieur  de  Chartreuse, 
comme  chef  de  l'Ordre  et  lui  donna  le  titre  de 
Général.  Jusque-là,  les  différentes  Maisons  étaient 
indépendantes  les  unes  des  autres  et  avaient  leur 
administration  propre.  Toutefois,  avant  de  donner 
la  biographie  des  Généraux,  de  relater  les  princi- 
pales   particularités    de    leur   vie  et  d'esquisser    à 

1 


grands  traits  les  faits  importants  de  leur  prélature, 
nous  nous  occuperons  des  six  premiers  Prieurs  du 
Désert  de  Chartreuse,  qui  peuvent  être  considérés 
comme  les  fondateurs  de  l'Ordre. 

Bien  souvent,  nous  n'aurons  à  enregistrer  que  les 
noms  des  Généraux,  la  date  de  leur  entrée  au  pouvoir 
et  celle  de  leur  mort  ou  de  leur  démission.  En- 
sevelis dans  la  solitude,  ces  pieux  Solitaires  cher- 
chaient à  se  faire  ignorer  du  monde,  et  à  dérober 
à  sa  connaissance  leurs  austérités,  leurs  talents  et 
leurs  vertus,  jusqu'au  moment  où  des  circonstances 
particulières  venaient,  à  leur  grand  regret,  les 
mettre  en  relief.  Toute  la  sollicitude,  tous  les  soins 
de  ces  vénérables  Religieux  tendaient  à  maintenir 
leur  Institut  dans  son  intégrité  et  à  conduire  sûre- 
ment dans  la  voie  de  la  perfection  les  âmes  qui 
étaient  venues  se  placer  sous  leur  sage  et  paternelle 
direction.  Tous,  sans  aucune  exception,  furent  fidèles 
à  cette  sainte  et  pacifique  mission  ;  tous  se  distin- 
guèrent par  la  pureté  de  leur  foi,  leur  zèle  pour 
l'observance  et  leur  ardent  amour  pour  l'Ordre. 
Leurs  efforts  furent  visiblement  bénis  du  Ciel,  et 
c'est  avec  raison  que  les  enfants  de  saint  Bruno 
leur  attribuent  une  grande  part  dans  le  privilège 
dont  l'Ordre  jouit  d'avoir  pu  traverser  huit  siècles 
sans  qu'une  réforme  ait  jamais  été  nécessaire  ; 
aussi,  peut-on  dire  de  la  Chartreuse,  comme  déjà 
nous  l'avons  fait  remarquer  :  Cartusia  nunquam 
reformata,  quia  nunquam  deformata. 


I. 

1084  -- 1089. 

SAINT    BRUNO. 

AINT  BRUNO  fonda  le  Monastère  du 
Désert  de  Chartreuse,  en  1084,  et  en  gou- 
verna les  Solitaires,  jusqu'au  moment  où  le  Sou- 
verain Pontife,  Urbain  H,  l'appela  près  de  lui  dans 
la  ville  éternelle,  en  l'année  1089.  Nous  avons  vu 
que  les  Chartreux  continuèrent,  jusqu'à  sa  mort, 
à  le  considérer  comme  leur  Supérieur,  tout  en  re- 
connaissant l'autorité  de  Landuin  que  Bruno  lui- 
même  avait  choisi  pour  tenir  sa  place  auprès 
d'eux. 

II. 
DO. M    LANDUIN. 

1090 —  1 100. 

JANDUIN  ou  Landevin  naquit  à  Lucques,  en 
J  Italie.  Disciple  de  saint  Bruno  à  Saisse-Fon- 
taine,  il  tient  le  premier  rang  parmi  les  six  compa- 
gnons qui  accompagnèrent  le  futur  fondateur  des 
Chartreux,  dans  sa  retraite  au  milieu  des  montagnes 
du  Dauphiné.  Lorsque  le  Pape  appela,  près  de 
lui,  saint  Bruno,  Landuin,  à  cause  de  ses  vertus 
éminentes,  fut  choisi  pour  diriger  la  Communauté 
naissante.  Toutefois,  il  ne  put  remplir  cette  charge 


—  4  — 

qu'à  l'époque  où  les  Chartreux  qui  avaient  voulu 
accompagner  Bruno  à  Rome,  se  décidèrent,  sur  les 
instances  de  leur  saint  Patriarche,  à  revenir  au 
Désert  de  Chartreuse.  Landuin  soutint  ses  frères 
par  ses  exemples,  sa  piété  et  ses  vertus.  D'après 
quelques  auteurs  ,  ce  fut  lui  qui  prescrivit  à  ses 
Religieux  de  réciter,  chaque  jour,  le  Petit  Office 
de  la  Sainte-Vierge,  pour  obtenir  de  la  Bienheu- 
reuse Mère  de  Dieu  la  grâce  de  persévérer  dans 
leur  vocation. 

Envoyé  par  ses  Religieux,  auprès  de  saint  Bruno 
retiré  alors  dans  l'ermitage  de  La  Tour  en  Calabre, 
Landuin  reçut  les  avis  et  les  conseils  du  saint  fon- 
dateur et  rédigea,  de  concert  avec  lui,  les  pre- 
miers Règlements  du  nouvel  Institut  monastique1.  A 
son  retour,  traversant  l'Italie,  il  fut  saisi  et  jeté 
en  prison  par  les  partisans  de  l'antipape  Guibcrt, 
parce  qu'il  refusa  de  le  reconnaître  comme  chef  de 
l'Eglise.  Délivré  par  la  mort  de  cet  intrus,  il  fut 
recueilli  dans  une  Abbaye  voisine  où  il  mourut  peu 
après,  des  suites  de  sa  captivité,  en  novembre  1 100. 
L'antique  chronique  des  cinq  premiers  Prieurs  de 
Chartreuse  rapporte  qu'il  fut  inhumé  près  du  mont 
Sérapin,  dans  le  Monastère  de  Saint-André,  voisin 
de   la  forteresse   où  il   avait    été   renfermé.   Il  est 

'  Ms.  S.  Remigii  Rhemensis,  de  Institutionibus  Ord.  Gar- 
nis, ap.  Labbe,  Bibliotheca,  t.  I,  p.  63.  —  Anonymus  Maj. 
Cartus.  ap.  Edmundum  Martène,  t.  VI,  Vêler,  scriptor. 
p.  162.  —  Mabillon ,  Annal.  Benedict.  t.  V,  lib.  i.xix. 
n.  cxxvm.  —  Dorland,  Chronicon  cit.  lib.  IV,  cap.  11.  — 
Dom  Pctrcius,  Elucidât,  cit.  lib.  IV.  —  Surius,  Vita.  SS. 
6  octob. —  Morozzo,  Theatrum  chronolog.  pars  II,  19.  p. 


—    5  — 

considéré  comme  martyr  de  sa  soumission  au  Sou- 
verain Pontife.  Son  gouvernement  avait  duré  dix 
ans. 

III. 

DOM  PIERRE  I. 

I  IOI   —   I  102. 

I  ERRE  dit  Le  Franc  était  né  en  Artois,  dans 
la  ville  de  Béthune  ;  disciple  de  saint  Bruno 
à  l'école  cathédrale  de  Reims,  il  fut  un  des  deux 
clercs  nobles  qui  suivirent  l'illustre  chancelier  dans 
la  solitude  de  Sèche-Fontaine.  Lorsque  celui-ci  se 
rendit  dans  le  Dauphiné,  il  laissa  Pierre  Le  Franc 
pour  diriger  la  Communauté  qui  s'était  formée  près 
de  Molesme.  Plus  tard,  Dom  Pierre  quitta  ce  Cou- 
vent et  se  retira  au  Désert  de  Chartreuse,  où  il  fut 
nommé  Prieur  après  la  mort  de  Landuin,  le  4  jan- 
vier 1 101 . 

Ce  vénérable  Solitaire  n'accepta  cet  honneur 
qu'à  regret;  il  avait  un  grand  attrait  pour  la 
vie  contemplative  ;  tout  occupé  de  Dieu,  il  ne 
pouvait  s'astreindre  à  s'occuper  des  affaires  exté- 
rieures du  Monastère  et  s'effrayait  de  la  responsa- 
bilité qu'on  lui  imposait.  C'est  pourquoi,  il  supplia 
ses  frères  d'accepter  sa  démission1.  Un  an  après  son 


1  Mabillon,  ibid. —  Dom  Henri  Kalkar,  De ortu  et  pro- 
gressu  Ord.  Cartus.  ap.  Ed.  Martène,  t.  VI,  Veterum  Script. 
p.  161. — Anonymus,  ut  supra.  —  Morozzo,  ibid.  p.  20. — 
Dom   Petreius,  ibid.  —  De  Tracy,  op.  cit.  p.  2  36. 


—  6  — 

élection,  il  se  retira  comme  simple  Religieux  dans 
une  cellule  du  cloître,  en  1 102,  et  se  prépara  sain- 
tement à  la  mort  . 

IV. 
DOM    JEAN    I. 

1 102 — 1 1 10. 


EAN,néen  Toscane, était  entré  jeune  encore 
en  Chartreuse.  Ses  talents  et  ses  vertus  le 
désignèrent  comme  successeur  de  Pierre  Le  Franc. 
D'un  caractère  énergique  et  sévère,  il  gouverna 
cependant  sa  Communauté  avec  douceur  et  pru- 
dence, édifiant  ses  Religieux  par  son  zèle  et  sa  vi- 
gilance. Son  âge  pouvait  laisser  espérer  de  le  voir 
longtemps  au  poste  que  ses  confrères  lui  avaient 
confié,  mais  le  Seigneur  l'avait  jugé  mûr  pour  le 
ciel.  Il  mourut  en  11 10,  après  avoir  gouverné  le 
Monastère  pendant  huit  ans1. 


V. 
DOM  GUIGUES  I  de  CASTRO. 

1  1  1  o  —   1  i  3  7 . 

UIGUES  de  CASTRO  ou  du  Chastel,dit  le 

Vénérable,  naquit  en    io83,  au    château  de 
Saint-Romain,  dans  le  diocèse   de  Valence.  Jeune 


1  Ms.  S.  Remigii  ap.   Labbe,  ut  supra.  — Morozzo,  ibid. 


—  7  — 

encore,  il  abandonna  sa  position  de  doyen  de  l'église 
de  Grenoble,  pour  aller  s'ensevelir  dans  le  Désert 
de  la  Grande  Chartreuse,  en  1 107.  Ses  talents,  ses 
vertus  et  sa  vive  piété  engagèrent  les  Religieux  à  le 
nommer  Prieur,  trois  ans  après  son  entrée  dans 
la  Communauté'  ;  il  e'tait  âgé  de  vingt-sept  ans. 
La  sagesse  de  son  gouvernement  montra  que  le 
Saint-Esprit  avait  présidé  à  ce  choix. 

Le  traducteur  de  Dorland  dit  de  Dom  Guigues  : 
«  il  estoit  de  noble  maison,  de  grand  esprit,  plus 
grand  orateur,  et  qui  est  le  principal,  très  grand 
en  dévotion  et  saincteté  de  vie.  Il  avoit  une  mémoire 
heureuse,  ses  paroles  estoient  douces  et  agréables, 
ses  sermons  fervents  et  zéleux,  sa  renommée  s'es- 
tendant  par  toutes  les  belles  et  rares  qualités  qu'il 

possedoit L'odeur  de  sa  saincteté  a  donné  si 

avant  que  les  vallées  de  Clervaux  en  ont  esté 
remplies.  » 

Nous  avons  dit  quels  furent  les  sentiments  de  vé- 
nération de  saint  Bernard  et  de  Pierre  le  Vénéra- 
ble pour  ce  saint  Prieur.  Vers  la  fin  de  Tannée 
1 12'3,  Dom  Guigues  eut  le  bonheur  de  recevoir  la 
visite  de  saint  Bernard.  Le  séjour  du  célèbre  Abbé 
de  Clairvaux  au  Désert  de  Chartreuse  causa  une 
impression  de  joie  si  profonde  aux  Solitaires  de 
cette  Communauté  qu'aujourd'hui  encore  le  souve- 
nir en  reste  vivant  ;  les  siècles  n'ont  pu  en  effacer 
les  traces.  Pierre  le  Vénérable   vint  aussi   visiter 

p. 20. — Carta.  Nous  désignons  ainsi  la  magnifique  carte  des 
Généraux,  gravée   en    164g  d'après   l'ordre    du    R.   P.   Dom 

Jean  Pé;on. 


—  8  — 

plusieurs  fois  Dom  Guigues.  «  Les  entretiens  que 
«  j'avais  avec  Guigues,  cet  homme  incomparable, 
—  écrivait-il  plus  tard  —  m'enlevaient  comme 
«  hors  de  moi-même.  Ses  paroles  m'enflammaient 
«  comme  si  elles  eussent  été  des  étincelles  sorties  de 
«  sa  bouche.  Je  ne  tenais  plus  à  la  terre  en  l'é- 
«  coûtant  et  toutes  les  idées  de  ce  monde  s-'éva- 
«  nouissaient  de  mon  esprit.   » 

La  renommée  de  sainteté  du  vénérable  Prieur 
s'était  tellement  répandue  au  loin  que  Godefroy, 
Évêque  d'Amiens,  vint  en  1 1 14  au  Désert  de  Char- 
treuse pour  se  mettre  sous  sa  direction.  Fatigué  de 
l'indocilité  de  son  peuple  et  des  violences  que  les 
nobles  exerçaient  dans  son  diocèse,  ce  pieux  Évêque 
cherchait  la  solitude  pour  s'y  appliquer  en  toute 
liberté  aux  exercices  de  la  vie  intérieure.  Il  fut  reçu 
au  Monastère,  avec  le  respect  que  méritaient  sa  di- 
gnité et  sa  vertu.  Dom  Guigues  lui  donna  une  cel- 
lule, mais  le  Concile  de  Soissons,  tenu  en  iii5, 
obligea  l'Evêque  à  retourner  à  son  Siège. 

Dom  Guigues  sut  se  montrer  à  la  hauteur  de  sa 
position.  Sous  son  administration, l'Ordre  des  Char- 
treux qui  devait,  dans  l'avenir,  être  si  célèbre, 
commença  à  prendre  quelque  extension.  Il  n'y 
avait  que  deux  Maisons,  lorsque  Guigues  prit  l'ha- 
bit; à  sa  mort,  trente  ans  plus  tard,  on  en  comptait 
déjà  quinze.  Ces  nouvelles  fondations  avaient  be- 
soin, pour  se  maintenir dans'la discipline  primitive, 
d'un  code  de  lois  uniforme;  c'est  pourquoi  le  véné- 
rable Prieur  rédigea,  en  1  127,  ses  Consuctudincs. 
Comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  il  ne  se 


—  g  — 

présente  pas  en  législateur,  il  se  contente  de  rap- 
peler les  usages  en  vigueur  à  la  Grande  Chartreuse, 
usages  qui  remontaient  à  saint  Bruno  et  devaient 
être  la  Règle  des  autres  Monastères.  A  cause  de  la 
sagesse  des  lois  qu'il  transmit  ainsi  aux  Chartreux, 
on  le  considère  comme  le  second  fondateur  de 
l'Ordre. 

L'habileté  du  Prieur  de  Chartreuse  ne  brilla  pa's 
moins  dans  la  direction  des  affaires  temporelles  que 
dans  le  gouvernement  des  âmes.  Il  fit  reconstruire 
les  bâtiments  du  Monastère  renversés,  le  3o  jan- 
vier 1 1  i3,par  une  avalanche  descendue  de  la  mon- 
tagne ;  dix  Moines  et  un  Novice  furent  ensevelis 
sous  les  ruines  du  Couvent.  Guigues,  pour  rem- 
placer les  Religieux  qui  étaient  morts  par  suite  de 
cet  accident,  fit  venir  quelques  Solitaires  de  TErmi- 
tage  de  Portes.  De  plus,  il  établit  les  nouvelles 
constructions  dans  l'endroit  où  se  trouve  le  Monas- 
tère actuel.  Ces  constructions  furent  cependant  en- 
core en  bois,  à  l'exception  de  l'église  qu'il  édifia  en 
pierres.  Ayant  changé  le  Couvent  d'emplacement, 
il  y  lit  amener,  à  l'aide  de  conduits,  les  eaux  de 
la  fontaine  de  Saint-Bruno. 

La  célébrité  que  les  Chartreux  acquirent  de  son 
temps  ne  lui  inspira  aucun  sentiment  d'orgueil.  Il 
s'estima  toujours,  lui  et  ses  frères,  au-dessous  des 
autres  Moines.  Loin  de  regarder  son  Ordre  comme 
l'unique  asile  des  vertus  du  cloître,  il  montra  tou- 
jours pour  celui  de  Citeaux  une  vénération  toute 
particulière.  Ce  fut  par  ses  avis  que  Pons,  seigneur 
de  Lazare,  et  Etienne  d'Obazinc  embrassèrent  cet 


10   — 


Institut.  «  Les  Cisterciens,  disait-il,  tiennent  la  voie 
royale;  leurs  Statuts  peuvent  conduire  à  toute  per- 
fection. » 

Guigues  s'est  aussi  distingue  dans  la  carrière 
littéraire.  Les  bonnes  études  qu'il  avait  faites  lui 
donnèrent  l'amour  des  livres  ;  il  rechercha  les  meil- 
leurs auteurs  et  les  exemplaires  les  plus  authen- 
tiques, les  transcrivit  et  eut  soin  de  corriger  ce 
qu'il  trouva  de  défectueux.  Il  réunit  les  lettres  de 
saint  Jérôme  et  en  rétablit  le  texte,  grossièrement 
altéré  par  l'ignorance  des  copistes  ou  la  malice  des 
hérétiques.  Il  écrivit,  de  plus,  un  grand  nombre 
de  lettres,  dont  les  plus  remarquables  ont  été  adres- 
sées à  saint  Bernard  ;  à  Pierre  le  Vénérable  :  à 
Hugues,  fondateur  des  chevaliers  du  Temple  ;  au 
Pape  Innocent  II,  ii3i  ;  à  Hugues  II,  Evèque  de 
Grenoble,  et  au  Cardinal  Haimeric,  chancelier  de 
l'Église  Romaine,  i  t  3-2.  Il  composa  aussi  quelques 
traités  de  spiritualité,  entre  autres  des  Méditations 
sur  la  vérité.  Plusieurs  de  ces  traités  furent  im- 
primés dans  le  XVIe  siècle,  à  Anvers,  en  i55o  et 
i58q,  puis  à  Paris  dans  le  tome  premier  du  supplé- 
ment de  la  Bibliothèque  des  Pères.  Ces  écrits,  disait 
dernièrement  un  Religieux  de  l'Ordre, «  ont  de  tels 
traits  de  ressemblance  avec  l' Imitât ion,  que  certains 
critiques  sérieux  ont  pu  se  demander  si  notre  Char- 
treux n'était  pas  enfin  l'auteur  de  ce  livre  admirable.» 

Le  Vénérable  Guigues  nous  a  laissé,  en  outre, 
une  vie  de  saint  Hugues,  Evèque  de  Grenoble,  le 
protecteur  des  premiers  Chartreux  et  l'ami  de  saint 
Bruno.  Le  Pape  Innocent  II,  après  avoir,  au  Con- 


1  1 


cile  de  Pisc,  en  i  i3_|.,  canonise  Hugues,  écrivit  au 
Prieur  de  Chartreuse  pour  l'engager  à  écrire  la  vie 
et  les  miracles  du  saint  Évèque.  La  lettre,  datée  de 
Pise,  est  du  22  avril  1  134.  Déjà,  de  hauts  person- 
nages avaient  pressé  Guigues  de  retracer  cette  belle 
vie,  mais  il  s'était  toujours  excusé,  prétextant  ses 
nombreuses  infirmités;  toutefois,  il  ne  put  résister 
à  l'autorité  de  saint  Pierre  que  le  Pape  avait  em- 
ployée pour  vaincre  son  humilité. 

Les  écrits  connus  de  Guigues  sont  en  petit  nom- 
bre, «  mais  —  disent  les  Bénédictins,  auteurs  de 
['Histoire  littéraire  de  la  France  —  ils  suffisent 
pour  justifier  les  éloges  qui  ont  été  donnés  de  tout 
temps  à  la  beauté  du  génie  et  à  l'excellence  de  la 
piété  de  Guigues.  On  y  aperçoit  en  effet  de  très 
beaux  sentiments,  un  certain  air  de  noblesse  et  de 
ces  traits  vifs  et  perçants  que  saint  Bernard  admi- 
rait dans  les  lettres  qu'il  reçut  de  lui  et  dont  on  ne 
voit  de  traces  que  dans  les  réponses  de  ce  saint. 
La  liberté  avec  laquelle  il  s'élève  contre  les  abus 
de  la  Cour  de  Rome,  en  écrivant  au  Cardinal  Hai- 
meric,  montre  une  âme  élevée  au-dessus  des  préju- 
gés de  son  siècle  et  incapable  de  déguiser  la  vérité. 
Il  fut  le  seul  qui  osa  blâmer  ouvertement  l'usage 
que  faisait  le  Pape  Innocent  des  armes  temporelles 
pour  la  défense  de  sa  cause.  »  Dans  une  de  ses 
lettres  au  Pape,  il  dit  que  les  deux  ennemis  inté- 
rieurs que  l'homme  a  le  plus  à  redouter,  sont  l'or- 
gueil et  la  volupté,  vices  auxquels  il  faut  opposer 
l'humilité  et  la  mortification  du  corps.  N'était-ce 
pas  l'exemple  donné  par  les  Chartreux  ? 


12    

Souvent  le  saint  Prieur  écrivait  à  ses  Frères 
pour  les  encourager  et  les  fortifier.  Dans  une  lettre 
adressée  aux  Religieux  du  Mont-Dieu,  il  développe 
cette  pensée  :  «  L'austérité  est  l'idéal  auquel  l'hom- 
me doit  tendre  de  toutes  ses  forces  pour  parvenir 
à  la  félicité.  »  Dans  tous  ses  écrits,  sa  morale  est 
puisée  dans  les  grands  principes  de  la  religion.  Les 
applications  qu'il  fait  de  l'Écriture  sont  fréquentes, 
disent  encore  les  Bénédictins,  et  presque  toujours 
heureuses. 

Les  dernières  années  de  la  vie  de  cet  illustre  So- 
litaire furent  sanctifiées  par  de  douloureuses  infir- 
mités, noblement  supportées.  Dom  Guigues  suppléa 
par  son  courage  aux  forces  qui  lui  faisaient  défaut, 
et  mourut  en  odeur  de  sainteté,  le  27  juillet  1 1 3y, 
dans  la  cinquante-quatrième  année  de  son  âge, après 
avoir  gouverné  la  Chartreuse  pendant  vingt-sept 
ans  ' . 

VI. 
DOM    HUGUES  I. 

i  1 3  7  —  1 13() 


UGUES  fut  un  des  disciples  les  plus  remar- 
quables du  Vénérable  Guigues.  Formé  à  la 
vie  monastique  par  ce  maître  expérimenté,  il  sut 
profiter  des  leçons  et  des  exemples  du  guide  que  la 

1  Ed.  Martène,  Veter.  scriptor.  t.  VI,  p.  1 63.  —  Labbe, 
Bibliotheca  cit.  t.  I,  p.  63g.  —  Mabillon,  Annal.  Benedic. 
t.  Y.  lib.   LXXI,   n.  cv.   —  Dom   Inn.  Le  Masson.  Annales 


—   i3  — 

Providence  lui  avait  donné  et  fut  jugé  digne  de  lui 
succéder.  Morozzo  pense  qu'il  était  un  des  six  pre- 
miers compagnons  de  saint  Bruno,  mais  rien  ne 
vient  confirmer  cette  assertion. 

L'ancienne  chronique  des  Prieurs ,  éditée  par 
Martène,  nous  apprend  queDom  Hugues  était  d'une 
grande  sainteté  de  vie,  d'une  science  remarqua- 
ble et  d'une  doctrine  exemplaire.  «  Cet  Hugues, 
dit  le  traducteur  de  Dom  Dorland,  estoit  austère  et 
dur  à  son  corps,  auquel  il  n'épargnoit  les  fouets  ni 
les  verges,  mais  le  chastioit  estrangement  ;  il  estoit 
maigre  de  chair,  mais  en  bon  point  quant  à  la 
douceur  de  la  contemplation.  S'il  avoit  des  yeux 
estoit  pour  en  faire  sortir  des  fontaines  de  larmes; 
il  estoit  cependant  humble  en  sa  conversation,  av- 
mable  de  tous  pour  sa  piété ,  vénérable  pour  sa 
saincteté,  terrible  pour  son  autorité.  » 

Ce  saint  Religieux  était  lié  d'amitié  avec  Pierre 
le  Vénérable,  Abbé  de  Cluny,  qui  lui  écrivit  dans 
plusieurs  circonstances.  Une  de  ces  lettres  des 
plus  affectueuses,  datée  de  1 1 39,  est  venue  jusqu'à 
nous.  Hugues  gouverna  avec  sagesse,  mais  sa  pro- 
fonde humilité  l'engagea  à  demander  avec  instance 
d'être  déchargé  du  pouvoir  qui  lui  avait  été  imposé 
par  sa   Communauté.   Il  désirait  se  retirer  dans  la 

Cartus,  lib.  I,  cap.  m.  n.  3.  4.  —  Dom  PétrJius,  Elucid.  cit. 
lib.  IV. —  Dorland,  lib.  IV,  cap.  ni.  —  Dom  Sutor,  de  Vita 
cartus.  lib.  II,  tract.  VII,  c.  7.  —  Le  Coulteux,  Annal.  Car- 
tus. ms.  —  Dom  Cellier,  Auteurs  Ecclésiastiques*  t.  XIV, 
p.  3o5.  —  Hist.  littér.  de  la  France,  t.  XI,  p.  Gb5.  —  La 
Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  48.  —  De  Tracy, 
op.  cit.  p.  236  et  sq. 


—   '4  — 

solitude,  «  ///  soli  Christo  omni  cura  solutus,    ar- 
dentiùs  inhœreret.  » 

Sa  démission  fut  acceptée,  deux  ans  après  son 
élection,  en  113g  ;  il  se  retira  dans  le  cloître  et 
vécut  encore  sept  années  qu'il  consacra  à  se  prépa- 
rer à  l'éternité  '. 

VII. 

SAINT  ANTHELME. 

1  i3t)  —   r  i5  j . 

ERS  l'an  1107,  naquit  saint  Anthelme,  que 
Ton  trouve  encore  écrit  Nanthelme;  son  père, 
Hardouin  de  Chignin,  d'une  illustre  famille  de 
Savoie,  lui  fit  donner  une  instruction  en  rapport  avec 
sa  naissance.  Appelé  par  Dieu  à  l'état  ecclésiasti- 
que, Anthelme  fut  pourvu  de  deux  bénéfices  consi- 
dérables, l'un  dans  la  cathédrale  de  Genève,  avec 
le  titre  de  prévôt,  et  l'autre  dans  l'église  de  Belley. 
Quelque  temps  après,  étant  venu  visiter  les  Soli- 
taires de  Portes,  le  jeune  chanoine  fut  si  touché  de 
la  vie  de  ces  Anachorètes  qu'il  résolut  de  quitter  le 
monde  et  d'embrasser  la  vie  monastique. 

Dom  Bernard  de  Varin,  Prieur  de  Portes,  le  re- 
çut dans  son  Monastère,  mais  le  Vénérable  Guigues 
l'ayant  prié  de  lui  envoyer  Anthelme  dont  il  avait 
reconnu  le  mérite  et  la  sainteté,  le  jeune  Novice  se 

1  Brev.  Hist.  Ord.  Cartus.  ap  Martène,  t. VI.  fol.  176. — 
Biblioth.  Cluniac.  Epist.  Pétri  Venerab.  lib.  IV.  ord.  xxvm, 
—  Sutor,  De  vita  Cartus.  p.  52  et  546. —  Dorlandus,  op.  cit. 
lib.  IV,  cap.  îx.  —  Pétréius,  Elucid.  lib.  IV. —  Morozzo, 
op.  cit.  pars  II,  p.  21 . 


rendit  au  Désert  de  Chartreuse  où  il  fit  Profession. 
11  s'adonnait  tout  entier  à  la  prière,  à  l'oraison  et  au 
travail  des  mains,  lorsqu'il  fut  nommé  Procureur. 

Le  naïf  traducteur  de  Dom  Dorland  nous  ap- 
prend qu'Anthelme  «  donna  tel  exemple  de  sa  con- 
versation, qu'il  montroit  d'estre  plus  élevé  au  ciel 
que  marcher  sur  la  terre,  tellement  qu'il  estoit  plus 
a  admirer  qu'a  imiter,  jeûnant  avec  tel  rigueur 
qu'il  ne  prenoit  que  le  pain  et  l'eau  pour  sa  ré- 
fection ;  il  estoit  en  continuelle  oraison,  dévotion  et 

méditation Toutes  et  quantes  fois  qu'il  prioit, 

psalmodoit,  pensoit  aux  péchez  d'autruy  ou  aux 
siens,  l'on  voyoit  de  ses  yeux  escouler  des  fon- 
taines de  larmes Il  estoit  si  assidu  à  prendre  la 

discipline  et  se  fouetter  de  verges  et  de  fouets,  que 
sa  chair  demeuroit  toujours  endommagée  et  pleine 
d'ulcères  et  de  playes.  Il  fut,  nonobstant  toute  sa 
dévotion,  esleu  Procureur  de  la  Grande  Chartreu- 
se, meslant  tellement  Marthe  et  Marie  qu'il  ache- 
voit  l'un  et  n'oublioit  pas  l'autre.  » 

Lorsque  Dom  Hugues  se  démit  de  sa  charge,  les 
Moines  élurent  Anthelme,  en  1 139.  Les  trois  gran- 
des vertus  du  nouveau  Prieur  furent  l'humilité,  la 
charité  et  le  zèle  pour  la  régularité  monastique.  Ses 
historiens  rapportent  que  dans  une  grande  disette, 
il  fit  ouvrir  les  greniers  du  Monastère,  distribua 
mille  florins  et  vendit  même  les  ornements  de  l'é- 
glise pour  soulager  la  misère  des  pauvres.  «  Il  n'i- 
gnoroit  pas,  le  brave  usurier,  —  dit  l'auteur  que 
nous  venons  de  citer  —  qu'il  falloit  accumuler  en 
double  le  gain  spirituel.  » 


—  if)  - 

Lorsqu'il  n'était  que  Procureur  du  Couvent, 
Anthelme  avait  aidé  Dom  Guigues  à  reconstruire 
le  Monastère.  Nommé  Prieur,  il  continua  l'œuvre 
commencée  par  son  prédécesseur,  termina  l'église, 
jeta  les  fondements  de  la  partie  du  grand  cloître 
qui  plus  tard  fut  construit  dans  le  style  gothique, et 
éleva,  eni  145, plusieurs  édifices  qui  existent  encore. 
Dom  Guigues  avait  amené  au  Monastère  les  eaux 
de  la  fontaine  de  Saint-Bruno,  à  l'aide  de  conduits 
en  bois.  Anthelme,  dès  les  premières  années  de 
son  gouvernement,  les  remplaça  par  un  aqueduc 
en  pierre.  «Cela  —  dit  Dom  Le  Masson  dans  ses 
Annales  —  lui  coûta  beaucoup  de  travail  et  d'argent, 
mais  il  évita  de  la  sorte  bien  des  inconvénients,  des 
dangers  et  même  des  dépenses.  » 

Un  point  important  attira,  dès  le  principe,  l'at- 
tention toute  particulière  du  Prieur  de  Chartreuse. 
L'état  dans  lequel  se  trouvaient  les  différentes  Mai- 
sons, laissait  prévoir  de  graves  inconvénients  et 
des  dangers  réels  pour  l'existence  de  l'Ordre.  Tous 
les  Monastères  étaient  indépendants  les  uns  des 
autres,  au  temporel  comme  au  spirituel,  et  ne  re- 
connaissaient que  l'autorité  de  l'Evèque  diocésain. 
N'était-ce  pas  une  difficulté  insurmontable  pour 
maintenir  l'uniformité  de  la  discipline?  Anthelme. 
d'après  l'avis  des  personnages  les  plus  éminents  de 
l'Ordre,  réunit  à  ce  sujet  le  premier  Chapitre  Géné- 
ral, en  1 141.  Dans  cette  assemblée,  il  fut  décidé  que 
l'on  reconnaîtrait  comme  Supérieur  commun,  le 
Prieur  de  la  Grande  Chartreuse.  L'Ordre  était  dès 
lors  véritablement  fondé.   Nous  avons  traite  ce  su- 


—  i7  — 

jet  dans  la  seconde  partie  de  cet  ouvrage,  et  montré 
l'important  service  rendu  aux  Chartreux,  dans  cette 
circonstance,  par  saint  Anthelme. 

Dans  son  amour  pour  la  régularité,  notre  véné- 
rable Prieur  s'appliqua  à  maintenir  la  discipline. 
Ayant  remarqué  que  quelques  Moines  s'étaient  re- 
lâchés de  l'observance  primitive,  il  les  rappela  aux 
Constitutions  du  bienheureux  Guigues  et  employa,* 
pour  arriver  à  ce  résultat,  la  douceur  et  la  sévérité. 
Il  fut  même  obligé  de  chasser  quelques  indociles 
qui  lui  résistèrent.  D'après  une  lettre  de  saint 
Bernard  au  Pape  Eugène  III,  on  voit  que  des 
Chartreux  quittèrent  leur  solitude  pour  aller  porter 
leurs  plaintes  aux  pieds  du  Souverain  Pontife  et 
rentrèrent  dans  leur  Monastère  sans  faire  aucune 
satisfaction  au  Prieur.  «Ceux  qui  étaient  mal  sor- 
«  tis  —  écrit  le  saint  Abbé  —  sont  encore  plus  mal 
a  rentrés  :  ils  sont  sortis  du  Couvent  en  violant 
«  leurs  Règles  et  ils  n'y  reviennent  que  par  orgueil. 
«  Le  Prieur  n'a  plus  de  pouvoir;  aussi  veut-il  se 
«  retirer  pour  ne  pas  voir  la  destruction  de  son 
«  Monastère Les  réfractaires  vous  ont  été  trou- 
ce  ver  dans  leur  habit  régulier  et  couverts  de  la 
«  peau  de  brebis;  l'apparence  vous  a  séduit:  faut- 
«  il  s'en  étonner  ?  N'êtes  vous  pas  homme  ?  J'es- 
«  père  que  le  véritable  Prieur  restera  Prieur.  Nous 
«  aurions  grand  sujet  de  craindre,  si  ce  Prieur 
«  n'était  rétabli  dans  sa  charge,  que  la  régularité  ne 
«  cessât  bientôt.  » 

On  ignore  ce  que  décida  le  Pape,  mais  Anthelme, 
pour  lequel  s'intéressait  si  vivement  saint  Bernard. 


—    i8  — 

se  démit  de  sa  charge,  cette  même  année,  i  1 5  i ,  et 
se  retira  à  la  Chartreuse  de  Portes.  Dom  Bernard 
de  Varin  vivait  encore;  il  avait  donné  sa  démission 
de  Prieur  et  avait  été  remplacé  par  Dom  Ber- 
nard de  Portes,  ami  de  saint  Bernard  et  ancien 
Évêque  de  Belley.  Ce  Religieux  étant  mort,  le 
16  décembre  li52,  la  Communauté,  d'après  le 
désir  exprimé  par  Bernard  de  Varin,  élut  saint 
Anthelme.  L'ancien  Général  gouverna  la  Char- 
treuse de  Portes  pendant  deux  ans  et  dut  donner 
sa  démission  pour  retourner  à  la  Grande  Char- 
treuse  où  sa  présence  était  jugée  nécessaire.' 

Le  schisme  avait  éclaté  dans  l'Église,  et  on  crai- 
gnait quelques  dissensions  dans  l'Ordre.  Anthelme, 
puissamment  aidé  par  un  autre  Religieux  du  nom 
de  Geoffroy,  engagea  ses  frères  à  se  déclarer  en 
faveur  d'Alexandre  III,  élu  selon  les  formes  cano- 
niques. L'Ordre  des  Chartreux  fut  ainsi  redevable 
aux  conseils  d' Anthelme  d'avoir,  le  premier,  pro- 
mis obéissance  au  Pape  légitime  et  d'avoir  refusé 
d'entrer  en  communication  avec  l'intrus,  Victor  IV. 
L'Empereur  d'Allemagne,  Frédéric  Barberousse, 
ayant  su  le  zèle  déployé  dans  cette  circonstance  par 
l'ancien  Général  des  Chartreux,  le  prit  en  telle 
aversion  qu'il  le  fit  excommunier  par  l'antipape. 
Plus  tard,  il  revint  à  de  meilleurs  sentiments  et 
honora  le  vénérable  Religieux  de  son  estime  ;  dans 
un  acte  officiel,  il  l'appelle  «Ftdelem  nostrum  An- 
thelmum.  »  Anthelme  sut  aussi  par  sa  sainteté  se 
concilier  l'amitié  du  Roi  de  France  Louis  VII  qui 
vint,  vers  cette  époque,  visiter  les  Chartreux. 


—     IÇ)    — 

Les  vertus  du  pieux  Solitaire  engagèrent,  quel- 
ques années  plus  tard,  le  clergé  du  diocèse  de 
Bclley  à  le  demander  pour  Evêque.  Le  Pape  Alex- 
andre III,  qui  était  en  France,  lui  ordonna  d'ac- 
cepter par  obéissance  ce  Siège  épiscopal ,  et  le 
sacra  lui-même,  le  jour  de  la  Nativité  de  la  Sain- 
te-Vierge, ii  63.  Il  n'entre  pas  dans  notre  cadre 
de  retracer  Tépiscopat  de  saint  Anthelme,  disons 
seulement  qu'après  avoir  édifié  ses  diocésains , 
soulagé  les  pauvres,  et  sauvegardé  les  droits  de 
son  Eglise,  il  mourut  en  odeur  de  sainteté  le  26 
juin  1177.  En  i63g,  Jean  Passelaigne,  Évèque 
de  Belley,  fit  la  levée  de  son  corps  et  le  transféra 
dans  une  chapelle  construite  à  cet  effet  dans  la 
ville  épiscopale1. 

VIII. 

R.  P.  DOM  BASILE. 

t  1 5  1  —  r  173. 


ASILE,  dit  de  Bourgogne,  fit  Profession  à  la 
Grande   Chartreuse.    Quelques  auteurs  pen- 
sent qu'il  fut  auparavant  Moine  de  Cluny,  mais  il  est 


1  Baronius,  Martyrol.  Roman,  t.  XII.  —  Martène,  Brevis 
Hist.  t.  XI.  p.  1G8. — Anonymus,  Vita  S.  Anthelmi  a  p.  Bol- 
land,  Acta  SS.  2G  juin.  —  Surius,  Vita  Sanctorum.  t.  III.  — 
S.  Bernard,  Epist.  CCLXX  .  —  Sutor.  de  vita  Cartus.  lib. 
II,  tract.  III.  cap.  v.  —  Dorlandus,  lib.  IV.  cap.  vi-vn.  — 
Pétrdus,  Elucid.  lib.  IV. —  Morozzo,p.  21-42.  —  DeTracy, 
op.  cit.  p.  196  et  seq.  —  Hist.  liltér.  de  la  France,  t.  XIV, 
p.  tu  2. —  L'abbé  A.  Marchai.  Vie  de  S.  Anthelme. 


20 


plus  probable  qu'il  se  rendit  directement  en  Char- 
treuse, car  entré  fort  jeune  dans.  l'Ordre,  il  fut 
nommé  Général,  à  l'âge  d'environ  vingt-cinq  ans. 
«  Lequel  —  dit  le  traducteur  de  Dorland — parla 
prestance  de  sa  doctrine  et  vertu  a  été  grandement 
utile  à  l'Ordre  universel,  ayant  fait  de  belles,  utiles 
et  louables  Constitutions Tous  les  Char- 
treux Thonorent  et  le  tiennent  pour  l'une  des  plus 
fortes  et  meilleures  colonnes  de  leur  Ordre;  car  Ton 
n'en  trouvoit  presque  un  plus  dévot,  plus  sainct  et 
plus  fervent  en  la  Maison  delà  Chartreuse.  Il  estoit 
tellement  addonné  aux  lettres  qu'il  nous  a  donné 
plusieurs  beaux  livres  et  entre  autres  un  discours  de 
la  vie  solitaire,  recommandant  avec  beaucoup  de 
louanges  le  grand  profit  et  utilité  que  nous  apporte 
la  saincte  quiétude.  » 

Dom  Basile  ajouta  plusieurs  règlements  aux 
Coutumes  du  Vénérable  Guigues  ;  ce  fut  aussi  sous 
son  gouvernement  que  le  chant  fut  introduit  dans 
les  Offices  des  Chartreux.  Quelques  auteurs  pensent 
qu'il  coordonna  les  Constitutions  de  l'Ordre,  telles 
qu'elles  furent  approuvées  par  le  Saint-Siège  sous 
Innocent  III.  Ce  qui  est  plus  certain,  c'est  que 
dans  un  Chapitre  Général  qu'il  convoqua,  en  1 1 63, 
il  fut  résolu  que  le  Chapitre  se  réunirait  chaque 
année  et  que  toutes  les  maisons  de  l'Ordre  se  sou- 
mettraient à  ses  décisions. 

Sous  songouvernement,-le  bienheureux  Humbert 
comte  de  Savoie ,  «  fonda  à  la  Grande  Chartreuse 
une  belle  Chapelle  avec  la  maison  de  l'hospitalité 
pour   les   survenants.  »   Ce  prince  venait  souvent 


au  Monastère  et  y  vivait  dans  une  solitude  com- 
plète. Il  désirait  se  faire  Chartreux,  mais  Dom  Ba- 
sile sut  lui  faire  comprendre  qu'il  devait  sacrifier 
ses  goûts  au  bonheur  de  son  peuple. 

Ami  des  livres,  ce  savant  Prieur  porta  tous  ses 
soins  à  accroître  la  Bibliothèque  de  la  Grande  Char- 
treuse. Lui-même  composa  quelques  traités  ;  le, 
plus  connu  a  pour  titre  :  Éloge  de  la  vie  solitaire. 
D'après  les  Bénédictins,  dans  leur  Histoire  litté- 
raire de  la  France,  cet  écrit  a  été  attribué  fort 
mal-à-propos  à  saint  Basile  le  Grand,  par  quelques 
bibliographes.  On  possède  aussi  une  lettre  de  Dom 
Basile  à  Pierre  IX,  Abbé  de  Cluny,  en  ii5i.  Par 
son  édifiante  et  sage  administration,  ce  Général  attira 
un  grand  nombre  de  prêtres  et  de  laïques  à  la  vie 
monastique  \  il  reçut  dans  l'Ordre  Gérard,  comte 
de  Nevers,  et  le  célèbre  saint  Hugues,  plus  tard 
Évèque  de  Lincoln.  Les  talents  et  les  vertus  de 
Dom  Basile  lui  valurent  l'amitié  des  hommes  les 
plus  éminents  de  son  temps  ;  ses  rapports  avec 
saint  Pierre  Maurice  et  Pierre  de  Celle  sont  restés 
célèbres. 

Dom  Basile  de  Bourgogne  mourut,  en  odeur  de 
sainteté,  le  14  juin  1 173,  après  avoir  gouverné 
TOrdre  pendant  vingt-trois  ans  ' . 


'  Dorland,  op.  cit.  lib.  IV.  cap.  xv.  —  Pétrcius,  Elucid. 
lib.  IV.  —  Martène,  Veter.Scriptor.  in  Brev.  Hist.  cit.  t.  IV, 
p.  275.  —  Sutor,  op.  cit.  lib.  II,  p.  bii.  —  Bibliot.  Cluniac. 
Epist.  XLI.  lib.  VI. — Annales  Ord.  Cartus.  lib.  II,  cap.  ix. 
fol.  1 3 1  - — Hist.  litte'r.  de  la  France,  t.  IX.  p.  120  et  t.  XIII, 
p.  .S78.  —  Bergier.  Dict.  théolog. 


IX. 
R.  P.  DOM  GUIGUES  II 


i  iy3  —  1 176  . 


UIGUES  II  était  profès  de  la  Grande  Char- 
treuse. Les  Religieux  l'élurent  Général  à  cause 
de  sa  grande  piété  et  de  ses  rares  vertus.  Ce  saint 
Solitaire  était  entièrement  livré  à  la  contemplation 
des  choses  du  ciel,  et  par  là  même  peu  propre  à 
gouverner  les  affaires  de  la  terre.  Ce  qui  fait  qu'on 
le  regardait  non  comme  un  homme,  mais  comme 
un  ange,  et  c'est  sous  ce  nom  qu'on  le  désignait 
ordinairement. 

D'après  Dom  Cellier  et  les  auteurs  de  l'Histoire 
littéraire  de  la  France,  on  lui  attribue  l'ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  De  quadripartite»  exercitio  celLv. 
«  Des  quatre  exercices  de  la  cellule.  »  Ces  quatre 
exercices  sont  :  la  lecture,  la  méditation,  la  prière 
et  le  travail.  Cet  ouvrage  a  été  publié  à  Dijon  par 
le  Père  Pierre  François  Chifflet,  en  1657,  sous  le 
titre  :  Manuale  Solitariorum,  e  veterum  Patrum 
Cartusiensium  cellis  depromptum .  Il  est  dédié, 
croit-on,  à  Dom  Bavon  ,  Prieur  de  la  Chartreuse 
di  Witham,  en  Angleterre.  Toutefois,  nous  de- 
vons constater  que  si  ce  traité  a  été  véritablement 
dédié  à  ce  Prieur,  il  ne  put  l'être  qu'après  l'abdi- 
cation de  Guigue^,  car  la  Chartreuse  de  Witham 
fut  fondée  en  11 78,  et  Dom  Bavon  ne  fut  Prieur 
qu'après  saint  Hugues  de    Lincoln,  en  1 1 86. 


Dans  ce  traite,  Guigues  indique  les  moyens  que 
doit  prendre  un  Chartreux  pour  soutenir  et  sancti- 
fier la  solitude  :  éviter  de  s'occuper  des  affaires  du 
monde,  méditer  les  vérités  de  la  Religion,  s'appli- 
quer à  la  prière,  et,  à  certaines  heures,  s'occuper  de 
quelque  ouvrage  manuel.  On  croit  que  Dom  Guigues 
a  aussi  écrit  un  traité  sur  le  Chapitre  Général,  dans, 
lequel  il  démontre  l'avantage  important  que  la  dis- 
cipline régulière  en  a  retiré.  Dom  Cellier,  d'après 
un  auteur  allemand  du  nom  de  Fabricius,  attribue 
encore  àce  Général  un  écrit  sur  la  vie  contempla- 
tive, intitulé  :  Scala  paradisi,  scala  claustralium, 
sire  tractatus  de  modo  orandi.  «  L'échelle  du  pa- 
radis et  des  cloîtres,  ou  de  la  manière  de  prier.  » 
Cet  ouvrage  est  imprimé  dans  les  œuvres  de  saint 
Augustin  et  de  saint  Bernard. 

Guigues  II  resta  peu  de  temps  Prieur  de  la 
Grande  Chartreuse.  Désireux  de  retrouver  les  dou- 
ceurs de  la  solitude,  il  donna  sa  démis.c:cn,  en 
117(5.  Cette  même  année,  le  Pape  Alexandre  III 
lui  envoya  une  Bulle  datée  d'Anagni,  ie  4  des  no- 
nes  de  septembre,  par  laquelle  il  prend  sous  sa 
protection  l'Ordre  des  Chartreux,  ainsi  que  leurs 
propriétés.  La  Bulle  a  pour  suscription  Guidoni 
Priori  Cartusiensi,  ejusque  Fratribus.  Dom  Gui- 
gues mourut  en  odeur  de  sainteté,  en  1188  '. 

1  Anonymus  ap.  Martène,  Vêler.  Scriptor.  t.  VI,  p.  176. 
—  Morozzo,  Theat.  cit.  p.  11. —  Tromby,  Storia  cit.  t.  IV. 
id.  app.  p.  cxu.  —  Dom  Cellier,  Auteurs Ecclesiast.  t.  XXII, 
p.  2Q4.  —  De  Tracy,  op.  cit.  p.  249.—  Biblioth.  des  Pères, 
t.  XXIV,  p.   I463. 


—  24  — 

X. 

R.  P.  DOM    JANCELIN. 

i  r  y(5 —  1233. 


ANCELIN  ou  Jocelin  avait  fait  Profession 
à  la  Grande  Chartreuse,  où  il  était  entré 
jeune  encore.  Il  a  laissé  dans  l'Ordre  le  souvenir 
de  l'humilité  la  plus  profonde,  mais  cette  vertu  ne 
lui  avait  pas  enlevé  l'énergie  et  l'autorité  nécessaires 
pour  gouverner  sagement  les  nombreux  Religieux 
qui  formaient  la  famille  cartusienne.  Son  autorité 
était  telle,  dit  la  Carte  des  Généraux,  qu'il  défendit 
à  un  Moine,  mort  depuis  peu,  de  faire  des  miracles 
à  son  tombeau,  parce  que  la  solitude  du  Monastère 
était  troublée  par  l'affluence  des  malades  qui  accou- 
raient pour  obtenir  leur  guérison;  il  fut  obéi.  Ce 
Religieux  était  le  Révérend  Père  Dom  Guigues  II. 
Ce  fait  a  été  rappelé  dans  l'épitaphe  gravée  sur  le 
tombeau  de  Dom  Jancelin,  et  citée  par  Morozzo. 

Tantce  fuit  authoritatis,  ut  defunctum  Monachum 
A  miraculis  cessare  dicto  compulerit. 

«  Nostre  dévot  Père,  dit  Dom  Dorland,  estoit 
parvenu  à  telle  saincteté  de  vie  qu'il  estoit  réputé 
entre  l'un  de  ces  anciens  Pères  du  désert.  »  Assi- 
du au  travail,  il  fut  toujours  détaché  des  honneurs 
et  éloigné  de  toute  ostentation.  Il  gouverna  pen- 
dant cinquante  huit  ans  :  «  et  cecy  avec  tant  de 
prudence   et  industrie  que  jamais  l'Ordre   n'avoit 


—   25    — 

esté  si  fleurissant ,  dont  son  odeur  et  renommée 
estoit  épanduë  par  tout  le  monde.  »  En  effet,  à 
l'époque  de  sa  mort,  l'Ordre  comptait  déjà  plus 
de  cinquante  fondations. 

Sous  son  gouvernement,  plusieurs  Papes  accor- 
dèrent des  privilèges  aux  Chartreux  et  confirmè- 
rent divers  règlements  décrétés  par  le  Chapitre 
Général.  Parmi  eux,  on  compte  Alexandre  III, 
Lucius  III,  Urbain  III,  Clément  III,  Innocent  III, 
et  Honorius  III.  En  1 195, ce  Général  fit  un  accord 
avec  Guy,  Abbé  de  Citeaux,  par  lequel  il  fut  déci- 
dé qu'aucun  Religieux  ne  pourrait  passer  de  l'un  h 
l'autre  Ordre,  sans  la  permission  réciproque  des 
deux  Supérieurs.  Dom  Jancelin  donna  l'habit  de 
Frère  Convers  à  Pierre  Frecoldy,  père  du  Pape 
Clément  IV.  Ce  Vénérable  Prieur  mourut  en  une 
sainte  vieillesse,  le  22  octobre  1233  .  Quelques 
auteurs  lui  donnent  le  titre  de  Bienheureux  ' . 

XI. 
R.P.  DOM  MARTIN. 

1233  —  1236. 


ARTIN  était  profès  de  la  Grande  Chartreu- 
se. Doué  des  plus  belles  qualités  et  des  plus 
nobles  vertus,  il  fut  appelé,  en  1 233,  à  succéder  à 
Dom  Jancelin.    «    Homme    docte    et    personnage 

'  Brev.   Hist.  ap.  Martène,   Veter.  Scriptor.t.  VI,  p.  177. 


—  2b  — 

qualifié  en  doctrine,  saincteté  et  vertus  »,  il  gou- 
verna peu  d'années  les  enfants  de  saint  Bruno. 
On  a  dit  de  lui  qu'il  avait  une  humilité  particulière, 
une  charité  admirable  et  une  autorité  auguste.  Il 
donna  pour  armoiries  à  l'Ordre,  un  globe  d'or, 
surmonté  d'une  Croix  entourée  de  sept  étoiles 
d'or,  sur  un  champ  d'azur  ;  avec  cette  belle  de- 
vise :  Stat  crux  dirni  volvitur  orbis.  «  La  croix  est 
stable  au  milieu  des  révolutions  de  ce  monde.  » 
Pendant  le  XIe  et  le  XIIe  siècle,  l'Ordre  des 
Chartreux  avait  pour  armes  une  simple  croix. 
Dom  Martin  la  plaça  sur  le  globe  du  monde  et 
y  ajouta  sept  étoiles  d'or  qui  devaient  rappeler 
le  songe  de  saint  Hugues,  Évêque  de  Grenoble, 
et  le  souvenir  de  saint  Bruno  et  de  ses  six  pre- 
miers compagnons. 

Pendant  les  quelques  années  de  son  gouverne- 
ment, Dom  Martin  travailla  avec  zèle  à  la  prospé- 
rité de  l'Ordre  ;  ce  qui  fait  dire  à  un  des  ses 
biographes  :  «  Nostre  Ordre  s'accreut  du  temps 
du  Révérend  Père  Martin,  tellement  que  c'estoit  un 
commun  proverbe  qu'au  lieu  où  l'on  batiroit  une 
grange    pour  les   Chartreux ,  il  y   auroit  bien-tost 

un  cloistre.   »  Ce  saint  Religieux,   «   après  l'expé- 
rience   de    plusieurs  belles    vertus ,  »    mourut    en 

1 2  3  6 i .  » 


—  Dorland,  lib.  IV,  cap.  xvi.—  Pétréius,  Elucid.,  lib.  IV. — 
Sutor,op.  cit.  lib.  II,  tract,  ni,  cap.  v. — Canisius.  AAï/7r>"o/o- 
gium,  .\  des  calendes  de  mars.  —  Morozzo,  Theat.  cit.  p.  22. 

—  De  Tracy,  p.  2  5 1 . 

1  Anonymus  apud  Martène.  Veter.  Script,  t.  XI.  p.  178. — 


-/ 


XII. 
R.   P.  DOM  PIERRE  II 

i23t5  —  1242. 


IERRE  II  est  peu  connu;  son  nom  a  même 
été  omis  dans  les  catalogues  des  Généraux 
et  dans  la  Carte  de  1649.  L'histoire  des  anciens 
Prieurs  publiée  par  Dom  Martène,  le  théâtre 
chronologique  de  Morozzo  et  la  chronique  de 
Dom  Dorland  n'en  font  pas  mention.  Toutefois, 
le  Père  de  Tracy,  qui  l'omet  aussi,  constate, 
d'après  une  lettre  qui  lui  a  été  écrite  de  la  Grande 
Chartreuse  par  Dom  Giraud,  que  Pierre  a  gou- 
verné l'Ordre  de  1 236  à  1242.  En  effet  Morozzo 
place  le  commencement  de  la  prélature  du  succes- 
seur de  Dom  Pierre  à  l'année  1242,  et  laisse,  par 
là  même,  pressentir  que  Dom  Martin  a  conservé 
le  pouvoir  jusqu'à  cette  époque  '. 

XIII. 

R.   P.  DOM   HUGUES  II. 

1242  —  1253. 

UGUES  ou  Hugon  ,  était  Profès  de  la 
Grande  Chartreuse.  Comme  son  prédéces- 
seur, il  ne  se  trouve  pas  dans  tous  les  catalogues 
des  Généraux.  La  chronique  de  Dom  Pierre  Dor- 
land,  l'ouvrage  de  Dom  Couturier  sur  la  vie  car- 

Dorlandus,  Chron.  cit.  lib.  IV,  cap.  XVII.  —  Pétréius,  Elu- 
cida lib.  IV. — .Morozzo,  Theatr.,  p.  22. — De  Tracy,  p.  221. 
1  De  Tracy..  op.  cit.   ut  supra. p.  :07- 


—    28    — 

tusiennc  et  la  petite  histoire  des  anciens  Prieurs 
publiée  par  Dom  Martène  le  passent  sous  silence.  Il 
est  cependant  nommé  dans  le  manuscrit  de  Dom 
Le  Coulteux,  dans  le  théâtre  chronologique  de  Mo- 
rozzo  et  lacartedes  Généraux  gravéed'aprèslesordres 
du  Révérend  Père  Dom  Pégon,  au  XVIIe   siècle. 

Dom  Hugues,  au  commencement  de  son  admi- 
nistration, augmenta  les  constructions  qu'Humbert, 
comte  de  Savoie,  avait  faites  à  la  Grande  Char- 
treuse, vers  le  milieu  du  XIIe  siècle,  pour  offrir 
l'hospitalité  aux  pèlerins  et  aux  pauvres  qui  se  pré- 
sentaient au  Monastère.  Il  ne  put  terminer  son 
œuvre,  mais  elle  fut  continuée  par  son  successeur, 
Dom  Bernard  de  La  Tour. 

Le  Père  Délie,  dans  son  histoire  de  l'état  mo- 
nastique, rapporte  que  le  Révérend  Père  Hugues 
établit  une  association  de  prières  entre  les  Char- 
treux et  les  Moines  de  la  célèbre  Abbaye  de  Saint- 
Vaast,  d'Arras.  La  Carte  des  Généraux  nous 
apprend  aussi  que  Dom  Hugues  se  rendit  recom- 
mandable  par  son  recueillement  et  sa  modestie.  Il 
n'aimait  pas  à  fréquenter  les  grands  du  monde,  et 
quoique  le  premier  de  l'Ordre  par  son  autorité  et 
ses  vertus,  il  en  était  le  plus  humble1.  Cette  humi- 
lité fut  la  cause  déterminante  qui  l'engagea  à  donner 
sa  démission,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans,  t  253. 
Il  vécut  encore  quelques  années  au  milieu  des  aus- 
térités de.  la  pénitence,  après  avoirgouverné  l'Ordre 
pendant  onze  ans  . 

'  Dom  Le  Coulteux,  Annales  Ordinis  Cartusiensis,  Ms.  ad 


—    2Q    — 

XIV. 
R.  P.  DOM  BERNARD    de   LA  TOUR. 

1253  —  1258. 


ERNARD  de  La  Tour  naquit,  en  Franche 
Comté,  d'une  noble  et  pieuse  famille  du 
pays.  Entré  dans  l'état  ecclésiastique,  il  reçut  le 
sacerdoce  et  montra  la  plus  vive  piété.  Ses  vertus 
et  ses  talents  semblaient  devoir  le  conduire  aux 
honneurs,  mais  dans  son  humilité,  il  désirait 
quitter  le  monde  et  se  donner  tout  entier  à  Dieu 
dans  la  solitude.  Le  clergé  et  le  peuple  ayant 
voulu  le  placer  sur  le  Siège  archiépiscopal  de  Be- 
sançon, il  prit  la  fuite  et  vint  se  cacher  à  la  Char- 
treuse de  Portes.  Découvert  et  menacé  de  nouveau 
du  même  honneur,  il  sortit  de  France  et  se  retira  à 
la  Chartreuse  du  Reposoir,  près  de  Genève,  où  il 
fit  Profession. 

Après  quelques  années  passées  dans  la  solitude 
du  cloître,  Dom  Bernard  de  La  Tour  fut  élu  Gé- 
néral de  l'Ordre.  Malgré  sa  modestie  et  sa  répu- 
gnance pour  les  honneurs,  il  fut  obligé  de  se  rendre 
au  désir  et  à  la  volonté  exprimés  par  les  Religieux 
de  la  Grande  Chartreuse  et  prit  le  pouvoir  en  1 2 5 3 . 
Le  nouveau  Général  termina  l'œuvre  commencée 
par  son  prédécesseur  et  fit  exécuter  de  grands  tra- 
vaux au  Monastère.    Saint  Anthelme   de    Chignin 

ann.  i25o. —  Morozzo,  Theat rum  cit.  p.  22. —  Carte  de  1649. 
—  Le  Père  de  Tracy,  p.  252.  —  La  Grande  Chartreuse,  par 
un  Chartreux  p.  221. 


—    00    — 

avait  jeté  les  fondations  du  grand  cloître,  Dum 
Bernard  reprit  ce  projet  et  bâtit  presque  tout  entier, 
en  pierres  de  taille,  cette  partie  du  Couvent.  Ne  se 
laissant  pas  distraire,  par  ces  travaux,  de  ce  qu'il 
considérait  comme  l'essentiel,  il  porta  tous  ses 
soins  au  bien  spirituel  de  ses  Religieux  et  déploya 
le  plus  grand  zèle  pour  le  maintien  de  la  discipline. 
L'obligation  absolue  de  s'abstenir  d'aliments  gras 
n'avait  été  imposée,  jusqu'alors,  par  aucun  précepte 
et  n'était  considérée  que  comme  un  usage  véné- 
rable; il  en  fit  une  loi,  de  concert  avec  le  Chapitre 
Général.  L'Ordonnance  de  1254  porte  que  tout 
Religieux  qui  enfreindrait  cette  loi  serait  chassé  de 
l'Ordre. 

Dom  Bernard  de  La  Tour,  comprenant  toute 
l'importance  des  Chapitres  Généraux,  voulut  de 
nouveau  faire  approuver  cette  institution  par  le 
Saint-Siège  et  obtint  à  ce  sujet  une  Bulle  du  Pape 
Alexandre  IV,  datée  d'Anagni,  le  6  des  ides  d'octo- 
bre 1256.  Dans  cette  Bulle,  le  Souverain  Pontife 
confirme  solennellement  l'institution  du  Chapitre 
Général  et  lui  donne  les  derniers  perfectionne- 
ments. L'année  précédente ,  le  même  Pape  avait 
accordé  deux  autres  Bulles  sur  le  même  sujet,  le  4 
des  calendes  de  mai  et  le  5  des  ides  du  même 
mois    1255. 

Avant  de  mourir,  Dom  Bernard  eut  la  conso- 
lation de  régler  avec  le  Roi  de  France,  Louis  IX, 
la  fondation  de  la  Chartreuse  de  Gentilly,  transférée 
quelque  temps  après  dans  la  ville  de  Paris.  Il  s'en- 
dormit dans  le  Seigneur,   en    1258,   laissant  au  mi- 


D  I 


lieu  de  ses  frères  une  grande  réputation  de  sainteté; 
il  avait  gouverné  l'Ordre  pendant  cinq  ans  '. 

XV. 
R.  P.  DOM  RIFFIER. 

1258  —  1268. 

IFFIER,que  Ton  trouve  encore  écrit  Rifer, 
était  profès  de  la  Grande  Chartreuse.  «  Hom- 
me d'honorable  mémoire,  docte  et  versé  dans  les 
lettres  humaines  et  divines,  grand  en  esprit  et  en  bon 
conseil,»  nous  dit  Dom  Pierre  Sutor.  Dès  qu'il  fut 
nommé  Général,  1258,  il  s'occupa  d'une  manière 
toute  spéciale  de  réunir  et  de  classer  les  différents 
Règlements  et  Ordonnances  des  Chapitres  Géné- 
raux .  D'après  le  Père  Hélyot,  ce  travail  avait  été 
préparé  par  le  Révérend  Père  Bernard  de  La  Tour; 
il  est  connu  dans  l'Ordre  sous  le  nom  de  seconde 
Compilation,  ou  de  Statuta  Antiqua.  Présentée  au 
Chapitre  Général  cette  Compilation  fut  confirmée 
en  1 2  5  *  ) . 

L'année  suivante,  la  princesse  Béatrix,  fille  du 
comte  Thomas  de  Savoie  et  veuve  de  Raymond 
de  Provence,  offrit  au  Général  des  Chartreux 
«  son  château  de  Échelles  avec  seigneurie,  juri- 
diction ,  revenus    et    dépendances ,    »    à    la  seule 

1  Dom  Le  Coulteux,  Annales  Ms.  ad  ann.  1257.  —  Dom 
Le  Vasseur,  Ephemerides  Cartusiana*  Ms. —  Morozzo,  op. 
cit.  p.  2'3.  —  Carte  de  1649. —  De  Tracv,  p.  2  53.  —  La 
Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux  p.  62. 


01 


condition  d'obtenir  la  faveur  d'être  inhumée  dans 
le  Monastère  de  la  Grande  Chartreuse  .  Dom 
Riffier,  malgré  les  égards  et  le  respect  qu'il  avait 
pour  la  famille  des  princes  de  Savoie,  crut  devoir 
refuser  cette  offre  généreuse,  parce  que,  disait-il, 
ce  serait  agir  contrairement  aux  traditions  de  l'Or- 
dre ;  nos  Pères  nous  l'ont  défendu  et  jamais  au- 
cune femme  n'a  encore  été  inhumée  à  la  Grande 
Chartreuse. 

Sous  l'administration  de  ce  Général,  les  Souve- 
rains Pontifes  Alexandre  IV  et  Clément  IV,  qui 
avaient  une  prédilection  toute  particulière  pour  les 
Chartreux,  leur  accordèrent  de  nombreux  privi- 
lèges. Après  avoir  gouverné  fructueusement  l'Or- 
dre pendant  dix  ans,  Dom  Riffier  s'endormit  pai- 
siblement dans  le  Seigneur,  en  1268  '  . 

XVI. 
R.  P.   DOM  GÉRARD. 

1268  —  1273. 

ÉRARD  ,  que  quelques  auteurs  nomment 
Géraud,  suivit  l'exemple  de  son  prédécesseur, 
et  mit  tous  ses  soins  à  conserver  la  plus  stricte 
discipline  parmi  ses  Religieux  .  Un  de  ses  biogra- 
phes dit,  d'après  la  Carte  des  Généraux  et  le  récit 

1  Brevis  Historia  Ord.  Carias,  ap.  Martène,  ut  supra. — 
Dom  Le  Coulteux,  Annales,  ms.  ad.  ann.  1260.  —  Sutor,  de 
Vita  Cartus.  lib.I,  trac.  III. —  Morozzo,  theat.  chronol.  p.  23. 
—  De  Tracy,  op.  cit.  p.  254. —  La  Grande  Chartreuse,  p.  382. 


—  33    - 

de  Morozzo,  que  ce  Général  «  s'attira  une  grande 
confiance  de  la  part  de  ses  Religieux,  par  sa 
douceur.  Cette  vertu,  en  faisant  impression  sur 
les  cœurs,  rendit  son  zèle  utile  pour  l'observation 
de  la  Règle.  » 

Le  Révérend  Père  Dom  Gérard  mourut  dans  les 
pratiques  de  la  mortification,  en  l'année  1273  ;  il 
avait  gouverné  l'Ordre  pendant  six  ans  '  . 

XVII. 
1  2y3  —  1276. 
R.  P.  DOM  GUILLAUME  I. 

UILLAUME  Fabri,  Religieux  distingué  par 
sa  science,  sa  piété  et  ses  vertus,  était  Prieur 
de  la  petite  Chartreuse  d'Angion,  sur  le  versant  du 
Jura,  au  diocèse  de  Lausanne,  lorsqu'il  fut  élu  Gé- 
néral. Il  accepta  cette  charge  par  obéissance,  gou- 
verna avec  sagesse  et  donna  à  tous  l'exemple  de  la 
plus  profonde  humilité  .  Malgré  l'affection  que  lui 
portaient  ses  Religieux,  il  désirait  ardemment  re- 
tourner dans  sa  solitude  d'Angion.  Ses  vœux  fu- 
rent exaucés,  on  lui  accorda  miséricorde  en  1276. 
Quelques  auteurs  ont  avancé  que  Dom  Guillau- 
me Fabri  resta  au  pouvoir  jusqu'à  sa  mort  arrivée 
en  1278.  Pour  accepter  cette  date,  il  faudrait  sup- 
primer son  successeur  :  en  effet  il  a  été  omis  dans 
la  plupart  des  catalogues  des  Généraux  de  l'Ordre. 

1   Morozzo,    Theairum  cit.  p.  23.  —  Carte  des  Généraux. 
—  Le  Père  de  Tracy,  op.  cit.  p.  254. 

3 


—  34  — 

Peut-être  Dom  Guillaume  reprit-il  le  pouvoir  après 
la  démission  de  Dom  Pierre  ;  nous  sommes  porté 
cà  admettre  cette  hypothèse  '  . 

XVIII. 

R.  P.  DOM  PIERRE  III. 

[276. 

IERREde  Montignac  n'a  guère  laissé  de  tra- 
ces dans  l'histoire  de  l'Ordre.  Nommé  VIIIe 
Prieur  de  la  Chartreuse  de  Glandier,  il  occupa  peu 
de  temps  cette  charge  et  on  ignore  dans  quel  Monas- 
tère il  se  trouvait  lorsqu'il  fut  élu  Général,  en  1276. 
Dorland,  Morozzo,  ainsi  que  le  Gallia  Christiana 
et  la  carte  des  Généraux  publiée  en  1649  n'en  font 
pas  mention  ;  toutefois,  les  archives  de  la  Grande 
Chartreuse  ne  laissent  à  cet  égard  aucun  doute  . 
Dom  Giraud,  Religieux  de  cette  Maison,  a  signalé 
ce  Général  au  Père  de  Tracy  qui  l'avait  omis  dans 
sa  notice  sur  les  Prieurs  de  Chartreuse.  De  plus, 
les  archives  nous  font  connaître  que  le  Révérend 
Père  de  Montignac  donna  sa  démission,  vers  la 
tin  de  Tannée  1276  et  qu'il  mourut  le  28  janvier 
de  l'année  suivante.  D'après  Dom  Giraud,  la  mort 
de  Pierre  de  Montignac  ne  serait  arrivée  que  le 
8  février   1277. 

Cette  différence  de  date  n'a  aucune  importance. 
La    difficulté   apparaît    seulement    en    considérant 

1   Morozzo.    Theatrum   cit.  p.  2 3.  —  Carte   des  Généraux 
de  1649.  —  De  Tracy.  op.  cit.  p.  25g. 


—  35  — 

deux  autres  dates  :  lin  de  127»),  démission  de  Dom 
Pierre  de  Montignac  -,  commencement  de  1278, 
élection  de  Dom  Boson.  Il  y  a  un  écart  de  près  de 
deux  ans  entre  la  démission  du  premier  et  l'élec- 
tion du  second.  Il  est  inadmissible  que  l'Ordre  des 
Chartreux  soit  resté  pendant  ce  laps  de  temps  sans 
Supérieur.  Dès  lors,  ne  pourrait-on  pas  admettre 
que  Dom  Guillaume  Fabri,  malgré  son  aversion 
pour  le  pouvoir,  se  résigna,  par  obéissance  et  par 
dévouement,  à  reprendre  la  charge  du  Généralat, 
dont  il  ne  fut  délivré  que  par  la  mort,  en  1278? 
Cette  hypothèse  expliquerait  la  date  donnée  par 
Morozzo,  le  Père  de  Tracy  et  la  carte  des  Géné- 
raux. Ces  auteurs  seraient  restés  dans  la  vérité, 
seulement  ils  auraient  omis  de  parler  de  Pierre  de 
Montignac  qui  ne  gouverna  l'Ordre  que  quelques 
mois  '  . 

XIX. 

R.  P.   DOM  BOSON. 
1278 —  [3 13. 


OSON  était  profèsde  la  Grande  Chartreuse. 

En  1272,  nous  le  trouvons  à  la  tète  de  la 
Chartreuse  de  Saint-Hugon,  en  Savoie,  et  il  gou- 
vernait encore  ce  Monastère,  lorsqu'il  fut  élu  Gé- 
néral de  l'Ordre.  Ses  vertus  et  son  mérite  le  dé- 
signaient à  cette  haute  dignité. 

1  Sur  le  R.  P.  de  Montignac  Cf.  Arch.  de  la  Grande 
Chartreuse. —  De  Tracy,  p.  3o8.  —  Joseph  Brunet,  Notice 
histor.  sur  la   Chartreuse  de  Glandier.  p.  i-j. 


—  36  — 

Après  sa  promotion  au  Généralat,  Dom  Boson, 
à  cause  de  sa  douceur  et  de  sa  sainteté,  devint 
l'arbitre  des  personnages  les  plus  distingues  de  la 
contrée  et  on  rechercha  de  tous  côtés  sa  bienfai- 
sante intervention.  Malgré  les  honneurs  dont  on 
l'entourait,  il  conserva  toujours  les  sentiments  de  la 
plus  profonde  humilité.  Le  traducteur  de  Dom  Dor- 
land  nous  apprend  qu'il  «  estoit  si  grand  en  mérite, 
qu'il  obtenoit  tout  ce  qu'il  désiroit  de  Nostre  Sei- 
gneur et  encore  qu'il  fut  sublime  et  élevé  en  sainc- 
teté  de  vie,  il  s'estimoit  si  peu  que  rien.  » 

Une  antique  chronique  de  la  Grande  Chartreuse 
rapporte  que  le  Révérend  Père  Boson  faisant  cons- 
truire une  petite  chapelle  dans  le  cimetière  de  la 
Communauté,  près  du  caveau  où  Dom  Guigues 
avait  déposé  les  restes  des  anciens  Chartreux,  un 
maître-maçon  tomba  du  haut  des  échafaudages  ; 
brisé  dans  sa  chute,  il  expira  à  l'instant.  Ses  com- 
pagnons consternés  le  portèrent  à  Dom  Boson,  le 
conjurant  de  le  rendre  à  la  vie;  celui-ci,  les  larmes 
aux  veux,  se  mit  aussitôt  en  prière,  et  Dieu  exau- 
çant la  demande  de  son  serviteur,  le  malheureux 
ouvrier  se  releva  sain  et  sauf  et  alla  reprendre  son 
travail. 

Sous  le  gouvernement  de  ce  Général,  l'Ordre 
prit  un  grand  accroissement  ;  il  y  eut  dix7huit  nou- 
velles fondations.  Dom  Martène  relate  que  le  Mo- 
nastère de  Chalais,  en  Dauphiné.  fondé  au  com- 
mencement du  XIIe  siècle  par  des  Moines  Béné- 
dictins, fut  réuni  alors  à  l'Ordre  des  Chartreux. 
Une    mauvaise    administration    avait    réduit    cette 


-37- 

Abbaye  à  la  plus  grande  détresse  ;  tous  ses  biens 
étaient  aliénés  ou  hypothéqués  en  faveur  d'Aymar 
de  Belle  vue.  Dom  Boson  parvint  à  racheter  les 
propriétés  et  obtint  ensuite  l'union  à  la  Grande 
Chartreuse. 

Malgré  sa  grande  douceur,  Dom  Boson  savait  se 
montrer  énergique  pour  défendre  les  domaines  de 
TOrdre.  On  rapporte  que  des  étrangers  s'étant  avi- 
sés d'extraire  du  minerai  de  fer  de  la  montagne  de 
Bovinant,  qui  appartenait  aux  Chartreux,  le  Révé- 
rend Père,  oubliant  ses  infirmités  et  son  grand 
âge,  se  fit  accompagner  de  ses  Religieux  et  monta  à 
l'endroit  où  l'on  travaillait,  malgré  les  difficultés  de 
cette  ascension  pénible.  Les  ouvriers  étaient  en 
grand  nombre  et  peu  sympathiques  aux  propriétaires 
qu'ils  dépouillaient.  Dom  Boson  leur  parla  d'abord 
avec  douceur,  mais  ces  paroles  bienveillantes  ne 
produisant  aucun  effet,  il  dut  montrer  plus  d'énergie 
et  les  menaça  de  venir,  avec  des  hommes  armés,  les 
obliger  de  quitter  la  montagne.  Ces  ouvriers,  forcés 
d'admirer  le  courage  du  noble  vieillard,  et  sachant 
sans  doute  que  le  comte  de  Savoie  et  le  Dauphin  le 
chérissaient  comme  un  père,  jugèrent  prudent  de 
cesser  leur  travail  et  de  s'éloigner. 

Le  Révérend  Père  était  désireux  d'abandonner 
le  pouvoir  et  de  se  retirer  dans  la  solitude  du 
cloître,  mais  le  Chapitre  Général,  qui  trouvait  son 
administration  profitable  à  l'Ordre,  refusa  toujours 
sa  démission  et  le  conserva  à  son  poste  pendant 
trente-cinq  ans.  Dans  cet  espace  de  temps,  il  écrivit 
plusieurs  fois    au  Pape  Clément  Y  qui  avait  fixé 


—  38  — 

sa  résidence  à  Avignon.  Dans  une  de  ces  lettres,  il 
supplie  le  Souverain  Pontife  de  ne  pas  permettre 
que  quelque  nouveauté  fâcheuse  s'introduisit  dans 
l'Église.  Le  schisme  d'Occident  venait  de  se  con- 
sommer et  il  était  à  craindre  que  la  pureté  de  la  foi 
n'en  souffrit.  La  renommée  de  sainteté  et  de  grand 
savoir  du  Général  des  Chartreux  engagea  le  Pape 
à  l'appeler  au  Concile  de  Vienne  qui  eut  lieu  en 
1 3  i  i,  mais  le  Vénérable  Solitaire  écrivit  à  Clément 
A'  pour  s'excuser  ;  ses  infirmités  ne  lui  permettant 
pas  de  se  rendre  au  Concile,  il  annonçait  au  Pape 
qu'il  se  ferait  représenter  par  son  Procureur. 

Dom  Boson  mourut  en  odeur  de  sainteté,  en 
i3i3.  Dorland  rapporte,  d'après  la  chronique  du 
Monastère,  que  sur  le  tombeau  qui  lui  fut  élevé,  «  il 
creut  une  herbe,  laquelle  estant  goustée  guérissoit 
plusieurs  maladies,  cause  pour  quoy  l'on  venoit  de 
tout  costé  pour  la  cueillir.  »  Canisius  et  du  Saussey 
ont  inséré  Dom  Boson  dans  leur  martyrologe,  au  4 
des  nones  de  mars  '. 

XX. 
R.P.    DOM  AYMON    DAOST. 

1  3  1  3  —  i32ii. 

YMON  d'Aost  ou  d'Aoust,  en  Valentinois, 
au  diocèse  de  Die,  était  proies  de  la    Grande 
Chartreuse;  d'après  le  traducteur  de  la  chronique 

1   Chronicon  Maj.  Cartus.  cap.  xvi.  —   DorlanJu>.    Chron. 
cit.  lib.  XVI, cap.   — xvm.  Pétréius,  Elucid.  lib.  IV. —  Dom 


—  $9  — 

de  Dorland  il  «  estoit  homme  si  docte  qu'il  pouvoit 
donner  la  leçon  aux  théologiens,  comme  montrent 
encore  pour  le  présent  ses  escrits ,  il  estoit  plus 
grand  en  la  dévotion  et  saincteté.  »  Les  écrits  de 
Dom  Aymon  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous 
et  nous  ignorons  quels  sujets  le  savant  théologien 
avait  traités.  Ce  Général  fit  aussi  réunir  en  un  volu- 
me toutes  les  Chartes  et  les  Bulles  qui  concernaient 
l'Ordre  des  Chartreux  ,  mais  ce  précieux  manuscrit 
périt  malheureusement  dans  l'incendie  qui  eut  lieu 
à  la  Grande  Chartreuse  quelques  années  plus  tard. 
La  chronique  publiée  par  Dom  Martène  rap- 
porte que  le  Révérend  Père  Aymon  fit  rebâtir  le 
Monastère  du  Désert  de  Chartreuse,  presqu'entiè- 
rement  détruit  par  un  incendie  au  commencement 
de  mai  i32o.  Le  feu  s'était  déclaré  dans  l'apparte- 
ment où  se  trouvaient  logés  les  serviteurs  d'Othon 
de  Grandson  venus  pour  demander  l'incorporation 
de  la  Chartreuse  de  la  Lance.  Les  pertes  furent 
considérables,  surtout  en  manuscrits,  mais  le  mâle 
courage  du  Général  ne  défaillit  pas  au  milieu  de  ces 
rudes  épreuves.  Il  se  mit  à  l'œuvre  et  reconstruisit 
en  pierres  les  cellules  et  les  principales  obédiences; 
grâce  aux  cotisations  de  toutes  les  Maisons  de  TOrdre 
et  aux  libéralités  d'un  grand  nombre  d'Évêques,  de 
princes  et  de  seigneurs  qui  se  firent  un  honneur  de 
venir  au  secours  des  Chartreux. 


Sutor,  de  Vita  Car  tus.  p.  217.  — Martène,  t.  VI  art.  Boson. 

—  Morozzo,  Theatrum  cit.  p.  23. —  De  Tracy,  op.  cit.  p.  255. 

—  Kug.    Burnier,  Chartreuse  de  S.-  Hugon ,  p.  io3.  —  La 
Grande  Chartreuse,  p.  259. 


—  4o  — 

Jusque-là  le  cloître  ne  contenait  que  treize  ou 
quatorze  cellules  ;  Dom  Aymon,de  concert  avec  le 
Chapitre  Général,  décida  de  bâtir  ce  qu'on  a  appelé 
le  second  cloître.  Cette  résolution  avait  pour  but 
«  de  subvenir  aux  nécessités  de  l'Ordre  qui  avait 
besoin  de  sujets  pour  les  nouvelles  Maisons.  »  En 
effet  les  Chartreux  continuaient  de  se  répandre  dans 
toute  l'Europe,  et  sous  l'administration  de  Dom 
Aymon,  on  compte  vingt-cinq  nouvelles  fondations. 

Le  zèle  de  cet  illustre  Général  pour  sauvegarder 
les  biens  et  les  droits  du  Monastère  de  Chartreuse 
nous  apparaît  dans  un  fait  rapporté  par  Dom  Dor- 
land,  d'après  la  vieille  chronique  de  l'Ordre.  Lais- 
sons la  parole  au  naïf  traducteur  :  «Aymarus( Guil- 
laume II  de  Montbel,  d' Entremont)  usurpoit  des 
droits  sur  les  biens  et  possessions  de  la  Chartreuse, 
dont  il  advint  que  lorsque  l'on  célébroit  le  Chapitre 
Général,  il  envoya  ses  sergeants  pour  rompre  le 
pont  de  la  Chartreuse  et  faire  autre  violence.  Le 
Révérend  Père  craindant  plus  grande  insolence 
faict  insinuer  au  comte  de  Savove  et  de  Vienne  l'af- 
fronterie  de  ce  seigneur,  désirant  en  avoir  raison  ; 
mais  comme  les  princes  portoient  grande  affection 
à  ce  seigneur,  ils  ne  firent  cas  de  la  complaincte 
du  Révérend  Père.  Ce  pourquoy  il  fut  contraint  de 
faire  plainte  au  roy,  ce  qu'entendant  il  commanda 
au  comte  d'en  faire  la  vengeance,  ou  autrement  que 
détruisant  la  Maison  de  Chartreuse,  laquelle  ils  mé- 
prisoient,  il  en  feroit  une  autre  plus  noble  et  mieux 
bastie.  Le  Daulphin  et  le  comte  craindant  perdre 
la  Maison  commandèrent  à  Avmarus  et  ses  enfants 


—  41   — 

de  marcher  vers  la  Chartreuse  la  corde  au  col  et  se 
prosterner  aux  pieds  des  Religieux,  ce  qu'ils  firent 
ayant  auparavant  iuré  de  ne  plus  prétendre  à  aucun 
droict.  »  Il  est  impossible  de  trouver  une  preuve 
plus  convaincante  du  désir  et  de  l'intérêt  que  les 
souverains  et  les  seigneurs  apportaient  à  posséder 
des  Chartreux  dans  leurs  Etats  ou  sur  leurs  do- 
maines. 

Depuis  longtemps,  le  Révérend  Père  Aymon 
d'Aost  désirait  se  retirer  dans  une  cellule  du  cloître 
pour  se  préparer  à  la  mort;  ses  instances  furent  si 
pressantes  que  le  Chapitre  Général  accepta  enfin 
sa  démission  en  i32q.  L'année  suivante,  il  remit 
son  âme  entre  les  mains  de  Dieu.  D'après  la  tra- 
dition, le  tombeau  de  ce  Général  serait  le  plus 
ancien  du  cimetière  actuel  de  la  Grande  Char- 
treuse'. 

XXI. 

R.  P.  DOM  JACQUES  DE  VEVEY. 

1329  —  i33o. 


ACQUES  de  Vevey,  que  plusieurs  auteurs 
nomment  Jacques  de  Vinay  ou  de  Vivisio, 
était  né  en  Dauphiné  et  avait  fait  Profession  à 
la  Grande  Chartreuse.    Lorsque  les    suffrages  des 

1  Chronicon  cit.  ap.  Martène,  t.  VI.  Veter.Scriptor.p  204. 
— Dorlandus  et  son  traducteur  Adrian  Driscar,  lib.  IV,  cap.xix 
et  xx.  —  Pétréius,  Elucid.,  lib.  IV.  —  Morozzo,  op.  cit.  p.  23. 
—  Dom  Le  Coulteux,  Abrégé  des  Annales,  Ms.  —  De  Trac  . 
p.  256.  — La  Grande  Chartreuse,  p.  '"17  et  sq. 


—  42  — 

Religieux  de  cette  Maison  l'appelèrent  au  poste  de 
Général,  il  dirigeait  depuis  plusieurs  années  le 
Monastère  du  Val-Sainte-Marie.  Son  élévation  lui 
fut  si  pénible  qu'il  fit  tous  ses  efforts  pour  faire 
accepter  sa  démission  ;  Tannée  suivante,  il  obtint 
de  rentrer  dans  une  cellule  du  cloître,  comme  sim- 
ple Religieux.  Dom  Couturier  nous  apprend  qu'il 
était  de  si  grande  prudence,  discrétion  et  bon  con- 
seil, enfin  tellement  adonné  à  la  contemplation,  que 
ceux  qui  lui  parlaient,  pensaient  se  trouver  en  pré- 
sence d\m  ange. 

Dans  quelques  années,  nous  trouverons  de  nou- 
veau Jacques  de  Vevey  à  la  tète  de  l'Ordre  des 
Chartreux  '. 

XXII. 

R.  P.  DOM  CLAIR  de  FONTENAY. 

i33o  —  1 3  3  (5 . 

LAIRde  Fontenay  naquit  en  France;  il  di- 
rigeait avec  sagesse  la  Chartreuse  de  Paris, 
lorsqu'il  fut  appelé  à  gouverner  l'Ordre.  Homme 
remarquable  par  sa  science,  son  érudition  et  son 
amour  des  lettres,  il  sut  donner  une  noble  direction 
aux  études  de  ses  Religieux.  «  Il  estoit — rapporte 
un  de  ses  biographes —  doué  d'une  telle  science  et 
doctrine   que    l'on   disoit  ordinairement  de  luy  que 

1  Cf.  Dom  Sutor,  op.  cit.  lib.  II,  tract,  m.  cap.  vu.  — Mo- 
rozzo,  Theatrum  cit.  p.  24.  —  De  Tracy,   Yiede  saint  Brun;), 

P.   25;. 


—  43  — 

c'estoit  le  second  clerc  du  monde.  »  Sa  piété  n'était 
surpassée  que  par  son  humilité;  aussi  supplia-t-il 
longtemps  le  Chapitre  Général  d'accepter  sa  démis- 
sion. Cette  consolation  lui  fut  accordée,  en  r336. 
Il  avait  gouverné  l'Ordre  pendant  près  de  six  ans. 
Sa  mort,  précieuse  devant  le  Seigneur,  arriva  trois 
ans  après,  en  i  33q  '. 

XXIII. 

R.  P.  DOM  JACQUES  de  VEVEY. 

1 336  —  i3-|.i  . 


N  i33o,  Jacques  de  Vevev,  par  amour  de 
la  solitude,  avait  fait  accepter  sa  démis- 
sion. Depuis  cette  époque,  il  vivait  dans  une  des 
cellules  du  cloitre,  édifiant  tous  les  Religieux  par 
ses  vertus.  A  la  mort  du  Révérend  Père  Dom  Clair 
de  Fontenay,  les  Moines  de  la  Grande  Chartreuse 
élurent  de  nouveau  Dom  Jacques  ;  aucun  ne  leur 
paraissait  plus  digne  et  plus  capable  de  les  gou- 
verner. Forcé,  par  obéissance,  d'accepter  cette 
charge  qui  lui  semblait  si  terrible  ,  le  nouveau 
Prieur  offrait  chaque  année,  avec  instance,  sa  dé- 
mission ;  mais  le  Chapitre  Général  refusait  tou- 
jours d'accéder  à  son  désir. 

Dans  ces  circonstances,  Jacques   de  Yevey  crut 
pouvoir  se  permettre  une  ruse  qui  lui  réussit.  Dom 

1  Anonvmus  ap.  Martène,  t.  VI.  Veter.  Scriptor. —  Dor- 
andus.  lib.  IV,  cap.  xxi.  —  Dom  Sutor,  lib.  II.  tract.  III. 
cap.  v.  —  Morozzo.  op.  cit.  p.  24.  —  De    Tracy,  p.  257. 


—  44  — 

Martène  nous  apprend,  d'après  l'auteur  anonyme 
dont  il  a  édité  l'œuvre,  que  ce  Général  réunit  en 
Chapitre  les  Religieux  de  la  Grande  Chartreuse  et 
parvint,  à  force  d'instances,  à  faire  accepter  sa  dé- 
mission de  Prieur  de  la  Maison.  Par  là  même  il 
ne  pouvait  plus  gouverner  l'Ordre,  puisque  le  Gé- 
néral doit  être  en  même  temps  Prieur  de  la  Grande 
Chartreuse.  Ce  fait  avait  lieu,  en  1 341,  et  le  Cha- 
pitre Général  qui  suivit  décréta  qu'il  était  expressé- 
ment défendu  d'en  agir  ainsi  dans  l'avenir,  sans  le 
consentement  de  l'Ordre. 

Humbert,  Dauphin  de  Vienne,  avait  Dom  Jacques 
de  Vevey  en  si  grande  estime  qu'il  lui  donna  pour 
sa  Maison  de  Chartreuse  une  rente  de  «  cent  sols 
tournois  d'argent,  monnaie  de  France  de  bonne 
loi  et  juste  poids  »  qui  devait  servir  à  donner,  vers 
la  fête  de  la  Toussaint  à  tous  les  Moines  et  Clercs 
Rendus  du  Couvent,  des  habits  monastiques  et  des 
pelisses  neuves  en  peau  de  mouton.  La  fondation 
est  datée  du  lundi,  dernier  jour  de  septembre  1 336. 

Jusqu'à  sa  mort,  l'ancien  Général  fut  éprouvé 
par  de  grandes  infirmités,  que  Dom  Dorland  regar- 
de comme  une  punition  du  Seigneur  .  «  Nostre 
Dieu  —  dit  son  traducteur  —  voulant  montrer 
comme  cette  importunité  lui  était  désagréable, 
l'affligea  si  cruellement  que  luyetses  frères  entendi- 
sent  assez  que  le  déport  de  la  charge  de  repaistre 
ses  ouailles  méritoit  une  punition  exemplaire,  en 
laquelle  cependant  nostre  Prieur  estoit  constant  et 
patient  ;  car  estant  en  cette  affliction  corporelle,  il 
ne    laissoit,  par  l'élévation  de  son    esprit,  de   voler 


-45  - 

au  plus  haut  de  la  contemplation,  estant  de  si  grand 
conseil  et  discrétion  que  personne  ne  venoit  à  luy, 
qu'il  ne  l'admiroit  plustot  comme  un  ange  du  ciel 
que  comme  un  homme  vivant  sur  la  terre.   » 

Dom  Jacques  de  Vevey  vécut  ainsi  quelques  an- 
nées, au  milieu  des  plus  grandes  souffrances.  Une 
pieuse  légende  rapporte,  qu'après  sa  mort,  il  fut 
placé  dans  la  brillante  cohorte  des  anges  qui  en- 
tourent le  trône  du  Très-Haut.  De  nombreux  mi- 
racles eurent  lieu  sur  son  tombeau  '. 

XXIV. 
R.  P.  DOM  HENRI    POLLET. 

i34i  — 1346. 

ENRI  Pollet  était  né  en  France  et  avait  fait 
Profession  dans  la  Chartreuse  de  Paris.  Il 
était  Prieur  de  ce  célèbre  Monastère,  lorsqu'on  lui 
confia  le  gouvernement  de  l'Ordre  ;  les  Religieux  de 
la  Grande  Chartreuse  l'avaient  élu  à  cause  de  sa  scien- 
ce et  de  sa  piété.  Dom  Pollet  remplit  cette  charge,  à 
la  grande  édification  de  tous  ses  frères,  mais  dédai- 
gneux des  honneurs  et  sentant  sa  fin  approcher  il 
parvint  à  faire  accepter  sa  démission,  en  1346. 
Quelques  mois  plus  tard,  il  s'endormait  dans  la 
paix  du  Seigneur,  le  17  septembre,  même  année. 
Le  Père  de  Tracy  nous  apprend,  d'après  le  ma- 

4  Anonymus  ap.  Dom  Martène,  t.  VI,  loi.  i5o.  —  Dor- 
landus  Chronicnn  cit.  lib.  IV,  cap.  xxn.  —  Morozzo,  op.  cit. 
p.  24.  —  De  Tracy,  p.  258.  —  La  Grande  Chartreuse,  p.  2y3. 


—  4')  — 

nuscrit  édité  par  Dom  Martène,  que  le  Révérend 
Père  Henri  Pollet,  après  avoir  donné  sa  démission, 
fut  de  nouveau  appelé  à  diriger  la  Chartreuse  de 
Paris.  Rien,  dans  le  Theatrum  chronologicum  de 
Morozzo,  dans  l'ouvrage  du  Père  Délie,  ni  dans  la 
carte  de  1649,  ne  vient  confirmer  ce  fait  rapporté 
par  Fauteur  anonyme  de  l'antique  chronique  des 
Prieurs.  La  mort  de  Dom  Pollet,  arrivée  quelques 
mois  après  son  abdication,  laisse  pressentir,  au  con- 
traire, qu'avant  de  paraître  devant  le  Souverain 
Juge,  il  avait  désiré  se  recueillir  dans  la  solitude 
et  penser  au  salut  de  son  âme  '. 

XXV. 

R.  P.   DOM  JEAN    IL 
1 34(5 —  e36o. 


EAN  Birel,  que  Ton  trouve  encore  écrit  Birel- 
le,naquit  à  Limoges.  Désireux  de  se  donner 
tout  entier  à  Dieu  dans  la  solitude,  il  quitta  le  monde, 
entra  à  la  Chartreuse  de  Glandier,  où  il  fit  Profes- 
sion, et  devint,  quelques  années  plus  tard,  Prieur 
de  ce  Monastère.  Il  était  à  la  tête  de  celui  de  Bon- 
ne-Foi, lorsqu'il  fut  élu  Général  de  l'Ordre. 

Homme  d'une  science  remarquable,  d'une  \ie 
admirable  et  d'une  sainteté  éminente,  Dom  Birel 
jouissait  d'un  grand  ascendant  non  seulement  près 

1  Anonymus  ap.  Ed.  Martène,  ut  supra,  t.  VI.  —  Morozzo 
op.  cit.  p.  24.  —  Dom  Pétréius,  Elucid.  trad.  d'Adrian  Dris- 
cart,  p    3 3 1    — De  Tracy,  op.  cit.  p.  258. 


—  47  — 

de  ses  Religieux,  mais  encore  près  des  Évèques 
et  des  Cardinaux.  A  la  mort  du  Pape  Clément  VI, 
en  i35'2,  il  fut  sur  le  point  d'être  élevé  au  Sou- 
verain Pontificat.  La  majorité  du  Sacré-Collège  dé- 
sirait son  élection,  mais  le  Cardinal  de  Talleyrand- 
Périgord,  craignant  la  sévérité  de  ce  Moine  aus- 
tère, fit  tous  ses  efforts  pour  dissuader  ses  collè- 
gues. «  Ce  Moine  —  disait-il  —  ne  se  soucie  de 
personne.  Pour  l'Eglise,  il  se  comporte  en  guise 
de  lion  fort  et  courageux.  »  Les  voix  se  portèrent 
sur  Innocent  VI. 

Le  nouveau  Pape,  reconnaissant  le  mérite  du 
Général  des  Chartreux,  lui  offrit  la  pourpre  cardi- 
nalice ;  dans  son  humilité,  Dom  Jean  Birel  refusa 
toujours  d'accéder  au  désir  du  Souverain  Pontife. 
«Mais,  mon  Père, —  disaient  parfois  ses  amis —  vous 
avez  cependant  été  sur  le  point  d'être  Pape.  Moi 
Pape  !  répondait-il  avec  un  doux  sourire,  je  ne  suis 
qu'un  pauvre  Moine,  je  vivrai  et  mourrai  dans  mon 
cloître  et  pas  ailleurs.  »  Il  était  en  commerce 
de  lettres  avec  Innocent  VI,  les  Cardinaux',  les 
Evêques,  les  princes  les  plus  remarquables  de  son 
temps,  et  travaillait  ainsi  à  la  réforme  des  abus 
qui  tentaient  de  s'introduire  dans  LÉglise.  Son  zèle 
pour  la  gloire  de  Dieu  et  le  salut  des  âmes  l'engagea 
à  écrire,  dans  diverses  circonstances,  à  de  hauts 
personnages  pour  les  porter  à  la  pénitence.  Sa  sain- 
teté lui  attira  la  confiance  et  la  vénération  des  plus 
grands  seigneurs  :  Amédée  VI,  comte  de  Savoie, 
le  choisit  pour  confesseur,  tandis  que  Humbert  II, 
dernier  Dauphin  de  Viennois,  entra  selon  ses  con- 


_48- 

seils  dans  l'Ordre  de  Saint-Dominique,  après  avoir 
cédé  ses  Etats  à  Charles,  petit-fils  de  Philippe  de 
Valois,  le  16  juillet  1349,  à  la  condition  que  les  fils 
aînés  des  Rois  de  France  porteraient  le  titre  de 
Dauphins.  Ainsi  fut  réunie  à  la  couronne  la  patrie 
des  Allobroges  et  des  Voconces,  ainsi  furent  données 
au  royaume  des  frontières  naturelles  et  sûres.  Le 
Révérend  Père  avait  pris  une  part,  au  moins  indi- 
recte, à  cette  affaire  si  utile  pour  la  France. 

Notre  auteur  favori,  en  parlant  du  «  Révérend 
et  saint  Père  Jean  Birellius,  »  dit  :  «  C'estoit  une 
chose  admirable  en  notre  sainct  qu'il  estoit  aussi 
expert  en  la  vie  contemplative  que  active  ;  car  il 
estoit  aucunes  fois  tellement  ravy,  qu'il  ressembloit 
plustot  à  un  ange  qu'à  un  homme,  mais  en  après 
il  descendoit  en  la  campagne  de  la  vie  active.  »  Ce 
saint  Solitaire  poussait  la  mortification  jusqu'à 
l'héroïsme.  Dom  Dorland  nous  apprend  qu'il  por- 
tait sur  la  chair  un  cilice  'beaucoup  plus  rude  que 
les  autres  Religieux  de  son  Ordre.  «  il  estoit  plein 
de  nœux  et  serré  de  toute  part  d'un  poil  très  âpre, 
avec  des  manches  comme  une  chemise  pendant 
jusques  aux  genoux.   » 

Cette  vie  de  pénitence,  d'austérités  et  de  sainteté 
était  si  admirable  que  le  célèbre  poète  Pétrarque 
se  sert  des  expressions  les  plus  élogieuses  lorsqu'il 
parle  du  Vénérable  Général.  Il  écrivait  :  «  Ita 
«  ego  te  stùpens  ci  venerabundus^religiosissimevir^ 
«  quasi  alloquar  in  te  Christum,  qui  hospes  bcati- 
«  ficus  luuin  procul  dubio  pectus  inhabitat.  Anima 
«  enim  justi  sedes  est  Dei.  Jllius  est  donum,  qu'od 


—  49  — 

inter  homines  peccatorcs,  quibus  Orbis  abundat, 
et  Angeîi  vitam  et  Angélicam  famam  habens  per 
densissimas  tenebras  seculi  nostri,  novum  mundo 

c  sj'dus    effulgeas  et  e  Cartusiœ  sublimi  speculo, 

<  relut  ex  Orientalis  jugi  vertice  Lucifer  matuti- 

<  nus  irradias.»  Ces  éloges  valurent  au  chantre  de 
Vaucluse,  les  reproches  les  plus  sévères  de  la  part 
de  l'humble  Général. 

Pétrarque  était  entré  en  rapport  avec  le  Révérend 
Père  Dom  Birel,  en  venant  à  la  Grande  Chartreuse 
visiter  son  frère  Dom  Gérard.  Peu  de  temps  après 
cette  visite,  il  écrivait  au  Général  :  «  Vous  m'a- 
vez reçu  avec  une  bonté  tout  exceptionnelle  et  ac- 
cueilli comme  un  enfant  de  la  maison  ;  j'étais  venu 
voir  mon  frère,  Dom  Gérard,  et  croyais  n'avoir  que 
ce  seul  frère  à  la  Grande  Chartreuse,  et  j'ai  vu 
bientôt  que  j'avais  un  frère  dans  chaque  Religieux 
du  couvent.  »  La  lettre  est  datée  du  25  avril 
1 353 . 

Une  vie  si  sainte  devait  se  terminer  par  la  mort 
la  plus  précieuse  devant  le  Seigneur.  Dom  Jean 
Birel  rendit  sa  belle  âme  à  Dieu,  le  6  janvier  i36o, 
fête  de  l'Epiphanie.  Un  Chartreux  nous  a  transmis 
le  récit  des  derniers  moments  du  peux  Général  : 
«  Après  avoir  reçu  les  derniers  sacrements,  il  désira 
rester  seul,  et  se  traînant  comme  il  put  à  l'oratoire 
de  sa  cellule,  il  y  demeura  de  longues  heures  en 
oraison,  prosterné  à  terre  et  versant  des  larmes 
abondantes.  Un  Frère  entendant  ses  soupirs,  entra 
tout  effrayé  pour  en  connaître  la  cause  et  h  trouva 
presque  à  l'agonie.  La  Communauté  se   rassembla 


?0    — 

aussitôt;  selon  l'usage,  un  des  Moines  lut  à  haute 
voix  la  Passion  de  Notre-Seigneur,  que  le  vénéra- 
ble moribond  écouta  avec  le  plus  grand  respect, 
ayant  assez  de  présence  d'esprit  pour  reprendre  le 
lecteur  par  un  signe  lorsqu'il  faisait  quelque  faute. 
Enfin,  lorsque  l'on  commença  les  litanies  des  saints, 
le  Révérend  Père  Dom  Jean  Birel  rendit  douce- 
ment son  àme  à  Dieu.   » 

Le  Pape  Innocent  VI,  ayant  appris  la  mort  du 
Général  des  Chartreux,  dit  en  pleurant  :  «  Hélas 
le  plus  sainct  Religieux  et  le  plus  sçavant  clerc  du 
monde  est  mort  ce  jourd'huy.  »  Au  moment  de 
mourir,  ce  même  Pape  disait  :  «  A  la  mienne  vo- 
lonté, que  mon  àme  parut  si  innocente  devant  Dieu 
que  l'âme  de  ce  bon  Père  Jean,  laquelle  je  crois 
avoir  esté  toujours  très  agréable  à  Nostre-Seigneur.  » 
Dorland  rapporte  que  le  Cardinal  Talleyrand  lui- 
même  fut  vivement  ému -de  la  mort  de  Dom  Birel. 
Dans  sa  douleur,il  s'écria:  «  malheur  à  nous  Cardi- 
naux qui  n'avons  voulu  avoir  un  tel  Pasteur.  Je 
Tay  défendu  et  voyla  pourquoy  malheur  à  moy 
parce  que  j'ay  fait  tort  à  nous  tous  et  grandement 
nuit  à  la  Saincte  Église.  »  Peut-on  prononcer  un 
plus  bel  éloge  funèbre?  De  nombreux  miracles  eu- 
rent lieu  à  son  tombeau,  et  les  Chartreux  ie  consi- 
dèrent comme  un  saint  '  . 

1  Brevis  Histor.  ap.  Martène,  Amplissima  Collectio.  t.  VI. 
—  Baluze,  Papes  d'Avignon,  t.  I,  p.  776.  —  PJtrarque, 
lib.  XV,  Epist.  VIII.  — Adrian  Driscart,  traducteur  de  Dom 
Dorland,  liv.  IV,  chap.  xxm. —  Pierre  Sutor,  op.  cit.  lib.  II, 
cap.  vin.  —  Raynaldi,  Annales,  t.  XVI,  n.  25.  —  La  Gran- 
de Chartreuse  par  un  Chartreux. p.  70  et  sq. 


—    0  ]    — 

XXVI. 
R.  P.  D.  HÉLISAIRE  de    GRIMOARD. 

i36o  —  1367. 

ÉLISAIRE  de  Grimoard,  que  des  auteurs 
nomment  Elzéar  Grimoaldi  ou  Grimaldi, 
était  issu  d'une  illustre  maison  originaire  de  France. 
Son  père,  baron  deGrissac,  avait  épousé  la  dame  de 
Sabran,sœur  de  saint  Elzéar,  et  de  cette  union  était 
né  dom  Hélisaire.  Jeune  encore,  il  s'ensevelit  dans 
la  solitude  de  la  Grande  Chartreuse,  y  fit  Profes- 
sion, et  plus  tard  lorsque  le  Pape  Urbain  V,  son 
oncle,  lui  offrit  la  pourpre  cardinalice,  il  la  refusa, 
préférant  la  vie  cachée  en  Dieu  au  prestige  des 
honneurs.  Au  moment  où  il  fut  élu  Général  de  l'Or- 
dre, dom  Hélisaire  gouvernait  le  Monastère  de 
Bon-Pas,    au   diocèse  d'Avignon. 

La  vie  du  saint  Prieur  ne  fut  qu'une  mortifi- 
cation continuelle.  «Il  fut,  —  dit  le  traducteur  de 
Dorland  —  de  telle  austérité  et  de  si  grande  absti- 
nence, qu'il  ne  s'est  trouvé  de  semblable  après 
Landuinus,  dont  aucuns  disoient  qu'il  surpassoit  les 
bornes  de  la  nature,  et  estoit  cependant  tellement 
absorbé  en  son  Dieu,  qu'il  joindoit  souvent  en 
oraison,  la  nuict  avec  le  jour.  Il  estoit  accoutumé 
au  milieu  des  plus  grandes  froidures  de  l'hyver  de 
marcher  pieds  et  teste  nues,  estant  si  étrangement 
échauffé  dii  feu  divin  qu'il  ne  sentoit  les  autres 
feux Personne  ne  scauroit  conter  l'exercice  con- 
tinuel de   ses  jeusnes,  veilles  et  abstinences,  cause 


32 


pour  quoi  ses  frères  le  voyoient  souvent  et  d'esprit 
et  de  corps  élevé  en  Dieu,  où  il  alloit  participer 
aux  plus  hauts  secrets  de  son  Seigneur,  dont  re- 
tourné à  soy,  il  sembloit  estre  remply  de  si  grande 
iove  et  allégresse  spirituelle,  qu'il  estoit  si  oublieux 
de  soy-mesme  que  surpassant  les  autres  en  chan- 
tant, il  e'ievoit  sa  voix  extraordinairement  aux 
louanges  de  nostre  Dieu,  dequoy  il  en  concevoit 
une  grande  peine  et  confusion  en  soy-mesme,  après 
que  l'office  estoit  achevé.  » 

Un  fait  rapporté  par  un  vieux  chroniqueur  nous 
montre  que  les  affaires  du  monde  lui  étaient  à 
charge  et  que  son  seul  désir  était  de  vivre  inconnu. 
Son  parent  le  Cardinal  de  Mende  lui  écrivait  fré- 
quemment. Dom  Hélisaire  se  contentait  de  ré- 
pondre très  brièvement  et  à  de  rares  intervalles  sur 
un  mauvais  morceau  de  papier  ou  de  parchemin. 
Le  Cardinal  s'en  offensa  et  lit  dire  au  Général  des 
Chartreux  que  s'il  continuait  d'en  agir  ainsi,  il  ne 
lui  écrirait  plus.  «  C'est  précisément  ce  que  je  de- 
sire,  »  se  contenta  de  répondre  le  vénérable  Solitaire. 

Cet  homme  si  austère  pour  lui-même,  avait  le 
cœur  rempli  de  la  plus  tendre  charité  pour  les 
autres;  il  savait  compatir  à  la  faiblesse  de  ses  Re- 
ligieux et  se  montrait,  pour  tous,  de  la  plus  grande 
affabilité;  il  était  connu  sous  le  nom  de  bon  Père. 
Avant  perdu  la  vue.  la  seconde  année  de  son  élection, 
il  se  servit  de  ce  prétexte  pour  supplier  ses  frères 
d'accepter  sa  démission,  mais  le  Chapitre  Général 
refusa  d'accéder  à  son  désir  et  le  maintint  dans  sa 
charge  jusqu'au  moment  où  Dieu  le  rappela  à  lui. 


—  53  — 

Dom  Hélisaire  de  Grimoard  de  Grissac  mourut 
le  11  juin  i  367,  après  avoir  gouverné  l'Ordre  près 
de  sept  ans.  La  Carte  du  Chapitre,  en  annonçant 
cette  mort,  laissa  exceptionnellement  de  côté  la  for- 
mule officielle  et  rappela  son  titre  de  bon  Père. 
Elle  disait  «  Obiit  bonus  Pater,  Dommis  Helisarius, 
Prior  Cartusiœ.  »  Du  Saussay  place  le  nom  de  ce 
Général  au  martyrologe  des  saints  de  France1. 

XXVII. 
R.  P.  DOM  GUILLAUME  IL 

1367  —   1402. 


UILLAUME  de  Raynald,  que  quelques  au- 
teurs écrivent  de  Raynaud  ou  Raynaldi,  était 
originaire  de  l'Auvergne.  Il  fit  Profession  à  la  Gran- 
de Chartreuse  et  gouvernait  le  Monastère  de  Val- 
bonne,  lorsqu'il  fut  élevé  au  Généralat.  Ce  saint 
Religieux  porta  tous  ses  soins  à  maintenir  la  ré- 
gularité dans  son  Ordre.  A  cet  effet  il  fit,  en  1 3.68, 
une  nouvelle  Compilation  des  Statuts, connue  sous 
le  nom  de  Nova  Statut  a.  Ce  recueil  contient  les 
Ordonnances  décrétées  par  les  Chapitres  Généraux 
depuis  la  publication  des  anciens  Statuts. 

Dom  Guillaume  soumit  ces  Règlements  au  Sou- 
verain Pontife  Urbain  V,  neveu  de  l'ancien  Géné- 
ral, Dom  Hélisaire  de  Grimoard.  Ce  Pape  trouvant 

1  Anonymus  in  Brev.  Histor.  Ord.  Cartus.  ap.  Martène, 
t.  VI.  —  Dorlandus,  Chronicon  cit.  lib.  IV.  cap.  xxiv. — Pé- 
trJius,  Elucid.  lib.  IV.  —  Morozzo,  Theat.  p.  25. —  De  Tracy, 
Vie  Je  saint  Bruno,  p.  260.  —  La  Grande  Chartreuse,  par 

un  Chartreux,  p.  74. 


—  54  — 

la  vie  des  Chartreux  trop  austère,  voulut  y  appor- 
ter quelques  adoucissements,  mais  Guillaume  de 
Ravnald  crut  devoir  refuser  toutes  les  dispenses, 
que  le  Souverain  Pontife  voulait  accorder  par 
affection  pour  les  Chartreux.  Ce  fut  Dom  Jean  de 
la  Neuville,  Prieur  du  Couvent  d'Avignon,  qui, 
envoyé  vers  Urbain  V,  supplia  ce  Pontife  de  ne 
rien  changer  aux  Observances  et  aux  Constitutions 
de  TOrdre.  Dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  nous 
.avons  fait  connaître  les  adoucissements  que  le  Pape 
voulait  apporter  à  la  Règle1. 

Sous  le  gouvernement  de  Dom  Guillaume,  le  feu 
détruisit  presque  tout  le  Monastère.  Les  cellules, 
l'église,  le  cloître  et  les  principaux  bâtiments  devin- 
rent la  proie  des  flammes.  .Le  Général,  voyant  qu'on 
ne  pouvait  sauver  la  Maison,  lit  tous  ses  efforts 
pour  arracher  à  l'incendie  les  nombreux  manuscrits 
qui  composaient  la  bibliothèque  du  Couvent.  «Aux 
livres,  mes  Frères,  s'écriait-il,  sauvez  les  livres.  » 
Pour  les  Solitaires  de  Chartreuse,  les  manuscrits 
étaient  considérés  comme  leur  plus  précieux  trésor. 
Beaucoup  furent  cependant  brûlés  dans  les  cellules. 

Le  Pape  Grégoire  XI,  qui  avait  succédé  à  Ur- 
bain Y  et  avait  hérité  de  son  affection  pour  les 
Chartreux,  apprenant  ce  malheur,  envoya  aussitôt 
à  Guillaume  de  Raynald  une  somme  assez  consi- 
dérable pour  l'aider  à  rebâtir  le  Monastère.  Ce  no- 
ble exemple  fut  suivi  par  hs  Rois  de  France,  de 
Navarre  et  d'Angleterre,  et  par  un  grand  nombre 

1  Voir  t.  1,  pp.    2o3  et  3 12. 


de  Cardinaux,  de  princes,  d'Évêques  et  de  seigneurs. 
Grâce  à  ces  largesses,  Dom  Guillaume  put  com- 
mencer les  travaux  de  reconstruction.  Cette  entre- 
prise était  considérable,  car  la  Grande  Chartreuse 
étant  devenue  le  chef  d'Ordre  de  cent  cinquante 
Maisons,  il  fallait  de  grands  bâtiments  pour  loger 
les  Prieurs  et  leur  suite,  au  moment  du  Chapitre 
Général.  Un  appel  avait  été  fait  aux  différentes 
Chartreuses,  mais  une  Ordonnance  du  Chapitre 
de  1378  constate  qu"on  n'en  tenait  pas  assez  comp- 
te ;  c'est  pourquoi  il  charge  les  Pères  Visiteurs 
d'établir  une  taxe  en  rapport  avec  l'état  des  reve- 
nus de  chaque  Maison.  Ces  ressources  étant  encore 
insuffisantes,  Dom  Guillaume  se  vit  dans  la  néces- 
sité d'envoyer  quelques  Religieux  quêter  en  France, 
en  Angleterre,  en  Allemagne  et  dans  la  Haute-Ita- 
lie. Grâce  à  ces  aumônes,  le  Général  put  rebâtir  le 
Monastère  dans  de  meilleures  conditions  de  solidité. 
Dom  de  Raynald  qui  avait  survécu  au  Pape  Ur- 
bain V,  mort  en  i3yo,  et  au  Pape  Grégoire  XI, 
mort  en  i3y8,  eut  la  douleur  de  voir  le  schisme 
déchirer  l'Église  et  jeter  la  division  dans  son  Ordre. 
Par  suite  d'une  seconde  élection  qui,  d'après  cer- 
taines apparences,  pouvait  paraître  légitime,  deux 
Papes  se  trouvaient  en  présence,  Clément  VII,  à 
Avignon  et  Urbain  VI,  à  Rome.  Ce  dernier  fut  re- 
connu comme  chef  de  l'Église  par  les  Chartreux 
Italiens  et  Allemands;  tandis  que  les  autres  se  sou- 
mirent à  Clément  VII  qu'ils  considéraient  comme 
légitimement  élu.  Les  dissidents,  sous  l'influence  du 
Pape,  ayant  refusé  de   reconnaître  Dom  Guillaume 


—  56  — 

pour  leur  Général,  Urbain  VI  nomma,  de  son 
autorité  propre,  en  i3yo  ,  Dom  Jean  de  Bari  , 
Prieur  de  la  Chartreuse  de  Trisulti,  Supérieur  avec 
le  titre  de  Visiteur  général.  Quelques  années  plus 
tard,  en  1 382,  ce  Religieux  fut  élu  Général  dans 
un  Chapitre  que  les  Prieurs  de  son  obédience  tin- 
rent dans  la  ville  de  Rome.  Dès  lors  Dom  de  Bari 
établit,  dans  la  Chartreuse  de  Florence,  le  siège  de 
la  partie  de  l'Ordre  qui  lui  était  soumise. 

Les  Chartreux  de  l'obédience  d'Urbain  VI  tin- 
rent, tous  les  ans,  leur  Chapitre  Général  dans  diffé- 
rents Monastères,  à  Rome,  à  Maurbac  en  Autriche, 
à  Bologne  et  dans  d'autres  Chartreuses.  Mais  en 
i3qi,  ils  résolurent  de  tenir  à  l'avenir  ce  Chapitre 
dans  le  Monastère  de  Val-Saint-Jean-Baptiste  de 
Seitz,  au  diocèse  d'Aquiléja,  dans  la  province  de 
Cilly:  cette  Maison  étant  la  plus  ancienne  de  celles 
qui  reconnaissaient,  comme  Souverain  Pontife,  Bo- 
niface  IX  successeur  d'Urbain  VI. 

Dom  Jean  de  Bari  étant  mort  en  i3qi,  les  Char- 
treux de  son  obédience  nommèrent  pour  le  rempla- 
cer Dom  Chrystophe  de  Maggiani,  avec  le  titre  de 
Vicaire  général.  Au  Chapitre  de  l'année  suivante, ils 
l'élurent  Général.  Dom  Chrystophe  qui  résidait  à 
Seitz,  occupa  ce  poste  jusqu'à  sa  mort,  en  i3(>n<. 
Alors  les  Religieux  de  Seitz,  usant  des  mêmes  droits 
que  les  Solitaires  du  Désert  de  Chartreuse,  élurent 
eux-mêmes  leur  Général  et  choisirent  pour  rem- 
plir ce  poste  un  saint  Religieux  du  nom  d'Etienne 

1  Sur  les  dispositions  dos  Chartreux  pendant  le  schisme, 
voir  t.  I,  p.  404  à  40'). 


Maconi,  Prieur  de  la  Chartreuse  de  Milan  et  an- 
cien secrétaire  de  sainte  Catherine  de  Sienne1. 

Pendant  ces  événements,  les  Chartreux  Français 
et  Espagnols,  ainsi  que  les  couvents  qui  avaient 
reconnu  Clément  VII,  restèrent  soumis  à  Dom  Guil- 
laume de  Raynald.  Ce  Général,  malgré  ses  démar- 
ches, ses  lettres  et  ses  prières,  n'eut  pas  la  conso- 
lation, avant  de  mourir,  de  voir  la  fin  du  schisme 
et  le  retour  sous  son  obéissance  des  Chartreux  dis- 
sidents. Il  s'était  mis  en  rapport  avec  Dom  Etienne 
Maconi  et  l'on  possède  une  de  ses  lettres  à  son 
compétiteur,  dans  laquelle  il  traite  de  la  nécessité 
de  l'union  dans  l'Ordre  [402'.  Cette  même  année, 
Dom  Maconi  avait  aussi  écrit,  sur  ce  sujet,  aux 
Religieux  de  la  Grande  Chartreuse.  Au  milieu  des 
douleurs  qui  affligeaient  le  vénérable  Général,  la 
Providence  lui  avait  ménagé  de  douces  consola- 
tions; l'Ordre  s'était  enrichi  de  quarante-trois  fon- 
dations nouvelles. 

Le  Révérend  Père  Dom  Guillaume  se  vit,  vers 
la  fin  de  ses  jours,  sur  le  point  de  monter  au  faite 
des  grandeurs.  Sa  science  et  ses  vertus  jetaient  un 
tel  éclat,  qu'à  la  mort  de  Clément  VII,  en  i38i), 
un  certain  nombre  de  Cardinaux  voulurent  l'élever 
au  Souverain  Pontificat.  Son  nom  réunit  onze  voix 
sur  vingt-six,  au  premier  tour  de  scrutin,  mais  le 
Cardinal  Pierre  de  Lune,  par  ses  intrigues,  lit 
échouer  cette  candidature,  et  fut  lui-même  élu. 

L'historien  anonyme  de  la  Grande  Chartreuse 
nous  apprend,  d'après  le  W'ius  chronicon  majoris 

1  Sur  Dom   Etienne  Maconi.  voir  t.  I.  p.  410. 


_  58  — 

Cartasiœ,  que  le  Pontife  élu  voulut  au  moins  ho- 
norer de  la  pourpre  son  compétiteur.  Sur  le  refus 
de  Dom  Guillaume,  le  Pape  insista,  pressa,  me- 
naça même,  mais  l'humble  Chartreux  répondait 
toujours  :  «  à  mon  âge,  ce  n'est  point  la  pourpre 
qu'il  me  faut,  c'est  un  linceul.  » 

La  réputation  de  sainteté  du  vénérable  Général 
s'était  répandue  au  loin,  et  au  milieu  des  événe- 
ments graves  où  il  se  trouvait  mêlé,  les  personna- 
ges les  plus  éminents  de  l'époque  étaient  en  rap- 
ports de  lettres  avec  lui.  On  possède  une  lettre  de 
sainte  Catherine  de  Sienne  à  Dom  Guillaume,  mais 
cette  lettre  est  antérieure  au  schisme. 

Dom  Guillaume  de  Raynald  rendit  sa  belle  âme 
à  Dieu  le  i5  juin  de  l'année  1402,  après  avoir 
gouverné  l'Ordre  trente-cinq  ans  l. 

xxVin. 

.      R.   P.  DOM  BONIFACE  FERRIER. 


1402  —  141  o. 


ete 


ON I FACE  Ferrier,  d'une  noble  maison  de 
Valence,  en  Espagne,  naquit  en  [355.  Avant 
reçu    docteur  en    l'un   et   l'autre  droit,  dans 


*  Brevis  Historié  ap.  Martène,  t.  VI,  col.  2o5. —  Le 
Coulteux,  Annales  cit.  ms.  —  D' Achery ,  Spicilegium,  t.  VI, 
p.  632. — Kalendarium  Cartusice  Vallis-bonce,  p.  843  et  sq. 
—  Doiiandus,  Chronicon  cit.  lib.  IV,  cap.  xxv. —  Pétréius 
annot.  Dorl.  lib.  IV.  —  Dom  Sutor,  de  vitet  Cartusiana,  lib. 
II,  tract.  111,  cap.  vu.  —  Tromby,  Storia  cit.  t.  VII,  append. 
I  et  II,  pp.  clxiii,  clxvii.  —  Morozzo,  Theat.  p.  25-2Ô.  — 
R.  P.  Helyot,  op.  cit.  —  De  Tracy,  op.  cit,  p.  261.  —  More- 
ri,  Dicl.  Hist.  —  La  Grande  Chartreuse,  p.  77  et  79. 


—  ?()  — 

l'Université  de  Lérida,  il  exerça  la  magistrature 
dans  sa  ville  natale.  Il  acquit  bientôt  la  réputa- 
tion de  jurisconsulte  distingué  et  se  maria  selon 
le  désir  de  sa  famille  ;  mais  Dieu  l'ayant  frappé 
dans  ses  affections  terrestres,  en  lui  enlevant  son 
épouse  et  de  nombreux  enfants,  il  résolut  de  se 
retirer  dans  la  solitude  et  de  se  vouer  à  l'état  mo- 
nastique. Son  frère,  saint  Vincent  Ferrier,  Reli- 
gieux de  l'Ordre  de  Saint-Dominique,  le  confirma 
dans  ce  pieux  dessein.  C'est  pourquoi,  après  avoir 
vendu  ses  biens,  il  en  distribua  le  prix  aux  pau- 
vres, ne  conservant  que  ce  qui  était  nécessaire  à 
l'établissement  des  deux  fils  qui  lui  restaient.  Alors 
dégagé  des  choses  du  monde,  il  entra  chez  les  Char- 
treux de  Porta-Cœli,  près  de  Valence,  en  1396,  à 
l'âge  de  quarante  et  un  ans. 

Tout  entier  à  sa  nouvelle  vocation,  il  fit  bientôt 
Profession,  reçut  les  saints  Ordres  et  peu  après 
fut  élu  Prieur  de  sa  Maison.  «  Estant  éprouvé  — 
dit  un  de  ses  biographes — et  estimé  fidel,  il  par- 
vint bien  tost  au  nombre  des  parfaicts  ;  car  il  es- 
toit  si  humble,  charitable,  grave  et  dévotieux  qu'il 
ravissoit  tous  les  autres  en  admiration  de  ses  ver- 
tus. »  La  renommée  de  sa  sainteté,  de  sa  science  et 
de  sa  prudente  administration  étant  connue  des  Re- 
ligieux de  la  Grande  Chartreuse,  ils  l'appelèrent, 
en  1402.  quatre  ans  après  sa  Profession,  à  succéder 
à  Dom  Guillaume  de  Raynald.  Dom  Boniface  diri- 
gea avec  habileté  les  disciples  de  saint  Bruno, 
«  estant  —  dit  un  de  ses  historiens  —  homme  a  dex- 
tre  tant  pour  le  temporel  que  pour  le  spirituel.  »  Il 


—    bO   — 

résida    cependant    peu    à    la    Grande   Chartreuse , 
étant  très  souvent  appelé  près  du  Pape  à  Avignon. 

Les  circonstances  étaient  difficiles  ;  le  schisme 
continuait,  et  Benoit  XIII,  qui  avait  succédé  à 
Clément  VII,  disputait  le  Pontificat  à  Grégoire 
XII,  successeur  de  Boniface  IX  et  d'Innocent  VII. 
L'Ordre  des  Chartreux  continuait  aussi  à  être  di- 
visé et  possédait  deux  Généraux.  Ces  Religieux 
éminemment  remarquables  par  leurs  vertus,  s'affli- 
geaientde  cette  division,  et  réunissaient  leurs  efforts 
pour  faire  cesser  cet  état  de  choses.  On  a  conservé 
une  lettre  de  Dom  Etienne  Maconi  aux  Religieux  de 
la  Grande  Chartreuse,  dans  laquelle  il  supplie  ses 
frères  de  faire  cesser  le  schisme.  La  lettre  est  de  1408. 

Les  avances  de  Dom  Maconi  ne  furent  pas,  dès 
le  principe,  couronnées  de  succès.  La  désunion  pro- 
venant uniquement  des  dissensions  qui  déchiraient 
l'Église,  il  fallait  attendre  la  tin  du  schisme.  Dès 
qu'on  apprit  la  convocation  d'un  Concile  Général 
à  Pise,  Dom  Maconi  écrivit  aux  Religieux  de  la 
Grande  Chartreuse  et  les  supplia  d'envoyer  au 
Concile  deux  députés  pour  s'entendre  avec  lui 
sur  la  grave  question  en  litige.  Cette  proposition 
avant  été  accueillie  avec  bonheur,  Dom  Jean  de 
GritVenberg,  Prieur  de  la  Chartreuse  de  Paris,  et 
Dom  JeanTirelle,  Prieur  de  Bourg-Fontaine,  furent 
envoyés  à  Pise,  où  s'était  rendu  le  Révérend  Père 
Dom  Boniface  Ferrier  en    1490. 

Dans  le  Concile,  les  deux  compétiteurs  Benoit 
XIII  et  Grégoire  XII  furent  déposés  et  Alexandre  V 
proclamé  Pape  ;  les  deux  Généraux  des  Chartreux 


—  6i  — 

avaient  déjà  renoncé  simultanément  à  leur  digni- 
té. A  la  demande  des  députés,  Dom  Ferrier,  pour 
pacifier  l'Ordre  et  le  ramener  à  l'unité,  donna  par 
écrit  sa  démission.  Il  en  fit  part  à  la  Cour  pon- 
tificale, et  tei  mina  ainsi  sa  lettre  :  «  Statuisse  Car- 
«  tusiœ  Prioratumac  Generalatum  simul  deponere, 
«  uti per  has  litteras  depono,  abdico,  iisque  ornni- 
«  no  renuncio,  in  nomine  Patris  et  Filii  et  Spi- 
«  ritus Sançti .  »  En  même  temps,  il  engageait  son 
compétiteur,  Dom  Maconi,  à  suivre  son  exemple. 
Ce  saint  Religieux,  qui  avait  fait  lui-même  les  pre- 
mières démarches,  accepta  avec  empressement  le 
moyen  qui  lui  était  offert  de  rétablir  l'union  parmi 
les  Chartreux,  et  l'on  put  procéder  à  l'élection 
d'un  nouveau   Général  accepté  par  les  deux  partis. 

Le  21  avril  1410,  le  Chapitre  Général  tint  une 
séance  qui  empruntait  à  la  circonstance  présente 
une  solennité  tout  exceptionnelle.  Le  Père  Scribe 
donna  lecture  de  la  démission  du  Révérend  Père 
Dom  Boniface  Ferrier,  et  aussitôt  Dom  Etienne 
Maconi  présent  à  la  séance  avant  déclaré  qu'il  se 
démettait  de  sa  charge,  les  Définiteurs  se  rassem- 
blèrent pour  élire  un  Général.  Dans  cette  grave  si- 
tuation, les  Profès  de  la  Grande  Chartreuse  avaient 
cru  devoir  abandonner  leur  droit  d'élection.  Les 
Définiteurs  nommèrent  à  l'unanimité  le  Prieur  de 
Paris,  Dom  Jean  de  Griffenberg,  l  un  des  deux  dépu- 
tés au  Concile  de  Pise.  Cette  élection  fut  acceptée 
avec  bonheur  par  les  deux  partis,  et  dès  lors  la  paix 
la  plus  profonde  régna  dans  l'Ordre  entier. 

Cependant,    Benoit   XIII  qui  avait  de  fréquents 


—   62    — 

rapports  avec  Dora  Ferrier  l'engageait  à  imiter  sa 
résistance.  Ce  prélat  n'avait  pas  accepté  la  décision 
du  Concile  de  Pise  et  avait  écrit  à  l'ancien  Géné- 
ral des  Chartreux,  pour  l'engager  à  rester  au  pouvoir 
sans  tenir  compte  de  l'élection  du  Prieur  de  Paris; 
la  lettre  est  datée  du  10  juin  141  o.  Malgré  ces  exci- 
tations, rien  ne  put  faire  changer  la  décision  prise 
par  Dom  Ferrier.  Benoit  XIII  avait  cependant  in- 
sisté pour  l'engager  à  se  considérer  toujours  comme 
le  Général  de  l'Ordre,  et  à  exercer  le  pouvoir  mal- 
gré son  abdication.  Il  lui  proposait  même  de  lui 
donner  les  autorisations  nécessaires  à  la  réunion 
d'un  nouveau  Chapitre  Général  dans  le  Monastère 
qu'il  jugerait  convenable,  et  de  contrebalancer  ainsi 
les  décisions  prises  au  dernier  Chapitre  tenu  à  la 
Grande  Chartreuse.  Ces  lettres  sont  datées  du  18 
juin  et  26  septembre  1410..  Dans  l'espérance  de  ra- 
mener Pierre  de  Lune  à  de  meilleurs  sentiments, 
Dom  Ferrier  resta  encore  quelque  temps  auprès 
de  lui,  mais  le  voyant  toujours  décidé  à  la  lutte 
pour  ressaisir  le  pouvoir  et  se  maintenir  sur  le  trône 
pontifical,  contrairement  aux  décrets  du  Concile  de 
Constance,  il  abandonna  son  parti  et  se  retira  dans 
la  Chartreuse  de  Porta-Cceli. 

On  a  conservé  de  Dom  Boniface  Ferrier  de  nom- 
breux écrits,  des  lettres,  des  sermons  et  divers 
traités.  En  dehors  d'un  Mémoire  célèbre,  écrit  pour 
défendre  les  droits  fort  douteux  de  Benoit  XIII,  et 
dans  lequel  le  Général  des  Chartreux  se  laisse  entraî- 
ner par  de  nombreuses  préventions,  on  cite  surtout 
un  traité  dans  lequel  il  examine  pourquoi  il  y  a  eu  si 


—  63  — 

peu  de  Chartreux  canonisés.  L'ouvrage  a  pour  titre  : 
Quare  Ordo  Cartusianorum  non  habeat  multos 
sanctos  canoni\atos.  Parmi  les  autres  ouvrages, nous 
trouvons  :  De  ceremontis  quibusdam  Ordinis  Car- 

tusiani  et  de  approbatione  et  confirmai ione  Ordinis 
Cartusiani  à  Romana  Sede.  Enfin  une  traduction 
de  la  Bible  en  espagnol. 

Dom  Boniface  Ferrier  mourut  dans  le  Monas- 
tère de  Porta-Cœli,  au  milieu  des  pratiques  des  ver- 
tus religieuses,  le  24  avril  141 7.  Il  avait  gouverné 
une  partie  de  l'Ordre  pendant  huit  ans1 . 

XXIX. 

R.  P.   DOM  JEAN    III. 

1410  — ■  1420. 


EAN  de  Griffenberg,  qu'on  trouve  encore 
écrit  de  Griffemont  ou  de  Frissemont,  était 
issu  d'une  noble  famille  Saxonne.  Désireux  de  se 
donner  tout  entieràDieu,  il  vint  frapper  àla  porte 
de  la  Chartreuse  de  Paris,  fut  reçu  dans  ce  Monas- 
tère, y  fit  Profession  et  en  devint  Prieur,  quelques 

1  Char  ta  Capituli  Gêner alis  an.  1407,  ap.  Dom  Innoc.  Le 
Masson,  Annales,  lib.  II,  pars  II,  n.  10. — Ibid.  lib.  II,  pp. 
202,  204,  205.  —  Martène,  t.  II,  Thesaur.  Anecdotar.  cap. 
lxxi,  col.  1484,  i53o.  —  Id.  Vêler.  Scriptor.  t.  VII.  col. 
474.  — D.  Barthélémy  Scalensis,  VitaB.Stephani  Maconi, 
lib.  III,  p.  192  et  sq.  —  Martène,  Nova  Anecdotar.  t.  II,  a 
fol.  i4'35  ad  1534. —  Sutor,  de  Vita  Carlits.  lib.  II,  cap. 
VII.  —  Dom  Pétréius,  Bibliot.  Cartus.  lit.  B,  p.  27.  —  Ano- 
nymus  ap.  Martène.  Veter.  Script.  —  Dorlandus,  op.  cit.  lib. 
IV.  cap.  xxvi.  —  Morozzo,  Theatrum  cit.  pp.  26,  67.  — 
Moreri.  Dict.  Hist. —  De  Tracy,  op.  cit.  p.  263.  — La  Gran- 
de Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  94  et  sq. 


-  64  - 

années  plus  tard.  Pendant  son  Priorat,  il  fut  en- 
voyé par  l'Ordre  au  Concile  de  Pise  pour  faire  ces- 
ser la  division  qui  désolait  la  famille  cartusienne. 
Dom  Jean  de  Grilïenberg  réussit  dans  sjs  démar- 
ches et  revint  à  la  Grande  Chartreuse  avec  la  dé- 
mission de  Dom  Boniface  Ferrier  et  de  Dom 
Etienne  Maconi.  Dis  lors,  le  Cnapitre  Général  put 
se  réunir,  et  le  21  avril  1410,  les  Définiteurs  l'élu- 
rent Général  de  l'Ordre. 

Le  nouveau  Prieur  de  Chartreuse  était  renom- 
mé pour  sa  charité  envers  les  pauvres,  mais  la  bon- 
té de  son  cœur  se  montrait  surtout  dans  ses  rap- 
ports avec  ses  Religieux.  Par  sa  douceur,  sa  bien- 
veillance et  sa  prudence  il  pacifia  les  esprits  et 
parvint  à  faire  disparaître  les  derniers  vestiges  de 
la  regrettable  scission  qui  avait  divisé  l'Ordre  pen- 
dant près  de  trente  ans.  - 

Dom  Jean  de  Gritîenberg  s'endormit  dais  la 
paix  du  Seigneur,  aux  calendes  de  novembre  1420, 
ayant  sagement  gouverné,  pendant  l'espace  de  dix 
années  '. 

XXX. 

R.   P.   DOM  GUILLAUME  HT. 

1420  —  1437. 


PRÈS  avoir    fait  Profession    à    la  Grande 
Chartreuse,    Guillaume    de    la   Motte    était 
heureux  de  s'entretenir  seul  à  seul  avec  Dieu  dans 

1    Morozzo,    Theatrum  Chronologicum,p.  27.  —  DeTracy, 
Vie  de  saint  Bruno,  p  264.  —  L'antique  chronique  des  Pri- 


65 


la  solitude  et  désirait  rester  simple  Religieux  ;  mais 
obligé,  par  obéissance,  d'exercer  la  charge  de  Procu- 
reur du  Couvent,  il  remplit  ce  poste  important, avec 
une  douceur,  une  sagesse,  et  une  habileté  si  re- 
marquables, qu'à  la  mort  de  Dom  Jean  de  Grif- 
fenberg,  en  1420,  il  fut,  quoique  déjà  fort  âgé,  élu 
Général.  Austère  pour  lui,  il  était  indulgent  pour 
les  autres.  Très  charitable  envers  les  pauvres,  il 
était  heureux  de  venir  à  leur  secours.  On  rapporte 
que  dans  une  année  de  disette,  il  distribua  une 
telle  quantité  de  froment  et  d'argent  aux  nom- 
breux malheureux  qui  venaient  demander  des  se- 
cours^ la  porte  du  Monastère,  qu'il  conservaà  peine 
le   nécessaire  pour  la  nourriture  de  ses  Religieux. 

Pendant  sa  longue  carrière,  Dom  Guillaume  ne 
cessa  de  donner  l'exemple  de  la  mortification  et  de 
l'austérité  la  plus  grande.  Ce  saint  Prieur  se  dis- 
tingua, dit  le  Père  Délie,  «  par  son  abstinence  et 
son  assiduité  à  l'Office  divin,  sans  que  son  grand 
âge  ou  ses  occupations  extérieures  aient  été  pour 
lui  des  raisons  de  s'en  dispenser.   » 

Le  Révérend  Père  Dom  Guillaume  de  la  Motte 
mourut  le  18  juin  1437,  après  un  Généralat  de  dix- 
sept  ans.  L'Obituaire  de  ia  Grande  Chartreuse  dit 
de  lui  qu'il  était  un  Religieux  «de  pieuse  et  illustre 
mémoire.  »  Après  sa  mort,  de  nombreux  miracles 
constatèrent  la  sainteté  de  ce  vénérable  Solitaire  l . 

eurs  de  Chartreuse  éditée  par  Dom  Martène  se  termine  au 
Généralat  de  Jean  de  Griffenberg. 

1  Dom  Pétréius,  Annot.  Dorland.  —  Dom  Couturier,  op. 
cit.  lib.  II,  cap.  v. —  Morozzo,  Theat.  cit.  p.  27.  —  De  Tra- 


—  b6  — 

XXXI. 

R.   P.   DOM  FRANÇOIS  I. 

1437  —  14(53. 

SSU  d'une  noble  famille  espagnole,  de  Mur- 
viedro,  François  Maresme  prit  l'habit  mo- 
nastique à  la  Chartreuse  de  Porta-Cœli.  Il  vint 
à  la  Grande  Chartreuse  pour  être  le  coadjuteur  du 
Révérend  Père  Dom  Guillaume  de  la  Motte,  et  re- 
présenta l'Ordre  au  Concile  de  Bàle.  Il  était  Prieur 
de  Montalégre,  près  de  Barcelone,  lorsqu'il  fut 
élevé  au  Généralat.  On  rapporte,  qu'à  cause  de  sa 
piété  et  de  son  érudition,  il  jouissait  d'une  grande 
influence  auprès  des  Cardinaux.  Si  on  en  croit  Dom 
Pétréius,  lors  de  l'élection  du  Pape  on  le  mit  sur  les 
rangs  comme  un  des  plus  dignes,  et  il  obtint  dix  voix 
dans  le  Conclave.  Morozzo  qui  rapporte  aussi  ce  fait 
ajoute:  «Sedvir  humilitatistenax  et  pacis Ecclesîœ 
amator,  tiarœ,  cucullam;palatio,  désertion; privato, 
publicum  commod  im  prcetulit».  Le  Révérend  Père 
Dom  François  Maresme  fit  tous  ses  efforts  pour  main- 
tenir ses  frères  dans  la  soumission  due  au  Pape 
légitime;  il  vit  avec  joie  l'abdication  d'Amédée  de 
Savoie  qui,  sous  le  nom  de  Félix  V,  avait  été  op- 
posé à  Fugène  IV,  et  salua  avec  enthousiasme  la  fin 
du  schisme  et  l'élection  de  Nicolas  V. 

Pendant  la  prélature  de  Dom  Maresme,  le  3o  no- 
vembre 1444,  la  Maison-basse  de  la  Grande  Char- 

cy.  or.  cit.  p.  265.    — La  Grande  Chartreuse  par  un  Char- 
treux, p.  98. 


-  (>7  — 

treuse,  autrement  dit  la  Correrie,  fut  détruite  par 
un  incendie.  Le  Général  mit  tous  ses  soins  à  répa- 
rer ce  sinistre  et  à  relever  les  bâtiments  consumés 
par  le  feu.  Dans  ce  but,  il  eut  recours  aux  Rois, 
princes  et  seigneurs  amis  des  Chartreux,  mais,  les 
largesses  des  bienfaiteurs  ne  s'étant  pas  trouvées  en 
rapport  avec  le  désastre,  il  fut  obligé  de  faire 
appel  à  toutes  les  Maisons  de  l'Ordre.  La  Carte 
du  Chapitre  de  1446  portait  :  «  Veuillez  continuer, 
augmenter  même  vos  aumônes,  car  le  Révérend 
Père, livré  à  ses  seules  ressources,  ne  pourrait  ter- 
miner les  travaux.  »  Deux  ans  plus  tard,  une  Or- 
donnance disait  aux  Prieurs  :  «  Le  Révérend  Père 
compte  sur  vous  et  rien  que  sur  vous  »  et  plus  loin, 
«  nous  commandons  expressément  à  tous  les  Visi- 
teurs de  faire  envoyer  des  subsides  qui  consoleront 
notre  Révérend  Père  accablé  de  tristesse  en  vovant 
qu'il  doit  suspendre  les  travaux.   » 

En  attendant  de  mener  à  bonne  fin  cette  œuvre 
importante,  Dom  Maresme  recevait  les  pauvres 
dans  le  Monastère  ;  il  ne  voulait  pas  qu'ils  puis- 
sent s'apercevoir  de  la  ruine  du  bâtiment  où  on 
les  accueillait  ordinairement.  Dans  son  inépuisable 
et  affectueuse  charité,  il  traitait  les  malheureux 
non  seulement  avec  bonté,  mais  avec  le  respect 
le  plus  touchant.  Lorsque,  nous  apprend  l'auteur 
des  Ephemerides,  il  donnait  une  aumône  à  un 
pauvre,    il   lui    baisait    la   main. 

La  dévotion  de  Dom  François,  envers  la  Sainte 
Vierge,  le  porta  à  faire  reconstruire,  aux  confins 
de  la  Grande  Chartreuse,  une  chapelle   qui  porte 


—  68  — 

le  nom  de  Notre-Dame-de-Casalibus,  en  mémoire 
des  premières  cellules  que  saint  Bruno  avait  élevées 
en  cet  endroit,  lors  de  la  fondation  de  son  Ordre. 
Cet  oratoire  tombait  de  vétusté,  le  Révérend  Père 
le  fit  raser  et  construisit  sur  l'emplacement  une 
autre  chapelle  en  pierres  de  taille.  Cette  pieuse 
entreprise  fut  terminée  vers  la  fin  de  juin  1452,  et 
Tannée  suivante,  Y  Évêque  de  Grenoble,  Sy boud  Alle- 
mand de  Sichilianne,  consacra  ce  pieux  sanctuaire. 
On  a  tracé  en  quelques  mots  le  plus  bel  éloge 
possible  de  Dom  François  Maresme  :  «  Magnum 
fecit  Ordini  nomen  cûm  suum  dédit.  »  Ce  pieux 
Général,  après  avoir  gouverné  l'Ordre  pendant 
vingt-six  ans,  s'endormit  du  sommeil  des  justes, 
le  1 1  des  calendes  de  février  1463.  André  du  Saus- 
say  le  met  au  martyrologe  des  saints  de  France  '. 

XXXII. 

R.  P.  D.  JEAN  IV. 

1463  —  1472. 


EAN  Zeewen  van  Roesendael,que  l'on  trouve 
encore  écrit  de  Rokvendal  ou  de  Rosendal, 
était  originaire  de  Nimègue,  en  Hollande.  Touché 
de  la  grâce  de  Dieu,  il  résolut  de  quitter  le  monde 
pour  penser  d'une  manière  plus  spéciale  au  salut 
de  son  àme.  Sa  vocation  le  portant  à  la  solitude, 

1  Dom  Pétréius,  in  notis  Chron.  Dort.  —  Morozzo,77jea- 
trum  chronologicum,  p.  28.  —  Le  Vasseur,  Ephemerides 
Cartusianœ  ad  diem  xxm  januarii.  —  De  Tracy,  op.  cit. 
p.  266.  —  Carte  de  1649.  —  La  Grande  Chartreuse  par  un 
Chartreux,  pp    98,30)6,422. 


-  69  - 

il  entra  chez  les  Chartreux,  fit  Profession  à  Val- 
bonne  et  ne  quitta  cette  Maison  que  pour  prendre 
la  direction  du  Monastère  du  Val-de-Bénédiction, 
près  d'Avignon. 

La  sainteté  du  vénérable  Solitaire  et  L'habile 
direction  donnée  à  la  Communauté  qui  lui  était 
confiée,  engagèrent  les  Religieux  de  la  Grande 
Chartreuse  à  rélire,  malgré  son  grand  âge,  Prieur 
de  leur  Maison  et  par  là  même  Général  de  l'Ordre. 
La  bonté,  la  douceur  et  la  piété  du  Révérend  Père 
Jean  étaient  tellement  connues  de  tous  qu'on  l'appe- 
lait le  Moine  Angélique.  Il  était  âgé  de  quatre- 
vingt-un  ans  lors  de  son  élection,  cependant  il  sut 
gouverner  pendant  l'espace  de  neuf  ans  avec  une 
prudence  et  une  expérience  consommées.  La  carte 
des  Généraux  dit  de  lui  qu'il  possédait  l'art  de 
régner. 

Dom  Jean  Zeewen  Van  Roesendael  s'endormit 
paisiblement  dans  les  bras  du  Seigneur,  le  7  des 
calendes  d'août  1472'. 

XXXIII. 

R.   P.  DOM  ANTOINE  I. 

1472  —  148 1. 

E  à  Troyes,  en     Champagne,  d'une    pieuse 
et   honorable   famille,  Antoine    Dellieux    se 
voua    jeune    encore   au  service  de    Dieu,  fit  Pro- 

1  Dom  Pétréius.  in  not.  Chron.  Dorl.  —  Carte  des  Géné- 
raux de  1649.  —  Morozzo,  Theatrum  cit.  p.  28.  —  De  Tra- 
cy,  Vie  de  saint  Bruno,  p.  260. 


fession  à  la  Chartreuse  du  Val-de-Bénédiction,  près 
d'Avignon  et  devint  Prieur  de  cette  Maison.  Il  la 
dirigeait  depuis  quelques  années,  lorsqu'il  fut  appelé 
à  prendre  la  succession  de  Dom  Jean  Zeeven  Van 
Roesendaei. 

Pendant  la  première  année  de  son  Généralat,  la 
Grande  Chartreuse  devint  de  nouveau  la  proie  des 
flammes,  à  la  fin  d'octobre  1473.  Des  muletiers 
ayant  mis  le  feu  à  la  cheminée  de  leur  salle,  l'in- 
cendie gagnant  de  proche  en  proche  réduisit  en 
cendres  la  plus  grande  partie  du  Couvent  et  sa  belle 
bibliothèque.  Les  Religieux  étaient  dans  la  désola- 
tion, ils  n'avaient  aucune  espérance  d'être  secourus: 
les  princes  étaient  en  guerre  les  uns  contre  les 
autres,  le  peuple  se  trouvait  écrasé  par  les  impôts, 
et  les  ressources  manquaient  au  Monastère  pour 
relever  ses  ruines. 

Dom  Dellieux  ne  perdit  pas  courage;  au  milieu 
d'un  tel  désastre  il  mit  toute  sa  confiance  en  Dieu 
et  entreprit  les  reconstructions.  Un  appel  avait  été 
fait  à  toutes  les  Chartreuses,  comme  le  constatent 
les  Cartes  des  Chapitres  Généraux  de  1474,  147^ 
et  1476;  de  plus,  un  certain  nombre  de  prélats  et 
de  seigneurs  avaient  envoyé  leurs  offrandes.  Parmi 
eux,  on  cite,  en  première  ligne,  Louis  XI,  Roi  de 
France,  et  Marguerite  d'York,  veuve  du  duc  de 
Bourgogne  Charles-le-Téméraire. 

Les  Ephémérides  de  l'Ordre  nous  apprennent 
quels  furent  les  travaux  exécutés  par  Dom  Dellieux: 
«  Il  exhaussa  l'église,  la  couvrit  en  plomb,  répara 
la   sacristie,   restaura  la   salle  du  Chapitre,  la  cha- 


pelle  Saint-Pierre  qui  lui  est  contiguë  -,  il  recons- 
truisit presque  de  fond  en  comble  les  chambres  des 
Provinces  qui  servent  d'hôtellerie  et  bâtit  cinq  cel- 
lules avec  le  cloître  qui  se  trouvait  devant,  le  tout 
en  pierres  de  taille  ;  la  construction  de  ces  cellules 
demanda  des  travaux  considérables  :  il  fallut,  pour 
trouver  un  emplacement  suffisant  et  commode,  cou- 
per dans  la  montagne  et  transporter  les  terres  assez 
loin  à  grand-peine  et  à  grands  frais.  » 

Au  milieu  de  toutes  ces  préoccupations,  le  Ré- 
vérend Père  n'oubliait  pas  les  âmes  qui  lui  étaient 
confiées.  Douéd.'une  prudence  remarquable  et  d'une 
admirable  charité  envers  tous,  il  travailla  avec  zèle 
au  bien  spirituel  de  ses  Religieux,  fit  germer  les 
vertus  dans  leur  cœur  et  sut  toujours  maintenir  la 
régularité  dans  les  Monastères  soumis  à  sa  juri- 
diction. Sa  bonté  n'excluait  pas  la  fermeté.  L'auteur 
des  Ephemerides  Cartusianœ  nous  en  a  transmis  un 
exemple.  Galéas  Sforce,  duc  de  Milan,  avait,  par 
ses  intrigues,  fait  nommer  Prieur  de  la  Chartreuse 
de  Pavie,  Dom  Laurent  de  Ripalta  ;  le  Révérend 
Père  déposa  ce  Supérieur  élu  contre  toutes  les 
Règles  et  mit  à  sa  place  Dom  de  Lampignano,  pro- 
fès  de  Mantoue.  Le  duc  s'en  irrita  et  voulut  chasser 
les  Religieux,  mais  Dom  Antoine  Dellieux  maintint 
sa  décision,  préférant  s'exposer  à  perdre  ce  superbe 
Monastère  plutôt  que  d'approuver  un  manquement 
à  la  Règle. 

Ghorier,  dans  son  Estât  politique  du  Dauphiné, 
fait  l'éloge  de  Dom  Dellieux  en  ces  termes  :  «  sa 
prudence  et  sa  charité  attirèrent  tous  les  yeux  sur 


/z 


luy  et  le  firent  admirer  des  siens  et  des  étrangers. 
Le  Souverain  Pontife,  Sixte  IV,  qui  avait  su 
apprécier  les  vertus  et  la  sainteté  du  Général  des 
Chartreux,  le  nomma  Cardinal.  Lorsque  cette  nou- 
velle arriva  à  la  Grande  Chartreuse,  Dom  Antoine 
Dellieux  venait  de  rendre  sa  belle  âme  à  Dieu, 
le  14  février  1481,  après  avoir  gouverné  l'Ordre 
pendant  neuf  années1. 

XXXIV. 
R.   P.   DOM  ANTOINE   IL 

1481  —  1494- 

NTOINE  du  Charne,  qu'on  trouve  encore 
appeléde  Berno, était  Prieur  de  la  Chartreuse 
d'Apponay,  au  diocèse  de  Nevers,  lorsqu'il  fut  élevé 
à  la  première  dignité  de  l'Ordre.  Humble  Religieux, 
dédaigneux  des  honneurs,  il  avait  accepté  le  Géné- 
ralat  par  obéissance;  mais  dans  son  cœur  il  aspi- 
rait après  l 'heureux  moment  où  il  pourrait  rentrer 
dans  sa  cellule  comme  simple  Religieux  et  se  pré- 
parer à  la  mort  par  la  méditation,  la  prière  et  la 
pénitence. 

Son  gouvernement  fut  calme  et  paisible,  les  évé- 
nements politiques  n'ayant  pas  d'écho  dans  la  soli- 
tude des  Chartreux.  La  régularité  était  parfaite  et 

1  Dom  Pétréius,  Annot.  cit. —  Morozzo,  Theatrum  cit.  p.  28. 

—  Carte  des  Généraux  de  1641)  — De  Tracy,  op.  cit.  p.    266. 

—  Dom  Le  Vasseur, Ephmerid es  Cartusiance,  ms. —  Chorier, 
op.  cit.  t.  II,  p.  260.  et  sq. —  La  Grande  Chartreuse  par  un 
Chartreux,  p.  99  et  sq. 


la  plus  grande  ferveur  animait  tous  les  Religieux. 
Seul,  le  Révérend  Père  n'était  pas  heureux  ;  tou- 
jours il  suppliait,  sans  succès,  le  Chapitre  Général 
de  lui  faire  miséricorde.  Enfin,  dans  la  Visite  de 
la  Grande  Chartreuse  qui  eut  lieu  à  l'issue  du  Cha- 
pitre de  1494,  les  Pères  Visiteurs,  Dom  Gérard, 
Prieur  de  Paris,  et  Dom  Henri,  Prieur  d'Anvers, 
se  laissèrent  persuader  par  les  raisons  graves  et  les 
vives  instances  du  Général,  et  accédèrent  à  son 
désir. 

Dom  Antoine  du  Charne, débarrassé  des  soucis  du 
pouvoir,  revint,  comme  simple  Religieux,  dans  sa 
chère  solitude  d'Apponay,  où  il  mourut  regretté  de 
ses  frères,  le  3  mars  ôii1. 

XXXV. 

R.  P.  DOM  PIERRE  IV. 

1494  —  i5o3. 

IERRE  Roux,  de  la  famille  des  Roux  des 
Bettons,  du  Dauphiné,  est  plus  connu  sous 
son  nom  latinisé  de  Pierre  Rufi.  Homme  d'un  talent 
remarquable  et  d'une  grande  science,  il  avait  pris 
ses  grades  de  docteur  en  droit  civil  et  en  droit  cano- 
nique, lorsque  Dieu  le  conduisit  dans  la  solitude. 
Il  fit  Profession  à  la  Grande  Chartreuse,  et  dès 
lors,  «il  s'appliqua— dit  le  Père  de  Tracy  —  à  pra- 
tiquer la  patience,  vertu  nécessaire  pour  se  vaincre 

1  Morozzo,  Theatrum  cit.  p.  28. —  De  Tracy,   Vie  de  saint 
Bruno,  p.  267.  —  La  Grande  Chartreuse,  cit.  p.  io3. 


—  74  — 

soi-même  et  pour  pratiquer  une  chanté  inaltérable 
envers  le  prochain.»  Ses  vertus  le  désignèrent  au 
choix  des  Solitaires  de  Chartreuse;  il  fut  élu  pour 
succéder  à  Dom  Antoine  du  Charne  qui  venait  de 
se  retirer  à  Apppnay.  Il  gouverna  avec  zèle  et  mit 
tous  ses  soins  à  rendre  la  Chartreuse  prospère  tant 
au  spirituel  qu'au  temporel.  D'une  douce  et  affec- 
tueuse piété,  il  écrivit  pour  l'édification  de  ses  Re- 
ligieux un  commentaire  sur  les  psaumes  et  le  Can- 
tique des  Cantiques;  commentaire  qui  a  mérité  les 
plus  grands  éloges  de  la  part  des  contemporains. 

Dom  Pierre  Roux  fit  exécuter  de  grands  travaux 
pour  rendre  le  Désert  de  Chartreuse  plus  accessible, 
et  établir  le  chemin  qui,  du  Monastère,  se  dirige  vers 
le  village  de  Saint-Laurent-du-Pont.  Le  Désert 
paraissait  inabordable  de  ce  côté,  n'ayant  de  com- 
munications avec  la  plaine  que  par  un  unique  sen- 
tier étroit  et  dangereux.  Dom  Pierre  ne  recula 
pas  devant  les  difficultés  presque  insurmontables 
que  présentait  ce  travail.  Aidé  par  Jean  Ode,  Frère 
Convers  de  la  Chartreuse  du  Mont- Dieu,  il  parvint 
à  réaliser  son  projet  en  «arrachant,  taillant,  brisant 
les  rochers,  ou  les  faisant  sauter  avec  la  poudre.  » 
Cette  route  passe  à  Pourvoi  rie,  suit  les  sinuosités 
de  la  montagne  et  domine  le  torrent  du  Guiers- 
Mort;  elle  fut  commencée,  en  1495,  et  terminée 
sous  le  Généralat  de  Dom  François  du  Puy,  suc- 
cesseur de  Dom  Pierre. 

Dès  1496,  le  Révérend  Père  Dom  Pierre  Roux 
avait  entamé,  avec  la  Cour  Romaine,  des  négocia- 
tions pour  rentrer  en  possession  de  la  Chartreuse 


de  Calabre,  fondée  par  saint  Bruno,  mais  cette  im- 
portante négociation  n'eut  de  résultat  heureux 
qu'après  la  mort  du  vénérable  Général.  Cette  mort 
précieuse  devant  Dieu  est  marquée  à  l'obituairc  de 
la  Grande  Chartreuse,  à  la  date  du  27  août  i5o3'. 

XXXVI. 
R.   P.  DOM  FRANÇOIS  II. 

i5o3  —  i52i. 


RANÇOIS  DU  PU  Y,  était  originaire  de 
Saint-Bonnet-en-Forez.  Docteur  en  droit 
civil  et  en  droit  canonique,  il  acquit  une  grande 
célébrité  par  sa  science  et  son  érudition,  et  laissa  la 
renommée  d'un  habile  jurisconsulte  et  d'un  éminent 
théologien.  Avant  d'entrer  en  Chartreuse,  il  fut 
successivement  officiai  de  l'évêché  de  Valence,  en 
Dauphiné,  et  de  l'évêché  de  Grenoble.  Lorsqu'il  prit 
la  détermination  de  quitter  le  monde  pour  se  re- 
tirer dans  la  solitude,  il  était  âgé  de  plus  de  cin- 
quante ans.  L'Évèque  de  Grenoble,  Laurent  Alle- 
mand, qui  l'estimait  et  l'aimait,  voulut  chanter 
lui-même  la  messe  de  sa  Profession,  à  la  Grande 
Chartreuse.  Dom  Dj  Puy  fut  d'abord  employé  aux 
affaires  de  la  Maison,  mais,  peu  après,  le  Révérend 

1  Dom  Sutor,  de  Vita  Cartusiana,  fol.  239.  —  Dom  Inn. 
Le  Masson,  Annales  Car  tus.  p.  5.  —  Pétréius,  ut  supra.  — 
Carta  Capituli  Generalis,  anno  1497.  —  Carte  des  Généraux 
de  1649.  — Morozzo,  op.  cit.  p.  28.  —  Le  P.  de  Tracy,  op. 
cit.  ut  supra.  —  La  Grande  Chartreuse,  par  un  Chartreux, 
pp.  i5,  io3. 


-  7<3  - 

Père  Pierre  Roux  étant  mort,  les  Religieux  qui  re- 
connaissaient le  mérite  et  les  vertus  du  nouveau 
Profès  l'élurent  Général  de  l'Ordre,  en    r5o3. 

Aussitôt  arrivé  au  pouvoir,  le  nouveau  Général 
s'occupa  de  maintenir  la  régularité.  Il  était  défendu 
aux  femmes  d'entrer  dans  tout  Couvent  habité  par 
les  Chartreux;  pour  donner  plus  de  force  aux  Or- 
donnances qui  avaient  été  portées  sur  ce  sujet,  il 
les  fit  approuver  par  le  Pape  Jules  II.  La  Bulle  est 
datée  du  7  janvier  i5o6l.  Afin  d'empêcher  aussi  les 
séculiers  ou  autres  d'entrer  dans  les  Couvents  des 
Moniales,  le  même  Pape,  par  une  Bulle  du  [5  juin 
i5o8,  menaça  d'excommunication  les  personnes  de 
l'un  et  l'autre  sexe  qui  entreraient  dans  ces  Mai- 
sons  sans   la  permission  du  Révérend  Père'2. 

Dom  François  du  Puy  rendit  des  services  signalés 
à  l'Ordre.  Il  rétablit  la  Grande  Chartreuse  qui  avait 
eu  à  souffrir  des  suites  d'un  nouvel  incendie,  en 
i5ro.  De  plus,  il  rentra  en  possession  de  la  Char- 
treuse de  la  Tour,  en  Calabre,  passée  entre  les 
mains  des  Cisterciens.  Dom  du  Puy  continua  les 
négociations  commencées  par  Dom  Pierre  Roux 
et  fut  dix  ans  en  instance  pour  arriver  à  ce  résultat. 
Le  titre  abbatial  fut  supprimé,  en  i5i3,  par  une 
Bulle  de  Léon  X,  en  date  du  6  décembre1'.  Le  Pape 
y  fait  un  bel  éloge  des  Chartreux,  en  constatant 
qu'il  leur  rend  ce  Monastère,  «  à  cause  de  la  sain- 
teté de  leur  vie  et  de  leur  zèle  pour  l'observance 
régulière.  » 

{  Pièces  justificatives,  n.   28. 
-Id.  n.  29.  —  3  Id.  n.  3o. 


Le  Révérend  Père  du  Puy  supplia  aussi  le  Siège 
apostolique  de  reconnaître  solennellement  les  vertus 
et  la  sainteté  du  fondateur  de  l'Institut  des  Char- 
treux. Le  19  juillet  1 5 14,  Antoine,  Cardinal  de 
Pavie,  portait  à  la  connaissance  du  Général,  que  le 
Souverain  Pontife  Léon  X,  accédant  aux  désirs  et 
aux  vceux  qu'il  avait  exprimés  au  nom  de  son  Or- 
dre, permettait  aux  Chartreux  de  rendre  dans  leurs 
églises  un  culte  solennel  à  saint  Bruno.  Dom  du- 
Puy  a  écrit  la  première  vie  du  saint  Patriarche  des 
Chartreux  qui  ait  été  publiée.  Elle  forme  un  vo- 
lume in-folio  en  caractères  gothiques,  et  a  été  éditée 
à  Bàle  par  Amorbach,  vers  i5i5. 

Quelques  années  auparavant,  il  avait  fait,  en  col- 
laboration avec  Dom  Grégoire  Reisch,  une  nou- 
velle Compilation  des  Statuts  et  des  Ordonnances 
des  Chapitres  Généraux  qui  avait  aussi  été  impri- 
mée à  Bàle,  en  i5io,  après  l'approbation  par  le 
Chapitre  de  i5oo,.  Cette  édition,  petit  in-folio  en 
caractères  gothiques,  est  très  recherchée  des  ama- 
teurs, quoique  les  exemplaires  soient  souvent  dé- 
fectueux. Elle  contient,  en  dehors  des  Coutumes  de 
Dom  Guigues  et  des  Compilations  de  Dom  Rimer 
et  de  Dom  de  Raynald,  cent  trente-trois  Bulles, 
Brefs,  Lettres  apostoliques  et  privilèges  accordés 
aux  Chartreux  jusqu'en  i5o8. 

Cet  éminent  Général  est  également  auteur  d'un 
Pouillé  du  diocèse  de  Grenoble  et  de  plusieurs  au- 
tres ouvrages  d'un  grand  mérite.  D'après  Dom  Pé- 
tréius,  le  Révérend  Père  du  Puy,  qui  était  très  ver- 
sé dans  la  connaissance  des  Écritures  et  des  Pères 


-  78_ 

de  l'Eglise,  a  composé,  à  l'imitation  de  saint  Tho- 
mas, une  chaîne  d'or  des  psaumes  :  «  catena  au- 
rea  super  psalmos.  »  Cet  ouvrage  a  été  imprimé 
à  Paris  en  un  volume  in-folio,  quelques  années 
après  la  mort  de  l'auteur.  Morozzo  nous  apprend 
que  ce  Général  a  aussi  laissé  un  volume  de  lettres. 
Dom  François  du  Puy  fut  un  des  hommes  les 
plus  célèbres  de  son  temps.  En  relatant  sa  mort, 
Chorier  dans  son  Estât  politique  du  Dauphiné  dit: 
«  Enfin  cet  homme  infatigable  et  toujours  agissant 
tomba,  après  beaucoup  de  peines,  de  soins  et  d'in- 
quiétudes, dans  le  dernier  repos,  le  mercredy, 
17  septembre  1 52 1 .  »  Il  avait  gouverné  l'Ordre  pen- 
dant dix-huit  ans  '. 

XXXVII. 
R.   P.  DOM  GUILLAUME  IV. 
i52i  —  1 535. 

UILLAUME  Bibauce,  que  Ton  trouve  en- 
core écrit  Bibauc  ou  Bibaut,  naquit  à  Thielt, 
dans  la  province  de  Gueldre,  «  d'honestes  parents.» 
Il  fit  ses  études  dans  l'Université  de  Louvain,  et 
jeune  encore  fut  reçu  docteur.  Ses  talents  remar- 
quables engagèrent  le  comte  de  Flandre  à  le  prendre 

1  Dom  Sutor,  de  Vita  Cartus.  lib.  II,  tract.  III,  cap.  vu. 
— Dom  Pétréius,  Biblioth.  Cartus.  p.  91. —  Id.  Annot.  Chron. 
Dorlandi.  —  Le  P.  Helyot,  Hist.  des  Ordres  Religieux,  t.  I, 
p.  78. —  Morozzo,  Theat.  cit,  p.  28. —  Le  P.  de  Tracy,  op.  cit. 
p.  268. —  Moreri,  Dict.  Hist.  art.  Puy.  —  La  Grande  Char- 
treuse  par  un  Chartreux,  p.    104. 


—  79  — 

comme  gouverneur  de  ses  enfants.  Certain  de  la 
protection  du  prince,  il  pouvait  aspirer  aux  hon- 
neurs, lorsqu'il  prit  le  monde  en  dégoût  et  résolut 
de  se  retirer  dans  la  solitude. 

Morozzo  rapporte  la  circonstance  qui  décida  sa 
vocation.  Il  professait  la  théologie  à  Gand  et  faisait 
son  cours  en  présence  d'un  grand  nombre  d'audi- 
teurs, lorsque  la  foudre  éclata  et  blessa  grièvement 
plusieurs  des  personnes  qui  Técoutaient.  Frappé  de 
cet  événement,  la  pensée  de  la  mort  se  présentant 
à  son  esprit,  il  lit  vœu  de,  se  faire  Chartreux.  En 
i5oo,  il  se  retira  à  la  Chartreuse  du  Val-Royal  près 
de  Gand,  où  il  fit  Profession.  Bientôt  il  fut  nommé 
Prieur  du  Mont-Sainte-Gertrude,  en  Hollande, 
puis  Visiteur  de  la  province  de  Teutonie  (Flandre 
Autrichienne).  Ses  talents  et  ses  vertus  le  désignaient 
pour  un  poste  plus  élevé;  en  r52i,  il  fut  appelé  à 
succéder  à  Dom  François  du  Puy  qui  venait  de 
mourir. 

Le  nouveau  Général  édifia  ses  Religieux  par  sa 
piété  et  son  humilité.  Il  leur  montrait  l'exemple  et 
s'efforçait  aussi  par  ses  exhortations  de  les  guider 
sûrement  dans  la  voie  de  la  perfection.  Dom  Bi- 
bauce  a  laissé  des  sermons  capitulaires  très  remar- 
quables, où  il  montre  toutes  les  ressources  de  son 
talent.  Ces  discours  en  latin,  «  Orationes  et  Con- 
cioncs  (lapitulares  »  ont  été  imprimés,  après  la 
mort  de  l'auteur,  en  i53(),  par  les  soins  de  Dom 
Jodoc  Herz,  Prieur  de  la  Chartreuse  d'Erfurt.  Ils 
furent  de  nouveau  imprimés  en  1G10,  mais  l'édition 
la  plus  complète  est  sortie   des  presses  de  Jacques 


—  8o  — 

Meuri,  à  Anvers, en  1654.  On  possède  encore  de  ce 
Généra]  deux  petits  poëmes  latins,  en  l'honneur  de 
saint  Joachim,  père  de  la  Bienheureuse  Vierge 
Marie.  Us  ont  été  reproduits,  à  la  fin  de  la  vie  de 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  par  le  Chartreux  Dom 
Ludolphe,  dans  l'édition  in-folio  imprimée  à  Paris, 
en  i534. 

Dom  Guillaume  Bibauce  resta  au  pouvoir  jusqu'à 
sa  mort  arrivée  le  24  juillet  1 535.  Ses  Religieux  le 
pleurèrent  comme  un  père  bien  aimé  et  le  considé- 
rèrent comme  un  élu  de  Dieu.  Arnould  de  Raisse 
le  met  au  nombre  des  saints  de  la  Belgique.  La  vie 
de  Dom  Guillaume  Bibauce  a  été  publiée  par  Dom 
Liévin  Ammon,  Chartreux  du  Monastère  de  Gand1. 

XXXVIII. 

R.   P.   DOM  JEAN  V. 

1 535  —  1540. 

N  1 535,  Jean  Gailhard,  que  Ton  trouve  en- 
core nommé  Gilhard  et  Guillard,  Profès  de 
a  Grande  Chartreuse,  fut  élu  Général.  Par  ses  con- 
seils, il  soutint  le  courage  des  Chartreux  anglais 
dans  la  lutte  qu'ils  eurent  à  soutenir  contre  le  Roi 
Henri  VIII.  Nous  avons  rappelé,  dans  la  quatrième 
partie    de    cet    ouvrage,    les   noms    des    Religieux 

1  Dom  Pétréius, an not .  cit. —  Chronic.  Dorlandi.  —  ïd.Bi- 
bliot.  Cartus.  p.  117.  — Morozzo,  Theatrum,  Chronolog. 
p.  29. — Le  Père  de  Tracy.  Vie  de  saint  Bruno,  p.  271.  — 
Moreri   Dict.  histor.  art.  Bibauce.  —  Feller,    Dict.  histor. 


—  8i  — 

qui,  alors  aimèrent  mieux  souffrir  le  martyre 
que  de  se  soumettre  au  décret  impie,  dit  de  la  su- 
prématie.  «  Vesti  candidœ  super  induent  es  purpu- 
ream,  »  dit  la  carte  des  Généraux. 

En  souvenir  de  ces  confesseurs  de  la  foi,  le  Révé- 
rend Père  Jean  Gailhard  fit  ériger  une  chapelle  dé- 
diée à  saint  Hugues  de  Lincoln,  au-delà  des  limites 
privilégiées  de  la  Chartreuse,  en  un  lieu  appelé  au- 
trefois Javonet.  Le  Pape  Paul  III,  à  la  demande  de 
Dom  Jean,  accorda  à  cet  oratoire  les  indulgences  at- 
tachées à  la  chapelle  de  Notre-Dame-de-Casalibus  -, 
le  Bref,  daté  du  10  des  calendes  de  novembre  i5-|o, 
n'arriva  à  la  Grande  Chartreuse  qu'après  la  mort 
du  pieux  Général.  Les  femmes,  exclues  des  limites 
du  Désert,  purent  par  ce  moyen  participer  aux  in- 
dulgences concédées  par  les  Souverains  Pontifes. 

La  bonté  inaltérable  de  Dom  Jean  sut  lui  attirer 
la  confiance  et  l'affection  àz  ses  Religieux,  mais 
cinq  ans  après  son  élection,  il  fut  ravi  à  leur  amour. 
Mûr  pour  le  ciel,  Dieu  l'appela  à  lui  le  5  des  ca- 
lendes de  juillet  1540.  ' 

XXXIX. 

R.   P.  DOM  PIERRE  V. 

1 540  —  1546. 

IERRE  de  Marnef,  plus  connu  sous  le  nom 
de  Pierre  de  Leyde,  sa  ville  natale,  en  Hollan- 
de, avait,  jeune  encore,  dit  adieu  au  monde.  Il  était 

{  Morozzo,  Theatrum  chrouologicum  p.  3o.  —  Dom  Pé- 
tréius,  Elucid.  Dorlandi,  ut  supra.  —  Dom   Innoc.  Le  Mas- 


—    82    -* 

venu  abriter  sa  vertu  dans  un  Monastère  de  Reli- 
gieux Augustins,  mais  comprenant  que  Dieu  rap- 
pelait à  un  genre  de  vie  plus  austère,  il  entra  à 
la  Chartreuse  de  Notre-Dame-des-Prés,  à  Neu- 
ville, dans  le  Boulonnais,  et  y  fit  Profession.  Ses 
vertus  et  ses  talents  le  signalèrent  bientôt  à  ses 
supérieurs  qui  l'envoyèrent  remplir  le  poste  difficile 
de  Vicaire  des  Moniales  de  Mont-Saint-Esprit ,  à 
Gosnay,  en  Artois.  Quelques  années  plus  tard,  il 
fut  appelé  à  succéder  à  Dom  Jean  Gailhard,  dans 
le  gouvernement  de  l'Ordre,  en  1540. 

Le  Révérend  Père  de  Marnef  porta  tous  ses  soins 
à  maintenir  la  régularité  dans  les  Monastères  qui 
lui  étaient  confiés.  Les  Annales  de  Dom  Innocent 
Le  Masson  font  le  plus 'grand  éloge  de  ce  Général  : 
Il  y  est  dit  qu'il  était  «  Vir  rigidœ  observant iœ  si- 
tientissimus.  »  La  Carte  des  Prieurs  de  Chartreuse 
se  sert  des  mêmes  expressions,  et  lui  attribue  aussi 
l'association  de  prières  établie  entre  les  Chartreux 
et  les  Jésuites.  Ces  lettres  d'association  ont  été  re- 
produites, dans  l'histoire  de  la  Société  de  Jésus  par 
Orlandino,  à  Tannée  1544. 

Cette  participation  aux  prières  et  aux  mérites  de 
l'Ordre  des  Chartreux  fut  accordée  à  la  Compagnie 
de  Jésus,  par  le  Révérend  Père  de  Marnef,  à  la 
sollicitation  de  Dom  Gérard  Kalkbrenner,  surnom- 
mé Hammontanus,  Prieur  de  la  Chartreuse  de 
Cologne,  qui  avait  voué  une  grande  affection  à 
saint  Ignace  et  aux  bienheureux  Pierre  Canisius  et 

son.  Annales  cit,  p.  252.  Carte  des  Généraux  de  lOrdre  .  — 
De  Tracy.  op.  cit.  p.    271. 


83 


Pierre  Le  Fèvre.  De  cette  époque, date  la  fraternelle 
alliance  qui  ne  cessa  jamais  d'exister  entre  les  Char- 
treux et  les  Jésuites.  «  Douce  et  puissante  alliance, 
dit  le  R.  P.  Alet,  bien  faite  pour  rappeler  aux  uns 
et  aux  autres  que  Marthe  et  Marie  sont  sœurs,  que 
la  contemplation  doit  venir  en  aide  à  l'action  et 
en  féconder  les  sueurs.  Les  fils  de  la  solitude  lèvent 
les  mains  sur  la  montagne, pendant  que  la  milice  du 
Christ  combat  dans  la  plaine  :  ainsi  les  bataillons 
d'Amalec  sont  mis  en  déroute.   » 

Doni  Pierre  de  Leyde  ne  resta  pas  longtemps  au 
pouvoir  ;  son  Généralat  dura  à  peine  six  ans.  Il 
mourut  le  6  mai   154b1. 

XL. 
R.  P.   DOM  JEAN  VI. 

1 546  —  1 553. 

iEAN  VOLON,  que  l'on  trouve  encore. écrit 
JValon,  se  retira  dans  la  solitude  du  Désert 
de  Chartreuse  et  y  fit  Profession.  On  ignore  quelles 
sont  les  charges  qu'il  occupa  avant  d'être  élevé  au 
Généralat,  en  1546.  La  Carte  des  Prieurs  le  repré- 
sente comme  remarquable  par  sa  science  et  sa  piété; 
elle  dit  qu'il  fut  «  Prudens  artifex  doquii  mystici, 
stylo  et  spiritu  sancti  Brunonis  71011  absimilis.  »  Le 

1  Dom  Inn.  Le  Masson,  Annales  cit.  —  Morozzo,  The-t- 
trum  cit.  p.  3o.  —  Arnould  de  Raisse,  Genesis  Cartusiarum 
Belgii. —  Orlandino,  op.  c/7.  lib.  IV.  num.  106. —  Carte  des 
Généraux.—  De Tracy,  op.  cit.  p.  272.—  R.  P.  Alet.  Le  bien- 
heureux Canisius,  p. 60. 


-  84  ~ 

Père  de  Tracy,  dans  ses  notes  sur  les  Généraux  de 
l'Ordre,  se  contente  de  rapporter  qu'il  «  édifia  ses 
inférieurs  par  ses  exemples.   » 

Le  Père  Jean  Volon  gouverna  l'Ordre  pendant 
six  ans  et  quelques  mois,  et  remit  son  àme  au 
Seigneur,  la    veille  des   ides  de  février  i553'. 

XLI. 
R.  P.  DOM  DAMIEN  LONGUANO. 

[553  —   [554. 

AMIEN  Longuano,  d"une  noble  famille  mi- 
lanaise, était  Profès  de  la  Chartreuse  de  Pa- 
vie.  Il  fut  nommé  successivement  Prieur  de  la 
Chartreuse  d'Asti,  dans  le  Montferrat,  puis  de  Bo- 
logne, en  Italie.  La  prudence  et  le  zèle  qu'il  avait 
déployés  dans  ces  deux  postes,  attirèrent  l'attention 
des  Religieux  de  Chartreuse  qui  l'élurent  pour  suc- 
céder à  Dom  Jean  Volon,  en  1 553. 

Dom  Damien  Longuano  resta  à  la  tête  de  l'Ordre, 
à  peine  une  année.  Le  Père  de  Tracy,  d'après  la 
Carte  des  Prieurs,  dit  que  «  ses  mérites  et  ses  vertus 
eussent  fait  souhaiter  que  son  gouvernement  n'eût 
pas  fini  si  promptement.  »  Il  mourut  regretté  de  ses 
Religieux,  le  i5  février  i5542. 


1  Morozzo,  Theatrum  cit.  p.  3o. —  Carte  des  Généraux  de 
1649.  —  Le  Père  de  Tracy,  Vie  de  saint  Bruno,  p.  2-3. 

2  Dom  Pétréius.  Annot.  Dorlandi. —  Morozzo,  Theatrum 
cit.ut  supra.  —  Carte  des  Généraux.  —  Le  P.  de  Tracy.  op. 
cit.  p.  27J. 


—  85   — 

XLII. 
R.   P.  DOM  PIERRE  VI. 

ï554  —  i5<m5. 

IMOUSIN  d'origine,  Pierre  Sarde  ou  Sar- 
des, que  Ton  trouve  encore  nommé  Sar- 
dene  et  Sardel,  fît  Profession  à  la  Chartreuse 
de  Notre-Dame-de-Cahors,  et  peu  après,fut  nommé 
Procureur  de  cette  Maison.  En  i53o,  il  occupa  la 
charge  de  Prieur  de  Glandier,  puis  on  l'appela  à 
diriger  Port-Sainte-Marie,  près  de  Riom,  en  1 533. 
Il  était  Prieur  de  Notre-Dame  de  Cahors,  lorsqu'il 
fut  élevé  à  la  première  dignité  de  l'Ordre,  en  1 554. 

Ce  saint  Religieux  donna  l'exemple  d'une  rare 
dévotion  et  d'un  grand  amour  pour  la  solitude.  Un 
vieux  manuscrit  de  la  Chartreuse  de  Glandier  dit, 
en  parlant  de  Dom  Sarde:  «Grand  sujet  de  gloire 
pour  notre  Maison,  qu'un  Pasteur  aussi  excellent.  » 

Sous  son  Généralat,  la  Grande  Chartreuse  eut 
beaucoup  à  souffrir  des  courses  des  Huguenots.  Ces 
hérétiques  pillèrent  et  brûlèrent  le  Monastère,  le 
5  juin  i562.  On  attribue  ce  cinquième  désastre  aux 
fureurs  du  baron  des  Adrets  qui  se  trouvait  alors  à 
la  tête  des  bandes  Calvinistes  de  la  contrée.  Dom 
Pierre  Sarde,  qui  avait  prévu  ce  malheur,  avait  mis 
en  sûreté  les  objets  les  plus  précieux  du  Monastère, 
les  reliquaires  et  les  vases  sacrés,  mais  n'ayant  pu 
emporter  les  manuscrits,  les  livres,  les  titres  et  les 
archives,  ils  devinrent  la  proie  de  l'incendie.  Lui- 
même  et  ses  Moines  durent  prendre  la  fuite  pour 


86 


éviter  la  mort.  La  Communauté  —  moins  deux 
Religieux  âgés,  qui  ne  craignirent  pas  d'affronter 
le  danger — se  réfugia  à  Favraz  et  de  là  se  dispersa 
dans  différentes  Maisons  de  l'Ordre. 

Lorsque  Dom  Pierre  Sarde  revint  à  la  Chartreu- 
se, les  murailles  calcinées  étaient  seules  debout; 
tout  le  reste  avait  été  la  proie  des  flammes.  Dans  ces 
circonstances  malheureuses,  tous  les  Monastères 
vinrent  au  secours  de  la  Maison-Mère.  Grâce  à  leurs 
offrandes,  le  Général  put  se  mettre  à  l'œuvre  pour 
réparer  le  désastre  ;  mais  Dieu  ne  lui  donna  pas 
la  consolation  de  voir  la  fin  des  travaux  commencés 
sous  sa  direction.  Pendant  trois  années,  le  Chapitre 
Général  ne  put  se  réunir  à  la  Grande  Chartreuse  ; 
en  1 563,  les  Pères  Dominicains  de  Chambéry  of- 
frirent leur  Maison  pour  la  tenue  du  Chapitre,  tan- 
dis qu'en  i5Ô4  et  i565,  il  se  réunit  à  Currières. 
L'année  suivante,  les  Prieurs  purent,  les  travaux 
étant  assez  avancés,  tenir  leur  Chapitre  Général  à 
la  Grande  Chartreuse. 

Le  Révérend  Père,  brisé  par  la  vieillesse,  les  fa- 
ligues  et  les  soucis,  demanda  alors  qu'on  voulût 
bien  lui  donner  un  Coadjuteur.  La  Carte  du  Cha- 
pitre Général  de  cette  même  année  nous  apprend 
que  Dom  Bernard  Carasse,  Prieur  du  Mont-Dieu 
et  Visiteur  de  Picardie  «  fut  élu  Coadjuteur  et 
successeur  du  Père  Général,  par  Dom  Pierre  Sarde 
lui-même  et  le  Couvent  de  Chartreuse.  » 

Dom  Bruno  Loër,  Vicaire  de  la  Chartreuse  de 
Cologne ,  dédia  au  Révérend  Père  Dom  Pierre 
Sarde  les  œuvres,  nouvellement  éditées,  de  Dom 


-  87  - 

Lansperge  ,  savant  Chartreux  Allemand,  mort  à 
Cologne,  en  i53q.  Morozzo  attribue  à  Dom  Pierre 
rétablissement  d'une  association  de  prières  entre 
les  Jésuites  et  les  Chartreux;  nous  avons  vu  que 
le  Révérend  Père  Innocent  Le  Masson,  dans  ses 
Annales,  pense  au  contraire  que  cette  association 
eut  lieu  sous  le  Généralat  de  Dom  Pierre  de  Mar- 
nef. 

Le  Révérend  Père  Dom  Pierre  Sarde  gouverna 
l'Ordre  pendant  douze  ans.  Il  s'endormit  douce- 
ment dans  la  paix  du  Seigneur,  le  26  juillet  1 566  *. 

XLIII. 
R.   P.  DOM   BERNARD  II. 

i566  -—i586. 


OaJ]  ERNARD  Carasse  était  originaire  de  Tar- 
agjj  bes.  Il  embrassa  la  carrière  des  armes  et 
commanda  un  régiment  sous  le  maréchal  de  Bris- 
sac,  dans  les  guerres  du  Piémont,  sous  Henri  II. 
Ses  talents  devaient  lui  assurer  de  grands  succès 
dans  le  monde,  mais  Dieu  l'ayant  appelé  à  une 
vie  plus  parfaite,  il  donna  sa  démission,  suivit  les 
cours  de  Sorbonne,  prit  ses  grades  en  théologie  et 

1  Galli.i  Christîana  vêtus,  t.  IV,  fol.  072.  —  Dom  Pé- 
tréius,  ut  supra.  —  Carte  des  Généraux  de  1649.  — Moroz- 
zo. Theatrum  cit.  —  Galendarium  Domus  Glanderii,  ms. — 
De  Tracy,  p.  274.  —  Chorier,  Histoire  du  Dauphiné,  t.  II, 
p.  559  et  Estât  politique,  t.  II,  p.  259.  ap.  La  Grande 
Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  107  et  sq.  —  J.  Brunet, 
Notice  sur  Glandier  p.  54. 


—  88  — 

fat  pourvu  d'un  canonicat  dans  la  collégiale  de 
Saint-Benoît.  A  cinquante  ans,  désireux  de  se  retirer 
dans  la  solitude,  il  fit  Profession  dans  la  célèbre 
Chartreuse  de  Paris.  Dans  la  suite,  il  fut  nommé 
Prieur  du  Monastère  du  Mont-Dieu,  au  diocèse  de 
Reims  et  Visiteur  de  la  province  de  Picardie.  Élu 
Coadjuteur  du  Révérend  Père  Dom  Pierre  Sarde, 
en  1 566,  il  devint  dans  cette  même  année,  Général 
de  TOrdre,  à  la  mort  de  ce  dernier. 

Dom  Carasse  continua  les  constructions  com- 
mencées par  son  prédécesseur,  mais  dans  sa  vive 
piété,  il  voulut  attirer  la  protection  du  ciel  sur  son 
œuvre  -,  c'est  pourquoi,  il  établit  les  deux  fêtes  so- 
lennelles de  sainte  Anne  et  de  saint  Joseph.  Ges 
travaux  de  restauration*  du  Monastère  ne  lui  fai- 
saient pas  perdre  de  vue  le  bien  spirituel  des  nom- 
breux Religieux  qu'il  avait  à  gouverner.  Pour  éta- 
blir une  régularité  parfaite  dans  la  discipline  de 
toutes  les  Maisons  de  l'Ordre,  il  fit  une  nouvelle 
Compilation  des  Statuts.  Déjà  en  1572,  le  Chapitre 
Général  avait  décidé  que  les  Coutumes  du  Véné- 
rable Guigues  et  les  Ordonnances,  qui  se  trouvaient 
dispersées,  tant  dans  les  anciens  Statuts  que  dans 
les  nouveaux,  devaient  être  réunies  et  qu'on  éli- 
minerait les  Règlements  et  les  usages  tombés  en 
désuétude  ou  supprimés  par  le  Chapitre  Général, 
comme  n'étant  plus  en  rapport  avec  les  récents 
décrets  du  Concile  de  Trente  sur  la  discipline 
monastique. 

Pendant  que  Dom  Bernard  Carasse  s'occupait 
de  ce  travail   si  important  pour  l'Ordre,  quelques 


—  8q  — 

Religieux  ayant  appris  la  résolution  du  Chapitre 
Général,  présentèrent  des  réclamations  et  employè- 
rent l'influence  des  séculiers  pour  obtenir  différen- 
tes dispenses  des  austérités  de  la  Règle.  Le  Révé- 
rend Père  et  le  Chapitre  Général  se  refusèrent  éner- 
giquement  à  céder  aux  novateurs.  Ces  réclamations 
occasionnèrent  cependant  un  retard  dans  la  publi- 
cation de  la  Nouvelle  Collection  des  Statuts.  Dom 
Carasse  avait  présenté  son  travail,  en  i5y8,  et  il  ne 
fut  publié  qu'en  i58i,  après  avoir  été  confirmé  par 
trois  Chapitres  Généraux  et  avoir  reçu  l'assentiment 
du  Souverain  Pontife,  Grégoire  XIII.  Nous  som- 
mes entré  dans  des  détails  plus  circonstanciés,  sur 
ce  sujet,  dans  la  seconde  partie  de  cet   ouvrage  ' . 

Le  Révérend  Père  Dom  Carasse  porta  aussi  ses 
soins  à  la  révision  du  bréviaire  cartusien.  De  plus, 
nous  apprend  Dom  La  Pierre,  dans  ses  annotations 
de  la  chronique  de  Dom  Dorland,  il  fit  éditer  en 
1 585,  «  les  homiliaires  de  l'Ordre,  lesquels  estoient 
auparavant  manuscripts  et  maintenant  par  sa  dili- 
gence sont  imprimez  à  Lion,  aux  frais  et  dépens 
de  la  Grande  Chartreuse,  avec  de  très  belles  prin- 
tes  de  Theobaldus  Ancélinus.  » 

Dom  Carasse,  qui  avait  une  dévotion  toute  par- 
ticulière envers  la  Sainte-Vierge,  fit  exécuter,  vers 
i58o,  d'importantes  réparations  à  la  chapelle  de 
Notre-Dame-de-Casalibus,  où  il  aimait  à  aller  sou- 
vent prier.  L'éloge  de  ce  Général  a  été  retracé  par 
Morozzo,  d'après   une  lettre  d'Etienne  de   Salazar 

'  Voir  t.  I.  p.  220. 


—  90  — 

sur  l'Ordre  des  Chartreux.  Ii  dit  :  «  Chorum  hune 
ducit  admirabilis  quidam  et  divinus  senex,  nomine 
Bernardus,  cognomine  Carassus*  patriâ  Tarbensis, 
œtate  octogenarius,  ardore  pietatis  sic  incensus, 
ut  chm  tôt  domesticce  administrationis  et  totius 
Reipublicœ  cartusianœ  negotiis  obruatur,  non  die 
non  nocte  ab  aclibus  conventualibus  abest,  perinde 
ac  si  modo  in  anno  probationis  et  Ordinis  tyroci- 
nio  versaretur.  Non  victu,  non  vestitu,  sed  inde- 
fesso  labore,  animi  tranquillitate,  modestiâ,  justi- 
tiâ,  œquitatef  cœterisque  principe  dignis  virtuti- 
bus  omnibus  prœlucet.  »  N'est-ce  pas  en  effet  très 
édifiant  de  voir  ce  vieux  Général  octogénaire  assis- 
ter à  tous  les  exercices  conventuels  de  jour  et  de 
nuit,  prêchant  d'exemple  par  sa  soumission  à  la 
Règle.  La  Carte  des  Prieurs  ajoute  un  trait  à  cet 
éloge,  en  disant  que  dans  sa  haute  dignité  il  sut 
toujours  conserver  l'humilité  la  plus  profonde. 

Le  Révérend  Père  Dom  Bernard  Carasse  s'en- 
dormit dans  le  Seigneur,  le  8  septembre  i586.  Un 
témoin  oculaire,  Dom  Nicolas  Molin,  coadjuteur  de 
la  Grande  Chartreuse,  rapporte  ainsi  les  derniers 
moments  de  ce  saint  Religieux.  «  En  i58(5,  le  Ré- 
vérend Père  Général,  après  avoir  passé  un  mois  à 
Currières  pour  tâcher  de  remettre  sa  santé,  revint 
en  Chartreuse  le  vendredi  22  août,  sentant  bien 
qu'il  était  arrivé  au  terme  de  sa  vie.  Il  ne  voulut 
plus  s'occuper  d'aucune  affaire,  et,  au  lieu  d'habiter 
l'appartement  destiné  au  Révérend  Père,  il  se  fit 
conduire  au  cloître,  dans  la  cellule  marquée  autre- 
fois de   la  lettre   D.   Le  jour  de  saint  Augustin,   il 


—  9i  — 

reçut  l'extrême-onction  ;  le  dimanche  7  septembre, 
ayant  remarqué  que  le  révérendissime  seigneur 
William  Chelsolm  —  ancien  Evèque  de  Dunblane, 
en  Ecosse,  puis  de  Vaison  dans  le  Comtat-Venais- 
sin  —  avait  les  veux  pleins  de  larmes,  il  lui  dit  : 
Réservez  vos  larmes  pour  demain,  et  il  disait  vrai. 
Le  lendemain,  fête  delà  Nativité  de  la  Très-Sainte- 
Vierge,  il  envoya  Dom  Coadjuteur  à  Notre-Dame- 
de-Casalibus  pour  la  saluer  en  son  nom  et  y  dire 
la  sainte  messe.  Après  le  dîner,  la  Communauté 
au  sortir  de  l'église  fut  admise  dans  la  chambre 
du  Révérend  Père  ;  il  avait  conservé  toute  sa  pré- 
sence d'esprit  et  donna  sa  bénédiction  aux  Reli- 
gieux. Le  soir,  au  moment  où  Ton  sonnait  les 
Indulgences,  il  rendit  doucement  son  âme  à  Dieu.  » 
Dom  Bernard  Carasse  avait  dirigé  l'Ordre  pendant 
vingt  ans  ' . 

XLIV. 

R.  P.  DOM  JÉRÔME  I. 

[586—  i588. 


SSU  d'une  famille  Italienne,  Jérôme  Ligna- 
no  fit  Profession  à  la  Chartreuse  de  Milan 
et  fut  nommé,  quelques  années  après,  Prieur  de 
la  Maison  de  Bologne.  Il  occupait  encore  ce  poste 

1  Dom  Pétréius,traduct.  d'Adrien  Driscart,  p.  327.  —  Dom 
Inn.  Le  Masson,  Annales,  p.  252.  — Le  Père  Helyot,  op.  cit. 
t.  I. —  Morozzo,  Theat.  cit.  p.  3i.  —  De  Tracy,  op.  cit.  p. 
274.  —  La  Grande  Chartreuse,  cit.  p.  1 1 1  et  sq. 


—    02    — 

lorsqu'il  fut  élu  Général  ,  vers  la  fin  de  Tannée 
1 586.  D'après  le  Père  Délie,  ce  Religieux  d'une 
santé  délicate  ne  put  supporter  le  rude  climat  des 
Montagnes  du  Dauphiné  et  par  là  même  se  trouva 
dans  la  nécessité  de  donner  sa  démission  qui  fut 
acceptée,  en  1 588- 

Les  Ëphemerides  Cartusianœ,  manuscrit  conservé 
à  la  Grande  Chartreuse,  nous  ont  transmis  les  cir- 
constances qui  précédèrent  la  démission  de  Dom 
Lignano.  A  la  mort  du  Révérend  Père  Dom  Ca- 
rasse,  quelques  Religieux  formèrent  le  projet  de 
faire  transférer  le  Général  de  l'Ordre  dans  la  splen- 
dide  Chartreuse  de  Pavie,  se  préoccupant  peu,  sans 
doute,  de  déposséder  -  la  Grande  Chartreuse  de 
son  plus  grand  privilège.  A  la  tête  du  complot  se 
trouvait  Dom  Matthias  Cortin,  Profès  du  Couvent 
de  Paris,  Vicaire  de  la  Grande  Chartreuse. Celui-ci, 
pour  mieux  réussir  dans  son  projet,  fit  ses  efforts 
pour  faire  nommer  un  Italien,  comme  Général,  et 
son  choix  tomba  sur  Dom  Jérôme  Lignano.  Il  mit 
donc  tout  en  œuvre  afin  de  réaliser  le  plan  médité 
et  intrigua  auprès  des  Religieux  de  Chartreuse  en 
faveur  de  son  candidat.  Toutefois,  malgré  ses  dé- 
marches et  ses  conseils,  la  majorité  des  suffrages  de 
la  Communauté  se  porta  sur  un  Prieur  français, 
Dom  Jean  de  l'Escluse. 

Sous  l'influence  de  Dom  Cortin,  Dom  Jean  Bo- 
ette, Profès  de  Bourg-Fontaine,  Prieur  de  Saint- 
Hugon,  et  Dom  Fiacre  Billard,  Profès  de  Paris, 
docteur  de  Sorbonne,  Prieur  d'Aillon,  qui  prési- 
daient à  l'élection,    prétextèrent  quelques  vices  de 


—  g  5  — 

forme  et  demandèrent  un  second  tour  de  scrutin. 
Cette  fois,  Dom  Lignano  réunit  les  suffrages,    et  les 
deux  présidents  confirmèrent  l'élection. 

Dom  Jérôme  Lignano  ne  paraît  pas  avoir  trempé 
dans  l'intrigue  ourdie  par  Dom  Cortin  ;  mais  ne 
pouvant  se  rendre  de  suite  à  la  Grande  Chartreuse, 
à  cause  d'une  grave  maladie  qui  le  retenait  a  Bolo- 
gne, il  nomma  comme  Vicaire  Général  de  l'Ordre 
l'auteur  de  son  élévation  au  Généralat,  Dom  Ma- 
thias  Cortin. 

Le  projet  des  conspirateurs  étant  connu,  les  Re- 
ligieux furent  indignés,  et  lorsque  le  Chapitre  Géné- 
ral de  1 588  se  réunit,  Dom  Lignano,  dans  son 
amour  pour  la  paix,  se  démit  de  ses  fonctions  et 
demanda  à  retourner  dans  la  Chartreuse  de  Bolo- 
gne, ce  qui  lui  fut  accordé.  Pendant  le  peu  de  temps 
que  ce  Général  fut  au  pouvoir,  il  fit  imprimer,  nous 
apprend  Dom  Pétréius,  «  in  magno  folio,  »  toutes 
les  hymnes  qui  sont  en  usage  dans  l'Ordre. 

Dom  Lignano  mourut  au  village  d'Epernay,  près 
d'Entremont-le- Vieux,  en  Savoie,  à  quelques  lieues 
du  désert  de  Chartreuse,  lorsqu'il  retournait  en 
Italie,  après  la  tenue  du  Chapitre  Général  de  1 588. 
Ramené  au  Couvent,  il  fut  enterré  dans  le  cime- 
tière réservé  aux  Généraux.  Morozzo  pense  que 
cette  mort  arriva  le  24  mai  '. 


1  Dom  Pctréius,  ut  supra.  —  Dom  Le  Vasseur,  Ephemerides 
Cartusianœ,  ms.  au  19  avril,  supplément.  —  Arch.  de  la 
Grande  Chartreuse,  Pièces  diverses,  n.  52.  —  Eug.  Burnier. 
Chartreuse  de  Saint-Hugon,  p.  143.  —  Morozzo,  Tlieat. 
cit.  p    3i.  —  Le  Père  de  Tracy,  op.  cit.  p.  275. 


—    Q2    — 

lorsqu'il  fut  élu  Général  ,  vers  la  fin  de  Tannée 
1 586.  D'après  le  Père  Délie,  ce  Religieux  d'une 
santé  délicate  ne  put  supporter  le  rude  climat  des 
Montagnes  du  Dauphiné  et  par  là  même  se  trouva 
dans  la  nécessité  de  donner  sa  démission  qui  fut 
acceptée,  en  1 588. 

Les  Ephemerides  Cartusianœ,  manuscrit  conservé 
à  la  Grande  Chartreuse,  nous  ont  transmis  les  cir- 
constances qui  précédèrent  la  démission  de  Dom 
Lignano.  A  la  mort  du  Révérend  Père  Dom  Ca- 
rasse,  quelques  Religieux  formèrent  le  projet  de 
faire  transférer  le  Général  de  l'Ordre  dans  la  splen- 
dide  Chartreuse  de  Pavie,  se  préoccupant  peu,  sans 
doute,  de  déposséder  -  la  Grande  Chartreuse  de 
son  plus  grand  privilège.  A  la  tête  du  complot  se 
trouvait  Dom  Matthias  Cortin,  Profès  du  Couvent 
de  Paris,  Vicaire  de  la  Grande  Chartreuse.  Celui-ci, 
pour  mieux  réussir  dans  son  projet,  fit  ses  efforts 
pour  faire  nommer  un  Italien,  comme  Général,  et 
son  choix  tomba  sur  Dom  Jérôme  Lignano.  Il  mit 
donc  tout  en  œuvre  afin  de  réaliser  le  plan  médité 
et  intrigua  auprès  des  Religieux  de  Chartreuse  en 
faveur  de  son  candidat.  Toutefois,  malgré  ses  dé- 
marches et  ses  conseils,  la  majorité  des  suffrages  de 
la  Communauté  se  porta  sur  un  Prieur  français, 
Dom  Jean  de  l'Escluse. 

Sous  l'influence  de  Dom  Cortin,  Dom  Jean  Bo- 
ette, Profès  de  Bourg-Fontaine,  Prieur  de  Saint- 
Hugon,  et  Dom  Fiacre  Billard,  Profès  de  Paris, 
docteur  de  Sorbonne,  Prieur  d'Aillon,  qui  prési- 
daient à  l'élection,    prétextèrent  quelques  vices  de 


—   cp    — 

forme  et  demandèrent  un  second  tour  de  scrutin. 
Cette  fois,  Dom  Lignano  réunit  les  suffrages,    et  les 
deux  présidents  confirmèrent  l'élection. 

Dom  Jérôme  Lignano  ne  paraît  pas  avoir  trempé 
dans  l'intrigue  ourdie  par  Dom  Cortin  ;  mais  ne 
pouvant  se  rendre  de  suite  à  la  Grande  Chartreuse, 
à  cause  d'une  grave  maladie  qui  le  retenait  a  Bolo- 
gne, il  nomma  comme  Vicaire  Général  de  l'Ordre 
l'auteur  de  son  élévation  au  Généralat,  Dom  Ma- 
thias  Cortin. 

Le  projet  des  conspirateurs  étant  connu,  les  Re- 
ligieux furent  indignés,  et  lorsque  le  Chapitre  Géné- 
ral de  1 588  se  réunit,  Dom  Lignano,  dans  son 
amour  pour  la  paix,  se  démit  de  ses  fonctions  et 
demanda  à  retourner  dans  la  Chartreuse  de  Bolo- 
gne, ce  qui  lui  fut  accordé.  Pendant  le  peu  de  temps 
que  ce  Général  fut  au  pouvoir,  il  fit  imprimer,  nous 
apprend  Dom  Pétréius,  «  in  magno  folio,  »  toutes 
les  hymnes  qui  sont  en  usage  dans  l'Ordre. 

Dom  Lignano  mourut  au  village  d'Épernay,  près 
d'Entremont-le-Vieux,  en  Savoie,  à  quelques  lieues 
du  désert  de  Chartreuse,  lorsqu'il  retournait  en 
Italie,  après  la  tenue  du  Chapitre  Général  de  1 588. 
Ramené  au  Couvent,  il  fut  enterré  dans  le  cime- 
tière réservé  aux  Généraux.  Morozzo  pense  que 
cette  mort  arriva  le  24  mai  L 


1  Dom  Pctréius,  ut  supra.  —  Dom  Le  Vasseur,  Ephemerides 
Cartusianœ,  ms.  au  19  avril,  supplément.  —  Arch.  de  la 
Grande  Chartreuse,  Pièces  diverses,  n.  52.  —  Eug.  Burnier, 
Chartreuse  de  Saint-Hugon*  p.  143.  —  Morozzo,  Tlieat. 
cit.  p    3i.  —  Le  Père  de  Tracy,  op.  cit.  p.   275. 


—  94  — 

XLV. 
R.    P.  DOM  JÉRÔME  II. 

i588  —  i5q4. 


N  1540,  Jérôme  Marchand  naquit  à  Auxi- 
le-Chàteau,  au  diocèse  d'Arras  ;  il  eut  le 
Donneur  d'avoir  une  mère  pieuse  qui,  par  ses  exem- 
ples et  ses  conseils, sut  inculquera  son  fils  les  nobles 
sentiments  qui  le  dirigèrent  jusqu'à  la  fin  de  sa 
carrière.  Après  avoir  terminé  ses  études  avec  suc- 
cès, Jérôme  Marchand  reçut  les  Ordres,  puis  se 
dévoua  pendant  quelque  temps  à  l'instruction  des 
enfants  pauvres  d'Auxi-le-Château.  Appelé  à  ensei- 
gner les  humanités  au  collège  d'Abbeville,  il  con- 
nut les  Chartreux  établis  dans  les  environs,  au 
faubourg  de  Thuison,  les  visita  souvent,  se  sentit 
attiré  par  les  attraits  de  la  solitude  et  demanda 
bientôt  à  être  reçu  parmi  ces  pieux  Anachorètes. 

Agé  de  vingt-deux  ans,  Jérôme  Marchand  prit 
l'habit  dans  la  Chartreuse  de  Saint-Honoré  d'Ab- 
beville,  en  i5Ô2.  Quelques  années  après  sa  Profes- 
sion, il  fut  nommé  Procureur  du  Couvent.  Dom 
Bernard  Carasse,  alors  Visiteur  de  la  Province  de 
Picardie,  remarqua  ce  jeune  Religieux,  et  lorsqu'il 
fut  nommé  Général  de  TOrdre,  il  l'appela  près  de 
lui.  Dom  Marchand  renouvela  à  la  Grande  Char- 
treuse son  vœu  de  stabilité,  selon  l'usage  observé 
alors,  mais  aboli  ensuite  par  les  Statuts  de  1578. 
Depuis  cette  époque,  lorsqu'un  Religieux  est  trans- 


—  cp  — 

féré    dans   un   autre  Monastère,  il    n'a  point    voix 
au  Chapitre. 

A  la  Grande  Chartreuse,  Dom  Marchand  fut  nom- 
mé Procureur.  Dans  cette  charge,  nous  apprend 
le  Père  Délie,  il  s'appliqua  plus  à  soulager  les  pau- 
vres et  les  malheureux  qu'à  augmenter  les  biens 
dont  il  avait  l'administration.  Dans  l'obédience  de 
Vilette  et  de  Saint-Etienne  de  Crossey,  il  était  con- 
sidéré comme  le  père  des  pauvres.  Dans  la  lépro- 
serie qui  était  proche,  il  soignait  lui-même,  avec 
bonheur,  les  lépreux  recueillis  dans  l'hôpital  bâti 
près  du  Monastère,  leur  disait  la  messe,  les  exhor- 
tait à  la  patience  et  poussait  son  affection  pour 
eux  jusqu'à  les  embrasser.  Mais,  dit  Chorier  «  Le 
Père  Général  Dom  Carasse  qui  eut  sujet  d'en  ap- 
préhender les  suittes,  luy  deffendit  de  les  aborder, 
à  l'avenir,  de  si  prez,  et  lui  recommanda  d'accorder 
la  retenue  avec  le  zèle.  » 

Dom  Jérôme  fut  nommé  successivement  secré- 
taire du  Général,  Vicaire  et  enfin  Maître  des  No- 
vices. En  i585,  on  l'envoya  à  Lyon  pour  y  traiter 
de  la  fondation  d'une  nouvelle  Chartreuse,  dont  il 
fut  le  premier  Prieur.  Il  occupait  encore  ce  poste, 
lorsqu'on  l'appela  à  remplacer  Dom  Jérôme  Li- 
gnano.  C'était  pendant  le  Chapitre  de  1 588.  Aussi- 
tôt que  Dom  Marchand  connut  le  résultat  du  vote, 
il  se  cacha  et  ne  lit  part  qu'à  un  seul  Religieux  du 
lieu  de  sa  retraite.  Malgré  les  recherches,  on  ne  put 
le  découvrir  ;  mais  ayant  appris  que  le  Chapitre 
Général  menaçait  d'excommunication  quiconque 
saurait  l'endroit  où  il  se  tenait  caché  et  ne  viendrait 


—  qN   — 

l'émulation  des  Religieux  de  la  Grande  Chartreuse 
que  le  Père  Vicaire  se  trouva  dans  l'obligation  de 
faire  une  visite  dans  toutes  les  cellules,  afin  d'en- 
lever certains  instruments  avec  lesquels  quelques 
Solitaires  se  donnaient  la  discipline  trop  rigoureu- 
sement et  au  détriment  de  leur  santé. 

La  charité  de  Dom  Jérôme  Marchand  répon- 
dait à  sa  piété  ;  il  aimait  les  pauvres,  les  accueillait 
avec  bonté,  les  secourait  avec  générosité  et  savait 
trouver  une  parole  de  consolation  pour  chacun 
d'eux  ;  de  telle  façon  qu'il  en  était  journellement 
assailli  et  qu'on  en  voyait  toujours  à  la  porte  de  sa 
cellule.  Dom  Le  Vasseur,  dans  ses  Ephemerides, 
nous  rapporte  que  «  Souvent  il  appelait  quelque 
petit  mendiant,  le  faisait  mettre  à  table  dans  sa 
chambre,  lui  donnait  son  dîner  et  se  contentait  des 
croûtes  de  pain  sales  et  dures  qu'il  trouvait  dans  le 
bissac  de  l'enfant.  Dom  Jérôme  lui  demandait  en- 
suite sa  bénédiction  et  lui  suggérait  en  quels  ter- 
mes il  devait  la  donner  :  Seigneur  mon  Dieu,  di- 
sait le  petit  pauvre,  bénisse;  le  frère  Jérôme  Mar- 
chand qui  est  un  misérable  pécheur.  Le  Révérend 
Père  remettait  ensuite  au  guichet  les  assiettes,  bien 
vides  cette  fois,  et  le  Frère  dépensier  qui  connais- 
sait la  mortification  de  son  Supérieur,  s'étonnait 
et  se  réjouissait  de  voir  qu'il  eût  mangé  de  si  bon 
appétit.  Dom  Jérôme  donnait  tout  ce  qu'il  avait  à 
son  usage,  jusqu'à  ses  vêtements.    » 

Parmi  les  pauvres,  ceux  pour  lesquels  il  avait 
une  prédilection  plus  particulière  étaient  les  lé- 
preux :  «  Leur  difformité  et  l'horreur  de  cette  ma- 


—  99  — 

ladie  estaient  des  charmes  et  des  appas  à  sa  cha- 
rité .  »  On  rapporte  qu'un  jour  il  fit  entrer  un  lé- 
preux dans  sa  cellule,  le  coucha  dans  son  lit  et  le 
soigna  en  secret.  Le  Procureur  du  Couvent,  Dom 
Nicolas  Molin,  ayant  besoin  de  parler  au  Général 
et  ignorant  qu'il  était  absent,  entra  dans  sa  cellule. 
Quelle  ne  fut  pas  sa  surprise  de  trouver  ce  malheu- 
reux dans  le  lit  de  Dom  Marchand.  Le  Procureur 
le  fit  sortir,  mais  le  saint  '  Général  le  rappela  aus- 
sitôt et  le  conserva  jusqu'à  ce  qu'il  fût  guéri. 

Ce  vénérable  Supérieur  ne  voulait  gouverner  que 
par  la  douceur,  et  ses  ordres  paraissaient  plutôt 
être  une  prière  qu'un  commandement  ;  aussi  ses 
Religieux  acceptaient-ils,  avec  reconnaissance,  des 
avis  donnés  avec  tant  de  bonté  et  de  bienveillance. 
Il  possédait  le  don  de  toucher  les  cœurs.  Plus  d'une 
fois,  des  voyageurs  qui  étaient  venus  par  curiosité 
à  la  Grande  Chartreuse  restèrent  au  milieu  des  So- 
litaires, captivés  par  les  discours  et  les  exemples  de 
Dom  Marchand. 

Dieu  éprouva,  par  de  grandes  peines,  la  patjence 
de  son  serviteur.  Vers  la  fin  de  1 588,  la  grange  de 
Chartreusette,  la  tannerie  et  la  Correrie  devinrent 
la  proie  des  flammes.  A  cette  nouvelle,  Dom  Jérô- 
me ne  se  laissa  pas  abattre,  mais  adorant  les  secrets 
desseins  de  Dieu,  il  se  mit  à  genoux,  avec  ceux 
qui  se  trouvaient  près  de  lui  et  récita  le  Te  Deuin 
laudamus,  afin  de  louer  Dieu  aussi  bien  dans  l'ad- 
versité que   dans  la  prospérité. 

Vers  cette  époque,  la  Grande  Chartreuse  eut  beau- 
coup à    souffrir  des  exactions  des   gens   de   guerre 


—  98  — 

l'émulation  des  Religieux  de  la  Grande  Chartreuse 
que  le  Père  Vicaire  se  trouva  dans  l'obligation  de 
faire  une  visite  dans  toutes  les  cellules,  afin  d'en- 
lever certains  instruments  avec  lesquels  quelques 
Solitaires  se  donnaient  la  discipline  trop  rigoureu- 
sement et  au  détriment  de  leur  santé. 

La  charité  de  Dom  Jérôme  Marchand  répon- 
dait à  sa  piété;  il  aimait  les  pauvres,  les  accueillait 
avec  bonté,  les  secourait  avec  générosité  et  savait 
trouver  une  parole  de  consolation  pour  chacun 
d'eux  ;  de  telle  façon  qu'il  en  était  journellement 
assailli  et  qu'on  en  voyait  toujours  à  la  porte  de  sa 
cellule.  Dom  Le  Vasseur ,  dans  ses  Ephemertdes, 
nous  rapporte  que  «  Souvent  il  appelait  quelque 
petit  mendiant,  le  faisait  mettre  à  table  dans  sa 
chambre,  lui  donnait  son  dîner  et  se  contentait  des 
croûtes  de  pain  sales  et  dures  qu'il  trouvait  dans  le 
bissac  de  l'enfant.  Dom  Jérôme  lui  demandait  en- 
suite sa  bénédiction  et  lui  suggérait  en  quels  ter- 
mes il  devait  la  donner  :  Seigneur  mou  Dieu,  di- 
sait le  petit  pauvre,  bénisse-  le  frère  Jérôme  Mar- 
chand qui  est  un  misérable  pécheur.  Le  Révérend 
Père  remettait  ensuite  au  guichet  les  assiettes,  bien 
vides  cette  fois,  et  le  Frère  dépensier  qui  connais- 
sait la  mortification  de  son  Supérieur,  s'étonnait 
et  se  réjouissait  de  voir  qu'il  eût  mangé  de  si  bon 
appétit.  Dom  Jérôme  donnait  tout  ce  qu'il  avait  à 
son  usage,  jusqu'à  ses  vêtements.    » 

Parmi  les  pauvres,  ceux  pour  lesquels  il  avait 
une  prédilection  plus  particulière  étaient  les  lé- 
preux :  «  Leur  difformité  et  l'horreur  de  cette  ma- 


—  99  — 

ladie  estaient  des  charmes  et  des  appas  à  sa  cha- 
rité .  »  On  rapporte  qu'un  jour  il  fit  entrer  un  lé- 
preux dans  sa  cellule,  le  coucha  dans  son  lit  et  le 
soigna  en  secret.  Le  Procureur  du  Couvent,  Dom 
Nicolas  Molin,  ayant  besoin  de  parler  au  Général 
et  ignorant  qu'il  était  absent,  entra  dans  sa  cellule. 
Quelle  ne  fut  pas  sa  surprise  de  trouver  ce  malheu- 
reux dans  le  lit  de  Dom  Marchand.  Le  Procureur 
le  fit  sortir,  mais  le  saint  '  Général  le  rappela  aus- 
sitôt et  le  conserva  jusqu'à  ce  qu'il  fût  guéri. 

Ce  vénérable  Supérieur  ne  voulait  gouverner  que 
par  la  douceur,  et  ses  ordres  paraissaient  plutôt 
être  une  prière  qu'un  commandement  ;  aussi  ses 
Religieux  acceptaient-ils,  avec  reconnaissance,  des 
avis  donnés  avec  tant  de  bonté  et  de  bienveillance. 
Il  possédairle  don  de  toucher  les  cœurs.  Plus  d'une 
fois,  des  voyageurs  qui  étaient  venus  par  curiosité 
à  la  Grande  Chartreuse  restèrent  au  milieu  des  So- 
litaires, captivés  par  les  discours  et  les  exemples  de 
Dom  Marchand. 

Dieu  éprouva,  par  de  grandes  peines,  la  patience 
de  son  serviteur.  Vers  la  fin  de  1 588,  la  grange  de 
Chartreusette,  la  tannerie  et  la  Correrie  devinrent 
la  proie  des  flammes.  A  cette  nouvelle,  Dom  Jérô- 
me ne  se  laissa  pas  abattre,  mais  adorant  les  secrets 
desseins  de  Dieu,  il  se  mit  à  genoux,  avec  ceux 
qui  se  trouvaient  près  de  lui  et  récita  le  Te  Deum 
laiidamus,  afin  de  louer  Dieu  aussi  bien  dans  l'ad- 
versité que   dans  la  prospérité. 

Vers  cette  époque,  la  Grande  Chartreuse  eut  beau- 
coup à   souffrir  des  exactions  des  gens   de   guerre 


100 


qui  occupaient  tous  les  défilés  des  montagnes.  Les- 
diguières  s'était  emparé,  pour  le  Roi  de  France,  des 
châteaux  des  Échelles  et  de  Mirebel,  mais  il  ne  put 
les  conserver;  l'année  suivante.  1592,  le  duc  de 
Savoie  les  reprit  aux  Français  et  les  hostilités  conti- 
nuèrent.N'étant  plus  en  sûreté  dans  le  Désert,  Dom 
Marchand  dut  se  retirer  à  la  Chartreuse  d'Aillon, 
en  Savoie.  Il  y  passa  une  partie  de  l'été  de  i5o,2, 
et  ne  revint  à  la  Grande  Chartreuse  qu'au  mois  d'oc- 
tobre ;  il  ne  put  jouir  longtemps  de  la  paix  et  de  la 
tranquillité  qu'il  espérait  y  trouver.  Un  grand  mal- 
heur vint  bientôt  éprouver  de  nouveau  la  constance 
du  serviteur  de  Dieu.  Le  jeudi,  3i  octobre  1092, 
veille  de  la  Toussaint,  le  Monastère  fut  presque  en- 
tièrement détruit  par  un  nouvel  incendie. 

L'auteur  anonyme  de  La  Grande  Chartreuse 
cite,  d'après  les  Ephemerides  de  Dom  Le  Vasseur, 
certains  détails  sur  la  conduite  tenue  dans  cette 
circonstance  douloureuse  par  Dom  Marchand.  Lors- 
qu'on vint  avertir  le  Révérend  Père  que  le  feu  ve- 
nait de  se  déclarer  dans  le  Monastère  et  menaçait 
de  prendre  des  proportions  effrayantes,  Dom  Jé- 
rôme «  se  reniit,  non  point  sur  le  lieu  du  sinistre, 
mais  droit  à  l'église  \  ayant  ouvert  le  tabernacle, 
il  prit  le  saint  Ciboire  entre  ses  mains  et  resta  age- 
nouillé au  pied  de  l'autel,  dans  le  plus  profond  re- 
cueillement. Les  Religieux ,  après  avoir  travaillé 
quelque  temps  à  maîtriser,  mais  en  vain,  la  violence 
de  l'incendie,  venaient,  l'un  après  l'autre,  s'age- 
nouiller autour  de  leur  Supérieur  et  prier  avec  lui. 
Les  flammes  approchaient  toujours  :  déjà  ia  toiture 


10 


de  L'église  était  en  feu  ,  bientôt  les  cordes  qui 
soutenaient  les  lampes  du  sanctuaire  et  du  chœur 
furent  brûlées  et  les  lampes  tombèrent  avec  bruit 
sur  le  pave  ;  le  Révérend  Père  comprit  à  ce  signe 
qu'il  était  temps  de  partir  :  accompagné  de  tous 
ses  Religieux  il  se  rendit  en  procession  à  Notre- 
Dame-de-Casalibus  pour  y  déposer  la  Sainte-Eu- 
charistie. Lorsqu'il  arriva  au  pré  du  Cernay,  sur 
cette  éminence  qui  domine  tout  le  Monastère,  Dom 
Jérôme  se  tourna  vers  la  Chartreuse  en  flammes, 
la  bénit  avec  le  Très-Saint-Sacrement  et  pronon- 
ça ces  simples  mais  touchantes  paroles  :  Sit  no- 
men  Domini  benedictum  in  sœcula.  Il  passa  toute 
la  nuit  en  prière  dans  la  chapelle  de  Casalibus, 
et  répétait  à  chaque  instant  :  Dieu  a  tout  bien 
fait,  Dieu  a  tout  bien  fait,  que  son  saint  Nom  soit 
béni  ! 

«  Les  Religieux  se  logèrent  comme  ils  purent 
à  la  Correrie  et  à  Currière,  mais  le  Père  Général, 
Dom  Procureur  et  Dom  Sacristain,  s'établirent 
au  milieu  des  ruines  :  Dom  Procureur  pour  être 
plus  à  même  de  travailler  efficacement  à  réparer 
les  désastres,  le  Révérend  Père  Général  et  Dom 
Sacristain  pour  représenter  la  Communauté  ;  ils 
disaient  ensemble,  aux  heures  ordinaires,  tous  les 
Offices  de  jour  et  de  nuit,  avec  les  leçons  ex 
integro  ;  ils  priaient  au  nom  de  toute  la  Maison  et 
ne  voulaient  point ,  malgré  l'absence  forcée  des 
Religieux,  que  les  louanges  du  Seigneur  fussent 
interrompues  dans  l'église  de  la  Grande  Char- 
treuse.   » 


—   104  — 

lèrcnt  de  ses  yeux,  pendant  toute  la  cérémonie.  Ce 
fut  la  dernière  fois  qu'il  officia  :  depuis,  ses  souf- 
frances l'obligèrent  à  garder  la  cellule. 

Les  douleurs  que  Dom  Marchand  supportait  avec 
tant  de  courage  et  d'énergie,  ne  laissaient  pas  pres- 
sentir à  ses  Religieux  que  le  moment  de  la  sépa- 
ration approchait:  mais  lui,  éclairé  sans  doute  par 
une  grâce  divine,  voulut  se  préparer  à  paraître  de- 
vant son  Dieu.  Il  demanda  le  saint  Viatique  et 
quoique  perclus  de  goutte  il  se  leva  et  reçut  à  ge- 
noux la  Sainte-Eucharistie.  «A  la  fin — dit  Chorier 
dans  son  Estât  politique  du  Dauphin:  —  il  désira, 
comme  l'Apôtre,  de  mourir  et  d'être  avec  Jésus- 
Christ.  Ce  violent  désir  abattit  ses  forces.  Il  avait 
dit  à  ses  amis,  après  le  Chapitre  Général  de  i5qj, 
qu'ils  ne  le  verraient  plus,  ni  lui,  d'autres  Cha- 
pitres   Le  samedi,  dix-septième  jour  du  mois 

de  septembre,  il  se  mit  au  lit  et  ne  s'en  releva  plus. 
Néanmoins,  ni  les  Religieux  ni  les  médecins  ne 
voyaient  point  en  lui  de  signe  de  maladie.  On  ju- 
geait bien  qu'il  n'était  pas  malade,  à  moins  que  la 
haine  de  la  vie  ne  fût  sa  maladie,  et  elle  l'était.  Dieu 
l'écouta.  Il  entra  en  agonie  sans  que  l'on  reconnût 
qu'il  fut  malade  et  y  demeura  quarante  heures.  » 

Le  Révérend  Père  Dom  Jérôme  Marchand  s'en- 
dormit dans  le  Seigneur,  le  26  septembre  i5o,4,  à 
trois  heures  de  l'après-midi,  laissant,  au  milieu  de 
ses  frères,  le  souvenir  impérissable  de  ses  exemples 
et  de  ses  vertus.  On  a  conservé  quelques  traités  sor- 
tis de  sa  plume,  entre  autres  un  ouvrage  resté  ma- 
nuscrit qui  a  pour  titre  :  Exhortation  à  la  pratique 


des  vertus.  Ce  traité  montre  de  la  part  de  l'auteur 
une  connaissance  approfondie  de  la  Sainte-Ecri- 
ture '. 

XLVI. 
R.  P.  DOM  JEAN  VIL 


ID94  —    U)00. 

EAN  Michel  de  Vesly  était  originaire  de 
Coutances.  Dégoûte  du  monde,  il  vint  s'en- 
sevelir dans  la  solitude  de  la  Chartreuse  de  Paris, 
où  il  fit  Profession.  «  Il  estoit  d'une  très  petite  taille 
et  d'une  très  haute  vertu  »,  dit  une  chronique  con- 
temporaine. Ses  talents  et  ses  vertus  le  désignèrent 
aux  suffrages  des  Chartreux  de  Paris  qui  l'élurent 
Prieur  de  leur  Maison.  Il  gouvernait  depuis  long- 
temps ce  Monastère,  avec  une  rare  prudence,  lors- 
que la  Grande  Chartreuse  l'appela  à  prendre  la  suc- 
cession de  Dom  Jérôme  Marchand,  en  1 594. 

Le  nouveau  Général  continua  la  restauration  du 
Monastère  commencée  par  son  prédécesseur,  et  ré- 
para, non  sans  peine,  les  dégâts  occasionnés  par 
l'incendie  de  1592.  Les  temps  étaient  difficiles  ;  la 


1  Dom  Le  Vasscur,  Ephemerides  Cartusiance,  26  septembre. 

—  Archives  de  la  Grande  Chartreuse,  Pièces  diverses  n.  52. 

—  Histoire  des  Antiquités de t 'État  Monastique,  par  le  P.  Délie. 

—  Morozzo,o/?.  cit.  p.  3i.  —  Carte  des  Généraux,  de  1649. — 
Moreri.  Dict.  histor.  art.  Marchant.  —  De  Tracy,  op.  cit. 
p.  276  et  sq.  —  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux, 
p.  121  etsq. —  Chorier,  Estât  politique  du  Dauphiné,  t.  II. 
pp.  279.  281 . 


—   104  — 

lèrent  de  ses  veux,  pendant  toute  la  cérémonie.  Ce 
fut  la  dernière  fois  qu'il  officia  :  depuis,  ses  souf- 
frances l'obligèrent  à  garder  la  cellule. 

Les  douleurs  que  Dom  Marchand  supportait  avec 
tant  de  courage  et  d'énergie,  ne  laissaient  pas  pres- 
sentir à  ses  Religieux  que  le  moment  de  la  sépa- 
ration approchait:  mais  lui,  éclairé  sans  doute  par 
une  grâce  divine,  voulut  se  préparer  à  paraître  de- 
vant son  Dieu.  Il  demanda  le  saint  Viatique  et 
quoique  perclus  de  goutte  il  se  leva  et  reçut  à  ge- 
noux la  Sainte-Eucharistie.  «A  la  fin — dit  Chorier 
dans  son  Estât  politique  du  Dauphiné  —  il  désira, 
comme  l'Apôtre,  de  mourir  et  d'être  avec  Jésus- 
Christ.  Ce  violent  désir  abattit  ses  forces.  Il  avait 
dit  à  ses  amis,  après  le  Chapitre  Général  de  1594, 
qu'ils  ne  le  verraient  plus,  ni  lui,  d'autres  Cha- 
pitres    Le  samedi,  dix-septième  jour  du  mois 

de  septembre,  il  se  mit  au  lit  et  ne  s'en  releva  plus. 
Néanmoins,  ni  les  Religieux  ni  les  médecins  ne 
voyaient  point  en  lui  de  signe  de  maladie.  On  ju- 
geait bien  qu'il  n'était  pas  malade,  à  moins  que  la 
haine  de  la  vie  ne  fût  sa  maladie,  et  elle  l'était.  Dieu 
l'écouta.  Il  entra  en  agonie  sans  que  l'on  reconnût 
qu'il  fût  malade  et  y  demeura  quarante  heures.  » 

Le  Révérend  Père  Dom  Jérôme  Marchand  s'en- 
dormit dans  le  Seigneur,  le  26  septembre  i5q4,  à 
trois  heures  de  l'après-midi,  laissant,  au  milieu  de 
ses  frères,  le  souvenir  impérissable  de  ses  exemples 
et  de  ses  vertus.  On  a  conservé  quelques  traités  sor- 
tis de  sa  plume,  entre  autres  un  ouvrage  resté  ma- 
nuscrit qui  a  pour  titre:  Exhortation  à  la  pratique 


i  or» 


des  vertus.  Ce  traité  montre  de  la  part  de  l'auteur 
une  connaissance  approfondie  de  la  Sainte-Écri- 
ture '. 

XLVI. 
R.  P.  DOM  JEAN  VII. 

094  —   IÙOO. 


EAN  Michel  de  Vesly  était  originaire  de 
Coutances.  Dégoûté  du  monde,  il  vint  s'en- 
sevelir dans  la  solitude  de  la  Chartreuse  de  Paris, 
où  il  fit  Profession.  «Ilestoit  d'une  très  petite  taille 
et  d'une  très  haute  vertu  »,  dit  une  chronique  con- 
temporaine. Ses  talents  et  ses  vertus  le  désignèrent 
aux  suffrages  des  Chartreux  de  Paris  qui  l'élurent 
Prieur  de  leur  Maison.  Il  gouvernait  depuis  long- 
temps ce  Monastère,  avec  une  rare  prudence,  lors- 
que la  Grande  Chartreuse  l'appela  à  prendre  la  suc- 
cession de  Dom  Jérôme  Marchand,  en  1594. 

Le  nouveau  Général  continua  la  restauration  du 
Monastère  commencée  par  son  prédécesseur,  et  ré- 
para, non  sans  peine,  les  dégâts  occasionnés  par 
l'incendie  de  1592.  Les  temps  étaient  difficiles  ;  la 


1  Dom  Le  Vasseur,  Ephemerides  Cartusianœ,  26  septembre. 

—  Archives  de  la  Grande  Chartreuse,  Pièces  diverses  n.  52. 

—  Histoire  des  Antiquitésde l'État  Monastique,  par  le  P. Délie. 

—  Morozzo,ojp.  cit.  p.  3i.  —  Carte  des  Généraux,  de  1649. — 
Moreri.  Dict.  histor.  art.  Marchant.  —  De  Tracy,  op.  cit. 
p.  276  et  sq.  —  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux, 
p.  12!  etsq. —  Chorier,  Estât  politique  du  Dauphine\  t.  II. 
pp.  279.  281. 


IO» 


plupart  des  Chartreuses  de  France,  d'Allemagne,  de 
Belgique,  de  Hollande  avaient  eu  beaucoup  à  souf- 
frir pendant  les  guerres  de  religion.  Réformés,  Lu- 
thériens, Huguenots  avaient  rançonné,  saccagé,  brûlé 
un  grand  nombre  de  Chartreuses  de  ces  différentes 
contrées;  quelques-unes  même  avaient  été  détruites 
ou  supprimées.  Dans  ces  conditions,  les  offrandes 
envoyées  à  la  Maison-Mère  avaient  été  peu  impor- 
tantes et  les  travaux  n'avaient  pu  avancer  qu"avec 
un  grande  lenteur. 

Dom  Jean  Michel  fit  un  nouvel  appel  à  la  charité 
de  toutes  les  Maisons  de  l'Ordre.  Une  Ordonnance 
du  Chapitre  Général  de  i5(p  s'exprime  en  ces  ter- 
mes: «  Emus  de  compassion  à  la  vue  des  ruines  de 
la  Grande  Chartreuse  notre  mère,  nous  supplions 
tous  les  Pères  Visiteurs  et  Prieurs  d'envoyer  des 
secours  sans  tarder  plus  longtemps.  »  Cet  appel  ne 
produisit  pas  l'effet  qu'on  pouvait  en  attendre,  c'est 
pourquoi  l'année  suivante,  le  Chapitre  Général, 
avec  l'autorisation  du  Souverain  Pontife,  taxa  lui- 
même  chaque  Province,  tout  en  faisant  la  part  des 
revenus  et  des  nécessités  des  différentes  Maisons. 
Les  plus  imposées,  celles  de  Catalogne  et  de  Cas- 
tille,  donnèrent  quatre  cent  quarante  écus,  tandis 
que  les  Monastères  de  Belgique  et  de  Hollande, rui- 
nés par  les  guerres,  ne  furent  taxés  qu'à  quarante 
écus.  La  somme  totale  montait  à  deux  mille  écus 
par  an,  et  cette  taxe  fut  payée  jusqu'en  1604. 

Sous  le  gouvernement  de  Dom  Michel  de  Yesly, 
la  Maison  de  Chalais  ayant  été  réunie  à  la  Grande 
Chartreuse,  le  Révérend  Père  se  trouva  dans  l'obli- 


—   [07  — 

gation  d'augmenter  le  nombre  des  cellules  du 
second  cloître.  Cette  augmentation  était  devenue 
d'autant  plus  nécessaire  que  les  fondateurs  des  nou- 
velles Maisons  demandaient  souvent,  avec  instan- 
ce, d'y  envoyer  des  profès  du  Monastère  de  Char- 
treuse. Toutes  ces  constructions  n'empêchèrent  pas 
le  vénérable  Général  de  s'occuper  des  intérêts  spi- 
rituels des  Religieux  confiés  à  sa  garde;  il  sut  les 
diriger  sagement  dans  la  voie  de  la  perfection , 
tout  en  leur  donnant  lui-même  l'exemple  de  la  plus 
vive  piété.  Toujours  recueilli  en  Dieu,  malgré  les 
nombreuses  affaires  qu'il  était  obligé  de  régler  et 
qui  semblaient  devoir  le  distraire  de  ses  saintes 
pensées,  il  n'omit  jamais  l'oraison  ,  heureux  d'ou- 
blier la  terre  pour  se  donner  tout  entier  au  doux 
et  intime  commerce  qu'il  avait  avec  le  ciel.  Un  de 
ses  biographes  a  fait,  en  quelques  mots,  le  plus  bel 
éloge  de  ce  Général  :  «  Il  était  le  plus  pieux  parmi 
les  plus  savants  docteurs.   » 

Ce  saint  Prieur  a  laissé  quelques  ouvrages,  de 
spiritualité  très  remarquables;  le  plus  connu  a  pour 
titre  :  Exercitia  spiritualia  triplicis  viœpurgativœ, 
illuminativœ  et  unitivee.  Ce  traité  imprimé  d'abord 
à  Lyon,  en  1598,  fut  traduit  e.i  français  et  édité 
par  Dom  Jacques  Morice,  Chartreux  de  la  Maison 
de  Paris.  Deux  autres  ouvrages  du  même  auteur  : 
VEnchiridion  aliud  quotidianorum  exercitiorum 
spiritualium,  et  le  Decachordum psalterium,  furent 
aussi  imprimés  à  Lyon,  en  1699. 

Le  Révérend  Père  Dom  Jean  Michel  de  Vesly 
remit   son   àme  entre  les   mains   du    Seigneur,  en 


—   io8  — 

l'année    iôoo,  après   avoir  gouverne  l'Ordre,  pen- 
dant près  de  six  ans1. 

XLVII. 

R.   P.  DOM  BRUNO  II. 

1 600  —  1 63 1 . 


RUNO  d'Affringues  naquit  à  Saint-Omer, 
en  l'année  i55o,  d'une  noble  et  pieuse  fa- 
mille. Après  avoir  terminé  ses  études  avec  succès, 
il  se  fit  recevoir  docteur  en  droit,  étudia  la  théolo- 
gie et  embrassa  la  carrière  ecclésiastique.  Il  obtint 
bientôt  un  canonicat  dans  l'Église  de  Carpentras  et 
y  prononça  le  panégvrique  du  Pape  Grégoire  XIII. 
Un  brillant  avenir  se  présentait  devant  lui  ;  l'Évè- 
que  de  Carpentras  l'avait  nommé  son  Vicaire  Gé- 
néral, et  il  avait  droit,  à  cause  de  ses  talents,  d'as- 
pirer aux  honneurs,  lorsque,  pour  répondre  à  l'appel 
de  Dieu,  il  abandonna  toutes  ses  dignités  et  vint 
chercher  le  repos  et  le  bonheur  dans  l'alTreux  désert 
de  Chartreuse.  Son  Evèque,  Jacques  Sacrati,  qui 
avait  la  plus  grande  estime  pour  lui,  le  présenta  lui- 
même  au  Révérend  Père  Dom  Jérôme  Marchand. 
Dans  une  conversation  particulière  avec  ce  pieux 
Général,  l'Évèque  de  Carpentras  lui  dit  :  t<  Mon 
Père,  le  Postulant  que  je  vous  amène  sera  un  jour 
votre  successeur.  »  Cette  prédiction  ne  tarda  pas 
à  se  réaliser. 


1  Dom  Pétréius,  Annot.  cit.  —  Morozzo,  Tlieatrum  cit- 
p.  3i. —  Carte  des  Généraux,  de  1649. —  De  Tracy,  op.  cit. 
p.  281.  —  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  [29. 


—     IOQ    — 

En  1091,  Dom  Bruno  d'Atîringues  fit  Profession; 
dans  cette  circonstance  solennelle,  il  changea  son 
nom  de  Charles  pour  prendre  celui  de  Bruno,  en 
souvenir  de  l'illustre  fondateur  de  la  famille  mo- 
nastique dans  laquelle  il  venait  d'entrer.  Deux  ans 
plus  tard,  nous  le  voyons  assister  au  Chapitre  Gé- 
néral comme  Scribe  du  Révérend  Père.  En  1594, 
il  fut  nommé  Prieur  de  la  Chartreuse  d'Avignon. 
Sous  sa  sage  direction,  la  discipline  refleurit  dans 
ce  grand  Monastère,  et  les  Religieux  étaient  heu- 
reux de  posséder  un  supérieur  aussi  éminent  par  sa 
sainteté  et  sa  science,  mais  il;  n'eurent  pas  la  con- 
solation de  le  conserver  longtemps. 

Les  quelques  années  passées  par  Dom  Bruno  à 
la  Grande  Chartreuse  avaient  permis  aux  Religieux 
de  ce  Monastère  d'apprécier  son  mérite  ;  à  la  mort 
de  Jean  Michel  de  Vesly,  ils  l'élurent  Général,  le 
4  février  1600.  Entièrement  dévoué  aux  intérêts 
des  Maisons  de  l'Ordre,  le  nouveau  Général  s'oc- 
cupa de  tout,  se  rendit  compte  de  tout  et  entra 
dans  les  plus  petits  détails.  Accessible  à  tous,  in- 
dulgent et  ferme  à  la  fois,  il  sut  faire  aimer  et 
respecter  son  autorité.  «  Quoy  qu'il  fust  fort  rigi- 
de à  soy-mesme,  —  dit  un  auteur  contemporain, — 
c'estoit  merveille  combien  il  estoit  indulgent  à  ses 
sujets  :  il  avoit  pour  soy  un  cœur  de  juge,  et  de 
mère  pour  eux,  les  traittant  comme  ses  enfans  tres- 
chers  et  ses  frères  tres-aimez,  avec  une  mansué- 
tude vraiment  colombine  qui  paraissoit  en  toutes 
ses  actions  et  reluisoit  particulièrement  en  ses 
veux  et  son  visage.    » 


—     1  I  0 


En  toutes  choses,  Dom  Bruno  d'Affringues  don- 
nait l'exemple  à  ses  frères  et  s'astreignait  aux 
moindres  observances  imposées  par  les  Statuts, 
mais  il  n'autorisait  aucun  de  ses  Religieux  à  aller 
au  delà  de  la  Règle,  et  les  arrêtait  dans  leur  ferveur 
immodérée  ou  indiscrète.  L'auteur,  que  nous  venons 
de  citer,  nous  apprend  que  ce  Général  «  n'eust 
pas  voulu  faire  la  moindre  austérité,  plus  que  celles 
qui  estoient  portées  par  les  Constitutions  de  l'Or- 
dre   scachant  quel  préjudice  son  exemple  ap- 
porterait à  ses  inférieurs,  s'il  ne  se  tenoit  en  ceste 
juste  assiette,  se  rendant  tout  à  tous  pour  les  gai- 
gner  et  les  conserver  à  Jésus-Christ.  En  quoy  il 
observoit  et  selon  la  lettre  et  plus  encor  selon  l'es- 
prit, ceste  belle  leçon  que  le  prince  des  Apostres 
fait  aux  Pasteurs  :  «  Paissez  le  troupeau  qui  vous 
est  commis,  non  par  contrainte,  mais  franchement 
et  selon  Dieu,  non  pour  votre  advantage,  non 
comme  seigneuriant,  mais  comme  estant  de  bon 
cœur  le  modèle  de  vos  ouailles.   » 

Les  nouvelles  et  nombreuses  occupations  de  sa 
charge  n'empêchaient  pas  Dom  Bruno  de  trouver 
du  temps  pour  l'étude  ;  aux  heures  de  liberté,  il 
aimait  à  s'occuper  de  littérature  et  de  science  :  car 
il  joignait  aux  vertus  du  vrai  Religieux,  la  plus 
vaste  érudition.  «  Il  estoit  scavant,  nous  dit  Moré- 
ri,  dans  la  jurisprudence  civile  et  canonique,  dans 
les  belles-lettres,  dans  l'histoire  ecclésiastique  et 
dans  les  langues.  »  La  bibliothèque  de  Grenoble 
a  conservé,  en  quatre  volumes  in-quarto  manus- 
crits,   les  «   Lettres  et  discours  latins  et  français 


—    III   — 

de  Dom  Bruno  d'Affringues,  »   de    i5gg  à   [626. 

Ce  savant  Religieux  était  grand  admirateur  des 
chefs-d'œuvre  de  l'antiquité,  et  ses  ouvrages  sont 
comme  un  répertoire  de  textes  grecs  et  latins  fort 
ingénieusement    adaptés   à  toute   espèce  de  sujets. 

Dom  Bruno  encourageait  aussi  ses  Moines  à  cul- 
tiver la  littérature  et  les  sciences.  Le  recueil  de 
ses  lettres  nous  en  donne  la  preuve.  Il  félicite  Dom 
Pierre  Daens,  Vicaire  de  la  Chartreuse  de  Saint- 
Hugon,  des  hvmnes  qu'il  a  composées  en  l'honneur 
de  saint  Bruno.  Lui-même  avait  demandé  ce  tra- 
vail, et  il  n'admire  pas  moins  la  beauté  des  vers 
que  la  promptitude  de  l'obéissance  religieuse  de 
l'auteur.  Une  autre  fois,  il  engage  Dom  Jean  Baillv, 
Prieur  du  même  Monastère,  à  étudier  Aristote,  en 
même  temps  que  saint  Jérôme,  et  résout  avec  une 
autorité  incontestable  cinq  doutes  suggérés  par  la 
lecture  de  ces  deux  auteurs  et  les  idées  émises  par 
Carbon  en  son  Trait:  de  l'Avarice.  Un  simple 
Moine,  Dom  Joachim  de  la  Croix,  a  rencontré  dans 
ses  courses  alpestres  un  insecte  qui  attire  son  at- 
tention et  lui  fournit  matière  à  des  réflexions  phi- 
losophiques; il  en  fait  part  à  son  Général  qui  lui 
répond  par  une  longue  dissertation  sur  le  sujet. 
Dans  une  autre  lettre  où  il  est  question  d'astronomie, 
Dom  Bruno  montre  qu'il  connaît  le  système  et  les 
inventions  de  Galilée.  Rien  ne  lui  est  étranger,  il 
est  au  courant  des  découvertes  de  tout  genre  qui 
furent  si  nombreuses  au  commencement  du  XVIIe 
siècle. 

Les  discours  et  les  lettres  de  Dom  d'Aifringues 


1  [2 


sont  écrits  indifféremment  en  latin  ou  en  français, 
mais  toujours  d'un  style  pur  et  élégant.  Ces  lettres 
sont  évidemment  écrites  au  courant  de  la  plume, 
pour  répondre  aux  questions  qui  ont  été  faites,  aux 
observations  qui  ont  été  émises,  aux  objections  qui 
ont  été  posées,  et  le  style  n'en  a  que  plus  de  char- 
mes. Un  des  admirateurs  de  Dom  Bruno  constate 
que  ce  Général  «  manie  également  bien  le  latin  et 
le  français.  Sous  sa  plume,  nous  dit-il,  la  langue  ro- 
maine a  l'ampleur,  l'excellent  choix  des  mots  et  la 
période  cadencée  du  siècle  d'Auguste;  le  français 
rappelle  par  sa  grâce  naïve  les  lettres  où  saint  Fran- 
çois de  Sales  épanchait  son  cœur,  en  prodiguant 
les  trésors  de  sa  science.» 

En  ibi5,  le  Révérend  Père  Bruno  avait  formé 
le  projet  de  faire  travailler  à  une  histoire  générale 
de  l'Ordre,  mais  les  difficultés  de  cette  vaste  entre- 
prise l'obligèrent,  sans  doute,  à  remettre  à  plus 
tard  la  réalisation  de  ce  projet  qui  ne  fut  repris 
que,  vers  1680,  par  Dom  Innocent  Le  Masson. 

Son  éminente  vertu  et  sa  grande  science  mirent 
Dom  Bruno  d'AtTringues  en  rapport  avec  les  prin- 
cipaux et  les  plus  puissants  personnages  de  son 
temps.  Les  Papes  Grégoire  XV  et  Urbain  VIII  lui 
donnèrent  souvent  des  marques  de  leur  estime;  le 
connétable  de  Lesdiguières  avait  pour  lui  la  plus 
grande  considération.  Le  Roi  de  France,  Henri  IV, 
se  trouvant  à  Grenoble,  voulut  aussi  connaître  ce 
saint  et  savant  Religieux;  il  vint  visiter  la  Grande 
Chartreuse  et  fut  extrêmement  édifié  de  l'érudition, 
de    la  sagesse  et  de  l'humilité  du  Vénérable  Soli- 


i  i:> 


taire.  L'illustre  Bellarmin  a  fait,  en  quelques  mots, 
un  magnifique  éloge  de  Dom  Bruno  d'Affringues. 
«  Il  est  reçu  maintenant,  disait-il,  que  l'on  prend 
le  Souverain  Pontife  parmi  les  Cardinaux  italiens  ; 
si  le  Général  des  Chartreux  était  italien  et  Cardinal, 
c'est  lui  sans  hésiter  qu'il  faudrait  nommer  Pape.   » 

Charles  Emmanuel  Ier,  duc  de  Savoie,  avait  une 
affection  toute  particulière  pour  Dom  d'Affringues, 
mais  ses  amis  les  plus  intimes  furent  le  célèbre  pré- 
sident Favre  et  le  saint  Évêque  de  Genève.  An- 
toine Favre  entretenait  avec  le  Général  des  Char- 
treux un  commerce  assidu  de  lettres  et  lui  deman- 
dait toujours  conseil  sur  les  affaires  importantes 
dont  il  était  chargé.  Lorsqu'il  publia  sa  célèbre  con- 
sultation sur  le  Montferrat,  il  la  lui  fit  porter  par 
deux  de  ses  fils,  dont  l'un,  René  de  la  Valbonne, 
était  président  du  conseil  de  Genevois.  Chacun  était 
désireux  de  connaître  la  pensée  ou  de  recevoir 
l'approbation  de  l'illustre  savant. 

Saint  François  de  Sales  avait  aussi  des  rapports 
fréquents  avec  Dom  Bruno.  Dans  une  de  ses  lettres 
datée  du  i3  décembre  1611,  il  lui  écrivait:  ((Com- 
te ment  cacheroit-on  le  feu?  Je  ne  puis  non  plus 
«  celer  l'extrême  affection  que  j'aye  au  milieu  de 
«  mon  cœur  à  vous  honorer  de  toute  ma  force. 
«  Et  chacun  croid  que  réciproquement  j'aye  le  bon- 
«  heur  d'estre  grandement  aymé  de  vostre  bonté.  » 

L'Evêque  de  Genève  venait  souvent  à  la  Grande 
Chartreuse  retremper  son  courage  épuisé  par  un 
pénible  apostolat.  Jean  Pierre  Camus  rapporte  à  ce 
propos  un  fait  qui  montre  d'une  manière  éclatante 

8 


—   M4  — 

la  naïve  simplicité  et  la  touchante  candeur  du  pieux 
Général.  Laissons  la  parole  à  l'Évêque  de  Belley. 

«  Lorsque  le  Bien-heureux  François  y  alla,  estoit 
lors  Prieur  et  Général  de  tout  l'Ordre,  Dom  Bruno 
d'Affringucs,  personnage  de  profonde  doctrine  et 
d'encor  plus  profonde  humilité  et  simplicité;  et  qui 
n'ayant  rien  de  cette  science  qui  enfle,  avoit  beau- 
coup de  la  charité  qui  édifie.  Je  l'ay  cogneu  et  n'ay 
jamais  reconneu  en  lui  que  douceur,  candeur,  béni- 
gnité, jointes  à  un  scavoir  merveilleusement  exquis 
et  qui  avoit  quelque  chose  d'infus  du  ciel  et  qui 
passoit  la  portée  humaine.  Il  a  gouverné  ce  sainct 
asyle  un  fort  long  temps  avec  tant  de  prudence  co- 
lombine  que  sa  mémoire  y  durera  en  grande  béné- 
diction. » 

«  Il  reçut  nostre  Bien-heureux  avec  un  accueil 
digne  de  sa  piété,  candeur  et  sincérité  dont  vous 
allez  entendre  un  trait  que  François  eslevoit  jusques 
aux  estoiles.  Après  l'avoir  conduit  à  une  des  cham- 
bres des  hostes,  convenables  à  sa  qualité,  et  s'estre 
entretenu  avec  le  sainct  Évesque  de  propos  tous  cé- 
lestes, il  se  rencontra  qu'il  estoit  quelque  feste  de 
l'Ordre  :  ce  qui  obligea  ce  bon  homme  à  prendre 
congé  de  nostre  François,  en  luy  monstrant  qu'il 
luy  eust  bien  volontiers  tenu  compagnie  jusques  à 
lneure  de  son  repas  et  mesme  jusques  à  celle  de 
son  repos;  mais  qu'il  estimoit  que  sa  piété  auroit 
agréable  qu'il  préférast  l'obéissance  au  sacrifice  de 
la  civilité  et  qu'il  se  retirast  en  sa  cellule  à  l'heure 
ordonnée  pour  pourvoir  lanuict  à  leurs  Matines.  » 

«  Le  Bien-heureux  François  approuva  beaucoup 


I  I  .-I 


ceste  exacte  observance;  le  bon  homme  s'excusant 
encor  de  la  feste  d'un  sa.inct  fort  recommandé  en 
son  Ordre.  Le  congé  pris  avec  tous  les  eomplimens 
de  respect  et  d'honneur  qui  se  peuvent  désirer, 
comme  il  se  retiroit  en  cellule,  il  fut  rencontré  par 
un  conventuel  des  officiers  de  la  Maison,  qu'ils  ap- 
pellent Courriers  et  ailleurs  Procureurs,  qui  luy  de- 
manda où  il  alloit  et  où  il  avoit  laissé  Monseigneur  de 
Genève. — Je  Tay,  dit-il,  laissé  en  sa  chambre,  et 
aypris  congé  de  luy,  pour  me  ranger  en  nostre  cel- 
lule et  aller  ceste  nuictàMatinesàcausede  la  feste  de 
demain. — Vrayement,  luy  dit  cet  officier,  Père  Ré- 
vérend, vous  vous  entendez  fort  aux  cérémonies  du 
monde  !  Et  quoy,  ce  n'est  qu'une  feste  de  l'Ordre  ? 
Avons-nous,  tous  les  jours,  en  ce  désert,  des  pré- 
lats de  ceste  taille  ?  Ne  scavez-vous  pas  que  Dieu  se 
plaist  aux  hosties  de  l'hospitalité  et  de  la  bénéfi- 
cence  ?  Vous  aurez  tousjours  assez  de  loisirs  de 
chanter  les  louanges  de  Dieu  ;  Matines  ne  vous  man- 
queront pas  d'autres  fois  :  et  qui  peut  mieux  entre- 
tenir un  tel  prélat  que  vous?  Quelle  vergogne  pour 
la  Maison  que  vous  l'abandonniez  ainsi  seul!» 

«Mon  enfant,  dit  le  Révérend  Père, je  croy  certes 
que  vous  avez  raison  et  que  j'ay  mal  faict.  —  De  ce 
pas  il  retourna  vers  Monsieur  de  Genève,  et  en  le 
rencontrant  dans  sa  chambre,  luy  dit  tout  froide- 
ment :  —  Monseigneur,  j'ay  en  m'en  allant  rencon- 
tré un  de  mes  officiers  qui  m'a  dit  que  j'avois  fait 
une  impertinence  de  vous  avoir  Laissé  seul  et  que 
je  ne  manquera}'  pas  de  recouvrer  Matines  une  au- 
tre fois,  mais  que  nous  n'aurons  pas  tous  les  jours 


—  nf)  — 

un  Monseigneur  de  Genève.  Je  l'ay  cru  et  m'en  suis 
revenu  tout  droit  vous  demander  pardon  et  vous 
prier  d'excuser  ma  sottise;  car  je  vous  assure  que 
ignorans  feci ;  et  que  je  ne  ment  pas.  —  Le  Bien- 
heureux François  fut  esbloLiy  de  ceste  notable  ron- 
deur, candeur,  ingénuité,  simplicité  et  me  dit  qu'il 
en  fut  plus  ravy  que  s'il  luy  eust  veu  faire  un  mi- 
racle. » 

Après  la  mort  de  saint  François  de  Sales,  Dom 
Bruno  écrivit,  rapportent  certains  auteurs,  la  vie  de 
l'illustre  Évêque  de  Genève,  pour  faire  goûter  au 
monde  les  merveilleux  enseignements  qu'il  avait 
recueillis  de  cette  bouche  d'or.  Cet  ouvrage,  s'il  a 
été  terminé,  n'est  pas  venu  jusqu'à  nous. 

Sous  le  gouvernement  de  ce  Général,  le  Couvent 
de  Chartreuse  fut,  en  ibii,  détruit  en  partie  par 
un  nouvel  incendie.  C'était  la  septième  fois,  depuis 
i32o,  que  ce  célèbre  Monastère  devenait  la  proie 
des  flammes.  Mais  semblable  au  phénix  de  la  fable, 
toujours  il  semblait  renaître  de  ses  cendres.  Dieu 
voulait  conserver  à  l'Église  et  à  la  société  ce  foyer 
puissant  de  pénitence,  de  sacrifice  et  de  répa- 
ration. 

Dom  Bruno  d'Affringues,  prétextant  son  grand 
âge,  insistait  auprès  du  Chapitre  Général,  pour 
qu'il  lui  fît  miséricorde  ;  mais  les  membres  du 
Chapitre  refusaient  chaque  année  d'accéder  à  son 
désir.  Le  4  février  i63i,  une  attaque  d'apoplexie 
étant  venue  lui  enlever  l'usage  de  ses  membres,  le 
Chapitre  Général  se  trouva  dans  l'obligation  de  lui 
donner  un    successeur.    Dom    Bruno  d'Affrinsues 


—  ii7  — 

mourut  Tannée  suivante,  le  6  mars  i632,  à  l'âge 
de  quatre-vingt  deux  ans  ;  il  avait  gouverné  l'Ordre 
pendant  trente  et  un  ans. 

La  Carte  du  Chapitre  Général,  en  annonçant  la 
perte  si  grande  que  l'Ordre  venait  d'éprouver,  di- 
sait: «Nous  aurons  sans  cesse  présents  devant  les 
yeux  les  grands  mérites  du  Révérend  Père  Dom 
Bruno  et  tout  le  bien  qu'il  nous  a  fait  :  les  peines, 
les  soucis,  les  labeurs  sans  mesure  et  tout  ce  qu'il 
a  souffert  pendant  plus  de  trente  années.  Nous 
n'oublierons  jamais  la  manière  de  gouverner  de  cet 
homme  admirable,  qui  savait  tellement  allier  la  dou- 
ceur au  zèle  de  l'observance  que  jamais  ses  répri- 
mandes ne  découragèrent,  ni  sa  bonté  n'enhardit  à 
commettre  le  mal;  profondément  instruit,  il  n'est 
point  de  sujet  qu'il  ne  voulût  apprendre  ;  il  avait 
une  si  parfaite  expérience  des  affaires  qu'il  savait 
tout  prévoir  et  vaincre  toutes  difficultés;  la  sagesse 
était  sa  principale  vertu,  ou  la  première  de  toutes 
celles  qu'il  possédait  en  si  grand  nombre.  Il  nous 
est  plus  facile  de  les  indiquer  en  général  que  de  les 
compter  et  estimer  à  leur  vraie  et  juste  valeur1.» 


1  Archives  de  la  Grande  Chartreuse,  Pièces  diverses  n. 
55,  58.  —  Dom  Le  Vasseur,  Ephemerides  Cartusiance,  6 
mars.  mss.  — Lettres  et  discours  mss.de  Dom  Bruno  d'Af- 
fringues,  t.  II.  —  Jean  Pierre  Camus,  Évêque  de  Belley, 
Esprit  de  Saint  François  de  Sales,  part.  III,  sect.  xxxu.  — 
Collot. L'Esprit  de  Saint  François  de  Sales,  III8  p.  ch.  xvn. 
—  Saint  François  de  Sales,  lettre  ci.xin.  —  More'ri,  Dict. 
Histor.  —  Chorier,  Estât  politique  cit.  —  Burnier,  Char- 
treuse de  Saint-Hugon.  —  Gallia  Christiana.  —  Morozzo  , 
ut  supra.  —  De  Tracy,  op.  cit.  p.  282.  La  Grande  Char- 
treuse par  un  Chartreux,  p.  129  et  sq. 


—  118  — 

XLVIII. 

R.   P.  DOM  JUSTE  PERROT. 

1 63 1  —  1643. 


USTE  Perrot,  d'une  noble  famille  origi- 
naire de  Paris,  avait  embrassé  la  carrière 
militaire  ;  mais  bientôt  dégoûté  du  monde  et  fidèle 
à  la  voix  qui  l'appelait  dans  la  solitude,  il  vint  au 
Désert  de  Chartreuse  pour  s'enrôler  parmi  les  dis- 
ciples de  saint  Bruno,  y  fit  Profession,  et  servit 
son  Dieu  avec  autant  de  courage  qu'il  avait  servi 
son  Roi. 

La  science  et  le  mérite  du  jeune  Profès  engagè- 
rent Dom  Bruno  d'Affringues,  qui  aimait  à  s'en- 
tourer d'hommes  de  talent,  à  le  nommer  secrétaire 
de  l'Ordre.  Dans  ce  poste,  Dom  Perrot  montra 
tant  de  sagesse,  de  prudence  et  de  vertus  que  les 
Solitaires  de  la  Grande  Chartreuse  le  jugèrent  digne 
de  remplacer  le  Révérend  Père  Bruno,  dont  la  dé- 
mission venait  d'être  acceptée  par  le  Chapitre  Gé- 
néral de   1 63  1 . 

Dom  Perrot  continua  les  constructions  commen- 
cées par  son  prédécesseur  et  agrandit  encore  le 
Monastère  de  Chartreuse.  Sous  ce  Général,  Louis 
XIII,  Roi  de  France,  fonda,  dans  le  grand  cloître, 
la  chapelle  de  Saint-Louis,  et  consacra  à  cette  fon- 
dation trente  mille  livres  prises  sur  ses  épargnes 
royales,  ne  réclamant  des  Chartreux,  en  souvenir 
de  sa  libéralité,  qu'une  seule  faveur.  Ce  prince  de- 
mandait que  la  messe  accordée,  vers  la  fin  du  XIVe 


—  M9  — 

siècle,  par  le  Révérend  Père  Dom  Guillaume  de 
Raynald  au  Roi  de  France,  Charles  V,  fût  dite 
dans  cette  chapelle.  Ce  fut  aussi  sous  l'administra- 
tion de  Dom  Perrot,  en  1640,  que  l'Évêque  de 
Toulon,  Jacques  Danès  de  Marly,  fit  reconstruire 
la  chapelle  de  Saint-Bruno.  On  croit  généralement 
que  cet  antique  et  vénérable  monument,  qui  da- 
tait de  la  naissance  de  l'Ordre,  était  resté  intact 
jusqu'à  cette  époque. 

Le  Révérend  Père  Dom  Juste  Perrot  réunit,  dit 
le  Père  de  Tracy,  «  trois  grandes  vertus,  la  fer- 
meté d'esprit  dans  les  adversités,  la  charité  lors- 
qu'on l'avoit  offensé,  le  courage  lorsqu'il  rencontroit 
des  obstacles  à  ses  pieux  desseins.  »  La  Carte  des 
Généraux  ajoute  :  n  Muîtis  adversis  animo  et  cor- 
pore  pressas,  patientiâ  triumphavii .   » 

XL1X. 
R.  P.  DOM  LÉON  TIXIER. 

1643  —  1649. 


ÉON  Tixier  ou  Texier  était  né  à  Felletin, 
jpetite  ville  de  la  Marche.  Appelé   à  la  vie 


monastique,  il  vint  frapper  à  la  porte  de  la  Grande 
Chartreuse,  et  quelques  années  plus  tard,  fit  Pro- 
fession dans   ce    célèbre   Monastère.   Ce  Religieux 

1  Carte  des  Généraux  0^1649.  —  Morozzo,  Theatrum  cit. 
p.  32.  —  Le  P.  de  Tracy,  op.  cit.  p.  2SJ.  —  Chorier,  Estât 
politique  t.  l,p.285.  —  La  Grande  Chartreuse,  par  un  Char- 
treux, p.  1 3  5 . 


120    — 

appartenait  à  une  famille  qui  semble  avoir  été 
prédestinée  à  la  vie  solitaire  ;  deux  de  ses  frères 
suivirent  son  exemple  et  prirent  la  blanche  robe 
des  Chartreux. 

Les  vertus  et  la  sainteté  de  Dom  Léon  attirèrent 
sur  lui  l'attention  de  la  Communauté,  et  à  la  mort 
du  Révérend  Père  Dom  Juste  Perrot,  elle  le  choisit 
pour  lui  succéder,  en  1643.  Dom  Tixier,  pendant 
les  quelques  années  qu'il  gouverna  l'Ordre,  sut  se 
faire  aimer  de  tous  ceux  qui  l'approchaient;  il  laissa 
parmi  ses  frères  le  souvenir  d'une  douce  et  affec- 
tueuse piété  envers  Dieu,  d'une  grande  indulgence 
pour  ses  inférieurs  et  d'une  tendre  charité  envers 
les  pauvres. 

Le  Révérend  Père  Dom  Léon  Tixier  mourut  après 
six  ans  de  Généralat,  le  i3  novembre  1649,  au  milieu 
de  grandes  douleurs  supportées  avec  une  patience 
inaltérable  *. 


R.  P.  DOM  JEAN  VIII. 


1649  —  1 6y5 . 


EAN  Pégon,  issu  d'une  famille  honorable 
de  l'Auvergne,  naquit  en  1590,  dans  un 
petit  hameau  de  la  commune  de  Langeac.  Jeune 
encore,  il  dit  adieu  au  monde  et  désira  s'ensevelir 
dans  la  solitude  du  cloître.   S'étant  présenté  à   la 

{  Carte  des  Généraux  d ?  1 049. — Morozzo  ^Theatrum chron. 

ut  supra.  — De  Tracy,  op.  cit.  p.  284. 


—    121    — 

Grande   Chartreuse,  en   1611,    le    Révérend    Père 

Dom  Bruno  d'Affringues,  qui  cependant  savait  ap- 
précier les  hommes,  crut  prudent  de  s'opposer  à 
son  admission,  après  l'avoir  examiné,  parce  qu'il  ne 
le  trouvait  ni  assez  instruit,  ni  assez  robuste.  Tou- 
tefois, ému  de  la  peine  manifestée  par  le  jeune 
Postulant, et  touché  de  son  ardent  désir  de  consa- 
crer sa  vie  à  Dieu,  parmi  les  enfants  de  saint  Bruno. 
il  lui  dit  :  «  Vous  pourriez,  peut-être,  avoir  quelque 
«  chance  d'être  reçu  à  la  Chartreuse  de  Beaune  ; 
«  elle  a  été  saccagée  par  les  Protestants,  sept  de 
«  ses  Religieux  ont  été  massacrés,  la  Maison  sort 
«  à  peine  de  ses  ruines  et  manque  de  sujets,  on  ne 
«  sera  pas  difficile.  Allez  voir.  »  Ainsi  congédié 
Jean  Pégon  se  présenta  et  fut  accepté  dans  ce  Mo- 
nastère. Trente-huit  ans  plus  tard,  après  avoir 
occupé  les  plus  importantes  charges  de  l'Ordre,  et 
laissé  partout  la  réputation  d'un  administrateur 
hors  ligne,  l'ancien  Postulant,  écarté  de  la  Grande 
Chartreuse  comme  peu  capable,  y  rentrait  avec  le 
titre  de  Général. 

Quelques  années  après  sa  Profession  à  la  Char- 
treuse de  Beaune,  Dom  Pégon  fut  nommé  Prieur 
de  cette  Maison.  Il  la  dirigea  quelque  temps  avec 
la  plus  grande  sagesse;  mais,  malgré  son  désir  de 
rester  dans  ce  Monastère  où  il  faisait  quelque  bien, 
il  dut  se  soumettre  à  la  volonté  de  ses  supérieurs. 
Le  Chapitre  Général,  qui  avait  besoin  de  prudents 
administrateurs  et  de  personnages  d'une  sainteté 
reconnue,  pour  faire  refleurir  la  discipline  dans 
certains   Monastères,    l'envoya   diriger   successive- 


—     122    — 

ment  les  Chartreuses  de  Troyes  ,  du  Val-Saint- 
Pierre  et  de  Dijon,  ensuite  le  nomma  Visiteur  des 
Provinces  de  France  et  de  Picardie.  A  la  mort  du 
Révérend  Père  Dom  Léon  Tixier,  les  Religieux 
de  la  Grande  Chartreuse,  pleins  d'estime  pour  son 
mérite  et  ses  vertus,  le  choisirent  comme  Général 
de  FOrdre,  vers  la  fin  de  Tannée   1649. 

Dom  Jean  Pégon  sut  par  sa  bonté  et  sa  douceur 
gagner  l'affection  de  ses  Religieux.  Tout  dévoué  au 
bien  spirituel  de  son  Ordre,  il  parvint  à  rétablir 
la  discipline  cartusienne  dans  un  certain  nombre 
de  Maisons  qui  semblaient  se  laisser  aller  au  relâ- 
chement. Son  idéal  était  la  perfection  religieuse. 
Ami  des  belles-lettres,  il  joignait  à  une  vaste  éru- 
dition, une  pureté  et  une  élégance  de  style  qui 
donnaient  une  valeur  réelle  à  ses  discours  et  à  ses 
écrits.  C'est  à  lui  que  l'on  doit  la  magnifique  Carte 
des  Généraux  de  l'Ordre,  gravée  en   1G49. 

L'entretien  et  la  prospérité  de  la  Grande  Char- 
treuse furent,  pour  le  nouveau  Général,  le  sujet  de 
soins  tout  particuliers.  Un  témoin  oculaire,  dans 
des  notes  manuscrites  sur  l'origine  et  la  situation 
des  Maisons  de  l'Ordre,  nous  apprend  que  «  après 
tant  de  malheurs,  la  Grande  Chartreuse  est  main- 
tenant en  si  bon  état  que  le  souvenir  seul  de  ses 
pertes  lui  reste  sans  aucune  marque  de  ses  incen- 
dies et  des  accidents  passés,  principalement  par 
.es  belles  réparations  que  le  Révérend  Père  Dom 
Jean  Pégon,  gouvernant  à  présent  sagement  et  heu- 
reusement l'Ordre,  y  a  fait  faire  et  prend  soin  tous 
les   jours   d'augmenter,   ayant   orné   l'église    de   la 


!  2!> 


peinture  qu'on  y  voit  et  acheté  les  quatre  grands 
chandeliers  qui  sont  devant  le  maître-autel.  Il  a 
aussi  fait  faire  les  riches  embellissements  qui  sont 
à  l'entrée  de  la  porte  du  cimetière*,  enfin  en  plu- 
sieurs autres  endroits  il  laisse  des  témoignages  au- 
thentiques à  la  postérité  de  la  sublimité  de  son  gé- 
nie et  du  zèle  qu'il  a  et  pour  le  bien  universel 
de  l'Ordre  et  pour  l'utilité  de  cette  Maison  de 
Chartreuse  ;  le  bon  Dieu  le  conserve  et  lui  donne 
les  années  qu'il  mérite.  » 

Dom  Pégon  avait  un  grand  amour  de  la  solitude; 
c'est  pourquoi ,  dans  le  désir  de  se  procurer  de 
temps  en  temps  quelques  jours  de  retraite,  il  fit 
bâtir,  vers  1660,  dans  la  solitaire  vallée  de  Tenai- 
sdii,  une  chapelle  en  l'honneur  de  saint  Jean-Bap- 
tisre  et  une  petite  maison  où  il  se  retirait  chaque 
année  pour  passer  quelques  jours  dans  la  prière  et 
la  méditation.  Là,  il  oubliait  les  affaires  si  nom- 
breuses de  l'Ordre  et  ne  pensait  qu'à  Dieu  et  au 
salut  de  son  âme. 

Malgré  son  grand  âge,  Dom  Jean  Pégon  voulut 
toujours  s'astreindre  aux.  austérités  de  la  Règle  et 
aux  obligations  de  sa  charge.  La  veille  de  sa  mort, 
il  écrivait  encore  seul  sa  correspondance  et  ne  dé- 
posa la  plume,  pour  ainsi  dire,  qu'en  rendant  le 
dernier  soupir.  Il  mourut  regretté  de  ses  Religieux, 
en  l'année  1675. 

La  Carte  du  Chapitre  Général  de  1676  trace  en 
quelques  lignes  le  portrait  de  cet  éminent  Général. 
«Nous  venons  de  perdre  —  dit-elle  —  le  Révérend 
Père  Dom  Jean  Pégon,  Prieur  de  Chartreuse;  tou- 


—   124  — 

jours  rempli  du  plus  tendre  amour  pour  Notre-Sei- 
gneur,  il  a  vécu  soixante-cinq  années  parmi  nous, 
célèbre  par  ses  vertus  de  tout  genre,  surtout  par  sa 
prudence  et  sa  douceur  insignes;  cher,  au-delà  de 
toute  expression  à  Dieu  et  à  quiconque  l'a  connu  : 
pendant  vingt-sept  années,  il  a  soutenu  le  monde 
cartusien  par  ses  infatigables  travaux;  enfin,  après 
nombre  de  peines  endurées  pour  son  Ordre,  tenant, 
comme  un  autre  Moyse,  les  yeux  élevés  vers  le  ciel 
l'espace  de  deux  heures,  il  est  mort  à  quatre-vingt 
cinq  ans,  doyen  d'âge  de  tous  les  Chartreux  de  cette 
époque1.   » 


LI. 

R.  P.  DOM  INNOCENT  Le  MASSON. 

1675  —  1703. 

NNOCENT  Le  Masson  naquit  le  10  mars 
1628,  d'une  famille  honorable  de  Noyon. 
Dès  l'âge  de  dix-neuf  ans,  désireux  de  se  consacrer 
entièrement  à  Dieu,  il  quitta  le  monde  et  vint  s'en- 
sevelir dans  la  pieuse  solitude  du  Mont-Renaud, 
près  de  la  ville  de  Noyon.  Dans  cette  Chartreuse, 
sous  l'habile  direction  d'un  supérieur  expérimenté, 
le  jeune  Novice  fit,  en  peu  de  temps,  de  grands 
progrès  dans  la  piété  et  la  perfection  monastique  ; 


1  Carte  des  Généraux  de  1649.  —  Morozzo,  Theatrum 
chronologicum  Ord.  Car  tus.  ut  supra.  —  Le  P.  de  Tracy, 
op.  cit.  Remarques  sur  les  Prieurs  de  la  Grande  Chartreuse, 
p.  284.  —  La  Grande  Chartreuse,  cit.  p.  1 35  et  sq. 


—    125    — 

malgré  sa  jeunesse,  il  fut,  bientôt  après  sa  Pro- 
fession, jugé  digne  de  remplir  la  charge  impor- 
tante de  Vicaire.  Quelques  années  plus  tard,  les 
Moines  du  Mont-Renaud  l'élurent  Prieur  de  cette 
Maison,  et  le  Chapitre  Général  lui  confia  la  visite 
des  Monastères  de  la  Province  de  Picardie. 

Les  talents,  les  vertus  et  surtout  les  résultats  ob- 
tenus par  la  sage  et  intelligente  administration  de 
Dom  Le  Masson  attirèrent  l'attention  des  Religieux 
de  la  Grande  Chartreuse.  Aussi,  lorsque  plus  tard 
il  s'agit  pour  eux  de  donner  un  successeur  au  Ré- 
vérend Père  Dom  Jean  Pégon.  ils  ne  crurent  pas 
pouvoir  faire  un  meilleur  choix,  et  ils  élurent  Gé- 
néral réminent  Prieur  de  Mont-Renaud,  le  i5 
octobre  1675.  Dom  Innocent  Le  Masson  était  âgé 
de  quarante-sept  ans.  Dans  cette  haute  position,  les 
talents  remarquables,  dont  le  Seigneur  l'avait  doué, 
vont  apparaître  dans  tout  leur  éclat.  Entièrement 
dévoué  à  son  Ordre,  le  nouveau  Général  saura, 
dans  les  circonstances  difficiles  au  milieu  desquelles 
les  événements  vont  le  jeter,  déployer  une  fermeté 
de  caractère,  une  énergie  et  une  persistance  dignes 
des  plus  grands  éloges. 

A  peine  nommé  à  la  première  dignité  de  l'Ordre, 
Dom  Le  Masson  eut  la  douleur  de  voir  le  Monastère 
de  la  Grande  Chartreuse  réduit  en  cendres  pour  la 
huitième  fois.  Le  jeudi  de  la  semaine  de  Pâques, 
dans  la  soirée  du  9  avril  1676,  le  Révérend  Père 
voulant  mettre  de  l'ordre  dans  ses  papiers,  brûla 
tout  ce  qui  était  sans  importance;  mais  le  feu  ayant 
pris  à  la  cheminée  de  sa  cellule,  se  communiqua 


—   i2b  — 

bientôt  aux  constructions  voisines,  et  dans  l'espace 
de  quelques  heures,  il  ne  resta  plus  du  Monastère 
que  de  tristes  ruines.  L'hôtellerie,  les  chambres 
dites  des  Provinces,  le  petit  cloître,  les  deux  tiers 
du  grand  cloître  et  la  plupart  des  cellules  étaient 
devenus  la  proie  des  flammes.  Le  reste  des  bâti- 
ments eut  aussi  beaucoup  à  souffrir  de  l'incendie  ; 
l'église  en  particulier  fut  fortement  endommagée, 
la  toiture  fut  entièrement  brûlée  et  une  partie  des 
murs  resta  calcinée. 

Ce  désastre  n'abattit  pas  le  courage  de  Do  m  Le 
Masson.  De  suite,  il  prit  la  résolution  de  rebâtir  le 
Monastère  sur  un  plan  nouveau  et  de  séparer,  en 
prenant  plus  d'espace,  ces  nombreuses  construc- 
tions, qui,  enchevêtrées  les  unes  dans  les  autres,  ne 
pouvaient  être  isolées,  en  cas  d'incendie.  Sur  les 
ruines  fumantes  de  l'ancien  Couvent,  il  traça  d'une 
main  habile  les  grandes  lignes  des  constructions 
qu'il  projetait,  et  aidé  par  un  Frère  Convers  pos- 
sédant quelques  notions  d'architecture,  il  rebâtit  le 
Monastère  dans  des  conditions  de  solidité  et  de 
grandeur  telles  que  ce  Couvent  fait  encore  l'admi- 
ration de  tous  les  voyageurs  attirés  par  la  curiosité 
ou  la  dévotion  dans  les  sauvages  montagnes  du 
Dauphiné.  Avant  de  commencer  son  œuvre,  Dom 
Le  Masson  avait  fait  décréter,  par  le  Chapitre  Gé- 
néral de  1676,  uneOrdonnancequi  défendait  dans  les 
constructions  «tout  ce  qui  est  curiejx,  superflu  et 
contraire  à  la  simplicité  cartusienne.  » 

Les  travaux  commencèrent,  en  167J,  par  le  quar- 
tier occupé  actuellement  par  le  Révérend  Père,  et 


\1- 


furent  terminés,  en  1688,  par  les  pavillons  d'Alle- 
magne et  d'Italie.  En  douze  ans,  il  avait  donc  élevé 
le  vaste  bâtiment  de  l'hôtellerie,  le  cloître  des  Offi- 
ciers, les  chambres  des  Provinces,  c'est-à-dire  sept 
pavillons  avec  leurs  grands  corridors  voûtés,  leurs 
escaliers  monumentaux  et  leurs  deux  étages.  De 
plus,  il  avait  fait  rebâtir  le  petit  cloître,  deux  tiers 
du  grand  cloître,  ainsi  que  les  cellules  dont  il  avait 
porté  le  nombre  de  vingt-six  à  trente-six,  et  enfin  la 
porte  d'entrée  avec  les  deux  corps  de  bâtiments  qui 
l'accompagnent.  L'église,  le  Chapitre  des  Religieux, 
la  chapelle  des  morts  et  une  partie  des  obédiences 
avaient  été  restaurés. 

La  Grande  Chartreuse  ne  pouvait  exécuter  ces 
grands  et  dispendieux  travaux  avec  ses  seules  res- 
sources. Le  Révérend  Père  se  vit  donc  dans  la 
nécessité  de  demander  des  secours  à  toutes  les 
Maisons  de  l'Ordre  ;  et,  de  même  que  dans  les 
autres  désastres  qui  déjà  avaient  affligé  la  Maison- 
Mère,  elles  rivalisèrent  de  zèle  et  de  générosité, 
à  tel  point  que  Dom  Le  Masson  dut  écrire  pour  les 
remercier  et,  en  même  temps,  refuser  les  nou- 
veaux subsides  qu'elles  mettaient  à  sa  disposi- 
tion. 

Malgré  les  nombreuses  occupations  que  lui  ap- 
portaient forcément  la  construction  d'un  si  vaste 
Monastère,  et  les  soucis  inhérents  à  la  direction 
d'un  Ordre  qui  comptait  de  si  nombreuses  Mai- 
sons, Dom  Innocent  Le  Masson  trouvait  dans  son 
étonnante  activité  le  temps  de  se  livrer  à  l'étude 
et  de   composer    différents    ouvrages  sur   les   ma- 


[28 


tières  les  plus  variées.  Droit-canon,  Écriture- 
Sainte,  théologie  morale,  théologie  mystique,  ascé- 
tisme, histoire,  polémique,  rien  ne  lui  est  étranger. 
Ecrivain,  il  veut  encore  avoir  une  imprimerie,  et 
il  en  établit  une  qui  fonctionne,  en  1681,  juste  au 
moment  où  son  activité  semble  être  absorbée  par 
les  grands  travaux  qu'il  fait  exécuter  sous  sa  di- 
rection. 

Disons  un  mot  des  différents  ouvrages  de  Dom 
Le  Masson.  N'étant  encore  que  Prieur  de  la  Char- 
treuse de  Mont-Renaud  il  avait  fait  imprimer  à 
Paris,  en  i663,  un  traité  de  théologie,  sous  ce  titre: 
Theologia  moralis  practica;  traité  qui  mérita  les 
approbations  les  plus  louangeuses  de  plusieurs  doc- 
teurs de  Sorbonne.  Devenu  Général  des  Chartreux, 
il  publia  en  1676,  le  Directoire  des  Novices  et  ses 
Lettres  spirituelles,  puis,  l'année  suivante,  une 
Introduction  à  la  vie  religieuse  et  intérieure;  ou- 
vrage rempli  d'onction  et  de  piété,  dont  la  plus 
grande  partie  est  tirée  des  œuvres  de  saint  Fran- 
çois de  Sales  et  du  livre  de  l'Imitation  de  Jésus- 
Christ.  Pour  que  les  Chartreux  français  ne  profi- 
tassent pas  seuls  de  son  travail,  il  le  traduisit  en 
latin.  Quelques  années  plus  tard,  en  1688,  Dom  Le 
Masson  publia  une  Interprétation  du  Cantique  des 
Cantiques,  avec  des  notes  très  recherchées;  en  1691, 
il  donna  Direction  et  sujets  de  méditation  à  l'usa- 
ge des  Religieuses  Chartreuses;  en  i6i)5,  Direction 
pour  se  forme)'  à  l'Oraison,  et  l'année  suivante, 
La  Psalmodie  intérieure  ou  sujets  de  méditations 
sur  les  Psaumes.  Dans  cet  ouvrage,  en  quatre  vo- 


—    I2()    

lûmes,  «  après  avoir  donne  le  sens  littéral,  l'auteur  y 
ajoute — nous  dit  Moréri — une  paraphrase  très  ins- 
tructive et  y  joint  un  très  grand  nombre  de  sujets  de 
méditations,  qui  font  assez  connaître  l'application 
avec  laquelle  il  s'était  adonné  toute  sa  vie  à  ce  saint 
exercice.  » 

Le  plus  connu,  mais  non  le  plus  remarquable 
des  écrits  de  Dom  Le  Masson,  a  été  publié  en  1607 
et  porte  pour  titre:  Vie  deMessire  Jean  d'Arenthon 
d'Alex,  Evéque  de  Genève,  augmentée  d'un  livre  de 
preuves  incontestables  de  la  vérité  de  son  ^èle  con- 
tre le  Jansénisme  et  le  Quiétisme.  Deux  ans  plus 
tard,  il  faisait  imprimer  deux  autres  ouvrages  :  La 
Psalmodie  intérieure  sur  l'Office  de  la  Sainte-  Vier- 
ge,  et  La  Psalmodie  intérieure  sur  l'Office  des 
Morts;  enfin,  en  ijoS-,  Sujets  de  méditations  sur 
le  sermon  que  fit  Notre-Seigneur  sur  la  montagne, 
et  Pratiques  saintes  pour  se  procurer  dans  la  reli- 
gion une  véritable  tranquillité  :  ce  dernier  ouvrage 
a  été  publié  sans  date.  N'oublions  pas  de  signaler 
un  traité  sur  l'usage  de  la  grâce,  selon  l'esprit  de 
l'auteur  de  limitation,  avec  ce  titre  :  Enchiridion 
salutis  operandœ.  Tous  ces  écrits  montrent,  d'une 
manière  remarquable,  de  quelles  lumières  l'étude  de 
la  théologie,  la  prière  et  la  méditation  avaient  su 
éclairer  l'éminente  intelligence  de  ce  saint  Reli- 
gieux. 

L'amour  de  Dom  Innocent  Le  Masson  pour  son 
Ordre,  son  zèle  pour  la  régularité  monastique,  et 
sa  volonté  de  travailler  au  salut  de  ses  Religieux, 
l'engagèrent, dès  les  premières  années  de  son  Géné- 

9 


—  i3o  — 

ralat,  à  préparer  une  nouvelle  édition  des  Statuts. 
Le  Chapitre  Général  de  1679  avait  ordonné  la  ré- 
impression des  Statuts  publiés  sous  Dom  Bernard 
Garasse;  mais  cette  décision  ayant  soulevé  quelque 
opposition  de  la  part  de  plusieurs  Religieux,  Dom 
Le  Masson,  pour  donner  plus  d'autorité  à  la  nou- 
velle Collection,  et  faire  cesser — dit-il  dans  son  ou- 
vrage— toute  difficulté  :  «  Ad  ter  minauda  litigia , 
quœ  Ordini  suscitata  fuerant,  »  fit  soumettre  ce  re- 
cueil à  Innocent  XI.  Le  Souverain  Pontife  nomma 
une  Congrégation  de  Cardinaux  pour  examiner  cette 
nouvelle  édition  et  l'approuva  par  un  Bref  daté  du 
27  mars  1688. Toutefois,  il  y  fit  quelques  changements 
sans  grande  importance;  Dom  Le  Masson  les  a  re- 
latés à  la  fin  de  ses  Annales.  Cette  édition  des  Sta- 
tuts est  augmentée  de  notes  fort  curieuses  où  Fau- 
teur donne  des  explications  et  des  éclaircissements 
sur  les  Règles  de  l'Institut. 

Attentif  à  tous  les  besoins  spirituels  de  ceux  dont 
il  avait  la  direction,  cet  infatigable  Général  fit  im- 
primer, en  1690,  une  traduction  française  des  Sta- 
tuts qui  concernent  les  Frères  et  les  Moniales  de 
son  Ordre.  Ces  traductions  étaient  l'œuvre  de  deux 
Chartreux  :  la  troisième  partie  des  Statuts  a  été 
traduite  par  Dom  de  Vaucorbeil,  et  ce  qui  concerne 
les  Moniales,  par  Dom  Le  Cauchois.  D'autre  part, 
il  publia,  en  i6o,5,  un  ouvrage  sur  les  Visites  et 
les  Élections,  sous  ce  titre  :  Praxis  Jnris  Cartu- 
siani  in  Ëlectionibus  et  Visitationibus  faciendis. 
Son  zèle  s'était  même  étendu  jusqu'à  ceux  qui 
étaient  sur  le  point  de  paraître  devant  Dieu  ;  il  avait 


l  5  l 


donné,  en  1 685,  un  ouvrage  intitulé  :  Directorium 
Morientium,ad  usum  Ordinis  Cartusiensis.  L'an- 
née suivante,  il  en  fit  publier  une  traduction  fran- 
çaise pour  les  Moniales  et  les  Frères.  Cette  traduc- 
tion avait  été  faite  par  Dom  Charles  Maurin. 

Pour  mettre  h  exécution  une  Ordonnance  du 
Chapitre  Général  de  i6i5,  Dom  Le  Masson  fit  ras- 
sembler les  documents  nécessaires  à  une  histoire 
complète  de  l'Ordre.  De  plus,  la  bibliothèque  de 
la  Grande  Chartreuse  ayant  été  entièrement  dé- 
truite dans  Tincendie,  il  fit  venir  de  la  Chartreuse 
de  Portes  de  nombreux  manuscrits  et  travailla  à 
reconstituer  les  archives  ;  le  Chapitre  Général  de 
1687  avait  ordonné  d'envoyer  à  la  Grande  Char- 
treuse une  copie  de  toutes  les  chartes  de  fondation, 
Bulles,  privilèges  et  chroniques  des  différentes  Mai- 
sons de  l'Ordre.  Pour  classer  ces  documents  et  faire 
le  travail  projeté,  Dom  Innocent  Le  Masson  ap- 
pela près  de  lui  deux  savants  Religieux,  Dom 
Charles  Le  Coulteux  et  Dom  Léon  Le  Vasseur. 
Le  premier  rédigea  les  Annales  Ordinis  Car- 
tusiensis, depuis  la  fondation  de  l'Ordre  jus- 
qu'à l'année  141 6  ;  tandis  que  le  second  écrivait 
les  Ephemerides  Cartusianœ .  Dans  ce  travail  , 
Dom  Le  Vasseur  a  relaté  un  abrégé  de  la  vie  des 
Solitaires  les  plus  distingués  par  leur  sainteté, 
leurs  vertus,  leurs  talents  ou  les  services  éminents 
rendus  à  l'Ordre.  Ces  œuvres,  remarquables  sous 
tous  rapports,  sont  restées  manuscrites  et  se  trouvent 
dans  les  Archives  de  la  Grande  Chartreuse.  Dom 
Martène  nous  apprend  que  le  Chapitre  Général  s'op- 


posa  à  la  publication  de  ces  documents.  On  croit 
que  le  désir  des  Chartreux  de  ne  pas  attirer  l'atten- 
tion sur  leur  vie  humble  et  austère  fut  la  principale 
cause  de  cette  opposition. 

Dom  Le  Masson,  dominé  par  la  pensée  de  défen- 
dre son  Ordre  attaqué  par  plusieurs  écrivains,  dé- 
sirait faire  connaître  l'histoire  des  Chartreux.  C'est 
pourquoi  il  avait  eu  recours  à  un  savant  Religieux 
de  la  Congrégation  des  Feuillants,  Antoine  Moroz- 
zo,  Abbé  de  Notre-Daine-de-la-Consolation,  à  Tu- 
rin, et  l'avait  excité  à  entreprendre  ce  travail.  Ce- 
lui-ci fit  paraître  à  Turin,  en  i68i,une  histoire  des 
Chartreux,  sous  ce  titre  Theatrum  chronologicum 
sacri  Ordinis  Cartusicnsis. 

Cet  ouvrage  ne  répondait  pas,  sans  doute,  au  but 
que  s'était  proposé  Dom  Le  Masson,  car  il  se  mit 
lui-même  à  l'œuvre  et  commença  les  Annales  0?~- 
dinis  Cartusicnsis.  On  annonçait  trois  volumes  in- 
folio. Le  premier  parut  en  1687,  mais  il  ne  contient 
que  les  différentes  Compilations  des  Statuts  avec 
des  notes  et  des  éclaircissements,  qui  ont  pour 
objet  la  justification  de  l'Ordre.  Quelques  années 
plus  tard,  Dom  Le  Masson  fit  paraître  le  second 
volume,  divisé  en  deux  parties  ;  l'une  relate  les 
faits  qui  concernent  le  premier  établissement  des 
Chartreux,  tandis  que  la  seconde  donne  l'histoi- 
re de  l'Ordre  depuis  sa  fondation  jusqu'en  11 17. 
Le  troisième  volume  ne  vit  jamais  le  jour.  Le  Père 
de  Tracy,  qui  écrivait  en  1785.  nous  fait  connaître 
que  de  son  temps,  le  second  volume  était  excessive- 
ment rare,  et  il  ajoute  :  «  Les  oppositions  de  l'Ordre 


I  t>  3 


firent  apparemment  brûler  ou  supprimer  les  exem- 
plaires, ou  arrêter  l'édition.  Un  des  rares  exem- 
plaires de  ce  second  volume  des  Annales  existe  à 
la  bibliothèque  de  la  ville  de  Grenoble. 

Les  travaux  multiples,  les  vastes  projets,  les  pré- 
occupations incessantes  du  Révérend  Père  Dom 
Le  Masson,  ne  l'empêchaient  pas  de  surveiller  les 
nombreuses  Communautés  de  l'Ordre.  Du  fond 
de  sa  cellule,  il  se  rend  compte  de  tout,  entre  dans 
les  plus  petits  détails,  prend  tous  les  moyens  néces- 
saires pour  maintenir  le  bon  ordre  et  faire  fleurir 
la  discipline.  La  Règle  ne  lui  permet  pas  de  sortir 
des  limites  du  Désert  de  Chartreuse,  mais  il  écrit 
sans  cesse  pour  réprimer  les  abus  ;  il  s'entoure 
d'hommes  de  cœur  et  d'énergie,  et  les  charge  des 
missions  les  plus  délicates,  dans  les  Chartreuses 
qui  réclament  ses  soins. 

Lorsqu'il  le  juge  nécessaire  pour  le  bien,  il  sait 
être  sévère,  mais  toujours  sa  rigueur  laisse  apparaî- 
trs  un  grand  fond  de  bonté. 

Nous  pourrions  entrer  dans  de  nombreux  détails 
sur  l'administration  de  Dom  Le  Masson  ;  partout 
nous  admirerions  son  activité,  sa  prudence  et  sa 
fermeté.  Considérons  plutôt  les  efforts  que  fit  cet 
illustre  Général  pour  empêcher  son  Ordre  de  glisser 
sur  la  pente  du  Jansénisme,  où  tant  de  prêtres  et 
de  Religieux  se  sont  laissé  entraîner.  Cette  subtile 
hérésie  infecta  presque  tous  les  Ordres  religieux; 
les  plus  austères  paraissaient  même  y  avoir  le  plus 
de  penchant,  à  cause,  sans  doute,  des  principes 
rigides  qu'affectaient  les  coryphées  de  la  secte.  Les 


—  1 34  — 

Jansénistes  firent  tous  leurs  efforts  pour  attirer  le 
Général  des  Chartreux  dans  leur  parti.  Dom  Inno- 
cent Le  Masson  nous  apprend  dans  ses  Eclaircis- 
sements sur  la  vie  de  J.  d'Arenthon  d'Alex,  que 
le  fameux  Nicole  vint  lui-même,  sous  un  faux 
nom,  à  la  Grande  Chartreuse  pour  sonder  ses  in- 
tentions. Le  pieux  Solitaire  ne  se  laissa  pas  séduire 
et  combattit  de  toutes  ses  forces  1  'hérésie  naissante. 

Pour  préserver  ses  Religieux  de  cette  funeste 
contagion,  le  Révérend  Père  interdit,  sans  excep- 
tion, tous  les  écrits  de  la  secte  et  prit  même  des 
mesures  coercitives  contre  quelques  Moines  qui 
s'étaient  laissé  gagner  par  Terreur.  Un  des  pre- 
miers Règlements  ordonnait  qu'on  lui  envoyât,  à  la 
Grande  Chartreuse  tous  les  livres  jansénistes  qu'on 
pourrait  trouver  dans  les  Maisons  de  l'Ordre  et 
lui-même  les  jeta  au  feu.  Les  Jansénistes  fort  outrés 
de  cet  acte  de  vigueur  s'en  vengèrent  en  répandant 
le  bruit  que  c'était  précisément  en  brûlant  leurs 
livres  que  le  Général  des  Chartreux  avait  mis  le 
feu  à  son  Monastère,  laissant  ainsi  pressentir  que 
Dieu  avait  puni,  par  ce  terrible  accident,  l'action 
impie  de  Dom  Le  Masson. 

Les  calomnies  des  partisans  de  la  secte  n'inti- 
midèrent pas  le  vénérable  Solitaire;  il  entra  lui- 
même  dans  la  lice,  en  publiant  un  manuel  pratique  et 
dogmatique  sur  les  questions  en  litige.  Cet  ouvrage 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  parut  sous  le  titre 
d' ' Enchiridion  opérandes  salut is.  «  Je  le  composay, 
<c  —  dit  l'auteur  lui-même  —  afin  qu'il  fût  comme 
«  un  antidote  que  nos  solitaires  eussent  à  la  main 


—  i35  — 

«  pour  se  garantir  des  pernicieux  effets  du  poison 
«  que  L'S  docteurs  jansénistes  pourraient  leur  faire 
«  prendre  en  abusant  énormément  de  leur  bonne 
«  foi  et  de  leur  crédulité.  »  La  doctrine  de  Dom 
Le  Masson  fut  louée  à  Rome  et  reçut  l'approbation 
des  plus  éminents  prélats  de  l'Eglise  de  France. 

La  controverse  du  Général  des  Chartreux  avec 
Armand-Jean  de  Rancé,  Abbé  de  la  Trappe,  eut  un 
grand  retentissement.  Dom  Innocent  avait  interdit, 
dans  son  Ordre,  un  livre  de  l'Abbé  de  Rancé  : 
La  sainteté  et  les  devoirs  de  la  vie  monastique. 
Les  tendances  de  cet  ouvrage  avaient  fait  naître 
dans  l'esprit  du  Révérend  Père  de  légitimes  inquié- 
tudes; il  pensait  que,  vu  les  circonstances  du  temps 
et  les  attaques  portées  contre  les  Chartreux,  ce 
livre  pouvait  troubler  la  conscience,  ou  exalter  l'i- 
magination de  quelques-uns  de  ses  Religieux.  De 
plus,  les  Jansénistes  prônant  et  soutenant  l'Abbé  de 
la  Trappe,  il  crut  que  cet  ouvrage  pouvait  être 
dangereux  et  il  l'interdit  dans  tout  l'Ordre,  pour 
couper  le  mal  dans  sa  racine. 

La  conduite  si  prudente  du  Général  des  Char- 
treux souleva  les  colères  de  la  secte.  L'Abbé  de 
Rancé  répondit  à  cette  interdiction  par  un  pamphlet 
intitulé  :  Lettre  à  un  Evêque  pour  répondre  aux 
difficultés  de  Dom  Innocent  Le  Masson ,  Général 
des  Chartreux,  au  sujet  des  allégations  faites  de 
leurs  anciens  Statuts,  dans  le  livre  de  la  sainteté 
et  des  devoirs  de  la  vie  monastique,  1G89.  Cet  écrit 
s'étant  répandu  manuscrit,  Dom  Le  Masson,  pour 
défendre  son  Ordre  publia  une  brochure  qui  avait 


—    IÔO    — 


pour  titre  :  Explications  de  quelques  anciens  Sta- 
tuts de  l'Ordre  des  Chartreux,  avec  des  éclaircis- 
sements donnés  sur  le  sujet  d'un  libelle  qui  a  été 
composé  contre  l'Ordre  et  qui  s'est  divulgué  secrè- 
tement. Dans  cet  ouvrage,  le  Général  des  Chartreux 
répond  aux  allégations  de  l'Abbé  de  la  Trappe , 
critique  plusieurs  principes  extraits  du  livre  d'Ar- 
mand de  Rancé  et  cite  trente-deux  textes,  pris  dans 
les  cinq  premiers  chapitres  des  Devoirs  de  la  vie 
monastique  qui  lui  paraissent  outrés  et  presque 
conformes  à  la  doctrine  de  Cornélius  Jansénius. 

Richard  Simon,  sous  le  pseudonyme  de  Saint- 
Jorre,dit,  dans  sa  Bibliothèque  critique^  que  Dom 
Le  Masson  a  trop,  relevé  certains  endroits  du  livre 
de  l'Abbé  de  la  Trappe,  mais,  ajoute-t-il,  «  cet 
Abbé  par  ses  discours  outrés,  non  seulement  con- 
tre les  Chartreux,  mais  contre  tout  l'Ordre  monas- 
tique, s'était  attiré  cette  réponse.  » 

Dom  Le  Masson  lutta  jusqu'au  dernier  moment 
contre  la  secte  et  sauva  ainsi  de  l'hérésie  les  enfants 
de  saint  Bruno.  Moréri  rapporte,  d'après  les  Mé- 
moires du  temps,  quela  dernière  lettre  écrite  par  le 
célèbre  Général,  un  peu  avant  sa  mort,  était  adressée 
au  Père  de  la  Chaise, confesseur  du  Roi  de  France, 
pourle  supplier  de  lui  procurer  le  pouvoir  de  punir 
ceux  de  son  Ordre  qui  seraient  soupçonnés  de  faire 
partie  de  la  secte.  «  Cette  lettre,  dit-il  en  terminant, 
ne  parut  qu'après  sa  mort,  et  lit  beaucoup  de  bruit.  » 

Les  Jansénistes  n'épargnèrent  pas  Dom  Le  Mas- 

1  Saint  Jorro.  op.  cit.  t.  I.  p. 


iy 


son.  Dans  leurs  écrits, ils  le  traitèrent  de  mauvais 
théologien,  de  faux  mystique,  etc.  «  Si,  dit  Fel- 
ler,  en  se  déclarant  pour  une  secte,  on  peut  être 
exalté  jusqu'aux  nues  par  ses  partisans,  il  faut  s'at- 
tendre aussi  d'être  ravalé  jusqu'au  néant  lorsqu'on 
se  déclare  contre.  »  De  nombreux  auteurs  ont  rendu 
justice  à  Dom  Le  Masson  ;  ils  reconnaissent  que 
l'amour  de  son  Ordre  conduisit  toujours  sa  plume 
et  que  plus  il  avait  d'attachement  pour  l'Institut 
des  Chartreux,  plus  il  devait  avoir  d'ardeur  pour 
le  défendre  et  en  soutenir  l'honneur.  Le  Journal  de 
Trévoux,  de  1704,  rapportant  l'opinion  des  con- 
temporains, dit  :  «  On  ne  peut  disconvenir  qu'il 
n'ait  été  un  véritable  zélateur  de  l'ancienne  disci- 
pline, un  pasteur  vigilant  toujours  attentif  à  écarter 
les  loups  de  sa  bergerie,  enfin  un  auteur  habile,  ju- 
dicieux et  toujours  éloigné  des  nouveautés.  » 

La  prodigieuse  activité  de  Dom  Innocent  Le 
Masson,  jointe  aux  austérités  de  la  Règle,  épuisèrent 
bientôt  ses  forces.  Il  en  fit  un  jour  l'aveu  àl'Évê- 
que  d'Annecy,  de  Rossilion  de  Bernex.  «  Ce  prélat 
— est-il  raconté  dans  sa  vie —  entreprit,  au  mois  de 
juillet  1702,  le  voyage  de  la  Grande  Chartreuse. 
Il  vouloit  s'édifier  par  la  vue  des  pieux  Solitaires 
qui  mènent  une  vie  plutôt  angélique  qu'humaine 
dans  ces  montagnes  affreuses  où  ils  n'ont  de  com- 
merce qu'avec  le  ciel.  Le  saint  Ordre  des  Char- 
treux étoit  alors  gouverné  par  Dom  Innocent  Le 
Masson  qui  s'est  rendu  célèbre  par  son  érudition 
et  sa  piété.  Les  travaux  auxquels  il  s'étoit  livré 
pendant   le   cours    de  sa  vie  lui  avoient  attiré    de 


—  i38  — 

fâcheuses  incommodités.  Voyez,  disoit-il  à  Mon- 
seigneur de  Bernex,  en  lui  montrant  ses  jambes 
ruinées,  voyez  où  m'a  réduit  l'excès  de  travail. 
Prenez  exemple  sur  moi  et  ne  vous  laissez  pas 
accabler  par  la  multitude  des  affaires.  Apprenez  à 
les  interrompre  quelquefois  pour  les  reprendre 
ensuite  avec  plus  d'ardeur  et  de  succès,  quand 
vous  aurez  donné  quelques  moments  au  repos1.  » 

L'année  suivante,  le  vénérable  Prieur  de  Char- 
treuse mourait  des  suites  d'une  attaque  d'apoplexie, 
le  8  mai  iyo3,  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans,  après 
avoir  gouverné  l'Ordre  pendant  vingt-huit  ans. 

Un  Chartreux  de  Villeneuve  nous  a  laissé,  dans 
un  manuscrit  sur  les  hommes  illustres  de  l'Ordre, 
l'éloge  de  ce  Général,  si  remarquable  par  sa  foi. 
son -zèle,  ses  vertus  et  ses  travaux.  «Son  savoir  — 
écrit-il — son  génie  vaste,  son  érudition  l'ont  fait 
regarder  dans  l'Ordre  comme  une  personne  qui 
lui  a  fait  le  plus  grand  honneur,  et  il  a  rempli  avec 
éclat,  dignité  et  l'approbation  d'un  chacun,  pen- 
dant l'espace  de  trente  années,  un  poste  si  délicat 
et  qui  demande  un  si  haut  mérite,  estimé  des  sa- 
vants et  des  grands,  et  ayant  la  confiance  de  ses 
enfants.  Il  a  soutenu  son  rang  avec  applaudisse- 
ment de  tous  ses  Religieux;  on  avoit  recours  à  lui 
comme  à  un  oracle  et  il  étoit  consulté  d'un  chacun 
ainsi  que  le  témoigne  sa  correspondance.  Malgré 
ses  grandes  occupations  qui  eussent  demandé  un 
homme  tout  entier,   il  a  toujours  trouvé  du  temps 


Boudet,   Vie  de  Mgr.de  Rossilion  de  Bernex,  p.  168. 


—    i  ig  — 

pour  se  rendre  utile  à  l'Ordre  et  au  public  -,  ses 
ouvrages  en  font  foi.  C'est  à  ses  soins  que  la  Grande 
Chartreuse  doit  la  beauté  et  réparation  de  ses  bâ- 
timents après  l'incendie  qui  consuma  presque  toute 
la  Maison.  Il  a  toujours  rendu  justice  à  un  chacun 
et  distingué  le  vrai  mérite  :  il  a  été  aussi  ennemi 
implacable  des  nouvelles  erreurs,  et  il  est  mort 
comme  il  a  vécu,  aimé  et  respecté  de  tout  le 
monde  et  surtout  de  Mgr  le  Cardinal  Le  Camus, 
Evêque  de  Grenoble1.  » 


lu. 
r.  p.  dom  antoine  iii 

1703  —  iy3 1. 


NTOINE  Grillet  de  Montgeffond  naquit  le 
2   novembre   1659  au  château   de  Montgef- 
fond, dans  un  petit  village  du  Jura,  nommé  Vos- 
bles .    Élevé  par   une  mère  chrétienne   et    pieuse 
le  jeune  de  Montgeffond  désira  de  bonne  heure'  se 

1  Archives  de  la  Grande  Chartreuse.  Pièces  diverses,  n.  67, 
68,  71,  73,  74.  —  Registre  des  lettres  de  1676  à  1698.  Mss. — 
Registrum  commissionutn  pro  Visilationibus  de  1676  à  1699. 
Mis.  —  Registrum  Sententiarum,  de  1676  à  1702,  Mss. — 
Martène,  Veter. Script,  t.  VI,  p.  i5o. —  Id.  Voyage  littéraire, 
p.  252.  —  Jacques  Bernard,  Nouvelles  de  la  République  des 
lettres,  mai  et  juin    1710.  —  Journal  des  savants,  an.    1703. 

—  Journal  de  Trévoux,  an.  1704,  1712.  —  Le  P.  Helyot, 
Préface  sur  les  Ordres  Religieux.  —  Dom  Innocent  Le 
M  ass on,  Annales. —  Eclaircissements  sur  la  vie  de  J.  d'Aren- 
tlwn  d  Alex,  p.  55  et  87.  —  Morozzo,  Theatrum,  cit.  p.  i5i. 

—  Moréri,  Dict.  hist. —  Burnier,  Chartreuse  de  Saint-Hu- 
gon,  p.  169  et  sq.  —  De  Tracy.  op.  cit.  p.  285  et  sq.  —  La 
Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  140  et  sq. 


—   142  — 

rend  Père,  rendit  l'Ordonnance  Qiio  \elo>  '  spé- 
ciale aux  sept  provinces  de  France.  Il  y  était  dit  : 
«  aucun  novice  ne  sera  admis, aucun  Religieux  ne 
recevra  les  Ordres  sacrés  et  ne  sera  appelé  à  diri- 
ger les  âmes,  s'il  n'a  souscrit  premièrement  le  For- 
mulaire d'Alexandre  VII  et  ne  s'est  soumis  de  bou- 
che et  de  cœur  aux  Constitutions  des  Souverains 
Pontifes.  Si  un  Prieur-ajoute  la  même  décision-un 
officier,  ou  un  membre  de  l'Ordre  ose  les  attaquer 
ou  en  appeler,  il  faudra  le  traiter  comme  un  rebelle, 
un  perturbateur  de  l'Eglise  et  du  repos  public  .  » 
L'année  suivante,  le  Chapitre  confirma  l'Ordonnan- 
ce Quo  \elo,  et  la  Carte  porte  :  «  Nous  tenons  à 
faire  connaître  à  chacun  que,  non  seulement  les  Dé- 
finiteurs,  mais  tous  les  Prieurs  et  le  Couvent  de 
Chartreuse,  ont  souscrit  à  cette  Ordonnance  à  l'una- 
nimité et  sans  aucune  réclamation.  » 

Dans  le  récit  de  ces  tristes  événements,  prenons 
pour  guide  l'auteur  de  La  Grande  Chartreuse  ;  ce 
savant  Religieux  résume  les  faits  d'après  les  Ordon- 
nances des  Chapitres  Généraux  .  «  Tous  les  Char- 
treux français — écrit-il — étaient  mis  en  demeure  de 
se  prononcer  pour  ou  contre  la  Constitution  Uni- 
genitus.  Pleines  de  respect  pour  l'autorité  suprême 
du  Chapitre  Général,  six  Provinces  souscrivirent  le 
Formulaire  et  adhérèrent  pleinement  soit  à  la  Bulle 
Vineam  Domini,  soit  à  la  Constitution  de  Clément 
XI.  Il  n'en  fut  pas  ainsi  dans  la  Province  de  Fran- 
ce-sur-Seine où    l'on   rencontra  de  nombreuses  ré- 

1   Pièces  justificatives,  n.  3i. 


—  l.p  — 

clamations, dans  un  sens  ou  dans  un  autre;  le  théâ- 
tre de  la  lutte  devenait  dès  lors  nettement  circons- 
crit :  il  n'y  avait  plus  à  s'occuper  que  d'une  seule 
Province. 

«  Le  Révérend  Père  Dom  Antoine  de  Montgef- 
fond,  comme  en  1710,  voulut  connaître  au  juste  la 
pensée  vraie  de  chacun,  c'est  pourquoi  en  son  nom 
et  au  nom  du  Chapitre  il  fit  l'Ordonnance  suivante: 
Dans  toutes  les  Maisons  de  France-sur-Seine,  aux 
jours  où  d'après  le  Statut  on  lit  après  None  la 
Carte  du  Chapitre  Général,  le  Prieur  demandera  en 
public  à  chaque  Religieux  s'il  souscrit  à  l'Ordon- 
nance Q110  \elo,  c'est-à-dire  s'il  accepte  pleinement, 
de  bouche  et  de  cœur,  le  Formulaire,  la  Bulle  et  la 
Constitution  dont  il  est  parlé  dans  la  Carte,  et  le 
vénérable  Père  Prieur  nous  enverra  en  Chartreuse, 
à  chaque  fois,  une  relation  juridique  de  tout  ce  qui 
aura  été  dit  au  Chapitre  de  sa  Maison.  Grâce  à  cette 
conduite  si  prudente,  le  Chapitre  Général  de  1725 
était  à  même  de  procéder  en  parfaite  connaissance 
de  cause  :  les  Difiniteurs  lurent  les  relations  en- 
voyées à  plusieurs  reprises  par  les  Prieurs  locaux  ; 
ils  virent  les  différentes  réponses  des  Religieux  , 
purent  se  rendre  un  compte  exact  de  l'état  des  es- 
prits et  furent  effrayés  des  progrès  de  l'hérésie  de- 
puis quatorze  ans;  ils  comprirent  sans  peine  que  le 
moment  était  arrivé  de  frapper  un  grand  coup  et 
que,  dût-on  retrancher  les  membres  gangrenés,  il 
fallait,  coûte  que  coûte,  sauver  le  corps  entier  . 
D'après  leurs  réponses,  on  pouvait  classer  les  re- 
belles en  trois  catégories  :  vingt-six   refusaient  de 


—   '44  — 

signer  les  Bulles  pontificales,  le  Chapitre  les  décla- 
ra suspens  et  interdits,  avec  menace  d'excommuni- 
cation s'ils  ne  viennent  à  résipiscence;  quatorze 
avaient  eu  recours  à  un  appel  schismatique ,  le 
Chapitre  les  excommunie  nommément;  dix  avaient 
même  retracté  la  signature  qu'ils  avaient  apposée 
au  Formulaire  longtemps  auparavant,  le  Cïiapitre 
les  frappe  d'excommunication  nominale  et  les  prive 
de  la  société  de  leurs  frères .  Toutefois,  afin  de  ne 
punir  qu'à  la  dernière  extrémité,  le  Chapitre  accor- 
dait à  tous  trois  mois  de  réflexion;  passé  ce  temps, 
ils  encourraient  leur  peine  ipso  facto. 

«  Pour  un  certain  nombre  de  ces  malheureux,  la 
réflexion  n'amena  aucun  changement;  trente  passè- 
rent en  Hollande  plutôt  que  de  se  soumettre,  et, 
soutenus  parles  subsides  des  Jansénistes  de  France, 
établirent  près  d'Utrecht  une  espèce  de  Chartreuse 
mitigée  dont  nous  avons  lu  les  règlements  ;  le  pre- 
mier soin  de  ces  Religieux  qui,  à  l'exemple  de  tous 
les  Jansénistes  ne  cessaient  de  s'élever  contre  la 
morale  relâchée,  avait  été  de  diminuer  notablement 
les  austérités  de  la  vie  Cartusienne  !  Le  mardi  delà 
semaine  sainte  de  l'année  suivante,  i(5  avril  1720. 
le  Révérend  Père  Dom  Antoine  de  Montgeffond 
leur  écrivit  la  lettre  la  plus  touchante  pour  les  ra- 
mener ' ,  mais  elle  resta  sans  effet  ;  le  Chapitre  Gé- 
néral prononça  de  nouveau  l'excommunication  con- 
tre ces  fugitifs,  en  leur  accordant  encore  une  année 
avant  de  les  retrancher  de  l'Ordre  ;    quelque-uns 

1   Pièces  justificatives,  n.  32. 


—  143  — 

revinrent,  la  plupart  eurent  le  malheur  de  rester 
en  Hollande;  alors,  en  1727,  le  Chapitre  les  ex- 
communia définitivement  et  tout  lien  entre  eux  et 
leurs  anciens  confrères  fut  à  jamais  brisé.  Ces  me- 
sures énergiques  produisirent  de  si  bons  résultats, 
que  cette  même  année  1727,  le  Chapitre  permettait 
à  la  Province  de  France-sur-Seine  de  rouvrir  ses 
noviciats  que  Ton  avait  eu  la  sagesse  de  fermer  de- 
puis plusieurs  années  :  l'esprit  de  la  Province  était 
assez  bon  pour  qu'il  n'y  eût  plus  rien  à  craindre. 

«  En  résumé ,  il  y  avait  en  France ,  à  l'époque 
dont  nous  parlons,  soixante-huit  Chartreuses  :  ce 
qui  représente  un  total  de  huit  cents  Religieux;  sur 
ce  nombre,  une  cinquantaine  se  laissèrent  entraîner 
par  les  erreurs  de  Jansénius,  et  une  trentaine  envi- 
ron refusèrent  de  se  soumettre;  sur  six  cents  Con- 
vers  ou  Donnés  ,  on  compte  un  seul  Janséniste  , 
Dominique  Blasel,  et  parmi  nos  Religieuses,  pas 
une  seule  !  '  » 

Un  des  Chartreux  réfractaires  retirés  à  Utrecht, 
Dom  Jean-Baptiste  Cadri,  publia  une  apologie  pour 
justifier  leur  révolte  et  expliquer  leur  fuite  .  «  Ils 
voulaient — disaient-ils — vivre  dans  la  retraite,  cou- 
cher sur  la  paille,  pratiquer  les  jeûnes  et  abstinen- 
ces. »  Mais,  comme  le  fait  remarquer  si  justement 
le  journaliste  de  Verdun  qui  nous  rapporte  ce  fait  : 
«  ils  auront  de  la  peine  à  se  laver  de  l'abandon  de 
leur  monastères,  de  la  désobéissance  à  leurs  supé- 
rieurs et  du  scandale  qu'ils  auront  occasionné1.  » 

1  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,   p.  16]  et  seq. 

10 


—   i4(~>  — 

Dom  Antoine  Grillet  de  Mongeffond  mourut  le 
3i  mai  1 73  i ,  entouré  des  regrets  et  de  l'affection 
de  ses  Religieux.  Pendant  son  Généralat,  il  avait 
énergiquement  maintenu  la  régularité  monastique 
et  le  respect  du  au  Saint-Siège.  Son  gouvernement 
avait  duré  vingt-huit  ans  ;  il  avait  été  cinquante- 
trois  ans  Chartreux. 

Le  Nécrologe  de  la  Grande  Chartreuse  fait  Té- 
loge  de  ce  Général,  en  ces  termes  :  «  Le  Révérend 
Père  Dom  Antoine  de  Montgeffond  était  le  plus 
doux  et  le  plus  aimable  des  hommes  :  il  fut  aimé 
de  Dieu  et  chéri  de  ses  frères  .  Il  nous  gouverna 
avec  une  sagesse,  une  prudence  religieuses  qui  ne 
se  démentirent  jamais,  et  avec  une  parfaite  con- 
naissance du  cœur  humain  ;  sa  bonté,  sa  douceur 
étaient  vraiment  celles  d'un  père;  il  a  été  vingt-huit 
ans  notre  Général,  au  grand  applaudissement  de 
ceux  qui  le  connurent  et  qui  maintenant  encore  le 
comblent  de  louanges1.  » 

LUI. 
R.  P.   DOM  AMBROISE  CROLLET. 

i  ;3  1   —   1732. 

MBROISE  Crollet,  originaire  de  Bourg  en 
Bresse,    abandonna   le    monde,    à    l'âge    de 
vingt-deux  ans    et  vint  s'ensevelir  dans  la  solitude 

1  Archives  de  la  Grande  Chartreuse.  —  Ordinationes  Ca- 
pituli  Generalis  Ord.  Cartus.  de  1666  à  1788.  — Ordinatio 
anni  1  7 23  pro  septem  Provinciis  Francice.  —  Journal  de 
Verdun  de  1726.  —  De  Tracv,  op.  cit.  p.  3oo. 


—  '17  — 

de  la  Grande  Chartreuse  où  il  fit  Profession  en 
1086.  Le  Révérend  Père  Dom  Antoine  de  Mont- 
gelïond,  qui  avait  su  apprécier  son  mérite,  l'ap- 
pela, en  1703,  au  poste  de  Scribe  ou  secrétaire  de 
l'Ordre.  Dom  Ambroise  Crollet  exerçait  encore  cet 
emploi  lorsqu'il  fut  appelé  à  succéder  au  Général 
défunt,  le  6  juin  173 1.  Le  zèle  bien  connu  de  Dom 
Ambroise,  pour  la  discipline  régulière,  laissait 
pressentir  qu'il  continuerait  avec  fermeté  l'œuvre  de 
ses  prédécesseurs,  mais  Dieu  l'appela  à  lui,  quelques 
mois  plus  tard. 

La  mort  du  Révérend  Père  Dom  Ambroise 
Crollet  est  marquée  au  Nécrologe  de  la  Grande 
Chartreuse,  à  la  date  du  21  janvier  1732;  il  était 
âgé  de  soixante-neuf  ans  et  en  avait  passé  qua- 
rante-sept dans  l'Ordre1. 

LIV. 
R.   P.  DOM  ETIENNE  RICHARD. 

1732  —  1 737 . 


TIENNE  Richard  naquit  à  Lyon  de  pa- 
rents honorables,  en  1667.  Appelé  par  Dieu 
à  un  genre  de  vie  plus  parfait,  il  abandonna  le 
monde,  vint  frapper  à  la  porte  de  la  Grande  Char- 
treuse et  fît  Profession  dans  ce  Monastère,  vers 
1696.  Quelques  années  plus  tard,  en  1700,  il  fut 
envoyé    pour   diriger    la   Chartreuse  de  Vaucluse, 

1   Archives  cit.  —  De  Tracy,  op.  cit.   Remarques  sur   les 
Prieurs  de  la  Grande  Chartreuse,  p.  3oi. 


[48 


dans  le  Jura.  Il  resta  peu  de  temps  dans  ce  poste; 
le  Révérend  Père  Do  m  Antoine  de  Montgeffond, 
qui  avait  reconnu  le  mérite  de  cet  éminent  Reli- 
gieux, voulut  profiter  de  son  expérience  et  l'en- 
voya dans  plusieurs  Maisons  de  l'Ordre,  entre 
autres  à  la  Chartreuse  de  Castres  pour  rétablir  la 
discipline  et  remettre  les  Statuts  en  vigueur.  Le 
Chapitre  Général  le  nomma  ensuite  Visiteur  de  la 
Province  d'Aquitaine.  Dans  ces  différentes  charges, 
Do  m  Etienne  Richard  montra  un  zèle  si  éclairé  et 
une  entente  si  remarquable  des  affaires,  qu'à  la 
mort  du  Révérend  Père  Dom  Ambroise  Crollet, 
il  fut  élu  Général  de  l'Ordre,  le  28  janvier  iy32. 
Dom  Etienne  Richard  s'endormit  dans  le  Sei- 
gneur le  3  avril  1737,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans. 
après  cinq  ans  et  quelques  mois  deGénéralat  '. 


LV 


R.  P.  D.  MICHEL  BRUNIER  de  LARNAGE. 


17.? 


/-'/ 


1758. 


ICHEL  Brunier  de  Larnage,  né  à  Vienne, 
en  i(588,  était  issu  d'une  des  meilleures  fa- 
milles du  Dauphiné.  Ses  talents  et  de  puissantes 
protections  lui  présageaient  un  brillant  avenir  dans 
le  monde  ;  son  frère  était  influent  à  la  Cour,  il 
gouvernait  la  Martinique,  pour  le  Roi,  en  qualité 
d'intendant  général. Mais  le  jeune  de  Larnage,   dé- 


1  Ibid.  ut  supra.  —  Le  P.  de  Tracy,  op.  cit.  pp.  3oi,  3o: 


—   i49  — 

daigneux  des  honneurs,  voulut  se  donner  entière- 
ment à  Dieu.  Entré  à  vingt-deux  ans  à  la  Gran- 
de Chartreuse,  Dom  Michel  y  fit  Profession  en 
171 1.  Quelques  années  plus  tard,  il  fut  envoyé  à  la 
Chartreuse  de  Prémol  pour  remplir  la  charge  de 
Procureur;  puis,  le  12  janvier  1732,  le  Révérend 
Père  Dom  Ambroise  Crollet  le  nomma  Prieur  de 
Saint-Hugon,  en    Savoie. 

Dom  de  Larnage  dut  s'occuper  des  intérêts  ma- 
tériels de  ce  Couvent  qui  étaient  en  souffrance.  Il 
s'opposa  aux  usurpations  et  aux  rapines  des  habi- 
tants de  la  Chapelle  du  Bard,  en  Dauphiné,  qui 
dévastaient  toute  la  forêt  de  Saint-Hugon.  Animé 
d'un  vif  désir  de  conciliation,  Dom  Michel  fit  de 
larges  concessions,  montra,  par  des  titres  irrécusa- 
bles, qu'il  allait  beaucoup  plus  loin  qu'on  n'avait  le 
droit  de  l'exiger  et  obtint  la  promesse  qu'on  cesse- 
raitde  dévaster  la  forêt  jusqu'à  ce  que  la  justice  eût 
définitivement  statué.  Avec  l'assentiment  du  Ré- 
vérend Père  Dom  Etienne  Richard,  il  ne  voulut 
s'en  rapporter  à  personne  du  soin  des  intérêts  de  sa 
Maison,  et  partit  pour  Paris,  dans  l'été  de  1736, 
afin  de  soumettre  Le  conflit  à  la  maîtrise  des  eaux 
et    forêts. 

L'auteur  du  Mercure  de  France  qui  vit  alors 
Dom  Michel  de  Larnage,  nous  a  laissé,  sur  ce  Re- 
ligieux, l'anecdote  suivante.  «C'est  un  usage,  que 
le  corps  de  musique  de  l'église  métropolitaine  et 
plusieurs  autres  bons  musiciens  et  symphonistes 
de  la  ville,  se  rendent  dans  l'église  des  Chartreux 
un  certain  jour  de  l'été;  et  à  l'issue  des  Vêpres  des 


i5o 


Religieux,  ils  chantent  en  leur  présence  un  motet 
en  Thonneur  du  saint  fondateur,  et  quelquefois  un 
psaume  aussi  en  musique  :  c'est  une  manière  d'ex- 
ercice et  de  récréation  pour  les  enfants  de  chœur. 
En  sortant  de  l'église,  tous  ces  musiciens  trouvent 
une  ample  collation  préparée  dans  une  salle  de  la 
Maison.  On  chanta,  le  i(5  août  iy36,  en  contre- 
point, l'antienne  Laudandus  Bruno  et  tout  de 
suite  le  Te  Deum,  à  grand  chœur.  Il  y  eut  une 
grande  affluence  de  monde  qui  remplit  toute  l'église 
et  une  partie  du  M*onastère.  Cette  musique  fut  exé- 
cutée par  plus  de  quatre-vingts  personnes,  et, avec 
grande   symphonie  de  toutes  sortes  d'instruments, 

tymbales,  trompettes,  hautbois Je  me  souviens 

qu'étant  placé  dans  une  des  hautes  stalles,  du  côté 
opposé  à  celui  du  Père  Dom  Prieur,  j'étois  auprès 
d'un  grand  Religieux  qui  me  parut  plus  occupé  de 
quelques  pieuses  méditations,  que  des  charmes  de 
cette  musique.  Qui  m'auroit  dit  que  bientôt  ce  Vé- 
nérable Père  seroit  élu  Prieur  de  la  Grande  Char- 
treuse, c'est-à-dire,  Général  de  tout  ce  saint 
Ordre Depuis,  les  motets  ont  cessé  à  la  Char- 
treuse de  Paris.  J'ignore  les  motifs  et  les  circons- 
tances de  cette  cessation.  » 

Le  Religieux  dont  parle  le  Mercure  de  France 
était  Dom  Michel  de  Larnage.  Après  avoir  réglé 
les  affaires  de  son  Couvent,  il  retournait  à  Sairit- 
Hugon,  lorsqu'il  apprit  la  mort  du  Révérend  Père 
Dom  Etienne  Richard.  Comme  il  entrait  à  la  Char- 
treuse de  Sylve-Bénite,  on  lui  annonça  la  nouvelle 
de  son  élection,  faite  le  10  avril  1 7 3 7 .  Cédant,  mal- 


I  D  I 


gré  son  humilité,  aux  vœux  de  ses  frères,  au  lieu 
de  retourner  à  Saint-Hugon,  il  se  rendit  immé- 
diatement à  la  Grande  Chartreuse. 

Le  nouveau  Général  se  rappelant,  sans  doute,  la 
foule  qui  se  trouvait  à  la  Chartreuse  de  Paris  pour 
entendre  le  motet  des  enfants  de  chœur  de  la  ca- 
thédrale, défendit  ces  réunions .  Les  enfants  de 
chœur  continuèrent  d'aller  chanter  chez  les  Char- 
treux de  Paris,  mais  le  grand  appareil  de  musique 
fut  supprimé.  «  Il  n'est  pas  surprenant — dit  le 
Père  de  Tracy  —  que  Dom  de  Larnage  ait  éloigné, 
d'une  église  de  Solitaires,  ces  musiques  qui  se  font 
avec  tant  de  tumulte  et  où  la  curiosité  attire  plus 
que  la  dévotion.  »  Le  continateur  du  Père  Helyot, 
qui  rapporte  aussi  ce  fait, ajoute  :  a  Plut  à  Dieu  que 
Dom  de  Larnage  vint  mettre  un  peu  de  réforme 
dans  quelques  églises  de  Paris,  où  aujourd'hui  on 
l'attend  en  vain  de  ceux  qui  devraient  prescrire  une 
tenue  décente  aux  musiciens.  » 

Dom  Michel  Brunier  de  Larnage  était  remar- 
quable par  la  noblesse  de  son  esprit  et  la  bonté  de 
son  cœur.  Il  avait  une  taille  élevée,  des  traits  for- 
tement accentués, /le  regard  bienveillant,  mais  cette 
douceur  qui  prenait  sa  source  dans  la  charité  n'ex- 
cluait en  rien  la  fermeté.  Après  avoir  saintement 
gouverné  pendant  vingt  et  un  ans,  il  mourut  re- 
gretté de  ses  Religieux,  le  ier  octobre  iy58,  à  l'âge 
de  soixante-dix  ans. 


1  Mercure  de  France,  décembre  1741,  p.  2834.  —  Dict. 
des  Ordres  Religieux.  —  Eugène  Burnier,  L.i  Chartreuse 
de  Saint-Hugon.  p.  216.  —  De  Tracy,  op.  cit.    p.  3o2. 


1.12    

LVI. 
R.    P.  DOM  ETIENNE  BICLET. 

[753  —  1778. 

TIENNE  Biclet,  originaire  de  Lyon,  na- 
quit le  5  mars  1703.  Ayant  quitté  le  monde 
pour  se  consacrer  à  Dieu,  il  vint  au  Désert  de  Char- 
treuse et  y  iit  Profession.  Sa  science  et  son  entente 
des  affaires  engagèrent  le  Révérend  Père  Dom  Mi- 
chel de  Larnage  à  le  choisir  pour  Scribe  ou  secré- 
taire de  l'Ordre,  en  1748.  Il  occupait  encore  ce 
poste  à  la  mort  de  Dom  Michel,  quand  les  suf- 
frages des  Religieux  de  laGrande  Chartreuse  l'appe- 
lèrent à  lui  succéder,  le  6  octobre  1758. 

Le  Père  de  Tracy,  parlant  de  Dom  Etienne  Bi- 
clet, nous  apprend  que  «  la  modestie,  le  bon  exem- 
ple, la  vigilance  se  manifestèrent  dans  sa  conduite, 
avec  la  soumission  à  la  Providence  dans  les  épreu- 
ves. »  En  effet  Dom  Etienne  eut  cà  déplorer  la 
suppression  de  trois  Chartreuses  importantes  d'I- 
talie :  Païenne,  en  1769  ;  Padoue  et  Vedane,  en 
1770.  Déjà  l'Empereur  Joseph  II  avait  commencé 
à  mettre  à  exécution  ces  dangereuses  innovations 
en  ce  qui  regarde  les  possessions  ecclésiastiques 
et  les  Maisons  Religieuses  qu'il  voulait  séculariser. 
La  mort  devait  cependant  épargner  au  Vénérable 
Général  la  douleur  de  voir  la  suppression  des  nom- 
breuses Chartreuses,  établies  dans  les  États  de  cet 
Empereur  philosophe. 
Les  hommes  les  plus   eminents   de  cette    époque 


—   [  ?  ?  — 

avaient  Dom  Etienne  Biclet  en  grande  estime.  Dom 
Dorothée,  Abbé  de  la  Trappe  de  Sept-Fonts,  qui 
était  venu  le  visiter,  conserva  toujours  une  haute 
idée  de  sa  piété,  de  sa  science  et  de  sa  modestie.  Le 
Père  Mandar  de  l'Oratoire,  qui  le  vit  en  177?,  nous 
trace  son  portrait  en  quelques  lignes  :  «  J"ai  vu 
Dom  Biclet,  c'est  un  grand  vieillard  de  soixante- 
quinze  ans,  de  la  plus  haute  vertu,  du  meilleur  ju- 
gement et  d'une  gaieté  douce  dans  la  conversation  ; 
on  le  voit  le  premier  à  tous  les  exercices,  autant 
que  ses  affaires  le  lui  permettent. 

Dom  Etienne  Biclet  venait  de  présider  le  Cha- 
pitre Général  de  1778.  lorsque  trois  jours  après,  il 
fut  frappé    d'une  attaque  d'apoplexie  et  rendit.     . 
même  jour,  son  àme  à  Dieu,  le  27  mai,  a  Page 
soixante-quinze  ans. 

L'obituaire  de  la  Grande  Chartreuse  nous  a  trans- 
mis l'éloge  de  ce  Général.  «  La  nature  et  la  grâce, 
dit-il,   s'étaient  plues  à  le  combler  de  leurs  dons  ; 
pendant    les    vingt  années    qu'il    marcha   à   n 
tcte,  sa  sainte  vie  nous  servit  de  modèle  à  tous  ; 
son  commandement  était  si  empreint  de  douceur 
qu'il  gagnait  tous  les  cœurs.  Homme  au-dessu< 
toute  louange,  le  plus  célèbre  entre  ceux  qui  ont 
rempli  la  charge  de  Scribe,  on  disait  de  lui.  quand 
il  y  avait  une  affaire  difficile  a  élucider  :  allons  con- 
sulter le  Voyant,  eamus  ad  Videntem  ;  sa  mém 
sera  toujours  en  bénédiction  parmi  nous 

1    Le  Pcr.-    de    Tracv.    op.   cit.     Remarques    cil 
391.  —  Archive  —  La    Grande 

Chartreuse   parunCharti 


—   i  .->4  — 

LVII. 
R.  P.  DOM  HILARION  ROBINET. 

1778  —  1791. 

ILARION  Robinet  était  né  à  Paris,  en  1 725. 

Attiré  par  Dieu  dans  la  solitude,  il  entra 
dans  le  célèbre  Monastère  que  les  Chartreux  possé- 
daient dans  cette  ville  et  y  fit  Profession.  Ses  talents 
et  son  entente  des  affaires  engagèrent  bientôt  ses 
Supérieurs  à  le  nommer  Procureur  du  Couvent. 
Pendant  qu'il  remplissait  cet  emploi,  il  fut  envoyé  à 
la  Grande  Chartreuse  pour  traiter,  avec  le  Général, 
des  intérêts  concernant  la  Chartreuse  de  Paris.  Le 
Révérend  Père  Dom  Biclet  put  dans  cette  circons- 
tance admirer  la  piété  et  le  grand  savoir  du  Véné- 
rable Religieux  ;  il  le  prit  dès  lors  en  telle  estime, 
qu'en  1776,  il  le  nomma  Prieur  de  Paris.  Dom 
Robinet  occupa  ce  poste  très  peu  de  temps  ;  il  as- 
sista seulement  deux  fois  comme  Prieur,  au  Cha- 
pitre Général.  A  peine  était-il  de  retour  de  la  Gran- 
de Chartreuse,  après  le  Chapitre  de  1778,  qu'il 
apprit  la  mort  du  Révérend  Père  Dom  Etienne 
Biclet  et  son  élection  à  la  première  dignité  de  l'Or- 
dre. C'était  le  cinquième  Général  sorti  de  la  Char- 
treuse de  Paris.  Élu  le  2  juin,  il  partit  le  19  du  mê- 
me mois  pour  se  rendre  au  Désert  de  Chartreuse 
Le  Père  de  Tracy,  qui  avait  connu  Dom  Robi- 
net pendant  son  séjour  à  Paris,  nous  dit  que 
«  ceux  qui  avoient  avec  lui  des  relations,  l'ont  re- 
gretté dans  cette  grande  ville.  »  Plus  loin  il  ajoute  : 


—  i55  — 

«  Il  n'est  pas  oublié  de  ceux  dont  il  s'estoit  attiré 
l'affection  et  l'estime  dans  la  capitale  de  ce  royau- 
me, par  son  honnêteté,  son  affabilité  et  ses  autres 
vertus.  »  De  son  côté,  le  Père  Mandar,  de  l'Ora- 
toire, disait:  «  C'est  un  homme  d'un  vrai  mérite, 
qui  joint  au  talent  dans  les  affaires  la  plus  aimable 
affabilité  et  toutes  les  vertus  du  cloître.  » 

A  la  Grande  Chartreuse,  le  cœur  de  Dom  Hila- 
rion  fut  abreuvé  de  vives  douleurs.  Dès  la  première 
année  de  sa  nomination,  les  Chartreuses  de  la  Val- 
Sainte,  dans  le  diocèse  de  Lausanne,  et  d'Hildes- 
heim,  dans  la  Basse-Saxe,  furent  supprimées.  Bien- 
tôt il  allait  assister  à  la  destruction  d'une  partie  de 
son  Ordre.  Joseph  II  qui,  à  la  mort  de  Marie- 
Thérèse  d'Autriche,  sa  mère,  avait  pris  le  gouver- 
nement de  l'Autriche,  de  la  Hongrie,  de  la  Bohê- 
me, de  la  Lombardie  et  des  Flandres,  s'était  déclaré 
ouvertement  contre  l'Eglise  et  continuait  son  œu- 
vre de  la  sécularisation  des  Monastères.  Plus  de 
trois  cents  Maisons  religieuses  furent  supprimées. 
Ce  prince  philosophe  avait  cru  cependant  néces- 
saire de  commencer  par  les  Chartreux,  persuadé 
que  le  spectacle  de  leur  vie  austère  contrasterait 
d'une  manière  trop  frappante  avec  le  résultat  obligé 
de  ses  prétendues  réformes.  Vingt-neuf  Chartreuses 
furent  supprimées  malgré  les  vives  réclamations 
du  Pape  Pie  VI.  Tous  les  vénérables  Religieux 
de  ces  Maisons  persévérèrent  dans  leur  sainte  vo- 
cation et  restèrent  dans  leur  solitude,  jusqu'au 
moment  où  ils  furent  obligés,  par  la  force,  à  s'éloi- 
gner de  leur  retraite  '  [782  et   iy83). 


—   j  56  — 

Vers  la  même  époque,  sous  la  pression  du  gou- 
vernement, les  Chartreux  d'Espagne  furent  obligés 
de  se  séparer  de  la  Maison- Mère  et  cessèrent  de 
faire  partie  de  la  famille  cartusienne  qui  reconnais- 
sait l'autorité  du  Révérend  Père  Hilarion.  Un  Bref 
arraché  au  Souverain  Pontife  les  rendait  indépen- 
dants de  la  Grande  Chartreuse  et  les  autorisait  à 
avoir  un  Supérieur  national  (  1784  ).  En  six  années, 
Do  m  Robinet  avait  eu  à  déplorer  la  perte  de  qua- 
rante-quatre Chartreuses .  Dieu  voulait  éprouver 
ses  serviteurs  :  dans  quelques  années,  des  cent 
vingt-deux  Monastères  qui  existaient  encore  dans  les 
différentes  parties  de  l'Europe,  à  peine  en  restera- 
t-il  quelques-uns. 

Lorsque  la  Révolution  française  commença  son 
œuvre  de  destruction  et  que  l'Assemblée  nationale, 
par  ses  décrets  de  février  1790,  eut  aboli  les  vœux 
monastiques  et  supprimé  les  Ordres  religieux,  Dom 
Hilarion  Robinet  avait  déjà  pris  les  précautions 
nécessaires  en  vue  de  la  dispersion  de  son  Ordre. 
Dès  le  principe,  il  s'était  fait  autoriser  par  le  Saint- 
Siège  à  établir  la  Maison-Mère ,  en  dehors  de 
France;  de  plus,  le  14  mai  1700,  il  reçut  un  Bref 
qui  lui  permettait  de  réunir  le  Chapitre  Général 
dans  la  Maison  qu'il  aurait  choisie  comme  refuge. 

En  cette  année  [790,  les  autorités  révolutionnaires 
vinrent  trois  fois  établir  l'inventaire  du  mobilier 
de  la  Grande  Chartreuse  et  finirent  par  enlever 
l'argenterie  et  les  vases  sacrés.  Le  3i  octobre,  un 
membre  du  district,  accompagné  de  gendarmes, 
força  le    Père   Procureur  à  lui  livrer  la  moitié    de 


—   157  — 

l'argent  qui  restait  dans  la  caisse  du  Couvent  ;  il 
emporta  la  somme  de  36,  ooo  livres. 

Dom  Hilarion  était  resté  au  milieu  de  ses  Reli- 
gieux, dans  le  Monastère  de  la  Grande  Chartreuse, 
mais  les  terribles  malheurs  qui  accablaient  son 
Ordre  avaient  brisé  ses  forces,  et  il  mourait  le  4 
mai   1791,  à  l'âge  de  soixante-six  ans. 

«  Le  Révérend  Père  Dom  Hilarion  Robinet  — 
écrivait  dernièrement  un  Chartreux  —  rendit  son 
âme  à  Dieu,  après  avoir  vu  tomber  pierre  par 
pierre,  cet  édifice  cartusien  si  grandiose  encore  peu 
d'années  auparavant;  il  contempla  tant  de  désastres, 
n'ayant  pour  toute  consolation  que  la  plus  entière 
soumission  à  la  volonté  de  Dieu.  Une  joie,  néan- 
moins, l'attendait  à  son  lit  de  mort  :  celle  de  pen- 
ser qu'il  reposerait  dans  le  cimetière  de  la  Grande 
Chartreuse  ;  qu'il  mêlerait  ses  cendres  à  celles 
d'une  longue  génération  de  Saints  et  qu'il  atten- 
drait la  venue  du  Souverain  Juge  dans  cette  terre 
bénie  '.   » 

LVIII. 

R.   P.  DOM  NICOLAS  ALBERGATI. 
1 79 1  —  1801 . 


ICOLAS  Albergati  de  Geoffroy  quitta  le 
monde,  jeune  encore,  pour  se  consacrer  à 
£tant  entré  dans  la  Chartreuse  de  Villeneuve- 


Dieu. 


1  Le  Père  de  Tracy,  op.  cit.  p.  306-391-392. — Souve- 
nirs du  Père  Dom  Ephrem  Coutarel,  ms.  La  Grande  Char- 
treuse   par  un  Chartreux,  p.  166  et  sq. 


—  i58  — 

les-Avignon,  il  y  ht  Profession  et  édifia  ses  frères 
par  sa  piété  et  ses  vertus.  Ses  Supérieurs,  après 
Tavoir  désigné  pour  différents  offices  dont  il  s'ac- 
quitta à  la  satisfaction  de  tous,  le  nommèrent 
Prieur  de  la  Chartreuse  de  Saint-Julien,  près  de 
Rouen,  et  peu  après  convisiteur,  puis  Visiteur  de 
la  Province  de  France-sur-Seine. 

A  la  mort  de  Dom  Hilarion  Robinet,  les  élec- 
teurs de  Chartreuse,  Currières  et  Chalais  l'élurent 
Général  à  l'unanimité,  le  10  mai  1 79 1 .  Dans  la 
crise  terrible  que  traversait  l'Ordre  des  Chartreux, 
l'honneur  qui  était  fait  à  Dom  Nicolas  était  une 
bien  lourde  charge  ;  mais  le  nouveau  Général  l'ac- 
cepta cependant  avec  courage,  et  toujours  il  sut  se 
montrer  à  la  hauteur  des  circonstances  difficiles 
au  milieu  desquelles  il  se  trouva. 

Le  12  août  de  la  même  année,  Dom  Nicolas  Al- 
bergati  pria  le  Souverain  Pontife,  Pie  VI,  de  lui  re- 
nouveler la  faculté  déjà  donnée  à  son  prédécesseur, 
d'établir  son  séjour  à  l'étranger  et  d'y  rassembler 
le  Chapitre  Général,  ce  qui  lui  fut  accordé. 

Les  domaines  de  la  Chartreuse  avaient  été  mis 
en  vente  comme  biens  nationaux;  l'obédience  du 
désert,  où  les  Généraux  se  retiraient  quelque- 
fois pour  se  recueillir  dans  une  solitude  com- 
plète, avait  été  vendue  le  jour  même  de  la  mort 
du  Révérend  Père  Dom  Hilarion  Robinet.  Cette 
même  année  1791,  en  vertu  du  décret  du  20  mars 
1700  et  de  la  loi  du  14  octobre  1790,  on  vint  à 
deux  reprises  interroger  les  Religieux  de  Chartreuse 
pour  savoir  s'ils  étaient  disposés  à  profiter  de  la  li- 


—   i  Sg  — 

berté  qui  leur  était  accordée  par  la  nation.  La  ré- 
ponse-1e  tous  les  Religieux  fut  que  leur  désir 
était  de  persévérer  dans  leur  vocation  etde  rester 
dans  leur  Monastère. 

Au  mois  d'avril  1792,  Dom  Albergati  de  Geof- 
froy et  ses  Moines  furent  accusés  d'avoir  des  cor- 
respondances avec  les  ennemis  de  la  nation  et  de 
faire  des  préparatifs  pour  recevoir  les  troupes  Sar- 
des qui,  disait-on,  méditaient  une  invasion  par  les 
montagnes  de  Chartreuse.  Sous  prétexte  de  garder 
cette  frontière,  on  mit  garnison  dans  le  Couvent. 
«  Notre  Maison  —  écrivait  un  témoin  oculaire  — 
était  devenue  une  véritable  caserne  et  notre  position 
était  si  pénible  qu'elle  aurait  été  insupportable  si 
Dieu  ne  nous  avait  soutenus  de  sa  grâce,  pour  per- 
sévérer dans  notre  état'.   » 

Le  21  mai  suivant,  des  commissaires  se  présentè- 
rent à  la  Grande  Chartreuse,  et  signifièrent  au  Ré- 
vérend Père  et  aux  Religieux  Tordre  d'évacuer  le 
Monastère  dont  ils  avaient  besoin,  disaient-ils,  pour 
loger  des  troupes.  Ils  assignèrent  comme  nouvelle 
résidence,  à  la  Communauté,  la  Chartreuse  de  Syl- 
ve-Bénite,  près  du  lac  Paladru,  et  celle  de  Durbon, 
dans  les  environs  de  Gap.  Dom  Albergati  consterné 
à  cette  nouvelle,  envoya  aussitôt  à  Grenoble  Dom 
Burdet  et  Dom  Palluis  qui  parvinrent  à  obtenir  la 
révocation  de  cet  ordre. 

La  position  des  Religieux,  au  milieu  des  soldats 
qui  commandaient  en  maîtres,  était  devenue  into- 
lérable, lorsque  l'Assemblée  nationale  décida,  par 
décret  du    [6  août    1792,   que  toutes    les    maisons 


—    iho  

religieuses  devaient  être  évacuées  le  premier  octo- 
bre. Le  district  fit  signifier  ce  décret  au  Révérend 
Père,  le  i3  septembre,  mais  l'exécution  n'eut  lieu 
que  le  14  octobre  et  les  jours  suivants;  à  cette  épo- 
que, la  Communauté  y  compris  Currières  et  Cha- 
lais  comprenait  trente-huit  Religieux  de  chœur,  dix- 
huit  Convers  et  trente-six  Donnés.  On  ne  laissa 
dans  le  Couvent  que  douze  Frères  et  les  Officiers 
de  la  Maison  :  Dom  Ambroise  Burdet,  Procureur  ; 
Dom  Sébastien  Palluis,  Procureur  de  l'Obédience 
de'Meylan;  Dom  Emmanuel  Nivière,  Coadjuteur; 
et  Dom  Thaddée  Forestier,  Vicaire.  Ces  Religieux 
devaient  garder  la  Maison  et  prendre  soin  des 
granges  et  des  prairies  qui,  n'ayant  pu  être  ven- 
dues, leur  avaient  été  affermées. 

Le  Révérend  Père  Dom  Nicolas  Albergati  de 
Geoffroy  quitta  le  Monastère  le  17  octobre  1792. 
Ses  Religieux  pour  la  plupart  passèrent  la  frontière 
et  demandèrent  asile  à  leurs  frères  d'Allemagne  et 
de  Suisse.  D'autres  se  dirigèrent  vers  l'Italie,  par- 
mi eux  se  trouvait  Dom  Albergati  qui,  après  bien 
des  périls,  parvint  à  se  réfugier  à  Bologne,  où  il  ar- 
riva le  7  décembre.  En  170,0,  le  Chapitre  Général 
fut  convoqué  dans  cette  ville,  à  l'époque  ordinaire; 
quatorze  Prieurs  s'y  présentèrent.  Dans  cette  as- 
semblée, on  régla  l'importante  question  de  l'élection 
du  Général  de  l'Ordre.  Le  Chapitre  ordonna  que 
«  si  le  Révérend  Père  venait  à  mourir  dans  le  cou- 
rant de  l'année,  le  Père  Scribe  serait  chargé  du 
gouvernement  de  tout  l'Ordre  et  jouirait  de  la  mê- 
me   autorité  que    le  Révérend  Père,  jusqu'au  Cha- 


—  i6i  — 

pitre  Général  qu'il  serait  tenu  de  convoquer  à  l'é- 
poque ordinaire. S'il  venait  à  mourir  lui-même  avant 
d'avoir  pu  assembler  un  Chapitre,  le  Religieux  qu'il 
aurait  choisi  pour  Scribe  aurait  la  même  autorité  et 
les  mêmes  obligations.  »  Cette  Ordonnance  fut  con- 
firmée par  le  Chapitre  de  Tannée  suivante  et  approu- 
vée par  un  bref  de  Pie  VI, en  date  du  14  juillet  1794. 

Dom  Nicolas  Albergati  put  encore  réunir  le 
Chapitre  Général  en  1793.  Dans  cette  circonstance, 
après  avoir  consulté  les  Pères  Visiteurs  et  enten- 
du le  rapport  du  référendaire  Dom  Ignace  Tricot, 
Prieur  de  Valbonne,  le  Chapitre  revint  encore  sur 
l'élection  du  futur  Général  et  déclara  que,  selon  son 
sentiment,  l'élection  du  Révérend  Père  devait  ap- 
partenir aux  Définiteurs  du  Chapitre,  tant  que  la 
Maison  de  Chartreuse  resterait  dispersée;  de  plus, 
il  détermina  les  formalités  à  remplir  pour  l'élection. 
Cette  Ordonnance  ne  fut  jamais  appliquée,  le  Cha- 
pitre Général  n'ayant  pu  se  réunir  pendant  la  Ré- 
volution et  l'Empire. 

Au  commencement  de  l'année  1797,  le  Général 
des  Chartreux  fut  obligé  de  s'enfuir  de  Bologne,  à 
l'arrivée  des  armées  françaises  dans  la  province.  Il 
se  réfugia,  avec  la  permission  du  Souverain  Pon- 
tife, dans  la  Chartreuse  de  Rome.  Dom  Nicolas 
Albergati  de  Geoffroy  passa  quelques  années  dans 
la  ville  éternelle,  et  se  prépara  à  la  mort  au  milieu 
des  exercices  de  la  pénitence.  Il  s'endormit  dans  la 
paix  du  Seigneur,  le  22  décembre   18011. 

'  Notes  manuscrites  de  la  Grande  Chartreuse.  —  Souvenirs 
de  Dom  Ephrem   Coutarel.   Ms. — A.  Pascal,  Le  Désert  de 

11 


ïfi'2 


LIX. 

R.  P.   DOM  ANTOINE  VALLET. 

Vicaire  Général. 
1801  -  i8i3. 

NTOINE  Vallet  était  né  en  ij-5  ;  Dieu 
l'ayant  appelé  à  la  vie  solitaire,  il  aban- 
donna le  monde  et  fit  Profession  à  la  Grande  Char- 
treuse, en  174').  Ses  talents  remarquables  le  firent 
nommer  Scribe  ou  secrétaire  de  l'Ordre.  Il  occupa 
cette  place  sous  trois  Généraux,  les  Révérends 
Pères  Dom  Etienne  Biclet,  Dom  Hilarion  Robinet 
et  Dom  Nicolas  Albcrgalï  de  Geoffroy.  Dans  toutes 
les  circonstances  difficiles,  au  milieu  desquelles  il 
se  trouva,  Dom  Antoine  sut  déployer  une  grande 
énergie  et  une  habileté  remarquable.  Dans  l'Ordre, 
on  le  considérait  comme  le  futur  successeur  de 
Dom  Albergati. 

En  vertu  d'une  Ordonnance  du  Chapitre  Général 
tenu  à  Bologne,  en  1  7q3,  il  avait  été  réglé  que,  en 
cas  de  décès  du  Révérend  Père,  son  secrétaire  hé- 
riterait de  son  autorité  et  l'exercerait  dans  les  mêmes 
conditions,  jusqu'au  prochain  Chapitre  Général. 
En  conséquence,  Dom  Antoine  Vallet.  à  la  mort 
de  Dom  Nicolas  Albergati,  prit  en  main  l'admi- 
nistration de  l'Ordre,  avec  le  titre  de  Vicaire  Gé- 
néral, et  conserva  le  pouvoir  avec  ce  simple  titre,  les 

la  Grande  Chartreuse,    p.   ioq  et  sq.  — La  Grande   Char- 
treuse par  un  Chartreux,  p.  169  et  sq. 


—   [63  — 

malheurs  de  cette  époque  néfaste  ne  lui  ayant  pas 
permis  de  réunir  le  Chapitre. 

Dom  Antoine  Vallet  résida,  comme  son  prédé- 
cesseur, dans  la  Chartreuse  de  Rome,  mais  obi  gé 
de  quitter  cette  ville,  en  1810,  il  eut  un  instant  la 
pensée  de  se  retirer  à  la  Chartreuse  de  La  Part- 
Dieu,  près  de  Fribourg,  en  Suisse.  C'était  à  peu 
près  la  seule  Maison  régulière  qui  restait  aux  Char- 
treux. Les  circonstances  politiques  ne  lui  ayant  pas 
permis  de  réaliser  son  projet,  il  se  retira  à  Romans, 
dans  le  département  de  la  Drôme.  Quelques  Char- 
treux du  Val-Sainte-Marie  de  Bouvantes  étaient 
venus,  pendant  la  Révolution,  chercher  un  asile 
dans  cette  petite  ville.  L'un  d'eux  s'était  rendu  ad- 
judicataire de  l'ancien  Couvent  des  Récollets,  le 
3i  mars  1791,  et  tous  ensemble  reprirent,  dans  cet 
ancien  Monastère,  leur  vie  de  Chartreux.  Ils  ne 
furent  pas  inquiétés  et  purent  passer,  dans  le  si- 
lence de  la  solitude,  les  plus  mauvais  jours  de  .la 
Terreur.  En  18  to,  Dom  Antoine  Vallet  vint  s'éta- 
blir dans  cette  Chartreuse  fondée  dans  des  circons- 
tances si  extraordinaires  et  y  passa  quelques  années 
dans  le  calme  le  plus  profond. 

Le  25  juin  181 3,  il  y  rendit  sa  belle  âme  à  Dieu, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-huit  ans,  après  avoir  vécu 
soixante-sept  ans  dans  l'Ordre.  L'obituaire  de  la 
Grande  Chartreuse  fait  son  éloge  en  quelques 
mots  :  «  Obiit  R.  P.  Domnus  Antonius  qui  vixit 
valdè  laudabiliter  in  Ordine.  » 

«  Ses  obsèques  —  nous  dit  Y  Ami  de  la  Religion 
—  furent  célébrées   suivant  le  rite  cartusien  \  son 


—   164  — 

corps  était  revêtu  de  l'habit  de  l'Ordre  et  exposé 
sur  une  simple  planche  au  milieu  de  l'église.  Tous 
les  Religieux  portaient  leur  habit.  Le  respectable 
curé  de  Romans,  M.  l'abbé  Antelme,  prononça 
l'éloge  du  défunt,  en  présence  des  administrateurs 
des  hospices  et  de  plusieurs  familles  de  distinction 
qui  honoraient  les  Chartreux.  Les  restes  de  Dom 
Vallet  furent  inhumés,  près  de  ceux  de  ses  con- 
frères morts  avant  lui,  dans  l'enceinte  de  l'église, 
près  de  la  chapelle  de  la  Mère  des  Douleurs  '.  » 

LX. 

R.  P.  DOM  ROMUALD  MOISSONNIER. 

Vicaire  Général. 

i8i3  — 1816. 

OMUALD  Moissonnier,  qui  avait  reçu  au 
baptême  les  noms  de  Jean-Louis,  naquit  à 
Lyon,  le  3i  décembre  1742.  Porté,  jeune  encore, 
à  la  vocation  de  la  vie  religieuse,  il  se  présenta  au 
Couvent  de  la  Grande  Chartreuse,  y  fit  son  novi- 
ciat et  prononça  ses  vœux,  le  i5  août  1762.  Quel- 
ques années  plus  tard,  en  1775,  il  fut  envoyé 
comme  Sacristain  à  la  Chartreuse  de  Pomiers.  Il 
v  resta  peu  de  temps  et  fut  nommé  successivement 
Vicaire  au  Reposoir,  Coadjuteur  à  Chalais,  Pro- 
cureur à  la  Sylve-Bénite,  et  en  1789,  Prieur  de  cette 

1  Notes  manuscrites  de  la  Grande  Chartreuse. — Ami  de 
la  Religion,  t.  LXXXV  p.  28g.  ap.  La  Grande  Chartreuse, 

cit.  p.  iq3  et  sq. 


65 


même  Maison.  Obligé  de  fuir  en  1792,  il  quitta  la 
France,  et,  par  une  étrange  coïncidence,  arriva  à 
la  Chartreuse  de  Bologne  le  même  jour  que  le 
Révérend  Père  Dom  Nicolas  Albergati  de  Geoffroy 
et  Dom  Antoine  Vallet,  Scribe  de  l'Ordre.  Ce  fut 
entre  les  mains  de  ces  trois  Religieux  que  reposa 
la  suprême  autorité  pendant  la  Révolution  et  l'Em- 
pire. 

Forcé  de  quitter  Bologne  pour  échapper  aux 
Français  victorieux  qui  menaçaient  la  ville,  Dom 
Romuald  passa  quelque  temps  à  la  Chartreuse  de 
Ferrare,  puis  se  réfugia  dans  le  Monastère  de  Tri- 
este  et  dans  celui  de  Florence.  Il  habita  cette  der- 
nière Chartreuse  jusqu'au  moment  où  le  Révérend 
Père  Vicaire  Général  le  nomma  Prieur  de  La  Part- 
Dieu,  en  Suisse. 

En  18 10,  le  Vicaire  Général,  Dom  Antoine  Val- 
let, qui,  quelques  années  auparavant  avait  donné 
la  charge  de  Scribe  à  Dom  Raphaël  Paris,  crut  devoir 
remplacer  ce  Religieux  et  nomma  Dom  Romuald 
Moissonnier.  A  cet  effet,  il  lui  envoya  l'obédience 
de  Scribe  qui  fut  confirmée  par  le  Nonce  aposto- 
lique à  Lucerne,  le  20  juillet  i8i3.  A  la  mort  de 
Dom  Antoine  Vallet,  Dom  Romuald  Moissonnier, 
en  vertu  de  l'Ordonnance  du  Chapitre  Général  de 
1793  ,  devint  Vicaire  Général.  Son  titre  et  ses 
pouvoirs  furent  confirmes  par  le  Saint-Siège. 

Ce  vénérable  Religieux  fit  les  plus  honorables 
efforts,  en  1 8 1 4  et  en  i8i5,  pour  obtenir  du  gou- 
vernement français  le  rétablissement  de  la  Grande 
Chartreuse.  «  Rien  —  dit   un  Chartreux  contem- 


—  i66  — 

porain  —  Rien  ne  lui  tenait  plus  à  cœur,  et  l'espé- 
rance qu'il  en  avait  toujours  conservée,  semblait  être 
chez  ce  bon  Religieux  comme  une  inspiration  qui 
lui  servait  d'encouragement  pour  arriver  au  terme 
de  ses  désirs.  »  Dom  Romuald  se  mit  en  rapport 
avec  quelques  Chartreux  résidant  en  France,  parti- 
culièrement avec  Dom  Emmanuel  du  Creux,  chape- 
lain de  l'Hôtel-Dieu  de  Rouen,  ancien  Prieur  de 
la  Chartreuse  de  Gaillon,  et  Dom  Ephrem  Coutarel, 
curé  de  Vilette  près  de  Saint-Laurent-du-Pont. 

Dieu  bénit  les  démarches  de  Dom  Moissonnier, 
et  le  27  avril  1816,  une  ordonnance  royale  autori- 
sait le  retour  des  enfants  de  saint  Bruno  dans  leur 
Couvent  du  Désert  de  Chartreuse.  Un  instant,  h 
vénérable  Vicaire  Général  crut  qu'il  ne  lui  serait 
pas  donné  de  revoir  la  Grande  Chartreuse,  il  venait 
de  tomber  dangereusement  malade,  mais  Dieu 
voulant  donner  cette  consolation  à  son  serviteur, 
lui  rendit  la  santé.  Dès  lors,  au  comble  de  ses  vœux 
Dom  Moissonnier  hâta  le  dipart.  «  Le  25  juin,  n'é- 
coutant ni  son  grand  âge  ni  son  état  d'infirmité, 
sans  autre  précaution  que  celle  de  voyager  en  litière 
et  à  petites  journées,  bien  qu'il  fût  encore  convales- 
cent, il  quitta  la  Part-Dieu,  au  risque  de  mourir 
en  route,  traversa  le  canton  de  Yaud,  Genève,  la 
Savoie  et  arriva  à  Grenoble  le  jeudi  4  juillet.  » 
Dom  Romuald  prit  possession  de  la  Grande  Char- 
treuse, le  8  juillet  18 16,  accueilli  avec  le  plus  vif 
enthousiasme  par  toutes  les  populations  voisines, 
heureuses  de  revoir  leurs  anciens  bienfaiteurs. 

«  Ainsi  —  dit  un   des   historiens   de  la  Grande 


—   i  (->7  — 

Chartreuse  — le  vénérable  Vicaire  General  qui  avait 
été  l'instrument  de  la  Providence  pour  la  restaura- 
tion de  son  Ordre  en  France,  dans  le  lieu  même 
où  saint  Bruno  l'avait  fonde,  rentra  au  Couvent 
où  il  avait  été  enfanté  à  la  vie  religieuse,  comme 
un 'exilé  rentre  dans  la  maison  de  ses  Pères.   » 

Le  lendemain,  on  chanta  une  messe  d'actions  de 
grâces,  dans  la  chapelle  des  morts,  la  seule  où  Ton 
pût  célébrer  avec  décence  les  saints  mystères  :  huit 
à  dix  Religieux  y  assistaient.  Rien  ne  manquait  plus 
au  bonheur  de  Dom  Romuald  Moissonnier;  il  se 
retrouvait  au  berceau  de  son  Ordre,  sur  cette  terre 
sanctifiée  par  son  illustre  fondateur.  Onze  jours 
après  son  arrivée,  le  19  juillet  18 16,  le  Révérend 
Père  s'éteignait  sans  souffrances,  à  l'âge  de  soixante- 
quatorze  ans,  après  avoir  vécu  dans  l'Ordre  cin- 
quante-quatre ans  '. 

LXI. 
R.  P.  DOM  BONAVENTURE  EYxMIN. 

Vicaire  Général. 


1816. 

ONAVENTURE  Eymin  avait  fait  Profes- 
sion â  la  Chartreuse  de  Valbonne  et  était 
Prieur  de  Durbon  lorsqu'éclata  la  Révolution.  S'é- 
tant  retiré  au  Monastère  de  la  Part-Dieu,  il  entra 

{  Notes  mss.  de  la  Grande  Chartreuse.  —  Dom  Bruno  Ram- 
beaud.  Tableau  historique  de  la  Grande  Chartreuse,  p.  94 
et  sq.  —  Rentrée  des  Solitaires  de  la  Grande  Chartreuse. 
—  A.    Pascal.  Le  Désert  de  la   Grande  Chartreuse-  p.  84  et 


—  i(58  — 

en  rapport  avec  le  Révérend  Père  Vicaire  Général, 
Dom  Romuald  Moissonnier,  qui  sut  apprécier  sa 
science,  sa  vertu  et  sa  prudence. 

Au  moment  de  partir  pour  la  Grande  Chartreuse, 
en  1 8 1 6,  Dom  Romuald  ayant  comme  un  pressen- 
timent de  sa  mort  prochaine,  voulut  nommer  celui 
qui  devait  remplir,  après  lui,  la  charge  de  Vicaire 
Général;  il  choisit  Dom  Bonaventure  Eymin.  Après 
la  mort  de  Dom  Moissonnier,  le  nouveau  Vicaire 
Général  se  rendit  à  la  Grande  Chartreuse  pour  pré- 
sider à  l'élection  d'un  Général.  Le  iO  septembre 
1816,  Dom  Grégoire  Sorel  fut  nommé  Prieur  de 
Chartreuse  et  Général  de  l'Ordre.  Les  trois  Vicai- 
res Généraux,  qui  avaient  été  à  la  tète  de  l'Ordre 
pendant  la  Révolution  française,  cessaient  alors  le 
rôle  qu'ils  avaient  si  dignement  rempli. 

Dom  Eymin  fut,  dans  la  suite,  avec  l'assentiment 
du  Saint-Siège,  nommé  Coadjuteur  du  Général.  iô 
septembre  1822  ;  mais  il  ne  put  rendre  aucun  ser- 
vice au  Révérend  Père  Sorel.  Le  jour  même  où  il 
devait  commencer  à  exercer  sa  nouvelle  charge,  il 
tomba  malade  et  mourut  quelques  mois  après,  le 
18  décembre  1822,  ayant  édifié  ses  frères  par  son 
humilité  et  sa  piété.  Dom  Bonaventure  Eymin 
avait  vécu  cinquante-sept  ans  dans  l'Ordre  des 
Chartreux  '. 

sq.  —  L'Ami  de  la  Religion,  t.  LXXXV,  p.  291.  —  Du  Boys. 
Grande  Chartreuse,  p.  76.  —  La  Grande  Chartreuse,  cit. 
p.  195.  et  sq. 

<  Notes  mss.  de  la  Grande  Chartreuse.  —  Dom  Bruno  Ram- 
baud,  Tableau  historique  cit.  p.  69.  La  Grande  Chartreuse, 
cit.  p.   198  et  210. 


—  169  -- 

LXII. 

R.  P.  DOM  GRÉGOIRE  SOREL. 

18 16  —  1824. 

RÉGOIRE  Sorel,  après  avoir  fait  Profession 
à  la  Grande  Chartreuse,  fut  successivement 
Sacristain,  Maître  des  Novices,  Vicaire  et  Procu- 
reur de  ce  Monastère.  Plus  tard,  il  fut  envoyé  com- 
me Prieur  à  la  Chartreuse  de  Seillon,  et  la  Révo- 
lution française  le  trouva  à  la  tète  du  Couvent  de 
Vaucluse. 

Lorsque  les  Religieux  réunis  à  la  Grande  Char- 
treuse durent  nommer  un  successeur  à  Dom  Ro- 
muald  Moissonnier,  ils  jetèrent  les  yeux  sur  Dom 
Grégoire  Sorel  qui,  après  la  réouverture  des  égli- 
ses avait  pris  du  ministère,  et  dirigeait  la  paroisse 
de  Saint-Jean  de  Bournay.  Ses  anciens  confrères 
lui  écrivirent  pour  l'engager  à  se  joindre  à  eux. 
mais  Dom  Sorel,  brisé  par  l'âge  et  les  infirmités, 
leur  répondit  que  ses  soixante-dix-sept  ans' ne  lui 
permettaient  pas,  malgré  son  désir,  de  retourner 
au  Couvent  de  Chartreuse.  Les  Religieux  le  suppliè- 
rent alors  de  venir  au  moins,  au  milieu  d'eux,  pour 
les  assister  de  ses  conseils  et  prendre  part  à  l'élec- 
tion, comme  Confirmateur.  Dom  Grégoire  ne  put 
résister  à  leurs  instances,  il  vint  à  la  Grande  Char- 
treuse et  fut  nommé  Général,  le  H>  septembre  18  1  G. 
Craignant  de  ne  pas  répondre  à  l'appel  de  Dieu 
qui  se  manisfestait  d'une  façon  si  inattendue,  il 
accepta  et  reprit  courageusement  les  Observances 


—    i-o  — 

et  les  Règles  de  la  vie  Cartusienne.  Son  élection  fut 
confirmée  parle  Pape  Pie  VII,  le  17  décembre  1816. 
Malgré  son  grand  âge,  Dom  Grégoire  Sorel  tra- 
vailla avec  le  plus  grand  zèle  à  réparer  les  ruines 
accumulées  par  les  Révolutionnaires,  et  après  eux 
par  les  Autrichiens  qui,  en  1814,  avaient  saccagé 
le  Monastère.  Un  témoin  oculaire  nous  décrit  en 
ces  termes  l'état  de  délabrement  de  la  Grande  Char- 
treuse autrefois  si  florissante  :  «  Vitraux  brisés, 
portes  enfoncées  et  sans  serrures  ;  cloisons  renver- 
sées, cellules  dévastées,  toits  dégradés,  murs  souil- 
lés par  des  mains  profanes  ;  l'église  et  les  cha- 
pelles, tout,  à  quelques  exceptions  près,  offrait 
l'image  de  la  spoliation  :  autels,  chandeliers,  lam- 
pes, tableaux,  cloches,  horloge,  stalles,  parquet, 
boiserie  des  deux  chœurs,  tout  avait  disparu.  » 

On  songea  d'abord  aux  réparations  les  plus  ur- 
gentes ;  elles  furent  faites  avec  les  quinze  mille 
francs  accordés  par  le  gouvernement.  Quelques 
personnes  généreuses  vinrent  aussi  au  secours  des 
Chartreux  et  donnèrent  entre  autres  choses,  deux 
lampes  pour  l'église  et  un  maître-autel  pour  rem- 
placer celui  de  marbre  blanc  transporté,  en  1807, 
à  la  cathédrale  de  Grenoble.  En  1820,  Dom  Sorel 
bénit  une  cloche  donnée  par  Mr  François  de  Fer- 
rus,  de  Lyon,  et  M.me  Françoise  de  la  Barmondière. 
Les  autres  réparations  eurent  lieu  peu  à  peu,  à 
mesure  que  la  Providence  procurait  de  nouveaux 
secours  au  Monastère. 

Les  forces  du  Révérend  Pèrj  trahirent  bientôt 
son  courage,  et  il  lut  obligé  de  demander  un  Coad- 


—    x-ji    - 

juteur  ;  ce  fut  Dom  Bonaventure  Eymin,  dont  nous 
avons  parle  plus  haut.  Ce  saint  Religieux  n'aida 
que  bien  peu  de  temps  le  Père  Général  à  supporter 
le  poids  de  sa  charge  ;  nommé  le  16  septembre 
1822,  il  mourait  le  18  décembre  de  la  même  année'. 
Dès  lors,  Dom  Sorel  sentant  les  infirmités  augmen- 
ter de  plus  en  plus,  supplia  le  Saint-Siège  d'accep- 
ter sa  démission  et  de  permettre  à  la  Communauté 
de  Chartreuse  de  lui  choisir  un  successeur.  Le 
Souverain  Pontife  Léon  XII  y  consentit  enfin,  et 
l'élection,  présidée  par  les  Prieurs  de  Trisulti  et 
de  Turin  délégués  spécialement  à  cet  effet  par  le 
Saint-Siège,  eut  lieu  le  7   mai   1824. 

Personne  n'ayant  obtenu,  après  quatre  tours  de 
scrutin  le  nombre  de  suffrages  exigé  par  les  Sta- 
tuts, le  délégué  du  Pape  donna  aussitôt  lecture 
d'un  décret  apostolique  qui  nommait  le  Prieur  de 
Turin,  Dom  Benoit  Nizzatti,  Général  de  l'Ordre. 
Le  décret  avait  été  préparé  dans  la  prévision  où 
la  Communauté  ne  pourrait  réussir  à  faire  l'élection. 

Le  Révérend  Père  Dom  Grégoire  Sorel  vécut 
encore  environ  une  année,  après  l'élection  dé  son 
successeur;  il  rendit  sa  belle  âme  au  Seigneur,  le 
22  avril  1825,  après  avoir  passé  cinquante-sept 
ans  dans  l'Ordre.  L'obituaire  de  la  Grande  Char- 
treuse fait  ainsi  son  éloge  :  «  Dom  Sorel  était  un 
vieillard  vénérable  ,  qui  s'est  rendu  remarquable 
par  sa  piété,  sa  science,  sa  douceur,  sa  patience  et 
la  sainteté  de  sa  vie  2.   » 

'  Voir  la  Notice  de  Dom  Bonaventure  Eymin  p.  1G7. 

-'  Notes   mss.  de    la    Grande   Chartreuse.  —  Dom    Bruno 


—     I72    — 

LXIII. 

R.  P.  DOM  BENOIT  NIZZATTI. 

1824 —  1 83 1 . 

ENOIT  Nizzatti  était  profès  de  la  Char- 
treuse de  Turin  et  dirigeait  ce  Monastère  com- 
me Prieur,  lorsque,  le  7  mai  1824.il  fut  nommé  Gé- 
néral de  l'Ordre  par  décret  apostolique.  Le  nouveau 
Révérend  Père  continua  l'œuvre  de  Dom  Sorel  et 
donna  tous  ses  soins  au  rétablissement  de  la  Grande 
Chartreuse.  Huit  années  de  travaux  et  de  sévères 
économies  n'avaient  pu  suffire  à  rendre  le  Monas- 
tère entièrement  habitable. 

Les  infirmités  de  Dom  Benoît  Nizzatti  ne  lui 
permirent  pas  de  faire  un  long  séjour  au  Désert  de 
Chartreuse;  il  était  obligé  de  passer,  chaque  année, 
quelques  mois  à  la  petite  Chartreuse  de  Currières. 
dont  le  climat  était  plus  doux.  De  plus,  il  fut  au- 
torisé par  le  Souverain  Pontife  à  faire  lui-même 
les  visites  des  Chartreuses  d'Italie.  Pendant  ces  ab- 
sences, il  se  reposait,  pour  ce  qui  concernait  la  di- 
rection de  sa  principale  Communauté,  sur  les  soins, 
l'intelligence  et  la  sagesse  d'un  jeune  Religieux  . 
Dom  Jean-Baptiste  Mortaize,  qui  remplissait  l'Office 
de  Vicaire  et  qui, plus  tard, devait  lui  succéder  dans 
le  gouvernement  de  l'Ordre. 

En  faisant  la  visite  de  la  Chartreuse  de  Turin,  le 

Rambaud,  Tableau  historique  cit.  p.  68.  et  sq.  —  L'Ami  de 
la  Religion  t.  LXXXV.  p.  201.  —  La  Grande  Chartreuse 
cit.   p.   209  et  sq. 


—  i7'3  — 

Révérend  Père  Dom  Benoît  Nizzatti  tomba  dange- 
reusement malade,  et  mourut  dans  ce  Monastère,  le 
jour  de  la  fête  du  saint  fondateur  de  l'Ordre,  le  6 
octobre  1 83  i  '. 

LXIV. 
R.   P.  DOM  JEAN-BAPTISTE  MORTAIZE. 

i83i  — i863. 


EAN-BAPTISTE  Mortaize  naquit ,  dans  le 
mois  de  mars  1798,  au  village  de  Rabat  près 
de  Tarascon-sur-Ariège,  de  parents  pieux  et  chré- 
tiens. La  divine  Providence  sembla,  dès  le  princi- 
pe, avoir  voulu  se  réserver  à  elle  seule  de  diriger 
Féducation  de  cet  enfant  dont  les  heureuses  dispo- 
sitions n'échappaient  à  personne  et  qui  dès  l'âge  de 
huit  ans  était  resté  orphelin  .  Après  de  brillantes 
études  faites  au  collège  de  Pamiers,  le  jeune  Mor- 
taize suivit  les  cours  de  théologie  au  grand  sémi- 
naire de  Toulouse,  mais  Dieu  appelait  dans  la  so- 
litude cette  âme  d'élite.  Après  avoir  reçu  le  diaco- 
nat, il  désira  quitter  le  monde  et  vint,  le  9  avril 
1824,  frapper  à  la  porte  de  la  Grande  Chartreuse, 
demandant  d'être  reçu  au  nombre  des  Religieux. 
Bientôt  ses  supérieurs  apprécièrent  ses  rares  quali- 
tés et  pressentirent  les  services  éminents  qu'il  pour- 
rait rendre  à  l'Ordre.  Au  lendemain  de  sa  Profes- 
sion qui  eut  lieu  le  24  juin   [825,  il  fut   appelé  à 

1  Notes  Mss.  de  la  Grande  Chartreuse. 


—   '74  — 

enseigner  la  théologie  aux  jeunes  Religieux  et  à  les 
initier  aux  divers  usages  et  cérémonies  propres  aux 
enfants  de  saint  Bruno. 

Aux  quatre-temps  de  Noël,  17  décembre  1825,  il 
reçut  l'ordination  sacerdotale,  à  Chambéry  .  Deux 
ans  plus  tard,  il  fut  chargé  de  la  direction  du  No- 
viciat de  la  Grande  Chartreuse,  et,  en  1829,  il  était 
nommé  Vicaire  du  Monastère.  A  cause  des  circons- 
tances exceptionnelles,  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
le  Vicaire  était  le  véritable  Prieur  de  la  Maison.  Le 
Général  Dom  Benoît  Nizzatti,  ne  résidant  que  rare- 
ment à  la  Grande  Chartreuse,  la  direction  du  Cou- 
vent incombait  au  Père  Vicaire. 

Austère  et  dur  pour  lui-même,  Dom  Jean-Baptiste 
était  plein  de  tendresse  et  de  condescendance  envers 
les  Religieux.  Tout  en  se  montrant  ferme,  vigilant, 
zélé  pour  le  maintien  des  Observances  de  la  Règle, 
il  sut  gagner  l'estime  et  l'affection  de  ses  frères.  A 
la  mort  du  Révérend  Père  Dom  Benoît  Nizzatti,  les 
Religieux  appelés  à  élire  un  nouveau  Supérieur 
le  choisirent,  presque  à  l'unanimité,  pour  remplir 
ce  poste  éminent.  Le  nouveau  Général  n'avait  que 
trente -trois  ans.  (i83i.) 

Dom  Jean- Baptiste  Mortaize  se  dévoua  entière- 
ment à  la  réorganisation  et  à  l'extension  de  l'Ordre. 
«  Lorsqu'il  fut  élu  Général,  dit  l'auteur  de  la  Gran- 
de Chartreuse,  le  Monastère  passait  par  un  de  ces 
moments  de  transition  dont  l'issue  est  toujours  dé- 
cisive dans  un  sens  ou  dans  un  autre.  La  Commu- 
nauté se  composait  de  deux  éléments  divers  : 
l'ancienne  et   la    nouvelle    génération  ;   l'ancienne 


—  I7i)  — 

disparaissait   rapidement,  emportant  ces  souvenirs 
et  ces   traditions  du  passé  qui    jouent  un   si  grand 
rôle  dans  la  vie  d'un  Ordre   religieux  -,  la  nouvelle 
génération  arrivait,  apportant,  avec  une  bonne  vo- 
lonté très  grande,  une   inévitable  ignorance   de  la 
vraie  vie  cartusienne.  La  tâche  du  supérieur  était 
de  fondre  tellement  en   une  seule  les   deux  généra- 
tions, que  l'œuvre  de   saint   Bruno  continuât  sans 
transition   heurtée,  sans    décadence,    sans  exagéra- 
tions et  sans  innovations.  Il  fallait,  afin  d'atteindre 
ce  but,  un  Supérieur   assez   éclairé   pour  toujours 
bien  dicerner  1j  sens  exact  du  Statut,  et  assez  pru- 
dent pour    maintenir   l'observance   de    la    Règle  ; 
Dom    Jean-Baptiste  était  tout  cela,  à  cause  de    ses 
grandes  vertus.  Son   union  avec  Dieu  lui  donnant 
des  lumières    pour  faire   un  juste  discernement  de 
toutes   choses,  il   posa  ce  principe  qui  résolvait  la 
difficulté  :  suivre  uniquement  le  Statut,  à  la  lettre. 
Dès  lors,  on  ne  pouvait  craindre  de  voir  se  former 
une  nouvelle  vie  cartusienne  différente  de  l'ancien- 
ne  :  le  présent  continuait  le  passé;  l'abîme  creusé 
parla  Révolution  était  comblé;  les  vieillards  retrou- 
vaient à  la   fin  de  leur   existence,  ce  qu'ils  avaient 
vu  jadis  dans  les  cloîtres  cartusiens  aux  premiers 
jours  de  leur  vie  religieuse.  Pour  obtenir  la  parfaite 
observance  de  la  Règle,  Dom  Jean-Baptiste  eut  re- 
cours au  moyen  le  plus  efficace:  il  la  pratiqua  lui- 
même  et  réalisa  bientôt  en  sa  personne   le  type  du 
vrai  Chartreux  .  » 

La    mission   de  cet  éminent   Général   ne   devait 
pas  rester  circonscrite  dans  l'enceinte  de  son  Mo- 


—  176  — 

nastère,  il  travailla  avec  énergie  au  rétablissement 
de  son  Ordre.  Dès  i835,  les  Chartreuses  de  Val- 
bonne  et  de  Bosserville  avaient  été  rachetées;  en 
1843,  il  entreprit  la  restauration  du  Couvent  de 
Montrieux,  et  en  1844,  celle  du  Reposoir.  En  Ita- 
lie, la  splendide  et  monumentale  Chartreuse  de 
Pavie  avait  été  rendue,  par  le  gouvernement  autri- 
chien, à  sa  destination  primitive.  Une  nouvelle 
retraite  fut  fondée  à  Montauban,  en  i852,  pour  les 
Moniales  Chartreuses,  et  si,  en  1854,  la  Maison  de 
Turin  lui  était  enlevé  par  le  Piémont,  il  faisait,  en 
f  855, entreprendre  la  restauration  de  l'antique  Char- 
treuse de  Portes.  Dans  le  courant  de  l'année  i858, 
il  relevait  le  Monastère  de  Vauclair  et  enfin  ouvrait 
des  négociations  avec  le  conseil  d'Etat  de  Fribourg 
pour  le  rétablissement  de  la  Val-Sainte. 

Dom  Jean-Baptiste  Mortaize  voulait  la  restaura- 
tion de  son  Ordre,  mais  il  ne  pouvait  la  compren- 
dre en  dehors  de  l'observance  de  toutes  les  Règles  ; 
c'est  pourquoi,  dès  le  commencement  de  son  Géné- 
ralat,  il  sollicita  de  la  Cour  romaine  les  dispenses 
nécessaires  pour  le  rétablissement  des  Chapitres 
Généraux.  Le  2  juillet  i83y,  toutes  les  difficultés 
étaient  aplanies  et  ces  grandes  assises  de  l'Ordre, 
interrompues  depuis  près  d'un  demi-siècle,  repre- 
naient définitivement  leur  cours. 

Dom  Jean-Baptiste  ressentait  un  attrait  tout  par- 
ticulier à  soulager  les  malheureux,  et  il  serait  dif- 
ficile de  donner  une  appréciation  exacte  des  prodi- 
gieuses aumônes  qu'il  répandit  partout.  Soulager 
la  misère  et  l'infortune    semblait  être  son   unique 


—  i77  — 

pensée.  On  vint  un  jour  lui  apprendre  que  le  feu 
venait  de  détruire  une  partie  de  la  distillerie  du 
Couvent  et  avait  causé  des  dommages  considéra- 
bles. «  Hélas,  dit-il,  les  pauvres  devront  recevoir  un 
peu  moins.  »  Son  inépuisable  charité  lui  avait  ac- 
quis dans  le  monde  une  popularité  aussi  grande 
que  légitime.  Aucune  bonne  œuvre  ne  lui  était 
étrangère.  Partout  il  favorisait  l'esprit  religieux  par 
l'érection  ou  la  réparation  des  églises,  secondait  les 
vocations  sacerdotales,  soutenait  les  missions,  pro- 
tégeait les  Communautés  religieuses,  créait  des 
hospices  et  des  écoles. 

Pour  venir  au  secours  des  populations  pauvres 
de  la  Montagne,  il  fit  ouvrir  des  routes  et  releva  de 
leurs  ruines  les  villages  de  Saint-Pierre-de-Char- 
treuse  et  de  Saint-Laurent-du-Pont  détruits  entière- 
ment par  le  feu.  Jamais  il  ne  se  refusait  à  un  acte 
de  charité,  de  quelque  part  qu'il  fût  demandé.  Il 
n'est  donc  pas  étonnant  que  son  nom  devint  l'objet 
de  l'admiration  et  de  la  vénération  universelle. Pour 
tout  autre,  cette  immense  popularité  aurait  pu  de- 
venir un  écueil  ;  pour  lui,  elle  ne  changea  rien  à  sa 
vie  simple  et  modeste.  A  l'intérieur  du  Couvent,  il 
resta  ce  qu'il  avait  toujours  été,  humble  et  morti- 
fié ;  d'un  accès  facile  avec  ses  Religieux,  il  se 
montrait  doux  et  affable  avec  les  étrangers  qui  se 
pressaient  autour  de  lui  et  réclamaient  à  l'envi 
l'honneur  de  converser  avec  lui;  en  un  mot,  il 
était  bon  envers  tous,  de  cette  bonté  cordiale  et 
simple  qui  s'ignore  complètement  elle-même.  Tou- 
jours calme   et  tranquille  au   milieu  de  tant  d'af- 

12* 


faires  et  de  sollicitudes  extérieures,  on  eût  dit  qu'il 
n'avait  à  se  préoccuper  d'autre  chose  que  de  la  di- 
rection de  sa  Communauté. 

Avec  l'habitude  de  tout  faire  par  lui-même, de  ne 
jamais  compter  avec  ses  forces,  de  se  priver  non 
seulement  de  ce  qui  pouvait  le  soulager,  mais  mê- 
me de  ce  qui  lui  était  absolument  nécessaire  et  que 
la  Règle  accorde  à  tous  les  Religieux,  Dom  Jean- 
Baptiste  Mortaize  vit  sa  santé  s'altérer  gravement. 
Mais,  dès  le  moment  où  il  comprit  que  ses  forces 
ne  répondaient  plus  à  l'énergie  de  sa  volonté,  il  ré- 
solut d'abandonner  le  pouvoir.  Ayant  offert  plu- 
sieurs fois  sa  démission  au  Chapitre  Général  qui 
n'avait  jamais  voulu  se  priver  de  sa  sage  direction, 
et  prévoyant  qu'il  ne  pourrait  pas  vaincre  cette- 
résistance,  il  s'adressa  à  la  Cour  romaine  et,  à  force 
d'instances,  il  obtint  du  Pape  la  faveur  de  se  retirer 
et  de  passer  le  reste  de  ses  jours  dans  le  calme  et  la 
paix  de  la  cellule.  Son  abdication  est  datée  du  16 
février  1 863  ;  le  lendemain  il  quittait,  pour  ne  plus 
le  revoir,  le  Monastère  qu'il  avait  gouverné  plus  de 
trente  ans.  Retiré  à  la  Chartreuse  de  Pavie,  il  y 
vécut,  dans  le  cloître,  pendant  l'espace  de  sept 
ans,  oubliant  le  monde,  ses  amis  et  lui-même  pour 
ne  penser  qu'à  Dieu  et  à  ses  lins  dernières. 

Le  i5  janvier  1870.  vers  dix  heures  du  soir, 
Dom  Jean-Baptiste  Mortaize  ressentit  de  violentes 
douleurs  au  cœur  ;  peu  après  il  rendait  à  Dieu  sa 
belle  âme,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans  et  allait 
recevoir,  dans  le  ciel,  la  récompense  méritée  par  ses 
<euvres  et  ses  vertus.   Son  corps  fut    ramené    à  la 


—  t79  — 

Grande   Chartreuse  où  il  repose  dans    le  cimetière 
réservé  aux  Généraux1. 

LXV. 
R.  P.  DOM   CHARLES-MARIE  SAISSON. 

i863  —   1877. 


HARLES-Marie  Saisson  naquit,  en  1806,  à 
Avignon, d'une  famille  vertueuse.  Il  était  pro- 
cesseur du  petit  séminaire  de  Sainte-Garde  lorsqu'il 
songea  à  quitter  le  monde  ;  cette  àme  d'élite  sentait 
le  besoin  de  se  trouver  face  à  face  avec  Dieu  dans 
le  calme  et  le  silence  du  cloître.  Lorsqu'il  entra  à  la 
Grande  Chartreuse ,  Charles-Marie  Saisson  était 
âgé  de  vingt-neuf  ans;  il  commença  son  noviciat  au 
mois  d'août  1 835  et  prit  l'habit  le  i3  septembre 
suivant.  Peu  après  sa  Profession,  qui  eut  lieu  le  14 
septembre  1 836,  ses  supérieurs  qui  avaient  re- 
marqué son  mérite  l'envoyèrent  à  la  Chartreuse 
de  Rome,  où  il  remplit  successivement  les  charges 
de  Procureur,  de  Maître  des  Novices  et  de  Vi- 
caire. En  [838,  nous  le  trouvons  Procureur  de 
la  Chartreuse  de  Turin.  De  là,  il  se  rendit  à  Gè- 
nes, en  1841,  pour  répondre  au  désir  du  Roi  Char- 
les-Albert qui  désirait  fonder  une  seconde  Maison 
de    Chartreux    dans   ses    États.   L'année    suivante, 

1  Carte  du  Chapitre  Général  de  i8G3  —Note  sur  le  Révé- 
rend Père  Dom  Jean-Baptiste  Mortaize,  ap.  Vie  de  la  Mire 
Elisabeth  Giraud,  fondatrice  des  Sœurs  du  Saint-Rosaire; 
par  A.  M.  de  Franclieu,  p.  3n»  et  19.  Note  vu. —  La  Gran- 
de Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  21 1  et  seq. 


—  180  — 

Dom  Charles-Marie  fut  chargé  d'une  mission  plus 
difficile  encore  :  il  s'agissait  de  recouvrer  la  ma- 
gnifique Chartreuse  de  Pavie,  sécularisée  par  l'Em- 
pereur Joseph  II. 

Pendant  Tannée  qu'il  passa  dans  la  ville  de  Vienne, 
Dom  Charles-Marie  déploya ,  comme  diplomate, 
«  un  talent  qui  ne  fut  surpassé  que  par  sa  patience  à 
supporter  les  lenteurs  d'une  bureaucratie  méticu- 
leuse et  les  sourdes  menées  de  certains  person- 
nages hosnles  à  l'œuvre.  Il  eut  recours  aux  grands 
moyens  employés  par  les  saints  :  le  jeûne  et  la 
prière.  Touché  de  tant  de  vertus,  Dieu  lui  ménagea 
de  puissants  protecteurs  et  lui  rendit  favorable  la 
famille  impériale.  »  Lorsque  ses  patientes  démar- 
ches furent  couronnées  de  succès,  le  Révérend  Père 
Dom  Jean-Baptiste  Mortaize  le  nomma  Recteur  de 
cette  Maison,  puis  Prieur,  en  1844.  L'observance 
cartusienne  étant  alors  entièrement  rétablie  dans 
ce  Monastère,  le  Général  envoya  Dom  Charles-Ma- 
rie diriger  la  Chartreuse  de  La  Padule,  tout  en 
lui  conservant  son  titre  de  Visiteur  ;  c'était  en 
i852.  Appelé,  quatre  ans  après,  à  la  Grande  Char- 
treuse, comme  secrétaire  du  Révérend  Père,  il  ne 
quitta  ce  Monastère  qu'en  1859,  pour  prendre  la 
direction  de  la  Chartreuse  de  Bosserville  et  remplir 
l'office  de  Visiteur  de  la  Province  de  France.  C'est 
à  Bosserville  que  les  délégués  de  la  Grande  Char- 
treuse vinrent  annoncer  à  Dom  Charles-Marie  son 
élévation  au  Généralat.  L'élection  avait  eu  lieu  le 
2  1  février,  et  l'installation  se  lit  le  6  mars  suivant. 

On  rapporte  qu'un  vieux  Religieux,  apprenant  la 


181 


nomination  de  Dom  Charles,  lui  envoj^a  une  petite 
image  où  étaient  représentés  les  instruments  de  la 
Passion,  avec  ces  mots  qu'il  écrivit  au  bas  :  et  ibi 
crucifixerunt  eum.  «  Si  ces  paroles —  disait  naguè- 
res  Monseigneur  Fava,  Évêque  de  Grenoble,  dans 
une  lettre  adressée  à  son  clergé  —  peuvent  s'ap- 
pliquer à  tous  les  supérieurs  qui  entrent  en  charge, 
elles  se  réalisèrent  vraiment  dans  Dom  Charles,  que 
la  maladie  enchaîna  si  souvent  dans  sa  cellule  quand 
elle  ne  le  clouait  pas  sur  un  lit  de  douleur.  Il  en 
coûtait  à  cette  nature  active  de  se  voir  condamnée 
au  repos,  à  cet  ami  de  la  Règle  de  ne  pouvoir  mar- 
cher à  la  tête  de  ses  Religieux  ;  mais  il  se  résignait, 
en  songeant  que  la  douleur,  supportée  en  union 
avec  Jésus-Christ  crucifié,  est  féconde,  et  qu'il  plaît 
souvent  à  Dieu  de  choisir  dans  les  Communautés 
une  victime,  qu'il  place  sur  l'autel  du  sacrifice,  afin 
que  les  autres  âmes  soient  rendues  participantes  de 
ses  mérites.   » 

Dom  Charles-Marie  suivit  les  exemples  de  son 
illustre  prédécesseur  ;  il  rétablit  les  Chartreuses 
de  Sélignat,  de  Neuville-sous-Montreuil,  de  Glan- 
dier,  et  jeta  les  fondements  des  Chartreuses  de 
Haïn,en  Allemagne,  et  de  Parckminster,  en  Angle- 
terre. Ce  vénérable  Général  semblait  avoir  ap- 
pris de  Dom  Jean-Baptiste  Mortaize  le  secret  de 
multiplier  les  ressources  ménagées  à  la  Grande 
Chartreuse  par  la  divine  Providence, et  il  s'en  mon- 
trait le  généreux  et  fidèle  dispensateur.  L'Évêque 
de  Grenoble  nous  apprend  que  «  jamais  un  mal- 
heureux  ne   frappa   vainement  à  la   porte   de  son 


—     .82    — 

Monastère  -,  toute  misère  qui  alla  se  confier  à  son 
cœur  fut  soulagée  ;  son  âme  s'ouvrait  au  récit  de 
l'infortune  avec  une  ardeur  et  une  tendresse  que 
trahissaient  souvent  sa  voix  et  ses  larmes.  Lorsque 
parfois  il  se  trouvait  obligé  d'opposer  un  refus  aux 
demandes  qu'une  confiance  excessive  ou  indiscrète 
lui  adressait,  alors  même  son  cœur  souffrait.  Son 
regard  affectueux,  ainsi  que  ses  paroles  pleines  de 
tendresse  exprimaient  sa  peine  et  ses  regrets.   » 

Le  Révérend  Père  Charles-Marie  fut  appelé 
comme  Général  d'Ordre  à  assister  au  concile  du 
Vatican;  son  attitude  y  fut  celle  que  Ton  pouvait 
attendre  d'un  pieux  enfant  de  saint  Bruno.  Dans 
l'importante  question  de  l'infaillibilité  du  Pontife 
romain,  il  se  prononça  pour  l'affirmative  et  re- 
mit une  note  fort  remarquée  par  les  Pères  du 
concile. 

Monseigneur  Fava,  son  admirateur  et  son  ami, 
nous  a  laissé  un  beau  portrait  de  ce  saint  Religieux. 
«  Dom  Charles  était  doué  d'une  finesse  profonde 
comme  son  regard  ;  mais  c'était  surtout  un  homme 
de  cœur.  Avec  la  faculté  d'aimer  qu'il  possédait  à 
un  degré  éminent,  Dieu  lui  avait  aussi  prodigué 
les  vertus  qui  la  dirigent,  l'épurent  et  font  qu'elle 
s'épanouit  en  fleurs  et  en  fruits  célestes.  Aussi 
était-il  un  père  pour  ses  Religieux,  et  ses  Religieux, 
étaient  pour  lui,  des  fils  aimants  et  confiants;  il 
leur  prodiguait  ses  conseils,  ses  encouragements, 
ses  soins  et  ses  services.  Par  ses  exemples,  il  leur 
montrait  comment,  avec  une  simplicité  vraie,  on 
peut  s'élever  aux  plus  mâles  et  aux  plus  héroïques 


—    i83  — 

vertus.  Appelé  par  son  rang  à  recevoir  la  visite 
d'une  foule  d'étrangers,  il  était  pour  tous  d'un  accès 
facile  :  simple  avec  les  petits,  noble  avec  les  grands. 
On  admirait  en  lui  ce  regard  doux  et  vif,  ce  visage 
toujours  souriant  où  son  âme  si  belle  se  montrait 
à  découvert;  on  se  retirait  enchanté.  » 

Au  mois  de  mai  1876,  Dom  Charles-Marie  se 
rendit  de  nouveau  à  Rome  ;  il  désirait,  avant  de 
mourir,  revoir  encore  une  fois  le  vénérable  Pontife, 
Pie  IX.  Au  sortir  de  l'audience,  tout  inondé  de 
bonheur  et  de  joie,  il  s'écriait  :  «  maintenant  je 
puis  chanter  mon  niinc  dimittis.  »  En  effet,  l'heure 
du  départ  ne  tarda  pas  à  sonner,  l'apoplexie  qui  le 
frappa  soudain  le  i5  décembre  de  la  même  année, 
en  fut  pour  lui  le  signal.  Le  26  mars  1877,  il  se 
rendit,  avec  la  permission  du  Souverain  Pontife,  à 
la  Chartreuse  de  Valbonne.  Sous  ce  climat  plus  tem- 
péré, le  Vénérable  Général  reprit  un  peu  de  force  et 
retrouva  quelques  jours  de  santé,  mais  ce  ne  fut 
qu'un  éclair  de  bonheur  pour  ses  Religieux.  Le 
7  avril,  Dom  Charles-Marie  retombait  pour  ne  plus 
se  relever,  et  le  17  du  même  mois,  il  s'endormait 
tranquillement  dans  le  Seigneur.  Peu  de  temps 
avant  sa  mort,  on  lui  demanda  s'il  désirait  quelque 
chose  :  oui,  murmura-t-il,  le  ciel.  Son  corps  fut 
ramené  à  la  Grande  Chartreuse. 

Le  Révérend  Père  Dom  Charles-Marie  Saisson 
était  âgé  de  soixante  et  onze  ans  ;  il  avait  gouverné 
l'Ordre  pendant  quatorze  années,  et  avait  vécu 
sous  l'humble  habit  de  Chartreux  l'espace  de  qua- 
rante-deux ans. 


—   [84  — 

LXVI. 
R.  P.  DOM  ROCH-MARIE  BOUSSINET. 

1877  —  1879. 


OCH-Marie  Boussinet,  né  d'une  famille  ho- 
norable et  pieuse,  à  Poussan,  département 
de  l'Hérault,  le  11  mai  1810,  montra,  dès  son  en- 
fance, les  dispositions  les  plus  remarquables.  En 
1824,  il  entra  au  petit  séminaire  de  Montpellier  et 
s'y  fit  remarquer  par  son  amour  du  travail  et  ses 
nombreux  succès.  Sa  vocation  l'appelant  à  l'état 
ecclésiastique,  il  fut  ordonné  prêtre  le  i5  mai  1834, 
et  nommé  vicaire  de  la  paroisse  où  il  était  né  : 
position  délicate  qu'il  sut  cependant,  par  sa  vertu, 
rendre  fructueuse  pour  le  salut  des  âmes.  Quelques 
années  plus  tard,  ses  supérieurs  le  nommèrent  vi- 
caire de  la  cathédrale  de  Montpellier.  Dans  ce 
nouveau  poste, les  appréhensions  et  les  inquiétudes 
qui  s'étaient  emparées  du  jeune  prêtre  à  Poussan, 
s'accentuèrent  et  semblèrent  devoir  l'éloigner  du 
ministère  paroissial  ;  déjà  peut-être,  avait-il  tourné 
ses  regards  vers  la  solitude. Toutefois  s'étant  trouvé, 
à  cette  époque,  en  rapport  avec  Mgr  de  Forbin- 
Janson,  il  s'attacha  à  ce  prélat,  devint  son  secrétaire 
intime  et  le  compagnon  de  ses  nombreux  voyages. 
Sous  les  auspices  de  l'éminent  Evèque  de  Nancy, 
l'abbé  Boussinet  créa  et  dirigea,  pendant  plusieurs 
années,  les  maisons  de  retraites  ecclésiastiques  de  la 
Seyne  et  de  Mortagne  :  excellente  institution,  ap- 


—  iS5  — 

prouvée  par  Grégoire  XVI,  mais  qui  ne  put  sur- 
vivre à  son  protecteur;  Mgr  de  Forbin-Janson,  ren- 
tré du  Canada,  en  1844,  était  mort,  peu  après,  à 
Marseille.  L'abbé  Boussinet,  âgé  alors  de  trente- 
cinq  ans,  vint  à  Paris  pour  remplir  les  dernières 
intentions  de  son  protecteur,  et  remettre  à  l'Arche- 
vêque de  riches  ornements  que  lui  léguait  Mgr  de 
Forbin.  Dans  cette  circonstance,  Mgr  Affre  reçut 
avec  bonté  l'abbé  Boussinet,  et,  juste  appréciateur 
du  mérite,  voulut  attacher  cet  éminent  ecclésias- 
tique à  son  diocèse.  Il  lui  confia,  à  titre  provisoire, 
d'abord  l'aumônerie  des  Quinze-Vingts  et  ensuite 
celle  du  collège  Stanislas.  Les  grandes  qualités  et 
les  nobles  vertus  du  nouvel  aumônier  attirèrent 
bientôt  sur  lui  l'attention  du  Gouvernement.  On  lui 
fit  offrir  l'évêché  de  Pamiers;  mais  l'humble  prêtre, 
se  considérant  indigne  d'une  si  haute  dignité,  re- 
fusa, et  peu  après,  vint,  le  5  juillet  1846,  frapper  à 
la  porte  de  la  Grande  Chartreuse  pour  se  donner 
entièrement  à  Dieu  dans  la  solitude  du  cloître. 

Aussitôt  après  sa  Profession  solennelle,  Dom 
Roch-Marie  fut  envoyé  en  Italie  ;  il  y  remplit  les 
charges  de  Vicaire,  de  Maître  des  Novices  et  de 
Procureur.  De  1 85 1  à  i8(53,  les  Monastères  de 
Pavie  et  de  la  Padule  admirèrent  non  seulement 
son  aptitude  comme  organisateur,  mais  surtout  sa 
grande  piété  et  son  zèle  pour  l'observance  régulière. 
Ce  saint  Religieux  montra  aussi  une  sagesse  et  une 
expérience  consommées,  dans  la  direction  des  Mo- 
niales de  Beauregard  dont  il  fut  Vicaire  jusqu'en 
1869.   Après   avoir  été   quelque   temps  Procureur 


i86 


à  la  Chartreuse  de  Vauclair,  il  fut  nommé,  en  1 87 1 , 
Prieur  de  Mougères,  et  peu  après  Visiteur  de  la 
première  Province  de  France.  Il  occupait  encore 
ces  deux  postes  importants,  lorsqu'à  la  mort  de 
Dom  Charles-Marie,  il  fut  élu  Général  de  l'Ordre, 
le  26  avril  1877. 

La  nouvelle  de  son  élection  lui  étant  parvenue, 
au  moment  où  il  faisait  la  Visite  de  la  Chartreuse 
de  Sélignat,  il  en  fut  attéré.  Effrayé  de  la  respon- 
sabilité qui  lui  incombait,  il  se  décida,  après  bien 
des  résistances,  à  accepter  le  pouvoir  jusqu'à  la 
réunion  du  Chapitre  Général.  Celui-ci,  par  excep- 
tion,fut  convoqué,  à  cet  effet,  au  mois  de  juin,  mais 
D.  Roch  n'ayant  pu,  par  ses  prières  et  ses  ins- 
tances, fléchir  le  Définitoire,  se  soumit  humblement. 

Un  Chartreux  écrivait  à  ce  sujet  :  «  La  con- 
fiance que  ses  confrères  lui  témoignèrent  en  le  nom- 
mant à  la  première  place ,  le  remplit  d'effroi  ;  sa 
dignité  lui  fit  horreur  ;  il  ne  se  consola  jamais  d'a- 
voir été  tiré  de  l'heureuse  obscurité  dans  laquelle 
il  vivait,  et  si  l'on  nous  disait  qu'il  en  est  mort  de 
chagrin,  cela  ne  nous  surprendrait  point.  »  D'une 
modestie  profonde,  d'une  bonté  douce  et  affec- 
tueuse, il  faisait  l'admiration  de  tous  ceux  qui  l'ap- 
prochaient.Ses  Religieux  trouvaient  en  lui  le  modèle 
parfait  du  Chartreux,  et  pour  marcher  sûrement 
dans  la  voie  de  la  perfection,  ils  n'avaient  qu'à  suivre 
ses  exemples.  La  mort  devait  enlever  prématuré- 
ment ce  saint  Gérerai  à  la  respectueuse  vénération 
de  ses  frères.  Moins  de  deux  années  après  son  élec- 
tion, Dom  Boussinet  fut  frappé  d'une  maladie  qui 


—  187  — 

le  conduisit,  en  quelques  jours,  au  tombeau.  Plein 
cTespe'rance  dans  les  promesses  de  son  divin  Maître, 
il  s'endormit  du  sommeil  des  justes,  le  samedi  22 
février  1879,  à  Tàge  de  soixante-neuf  ans,  après 
avoir  passé  trente-deux  ans  dans  l'Ordre. 

LXVII. 
R.   P.    DOM  ANSELME-MARIE   BRUNIAUX. 

1879. 

NSELME-Marie  Bruniaux,  successeur  de 
Dom  Roch,  n'appartient  pas  encore  à  l'his- 
toire ;  contentons-nous  de  rappeler  que,  né  le  7 
juillet  1823,  à  Saint-Martin-sur-Écaillon,  dans  le 
département  du  Nord,  il  fut  ordonné  prêtre  à  Cam- 
brai et  professa  pendant  quelques  années  au  collège 
ecclésiastique  de  Roubaix.  Appelé  par  Dieu  à  la 
vie  monastique,  il  prit  l'habit  à  la  Grande-Char- 
treuse, le  3f  octobre  i85g,  fit  Profession  à  la  fête 
de  la  Toussaint  de  Tannée  suivante,  et  fut  succes- 
sivement Maître  des  novices  à  la  Grande  Char- 
treuse et  Vicaire  de  la  Val-Sainte.  Il  était  depuis 
dix  ans,  Prieur  de  Valbonne  et  convisiteur  de  la 
seconde  Province  de  France,  lorsqu'il  fut  élu  Gé- 
néral de  l'Ordre,  le  ier  mars  1879. 


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SIXIÈME     PARTIE 


MONASTERES 

DE 

L'ORDRE    DES    CHARTREUX 


OUR  donner  une  idée  exacte  du  grand 
accroissement  de  l'Ordre  des  Chartreux  et 
comprendre  le  développement  extraordi- 
naire de  cet  illustre  Institut,  surtout  dans  le  Moyen- 
Age,  il  est  nécessaire  de  présenter  le  tableau  chro- 
nologique des  nombreuses  Fondations  faites  dans 
toutes  les  contrées  de  l'Europe,  à  la  demande  des 
Rois,  des  princes,  des  Evêques  et  des  seigneurs. 
Ces  sages  politiques,  ces  fervents  chrétiens  vou- 
laient, par  leurs  pieuses  largesses  envers  les  en- 
fants de  saint  Bruno, attirer  les  bénédictions  du  ciel 
sur  leurs  Etats,  leurs  diocèses  ou  leurs  posses- 
sions . 

Ces  Fondations  furent  nombreuses  et  pros- 
pères, mais  l'hérésie,  les  guerres,  les  révolutions 
et  surtout  la  haine  des  ennemis  de  l'Église  vin- 


1QO    

rent,  à  diverses  e'poques,  arrêter  cet  essor  et 
ruiner  ces  saintes  demeures.  La  plupart  de  ces 
Monastères  ont  disparu  du  sol,  il  n'en  reste  plus 
pierre  sur  pierre  ;  seul,  le  souvenir  de  ces  pieux 
et  saints  asiles  est  reste'  vivace  au  milieu  des 
populations.  Il  appartient  à  l'histoire  de  recueil- 
lir ces  antiques  et  inte'ressants  souvenirs  qui,  au 
milieu  des  pre'occupations  de  l'heure  présente, 
pourraient  s'effacer  de  la  mémoire  des  hommes 
de  notre  temps. 

Avant  de  rappeler  les  noms  des  généreux  bien- 
faiteurs qui  élevèrent,  à  la  gloire  de  Dieu,  ces 
pieuses  retraites,  disons  un  mot  sur  leur  type 
architectural.  Les  Chartreux,  au  premier  siècle  de 
leur  existence,  se  préoccupèrent  fort  peu  d'ar- 
chitecture et  d'art  dans  la  construction  de  leurs 
Monastères.  Mais  dès  le  XIIe  siècle,  alors  que  le 
nouvel  Institut  prit  une  extension  plus  considérable, 
ils  donnèrent  plus  d'attention  à  l'ensemble  architec- 
tural de  leurs  constructions,  et  on  trouve  encore, 
dans  quelques-unes  de  leurs  anciennes  Maisons,  des 
restes  remarquables  de  l'art  roman.  Toutefois,  ce 
fut  seulement  au  XIIIe  siècle,  l'Ordre  s'étant  enri- 
chi par  les  nombreuses  et  généreuses  dotations 
de  puissants  bienfaiteurs,  que  l'architecture  prit 
dans  les  Monastères  Chartreux  un  caractère  parti- 
culier. 

L'expérience  était  faite,  et  il  n'avait  pas  été  diffi- 
cile aux  disciples  de  saint  Bruno  de  reconnaître 
quelles  dispositions  devaient  le  mieux  s'harmoniser 
avec  leur  genre  de  vie.  A  peu  de  différences  près, 


—  IQI  — 

ils  copièrent  le  monastère  tracé  par  leur  fondateur, 
dans  les  montagnes  du  Dauphiné  ;  et  depuis  lors, 
ces  données  principales  ont  toujours  été  conservées 
dans  les  constructions  des  Chartreuses. 

L'église,  placée  au  centre  du  Monastère,  domine 
les  bâtiments  qui  l'entourent,  et  semble,  en  même 
temps,  faire  la  démarcation  entre  les  parties  réser- 
vées aux  Frères,  aux  étrangers,  aux  hôtes  du  Cou- 
vent, et  celles  consacrées  aux  Religieux  de  chœur. 
Le  grand  cloître  ,  autour  duquel  s'élèvent  les 
demeures  particulières  des  Solitaires,  est  ordinaire- 
ment placé  derrière  le  sanctuaire,  tandis  que  le  petit 
cloître  qui  donne  entrée  à  l'église,  au  Chapitre  et 
au  réfectoire  longe  le  côté  sud  de  l'église.  En  avant, 
et  prenant  accès  dans  la  cour  d'entrée  se  trouvent 
le  quartier  des  hôtes  et  des  étrangers,  ainsi  que  les 
diverses  obédiences  du  Monastère.  En  un  mot,  tous 
les  services  matériels  remplis  par  les  Frères,  ou 
par  les  domestiques  de  la  Maison,  sont  toujours 
placés  près  de  la  porte  d'entrée,  et  tout  ce  qui  tient 
à  la  vie  monastique  se  rapproche  du  chœur  de 
l'église. 

Les  constructions  des  Chartreux,  quoique  sim- 
ples et  sévères,  n'étaient  pas  dépourvues  de  grâ- 
ce et  d'élégance.  Le  voyageur,  l'artiste  et  l'ar- 
chéologue admirent  encore,  au  milieu  des  ruines 
accumulées  par  la  haine  ou  la  folie  des  hommes, 
de  précieux  spécimens  qui  portent  le  cachet  des 
différentes  périodes  de  l'art  gothique  et  dénotent 
une  pureté  de  style  des  plus  remarquables.  Aussi 
avons -nous   lu   avec   étonnement    cette     assertion 


I()2    

d'un  des  plus  savants  architectes  de  notre  épo- 
que :  «  l'architecture  des  Chartreux  se  ressent  de 
l'excessive  sévérité  de  la  Règle  ;  elle  est  toujours 
d'une  simplicité  qui  exclut  toute  idée  d'art1.  »  Cer- 
tainement, les  Monastères  cartusiens,  ne  devant 
renfermer,  d'après  les  Statuts,  que  quatorze  Moi- 
nes et  quelques  Frères,  ne  pouvaient  représenter  les 
grandioses  et  puissantes  masses  des  Abbayes  de 
l'Ordre  de  Cluny  et  de  Citeaux,  mais  dans  leur 
ensemble,  ces  Couvents  avaient  un  caractère  parti- 
culier et  original.  On  peut  s'en  convaincre  en  vi- 
sitant les  anciennes  Chartreuses  qui  existent  en- 
core en  France,  en  Italie,  en  Allemagne  et  en 
Belgique. 

M.  Violet-Le-Duc  est  dans  Terreur,  lorsqu'il  avan- 
ce que  vers  le  XVe  siècle  seulement  «  les  arts  pé- 
nétrèrent dans  ces  établissements.  »  Alors,  ajoute- 
t-il,  les  cloîtres  et  les  églises  «  devinrent  moins  nus, 
moins  dépouillés.  »  Il  est  vrai  que  l'auteur  est  obli- 
gé, quelques  lignes  plus  bas,  d'avouer  que  «  dès  le 
XIIIe  siècle,  les  Chartreuses  présentaient,  com- 
parativement à  ce  qu'elles  étaient  un  siècle  aupa- 
ravant, des  dispositions  presque  confortables'-'.  » 
Il  semble  oublier  que  les  Chartreux  ne  prirent  une 
réelle  extension  qu'à  cette  époque.  L'Ordre  n'avait 
guère,  alors,  plus  d'un  siècle  d'existence,  puis- 
qu'il la  mort  de  saint  Bruno,  dans  le  commence- 
ment du  XIIe  siècle,  il  ne  possédait  que  deux  Mo- 

1  Viollet-Le-Duc,  Dictionnaire  raisonné  de  l'architecture 
française  du  XIe  au  XF/«  siècle,  tome  I.  p.  3o~. 
-  ïbid. 


—  io,3  — 

nastères,  le  Désert  de  Chartreuse  et  celui  de  Cala- 
bre. 

A  toutes  les  époques,  les  Chartreux  furent  les 
protecteurs  des  artistes  et  se  tinrent  au  courant  de 
tout  ce  qui  touchait  à  l'art,  comme  ils  Pavaient  fait 
pour  l'agriculture  et  l'industrie.  Nous  en  avons  la 
preuve  dans  les  nombreux  tableaux  de  maîtres,  qui 
enlevés  de  ces  saintes  Maisons,  pendant  la  tour- 
mente révolutionnaire,  font  actuellement  l'ornement 
de  nos  musées,  de  nos  cathédrales  et  de  nos  églises. 

Amis  des  arts,  les  Chartreux  apportèrent  tou- 
jours les  plus  grands  soins  dans  la  construction  de 
leurs  Monastères;  quelques-uns  sont  des  chefs-d'œu- 
vre d'architecture  très  admirés  par  les  artistes.  Les 
Chartreuses  d'Espagne,  avec  leur  originale  et  gra- 
cieuse architecture  gothico-mauresque,  jouissent 
d'une  réputation  bien  méritée,  et  les  voyageurs  ne 
peuvent  quitter  l'Italie  sans  admirer  les  Monastères 
de  Florence,  de  Naples,  de  Pise,  de  la  Padule,  de 
Trisulti,  si  remarquables  par  la  beauté  des  propor- 
tions et  la  pureté  de  style  de  leurs  constructions. 
La  Chartreuse  de  Rome  est  célèbre  par  son  cloître, 
œuvre  de  Michel-Ange,  tandis  que  celle  de  Pavie, 
à  cause  de  la  splendeur  de  ses  marbres  et  la  ri- 
chesse de  ses  sculptures,  est  considérée  comme  une 
des  merveilles  du  monde. 

Notre  pensée  n'est  pas  de  décrire  l'architecture 
des  diverses  Chartreuses,  nous  avons  un  but  plus 
élevé.  Toutefois  nous  avons  cru  nécessaire  de  com- 
battre l'opinion  émise  par  M.  Viollet  Le  Duc,  que 
l'architecture   des   Chartreux  «  exclut    toute   idée 

i3 


—  194  — 

d'art.  »  En  énumérant  les  différentes  fondations  qui 
eurent  lieu  dans  toutes  les  contrées  de  l'Europe, 
nous  voulons  surtout  rappeler  l'œuvre  pieuse  des 
généreux  bienfaiteurs  des  Chartreux,  et  sauver  de 
l'oubli  les  noms  de  ceux  qui,  par  leurs  saintes  lar- 
gesses envers  les  disciples  de  saint  Bruno,  ont  tra- 
vaillé au  salut  des  âmes,  au  bien  de  la  société,  au 
soulagement  des  pauvres  et  des  malheureux. 

Dans  l'exécution  de  ce  travail,  nous  avons  com- 
pulsé de  nombreux  documents  :  entre  autres,  quel- 
ques manuscrits  de  la  Grande  Chartreuse  ;  la  Carte 
des  fondations,  imprimée  à  Paris,  en  1772,  et 
celle  éditée  en  1  y85  ;  le  Chronicon  sacri  Ordinis 
Cartusiensis,  par  Dom  Dorland  ;  les  Annotatio- 
nes  sur  cet  ouvrage,  par  Dom  Théodore  Petreius  ; 
le  Theatrum  chronologicum  sacri  Cartusiensis 
Ordinis,  par  Charles-Joseph  Morozzo  ;  la  Sto- 
ria  critica  chronologica  diplomatica  del  Patriar- 
ca  S.  Brunone  e  del  suo  Ordine  Cartusiano,  par 
Dom  Benoît  Tromby  ;  les  Origines  Cartusiarum 
Belgii,  par  Arnold  de  Raysse;  la  Storia  di  S.  Bru- 
none Patriarca  del  sacro  Ordine  Cartusiano,  par 
Marie  Zanotti  ;  le  Chronicon  Belgicum,  par  Ferry 
de  Locres  ;  les  Origines  cœnobiorum  Benedicti- 
norum,  Cartusianorum,  etc. ,  par  Aubert  le  Mire  ; 
le  Monasticum  Anglicanum  sire  pandectœ  cœno- 
biorum Benedictinorum,  Cluniacensium,  Cartusia- 
norum, etc.  a  primordiis  ad  eorum  usque  dissolu- 
tionem,  par  R.  Dosworth  et  G.  Dugdale. 

Nous  avons  aussi  compulsé  un  grand  nombre 
de  monographies  et  autres  ouvrages  de   moindre 


—   iq5  — 

importance  ;  ils  nous  ont  permis  de  recueillir  quel- 
ques dates  et  différents  faits  historiques  '.  Lorsque 
les  auteurs  que  nous  venons  de  citer  ne  se  trouvent 
pas  d'accord  pour  désigner  la  date  d'une  fondation, 
ce  qui  se  présente  souvent,  nous  avons  cru  devoir 
adopter  les  dates  données  par  la  carte  de  1785.  Ce 
document  nous  paraît  être  le  plus  exact,  puisque 
cette  carte  a  été  exécutée  à  la  Grande  Chartreuse, 
sous  les  auspices  du  Révérend  Père  Général,  Dom 
Hilarion  Robinet. 

Peu  de  Chartreuses  ont  été  fondées  dans  les  vil- 
les ;  ces  Monastères  étaient,  le  plus  ordinairement, 
établis,  loin  de  tout  bruit,  dans  des  lieux  arides, 
sauvages,  déserts,  sur  des  montagnes  ou  au  milieu 
des  bois;  cependant,  ces  Chartreuses  portaient 
presque  toujours  le  nom  de  la  ville  la  plus  proche. 
C'est  pourquoi  tout  en  donnant  le  nom  particulier 
de  la  Chartreuse,  c'est-à-dire  le  vocable  sous  lequel 
elle  était  placée,  nous  avons  dû,  pour  qu'il  n'y  ait 
pas  de  confusion,  nous  conformer  à  l'usage  reçu 
dans  l'Ordre  et  rappeler  les  noms  des  villes  près 
desquelles  ces  Monastères  furent  construits. 

1  Le  Dictionnaire  des  Abbayes  et  Monastères  publié  par 
l'abbé  Migne  dans  sa  troisième  Encyclopédie  théologique, 
et  qui  a  pour  auteur  M.  Maxime  de  Montrond,  cite  à  peine 
une  vingtaine  de  Chartreuses.  Cet  auteur  se  contente  de  dire 
dans  son  introduction  :  «  On  comprend,  qu'à  part  quelques- 
unes  d'entre  elles,  leurs  noms  d'ailleurs  inconnus  n'ont  pu 
trouver  place  dans  ce  dictionnaire.  »  C'est  un  moyen  simple 
et  facile  de  supprimer  une  difficulté. 


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FONDATIONS 


T>ir    ONZIÈME    SIECLE 


1084. 


GRANDE  CHARTREUSE. 


E  premier  Monastère  fondé  par  saint 
Bruno  était  établi  au  milieu  d'un  groupe 
de  montagnes  abruptes  et  rocheuses  si- 
tuées à  1  une  des  extrémités  de  la  chaîne  des  Alpes, 
sur  la  rive  droite  de  lTsère,  au  nord  de  Grenoble. 
Les  nouveaux  Solitaires  avaient  choisi  une  clai- 
rière déserte,  entourée  d'épaisses  forêts  de  sapins, 
au  pied  des  rochers  du  Grand-Som.  Cet  endroit 
portait  le  nom  de  Chartrouse  et  se  trouvait  à  une 
altitude  de  près  de  mille  mètres  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer. 

Saint  Hugues,  Évêque  de  Grenoble,  fit  construire 
le  Couvent  avec  les  matériaux  fournis  par  la  forêt 
voisine  ;  seuls,  l'oratoire  de  saint  Bruno  et  l'église 


—  !97  — 

furent  bâtis  en  pierres.  Nous  avons  fait  connaître 
les  limites  des  possessions  concédées  aux  nouveaux 
Anachorètes  et  les  premiers  bienfaiteurs  du  Cou- 
vent. Quelques  années  plus  tard,  les  propriétés  de 
la  Grande  Chartreuse  s'accrurent  des  libéralités  du 
Dauphin  Guigues,  en  no3.  Ce  seigneur  donna  au 
Monastère  la  vallée  située  sur  la  rive  gauche  du 
Guiers-Mort,  Vallombrée,  Malamille,  le  Colet  et 
Charmant-Som. 

Sous  le  gouvernement  'de  Dom  Guigues  Ier,  le 
3o  janvier  1 1 33,  les  neiges  accumulées  sur  les 
pentes  abruptes  de  la  montagne  du  Grand-Som, 
s'en  détachèrent  tout  à  coup  et  se  précipitèrent,  en 
une  masse  énorme,  sur  le  cloître  construit  par  saint 
Hugues.  Les  cellules,  à  l'exception  d'une  seule, 
furent  ensevelies  sous  l'effroyable  avalanche.  Tout 
fut  détruit,  le  Prieur  et  quelques  Religieux  échap- 
pèrent seuls  miraculeusement  au  désastre1. 

Pour  prévenir  le  retour  d'une  aussi  terrible  ca- 
tastrophe, Dom  Guigues  s'établit  un  peu  plus  bas, 
dans  un  endroit  moins  exposé  aux  avalanches,  et 
bâtit  le  nouveau  Couvent  dans  un  vallon  plus 
vaste,  sensiblement  incliné  vers  le  sud-ouest,  au 
pied  d'une  chaîne  de  montagnes  qui,  décrivant  une 
grande  courbe,  en  forme  d'amphithéâtre,  devait 
abriter  la  Maison  contre  les  vents  du  nord.  Le 
Monastère  actuel  de  la  Grande  Chartreuse  occupe 
encore  l'emplacement  choisi  par  Dom  Guigues. 

Cette  deuxième  construction  fut  aussi  élevée  en 

1  Dom  Le  Coulteux,  Annales  Ord.  Cartus.  ms. —  Tromby, 
Storia  del  Patriarcha  S.  Brunone,  t.  III,  p    i53. 


-  i98  - 

bois;  les  cellules  étaient  disposées  sur  un  plan  ré- 
gulier et  rattachées  entre  elles  par  des  galeries  aussi 
en  bois,  qui  formaient  le  cloître.  L'église,  dédiée 
à  saint  Jean-Baptiste,  fut  construite  en  pierres  de 
taille  tirées  de  la  montagne;  elle  présentait  la  forme 
d'un  long  parallélogramme  terminé  par  une  abside 
en  hémicycle  et  était  voûtée  en  pierres  avec  ner- 
vures à  arrêtes1.  La  division  du  sanctuaire  et  de  la 
nef  était  accusée  par  de  forts  pilastres  portant  Tare 
triomphal.  Cette  église  fut  consacrée  le  i3  octobre 
ii32,  par  un  ancien  Chartreux,  Hugues,  neveu  et 
successeur  de  saint  Hugues   de  Grenoble'-. 

Saint  Anthelme  continua  Tœuvre  de  Dom  Gui- 
gues  ;  il  poursuivit  les  travaux  de  l'église,  améliora 
les  dépendances  du  Monastère,  en  transforma  une 
partie  et  en  construisit  de  nouvelles.  On  croit  géné- 
ralement qu'il  jeta  les  fondations  du  grand  cloître. 
De  plus,  il  fit  terminer  à  grands  frais  un  aqueduc, 
commencé  par  Dom  Guigues3,  pour  amener  l'eau 
de  la  fontaine  de  Saint-Bruno  aux  cellules  et  dans 
les  différentes  obédiences  du  Monastère. 

Sous  les  successeurs  de  saint  Anthelme  ,  la 
Grande  Chartreuse  fut  des  plus  florissantes.  Par  di- 
verses transactions,  dons  et  concessions,  les  Char- 
treux devinrent  propriétaires  ou  seigneurs  des 
montagnes  environnantes.  En  1228,  sous  Dom 
Jancelin,  le  seigneur  d'Entremont,    Guillaume    de 

1  Dom  Le  Masson,  Annales  cit.  p.  295. 

2  Theatrum  chronol.  S.  Ordinis  Cartus.  p.  3y. 

:!  Vita  S.  Anthelmi,  ap.  Bolland.  — Dom  Le  Masson,  ut 
supra.  —  Marchai,  Vie  de  S.  Anthelme,  p.  82.  —  Cf.  Notice  sur 
S.  Anthelme,  Ve  partie,  Généraux,  p.  14  et  sq. 


—   i99  — 

Montbel,  leur  abandonna  tous  les  droits  qu'il  avait 
sur  le  versant  de  Bovinant,  du  côté  de  Chartreu- 
se et  de  la  Ruchère.  Le  28  mars  1258,  le  sieur 
Pierre  Vaché  céda,  à  Dom  Bernard  de  La  Tour  et 
à  ses  Religieux,  le  pré  de  Cernay,  placé  au-dessus 
du  Monastère,  et  de  plus  les  droits  seigneuriaux  et 
le  domaine  direct  qu'il  possédait  à  la  Ruchère.  Quel- 
ques années  plus  tard,  en  1264,  Dom  Riffier  acheta, 
de  Pierre  de  Borgia ,  la  montagne  du  Col  de  la 
Ruchère;  et  en  1267,  reçut  d'Aymon  de  Corbel, 
la  donation  définitive  du  territoire  de  la  Ruchère  et 
de  Valbonne,  plus  la  cession  des  droits  féodaux  que 
ce  seigneur  possédait  sur  cette  partie  des  monta- 
gnes de  Chartreuse1. 

Dans  leur  humilité,  les  pieux  disciples  de  saint 
Bruno  cherchaient  à  se  faire  oublier,  mais  le  par- 
fum de  leurs  vertus  les  trahissait  au  loin  et  attirait 
les  bienfaits  et  les  largesses  des  seigneurs,  des  prin- 
ces et  des  Rois.  Parmi  ces  derniers,  on  cite  les  Rois 
d'Angleterre,  Henri  II,  en  ii85  ;  Richard  Cœur- 
de-Lion,  en  1 190,  et  Henri  III,  en  1235.  Les  âmes 
d'élite  qui  voulaient  se  dévouer  au  service  de  Dieu 
accouraient  en  grand  nombre,  et  des  fondations 
avaient  été  faites  en  Dauphiné,  en  Savoie,  en 
France.  Rien  ne  laissait  présager  que  cette  pros- 
périté et  cette  paix  seraient  bientôt  troublées. 

Au  commencement  de  mai  de  l'année  020,  la 
Grande  Chartreuse  devint   la   proie  des  flammes, 

'  Archives  de  la  grande  Chartreuse. —  Archives  du  marquis 
Francisque  de  Corbeau  de  Vaulserre,  ap.  Pascal,  Désert  de 
la  Grande  Chartreuse  p.  71,   irc  édition. 


200 


par  Timprudence  des  valets  d'Othon  de  Granson, 
venu  au  Monastère  pour  demander  l'incorporation 
du  Couvent  qu'il  venait  de  faire  bâtir  sur  les  bords 
du  lac  de  Neufchâtel,  dans  le  vallon  de  la  Lancy; 
il  v  eut  des  pertes  considérables,  le  cloître  fut  en- 
tièrement détruit,  et  les  Religieux  se  trouvèrent 
sans  asile1. 

Dom  Aymon  d'Aoste  se  hâta  de  travailler  à 
réparer  le  désastre.  Il  fut  puissamment  aidé  dans 
son  œuvre  par  les  Maisons  de  l'Ordre  et  par.  quelques 
princes,  Évêques  et  seigneurs2.  Le  Pape  Jean  XXII 
vint  aussi  au  secours  des  Chartreux, en  les  dispensant, 
par  une  Bulle  datée  du  3  des  calendes  de  mai  i32o, 
de  payer  certaines  décimes  qu'ils  devaient  à  la  Cham- 
bre apostolique.  Une  circonstance  força  dom  Ay- 
mon à  modifier  le  plan  primitif.  Le  comte  de  Savoie, 
Edouard  le  Libéral,  ayant  voulu  fonder  une  cellule 
de  plus  que  le  nombre  réglé  par  les  Statuts,  le 
Chapitre  Général  «  donna  licence  de  recevoir  jusqu'à 
vingt  Religieux,  dans  le  but  de  subvenir  aux  néces- 
sités de  l'Ordre  qui  avait  besoin  de  sujets  pour  les 
nouvelles  Maisons  où  l'on  désirait  surtout  des  pro- 
fès  de  Chartreuse3.  »  Dom  Aymon  bâtit  donc  un 
second  cloître  à  la  suite  du  premier.  Le  nombre 
des  cellules  fut  encore  augmenté  dans  la  suite. 

On  établit  les  nouvelles  constructions  dans  de 
meilleures    conditions    de    solidité  ;   jusque-là,    le 


1  Cf.    Notice   sur  Aymon  d'Aost,    Ve   partie,    Généraux, 
p.  38. 

2  Dorlandus,  Chronicon  cit.  lib.  IV.  cap.  xvm. 

3  Dom  Le  Coulteux.  Ms.  cit. 


201    

Couvent  de  la  Grande  Chartreuse  était  resté  tel  que 
l'avaient  fait  Guigues  et  Anthelme,  mais  ces  bâti- 
ments en  bois  offrant  un  aliment  trop  facile  au 
feu,  on  avait  résolu  de  les  reconstruire  en  pierre. 
Les  travaux  traînèrent  en  longueur  et  Dom  Aymon 
ne  put  terminer  l'œuvre  qu'il  avait  entreprise.  Il 
est  même  douteux  que  le  Monastère  fût  entièrement 
terminé,  lorsque  le  feu  vint  de  nouveau  le  détruire 
dans  l'été  de  1 37  r ,  sous  le  Généralat  de  Dom 
Guillaume  de  Raynald. 

Sans  documents  historiques,  il  est  difficile  de  se 
rendre  compte  des  parties  du  Monastère  construi- 
tes après  Tincendie  de  i32o  et  de  celles  qui  furent 
élevées  après  i3yi.  Le  seul  fait  qui  soit  certain 
c'est  qu'à  cette  dernière  date,  les  ressources  furent 
plus  abondantes,  grâce  aux  largesses  du  Souverain 
Pontife,  Grégoire  XL  Les  chroniques  nous  appren- 
nent qu'à  la  première  nouvelle  de  ce  malheur,  le 
Pape  envoya  à  Dom  Guillaume  des  sommes  con- 
sidérables, et  que  Charles  V,  Roi  de  France  ; 
Edouard  III, d'Angleterre  ;  Charles  II,  de  Navarre; 
Jeanne,  Reine  de  Sicile,  ainsi  que  plusieurs  Car- 
dinaux, Evêques  et  seigneurs,  voulurent  suivre 
l'exemple  donné  par  Grégoire  XI,  et  participèrent 
par  leurs  offrandes  à  l'œuvre  de  reconstruction  du 
Monastère.  Les  cellules  ayant  été  brûlées,  les  Re- 
ligieux furent  obligés  de  se  réfugier  à  la  Cor- 
rerie  '. 

Les   offrandes  envoyées  à  Dom  de   Raynald  ne 

1  Cf.  Dorlandus  cit.  lib.  IV,  cap.  xxv.  —  Sutor  de  Vita 
Cartus.  tract.  III.  cap.  vu. —  Brevis  historia cit.  ap.  Martène. 


—    202    — 

suffirent  pas  pour  terminer  les  travaux;  c'est  pour- 
quoi, ce  Général  envoya  quelques  Religieux  quêter 
en  France,  en  Italie,  en  Allemagne  et  jusqu'en  An- 
gleterre ;«  chose  qui  ne  s'était  jamais  vue,»  dit  l'his- 
torien de  la  Grande  Chartreuse.  Un  manuscrit  con- 
temporain rapporte  que  pour  la  première  fois,  on 
construisit  des  voûtes  en  pierres  et  que  Ton  com- 
mença à  remplacer  les  bardeaux  ou  tuiles  de  bois 
par  des  ardoises  l. 

De  cette  époque  datent  la  tour  de  1  norloge  avec 
sa  base  carrée  et  ses  trois  étages  octogones,  la  salle 
des  archives  qui,  primitivement,  dut  servir  de  cha- 
pelle au  Révérend  Père,  et  le  réfectoire  avec  sa 
belle  voûte  et  ses  magnifiques  proportions.  Le  grand 
cloître  qui  avait  été  construit  en  pierres  de  taille, 
sous  le  Généralat  de  Dom  Bernard  de  La  Tour2, 
fut  aussi  restauré  par  Dom  Guillaume  de  Raynald. 
Cette  construction  fut  faite  «  solidement  et  magni- 
fiquement, avec  des  voûtes  en  pierres,  pour  la  pre- 
mière fois  » ,  nous  dit  une  chronique  du  temps3.  La 
chapelle  du  cimetière,  fortement  endommagée  par 
Tincendie  de  1071,  fut  réparée  par  le  Cardinal  de 
Neufchâteau,  restaurée  de  nouveau  en  1474,  et 
complètement  détruite  en  16764.  Ce  fut  encore,  sous 
le  Généralat  de  Dom  de  Raynald,  que  François  de 
Conzié,  Évèque  de  Grenoble,  fit  construire  la  cha- 

1  Spéculum  Ordinis  Cartusiensis,  ap.  La  Grande  Char- 
treuse par  un  Chartreux,  p.  81. — Cf.  Notice  sur  Dom  Guil- 
laume de  Raynald,  Ve  partie,   Généraux,  p.  53. 

2  Dom  Le  Coulteux,  ms.  cit.  ad  annum   12 5j. 

3  Brev.  Hist.  cit.  ap.  Martène. 

1  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  260. 


203    — 

pelle  des  morts -,  l'acte  de  fondation  est  daté  du  12 
décembre   1 38G  '. 

Les  historiens  de  la  Grande  Chartreuse  ne  nous 
disent  pas  si  l'ancienne  église,  qui  servait  alors  de 
Chapitre,  fut  épargnée  par  le  feu,  mais  plusieurs 
pensent  que  la  construction  de  l'église  actuelle  date 
de  cette  époque.  Dom  Le  Coulteux  dans  ses  anna- 
les manuscrites  nous  apprend,  qu'après  l'incendie 
de  i3yr,  cette  église  fut  seulement  restaurée  et 
voûtée  ;  sa  construction  était  donc  antérieure,  et 
doit  remonter  au  commencement  du  XIIIe  siècle, 
ou  mieux  à  la  fin  du  XIIe.  En  effet,  lors  de  l'intel- 
ligente restauration  exécutée  dans  cette  église  en 
1878,  on  put  se  convaincre  que  cet  édifice  avait  été 
construit  dans  le  style  roman2.  L'Ordre  ayant  pris 
un  grand  accroissement  dans  le  Moyen-Age,  l'an- 
cienne église  n'était  plus  assez  vaste  pour  recevoir 
les  nombreux  Prieurs  qui  assistaient  au  Chapitre 
Général,  et  dut  être  agrandie. 

Au  XVe  siècle,  le  3o  novembre  1444,  le  feu  con- 
suma presque  tous  les  bâtiments  de  la  Correrie; 
ce  furent  encore  de  nouvelles  dépenses  imposées 
aux  Chartreux.  Cette  reconstruction  fut  terminée 
en  1448,  grâce  aux  largesses  du  Cardinal  Henri  de 
Lancastre,  fils  du  Roi  d'Angleterre  Henri  VI,  et 
aux  aumônes  recueillies  dans  les  différentes  Mai- 
sons de  l'Ordre.  Dom  François  Maresme,  en  re- 
levant la  Correrie  avec  les  lieux  claustraux,  église, 
Chapitre,  cloître   et    sept  cellules,  avait   la  pensée 

4  Le  Coulteux.  ms.  cit. 

2  Cf.  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.  228. 


—  204  — 

d'y  placer  les  Religieux  qui  ne  pouvaient  plus,  à 
cause  de  leur  âge,  ou  de  leur  santé,  pratiquer 
toutes    les    austérités    de  la   Règle'. 

Dans  le  même  siècle,  vers  la  fin  d'octobre  1473, 
un  nouvel  incendie  vint  jeter  la  désolation  dans  le 
Monastère.  La  salle  du  Chapitre  Général,  la  cha- 
pelle de  Saint-Pierre,  les  chambres  des  provinces,  les 
toitures  de  l'église,  du  grand  et  du  petit  cloître, 
ainsi  que  les  cellules,  à  l'exception  de  cinq,  devin- 
rent la  proie  des  flammes.  Le  réfectoire,  la  biblio- 
thèque et  la  tour  de  l'horloge  furent  aussi  fort  en- 
dommagés dans  cet  incendie.  Pour  relever  ces 
ruines,  les  Chartreux  des  diverses  provinces  en- 
voyèrent encore  de  larges  subsides  qui  permirent 
à  Dom  Antoine  Dellieux  de  réparer  et  même 
d'augmenter  les  bâtiments  du  Monastère.  Parmi 
les  personnages  qui,  dans  cette  circonstance,  vin- 
rent au  secours  de  la  Grande  Chartreuse,  on  cite 
Louis  XI,  Roi  de  France,  et  Marguerite  d'York, 
sœur  d'Edouard  IV,  Roi  d'Angleterre,  et  veuve  de 
Charles  le  Téméraire,  duc  de  Bourgogne'2. 

L'histoire  de  la  Grande  Chartreuse  semble  se 
résumer  dans  une  série  d'incendies  qui  à  chaque 
siècle  menacent  de  faire  disparaître  cet  illustre 
Monastère.  Celui  de  i5io  ne  paraît  pas  avoir  été 
considérable,  mais  il  n'en  fut  pas  de  même,  en 
i5Ô2,  sous  le  gouvernement  de  Dom  Pierre  Sarde. 
Les  guerres  de  religion  ensanglantaient  alors  la 
France  entière  ;  le  Dauphiné  qui  était  au  pouvoir 

1  Cf.  Notice  sur  François  Maresme,  V  partie.  Généraux, p. 66. 
-  Dom  Le  Vasseur,  Ephemerides  ms.  14  februarii. 


—    205    — 

des  Réformés  fut  le  théâtre  des  dévastations  les  plus 
lamentables .  Le  trop  célèbre  baron  des  Adrets , 
François  de  Beaumont,  chef  du  parti  dans  la  pro- 
vince, envoya  pendant  son  séjour  à  Grenoble  une 
expédition  contre  la  Grande  Chartreuse,  qui  renfer- 
mait, prétendait-on,  de  grandes  richesses  et  des 
armes  envoyées  par  le  duc  de  Savoie. 

«  Ce  quatriesme  juin  i562,  estoit  un  jeudy  au 
«  soir,  à  huit  heures  après  midy,  —  dit  un  histo- 
«  rien  contemporain  —  le  capitaine  Furmeyer,  le 
«  capitaine  Cot,  le  capitaine  Brion,  avec  toutes  leurs 
«  compagnies,  départirent  de  cette  ville  pour  aller 
«  à  la  Grande-Chartreuse  et  passèrent  par  Quaix, 
«  pour  faire  d'icelle  comme  ils  avoient  faict  des 
«  aultres,  et  marchèrent  toute  la  nuict.  Le  vendredi 
«  matin  y  étant  arrivés,  ne  trouvèrent  que  deux 
«  Moines;  alors  ils  commencèrent  à  piller, et,  après 
«  avoir  pillé  ce  qu'ils  voulurent,  ils  mirent  le  feu 
«  dans  ladicte  religion,  dont  se  brusla  beaucoup  de 
«  biens  et  n'y  demeura  que  les  murailles  et  puis 
«  s'en  vinrent  et  furent  icy  le  samedi  au  matin1.» 

En  se  retirant,  les  Huguenots  saccagèrent  et  brû- 
lèrent aussi  la  Correrie.  D'après  un  auteur  manus- 
crit, les  soldats  et  quelques  habitants  des  montagnes 
vendirent  une  si  grande  quantité  de  plomb  et  d'é- 
tain,  enlevée  à  la  Grande  Chartreuse,  que  ces  ma- 
tériaux perdirent  la  moitié  de  leur  valeur.  Heureu- 
sement, le  Général  Dom  Pierre   Sarde  prévoyant 

1  Cf.  Pilot,  Récit  de  ce  qui  s'est  passé  de  plus  remarquable 
à  Grenoble  en  i562,  d'après  des  manuscrits  inédits. —  Bur- 
nier,  Hist.  du  Sénat  de  Savoie,  t.  I,  p.  398. 


20Ô 


que  son  Monastère  devait  éprouver  le  sort  des 
autres  Abbayes  de  la  contrée,  avait  pris  la  fuite 
avec  ses  Religieux  et  avait  emporté  tout  ce  que  le 
Couvent  possédait  de  plus  précieux. 

Les  Chartreux  ne  furent  réinstallés  dans  leur 
Monastère  que  vers  la  fin  de  Tannée  1 563,  par  let- 
tres du  gouverneur  du  Dauphiné .  Aussitôt  Dom 
Sarde  s'occupa  de  réparer  le  désastre  et  de  rétablir 
les  constructions  détruites  par  l'incendie-,  mais  il 
ne  put  reconstituer  les  archives  qui  avaient  été  pil- 
lées ou  brûlées  ;  l'histoire  fut  ainsi  privée  d'une 
foule  de  documents  dont  la  perte  est  irréparable. 
La  destruction  des  titres  de  propriété  fut  bientôt 
pour  les  Chartreux,  la  cause  de  nombreuses  diffi- 
cultés et,  plus  tard,  ils  durent  obtenir,  du  Roi,  des 
lettres-patentes  qui  les  dispensaient  de  fournir  des 
titres  de  possession  au  delà  de  cent  ans.  Ces  lettres 
leur  furent  accordées  par  Louis  XïV ,  en  )666, 
«  attendu  que  leurs  anciens  titres  avoient  été  dé- 
truits par  les  Protestants1.  »  Dom  Pierre  Sarde 
ne  put  terminer  les  réparations  du  Monastère  ;  la 
mort  le  surprit  au  milieu  de  ces  travaux,  mais  son 
oeuvre  fut  continuée  par  Dom  Bernard  Carasse,  son 
successeur. 

Les  incendies  de  1592  et  de  161 1  forcèrent  de 
nouveau  les  Chartreux  à  faire  des  dépenses  consi- 
dérables. Le  premier  eut  lieu  le  21  octobre,  sous 
le  Généralat  de  Dom  Jérôme  Marchand,  et  à  peine 
le  désastre  était-il  réparé  qu'une  partie  du  Monas- 

1  Arch.  de  la  Grande  Chartreuse. 


—  207  — 

tère  devint  de  nouveau  la  proie  des  flammes,  sous 
le  gouvernement  de  Dom  Bruno  d'Affringues,  en 
1611.  En  se  rappelant  cette  succession  d'incendies, 
il  est  facile  de  comprendre  qu'il  y  avait  impossibi- 
lité, au  milieu  de  cette  masse  de  constructions,  de 
conserver  l'unité  de  l'ensemble.  Chaque  siècle  ap- 
portait son  style  particulier  et  cependant  l'archéo- 
logue ne  peut,  qu'avec  de  grandes  difficultés  et  des 
tâtonnements  inévitables,  se  rendre  compte  de  l'état 
du  Monastère  dans  les  différentes  périodes  que 
nous  venons  de  retracer. 

Quelques  années  après  l'incendie  de  161 1,  Louis 
XIII  fit  élever,  à  l'extrémité  inférieure  de  la  se- 
conde partie  du  grand  cloître,  une  chapelle  dé- 
diée à  saint  Louis,  Roi  de  France.  Ce  prince 
consacra  à  cette  fondation  la  somme  de  trente  mille 
livres  prises  sur  ses  épargnes  royales. 

Malgré  les  nombreux  incendies  que  nous  venons 
de  signaler,  les  Chartreux,  grâce  à  la  bonne  admi- 
nistration de,  leurs  propriétés,  étaient  parvenus  à 
être  seuls  maîtres  des  montagnes  de  Chartreuse. 
En  1607,  le  Monastère,  sous  le  gouvernement  de 
Dom  Bruno  d'Affringues,  entra  en  possession  de 
la  seigneurie  de  Miolan  ;  puis  il  acheta,  en  1618, 
des  descendants  du  sieur  de  Saint-André,  la  mistra- 
lie  de  Saint-Laurent.  Quelques  années  plus  tard, 
en  1629,  le  sieur  de  Bazémont  vendit  aux  Char- 
treux, pour  le  prix  de  70,  000  livres,  la  seigneurie 
de  Saint-Laurent-du-Pont.  Deux  siècles  aupa- 
ravant, en  1423,  un  arrêt  du  Parlement  du  Dau- 
phiné,  rendu  contre  le  seigneur  de  ce  village,  avait 


—   208   — 

reconnu  le  droit  de  propriété  des  Chartreux  sur  le 
lac  qui   se   trouvait   dans  cette  localité. 

A  la  même  époque, les  Chartreux  entraient  en  pos- 
session de  la  seigneurie  d'Entre-deux-Guiers,  et 
ensuite  de  Chartrouse,  aujourd'hui  paroisse  de 
Saint-Hugues  de  Chartreuse,  en  i638.  L'année  sui- 
vante, sous  le  Généralat  de  Dom  Juste  Perrot,  le 
sieur  du  Bellier,  seigneur  de  la  Buisse,  leur  vendit 
la  seigneurie  de  Miribel,  pour  la  somme  de  55,ooo 
livres,  et  en  1641,  les  Bénédictins  cédèrent,  à  Dom 
Jean  Pégon,  le  prieuré  qu'ils  possédaient  dans  cet 
endroit.  Enfin,  en  1694,  Guillaume  de  l'Hospital 
vendit  à  Dom  Innocent  Le  Masson  et  au  Cou- 
vent de  la  Grande  Chartreuse,  la  seigneurie  et  la 
terre  d'Entremont.  Les  archives  du  Monastère  nous 
font  connaître  les  raisons  de  cet  achat. 

«  La  Chartreuse  craignant  avec  raison  que  la 
«  terre  d'Entremont  ne  tombât  entre  les  mains  de 
«  quelque  possesseur  quiluyfit  de  nouveau  éprou- 
«  ver  les  violences  qu'elle  avoitcy  devant  souffertes, 
«  et  confinant  d'ailleurs,  en  partie,  par  ses  dépen- 
«  dances,  ladite  terre  dans  laquelle  elle  a  souvent 
«  des  droits  à  exiger,  a  cru  qu'elle  ne  devoit  pas 
«  perdre  l'occasion  de  se  mettre  à  couvert  de  tout 
«  ce  qui  pourroit  à  l'avenir  troubler  son  repos. 
«  C'est  pourquoi,  le  17  décembre  1694,  elle  en  fit 
«  l'acquisition  du  seigneur  de  l'Hospital  et  de  dame 
«  Charlotte  de  Rumilly,  son  épouse,  lesquels  lui 
«  remirent  pour  lors  les  terriers  et  les  titres1.» 

1  Inventaire.  Arch.  de  la  Grande  Chartreuse. 


—    2  OC)    — 

Les  Chartreux  possédaient  encore  de  vastes  prai- 
ries, des  vignobles  et  plusieurs  fermes  dans  la  vallée 
de  Graisivaudan  et  du  côté  de  Chambéry,  ainsi  que 
la  prairie  et  le  chalet  de  Malamille.  Déplus,  l'indus- 
trie des  Moines  avait  mis  à  contribution  les  eaux 
du  torrent  du  Guicrs-Mort  ;  ils  s'en  servaient 
comme  force  motrice  de  leurs  moulins ,  leurs  scie- 
ries et  leurs  forges,  et  ainsi  augmentaient  les  riches- 
ses du  Monastère. 

Au  milieu  de  la  prospérité  matérielle  acquise  par 
la  Grande  Chartreuse  au  XVrIIe  siècle,  nous  avons 
encore  à  enregistrer  un  nouveau  désastre;  un  huitiè- 
me incendie  eut  lieu  le  10  avril  [676  '.  L'illustre 
Dom  Innocent  Le  Masson  venait  d'être  nommé  Gé 
néral,  lorsque  ce  terrible  accident  réduisit  en  cen- 
dres presque  tout  le  Couvent;  il  se  mit  aussitôt  à 
l'œuvre,  et  aidé  d'un  Frère  Convers,  qui  avait  cer- 
taines notions  d'architecture,  il  reconstruisit  le  Mo- 
nastère dans  de  meilleures  conditions  de  solidité  , 
mais  malheureusement  dans  le  style  lourd  et  froid 
de  cette  époque  .  Hàtons-nous  cependant  de  dire 
que  cette  masse  de  bâtiments  avec  ses  toits  hauts 
et  à  pentes  rapides,  —  à  cause  de  la  grande  quantité 
de  neige  qui  tombe  pendant  l'hiver— et  ses  sept  clo- 
chers de  hauteurs  différentes  qui  les  surmontent  , 
donnent  un  aspect  grandiose  et  vraiment  monacal 
au  Couvent .  Une  Ordonnance  du  Chapitre  Géné- 
ral de  1676  avait  défendu  «  tout  ce  qui  est  curieux, 
superflu  et  contraire  à  la  simplicité  cartusienne.  » 

1  Cf.  Notice  sur  Dom  Innocent  Le  Masson,  Ve  partie,  Gé- 
néraux, p.  124. 

14 


—    210    — 

En  visitant  le  Monastère  actuel  de  la  Grande 
Chartreuse,  il  est  facile  de  reconnaître  les  parties 
construites  par  Dom  Le  Masson;  elles  sont  consi- 
dérables et  furent  cependant  terminées  rapidement. 
«  En  douze  ans, — dit  l'historien  de  la  Grande  Char- 
treuse—Dom  Le  Masson  avait  élevé  ce  vaste  bâti- 
ment de  l'hôtellerie,  qui  repose  en  certains  endroits 
sur  des  fondations  énormes,  et  en  outre,  le  quartier 
des  Officiers,  c'est-à-dire  quatre  corridors  superpo- 
sés et  sept  pavillons  chacun  de  trois  étages,  le  tout 
en  pierres  de  taille;  ajoutez  que,  concurremment,  i] 
faisait  rebâtir  le  petit  cloître  et  deux  tiers  du  grand 
cloître,  les  cellules  (dont  il  portait  le  nombre  de 
vingt-six  à  trente-six',  la  porte  d'entrée  principale 
et  les  deux  corps  de  bâtiments  qui  l'accompagnent, 
et  restaurait  l'église,  la  chapelle  des  morts,  une 
partie  des  obédiences  et  le  Chapitre  des  Moines1 .  ■» 
La  Grande  Chartreuse  abandonnée  à  ses  propres 
ressources  était  incapable  d'exécuter  des  travaux 
aussi  dispendieux;  elle  eut  recours  aux  autres  Mai- 
sons de  l'Ordre  qui  toutes  rivalisèrent  de  zèle  et  de 
générosité.  Dom  Innocent  Le  Masson  rît  aussi  res- 
taurer laCorrerie  qui  avait  été  détruite  par  un  in- 
cendie, le  22  juin   1674  -. 

Le  Monastère  de  la  Grande  Chartreuse  resta  dans 
l'état  où  l'avait  mis  Dom  Le  Masson,  jusqu'à  la 
Révolution  française.  Malgré  les  décrets  de  l'As- 
semblée Constituante  qui  avaient  aboli  les  Ordres 

1  La  Grande  Chartreuse  par  un  Chartreux,  p.    144. 
La  Correrie fut  brûlée  quatre  fois,  en    1444.   i562,  i588, 
et  1Û74. 


2  11     

monastiques,  les  Chartreux  crurent  un  instant  avoir 
été  oubliés  dans  leur  solitude,  mais  au  moisd'octo- 
bre  171)2, des  commissaires  nationaux  vinrent  signi- 
fier aux  Religieux  l'ordre  formel  de  quitter  le  Cou- 
vent. L'Etat  s'empara  des  magnifiques  forêts  des 
montagnes  du  Désert  de  Chartreuse  et  les  fit  ex- 
ploiter à  son  compte.  Les  biens  furent  vendus  au 
profit  de  la  nation,  mais  aucun  acquéreur  ne  s'étant 
présenté  pour  acheter  le  Couvent  et  quelques  autres 
propriétés  qui  se  trouvaient  dans  la  montagne,  on 
établit  un  régisseur  chargé  de  veiller  à  la  con- 
servation des  bâtiments  et  d'exploiter  les  prai- 
ries '. 

Le  règne  de  Napoléon  Ier  n'apporta  aucun  chan- 
gement à  l'état  du  Monastère  de  la  Grande  Char- 
treuse. Seulement,  en  1804,  on  enleva  les  stalles 
du  chœur  des  Religieux  et  le  maître-autel  de  mar- 
bre blanc,  don  de  la  Chartreuse  de  Pavie,  et  on  les 
transporta  à  Grenoble.  Depuis  longtemps,  tableaux, 
objets  d'art,  archives,  manuscrits,  livres,  tout  avait 
été  emporté  dans  cette  ville. 

En  181 5,  Dom  Romuald  Moissonnier,  Vicaire 
Général  de  l'Ordre  et  Prieur  de  la  Part-Dieu,  en 
Suisse,  fit  auprès  du  gouvernement  de  Louis  XVIII, 
d'incessantes  démarches  pour  obtenir  l'autorisation 
de  rétablir  le  Monastère  de  la  Grande  Chartreuse. 
Ce  ne  fut  que  l'année  suivante,  7  juillet  181  (5,  après 
vingt-quatre  ans  d'exil,  qu'il  put,  accompagné  de 
quelques  anciens  Religieux,  rentrer  enfin  dans  cette 

1  Cf.  Notice  sur  D.  Nicolas  Albergati  de  Geoffroy,  Y"  par- 
tie, Généraux,  p.   1  5y. 


—    212    — 

chère  retraite  sanctifiée  par  de  si  nombreuses  gé- 
nérations de  Moines. 

La  restauration  des  bâtiments  fut  longue  et  dis- 
pendieuse. Les  Chartreux  n'avaient  aucune  res- 
source, leurs  anciennes  propriétés  ayant  été  vendues 
comme  biens  nationaux,  ou  données  à  l'hôpital  de 
Grenoble.  Ils  n'étaient  même  pas  propriétaires  de 
leur  Monastère,  et  ils  devaient  une  redevance  à 
l'Etat  qui  ne  leur  laissait  que  la  jouissance  du  Cou- 
vent et  des  prairies  avoisinantes  ;  les  belles  forêts 
des  montagnes  de  Chartreuse  étant  exploitées  par 
l'administration  forestière .  Cependant  les  besoins 
étaient  grands,  les  nécessités  pressantes,  les  ruines 
à  réparer  nombreuses;  les  Chartreux  avaient  trou- 
vé partout  les  traces  de  la  dévastation  et  de  la 
profanation.  Les  portes  et  les  fenêtres  avaient  été 
brisées  ou  enlevées,  les  cellules  saccagées,  les  toits 
délabrés  tombaient  presque  en  ruines,  l'église  et 
les  chapelles  étaient  entièrement  dépouillées.  Il  ne 
restait  ni  autels,  ni  vases  sacrés,  ni  ornements  pour 
offrir  le  Saint  Sacrifice.  Le  désastre  était  tel  que 
Dom  Moissonnier  ne  put  résister  à  la  peine  et  à 
l'émotion  qui  s'étaient  emparées  de  lui,  en  voyant 
tant  de  ruines.  Il  mourut  onze  jours  après  son 
entrée  à  la  Grande  Chartreuse'. 

Avec  le  temps,  et  grâce  aux  secours  que  la  Pro- 
vidence a  su  ménager  aux  pieux  enfants  de  saint 
Bruno,  leur  Couvent  a  été  restauré  et  remis  dans 
son  ancien  état.  En  i8i6,  les  princes  de  la  famille 

1  Cf.  Notice  sur  Dom  Moissonnier,  V°  partie.  Généraux, 
p.  164. 


—   2l3   — 

royale  voulurent  rétablir  à  leurs  frais  la  chapelle 
de  Notre-Dame-de-Casalibus  et  l'oratoire  de  Saint- 
Bruno.  Ces  deux  constructions  qui  étaient  tom- 
bées en  ruines  ne  furent  terminées  qu'en  1820. 
Actuellement,  la  Grande  Chartreuse  a  retrouvé  son 
ancienne  splendeur,  elle  contient  environ  quarante- 
cinq  Religieux  et  quarante  Frères  Convers  ou 
Donnés. 

1090. 

CALABRE. 

La  Chartreuse  de  La  Tour  ou  Sancta  Maria  de 
Eremo,  dans  la  Calabre,  au  diocèse  de  Squillace 
(Italie),  fut  fondée  par  saint  Bruno,  avec  les 
largesses  du  comte  Roger  de  Calabre,  en  1090. 
L'acte  de  donation  fut  confirmé,  en  1091  ,  par 
Théodore,  Évêque  de  Squillace,  et  Rangier,  Ar- 
chevêque de  Reggio,puis  en  1092,1a  veille  des  Ides 
d'octobre,  parle  Pape  Urbain  II.  Archère,  Arche- 
vêque de  Païenne,  consacra  l'église,  le  i5  août  1094. 
La  même  année,  Roger,  duc  d'Apulie,  confirma  la 
donation  faite  à  saint  Bruno,  du  territoire  qui  se 
trouve  compris  entre  Arena  et  Stylum.  Le  comte 
Roger  augmenta  encore,  en  cette  même  année  1094, 
les  biens  de  la  Chartreuse  de  La  Tour,  en  lui  cé- 
dant le  Monastère  de  Sainte-Marie  d'Arsafia  et  un 
certain  nombre  d'hommes  liges.  De  nouveaux  pri- 
vilèges furent  encore  concédés  par  le  comte, en  1095 
et  en   [096. 


—    214   - 

Le  Couvent  étant  devenu  trop  étroit  pour  conte- 
nir les  nombreux  Religieux  qui  étaient  venus  se 
mettre  sous  la  direction  de  Maître  Bruno,  le  comte 
Roger  fit  bâtir,  en  1097,  une  seconde  maison,  peu 
distante  de  la  première,  sous  le  vocable  de  Saint- 
Etienne  in  bosco,  ou  de  netnore.  Il  accorda  de  nou- 
velles faveurs  aux  deux  Monastères,  après  Tappari- 
tion  miraculeuse  de  saint  Bruno,  au  siège  de  Ca- 
poue.  La  charte  est  du  2  août  ioqq.  Le  Pape  Pas- 
cal II,  par  une  Bulle  du  6  des  calendes  d'août 
1101,  prit  la  Chartreuse  de  La  Tour  sous  sa 
protection,  et  quelques  années  plus  tard  il  menaça 
d'excommunication  ceux  qui  tenteraient  de  s'empa- 
rer des  biens  de  ce  Monastère.  La  Bulle  est  datée 
de  Bénévent,  le   10  des  calendes  de  mars   rii3. 

Parmi  les  bienfaiteurs  de  la  Chartreuse  de  La 
Tour,  on  cite  :  le  comte  Geoffroy  de  Lorette  et  la 
comtesse  Berthe,  sa  mère  (la  charte  de  leur  dona- 
tion est  du  14  janvier  1  1 14  '  :  la  fille  du  comte  Ro- 
ger, en  1  1 19  ;  Wilhelme  Carbonello  et  Emma,  son 
épouse,  en  1120;  la  princesse  Constance,  épouse 
du  prince  d'Antioche,  en  ii23  ;  Robert  de  Tarona, 
même  année;  Roger  Culchebretde  Arenis,  en  1124; 
Barthélémy,  seigneur  de  Saint-Démétrius,  en  1  12?; 
Roger,  duc  d'Apulie,  fils  du  comte  Roger,  en  1  [29; 
Robert  d'Argapie,  en  1 1 3 o .  Toutes  ces  donations 
furent  confirmées  par  le  Pape  Calixte  II,  dans  une 
Bulle  datée  de  Capoue  aux  calendes  de  décembre 
1121,  puis  par  le  fils  du  comte  Roger,  en  [129,  et 
enfin  par  Donat,  Évèque  de  Squillace,  le  6  des  ca- 
lendes d'octobre   ii33. 


—    2  1  D    

Les  deux  Maisons  de  Calabre  quoique  séparées 
n'en  faisaient  qu'une,  sous  la  direction  de  saint  Bru- 
no. Après  la  mort  du  vénérable  fondateur,  Lan  vin 
son  disciple  prit  la  direction  des  deux  Monastères, 
mais  malgré  son  zèle  et  les  règlements  donnés  aux 
Solitaires  par  Lambert  son  successeur,  les  Religieux 
ne  tardèrent  pas  à  laisser  de  côté  les  observances 
de  la  vie  érémitique.  N'ayant  aucune  relation  avec 
la  Maison-Mère  ils  se  relâchèrent  de  leurs  austérités 
et  ne  pratiquèrent  plus  que   la  vie  cénobitique. 

Ce  Monastère  compte,  jusqu'à  cette  époque,  une 
succession  de  treize  Prieurs;  le  dernier,  Dom  Guil- 
laume de  Messine,  grand  amateur  de  nouveautés, 
avait  été  déposé,  mais  il  parvint  à  reprendre  le 
pouvoir,  en  u86,  après  la  mort  d'un  parent  du 
comte  Roger  qui  avait  été  élu  à  sa  place.  Il  se  ser- 
vit de  son  influence  pour  faire  passer  le  Monas- 
tère de  Saint-Etienne  entre  les  mains  des  Cis- 
terciens, en  ikji,  Le  Pape  Célestin  III  donna 
son  consentement  à  ce  changement,  et  Guillaume 
fut  le  premier  Abbé  du  Monastère.  Il  suscita  de  si 
nombreux  embarras  aux  Solitaires  de  Sainte-Marie 
qu'ils  durent  se  retirer,  et  les  deux  Maisons  furent 
soumises  à  l'Ordre  de  Citeaux. 

Au  commencement  du  XVIe  siècle,  ce  Monas- 
tère était  tenu  en  commende  par  le  Cardinal  d'Ara- 
gon, petit-fils  du  Roi  de  Naples.  Ce  prélat,  à  la 
sollicitation  des  Chartreux,  leur  remit  les  deux 
Maisons.  Les  négociations  furent  commencées  par 
le  Général  Dom  Pierre  Roux.  «  Nous  avons  l'es- 
poir, dit  la  carte  du  Chapitre  Général  de  1407,  de 


—    2  10    — 

recouvrer  bientôt  L'ancienne  Maison  de  Saint- 
Etienne  où  repose  le  vénérable  et  saint  corps  du 
bienheureux  Bruno,  notre  Père.  »  Le  Souverain 
Pontife,  Léon  X,  ratifia  cette  rétrocession,  le  i5 
décembre  1 5 1 3 .  La  reprise  de  possession  eut  lieu, 
le  27  février  1 5 14,  sous  le  R.  P.  Dom  François 
Dupuy  ,  avec  le  vocable  des  Saints-Etienne-et- 
Bruno.  Trois  siècles  plus  tard,  le  Monastère  de  Ca- 
labre  fut  supprimé  par  décret  de  Napoléon  Ier,  en 
1806,  et  ne  fut  rétabli  qu'en  i85y.  Cette  Char- 
treuse existe  encore,  mais,  en  1866,  sous  le  gou- 
vernement de  Victor-Emmanuel,  Roi  d'Italie,  ses 
biens  furent  mis  sous  séquestre,  les  Religieux  furent 
expulsés,  et  actuellement  cet  antique  Monastère  ne 
possède  plus  qu'un  petit  nombre  de  Chartreux 
laissés  dans  la  Maison  comme  gardiens. 


FONDATIONS 


T>U    DOUZIEME    SIECLE 


1115. 
PORTES. 


A  Chartreuse  de  Portes,  près  de  Bé- 
nonces  dans  les  montagnes  du  Bugev,  au 
diocèse  de  Belley,  département  de  l'Ain, 
fut  fondée  par  Bernard  de  Varey,  ou  Varin,  et  Pon- 
ce, Moines  de  l'Abbaye  d'Ambronay,  sur  une  pro- 
priété appelée  Portes,  appartenant  à  cette  Abbaye, 
et  cédée  par  l'Abbé  Didier.  Gauceran,  Archevêque 
de  Lyon,  renonça,  en  faveur  des  Chartreux,  à  tous 
les  droits  que  lui  et  ses  prédécesseurs  possédaient 
dans  ce  désert.  On  cite  aussi  parmi  les  bienfaiteurs: 
Richard  de  Bénonces,  Guiscard  de  Beaujeu,  Girald 
de  La  Tour,  Amblard  de  La  Tour  et  Amblard  de 
Grandmont.  En  1128,  Bernard  qui  était  devenu 
Prieur  de  la  Communauté,  jugeant  peu  salubre  l'en- 
droit  où  il  s'était  fixé,  bâtit  le  Couvent  un  peu  plus 


—    2l8   — 

haut,  vers  Arandaz.  En  1 1 35,  Portes  reçut  la  visite 
de  saint  Bernard,  Abbé  de  Clairvaux.  L'église  du 
Monastère  avait  été  consacrée  par  Humbald,  Ar- 
chevêque de  Lyon  et  Légat  du  Saint-Siège,  as- 
sisté de  saint  Hugues,  Evèque  de  Grenoble,  et 
de  Ponce  II,  Évèque  de  Belley.  Ce  Couvent,  qui 
a  donné  un  grand  nombre  de  Religieux  célèbres,  a 
été  supprimé  par  un  décret  de  l'Assemblée  nationale 
du  i3-io,février  1790, et  vendu  comme  bien  d'Etat. 
Le  R.  P.  Dom  Jean-Baptiste  Ta  rétabli,  en   i856: 

1116. 

DURBON. 

La  Chartreuse  de  Durbox,  dans  la  commune  de 
Saint-Julien  en  Beauchène ,  dans  les  Alpes,  au 
diocèse  de  Gap ,  département  des  Hautes-Alpes, 
doit  sa  fondation  à  la  famille  de  Beldisnard.  Quel- 
ques auteurs  désignent  comme  fondateurs  Léger 
II,  Évèque  de  Gap,  et  Matthieu,  seigneur  de  Beau- 
diver.  L'église  fut  consacrée,  en  1121,  par  Léger 
II,  Évèque  de  Gap,  et  Etienne,  Évèque  de  Die. 
Cette  même  année,  les  seigneurs  de  Flotte  tirent 
aussi  une  donation  au  Monastère  ;  toutefois  les 
Solitaires  vécurent  dans  une  grande  pénurie  jus- 
qu'en 1  [78,  époque  où  le  Couvent  fut  convenable- 
ment doté  par  l'Empereur  Frédéric  Barberousse.  En 
[  cg3,  Alphonse II,  comte  de  Provence,  prit  la  Char- 
treuse de  Durbon  sous  sa  protection.  Ce  Couvent 
axant   été  presque  entièrement  détruit  par   un   in- 


cendie ,  en  1405,  les  Chartreux  ,  dans  leur  de- 
tresse,  invoquèrent  le  secours  du  Souverain  Pon- 
tife. Pierre  de  Lune,  résidant  à  Avignon,  donna 
en  leur  faveur  une  Bulle  datée  de  Marseille,  1405, 
qui  leur  accordait  une  part  dans  les  legs  pieux  des 
diocèses  de  Gap,  de  Die,  de  Valence,  d'Embrun 
et  de  Sisteron.  En  1440,  ils  donnèrent  l'hospitalité 
aux  Moniales  de  Bertaux  dont  le  Couvent  avait  été 
pillé  par  des  bandes  armées.  La  Chartreuse  de 
Durbon  fut  saccagée,  en  1044,  par  les  Protestants, 
qui  massacrèrent  le  Prieur  et  les  Religieux.  Quel- 
ques années  plus  tard,  en  1592,  les  mêmes  héréti- 
ques pillèrent  et  incendièrent  le  Monastère.  Réta- 
blie au  XVIIe  siècle  cette  Chartreuse  fut  supprimée 
par  la  Révolution  française,   en    1790. 

1116. 

SYLVE-BÉNITE. 

La  Chartreuse  de  Syeve- Bénite,  dans  les  plai- 
nes du  Dauphiné  ,  près  du  lac  de  Paladru  ,  au 
diocèse  de  Grenoble  ,  département  de  l'Isère, 
fut  fondée  par  une  colonie  de  Religieux  du  Dé- 
sert de  Chartreuse.  Trop  nombreux  dans  leur 
Monastère,  ils  cherchaient  dans  les  déserts  du  Dau- 
phiné un  endroit  favorable  pour  s'y  établir.  L'Em- 
pereur Frédéric  Barberousse  dota  et  rebâtit  ce 
Couvent,  en  [167.  Thierry,  fils  naturel  de  cet 
Empereur  ,  fut  un  des  grands  bienfaiteurs  de 
cette  Maison,  ce  qui  lui  a  mérité  le  titre  de  fonda- 


220    — 

teur.  Les  autres  bienfaiteurs  furent  Guillaume  de 
Poitiers  et  son  fils  AjTnar,  en  i  j  83  ;  Thomas  de 
Savoie;  Guillaume  de  Châteauneuf,  en  1286  ; 
Edouard,  comte  de  Savoie  -,  Guigues  d'Albon,  en 
1240;  Raymond,  comte  de  Vienne,  en  1240;  le 
Dauphin  Humbert  et  Aymon,  comte  de  Savoie,  en 
1 333 .  Cette  Chartreuse  fut  supprimée  en  1790,  par 
décret  de  l'Assemblée  nationale,  et  vendue  comme 
bien  de  l'État,  en   1792. 

1116. 

MEYRIAT. 

La  Chartreuse  de  Meyriat,  près  de  Nantua,  au 
diocèse  de  Belley  ,  département  de  l'Ain  ,  eut 
pour  fondateur  Ponce  II,  de  la  Balme,  ou  de 
Balmey,  chanoine  et  pénitentier  de  l'archevêché 
de  Lyon.  Après  avoir  fait  Profession  à  la  Grande 
Chartreuse  ,  Ponce  de  Balmey  devint  plus  tard 
Prieur  de  Meyriat,  en  1 1 18,  puis  Evèque  de  Belley, 
en  1121.  Thomas  Ier,  comte  de  Savoie,  fit  aussi  à 
ce  Monastère  une  donation  importante,  en  1204. 
Cette  Chartreuse  a  été  supprimée  par  la  Révolu- 
tion française,  en    1790. 

1116. 

SAINT-SULPICE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Sulpice,  dans  le  Bugey, 
diocèse  de    Belley  .  département  de  l'Ain  .  fut  fon- 


dée  par  Humbert,  Religieux  de  l'Ordre  de  saint 
Benoît,  qui  s'y  fit  Chartreux.  Le  Vénérable  Dom 
Guigues  lui  adressa  les  Coutumes  qu'il  venait  de 
rédiger.  Amédée,  comte  de  Savoie,  transforma  cet- 
te Chartreuse  en  une  Abbaye  de  l'Ordre  de  Ci- 
teaux,  en    i  i  33. 

1116. 

ESCOUGES. 

La  Chartreuse  des  Escouges,  près  du  village  de 
La-Rivière,  au  diocèse  de  Grenoble,  département 
de  l'Isère,  eut  pour  fondateurs  saint  Hugues,  Evê- 
que  de  Grenoble,  Raymond  et  Guigues  de  Lemps. 
Quelques  auteurs  citent  aussi  comme  fondateurs 
Reynald  de  Lanz  et  son  épouse  Amaldrada  qui 
donnèrent  à  l'Ordre  de  saint  Bruno  la  vallée  et  la 
montagne  désignées  sous  le  nom  d'Exquogiorum, 
entre  Saint-Gervais  et  Autran.  Dans  les  dépen- 
dances de  cette  Chartreuse  se  trouvait  Revesti  qui 
servit  de  refuge,  en  i3go,  aux  Moniales  de  Par- 
ménie.  Le  Monastère  des  Escouges  fut  abandonné 
par   l'Ordre ,  dans   le   XVe    siècle,  vers   1422. 

1117. 

MONT-RIEUX. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Mont-Rifix, 
est  située  sur  le  versant  d'une  montagne  rocheuse 


2  2  2    — 

qui  domine  la  vallée  de  Belgentier,  près  de  Tou- 
lon, au  diocèse  de  Fréjus,  département  du  Var. 
Elle  fut  fondée  par  un  gentilhomme  italien  qui  s'y 
fit  Chartreux,  et  par  trois  frères,  Geoffroy,  Hugues 
et  Falco  de  Solliès.  Un  ancien  Couvent  de  Béné- 
dictins, qui  se  trouvait  auprès,  lui  servit  de  Correrie; 
elle  fut  mise  sous  les  auspices  des  Evêques  de 
Marseille  et  de  Toulon.  La  charte  de  fondation  est 
du  mois  de  mai  i  i  2 3 .  On  compte  parmi  les  bien- 
faiteurs, Amédée,  comte  de  Savoie,  Humbert,  sei- 
gneur de  Beaujeu,  et  Guichard,  son  fils  ;  Raymond 
II,  Éveque  de  Marseille,  en  1  1 36  ;  l'Abbé  de  Saint- 
Victor,  en  1141  ;  le  Pape  Eugène  III,  en  1  149  ; 
et  les  barons  de  Valbelle,  en  1  147.  Les  Souverains 
Pontifes  Alexandre  III,  en  ii63,et  Innocent  III, 
en  1209,  accordèrent  chacun  une  Bulle,  en  faveur 
de  Mont-Rieux.  L'église  du  Monastère  qui  avait 
été  construite  aux  frais  d'Aymon  et  d'Hugues  de 
Varennes  ne  fut  consacrée  qu'en  1252,  par  l'Ar- 
chevêque d'Aix,  accompagné  des  Evêques  de  Mar- 
seille, de  Digne  et  de  Riez.  En  i3o8,  le  comte  de 
Provence  nomma  Bertrand  de  Marseille,  protec- 
teur du  Couvent,  et  en  1 3 19,  le  Pape  Jean  XXII 
affranchit  des  dîmes  pontificales  toutes  les  terres 
cultivées  par  les  Religieux  de  cette  Chartreuse. 

Elle  eut  beaucoup  à  souffrir  des  pillages  et  des 
dévastations  des  bandes  armées  qui  ravagèrent  cette 
contrée  pendant  le  XIVe  siècle.  En  1 3 7 4 ,  Raymond 
de  Mont-Alban  enleva  aux  Chartreux  le  château 
de  Revest  qui  était  leur  propriété.  Ce  Monastère 
fut    saccagé    par    les    Luthériens,   en    ID40  ;   res- 


—    220    — 

taure  avec  peine,  il  fut  de  nouveau  ruiné  et  pro- 
fané en  078.  On  le  rétablit  en  i635,  mais  les 
constructions  ne  furent  terminées  qu'en  1740.  La 
nouvelle  église  fut  consacrée,  le  icr  mars  1741, 
par  Monseigneur  de  Belzunce,  Evèque  de  Mar- 
seille. Le  Monastère  de  Mont-Rieux  a  été  supprimé 
par  la  Révolution  française,  en  1 790,  et  vendu  comme 
bien  national  le  [6  fructidor,  an  IV  4792). 

En  1843,  sous  le  R.  P.  Général  Dom  Jean-Bap- 
tiste Mortaize,  les  Chartreux  rachetèrent  cette  Mai- 
son et  la  reconstruisirent  sous  les  auspices  de  Dom 
Etienne  Franchct.  L'église  fut  consacrée  le  19  juin 
1 858,  par  Monseigneur  Jordany,  Evèque  de  Fréjus 
et  Toulon  .  On  compte  parmi  les  bienfaiteurs  de 
cette  Maison  le  marquis  d'Albertas  et  Mr  Pas- 
quier,  de  Lyon.  En  [868,  elle  servit  de  refuge  aux 
Chartreux  expulsés  d'Italie. 

1132. 
ARVIÈRES. 

La  Chartreuse  de  NoTRE-DAME-D"ARViÈRES,près 
de  Lochieu ,  dominant  les  gorges  profondes  du 
Grand-Colombier,  au  diocèse  de  Belley,  autrefois 
de  Genève,  département  de  l'Ain,  a  été  fondée 
par  Amédée  III,  comte  de  Savoie,  et  Humbert  III 
de  Beaujeu. 

On  rapporte,  dans  la  vie  de  saint  Artauld,  pre- 
mier Prieur  d'Arvieres ,  que  vers  1142,  Arducius 
de    Faucigny,    Evèque    de   Genève,    aida    le    saint 


—    2  24   — 

Prieur,  de  concert  avec  Amédée,  comte  de  Savoie, 
à  rebâtir  son  Monastère  dans  un  endroit  peu  éloi- 
gné de  la  première  fondation,  mais  moins  exposé 
aux  avalanches.  Quelques  auteurs  donnent  aussi  le 
titre  de  fondateur  à  Humbert  de  Grandmont,  Évê- 
que  du  diocèse.  Les  principaux  bienfaiteurs  furent: 
Guichard,  fils  d'Humbert  III;  Etienne,  chanoine 
de  Lyon  ;  Artold  ,  chanoine  de  Sasiriaco  ;  Pierre 
Senescalle,  de  Lyon;  Aymon  et  Hugues  de  Yaren- 
nes;  Aymon  de  Rivoire;  Pierre  de  Chimelieu  et 
ses  deux  frères.  Cette  Maison  eut  beaucoup  à  souf- 
frir des  guerres  du  XIVe  et  du  XVe  siècle;  elle  fut 
supprimée  par  le  décret  de  1" Assemblée  nationale 
du   1 3- 1 9  février   1790. 

1136. 

MONT-DIEU. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-du-Moxt-Dieu, 
sur  la  rivière  de  Bar,  entre  Mouzon  et  Sedan,  au 
diocèse  de  Reims,  département  des  Ardennes,  eut 
pour  fondateurs  Odon,  Abbé  de  Saint-Remy  de 
Reims,  et  les  Religieux  de  son  Abbaye.  Quel- 
ques auteurs  font  remonter  la  fondation  à  l'année 
ii3o.  Le  Pape  Innocent  II  confirma  la  dona- 
tion d"Odon  par  une  Bulle  de  1 142,  et  Eugène  III 
par  une  autre  Bulle  de  1  145.  L'église  avait  été 
consacrée  en  1144,  par  Samson,  Archevêque  de 
Reims,  en  présence  des  Evèques  Goslénus,  de 
Soissons  et  Milon,  de  Thérouanne.   On  cite  corn- 


—    223    — 

me  principaux  bienfaiteurs  de  cette  Chartreuse  : 
Alexandre  de  Juilliers ,  Évêque  de  Liège  ;  Wite- 
rius  ou  Vulsius,  comte  de  Réthcl  ;  Conrad  III, 
comte  de  Luxembourg;  Guillaume,  comte  de  Ne- 
vers;  Richard.  Abbé  de  Mouzon  ;  Guy  Séneschal 
et  Hélinde,  son  épouse,  et  plus  tard  Louis  II,  comte 
de  Flandre.  L'église  du  Couvent  fut  reconstruite, 
en  1 289,  et  consacrée  par  Pierre  Barbes,  Archevê- 
que  de  Reims,  le  5  février   1290. 

Ce  Monastère  eut  beaucoup  à  souffrir  pendant 
la  guerre  contre  les  Anglais,  et  plusieurs  fois,  dans 
Tannée  [362,  les  Chartreux  durent  se  réfugier  à 
Mouzon.  Deux  siècles  plus  tard,  le  Couvent  qui 
s'était  relevé  difficilement  de  ses  ruines  fut  de  nou- 
veau pillé  et  saccagé  par  les  Protestants,  en  i502 
et  en  i56y.  Le  Roi  Henri  IV,  à  la  demande  du 
sieur  de  La  Noue,  gouverneur  de  Sedan,  accorda  à 
ce  seigneur,  comme  récompense  des  services  qu'il 
avait  rendus  à  sa  cause,  toutes  les  propriétés  de  la 
Chartreuse.  Les  Religieux  donnèrent  à  La  Noue  1200 
écus,  et  celui-ci  renonça  à  la  cession  que  le  Roi  lui 
avait  faite.  Le  Monastère  fut  rebâti,  après  l'incendie 
de  i6o5,et  supprimé  par  la  Révolution  française, en 
1790.  Il  servit  de  prison,  quelque  temps,  puis  fut 
entièrement  détruit. 

1138. 

VALON. 

La   Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Yai.o\,  dans 
une  des  gorges  formées  par  les  montagnes  qui  sépa- 

1:. 


—    2  26    — 

rent  le  Chablais  du  Faucigny,  sur  le  territoire  de 
Bellevaux,  au  diocèse  de  Genève,  province  de  Fau- 
cigny Savoie',  fut  fondée  par  les  seigneurs  de  Lan- 
gin,  de  Corvenc,  de  Ballaison  et  de  Serneux.  La 
Maison  de  Faucigny  en  augmenta  les  domaines  et 
Aymonde  Faucigny  mérita  le  titre  de  principal  fon- 
dateur. Au  XIIIe  siècle,  les  comtes  de  Savoie  enri- 
chirent aussi  ce  Monastère,  et  au  siècle  suivant,  le 
Pape  Jean  XXII  nomma  gardiens  des  privilèges  de 
Valon,  les  Evêques  de  Genève  et  de  Lausanne.  Les 
Bernois  le  détruisirent  en  partie  et  s'emparèrent 
de  ses  biens,  en  1 536  ,  malgré  les  réclamations 
de  la  duchesse  de  Nemours  qui  les  revendiquait 
comme  dépendance  de  sa  souveraineté  de  Faucigny. 
Les  Religieux  se  réfugièrent  à  la  Chartreuse  de 
Pommiers.  Emmanuel-Philibert,  duc  de  Savoie, 
fit  vendre,  le  29  septembre  i56cj,  les  biens  de  Valon 
non  aliénés  par  les  Bernois.  En  i5yS,  le  Général 
des  Chartreux  demanda  à  Charles-Emmanuel  la  ré- 
intégration des  Religieux  dans  leur  Monastère.  Ce- 
lui-ci n'ayant  pas  accédé  à  ce  désir,  l'Ordre  ne  put 
rentrer  en  possession  de  cette  Chartreuse  ;  toute- 
fois les  biens  de  l'ancien  Couvent  rachetés  à  cette 
époque  furent,  d'après  les  instances  de  saint  Fran- 
çois de  Sales,  donnés  à  la  Chartreuse  de  Ripaille. 

1139. 

VAUCLUSE. 

La   Chartreuse  de   Vaucluse  ,    près   de    Saint- 
Claude,  dans  un  des  sites  les  plus  austères  du  Jura, 


au  diocèse  de  Besançon,  département  du  Jura, 
fut  fondée  par  Hugues  de  Cuiseau.  Ce  Monastère 
subit  toutes  les  vicissitudes  de  la  contrée  où  il  était 
place,  et  plus  d'une  fois,  il  fut  saccagé  par  les  ar- 
mées ennemies.  Reconstruit  en  partie,  dans  le  cou- 
rant du  XVIIe  siècle,  un  décret  de  l'Assemblée  na- 
tionale le  supprima  en    1790. 

1140. 
VAL-SAINT-PIERRE. 

La  Chartreuse  du  Val-Saint-Pierre, près  de  Ver- 
vins,  dans  un  site  sauvage  de  la  forêt  de  Thiérache, 
au  village  de  Braye,  diocèse  de  Soissons,  départe- 
ment de  l'Aisne,  eut  pour  fondateur  Raynaud,  ba- 
ron de  Rosoy-sur-Serre.  Parmi  les  bienfaiteurs,  on 
cite  Jehan,  Walbert,  Gobert  et  Roger,  Évèque  de 
Laon,  fils  du  fondateur  ;  Barthélémy,  seigneur  de 
Burelles;  Hugues,  Abbé  de  Saint-Remy  de  Reims, 
1140;  Jean,  Abbé  de  Saint-Michel,  en  Thiérache, 
1 156  ;  Richard,  Abbé  de  Vauclair.  Les  Papes  Anas- 
tase  IV,  11 54;  Alexandre  III,  1  164  ,  et  i  r 78  ; 
Innocent  III,  1216;  Honorius  III,  1 2 1 7  ;  Grégoi- 
re IX,  1227;  Innocent  IV,  1245  et  Jean  XXI, 
127G,  accordèrent  de  nombreux  privilèges  à  ce  Cou- 
vent. Il  en  fut  de  même  pour  les  Rois  de  France, 
Louis  VII,  1 173  ;  Louis  IX,  1255;  Philippc-le-Bcl, 
1292;  Charles  V,  i36g;  Louis  XI,  1470;  Louis 
XIII,  161 1.  Pierre,  Archevêque  de  Reims,  con- 
sacra l'église  du  Monastère  le  28  juin  1276.  Le 
Val-Saint-Pierre  eut  beaucoup  à  souffrit"  dans  les 


228 


guerres  du  XVe  siècle.  En  1450,  Jeanne  de  Béthune, 
comtesse  de  Guise,  rebâtit  une  partie  de  la  Maison, 
à  ses  frais.  Le  Monastère  fut  de  nouveau  restaure 
après  les  guerres  de  Religion,  au  XVIe  siècle,  mais 
on  dut,  au  siècle  suivant,  le  reconstruire  entièrement, 
pour  la  quatrième  fois, et  le  G  mars  1690,  Jean  d"Es- 
trées,  Evêque  de  Laon,enfitla  consécration. Suppri- 
mée par  la  Révolution  française,  cette  Chartreuse 
a  été  vendue  comme  bien  national,  par  décret  du 
20  juin  1 79 1 . 

1142. 

ANNONCIADE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame  de  l'Annonciade, 
au  diocèse  de  Valence,  Royaume  de  Valence  Espa- 
gne), doit  sa  fondation  au  sieur  Jacques,  gen- 
tilhomme. On  connaît  peu  de  choses  sur  ce  Monas- 
tère ;  saccagé  dans  les  guerres  du  Moyen-Age,  et 
presque  entièrement  détruit,  il  fut  abandonné  par 
l'Ordre ,  en  1445,  faute  de  ressources  suffisantes 
pour  réparer  ses   ruines. 

1144. 

BOUVANTES. 

La  Chartreuse  du  Val-Sainte-Marie,  ou  de  Bou- 
vantes,  dans  les  gorges  escarpées  et  boisées  de  La 
Lionne,  au  diocèse  de  Valence,  département  de  la 
Drôme,  eut  pour  fondateur  le  dauphin  GuiguesIIL 


—    229   — 

Garnier,  de  la  noble  maison  de  Balmey,  est  con- 
sidéré comme  un  de  ses  plus  grands  bienfaiteurs. 
Humbcrt,  dauphin  de  Viennois,  a)rant  perdu  son 
épouse,  en  1297,  s'y  fit  Religieux.  Ce  Couvent 
longtemps  prospère  eut  beaucoup  à  souffrir  des  dé- 
prédations des  Huguenots.  La  Révolution  française 
le  supprima  et  ses  propriétés  furent  vendues  comme 
biens  nationaux,  en  1791.  Chassés  de  leur  asile, 
quelques  Chartreux  du  Val-Sainte-Marie  se  réfugiè- 
rent dans  la  ville  de  Romans,  achetèrent,  le  3i 
mars  1791,  une  maison  conventuelle  de  Récollets, 
et  y  passèrent  en  pleine  sécurité  les  plus  mauvaises 
années  de  la  Révolution.  Cette  maison  fut  donnée, 
par  les  Chartreux,  à  l'hospice  de  la  Chanté,  par 
acte  du  16  juin  181 3. 

1145. 

PRÉBAYON. 

La  Chartreuse  de  Saint- André  de  Prébayon, 
près  de  la  rivière  du  Trinion,  dans  L'ancien  duché 
d'Orange,  au  diocèse  d'Avignon,  département  de 
Vaucluse,  avait  été  fondée  par  une  compagne  de 
sainte  Radegonde  de  Poitiers,  pour  des  Religieuses 
qui  suivaient  la  Règle  de  saint  Césaire.  En  1145, 
ou  selon  d'autres,  en  1 147,  ces  Religieuses  embras- 
sèrent la  Règle  de  saint  Bruno.  Ce  Couvent  ayant 
subi  une  inondation  du  Trinion,  les  Moniales  du- 
rent se  retirer  momentanément  à  Vaison .  Elles 
espéraient  pouvoir  réparer  les  ruines  de  leur  Mo- 
nastère, mais,  à  cause   du   manque  de  ressources, 


—    200   — 

l'Ordre  fut  contraint  de  l'abandonner,  en   1228,  et 

les  Religieuses  furent  transférées  à  Saint-André  de 
Ra mires  cédé  aux  Moniales  par  les  Bénédictins  de 
Montmayeur,  près  d'Arles. 

1146. 

OUJON. 

La  Chartreuse  d'Oujon,  que  l'on  trouve  encore 
écrit  Angion ,  située  sur  le  versant  du  Jura,  au 
milieu  d'une  forêt  épaisse,  entre  Saint-Cergues  et 
Arzier,  au  diocèse  de  Lausanne,  canton  de  Vaud 
(Suisse),  eut  pour  fondateur  Louis  de  Mont.  On 
compte  parmi  ses  principaux  bienfaiteurs,  l'Em- 
pereur Frédéric  II  ;  Amédée,  comte  de  Genevois, 
et  ses  deux  fils;  Humbert  de  Prangins  et  son  fils; 
Conon,  seigneur  de  Genollier  ;  Ebal,  seigneur  de 
Mont  ;  Landri  de  Coinsins  et  sa  famille.  Ce  Cou- 
vent, qui  était  fort  riche,  fut  saccagé  par  les  Pro- 
testants, et  peu  après,  entièrement  détruit  par  les 
Bernois,  en    1 536. 

1151. 

REPOSOIR. 

La  Chartreuse  du  Reposoir,  dans  la  vallée  de 
l'Ane  ,  près  de  Sallanches  ,  au  diocèse  d'Anne- 
cy,  en  "Faucigny  Haute-Savoie),  fut  fondée  le 
22  janvier  1 1 5 1 ,  par  le  prince  Aymond  de  Fau- 
cigny.  Au  XVIe  siècle,  elle  eut  à  souffrir  des  in- 
cursions des  Calvinistes  de  Genève.  En  i;o5,  elle 


-    23]    — 

devint  la  proie  des  flammes,  et  le  R.  P.  Dom 
Antoine  de  Mongeffond,  Général  de  l'Ordre,  la  fit 
reconstruire  avec  les  aumônes  envoyées  à  cet 
effet,  par  toutes  les  Chartreuses.  Ce  Monastère 
fut  supprimé  en  1793,  mais  l'Ordre  l'a  racheté 
sous  le  Généralat  du  R.  P.  Dom  Jean-Baptiste 
Mortaize,  en   1844. 

1156. 
BONNE-FOY. 

La  Chartreuse  de  Bonne-Foy,  dans  une  vallée 
profonde  du  Mezenc  près  de  la  ville  du  Puy, 
au  diocèse  de  Viviers ,  département  de  l'Ardè- 
che ,  eut  pour  fondateurs  Guillaume  Jourdain, 
arrière-petit-fils  de  Raymond  de  Saint-Gilles  comte 
de  Toulouse,  et  les  seigneurs  d'Aubigny.  Sup- 
primée par  décret  de  l'Assemblée  nationale  du 
1.3-ig  février  1790,  ses  propriétés  ont  été  ven- 
dues comme  biens  de  l'État  en    1791. 

Les  ruines  des  tours  du  Monastère,  du  cloître  et 
du  clocher  de  l'église,  qui  existent  encore,  indi- 
quent une  construction  très  remarquable. 

1160. 
SEITZ. 

La  Chartreuse  du  Val-Saixt-Jeax-Baptisti  .  ou 
de  Seitz,  au  diocèse  d'Aquilée  ,  province  de  Car- 
niole  (Autriche),  doit  sa  fondation  à  Ottokar, 
marquis  de  Styrie.  En   i5ai,  Dom  André,  Prieur 


232    

du  Monastère, fut  massacré  en  se'rendant  au  Cha- 
pitre Ge'ne'ral.  Un  siècle  plus  tard,  en  i63o,  les 
Turcs  envahirent  cette  Chartreuse,  tuèrent  les 
Religieux  dans  re'glise  et  pendirent  le  Père  Prieur 
à  la  corde  de  la  lampe  du  sanctuaire.  Ce  Mo- 
nastère avait  été  restauré  avec  peine,  lorsque 
l'Empereur  d'Autriche  Joseph  II  le  supprima  en 
1782. 

1163. 

SCALA   DEL 

La  Chartreuse  de  Scaea  Dei  ,  au  pied  du 
Mont-Saint  ,  au  diocèse  de  Tarragone  ,  en  Ca- 
talogne (Espagne),  eut  pour  fondateurs  ,  Al- 
phonse II,  Roi  d'Aragon,  et  son  fils,  ainsi  que 
l'Archevêque  de  Tolède.  On  pense  que  les  tra- 
vaux furent  commencés  en  11 53.  L'église  fut 
construite  en  1228,  avec  les  largesses -de  Guil- 
laume de  Sirca.  En  ijo3,  Bérenger  Gallart  res- 
taura le  Monastère  ruiné  par  les  guerres  et  y  fit 
exécuter  de  nouvelles  constructions.  Cette  Char- 
treuse fut  supprimée  en  i835,  par  un  décret  du 
11  octobre,  sous  le  ministère  de  Dom  Alvaro 
Gomez  Becerra. 

1168. 

SEILLON. 

La  Chartreuse  de  Seieeox,  près  de  Boug-en- 
Bresse   dans    la   foret    de    Seillon,   au  diocèse  de 


—  233  — 

Belley,  département  de  l'Ain,  fut  fondée  par 
Humbert  de  Bauge,  Archevêque  de  Lyon,  qui 
s'y  lit  Chartreux,  et. par  Renaud  de  Bauge'.  Elle 
eut  beaucoup  à  souffrir  des  de'pre'dations  des 
Huguenots,  fut  supprimée  par  la  Re'volution  et 
vendue  comme  bien  national,  en   1791. 

1169. 

GYRIO. 

La  Chartreuse  du  Val-Saint-Maurice  ,  ou  de 
Gjtio,  au  diocèse  de  Laubach,  duché'  de  Car- 
niole  (Autriche),  doit  son  origine  à  Henri, 
Evêque  de  Gurck.  Les  Turcs,  dans  leurs  nom- 
breuses incursions,  ruinèrent  ce  Monastère  de 
telle  sorte  que  l'Ordre  dut  l'abandonner,  en   i5gi. 

1170. 

VAL-DIEU. 

La  Chartreuse  du  Val-Dieu,  non  loin  de  Mor- 
tagne,  au  diocèse  de  Se'ez,  département  de  l'Or- 
ne,  eut  pour  fondateurs  Rotrou  III,  comte  du 
Perche,  son  épouse  et  son  fils.  L'église  du 
Couvent  fut  consacrée,  en  1181,  par  Roger, 
Évêque  de  Séez. Pendant  plusieurs  siècles, le  nom- 
bre des  Religieux  resta  peu  considérable,  mais 
Pierre  de  Valois,  comte  du  Perche,  grand  bien- 
faiteur du  Couvent,  ayant    laissé  par  testament. 


—  2^4  — 

en  1404,  cinquante  e'cus  d'or  pour  fonder  quatre 
nouvelles  cellules,  on  dut  agrandir  le  cloître.  Jean 
Ier,  comte  d'Alençon,  confirma  ces  donations,  et 
Henri  V,  Roi  d'Angleterre,  en  141»),  prit  le  Mo- 
nastère sous  sa  protection.  Parmi  les  bienfaiteurs, 
on  cite  le  comte  Geoffroy  et  sa  femme  Mathilde; 
Louis,  comte  de  Blois,  et  Catherine,  son  e'pouse  ; 
Jourdain  Duhommet ,  Evêque  de  Lisieux  :  Gil- 
lain,  Evêque  de  Coutances  ;  Roger  de  Rupierre  : 
Gervais  de  Neufchàtel  ;  Hugues  de  la  Ferte'.  Le 
Couvent  avant  e'te'  reconstruit  au  XVIIe  siècle, 
la  dame  de  Bailleul  y  fonda  encore  deux  nouvel- 
les cellules.  Lorsque  l'Assemble'e  nationale  le  sup- 
prima par  un  de'cret  de  février  1700.  il  était  en 
pleine  prospe'rité  ;  ses  proprie'te's  furent  vendues 
comme  biens  nationaux,  et  les  bâtiments  claus- 
traux devinrent  la  proie  des  spéculateurs. 

1170. 

LA  VERNE. 

La  Chartreuse  DELAVER\E,prèsdeCollobrières. 
dans  un  des  vallons  les  plus  déserts  des  Maures, 
au  diocèse  de  Fréjus,  département  du  Var,  fut  éta- 
blie dans  un  ancien  Prieuré  qui  portait  le  nom 
de  Notre-Dame-de-la- Verne  et  que  Pierre  Aynard, 
Evêque  de  Toulon,  céda  aux  Chartreux.  Ce  Mo- 
nastère ayant  été  brûlé  en  1172.  les  Évèques  de 
Toulon  et  de  Fréjus  le  rebâtirent  à  leurs  frais. 
Parmi  les  bienfaiteurs,  on  cite  Raymond  Béranger: 


—  235  — 

Alphonse  Ier,  son  fils,  comte  de  Provence,  et  Guil- 
laume de  Valbelle.  La  charte  du  comte  Alphonse 
est  datée  du  4  octobre  1  [74.  Cette  Chartreuse  suc- 
comba, sous  les  coups  de  la  Révolution  française, 
en    1  790. 

1170. 

LUGNI. 

La  Chartreuse  de  Lugni,  dans  la  foret  du  même 
nom,  au  diocèse  de  Dijon,  département  de  la 
Côte-d'Or,  est  due  à  la  pieuse  libéralité  de  Gau- 
thier de  Bourgogne,  Evêque  de  Langres,  frère 
d'Othon  duc  de  Bourgogne.  On  rapporte  que  cet 
Evêque  abandonna  son  siège  épiscopal  pour  pren- 
dre Thabit  de  Chartreux  dans  la  Maison  qu'il  avait 
fondée .  Après  avoir  beaucoup  souffert  dans  les 
guerres  des  Impériaux  et  des  Protestants,  cette 
Chartreuse  fut  supprimée  par  décret  de  l'Assemblée 
nationale  du  i3-iq  février  1790.  Les  bâtiments 
claustraux  furent  démolis  et  les  biens  du  Monastère 
mis  aux  enchères. 

1171. 

BON-LIEU. 

La  Chartrhisi:  de  Bon-Lieu,  près  de  Saint- 
Claude,  sur  les  bords  d'un  lac  entouré  de  montagnes 
boisées, au  diocèse  de  Saint-Claude, département  du 


—  236  — 

Jura,  eut  pour  fondateurs  Thibaud  de  Montmort 
et  Gérard,  comte  de  Masion.  La  Révolution  la  sup- 
prima et  vendit  ses  propriétés  comme  biens  na- 
tionaux, en   1791. 

1171. 

CASOTTES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Casottes,  au 
diocèse  d'Albe ,  dans  le  marquisat  de  Montfer- 
rat  (Piémont;,  doit  son  existence  au  seigneur  de 
Garescio  et  au  marquis  de  Céva .  Les  ducs  de 
Mantoue  et  de  Savoie  ont  été  ses  principaux  bien- 
faiteurs ;  elle  fut  emportée  par  la  tourmente  ré- 
volutionnaire déchaînée  sur  une  grande  partie  de 
l'Europe.  La  République  française  décréta  sa 
suppression,  le  16  août  1802. 

1172. 

VAL-SAINT-HUGON. 

La  Chartreuse  du  Val-Saint-Hugon,  près  d'Ar- 
villars,  dans  une  gorge  profonde  adossée  aux  Alpes 
de  Maurienne  et  qui  portait  ie  nom  de  Vallée  de 
Beins,  au  diocèse  de  Chambéry  (Savoie),  eut  pour 
fondateurs  Hugues  d'Arvillars,  sa  femme  Audisia 
et  son  fils  Hugues.  Parmi  les  principaux  bienfai- 
teurs, on  compte  le  Dauphin,  comte  d'Albon  et 
de   Vienne,  en  1129   ;  Humbert  II  de   Viennois, 


—  207  — 

en  1 338  ;  Sofred  Ainard  et  sa  femme  Vernenchie  ; 
Nantelme  Ainard  et  ses  fils;  Be'atrix,  comtesse  de 
Genevois  ;  Guy  de  Châteauneuf  ;  .Edeline  de  Bou- 
villaret  et  Jordan  d'Aiguebelle,  son  mari  ;  Villen- 
chie  de  Morestel  et  ses  fils;  Hugues  de  laRochette 
et  sa  famille  ;  Ysmidon  d'Ais,  maître  du  Temple 
et  les  Templiers.  Le  Pape  Alexandre  III,  qui  af- 
fectionnait d'une  manière  toute  particulière  les 
Chartreux  du  Val-Saint-Hugon,  leur  accorda  diffé- 
rents privilèges.  Ses  successeurs  Lucius  III,  Inno- 
cent III  et  Jean  XXII  suivirent  cet  exemple  et 
comblèrent  la  Chartreuse  de  nombreuses  immu- 
nités. Il  en  fut  de  môme  des  souverains  de  la 
contrée,  Thomas  Ier,  comte  de  Maurienne,  Amé- 
dée  IV,  son  fils,  Philippe  Ier  et  Amédée  V,  son 
neveu  et  son  successeur.  Ce  Monastère  fut  pillé, 
en  i5b2,  par  les  Protestants,  sous  les  ordres  de 
Charles  Dupuy  de  Montbrun.  Après  l'incendie  de 
la  Chartreuse  de  Prémol,  en  1707,  les  Moniales 
reçurent  l'hospitalité  à  Saint-Hugon.  La  Révolu- 
tion française  supprima  ce  Couvent,  mais  les  Re- 
ligieux ne  l'abandonnèrent  qu'en  1790.  La  vente 
eut  lieu  le  21   Thermidor,  an  IV. 

1173. 

VAL-DE-PEZ. 

La  Chartreuse  de  l'Assomption  de  la  Bienheureu- 
se Viergi:  Marie,  ou  du  Val-de-Pc^  au  diocèse  de 
Mondovi  Piémont),  est  une  fondation  des  seigneurs 


—  238  — 

de  Morozzo  et  de  Jean,  Prieur  de  Saint-Biaise, 
autorisés  par  l'Abbé  et  le  Chapitre  de  Saint-Fruc- 
tuaire.  La  Charte  est  datée  du  mois  d'octobre  1 1 73, 
comme  le  prouve  une  pièce  tirée  des  archives  du 
Couvent,  àla  date  du  21  février  i635.  Cette  Char- 
treuse a  été  supprimée  par  la  République  fran- 
çaise, en  vertu  d'un  décret  du  16  août  1802. 

1176. 
LUNDEN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Luxdex,  au 
diocèse  du  même  nom,  duché  de  Holstein  (Dane- 
mark", doit  sa  fondation  à  Eskile,  Archevêque  de 
Lunden;  elle  n'eut  que  quelques  années  d'existence; 
pour  des  causes  qui  nous  sont  inconnues,  l'Ordre 
l'abandonna  en  1181. 

1178. 
LE   LIGET. 

La  Chartreuse  du  Liget  ou  de  Saint-Jean, 
près  de  Loches,  au  pied  de  deux  collines,  au  milieu 
des  bois,  diocèse  de  Tours,  département  d'Indre- 
et-Loire,  reconnaît  pour  fondateur,  Henri,  duc 
de  Normandie  et  comte  d'Angers,  plus  tard  Roi 
d'Angleterre,  sous  le  nom  d'Henri  II.  D'après 
quelques  auteurs,  ce  Couvent  aurait  été  commencé 
en  1  j 53,  et  terminé  en  1170.  Saccagé  et  pillé  par 
les  Huguenots  commandés  par  Le  Lignou,  en  1 588, 


—  2i9  — 

et  réparé  au  siècle  suivant,  il  fut  supprimé  en 
1790,  par  la  Révolution  française  et  vendu  comme 
bien  national. 

1178. 

WITTHAM. 

La  Chartreuse  de  Tous-les  -  Saints  ,  près  de 
Wittham  au  diocèse  de  Bath,  comté  de  Sommer- 
set  Angleterre \  -fut  fondée  par  Henri  II,  Roi 
d'Angleterre  et  libéralement  dotée  par  ce  monar- 
que, comme  le  prouve  sa  Charte  de  fondation;  elle 
fut  terminée  vers  1 189,  et  supprimée  en  1 539,  Pen_ 
dant  la  persécution  soulevée  par  Henri  VIII,  contre 
l'Eglise. 

1179. 

AILLON. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-d'Aillon  ,  au 
diocèse  de  Chambéry  Savoie  ,  est  une  fondation 
d'Humbert  III,  comte  de  Maurienne  et  marquis 
d'Italie.  En  1180,  le  même  seigneur  lui  donna, 
pour  le  salut  de  ses  père  et  mère  et  de  ses  autres 
parents,  l'universalité  de  ce  qu'il  possédait  sur  le 
territoire  d'Aillon.  Ce  Monastère  presque  entière- 
ment détruit  dans  un  incendie,  en  octobre  i582, 
dut  sa  restauration  au  Prieur  Fiacre  Billard,  pro- 
fès  de  Paris,  docteur  de  Sorbonne;  la  République 
française  le  supprima  en  1802. 


—  240  — 

1179. 

POMMIERS. 

La  Chartreuse  de  Notre -Dame- de-Pommiers, 
sur  le  penchant  du  Salève,  au  diocèse  d'Annecy, 
ancien  diocèse  de  Genève,  département  de  la  Hau- 
te-Savoie ,  eut  pour  fondateurs  Amédée  ,  com- 
te de  Genève,  et  Guillaume,  son  petit-fils.  Les 
chartes  sont  de  1 179  et  de  1252.  Quelques  auteurs 
pensent  que  la  fondation  eut  lieu  en  1170,  avec  le 
secours  des  Évêques  de  Genève  Ardutus  et  Artius. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le  Pape  Alexandre 
III  confirma  cette  fondation  en  1170.  Ce  Couvent 
subsista  jusqu'au  XVIIIe  siècle  et  disparut  alors,  au 
passage    des  armées   de    la   République    française. 

1185. 

APPONAY. 

La  Chartreuse  d'Apponay,  située  au  milieu  des 
bois,  dans  les  montagnes  de  Morvan,  au  diocèse 
de  Nevers ,  département  de  la  Nièvre,  doit  sa 
fondation  à  Thibaud,  Évêque  de  Nevers,  du 
consentement  du  Chapitre  de  l'église  cathédrale 
de  Saint-Cyr.  Son  église,  tombant  en  ruines,  fut 
rebâtie  au  XIVe  siècle  .  Le  Monastère  lui-même 
ayant  eu  beaucoup  à  souffrir  des  ravages  des  Pro- 
testants, dut  être  reconstruit  vers  la  fin  du  XVIe 
siècle.  L'Assemblée  nationale  le  supprima  par  dé- 
cret du   1 3  -  19  février   1790. 


—  24»   — 

1188. 

BERTAUD. 

L.\  Chartreuse  de  Bertaud  de  Rabou  ou  de 
Notre-Dame-d Aurou\e ,  dans  les  montagnes  des 
Alpes,  au  diocèse  de  Gap,  département  des  Hautes- 
Alpes,  fut  fondée  par  les  Chartreux  de  Durbon 
qui  avaient  obtenu  d'Adélaïde ,  veuve  d'Arnaud 
de  Flotte  et  de  ses  quatre  fils,  seigneurs  de  Mont- 
maur,  la  donation  du  territoire  de  Bertaud,  pour 
construire  un  Monastère  de  Moniales.  En  1214, 
Milo  de  la  Roche  ravagea  cette  Chartreuse,  mais, 
la  même  année  ,  Raimbaud  d'Orange  ,  Guiraud 
de  Simiane  ,  Rostan  et  Raimbaud  d'Agout  lui 
donnèrent  des  biens  considérables.  Au  commence- 
ment du  XIVe  siècle,  des  bandes  armées,  dirigées 
par  les  seigneurs  du  voisinage,  les  de  Flottes  et  de 
Moustiers,  le  pillèrent.  Un  incendie  l'ayant  détruit, 
en  1448,  l'Ordre  l'abandonna  ;  les  Religieuses  se 
retirèrent  à  Durbon,  et  plus  tard,  vers  1610,  à  la 
Chartreuse  de  Prémol. 

1191. 

LOZE. 

La  Chartreuse  de  Loze  ,  territoire  sous  la  ju- 
ridiction de  l'Abbé  de  Saint-Juste  de  Suse,  au 
diocèse  de  Turin  (Piémont),  doit  sa  fondation  à 
Thomas,  comte  de  Loze.  Ce  Monastère  n'eut  pas 

10 


—    242    — 

une  longue  existence;  ses  ressources  e'tant  trop  res- 
treintes, l'Ordre  dut  l'abandonner  en  1200,  et 
transférer  les  Religieux  à  la  Chartreuse  de  Mont- 
Benoît. 

1200. 
SÉLIGNAT. 

La  Chartreuse    du  Val-Saint-Martin,   à  Séli- 

gnat,  ou  Sélignac,  non  loin  de  Bourg-en-Bresse, 
au  diocèse  de  Belley,  département  de  l'Ain,  eut 
pour  fondateurs  Hugues  de  Coligny  et  Guillaume, 
son  frère.  Etienne,  comte  de  Bourgogne,  prit  aussi 
part  à  cette  fondation  et  fit  de  nombreuses  lar- 
gesses aux  enfants  de  saint  Bruno,  en  12  10.  Sup- 
primé par  la  Révolution  française,  ce  Couvent  fit 
retour  à  l'Ordre,  en  1867.  Par  les  soins  du  Révé- 
rend Père  Dom  Charles-Marie  Saisson  ,  une  par- 
tie des  propriétés  de  l'ancienne  Chartreuse  fut 
rachetée  ,  et  le  Monastère  entièrement  restauré  ; 
on  y  voit  aujourd'hui  une  nombreuse  Commu- 
nauté. 

1200. 

MONT-BENOIT. 

La  Chartreuse  deNotre-Da.me-de-Moxt-Bexoit, 
sur  un  territoire  placé  sous  la  juridiction  de  l'Ab- 
bé de   Saint-Juste  de  Suse,  au  diocèse   de    Turin 


-  243  - 

(Piémont\  reconnaît  pour  fondateurs  Henri,  vi- 
comte de  Baraton,  Palmier  de  Regiano  et  Bozon 
Corbonello.  Quoique  les  biens  de  la  Chartreuse 
de  Loze  lui  eussent  été  incorporés,  l'Ordre  crut 
devoir  l'abandonner,  en  1408,  et  transférer  les  Re- 
ligieux à  la  Chartreuse  de  Baude. 


FONDATIONS 


T)U    TREIZIÈME    SIECLE 


1203. 
VALBONNE. 


A  Chartreuse  de  Valbonne,  commune  de 
Saint- Paulet- de-Caisson  ,  au  diocèse  de 
Nîmes,  département  du  Gard,  fut  fondée 
par  Guillaume  de  Vénéjan,  Évêque  d"Uzès,  du  con- 
sentement du  Chapitre  de  son  église  cathédrale. 
Situé  dans  une  belle  forêt,  non  loin  de  Pont-Saint- 
Esprit,  ce  Monastère  avait  été  occupé  par  des  Re- 
ligieuses Bénédictines  et  portait  le  nom  de  Notre- 
Dame-de-Bondilhonet.  Les  principaux  bienfaiteurs 
furent  Géraud  de  Montaigu  et  Hélène,  sa  femme; 
Raymond  Rascas,  seigneur  d'Uzès,  en  i2o5;  Decan, 
son  fils,  en  1207  ;  Bermon  II,  vicomte  d'Uzès  en 
12 12  ;  et  plus  tard  Pierre  de  La  Tour  ;  Guillau- 
mette  de  Donzère  ;  Guillaume  et  Pons  de  Crozc  ;  et 
la  dame  de  Frudar. 


—  245  — 

Les  bandits  d'Arnaud  Cervole  et  les  grandes 
compagnies  de  Duguesclin  et  de  Boucicault,  cau- 
sèrent à  la  Chartreuse  de  Valbonne  des  dommages 
si  considérables  que  le  Pape  Clément  VIII,  pour 
venir  à  son  secours,  lui  abandonna  les  legs  incer- 
tains. Pillé  et  incendié  par  les  Calvinistes,  vers 
1590,  ce  Monastère  dut  sa  restauration  aux  Char- 
treux de  Villeneuve,  en  1 602-1 633.  L'église  con- 
ventuelle a  été  terminée,  quelques  années  seule- 
ment avant  la  Révolution,  en  1780.  La  Chartreuse 
de  Valbonne  fut  supprimée  par  décret  du  i3- 
19  février  1790,  et  ses  propriétés  passèrent,  plus 
tard,  à  l'hospice  de  Pont-Saint-Esprit,  en  vertu 
d'un  arrêté  préfectoral  du  27  pluviôse,  an  XII(i8o3). 

Le  22  septembre  1822,  le  Révérend  Père  Nizzatti 
entamait,  pour  le  rachat  de  Valbonne,  des  négocia- 
tions qui  ne  purent  aboutir;  l'Ordre  ne  rentra  en 
possession  du  Monastère  que  le  28  janvier  i836. 
Aujourd'hui,  cette  Chartreuse  entièrement  restau- 
rée comprend  vingt-quatre  cellules  pour  les  Re- 
ligieux et  les  Novices,  et  plus  de  vingt  Frères  Con- 
vers,  ou  Donnés. 

1208. 
TRISULTI. 

La  Chartreuse  de  Saint-Barthélémy,  près  Tri- 
sulti,  au  mont  Pério,  dans  la  campagne  romaine, 
diocèse  d'Alatri  (États  de  l'Église),  doit  sa  fonda- 
tion à  Innocent  III.  Ce  Pape  céda  aux  Chartreux, 
le  7    des    calendes  d'octobre    1208,   une  ancienne 


-   246  - 

Abba}re  de  Bénédictines,  dans  laquelle  on  établit  le 
Monastère,  et  donna  en  sa  faveur  une  Bulle  datée 
de  la  veille  des  calendes  d'octobre  121 1 .  Pendant  les 
guerres  de  la  République  française  en  Italie,  les 
Chartreux  de  Trisulti  durent  abandonner  leur  Mai- 
son, et  l'Empereur  des  Français,  Napoléon  Ier,  la 
supprima  en  1804.  Le  Pape  Pie  VII  la  rétablit  en 
18 14.  Cette  Chartreuse  existe  encore,  mais  la  plu- 
part des  Religieux  ont  été  licenciés  en  1868  par 
le  gouvernement  de  Victor-Emmanuel,  Roi  d'Italie, 
et  ses  biens  sont  sous  séquestre. 

1209. 
BELLARY. 

La  Chartreuse  de  l' Annonciation  de  la  Sainte- 
Vierge  ou  de  Bellary ,  au  milieu  des  bois,  non 
loin  de  Cosne-sur-Loire,  au  diocèse  de  Nevers,  dé- 
partement de  la  Nièvre,  fut  fondée  par  Henri  III, 
seigneur  de  Donzy,  comte  de  Nivernais.  Elle  de- 
vint la  proie  des  flammes  sous  le  pontificat  d'Eu- 
gène IV,  qui  accorda  des  indulgences  à  tous  ceux 
qui  contribueraient  à  la  rebâtir.  Brûlée  de  nouveau 
par  les  Calvinistes,  en  i56'2,  elle  sortit  peu  à  peu 
de  ses  ruines  ;  sa  restauration  complète  ne  fut  ter- 
minée qu'en  1602.  Ce  Monastère  disparut  de  nou- 
veau dans  la  tourmente  révolutionnaire;  il  fut  sup- 
primé par  décret  de  l'Assemblée  nationale  en 
1790,  et  toutes  ses  propriétés  furent  vendues 
comme  biens  de  l'État. 


—  247  — 

1210. 

MONT-MERLE. 

La  Chartreuse  de  Val-Saint-Etienne  ,  ou  de 
Mont  -  Merle ,  près  de  Mâcon ,  au  diocèse  de 
Bellev,  département  de  l'Ain,  était  occupée  par 
des  moines  de  l'Ordre  de  saint  Benoît,  qui  de- 
mandèrent au  Pape  de  s'agréger  à  l'Ordre  des 
Chartreux.  Innocent  III  accéda  à  leur  désir  et  les 
incorpora  le  4  des  calendes  de  mai  12 10.  Elle  eut 
pour  principaux  bienfaiteurs  Roland  et  Humbert 
de  Asneriis  ;  Renaud,  seigneur  de  Baugé  ;  Ponce 
de  Villars;  Jean,  Archevêque  de  Vienne  ;  Bernard, 
Prieur  de  Portes  ;  Thomas,  comte  de  Flandre  ;  et 
Jean,  comte  de  Bourgogne.  Après  avoir  eu  beau- 
coup à  souffrir  pendant  les  guerres  de  religion, 
elle  fut  supprimée,  en  1790,  par  décret  de  l'Assem- 
blée nationale. 

1219. 

GLANDIER. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Glandier  , 
près  du  Torrent  de  la  Loyre,  au  diocèse  de  Tulle, 
département  de  la  Corrèze  ,  doit  sa  fondation 
à  Archambaud  VI ,  Vicomte  de  Comborn .  La 
charte  est  datée  du  11  novembre  12 19,  en  la 
fête  de  saint  Martin.  Parmi  les  bienfaiteurs  se 
trouvent  :  Guicharde  de   Beaujeu,  femme   du  fon- 


—  248  — 

dateur  ;  Bernard  et  Marguerite,  sa  femme  -,  Gui- 
chard  ;  Agnès  du  Bouchet,  Religieuse  de  l'Ordre 
de  sainte  Claire  ;  Marguerite  Chauveronne,  dame 
de  Pompadour  ;  Durand,  Évèque  de  Limoges  ; 
le  seigneur  Dauphin  ,  comte  de  Clermont  ;  Ber- 
nard ,  Abbé  de  Tulle  ;  Hugues,  comte  de  la 
Marche  ;  Ebles  de  Ventadour  ;  Guy,  vicomte 
d'Aubusson  ;  Bernard  de  Savenne,  Évêque  de  Li- 
moges. Le  11  février  1547,  le  Monastère  fut  pillé 
et  saccagé  par  une  troupe  d'hommes  d'armes.  En 
février  •i56o/,  les  Calvinistes  le  ravagèrent  à  leur 
tour,  et,  au  mois  de  juin  de  la  même  année,  le  duc 
d'Anjou,  avec  l'armée  royale  aggrava  encore  les 
dévastations.  Les  bâtiments  claustraux  ne  purent 
être  restaurés  qu'en  1571  ;  à  cause  du  manque  de 
ressources,  les  travaux  traînèrent  en  longueur  et 
ne  furent  terminés  qu'en  1649.  Les  cellules  et 
les  cloîtres  durent  être  entièrement  reconstruits. 
Les  noms  des  bienfaiteurs  de  cette  réédification  ont 
été  heureusement  conservés  :  ce  sont  Jean  Joubert 
de  Barrant,  Archevêque  d'Arles;  Dieudonné  Mellin, 
Évêque  de  Toulon;  Etienne  Fabri,  maître  des  re- 
quêtes; Jean,  Vicomte  de  Pompadour  et  Dom  Louis 
le  Masuyer,  profès  de  Glandier  et  Prieur,  en  1691. 
La  Chartreuse  de  Glandier,  supprimée  par  dé- 
cret de  l'Assemblée  nationale  du  i3-iqfévrier  1790, 
fut  vendue  avec  ses  propriétés  le  4  août  1792.  L'Or- 
dre l'a  rachetée  en  1869,  et  les  constructions  com- 
mencées à  cette  époque  purent  être  terminées  en 
1878,  sous  le  Prieur,  Dom  Adelphe  Châtelain  ;  le 
cloître  contient  vingt  cellules. 


—  249  — 

1219. 

PORT-SAINTE-MARIE. 

La  Chartreuse  du  Port-Sainte-Marie,  près  de 
Riom,  au  diocèse  de  Clermont,  département  du 
Puy-de-Dôme,  eut  pour  fondateurs  Guillaume  et 
Raoul  de  Belfort,  ou  Beaufort,  seigneurs  de  Port- 
Sainte-Marie.  Cette  Maison  supprimée,  en  1790, 
par  la  Révolution  française,  a  été  vendue  comme 
bien  national,  en   1792. 

1222. 

VAL-D'ESPÉRANCE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-du-Val-d1  Es- 
pérance ,  en  Bourgogne,  dont  le  fondateur  est 
inconnu,  avait  été  construite  pour  des  Moniales. 
Elle  paraît  n'avoir  existé  que  très  peu  de  temps; 
faute  de  revenus  suffisants,  l'Ordre  se  trouva 
dans   la  nécessité  de  l'abandonner. 

1227. 

HENTON. 

La  Chartreuse  de  Locus-Dei,  ou  de  Henton , 
dans  le  Wiltshire  ,  au  diocèse  de  Bath,  comté 
de  Sommerset  (Angleterre),  eut  pour  fondatrice 
Ela,  comtesse  de  Salisburv,  ou  selon  les  auteurs 


—  2  5o  

du  Monasticon  Anglicanum .  comtesse  de  Sarr . 
Cette  noble  dame,  en  faisant  cette  fondation,  vou- 
lut remplir  les  dernières  volonte's  de  son  époux 
William  Longespe'e.  Henri  III,  Roi  d'Angle- 
terre confirma  la  susdite  fondation,  prit  la  Mai- 
son sous  sa  protection  et  accorda  aux  Chartreux 
de  nombreux  privilèges  -,  la  charte  de  confirma- 
tion est  date'e  de  Westminster,  le  7  septembre 
1236.  Elle  fut  supprimée  par  l'hérétique  Henri 
VIII,  Roi  d'Angleterre,  en   i53g. 

1228. 
SAINT-ANDRÉ-DE-RAMIRES. 

La  Chartreuse  de    Saint- André- de  -  Ramires  , 

sur  la  rive  de  l'Ouvèse  ,  diocèse  d'Avignon, 
de'partement  de  Vaucluse  ,  avait  d'abord  e'te'  cé- 
dée aux  Moniales  Chartreuses  de  Saint-André- 
de-Prébayon,  par  les  Moines  Bénédictins  de 
Montmayeur, près  d'Arles;  mais  les  Religieuses 
de  cette  Chartreuse  avant  voulu  modifier  et  al- 
térer quelques  parties  essentielles  des  règles  'des 
Chartreux,  ceux-ci  renoncèrent  à  leur  direction 
et  les  retranchèrent  de  l'Ordre,  en   1 336. 

1229. 

BONLIEU. 

La    Chartreuse  de  Bonlieu,  en  Savoie,  fondée 
pour  des   Moniales ,   eut    une    courte    existence. 


—  2  r>  i  — 

On  ne  connaît  pas  ses  fondateurs.  L'Ordre,  d'a- 
près un  manuscrit  de  la  Grande  Chartreuse,  l'a- 
bandonna en  i3oi . 

123  0. 

DE  ROMANIS. 

La  Chartreuse  dite  de  Romanis,  n'est  connue 
que  par  la  carte  du  Chapitre  Général  de  l'an 
i25o,  qui  en  fait  mention  en  parlant  d'un  Re- 
ligieux mort  profès  de  cette  Maison. 

1230. 

BELLE-VALLÉE. 

La  Chartreuse  de  Belle- Vaelée  ,  que  l'on 
croit  avoir  été  construite  en  Suisse,  est  presque 
inconnue.  Sa  fondation  est  attribuée  à  un  noble, 
nommé  Lutolde,  qui  se  fît  Chartreux.  Il  sortit  de 
cette  Maison  pour  être  Évêque  de  Bàle,  et' mou- 
rut en  1249.  Le  catalogue  des  Chartreuses, 
dans  les  Statuts  de  l'édition  de  Bâle,  en  i5io, 
ne  fait  pas  mention  du  Couvent  de  Belle-Vallée, 
ce  qui  laisserait  pressentir  qu'il  ne  subsistait 
plus  depuis   longtemps. 

1230. 

POLETEINS. 

La  Chartreuse  de  La  Celle-Notre-Damf.  ou 
de    Poleteins,    construite  pour  des   Moniales,  au 


252    

diocèse  de  Belley,  de'partement  de  l'Ain,  doit 
sa  fondation  à  Marguerite  de  Bâge' ,  e'pouse 
d'Humbert  Guichard  de  Beaujeu.  Le  Pape  In- 
nocent IV  mit  cette  Communauté'  sous  la  pro- 
tection du  Saint-Siège,  en  1245.  Des  privilèges 
nombreux  lui  furent  donne's  par  Louis  X,  Phi- 
lippe de  Valois,  Jean  II,  Charies  V,  Charles  VI, 
Charles  MI,  Louis  XI,  Charles  VIII  et  Fran- 
çois Ier.  On  compte  parmi  ses  principaux  bien- 
faiteurs :  Dalmace  Morel  ;  Gaudemar  de  Jarez  ; 
Alix,  veuve  d'Albert  IV,  sire  de  la  Tour-du- 
Pin  ;  Éle'onore  de  Savoie  ;  Marie  de  Châtillon  ; 
Humbert  V,  sire  de  Thoire-Villars.  Dès  1495, 
le  relâchement  étant  entre'  dans  le  Monastère, 
les  Religieuses  me'ritèrent  les  censures  du  Cha- 
pitre Ge'ne'ral.  En  i6o5,  la  suppression  du  Cou- 
vent fut  décide'e  ;  le  Pape  la  prononça,  et  on 
transfe'ra  les  Religieuses  à  la  Chartreuse  de  Sa- 
lette.  D'après  une  Bulle  de  Paul  V  et  l'autori- 
sation d'Henri  IV  et  du  duc  de  Savoie,  les  re- 
venus de  cette  Maison  servirent  à  doter  la  Char- 
treuse de  Notre-Dame-du-Lys,  à  Lyon,  vers  1610. 

1234. 

VAL-SAINT-GEORGES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-dû- Val-Saint- 
Georges,  au  diocèse  de  Nevers,  département  de 
la  Nièvre,  fondée  par  Hugon,  seigneur  de  Lormes 
et   Béatrix,  tille  de  Pierre  de  Savoie,  son  épouse , 


—  2  53  — 

fut  longtemps  prospère  ;  elle  eut  cependant  beau- 
coup à  souffrir  des  guerres  qui  désolèrent  la  con- 
trée. Restaurée  au  XVIIe  siècle,  elle  succomba  sous 
le  décret  de  l'Assemblée  nationale  du  i3-iq  fé- 
vrier   1790. 

1234. 

PRÉMOL. 

La  Chartreuse  de  Prémol  ,  près  de  Vaulna- 
veys-le-Bas,  dans  la  forêt  d'Uriage,  au  diocèse 
de  Grenoble,  département  de  l'Isère,  fut  fondée 
pour  des  Moniales  par  Béatrix  de  Montferrat , 
épouse  du  Dauphin  Guigues  III.  Après  avoir  été 
brûlée  en  1466,  elle  eut  encore  le  malheur  d'être 
pillée  par  les  Huguenots  en  i5b2.  Vers  1610,  le 
Chapitre  Général  y  transféra  les  Religieuses  de 
Bertaud,  qui  avaient  dû  se  réfugier  à  Durbon.  La 
Chartreuse  de  Prémol  ayant  été  saccagée  de-  nou- 
veau en  1621,  les  Moniales  émigrèrent  à  Melan. 
Rentrées  dans  leur  Couvent,  quelques  années  plus 
tard,  elles  le  virent  encore  devenir  la  proie  des 
flammes,  le  14  mai  1707.  Elles  se  retirèrent  d'a- 
bord au  château  d'Herbeys,  qui  appartenait  au 
Cardinal  Le  Camus,  Évèque  de  Grenoble,  puis  à  la 
Chartreuse  de  Saint-Hugon  .  Le  Monastère  put 
être  rebâti,  en  1715,  et  les  Religieuses  y  rentrè- 
rent le  9  septembre  de  la  même  année.  Cette  Char- 
treuse a  été  supprimée  par  la  Révolution,  en 
1790. 


—  254  — 

1235. 

PARC-SAINTE-MARIE. 

La  Chartreuse  du  Parc-Sainte-Marie,  au  dio- 
cèse du  Mans,  département  de  la  Sarthe,doit  sa 
fondation  à  Marguerite ,  comtesse  de  Fif ,  et  à 
Geoffroy  de  Loudun ,  Évèque  du  Mans,  qui  con- 
sacra l'église,  en  1244.  La  comtesse  Marguerite 
avait  donné  le  terrain  qu'elle  avait  obtenu  de  son 
oncle  Raoul,  vicomte  de  Beaumont,  et  TÉvèque 
du  Mans  avait  fait  construire  les  bâtiments.  Ce 
Couvent  eut  beaucoup  à  souffrir  pendant  les  guer- 
res de  religion  ;  rebâti  en  entier  dans  la  seconde 
moitié  du  XVIIIe  siècle,  il  était  en  pleine  prospé- 
rité, lorsque  le  décret  de  l'Assemblée  nationale  du 
1 3- 1 9  février  1790,  vint  mettre  fin  à  son  existence. 

1237. 
THARNUT. 

La  Chartreuse  de  Tharxut,  dont  les  manuscrits 
de  la  Grande  Chartreuse  constatent  seulement 
l'existence,  fut  fondée  en  i23y,  pour  des  Moniales, 
et  n'eut  pas  une  longue  durée. 

1257. 

PARIS. 

La  Chartreuse  de  Paris  eut  pour  fondateur  saint 
Louis,  Roi  de  France.   Les  Chartreux  s'établirent 


—  255  — 

d'abord  à  Gentilly,  mais  bientôt  Louis  IX  leur 
ayant  donné,  dans  la  ville  de  Paris,  le  château  de 
Vauvert,  situé  près  de  l'endroit  où  se  trouve  actuel- 
lement le  palais  du  Luxembourg,  ils  y  bâtirent  leur 
Couvent.  La  charte  de  fondation  est  de  1259.  Le 
Bref  de  Clément  IV,  au  Roi  de  France,  en  faveur 
des  Chartreux  de  Paris,  est  daté  de  Viterbe  le  i5 
des  calendes  d'août,  deuxième  année  de  son  Ponti- 
ficat .  Les  lettres-patentes  de  Philippe-le-Bel,  qui 
confirment  la  donation  de  saint  Louis,  sont  de 
juillet  1286  et  d'avril  1287.  La  première  pierre 
de  l'église  du  Couvent  fut  posée  par  le  Roi  de 
France,  en  1260,  et  Jean  d'Aubigny,  Évêque  de 
Troyes,  consacra  l'édifice  le  26  juin  i325.  Jeanne 
de  Châtillon ,  comtesse  d'Alençon  et  de  Blois , 
femme  de  Pierre  de  France,  comte  d'Alençon,  fon- 
da dans  ce  Monastère  quatorze  cellules.  La  charte 
a  été  donnée  à  Gentilly,  le  mardi  de  la  fête  de 
Notre-Dame  de  mars,  1290.  Parmi  les  principaux 
bienfaiteurs,  on  compte  Nicolas  Gaudard  ;  Philippe 
de  Marigny,  Evêque  de  Cambrai,  puis  Archevêque 
de  Sens  ;  Jean  de  Cérées,  trésorier  de  l'église  de 
Lisieux  et  clerc  du  Roi  Philippe  V,  au  nom  de  son 
oncle  André  Porcheron.  Le  Chapitre  et  la  sacristie 
de  la  Chartreuse  de  Paris  sont  dus  à  la  magnifi- 
cence de  Pierre  Loisel,  bourgeois  de  Paris,  et  de 
Marguerite  sa  femme.  Guillaume  de  Flavecourt, 
Archevêque  d'Auch,  consacra  l'autel  du  Chapitre 
en  l'honneur  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  le  i3 
août  t332.  Cette  Chartreuse  était  très  célèbre, 
et  renfermait  un  grand  nombre  de  Religieux  ;  elle 


— 2  56  — 

a  donné  plusieurs  Généraux  à  l'Ordre.  Supprimée 
d'abord  par  décret  de  l'Assemblée  nationale,  en 
1790,  transformée  ensuite  en  ateliers  pour  la  fa- 
brication du  salpêtre,  des  piques  et  autres  armes, 
elle  fut  plus  tard  démolie  par  ordre  de  la  Conven- 
tion. 

1257. 

PARMÉNIE. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sainte-Marie,  ou  du 
Val-Croissant,  au  mont  de  Parménie,  près  de 
Beaucroissant,  diocèse  de  Grenoble,  département 
de  l'Isère,  doit  sa  fondation  à  Falcoz,  Évéque  de 
Grenoble;  elle  fut  construite,  pour  des  Moniales, 
en  125-,  sur  l'emplacement  d'une  collégiale  de 
chanoines  réguliers.  Le  Pape  Clément  IV  lui  ac- 
corda une  Bulle  de  confirmation  ,  datée  de  Vi- 
terbe  le  18  janvier  1267.  Cette  Chartreuse  possé- 
dait un  hôpital,  sur  les  limites  de  Voreppe,  les 
Plantées,  près  de  Fontanil.  En  i3oo,  le  prieuré 
bénédictin  de  Saint-Robert,  donna  aux  Religieuses 
de  Parménie,  en  échange  de  cet  hôpital,  l'ancien 
prieuré  d'Eymen,  au  diocèse  de  Valence.  Les  Al- 
bigeois, commandés  par  Raymond,  prince  d'Oran- 
ge, incendièrent  le  Monastère  en  i3go.  Les  Monia- 
les se  retirèrent  à  Revesti,  dépendance  de  la  Char- 
treuse des  Escouges,  et  y  restèrent,  jusqu'en  1422. 
La  Chartreuse  de  Parménie,  n'ayant  pu  être  répa- 
rée, l'Ordre  l'abandonna,   en   i3q3,  et  elle   rentra 


—  2^7  — 

en  la  possession  de  l'Évêque  de  Grenoble,  selon  les 
conventions  stipulées  dans  l'acte  de  fondation  de 
1257. 

1260. 

FREÙDNITZ. 

La  Chartreuse  de  Val-Joyeuse,  située  au  milieu 
des  rochers  et  des  montagnes  qui  avoisinent  Freiïd- 
nitz,  au  diocèse  de  Laubach,  province  de  Carniole 
(Autriche),  fut  fondée  par  Ulric  III,  duc  de  Ca- 
rinthie  et  de  Carniole,  d'après  les  intentions  de 
Bernard,  son  père.  Cette  Maison  jouissait  d'une 
grande  renommée,  en  Autriche,  mais  elle  ne  put 
échapper  aux  innovations  religieuses  de  l'Empe- 
reur Joseph  II  qui  la  supprima  en  1783. 

1260. 

CELLE-ROBAUD. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Celle-Ro- 
baud,  au  diocèse  de  Fréjus,  département  du  Var, 
était  occupée  par  des  Religieuses  Bénédictines  ; 
elle  passa,  le  11  avril  1260,  aux  Moniales  de 
Bertaud,  par  la  cession  d'Indie,  Abbesse  du  Monas- 
tère des  Bénédictines  de  Souribes,  avec  l'approba- 
tion d'Othon,  Évêque  de  Gap,  à  la  condition  d'y 
mettre  des  Moniales  Chartreuses.  L'installation  de 
ces  Religieuses  eut  lieu  en  1260.  Soixante  ans  plus 

17 


—    2D8    — 

tard,  en  i32o,  le  Monastère  dut  sa  restauration  à 
He'lion  de  Villeneuve,  grand-maître  des  chevaliers 
de  Saint-Jean-de-Jérusalem,  et  frère  de  sainte  Ro- 
seline,  alors  Prieure  de  Celle-Robaud.  En  1 323,  le 
Pape  Jean  XXII  décréta  l'adjonction,  à  cette  Mai- 
son, des  revenus  du  prieuré  de  Saint-Martin.  L'Or- 
dre l'abandonna,  en  1420,  et  ses  biens  furent  don- 
nés, en  1448,  à  la  Maison  de  Durbon. 

1269. 

SAINT-PAUL-DE-LA-MER. 

La  Chartreuse  de  Saint-Paul-de-la-Mer,  ou  en- 
core de  Saint -Paul- de -Maresme,  sur  un  rocher 
non  loin  de  Girone,  au  diocèse  de  ce  nom,  en  Ca- 
talogne (  Espagne) ,  a  pour  fondateur  Guillaume 
de  Montegrin,  chanoine-sacristain  de  la  cathédrale 
de  Girone  et  plus  tard  Archevêque  de  Tarragone. 
Ayant  été  abandonnée  par  l'Ordre  en  1433,  ses 
biens  passèrent  à  la  Chartreuse  de  Montalègre. 

1272. 

PORTA-CŒLI. 

La  Chartreuse  de  Porta  -  Cœli  ,  ou  de  Notre- 
Dame-dc-la-Porte-du-Ciel ,  au  diocèse  de  Valence 
(Espagne),  fut  fondée  par  André  d'Albalate,  Reli- 
gieux de  Saint-Dominique,  Archevêque  de  Valence, 
de  concert  avec  le  Chapitre  de  son  église  cathédrale. 


—  2i>g  — 

Ce  prélat  consacra  l'église  du  Couvent.  Quelques 
auteurs  font  remonter  la  construction  de  cette  Char- 
treuse à  la  fin  du  XIIe  siècle,  mais  la  carte  des  fon- 
dations donne  la  date  de  1272;  elle  fut  supprimée 
en  1 835  ,  par  décret  daté  du  11  octobre,  sous  le 
ministère  de  Dom  Alvaro  Gomez  Becerra. 

1279. 

IRLANDE. 

La  Chartreuse  d'Irlande,  dont  le  fondateur  est 
inconnu,  ne  dura  guère  que  quarante  ans.  L'Ordre 
l'abandonna  au  commencement  du  XIVe  siècle. 
L'existence  de  ce  Monastère  ne  nous  est  révélée 
que  par  un  ordre  donné  aux  Pères  Visiteurs 
d'Angleterre,  par  le  Chapitre  Général  de  i32i, 
de  vendre  et  d'aliéner  le  Couvent  ainsi  que  les 
biens,  comme  étant  de  peu  d'utilité  à  l'Ordre,  et 
de  disperser  les  Religieux  dans  d'autres  Char- 
treuses. 

1280. 

SAINTE-CROIX. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Croix-en-Jarez,  située 
au  fond  d'une  gorge  solitaire  du  mont  Pilât,  près 
de  Rive-de-Gier,  au  diocèse  de  Lyon,  départe- 
ment du  Rhône,  eut  pour  fondatrice  Béatrix  de 
la   Tour-du-Pin,    veuve   de   Guillaume  de    Rous- 


2Ô0 


sillon,  seigneur  d'Annonay.  La  charte  de  fondation 
est  datée  du  24  février  1280.  Ce  Monastère  compte 
encore  comme  grande  bienfaitrice  Béatrix,  épouse 
d'Aymard  de  Roussillon,  seigneur  de  Riverie.  La 
Chartreuse  de  Sainte-Croix  eut  beaucoup  à  souffrir 
pendant  les  guerres  de  religion.  Restaurée  au  XVIIe 
siècle,  elle  disparut  dans  la  tourmente  révolu- 
tionnaire, en  1790,  avec  toutes  ses  propriétés  que 
Ton  vendit  comme  biens  nationaux. 

1285. 
PARME. 

La  Chartreuse  de  Schola-Dei,  près  de  la  ville  de 
Parme,  au  diocèse  du  même  nom  (Italie,  doit 
sa  fondation  à  Roland  Taverna,  Evêque  de  Spo- 
lète.  Pendant  la  guerre  de  i55i,  les  troupes  la 
pillèrent  et  la  saccagèrent.  Rétablie  pendant  la  paix 
qui  suivit,  elle  ne  put  recouvrer  son  ancienne  pros- 
périté ;  l'Ordre  se  trouva  dans  la  nécessité  de 
l'abandonner  en   1769. 

1288. 

VALENCIENNES. 

La  Chartreuse  de  Notre- Dame- de -Macourt, 
ou  de  Valenciennes,  au  diocèse  de  Cambrai,  dé- 
partement du  Nord ,  fut  fondée  primitivement 
dans  la  ville  de  Cambrai,  par  Guillaume  d'Aves- 
nes,  Evêque  de  cette  ville;  mais  Jean  d'Avesnes, 
comte  de   Hainaut,    installa   bientôt  les  Chartreux 


2ÔI    

dans  la  terre  de  Marly,  près  de  Valenciennes. 
La  charte  est  datée  du  20  décembre  1298.  Parmi 
les  bienfaiteurs,  on  cite  Jean  de  Beaufort,  trésorier 
de  Sainte-Croix  ;  Wulfort  de  Ghistelles  ;  Simon 
de  la  Motte  ;  Gérard  de  Perfontaine  et  Antoine 
Rolen,  seigneur  d'Aymeries.  La  consécration  de 
l'église  primitive  par  Guido,  Évêque  de  Cambrai, 
eut  lieu  le  8  des  calendes  de  mars  i3o_}..  Jacques 
de  Maubeuge,  chanoine  de  Cambrai,  fit  bâtir  une 
nouvelle  église  qui  ne  put  être  terminée  qu'en  1 345. 
Lorsque  les  Protestants  saccagèrent  et  ruinèrent 
ce  Monastère  au  mois  d'août  i566,  les  Religieux 
se  réfugièrent  dans  la  ville  de  Valenciennes  et  re- 
çurent l'hospitalité  dans  l'Abbaye  de  Saint-Jean. Ne 
pouvant  réparer  les  ruines  de  leur  Maison,  ils  s'é- 
tablirent dans  la  ville  et  construisirent  les  bâtiments 
claustraux,  en  1574,  sur  l'emplacement  de  l'hôtel 
de  Renty  qui  leur  avait  été  donné  par  Anne  de 
Renesse.  L'Evêque  de  Chalcédoine  bénit  la  nou- 
velle église,  le  22  juillet  i582.  Ce  Monastère  fut 
supprimé  par  l'Assemblée  nationale,  en  1790, 
et  les  bâtiments  ayant  été  détruits  en  partie  lors 
du  bombardement  de  la  ville  par  les  Autrichiens 
en  1794,  on  vendit  le  reste  comme  bien  national, 
le  24  thermidor  de  l'an  IV. 

1292. 

MÉLAN. 

La  Chartreuse  de  Mélan,  au  diocèse  de  Genève, 
dans  le  Faucigny   (  Savoie),   fut    fondée    pour    des 


—    2Ô2    — 

Moniales  Chartreuses  par  Béatrix  de  Faucigny , 
fille  de  Pierre  comte  de  Savoie,  et  épouse  de  Gui- 
gues  IV,  Dauphin  de  Viennois.  Les  Calvinistes  ra- 
vagèrent plusieurs  fois  ce  Monastère  qui  fut  sup- 
primé par  la  Révolution  française,  en  1791  ;  ses 
propriétés  furent  vendues  en  1792. 

1294. 
VAL-SAINTE. 

La  Chartreuse  de  la- Val-Sainte, ou  Val-de-tous- 
les-Saints,  au  diocèse  de  Lausanne,  canton  de  Fri- 
bourg  (Suisse),  eut  pour  fondateur  Girard  de  Char- 
me}7, qui  donna  aux  Chartreux  la  propriété  de 
Charmey;  mais  un  fils  lui  étant  né  après  cette 
donation,  les  Religieux,  avec  l'autorisation  de  Guil- 
laume, Évêque  de  Lausanne,  abandonnèrent  à  Girard 
de  Charmey  et  à  sa  sœur  Jeanne  le  tiers  des  biens 
donnés  à  la  Chartreuse  par  leur  père.  L'acte  qui 
relate  et  confirme  cette  donation  est  daté  du  10 
décembre  1296. 

Le  gouvernement  de  Fribourg  obtint  la  séculari- 
sation de  cette  Maison  en  1778  ;  les  Religieux  du- 
rent se  retirer  à  la  Part-Dieu.  En  1793,  des  Trap- 
pistes, obligés  par  les  proscriptions  de  quitter  la 
France,  achetèrent  ce  Monastère  et  s'y  établirent, 
mais  depuis,  sous  le  Généralat  de  Dom  Jean-Bap- 
tiste Mortaize,  les  Chartreux  en  ont  repris  posses- 
sion, et  aujourd'hui  on  y  compte  une  douzaine  de 
Religieux. 


—  263  — 

1297. 

CURRIÈRE. 

La  Chartreuse  de  Currière  ,  au  milieu  des 
montagnes  du  Désert  de  Chartreuse  ,  diocèse 
de  Grenoble  ,  département  de  l'Isère,  est  men- 
tionnée dans  la  charte  de  fondation  de  la  Grande 
Chartreuse  (1084).  En  février  1 129,  on  y  établit  une 
grange  du  Monastère.  Au  siècle  suivant,  en  1297, 
Amblard  d'Entremont,  chanoine  et  préchantre  de 
l'église  Sainte-Catherine,  près  d'Aiguebelle ,  puis 
Évêque  de  Maurienne,  obtint  du  R.  P.  Boson  d'y 
bâtir  une  Chartreuse.  Ce  prélat  donna  au  nouveau 
Monastère  une  partie  des  forêts  environnantes.  Les 
comtes  de  Savoie  et  les  seigneurs  de  Miribel  lui 
accordèrent  aussi  des  concessions  dans  la  plaine  de 
Saint-Laurent-du-Pont.  Humbert  de  Paladru  don- 
na à  cette  Chartreuse  la  léproserie  de  Saint-Étien- 
ne-de-Crossey ,  en  i3i5.  L'année  suivante,'  cette 
cession  fut  approuvée  par  le  Commandeur  du  Tem- 
ple, de  Crossey,  et  le  14  mars  1327,  Edouard,  fils 
d'Ame  V,  comte  de  Savoie,  confirma  la  donation 
faite  par  son  père  de  tous  les  droits  qu'il  avait  sur 
cette  léproserie.  En  1 388,  le  Chapitre  Général  réu- 
nit Currière  à  la  Grande-Chartreuse  qui  se  chargea 
d'acquitter  les  fondations  et  d'entretenir  dans  cette 
Maison  un  certain  nombre  de  Religieux;  dès  lors  la 
Chartreuse  de  Currière  servit  de  Maison  de  retraite 
pour  les  Chartreux  âgés  ou  infirmes.  Vers  1700,  le 
R.  P.  Dom  Innocent  Le  Masson  fit  abattre  le  cloître 


—  264  — 

avec  ses  douze  cellules  et  rebâtit  la  Maison  sous  une 
autre  forme.  Currière  fut  supprimée  par  l'Assem- 
blée nationale,  en  vertu  du  décret  du  1 3-19  février 
1790.  Actuellement,  les  Chartreux  y  ont  établi  une 
école  de  sourds  et  muets. 

1297. 

GÊNES. 

La  Chartreuse  de  Saint-Barthélemy-de-Ripario- 
lo,  au  village  de  Ripariolo,près  de  Gènes,  au  diocèse 
de  ce  nom  (Italie),  eut  pour  fondateur  Bertolini  de 
Nigro,  noble  patricien  de  Gênes;  elle  fut  supprimée, 
à  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  par  les  armées  républi- 
caines. Le  Roi  Charles-Albert  ayant  désiré  le  réta- 
blissement de  cette  Maison,  le  Général  de  TOrdre 
des  Chartreux  envoya  à  Gênes,  pour  établir  cette 
fondation, Dom  Charles-Marie  Saisson,  en  1841.  Le 
Roi  d'Italie  Victor-Emmanuel  supprima  de  nou- 
veau cette  Chartreuse  en  1866,  et  mit  ses  biens 
sous  séquestre. 

1298. 

SAINT-OMER. 

La  Chartreuse  du  Val-Sainte- Aldegonde,  à 
Longuenesse,  près  de  Saint-Omer,  au  diocèse 
d'Arras,  département  du  Pas-de-Calais,  fut  fon- 
de'e   par   Jean  de  Sainte-Aldegonde,  seigneur  de 


—   205   — 

Nortkelmes,  de  concert  avec  son  e'pouse  et  avec 
l'autorisation  de  Gilles,  Abbe'  de  Saint-Bertin . 
Cette  fondation  fut  approuve'e,en  1209, par  Jacques 
de  Boulogne,  Évêque  de  The'rouanne,  et  re'glise 
reçut  la  consécration  des  mains  d'Enguerrand  de 
Créquv,  Évêque  de  The'rouanne.  Charles  V,  Roi 
de  France,  accorda  aux  Chartreux  de  Longuenesse 
quelques  exemptions,  le  19  janvier  1369, ainsi  que 
Charles  VI,  le  7  février  i38o.  La  Chartreuse  du 
Val-Sainte-Aldegonde  fut  exposée  à  des  dépréda- 
tions continuelles, pendant  la  guerre  contre  les  An- 
glais. Les  troupes  de  Louis  XI  la  dévastèrent  en 
1477,  et  celles  d'Henri  IV  la  pillèrent,  le  8  jan- 
vier i5q5.  Deux  ans  après,  le  12  septembre  i5q7, 
un  parti  de  maraudeurs  français  saccagea  de  nou- 
veau ce  Couvent,  et  y  mit  le  feu  ;  la  belle  bi- 
bliothèque des  Chartreux  fut  presque  entièrement 
détruite.  Restauré  au  XVIIIe  siècle,  ce  Monas- 
tère eut  encore  à  essuyer  des  pertes  assez  con- 
sidérables, en  1767,  par  suite  d'un  incendie. 
La  Révolution  française  le  supprima,  et  ses  pro- 
priétés furent  vendues  comme  biens  nationaux, 
en  1792. 

1299. 

SALETTES. 

La  Chartreuse  de  Salettes,  sous  le  titre  de 
Aida  Beatœ  Mariœ,  bâtie  pour  des  Moniales, 
sur  les  bords  du  Rhône,  dans  l'ancienne  baronie 


—  266  — 

de  La  Tour,  au  diocèse  de  Lyon,  de'partement 
du  Rhône,  eut  pour  fondateurs  le  comte  d'Albon, 
seigneur  de  La  Tour,  le  Dauphin  Humbert  Ier, 
Anne,  son  épouse  et  Jean,  son  fils.  Humbert  II 
approuva  la  donation  faite  aux  Moniales,  par 
une  charte  de  1 338.  Ce  Couvent  exista  jusqu'à 
la  Re'volution,  et  fut  supprimé  par  le  de'cret  de 
l'Assemblée  nationale   du    i3-iq  février   1790. 

1300. 

EYMEU. 

La  Chartreuse  d'Eymeu,  sur  la  rive  gauche 
de  l'Isère,  près  de  Romans,  au  diocèse  de  Va- 
lence, département  de  la  Drôme,  fut  établie  dans 
un  Prieuré  Bénédictin  affilié  à  l'Abbaye  de  la 
Chaise-Dieu,  en  Auvergne,  et  dépendant  du  prieu- 
ré de  Saint-Robert  près  de  Grenoble.  Elle  fut 
acquise  par  les  Moniales  de  la  Chartreuse  de 
Parménie,  en  échange  de  l'hôpital  des  Plantées, 
près  de  Fontanil.  Ces  Religieuses  y  envoyèrent  une 
colonie,  mais  cet  essai  ne  réussit  pas.  La  position 
de  ce  pauvre  Monastère  était  devenue  tellement 
précaire  que  l'Ordre  se  décida  à  l'abandonner,  en 
i3o4,  et  les  Moniales    retournèrent  à  Parménie. 

1300. 
LÉTENKOW. 

La  Chartreuse  de  la  Vallée-Joyeuse,  ou  de 
Val-Joyeuse,   à   Létenkow,  au  diocèse  de  Strigo- 


—  267  — 

nie ,  province  de  Sile'sie  (Prusse),  eut  pour  fon- 
dateur Dom  Martin,  profès  du  De'sert  de  Char- 
treuse, mais  appauvrie  par  les  de'pre'dations,  con- 
séquences des  guerres  qui  ravagèrent  la  contrée, 
elle  fut  abandonnée  par  l'Ordre,  en   1544. 


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FONDATIONS 


T>U    QUATORZIÈME    SIÈCLE 


1301. 
ABBEVILLE. 


A  Chartreuse  de  Saint-Honoré,  à  Thui- 
son,  faubourg  et  banlieue  d'Abbeville, 
au  diocèse  d'Amiens,  de'partement  de 
la  Somme,  avait  appartenu  aux  Templiers;  Guil- 
laume de  Mâcon,  Évêque  d'Amiens,  en  fit  l'ac- 
quisition et  la  donna  aux  Chartreux.  La  ratifi- 
cation du  contrat  par  Ge'rard  de  Villars,  grand- 
maître  des  Templiers,  eut  lieu  le  jour  de  la 
Sainte-Croix,  en  i'3o2.  L'e'glise  du  Monastère  fut 
consacre'e  par  Guillaume  de  Mâcon,  le  6  mai 
1307.  Parmi  les  bienfaiteurs,  on  compte  Jean, 
seigneur  de  Nouvion,  i3o4  ;  Simon  de  Mâcon, 
chanoine  de  Noyelles,  i3og;  Willaume  de  Dou- 
dainville,  chevalier,  seigneur  de  Nouvion,  i3i6; 


—  269  — 

Jeanne  de  Mayenne,  1 3 1 9  ;  Philippe  de  Valois, 
1342  ;  Druon  de  la  Marche,  archidiacre  de  Pon- 
thieu,  chanoine  d'Amiens,  1 343  ;  Philippe  VI, 
1 349  ;  Hugues  de  Biencourt,  conseiller  du  Roi 
au  baillage  d'Abbeville,  1399  ;  Matthieu  de  Li- 
nières,  seigneur  de  Nouvion,  tre'sorier  de  France, 
1403  ;  Jean  le  Caucheteur,  lieutenant  de  la  Sé- 
ne'chaussée  du  Ponthieu,  1403  ;  Antoine  de  Har- 
dentun,  1447;  Marie  du  Bos,  Dame  de  Villeroy, 
1 35 1  ;  Jeanne  Marbrier,  1470  ;  Jean  de  Blote- 
fière,  seigneur  d'Yonval,  i5oo. 

Ce  Monastère  eut  beaucoup  à  souffrir  des 
guerres  qui  ravagèrent  la  contrée  pendant  le 
XVe  et  le  XVIe  siècle.  Il  fut  reconstruit  à  la 
fin  du  XVIIIe  siècle.  L'Evêque  d'Amiens,  de  la 
Motte  d'Orléans,  bénit  la  première  pierre  de  la 
chapelle  extérieure,  le  3  septembre  1767.  Cette 
Maison  fut  supprimée  par  décret  de  l'Assemblée 
Constituante,  et  ses  biens  furent  vendus,  en  1791. 

1301. 

VAL- PROFONDE. 

La  Chartreuse  de  Val-Profonde,  au  diocèse 
de  Sens,  département  de  l'Yonne,  eut  pour  fon- 
datrice Isabelle  de  Melote,  comtesse  de  Joigny, 
Dame  de  Saint-Maurice  et  de  Montpensier  ;  elle 
fut  supprimée  par  la  Révolution  française,  en 
vertu  du  décret  du  1 3-19  février  1790,  et  ses  biens 
furent  livrés  aux  enchères. 


—  270  — 

1303. 

CHALAIS. 

La  Chartreuse  de  Ghalais,  près  de  Voreppe, 
au  diocèse  de  Grenoble,  de'partement  de  l'Isère, 
avait  e'te'  fonde'e,  en  1108,  pour  des  Moines  Bé- 
ne'dictins,  par  le  comte  Guigues-le-Gras  et  Ma- 
thilde,son  épouse.  Au  XIVe siècle  elle  fut  achete'e 
par  l'Ordre,  avec  l'assentiment  de  Guillaume  IV, 
Évêque  de  Grenoble.  Les  Chartreux  prirent  pos- 
session de  Chalais,  le  g  des  calendes  de  janvier 
i3o3.  Le  Pape  Jean  XXII  donna  une  Bulle  en 
faveur  de  ce  Monastère,  en  i33o.  Vers  la  fin  du 
XVIe  siècle,  la  Chartreuse  de  Chalais,  qui  avait 
e'té  entièrement  ruine'e  pendant  les  guerres  de 
religion,  fut  re'unie  à  la  Grande  Chartreuse,  par 
de'cision  du  Chapitre  Ge'ne'ral  de  1682,  en  vertu 
des  Bulles  de  Grégoire  XIII,  du  16  avril  157 5 
et  du  20  mai  i58i.  L'Évêque  de  Grenoble,  Fran- 
çois Fléard,  donna  son  autorisation  en  ce  qui 
pouvait  le  concerner,  le  29  fe'vrier  1584.  Les  let- 
tres-patentes d'Henri  III  sont  du  mois  d'avril  de 
la  même  année.  Les  Chartreux  entretinrent  tou- 
jours quelques  Religieux  dans  cette  Maison.  Cha- 
lais fut  supprime'  par  la  Re'publique  française , 
et  ensuite  vendu  comme  bien  national,  en  1793. 
Le  R.  P.  Lacordaire  y  établit,  en  1844,  le  novi- 
ciat de  son  Ordre,  mais,  en  1869,  il  céda  ce  Cou- 
vent à  une  colonie  du  Tiers-Ordre  qui  l'aban- 
donna à  son  tour,  en   1866. 


—  271  — 

1304. 

LA  PADULE. 

La  Chartreuse  de  la  Padule,  ou  de  Saint- 
Laurent,  près  de  la  ville  de  Marsico-Nuovo ,  au 
diocèse  de  Capaccio-Nuovo,  royaume  de  Naples 
(Italie),  fut  fonde'e  par  Thomas  de  Saint-Severin, 
comte  de  Marsico,  et  s'enrichit  des  biens  de  l'Ab- 
baye du  Mont-de-la-Vierge,  par  acte  du  16  sep- 
tembre i3o6,  passe'  entre  l'Abbe'  de  ce  Couvent 
et  Thomas  de  Saint-Severin.  On  compte  aussi 
parmi  les  bienfaiteurs  de  cette  Maison  les  Papes 
Jules  II,  en  i5o5,  et  Paul  III,  en  1 538.  Le  Mo- 
nastère de  la  Padule  fut  supprime'  en  1806,  par 
Napole'on  Ier,  et  re'tabli  en  1820 .  Cette  Char- 
treuse existe  encore,  mais  elle  a  subi  le  sort 
des  Chartreuses  d'Italie.  Ses  biens  sont  sous 
se'questre  et  elle  ne  renferme  plus  que  quelques 
Religieux,  depuis  1866. 

1306. 

LA  PART-DIEU. 

La  Chartreuse  de  La  Part-Dieu,  près  de  Bulle, 
au  diocèse  de  Lausanne,  canton  de  Fribourg 
(Suisse ;,  eut  pour  fondatrice  Guillermette  ou 
Wilhelmette  de  Grandson,  veuve  de  Pierre  III, 
comte  de  Gruyères.  Les  Moines  de'frichèrent  la 
forêt   et   bientôt,   de    vastes    e'tendues  de  terrain 


—  272  — 

leur  furent  concédées  pour  des  redevances  mi- 
nimes. Ce  Monastère  eut  le  bonheur  d'échapper 
à  presque  tous  les  malheurs  des  guerres  civiles 
et  étrangères.  Il  servit  de  refuge  à  de  nombreux 
Chartreux  français,  pendant  la  Révolution.  En 
1800,  il  devint  la  proie  des  flammes  ;  reconstruit 
peu  après,  il  fut  supprimé,  en   1847. 

1308. 

NOYON. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-du-Mont-Renaud, 
ou  Mont-Saint-Louis,  sur  une  petite  colline  près 
de  Noyon,  au  diocèse  de  Beauvais,  département 
de  TOise,  doit  sa  fondation  à  Renaud  de  Rouy, 
ou  selon  certains  auteurs  Réginald  de  Roucy  , 
chevalier,  seigneur  de  Pont-1'Eveque.  Ce  seigneur, 
de  concert  avec  Agnès,  son  épouse,  et  d'après  l'a 
vis  d'André,  Évêque  de  Noyon,  établit  les  enfants 
de  saint  Bruno  dans  le  domaine  d'Hérimont,  an- 
cien Couvent  de  Templiers.  Le  Roi  Philippe-le- 
Bel  fit  achever  le  Monastère  et  accorda  aux  Char- 
treux une  charte  datée  du  10  avril  1 3 1  o  ;  Jean, 
Roi  de  France  ,  leur  donna  plusieurs  privilèges  en 
i354.  Parmi  les  bienfaiteurs,  on  cite  les  seigneurs 
de  Nesle  ;  Louis  de  Couttes,  seigneur  de  Pimprez; 
Charles  de  Bovelles,  chanoine  de  Noyon  ;  Fran- 
çoise d'Estournelet  Isabelle  de  Boves.  Ce  Couvent 
fut  plusieurs  fois  pillé  et  incendié,  pendant  le  XIVe 
et  le  XVe  siècle  ;  il  fut  rebâti,  vers  i65o,  et  sup- 
primé par  la  Révolution  française,  en  février  1790. 


1313. 

MAURBACH. 

La  Chartreuse  du  Val-de-Tous-les-Saixts,  près 
de  Maurbach,  au  diocèse  de  Vienne  (Autriche), 
eut  pour  fondateur  Frédéric  III  ,  d'abord  duc 
d'Autriche,  puis  Empereur.  Elle  fut  ruinée  par 
les  Turcs,  lorsque  Soliman  vint  mettre  le  siège 
devant  Vienne,  en  1 5*2c)  ;  plusieurs  Religieux  fu- 
rent massacrés  par  ces  infidèles.  Rétablie  quel- 
ques années  plus  tard,  elle  exista  jusqu'au  règne 
de  l'Empereur  Joseph  II,  qui  la  supprima  en  1782. 

1314. 
MAGGIANO. 

La.   Chartreuse    de   l'Assomption-de-la-Sainte- 

Vierge,  à  Maggiano,  au  diocèse  de  Sienne,  en  Tos- 
cane (Italie),  fut  fondée  par  le  Cardinal  Richard  de 
Pétronis,  du  titre  de  Saint- Eustache  ;  elle  eut 
beaucoup  a  souffrir  pendant  les  nombreuses  guer- 
res qui  désolèrent  la  péninsule.  L'Empereur  et 
Roi  Napoléon  Ier  la  supprima,  en  18 10. 

1314. 

ENGHIEN. 

La    Chartreuse   de  La  Capelle  ou,    Chapelle- 
Notre-Dame,  près   d'Enghien,  au  diocèse  de  Na- 
is 


—  274  — 

mur  (Belgique),  eut  pour  fondateur  Gauthier,  sei- 
gneur cTEnghien.  Arnold  de  Raisse  rapporte  que 
Walter,  seigneur  d'Enghien,  se  proposait  de  faire 
cette  fondation,  mais  la  mort  l'ayant  empêché  de 
mettre  son  projet  à  exécution,  ses  parents  bâtirent  la 
Chartreuse.  La  famille  de  Luxembourg  estcomptée 
parmi  les  bienfaiteurs  de  cette  Maison.  Les  impé- 
riauxTincendièrent,  en  1480,  et  les  Religieux  durent 
se  réfugier  à  Bruxelles.  Au  siècle  suivant,  elle  fut  de 
nouveau  saccagée,  vers  1 5(5(5,  par  les  hérétiques; 
enfin,  restaurée  quelques  années  plus  tard,  elle  fut 
supprimée,  en   1783,  par  l'Empereur  Joseph  IL 

1315. 

ALBENGA. 

La  Chartreuse  du  Mont-Saint-Pierre,  sur  une 
montagne  près  d'Albenga,  au  diocèse  du  même 
nom,  en  Piémont,  fut  établie  par  Emmanuel,  Evê- 
que  d'Albenga,  dans  un  ancien  Monastère  de  Bé- 
nédictins. Au  siècle  suivant,  cette  Chartreuse  qui 
tombait  en  ruines  fut  reconstruite  au  pied  de  la  * 
montagne.  A  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  la  République 
française  la  supprima. 

1318. 

BRUGES. 

La  Chartreuse  du  VAL-DE-GRACES,près  de  Bruges, 
hors  la  porte  Sainte-Croix,  au  diocèse  de  Bruges, 


270 


dans  la  Flandre  (Belgique),  fut  fondée  par  Jehan 
Van-Cockléare,  prêtre.  Guido,  Evêque  de  Tournai, 
de  concert  avec  le  Chapitre  de  son  église  cathé- 
drale, donna  son  assentiment  à  cette  fondation,  le 
pénultième  jour  du  mois  de  novembre  1 3 1 S .  Par- 
mi les  bienfaiteurs,  on  cite  Robert  de  Béthune, 
comte  de  Flandre  ;  le  comte  Louis,  son  successeur; 
Pierre  Adournes  ;  Philippe,  duc  de  Bourgogne, 
comte  de  Flandre,  et  Marguerite,  son  épouse,  en 
1445.  Ce  Monastère  ayant  été  saccagé  par  les  hé- 
rétiques, en  i5y8,  les  Religieux  durent  se  retirer 
dans  la  ville  de  Bruges  et  y  séjournèrent  jusqu'en 
1608.  Albert,  comte  de  Flandre,  avait  mis  à  leur 
disposition  le  Monastère  de  Saint- Aubert.  Les 
Chartreux  du  Val-de-Grâces,  avaient,  en  i55cj, 
donné  l'hospitalité  à  leurs  confrères  de  la  Char- 
treuse de  Schene,  en  Angleterre,  lorsque  le  Roi 
Henri  VIII  les  força  de  s'expatrier.  Le  Couvent 
du  Yal-de-Gràces  ayant  été  restauré  au  commen- 
cement du  XVIIe  siècle,  les  Religieux  rentrèrent 
dans  leur  Monastère,  en  1608.  Cette  Maison  fut 
supprimée,  en  1783,  par  l'Empereur  Joseph  II. 

1318. 

CARCASSONNE. 

La  Chartretjse  de  Carcassoxxk,  au  diocèse  de  ce 
nom,  département  de  l'Aude,  n'a  pas  de  fonda- 
teur certain.  Elle  est  peu  connue,  toutefois  il  en 
est    parlé  dans    le    Chapitre  Général  de    e3  19.  Le 


-    276    - 

manuscrit  de  la  Grande  Chartreuse  dit  que  Geof- 
froy ,  Évêque  de  Carcassonne  ,  d'accord  avec 
l'Ordre,  réunit,  en  1423,  les  biens  de  ce  Couvent 
à  la  Chartreuse  de  Belle-Vue  près  de  Castres. 

1318. 

BON-PAS. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Bon-Pas,  sur 
les  bords  de  la  Durance,près  d'Avignon,  au  diocèse 
de  ce  nom,  département  de  Vaucluse  ,  fut  fon- 
dée par  le  Pape  Jean  XXII,  dans  une  ancienne 
Maison  de  Templiers.  Les  chevaliers  de  Rhodes 
qui  en  héritèrent,  la  donnèrent  au  Pape  qui  y  mit 
des  Chartreux.  La  Bulle  est  datée  d'Avignon  le  14 
des  calendes  de  janvier  1 3 18.  Quelques  auteurs 
pensent  que  cette  Maison  se  trouve  sur  l'emplace- 
ment des  hospices  du  Bienheureux  Sibert.  Un  des 
grands  bienfaiteurs  de  ce  Couvent  fut  Hélion  de 
Villeneuve,  grand-maître  des  chevaliers  de  Saint- 
Jean-de-Jérusalem,  frère  de  sainte  Roseline.  Cette 
Chartreuse  fut  supprimée  par  la  Révolution  fran- 
çaise, et  ses  biens  vendus  en   1792. 

1320. 

LOUVETIÈRE. 

La  Chartreuse  de  Beau-Lieu,  ou  de  Louve- 
tière    au    diocèse  de  Carcassonne,    département 


de  l'Aude,  a  pour  fondateur  Pierre  de  Roche- 
fort,  Évoque  de  Carcassonne.  Ce  pre'lat  voulut 
dans  la  suite  enlever  ce  Couvent  aux  Chartreux, 
mais  le  Pape  Jean  XXII  lui  ordonna  de  les  réin- 
tégrer dans  leur  Monastère.  Cette  Chartreuse  fut 
abandonnée  par  l'Ordre,  en  1423  ;  elle  subissait 
le  contre-coup  des  troubles  religieux  et  politiques 
de  cette  époque.  Ses  biens  servirent  à  doter  la 
Chartreuse  de  Beauregard,  près  de  Toulouse. 

1320. 

MAYENCE. 

La  Chartreuse  de  l'Archange-Michel,  près  de 
Mayence  au  diocèse  de  ce  nom ,  Électorat  de 
Mayence  (Allemagne^  fut  primitivement  fondée 
dans  un  ancien  Monastère,  par  Pierre  Achspalt, 
Archevêque  de  Mayence,  puis  rebâtie  sur  une 
montagne  peu  éloignée  de  la  ville, en  i325.Ellé  eut 
beaucoup  à  souffrir  des  ravages  des  Luthériens, 
et  enfin  fut  entièrement  détruite  par  l'Électeur, 
dans  le  courant  du  XVIIIe  siècle. 

1320. 

GOSNAY. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-du-Val-Sai\  i  - 
Esprit,  à  Gosnay,  près  Béthune,  au  diocèse  d'Ar- 
ras,  département  du  Pas-de-Calais,  doit  sa  fonda- 


—    278    — 

tion  à  Thierry  d'Erichon,  prévôt  d'Aire,  et  plus 
tard  Evêque  d'Arras;  ce  prélat  fut  puissamment 
aide'  dans  son  œuvre  par  la  comtesse  d'Artois, 
Mahault,  dont  il  avait  été  chancelier.  Pierre, Evê- 
que d'Arras,  consacra  l'église  le  ier  octobre  1 3 -2  : . 
Parmi  les  bienfaiteurs  on  cite  la  dame  de  Rosny, 
comtesse  de  Dreux,  i34g  ;  .Marguerite,  femme  de 
Louis  de  Nevers,  comte  de  Flandre;  Pierre  de 
Bailleul,  mare'chal  de  Flandre,  et  Jeanne  de  Cré- 
quy,  son  épouse,  1 385  ;  Isabelle,  femme  de  Phi- 
lippe le  Bon,  1435  ;  Jeanne  de  Béthune,  veuve  de 
Jean  de  Luxembourg,  144?  ;  Jeanne  de  Preures, 
veuve  d'Archambaud  de  Croy  144g  ;  Catherine 
de  Boubers,  veuve  de  Bon  de  Saveuse,  147a 
Ce  Monastère  ayant  eu  beaucoup  à  souffrir  des 
guerres  qui  ravagèrent  l'Artois  pendant  le  XVIe  siè- 
cle,  dut  être  reconstruit  au  commencement  du 
XVIIe  siècle  vers  1612.  Parmi  les  bienfaiteurs 
de  cette  époque,  on  remarque  Philippe  IV,  Roi 
d"Espagne,  et  son  fils  ;  l'Archiduc  Albert  et  son 
épouse  ;  le  comte  de  Zunica  et  son  épouse.; 
le  prince  de  Ligne  ,  gouverneur  de  l'Artois  ; 
Louis  de  Mérode,  seigneur  d'Oignies;  Hermann 
Ottemberg,  Evêque  d'Arras  ;  Philippe  de  Ca- 
vrel  ,  Abbé  de  Saint -Vaast  ;  et  les  Abbés  de 
Choque  et  de  Cateau-Cambrésis.  La  nouvelle 
église  du  Couvent  ne  fut  bénite  que  le  3i  dé- 
cembre 1704,  par  Jacques  Paillard,  grand-vicaire 
d'Arras,  et  consacrée  quelques  années  plus  tard. 
par  Monseigneur  de  la  Motte,  Evêque  d'Amiens. 
Cette  Chartreuse   fut  supprimée  en   i7<>o,  par  la 


—  279  — 

Révolution  française,  et  vendue   comme  bien  na- 
tional, l'année  suivante. 

1320. 

LA  LANCE. 

La  Chartreuse  nu  Saint-Lieu- de-la-Lance,  dans 
le  vallon  de  la  Lancy,  sur  les  bords  du  lac  de 
Neufchàtcl,  au  diocèse  de  Lausanne,  canton  de 
Ncufchatel  (  Suisse  ),  fut  fondée  par  Othon,  baron 
de  Granson,et  par  plusieurs  seigneurs  du  pays. Les 
travaux  commencèrent  en  i3 17,  et  l'incorporation 
eut  lieu  en  1020.  Les  Ephémérides  de  l'Ordre, 
à  la  date  du  20  juillet,  nous  apprennent  que  la 
Chartreuse  de  La  Lance  fut  saccagée  par  les  Lu- 
thériens Bernois  qui  jetèrent  en  prison  le  Prieur 
Dom  Pierre  et  expulsèrent  violemment  tous  les 
Moines;  elle  fut  entièrement  détruite  par  les  héré- 
tiques, le  28  mai  1 538. 

1321. 

MONTBRAC. 

La  Chartreuse  du  Saixt-Sauveur-de-Montbrac, 
dans  les  montagnes  du  Piémont,  au  diocèse  de 
Turin  (Italie  ,  reconnaît  pour  fondateur  Georges 
ou  Grégoire,  marquis  de  Saluces.  Ruiné  par  les 
guerres  et  sans  ressources  pour  une  nouvelle  con- 
struction, ce   Monastère  fut   abandonné  par   l'Or- 


—  ts8o  — 

dre,  en   1642,  et  ses  biens  furent  réunis  à  la  Char- 
treuse de  Turin. 

1323. 

KIELLE. 

La  Chartreuse  de  Kielle,  au  diocèse  de  Malines, 
province  du  Brabant  (Belgique),  n'a  pas  de  fonda- 
teur connu.  Elle  eut  beaucoup  à  souffrir  pendant 
les  guerres  de  Charles-Quint,  dans  les  Pays-Bas  ; 
saccagée  par  les  Protestants,  elle  ne  put  relever  ses 
ruines  et  dut  être  abandonnée  par  l'Ordre,  vers  le 
milieu  du  XVIe  siècle.  Les  Religieux  de  ce  Couvent 
furent  transférés  à  la  Chartreuse  de  Liers,  près 
d'Anvers. 

1323. 

LIERS. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Catherine,  à  Liers, près 
d'Anvers,  au  diocèse  de  Malines,  province  du  Bra- 
bant (Belgique),  fut  fondée  par  plusieurs  seigneurs 
du  pays.  Dans  le  principe ,  cette  Chartreuse 
avait  été  bâtie  près  des  remparts  d'Anvers  ;  elle 
compte  parmi  ses  bienfaiteurs  Gratien  Dancard  Mo- 
lenerie,  riche  bourgeois  d'Anvers;  Henri  Heltewa- 
ghen,  qu'on  trouve  encore  écrit  Holtengen;  Aleyde 
Pieckye  et  son  époux  Arnold  de  Herlair.  Ce 
Couvent  fut  entièrement  détruit  pendant  les  guer- 


—  28 1    - 

res  de  Charles-Quint.  Les  Chartreux  se  retirèrent 
alors  à  Liers,  mais  cette  nouvelle  Maison  fut  dé- 
vastée parles  Protestants  ;  restaurée  en  1 583, elle 
fut  supprimée,  deux  siècles  plus  tard,  en  iy83, 
par  r Empereur  Joseph  II. 

1324. 

MONTREUIL. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-des-Prés,  à  Neu- 
ville, près  de  Montreuil-sur-Mer,  diocèse  d'Arras, 
département  du  Pas-de-Calais,  eut  pour  fondateur 
Robert  VII,  comte  de  Boulogne  et  d'Auvergne.  La 
charte  de  fondation  est  datée  du  château  d'Hardelot, 
1 5  juillet  1024.  Les  principaux  bienfaiteurs  furent 
Guillaume  XII,  comte  de  Boulogne  et  d'Auvergne, 
i325;  Pierre  du  Temple,  seigneur  de  La  Mothe, 
i32b;  Jean  Courteret,  chanoine  de  Thérouanne  ; 
Guillaume  des  Prés, chambellan  du  comte  de  Boulo- 
gne; Marguerite  d'Évreux,  épouse  deGuillaumeXII, 
et  Jeanne  sa  fille  ;  Arnould  de  Cayeux,  seigneur  de 
Longvillers,  et  son  épouse  ;  Jean  de  Hodicq  et 
sa  femme  ;  Guillaume  de  Mothier,  clerc  trésorier 
du  comte  de  Boulogne;  Jean  d'Acques,  échcvin 
de  Montrcuil  ;  Enguerrand,  sire  d'Hesteux  ;  Jean 
de  Fosseux  ;  Marie  Muguelle  Boucqrode ,  de 
Montreuil  ;  le  Chevalier  de  Aleaume,  seigneur 
de  Bournonville  et  de  Courteville  ;  Nicolle  de 
Dampierre,  Dame  de  Rolancourt  ;  Jean  d'Auge, 
seigneur  de  Neuville,  et  François  de    Framezelles, 


—     282    — 

seigneur  cTHesmond.  L'église  du  Couvent  fut 
consacrée  le  2  janvier  1 338,  par  Jean  de  Vienne, 
Évêque  de  Thérouanne.  La  Bulle  du  Pape  Jean 
XXII,  en  faveur  de  la  Chartreuse,  est  date'e  d'A- 
vignon, 17  octobre  1 333.  Dans  le  courant  du 
XIVe  siècle,  le  Couvent  de  Notre-Dame-des-Pre's 
fut  saccage'  plusieurs  fois  par  les  Anglais,  et  les 
Religieux  durent  l'abandonner.  Vers  cette  e'poque, 
on  trouve  comme  nouveaux  bienfaiteurs  Jean  Hu- 
lot  et  Gilette  de  la  Rue,  son  e'pouse  ;  Jean  de  He- 
rikofeth  ;  François  de  Cre'qui,  seigneur  de  Dourier 
et  de  Longvillers;  Walleraud  de  Tilly,  Abbé  de 
Notre-Dame-de-Boulogne,  et  quelques  années  plus 
tard,  Antoine  de  Monchy,  seigneur  de  Montcavrel; 
Philippe  de  Fosseux,  seigneur  d'Arly  et  Charles 
d'Ailly,  seigneur  de  Waben.  En  1042,  les  Impé- 
riaux et  les  Anglais  ruinèrent  de  nouveau  la 
Chartreuse  et  profanèrent  l'église.  Il  en  fut  de 
même  pendant  les  guerres  de  religion.  Le  Monas- 
tère fut  reconstruit  au  XVIIe  siècle  par  Dom  Ber- 
nard Bruyant  et  supprimé  par  la  Révolution  fran- 
çaise en  1790.  La  vente  des  propriétés  commença 
le  1 1  décembre  de  la  même  année  pour  se  termi- 
ner dans  le  courant  de   1 79 1 . 

Au  XIXe  siècle,  l'Ordre  des  Chartreux  ra- 
cheta une  partie  des  anciennes  propriétés,  et  le 
2  avril  1872,  on  posa  la  première  pierre  du 
nouveau  Monastère.  Les  travaux  furent  terminés 
en  187D,  sous  le  Prieur  Dom  Eusèbe  Bergier. 
L'église  du  Couvent  fut  consacrée  par  Monsei- 
gneur  Jean- Baptiste-Joseph    Lequette,     Évêque 


—  283  — 

d'Arras,  le   19  octobre   1875.  Le  Monastère  con- 
tient  vingt- quatre    cellules    dans    le    cloître. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-des-Pre's  a  eu 
la  gloire  de  donner  à  l'Ordre  un  de  ses  plus  il- 
lustres Généraux,  Dom  Pierre  'de  Marnef,  i5j.o- 
1546.  (Voir  la  notice  sur  Dom  Pierre  V,  page  81.) 
C'est  là  aussi  que  saint-  Benoît-Joseph  Labre  se 
présenta  deux  fois  comme  Postulant,  en  1767 
et  1769;  le  souvenir  en  est  conserve'  par  une 
chapelle  qui  lui  est  dédiée.  Quelques  années  plus 
tard,  à  l'époque  de  la  Révolution  française,  le 
Prieur,  Dom  Eloi  Marion,  fut  incarcéré  dans  les 
prisons   d'Arras   et   y    mourut   martyr  de   la  foi. 

1325. 

BOURG-FONTAINE. 

La  Chartreuse  de  Fontaine- Notre- Dame,  ou 
de  Bourg-Fontaine  dans  la  forêt  de  Yillers-Cot- 
terets,  au  diocèse  de  Soissons,  département  de 
l'Aisne,  eut  pour  fondateur  Charles  de  France, 
comte  de  Valois.  Les  principaux  bienfaiteurs 
furent  Philippe  VI,  fils  du  fondateur,  juin  028  ; 
Philippe,  duc  d'Orléans,  comte  de  Valois,  no- 
vembre 1  348  ;  Jean,  Roi  de  France, juillet  1  3(52  ; 
Raoul,  Abbé  de  Notre-Dame-de-Liesse,  4  février 
i3<p;  Louis  XI,  6  février  1474;  et  François  Ier, 
2  mars  [5i8.  La  Chartreuse  de  Bourg-Fontaine 
fut  supprimée  par  la  Révolution  française,  en  1  790, 
et  ses  biens  furent  vendus,  à  la  même  époque. 


28-j.  — 

1326. 

SNALS. 

La  Chartreuse  du  Moxt-des-Axges,  ou  deSnals, 
au  milieu  des  hautes  montagnes  et  des  rochers 
inaccessibles  du  Tyrol  méridional,  près  de  Méran, 
fut  fonde'e  par  Henri,  Roi  de  Pologne  et  duc 
de   Carenthie  .  et  supprimée  en   1782. 

1326. 
TROYES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-La-Prée,  ou 
de  Troyes,  au  diocèse  du  même  nom,  dépar- 
tement de  l'Aube  ,  primitivement  fondée  par 
Pierre  de  Mussy  dans  une  des  îles  formées 
par  la  Seine,  fut  transférée,  en  i332,  par  Jean 
de  Surare,  chanoine  de  Saint-Etienne  de  Troyes, 
dans  le  château  de  La-Prée.  Ayant  eu  beaucoup 
à  souffrir  des  guerres,  elle  fut  transférée  une 
seconde  fois,  en  1620,  sous  les  murs  de  la  ville  de 
Troyes,  dans  un  lieu  appelé  Les  Cherelles  que 
Louis  Largentier,  chevalier  du  Roi,  baron  de 
Chapellaines,  seigneur  de  Fresne,  et  messire 
Charles  Largentier,  son  frère,  donnèrent  aux 
Chartreux.  Ils  tirent  bâtir  le  nouveau  Monastère, 
sous  le  vocable  de  Notre -Dame -de- Largentier. 
Cette  Chartreuse  fut  supprimée  en  1700.  par  la  Ré- 
volution française  et  vendue  comme  bien  national. 


—   2X?   — 

1327. 

NAPLES. 

La  Chartreuse  de  Saint-Martin,  sur  le  mont 
Saint-Elme,  à  Naples,  au  diocèse  de  ce  nom, 
dans  la  Terre-de-Labour  (Italie),  est  située  sur 
une  colline  qui  domine  toute  la  ville  et  le  port. 
Elle  fut  fondée  par  Charles,  duc  de  Calabre,  et 
son  fils  Robert,  Roi  de  Sicile;  puis  enrichie  par 
les  largesses  de  Jeanne,  reine  de  Naples.  Le 
Monastère  de  Saint-Martin  fut  supprime,  en  1806, 
par  décret  de  Napole'on  Ier,  et  les  Chartreux  ne 
purent  en  reprendre  possession  qu'en  iS3(1, 
sous  le  généralat  de  Dom  Jean-Baptiste  Mortaize. 
Cette  Chartreuse  existe  encore  ,  mais  les  Reli- 
gieux en  ont  e'té  expulse's,  par  Victor-Emmanuel, 
Roi  d'Italie,  en  1866,  et  ses  biens  sont  arbitrai- 
rement mis  sous  se'qucstre  -,  quelques  Chartreux 
y  sont  cependant  tolérés  comme  gardiens  de 
l'immeuble. 

1328. 
DIEST. 

La  Chartreuse  du  Mont-Saint-Jean- Baptiste, 
près  de  Diest,  au  diocèse  de  Malines,  en  Bra- 
bant  Belgique),  eut  pour  fondateurs  Gérard,  sei- 
gneur de  Diest,  châtelain  d'Anvers,  et  Jeanne  de 
Flandre,  son  épouse.  Cette  Chartreuse  eut  beau- 


—  286  — 

coup  à  souffrir  des  déprédations  des  Calvinistes 
et  des  Luthériens  ;  elle  fut  supprimée  par  les  ar- 
mées de  la  République  française,  vers  la  fin  du 
XVIIIe  siècle. 

1328. 

BASSE-VILLE. 

La  Chartreuse  de  Basse-Ville,  sous  le  vocable 
de  Sainte-Marie  et  Saint-Jean,  non  loin  de  Cla- 
mecy,  au  diocèse  de  Nevers,  département  de  la 
Nièvre,  fut  fondée  par  Jean  Grandis,  chanoine 
de  l'église  cathédrale  de  Clermont,  et  supprimée 
par  un  décret  de  l'Assemblée  nationale  du  iS-ig 
février  1790. 

1328. 

BEAUNE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame- de- Foxtexay. 
près  de  Beaune,  au  diocèse  d'Autun,  départe- 
ment de  Saône-et-Loire,  doit  sa  fondation  à  Eu- 
des V,  duc  de  Bourgogne;  elle  fut  saccagée  plu- 
sieurs fois,  surtout  par  les  Calvinistes  et  les  Li- 
gueurs ;  mais  grâce  à  la  générosité  des  habitants 
de  la  contrée,  on  put  la  reconstruire.  La  Révo- 
lution française  la  supprima  en  1700,  et  ses 
propriétés  furent  vendues  comme  biens  natio- 
naux. 


—  287  — 

1328. 

MONT-SAINTE-GERTRUDE. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sainte-Gertrude,  sur 
les  contins  de  la  Hollande  et  du  Brabant,  au 
diocèse  d'Utrecht  (Hollande),  est  une  fondation 
de  Guillaume  Duvennard,  ou  d'Unervode,  seigneur 
d'Osterhoute  et  de  Dongen  ,  trésorier  de  Guil- 
laume, comte  de  Hollande.  D'après  le  manuscrit 
de  la  Grande  Chartreuse  cette  Maison  n'aurait 
été  fonde'e  qu'en  r 3 5 3 .  Cette  Chartreuse  eut 
beaucoup  à  souffrir  pendant  les  guerres  qui  dé- 
solèrent la  contrée,  sous  Charles-Quint.  Elle  fut 
entièrement  détruite  par  les  Luthériens  Hollan- 
dais, en  1594.  On  rapporte  que  le  prince  d'O- 
range fit  bâtir  son  palais  sur  l'emplacement  de 
ce  Monastère. 

1328. 

GAND. 

La  Chartreuse  nu  Val-Royal,  près  de  Gand, 
au  diocèse  du  même  nom,  province  de  Flandre 
(Belgique) ,  eut  pour  fondateur  Simon  Wille- 
baerd,  ou  Wilbrod,  chanoine  de  l'église  Saint- 
Donat  à  Bruges.  On  compte  parmi  les  princi- 
paux bienfaiteurs  Louis,  comte  de  Flandre,  et 
son  fils  ;  Dom  Michel  Crelian,  Guillaume  de 
Warnevyck  et  les  magistrats    de   Gand.    Ce   Mo- 


—  288  — 

nastère  fut  bâti,  en  i'3-2o,  dans  un  endroit  ap- 
pelé Royheyn,  sur  la  paroisse  de  Saint-Martin, 
près  des  murs  de  Gand,  mais  on  ne  l'incorpora 
dans  l'Ordre  qu'en  r328.  Les  Hérétiques  l'ayant 
réduit  en  cendres,  pendant  les  guerres  du  XVIe 
siècle,  les  Moines  se  réfugièrent  à  Gand,  en 
1 584.  Les  magistrats  de  la  ville  les  autorisèrent. 
quelques  années  plus  tard,  à  bâtir  un  Couvent 
qui  prit  le  nom  d'Ermitage-de-Saint- Bruno.  Le 
Chapitre  Général  donna  son  assentiment  le  19 
mai  i585,  mais  le  Général  de  l'Ordre,  Dom 
Bruno  d'Affringues,  lui  fit  reprendre  son  titre 
de  Val-Royal,  en  1629.  Cette  nouvelle  Char- 
treuse fut  supprimée  par  l'Empereur  Joseph  II, 
en  1783. 

1328. 

CAHORS. 

La  Chartreuse  de  Notre- Dame-de-Cahors,  au 
diocèse  de  ce  nom  ,  département  du  Lot,  fut 
fondée  par  le  Pape  Jean  XXII,  dans  un  ancien 
Couvent  de  Templiers,  qui  était  passé  ensuite 
à  l'Ordre  de  Malte.  Le  Souverain  Pontife  acheta 
ce  Couvent  à  Hélion  de  Villeneuve,  grand-maître 
des  chevaliers  ,  et  y  construisit  la  Chartreuse. 
Plusieurs  fois  saccagée  pendant  les  guerres  de 
religion,  elle  fut  supprimée,  en  1790,  par  la  Ré- 
volution française,  et  ses  propriétés  furent  ven- 
dues en    1 792. 


—  28q  — 

1328. 

BOIS-SAINT-MARTIN. 

La  Chartreuse  du  Bois-Saint-Martin,  dans  une 
forêt  près  de  Grandmont,  au  diocèse  de  Malines, 
en  Brabant  (Belgique),  eut  pour  fondateurs  Jean 
Gheylins,  conseiller  du  comte  de  Flandre,  et  Isa- 
belle de  Goede,  son  e'pouse.  Son  église  fut  con- 
sacrée, en  i352,  par  l'Évêque  de  Liège.  Les 
souverains  de  la  contrée,  Louis,  comte  de  Flan- 
dre, en  1348  ;  Jean,  comte  de  Flandre,  en  1408; 
Philippe,  duc  de  Bourgogne  et  comte  de  Flan- 
dre, en  1436,  lui  accordèrent  de  nombreux  privi- 
lèges. Parmi  les  autres  bienfaiteurs,  on  compte 
le  baron  de  Schoorisse  ;  le  noble  seigneur  Mas- 
tainge,  et  Robert,  chevalier  de  la  Toison-d'Or. 
Cette  Maison,  dévastée  et  ruinée  par  les  Luthé- 
riens, au  XVIe  siècle,  ne  fut  rétablie  qu'en  i632, 
par  Dom  Liévin  de  Jaeghere,  Prieur  et  convi- 
siteur  de  la  Province  cartusienne  de  Flandre  ; 
l'Empereur  Joseph  II  la  supprima  en    1783. 

1328. 

VAL-DE-PAIX. 

La  Chartreuse  du  Val-de-Paix,  au  diocèse  de 
Fribourg,  dans  le  canton  de  Vaud  (Suisse),  doit 
sa  fondation  à  un  écuyer  du  nom  d'Hermann  de 
Tressia.  On  ignore  à  quelle  époque  cette  Char- 

19 


—    2Q0    

treuse  fut  supprimée.  La  carte  des  fondations, 
e'dite'e  par  les  Chartreux,  tout  en  plaçant  ce  Mo- 
nastère parmi  ceux  qui  n'existaient  plus  au  mo- 
ment de  la  confection  de  la  carte,  ne  donne  pas 
la  date   de   sa   suppression   ou   de   son   abandon. 

1329. 

GOSNAY. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sainte-Marie,  à  Gos- 
nay,  près  de  Béthune,  au  diocèse  d'Arras,  dé- 
partement  du  Pas-de-Calais,  fut  fonde'e  par 
Thierry  d'Érichon,  Evêque  d'Arras  et  chance- 
lier de  la  comtesse  d'Artois.  Ce  pre'lat  se  pro- 
posait de  donner  ce  Couvent  à  des  Moniales  ; 
la  mort  ne  lui  ayant  pas  permis  de  terminer  son 
œuvre,  la  comtesse  Mahault,  son  exe'cutrice  tes- 
tamentaire, de'clara  dans  un  acte  de  iSicj,  que 
les  immeubles  possédés  par  l'Evêque  à  Paris,  et 
à  Arras,  serviraient  à  la  dotation  du  nouveau 
Monastère.  Cette  Chartreuse  fut  construite  à  pro- 
ximité de  Gosnay,  non  loin  du  Val-Saint-Esprit 
occupé  par  des  Religieux  de  l'Ordre.  Parmi  ses 
principaux  bienfaiteurs,  on  trouve  Marguerite, 
comtesse  de  Flandre  et  d'Artois  ;  Jean-sans- 
Peur  ;  Philippe-le-Bon  et  Isabelle  de  Portugal, 
son  épouse  ;  le  duc  de  Calabre  ;  et  les  nobles 
dames  d'Houchin  et  de  Longate  d'Annezin.  Les 
Moniales  du  Mont-Sainte-Marie  durent  plusieurs 
fois    abandonner    leur    Monastère   et  se   réfugier 


—   291    — 

dans  la  ville  de  Be'thune,  au  milieu  des  nom- 
breuses guerres  qui  désolèrent  l'Artois.  On  le 
reconstruisit  au  XVIe  siècle  ;  et  pendant  la  guerre 
de  1710,  le  prince  Eugène  de  Savoie  prit  les 
Moniales  sous  sa  protection.  Cette  Maison  fut 
supprime'e  par  la  Re'volution  française,  en  1790, 
et  ses  propriétés  vendues  comme  biens  natio- 
naux, en   1791. 

1329. 

LEIGNITZ. 

La  Chartreuse  de  La-Passion,  à  Leignitz,  au 
diocèse  de  Strigonie  (Hongrie;,  fut  fondée  par 
le  Chapitre  de  Saint-Martin  de  Seépuz,  puis  rui- 
née par  les  guerres  et  abandonnée  par  l'Ordre, 
en   i5()3. 

1330. 

GEMNITZ. 

La  Chartreuse  du  Trône-de-Notre-Dame,  à 
Gemnitz,  au  diocèse  de  Passau  (Autriche;,  eut 
pour  fondateurs,  en  i33o,  Albert  et  Othon,  ar- 
chiducs d'Autriche,  mais  elle  ne  fut  incorporée 
à  l'Ordre  qu'en  1 33y.  Jeanne,  sœur  du  Roi  de 
Bohême  et  épouse  d'Albert  d'Autriche,  fit  de 
grands  dons  à  ce  magnifique  Monastère  ;  l'Em- 
pereur Joseph  II  le  supprima  en   1782. 


—    292    — 

1330. 

GIRONDE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Martin  ou  de  Gironde, 
dans  les  Alpes  entre  Saint-Maurice  et  Sion, 
dans  le  Valais,  au  diocèse  de  Sion  (Suisse),  re- 
connaît pour  fondateur  Aymon,  Évêque  de  Sion, 
fils  de  Pierre,  baron  de  La  Tour-Châtillon.  Ce 
pre'lat  fut  aide'  dans  son  œuvre  par  son  neveu 
Pierre  de  La-Tour,  seigneur  de  Châtillon  et  par 
Jean  de  Auniviz.  Cette  Chartreuse  eut  une  courte 
existence,  elle  fut  abandonnée  par  l'Ordre,  en 
i35o. 

1330. 

VAUCLAIR. 

La  Chartreuse  de  Vauclair,  construite  sur  le 
bord  de  l'Isle,  dans  une  gorge  qui  se'pare  les 
villes  de  Coutras  et  de  Saint-Astier,  au  dio- 
cèse de  Pe'rigueux,  de'partement  de  la  Dor- 
dogne,  fut  fonde'e  par  Archambaud  et  Roger-Ber- 
nard, comtes  de  Pe'rigord.  Ce  dernier  confirma 
la  donation  d'Archambaud  IV  ;  la  charte  est 
date'e  du  23  juin  1 3 3 5 .  Leur  frère,  le  Cardi- 
nal de  Talleyrand-Pe'rigord,  Évêque  d'Auxerre, 
termina  la  construction.  Son  testament,  insère' 
dans  le  Gallia  Christiana  ,  porte  qu'il  laisse 
pour  la   Chartreuse   de    Vauclair  dix  mille  écus 


—  293  — 

d'or .  Cette  Maison  fut  ravage'e  et  de'vaste'e 
par  les  Anglais,  au  XIVe  siècle  ;  les  Moines  se 
retirèrent  à  Bordeaux  et  ils  ne  purent  revenir  à 
Vauclair  qu'en  1460.  A  peine  ce  Couvent  était-il 
restaure'  que  les  Protestants  le  saccagèrent  et 
massacrèrent,  en  haine  de  la  religion,  plusieurs 
Religieux.  Cette  Chartreuse,  restaure'e  de  nou- 
veau, fut  supprime'e  par  la  Re'volution  française, 
en  1790,  et  vendue  comme  propriété  nationale, 
en   1793. 

En  i858,  sous  le  Généralat  du  R.  P.  Dom 
Jean-Baptiste  Mortaize,  les  Chartreux  rachetè- 
rent cet  ancien  Monastère,  sur  les  instances  de 
Monseigneur  Georges,  Évêque  de  Pe'rigueux  et 
de  Sarlat,  et  en  reprirent  possession  après  l'avoir 
restaure'.  Le  cloître  contient  vingt  -  quatre  cel- 
lules. 

1331. 

COBLENTZ. 

La  Chartreuse  de  Saint-Béat,  sur  une  mon- 
tagne entre  le  Rhin  et  la  Moselle,  près  de  Co- 
blentz,  au  diocèse  de  Trêves,  électorat  de  Trêves 
(Allemagne),  fut  fonde'e  par  Baudouin,  comte  de 
Leutzbourg,  Archevêque  de  Trêves  et  frère  de 
l'Empereur  Henri  ;  ce  prélat  e'tablit  les  Char- 
treux dans  un  ancien  Monastère  e'rige'  en  collé- 
giale, et  obtint  le  consentement  des  Moines  sé- 
cularise^.   Cette    Maison    exista     jusqu'au    siècle 


—  294  — 

dernier  ;  elle    fut  supprime'e   par   les   arme'es    de 
la   Re'publique    française,  en   1794. 

1332. 

TARCKAN. 

La  Chartreuse  du  Val-de-Secours  ou  de  Tarc- 
kan,  près  de  la  ville  d'Agria,  au  diocèse  de  ce 
nom,  comte'  de  Barca  (Hongrie),  n'a  pas  de  fon- 
dateur connu  ;  quelques  auteurs  font  remonter 
sa  fondation,  à  l'anne'e  i3oo.  Ruine'  par  les 
guerres,  ce  Monastère  fut  abandonne' par  l'Ordre, 
en   i55'2. 

1330. 

GRUNAW. 

La  Chartreuse  de  La  Celle-Notre-Dame,  ou  de 
La  Noavelle-Celle,  à  Grunaw,  près  de  la  ville  de 
Wertheim,  au  diocèse  de  Wurtzbourg,  en  Franco- 
nie  (Allemagne),  eut  pour  fondateurs  le  comte 
de  Wertheim  et  Élizabeth,son  e'pouse.  Ce  Couvent 
ayant  e'te'  ruine'  par  les  Luthe'riens,en  i55o,  les  Reli- 
gieux furent  oblige's  de  prendre  la  fuite  et  de  se  re- 
tirer à  la  Chartreuse  du  Jardin- Notre-Dame,  à 
Illmbach.  Après  la  paix,  le  Monastère  de  La  Cel- 
le-Notre-Dame fut  re'tabli  dans  son  ancien  e'tat 
et  exista  jusqu'à  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  e'poque 
de  sa  suppression  par  les  arme'es  françaises. 


—  2gb  — 

1334. 

COLOGNE. 

La  Chartreuse  de  Sainte- Barbe,  à  Cologne, 
dans  l'endroit  qui  porte  encore  le  nom  de  Sent 
Martens  Wellt,  ou  champ  de  Saint-Martin,  au 
diocèse  de  Cologne  (Allemagne),  reconnaît  pour 
fondateur  Waleran  ou  Wulfran,  Archevêque  de 
Cologne,  et  pour  grand  bienfaiteur  Erharde  Win- 
heimie .  Après  avoir  subi  bien  des  vicissitudes 
pendant  les  troubles  suscite's  par  les  princes  Lu- 
the'riens,  elle  fut  supprime'e  par  les  arme'es  fran- 
çaises en  17^4. 

1334. 

BOLOGNE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Jérôme,  près  de  Bo- 
logne, au  diocèse  du  même  nom,  dans  les  Etats 
du  Pape  Italie  ,  fut  fonde'e  par  François  de  Sero, 
de  Parme,  chanoine  de  Bologne.  Le  docteur  Jean 
Andréa  Caldèrin  fit  construire  l'église  et  quelques 
cellules.  Dom  Bonacursi,  Abbe'  de  Saint-Procul, 
au  nom  d'Albert  Bertrand,  Évêque  de  Bologne, 
posa  la  première  pierre  de  l'église  qui  fut  consa- 
crée par  Jean  Naso,  Evêque  de  Bologne.  Cette 
Chartreuse  ,  supprimée  en  1804  par  l'Empe- 
reur Napoléon  Ier,  avait  tellement  eu  à  souffrir 
des  brigandages  des   armées    françaises   qu'il  fut 


—  296  — 

impossible  de  la   rétablir  ;   elle  sert  actuellement 
de  cimetière. 

1335. 

TRÊVES. 

La  Chartreuse  de  Saint-Alban,  près  de  la  ville 
de  Trêves,  au  diocèse  du  même  nom,  e'iectorat 
de  Trêves  (Allemagne),  fut  fonde'e  par  Baudouin 
de  Leutzbourg,  Archevêque  de  Trêves,  archi- 
chancelier  de  l'Empire.  En  1794,  les  arme'es  de  la 
Re'publique  française  la  supprimèrent. 

1335. 

STRASBOURG. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sainte-Marie,  près  de 
Strasbourg,  au  diocèse  du  même  nom  (Alsace), 
eut  pour  fondateurs  Berthold,  Evêque  de  Stras- 
bourg, et  trois  riches  bourgeois  de  cette  ville, 
Jean  Minien,  Ge'rard  de  Saxe,  et  Werner.  Les 
Calvinistes  chassèrent  les  Chartreux  de  leur  Cou- 
vent, en  i5gi,  y  mirent  le  feu  et  le  re'duisirent 
en  cendres.  Les  Religieux  se  re'fugièrent  d'abord 
dans  la  ville  de  Strasbourg,  où  ils  possédaient 
un  hospice,  puis  vinrent  s'e'tablir  à  Molsheim, 
en  1600,  dans  une  nouvelle  Maison  que  Charles 
de  Lorraine,  Cardinal  Evêque  de  Strasbourg, 
leur  fit  construire  en  cet  endroit. 


—  297  — 

1335. 

MORTEMER. 

La  Chartreuse  de  Mortemer,  au  diocèse  de 
Limoges,  département  de  la  Haute-Vienne,  fut 
fonde'e  par  Pierre  de  Mortemer,  Cardinal,  Évê- 
que  d'Auxerre.  Un  manuscrit  de  la  Grande  Char- 
treuse reporte  cette  fondation  à  l'année  1401.  Ce 
Monastère  n'ayant  pas  reçu  une  dotation  suffi- 
sante, le  Chapitre  Gène'ral  de  1412  ordonna  de 
l'abandonner. 

1338. 

LUCQUES. 

La  Chartreuse  du  Saint-Esprit,  près  de  Luc- 
ques,  au  diocèse  du  même  nom  (Italie),  doit  son 
origine  à  Barthélémy  d'Aldobrandi,  patricien  de 
Lucques.  L'église  fut  consacrée  par  Be'ranger, 
Évêque  de  Lucques,  en  i363.  L'Empereur  Na- 
poléon Ier  supprima  ce  Couvent,  en  1806. 

1338. 

GUILLONÈSE. 

La  Chartreuse  de  la  Porte -du -Paradis,  à 
Guillonèse,  au  diocèse  de  Termoli,  royaume  de 
Naples  (Italie),  fut  fondée  par  Agnès,  duchesse  de 


—  298  — 

Duras  et  comtesse  de  Gravina,  puis  abandonnée 
par  l'Ordre,  en   1420. 

1340. 

SIENNE. 

La  Chartreuse  de  Beauregard  (Bel-Rignardo), 
près  de  Sienne,  au  diocèse  de  ce  nom,  en  Tos- 
cane (Italie^,  eut  pour  fondateur  Nicolas  Cincia- 
gond  de  Cinighus,  banquier  de  Sienne.  L'Ordre 
l'abandonna  en   i636. 

1340. 

ARNHEIM. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Monichusen, 
ou  àyÀrnheim,  au  diocèse  d'Utrecht  Hollande",  fut 
fonde'e  par  Reinald  Ier,  duc  de  Gueldres,  et  Ele'o- 
nore,  son  e'pouse,  fille  d'Edouard,  Roi  d'Angle- 
terre. Elle  ne  fut  habite'e  qu'en  1 345.  Entière- 
ment ruine'e  par  les  Luthériens,  en  i585,  elle  fut 
abandonnée  par  l'Ordre, au  siècle  suivant. 

1340. 

PRAGUE. 

La  Chartreuse  du  Jardi\-de-Notre-Dame,  près 
de  Prague,  au  diocèse  du  même  nom    Bohême  . 


—  299  — 

est  due  à  la  générosité  de  Jean,  Roi  de  Bohême. 
Cependant  quelques  auteurs  lui  donnent  comme 
fondateur  l'Empereur  Henri  VI,  et  le  manuscrit 
de  la  Grande  Chartreuse  fait  remonter  cette  fon- 
dation à  l'année  1200.  Dévastée  et  brûlée  par 
les  Hussites  commandés  par  Ziska,  en  1406,  elle 
fut  plus  tard  abandonnée  par  l'Ordre,  en  i5i2 
d'après  la  carte  des  fondations  ,  et  selon  d'autres 
auteurs,  en   1420. 

1342. 

FLORENCE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Laurent,  près  de  Flo- 
rence, au  diocèse  du  même  nom,  en  Toscane,  eut 
pour  fondateur  Nicolas  Acciajuoli,  citoyen  de  Flo- 
rence, grand  sénéchal  du  Roi  de  Sicile  et  de  Jéru- 
salem. Parmi  les  bienfaiteurs, on  cite  surtoutAngelo 
Acciajuoli,  Cardinal  Archevêque  de  Florence,' mort 
le  12  juin  1407,  et  Donat  Acciajuoli,  mort  en  août 
1478.  Vers  i638,  François  Gallutius,  noble  floren- 
tin, combla  ce  Monastère  de  grands  biens  et  mérita 
le  titre  d'insigne  bienfaiteur.  En  [799,  ce  Couvent 
donna  asile  pendant  plusieurs  mois  au  Pape  Pie  VI, 
chassé  de  ses  Etats  par  le  gouvernement  français. 
Pie  VII  s'y  arrêta  un  instant,  en  1808,  lorsqu'il 
était  conduit  prisonnier,  par  les  agents  de  Napo- 
léon Ier.  Cette  Chartreuse  fut  supprimée  en  1810 
par  ce  monarque,  et  rétablie  en  1818  ;  elle  existe 
encore,    mais  les  Religieux  en  ont  été  expulsés  par 


—  3oo  — 

Victor-Emmanuel,  Roi  d'Italie,  en  1866  ;  et  les 
Chartreux  qui  re'sident  encore  dans  ce  Monastère 
n'y  sont  qu'à  titre  de  gardiens. 

1343. 

PONTINIANI. 

La  Chartreuse  de  Saint-Pierre,  à  Pontiniani, 
près  de  Sienne,  au  diocèse  du  même  nom,  en  Tos- 
cane (Italie),  fut  fondée  par  Binde  de  Petronis,  pro- 
tonotaire apostolique  et  prévôt  de  l'église  cathédrale 
de  Sienne.  En  i636,  le  Chapitre  Général  avec  l'as- 
sentiment du  Pape  Urbain  VIII,  donna  à  cette 
Chartreuse  les  propriétés  du  Couvent  de  Beaure- 
gard  (Bel  Riguardo)  qui  venait  d'être  supprimé. 
Quelques  auteurs  pensent  que  le  Monastère  de 
Saint-Pierre  fut  abandonné  par  les  Chartreux  en 
1784,  mais  sa  suppression  qui  date  de  18 10  est  due 
à  Napoléon  Ier. 

1343. 

NOTTINGHAM. 

La  Chartreuse  de  Belle- Vallée,  près  de  Not- 
tingham,  au  diocèse  d'York,  comté  de  Nottingham 
(Angleterre  ,  eut  pour  fondateurs  Jean  et  Nicolas 
de  Chanteloup,  seigneurs  d'Ilkcston, Jeanne, épouse, 
et  William,  fils  de  Nicolas  de  Chanteloup.  Cette 
fondation    fut    confirmée    par    Edouard   III,    Roi 


—  3oi  — 

d'Angleterre,  en  i'34'3.  On  compte  parmi  les 
bienfaiteurs  William  de  Aldeburgh,  William  de 
Ryther  et  Sibille,  son  épouse,  Elisabeth  Staple- 
ton,  et  Edouard  Baliol.  Ce  Couvent  ayant  été 
détruit  par  les  hérétiques,  sous  Henri  VIII,  les 
Religieux  persécutés  durent  se  réfugier  dans  dif- 
férentes Chartreuses  de  la  Flandre  et  de  la  Hol- 
lande, en  1539. 

1345. 

VAL-DU-PARADIS. 

La  Chartreuse  de  Saint-Jacques-du-Val-du-Pa- 
radis,  au  diocèse  de  Barcelone,  en  Catalogne  (Es- 
pagne), eut  pour  fondatrice  Blanche  de  Sentillis. 
Ce  Monastère  n'eut  pas  un  siècle  d'existence  ; 
pour  des  raisons  qui  nous  sont  inconnues  l'Ordre 
l'abandonna  en  141 5,  et  transmit  ses  propriétés  à 
la  Chartreuse  de  Mont-Alègre. 

1346. 

FRIBOURG. 

La  Chartreuse  du  Moxt-Saixt-Jean-Baptiste, 
près  de  Fribourg ,  au  diocèse  de  Constance,  en 
Brisgau,  fut  fondée  par  Jean  Schwelin,  chevalier  et 
bourgmestre  de  Fribourg.  Elle  paraît  avoir  joui 
d'une  grande  prospérité,  jusqu'à  l'époque  de  sa 
suppression,  en   1782. 


—    302    - 

1348. 
BRUGES. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Anne,  près  de  Bruges, 
au  diocèse  de  ce  nom  (Belgique),  destinée  à  des 
Moniales,  eut  pour  fondateurs  Guillaume  Scot, 
chirurgien,  et  Marguerite,  son  épouse.  Quelques  au- 
teurs attribuent  cette  fondation,  à  Baudouin  Vosse, 
riche  marchand  de  Bruges,  ou  encore,  à  Bertrand  de 
Vos,  gentilhomme  flamand.  On  compte  parmi  les 
bienfaiteurs  du  Couvent  Jean  Hertsberge,  Cathe- 
rine, son  épouse,  et  Jean,  son  fils  qui  devint  cha- 
noine de  l'église  de  Bruges.  Cette  Chartreuse  ayant 
été  pillée  et  saccagée  par  les  Gueux,  en  i  378,  les 
Religieuses  durent  se  réfugier  dans  la  ville.  Ré- 
parée quelques  années  plus  tard,  elle  fut  supprimée 
par  l'Empereur  Joseph  II,  en  iy83. 

1348. 

CADSAN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame,  dans  l'île  de 
Cadsan,  au  nord  de  la  ville  de  l'Ecluse,  ancien 
diocèse  de  Bruges  (Belgique),  fut  fondée  d'après 
un  article  du  traité  de  paix  signé  entre  Louis 
de  Maie,  comte  de  Flandre,  et  Edouard  III,  Roi 
d'Angleterre.  Détruite  en  partie  par  les  Anglais  ,en 
1 385,  et  submergée  par  les  inondations  de  l'Océan, 
elle    dut   être   abandonnée   par   l'Ordre,  en   1404. 


—  3o3  — 

1348. 
WURTZBOURG. 

La  Chartreuse  du  Jardin -des -Anges,  ou  de 
Wurtqbourg,  au  diocèse  du  même  nom,  en  Fran- 
conie  (Allemagne),  doit  sa  fondation  à  Hébrard 
de  Hirchborn  ou  d'après  quelques  auteurs,  de 
Harscheim  ,  Archevêque  de  Wurtzbourg.  A  cause 
du  malheur  des  temps,  elle  aurait  été  abandonnée 
au  XVIe  siècle,  sans  l'énergie  de  Dom  Dorland  Agri- 
cola  et  de  Dom  Jean  Milner.  Les  armées  fran- 
çaises la  supprimèrent,  à  la  fin  du  XVIIIe'  siècle. 

1349. 

xMILAN. 

La  Chartreuse  de  Saint-Ambroise,ou  de  YAgnus- 
Dei,  à  Carignano,  près  de  Milan,  au  diocèse  du 
même  nom,  dans  le  Milanais  (Italie),  fut  fondée  par 
Jean  Visconti,  Archevêque  de  Milan,  et  supprimée 
par  l'Empereur  Joseph  II,  en   1782. 

1349. 

MONTELLI. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Marie  et  Saint-Jérôme, 
dans  une  grande  forêt  près  de  Montelli,  au  dio- 
cèse  de    Trévise,    République  de  Venise   (Italie), 


—  304  — 

eut  pour  fondateurs,  Jeanneto  de  Bucca,  citoyen  de 
Venise  ;  Lolbert  et  Schénella,  comtes  de  Trévise. 
Parmi  les  bienfaiteurs,  on  remarque  Manfrède,  de 
Gollalto,  comte  de  Trévise,  qui  augmenta  la  fon- 
dation par  ses  libéralités.  La  Chartreuse  de  Mon- 
telli  fut  supprimée  et  mise  en  vente,  ainsi  que  ses 
biens,  par  décret  de  la  sérénissime  République,  en 
date  du  7  septembre   1768. 

1351. 

LA  PIERRE-DE-REFUGE. 

La  Chartreuse  de  La  Pierre-de-Refuge  (Hon- 
grie), n'a  pas  de  fondateur  connu.  Le  manuscrit  de 
la  Grande  Chartreuse  pense  qu'elle  persista  jus- 
qu'au milieu  du  XVIe  siècle  et  qu'elle  fut  détruite 
par  les  Luthériens. 

1351. 

TUCKELHAUSEN. 

La  Chartreuse  de  La-Celle-du  Salut,  à  Tûckel- 
hausen,  au  diocèse  de  Wurtzbourg,  en  Franconie 
(Allemagne),  était  primitivement  occupée  par  des 
Religieux  Prémontrés  ;  elle  fut  cédée  aux  Char- 
treux par  Ebohard  de  Rider,  doyen  de  l'église  de 
Wurtzbourg,  avec  le  consentement  de  l'Ordre  des 
Prémontrés.  Cette  Chartreuse  fut  saccagée  et  brû- 
lée en  partie   par   les  Luthériens,   en    i552,   puis 


abandonnée  pendant  quelques  années,  et  rebâtie,  en 
1575,  par  Dom  Nicolas  Comitius,  profès  de  la 
Maison  de  Cologne.  A  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  les 
armées  françaises  la  supprimèrent. 

1356. 

VILLENEUVE. 

La  Chartreuse  de  La  Vallée-de-Bénédiction, 
à  Villeneuve ,  près  d'Avignon  ,  au  diocèse  de 
Nîmes,  département  du  Gard,  fut  fondée  par 
Etienne  Aubert,  Pape  sous  le  nom  d'Innocent  VI, 
le  2  juin  1 3 56.  Ce  Souverain  Pontife  dota  riche- 
ment cette  Chartreuse  et  la  plaça  sous  la  protec- 
tion de  saint  Jean-Baptiste  ;  en  i3b2,  elle  prit  avec 
son  consentement,  le  nom  de  Vallée-de-Bénédiction. 
Les  grands  bienfaiteurs  de  ce  Monastère  furent 
Etienne  Aubert,  Évêque  de  Carcassonne,  petit- 
neveu  d'Innocent  VI  ;  Pierre  Salva  de  Montirac, 
Cardinal  de  Pampelune,du  titre  de  Saint-Anastase, 
autre  neveu  du  même  Pape  ;  Audoin  Aubert,  Évêque 
de  Paris,  puis  d'Ostie,  Cardinal  du  titre  de  Saint- 
Jean  et  Saint-Paul,  aussi  neveu  d'Innocent  VI  ; 
Guy  de  Bologne,  Cardinal  du  titre  de  Sainte-Cé- 
cile, qui  consacra  l'église  du  Monastère  ;  Jean  de 
Neufchâtel,  Evêque  de  Tulle,  Cardinal  du  titre 
des  Quatre-Saints-Couronnés  ;  Jean  de  la  Grange, 
Evêque  d'Amiens,  Cardinal  du  titre  de  Saint-Mar- 
cel. Les  Chartreux  de  la  Vallée-de-Bénédiction  eu- 
rent   beaucoup  à  souffrir  pendant    les  guerres    de 

20 


—  3o(5  — 

Religion.  En  i633,  ils  fondèrent  la  Chartreuse  de 
Marseille.  Supprimé  par  les  décrets  de  l'Assem- 
blée nationale,  en  1790,  le  Couvent  de  Villeneuve 
ne  fut  vendu  qu'en  1792  et  les  Religieux  ne  l'a- 
bandonnèrent qu'à  cette  époque. 

1357.      • 
LIÈGE. 

La  Chartreuse  des  Saints  -  Apôtres  ,  à  Liège, 
au  diocèse  du  même  nom  (Belgique),  eut  pour  fon- 
dateurs Jean  de  Brabant,  échevin  de  Liège  et  En- 
gelbert  de  la  Mark,  Évèque  de  Liège.  Cette  Maison 
avait  été  occupée  primitivement  par  des  Religieux 
Prémontrés  qui  s'établirent  dans  l'intérieur  de  la 
ville.  Commencée  en  1 35j,  elle  ne  fut  incorporée  à 
TOrdre  des  Chartreux  qu'en  i36i.  Helmice  de 
Moylant,  chanoine  de  Liège  et  Catherine  de  Flé- 
mahl,  épouse  de  Reward  du  Pont,  en  sont  regar- 
dés comme  les  principaux  bienfaiteurs. 

Les  guerres  du  XVe  siècle  causèrent  bien  des  per- 
tes à  ce  Monastère;  incendié  en  1487,  puis  restauré, 
il  fut  supprimé  en  1794  par  les  armées  françaises. 

1359. 

CASTRES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Belle-Vue, 
près  de  Castres,    sur  la    rivière  d'Agout,   au  dio- 


—  3o/  — 

cèse  cTAlbi,  département  du  Tarn  ,  doit  sa  fon- 
dation à  Raymond  Saisse,  bourgeois  de  Castres, 
et  à  son  épouse.  Les  Calvinistes  ayant  détruit  ce 
Couvent,  vers  la  fin  de  Tannée  i56y,  les  Religieux 
durent  se  retirer  à  Toulouse,  et  ne  purent  rebâtir 
leur  Monastère  qu'en  1(574.  Un  décret  de  l'As- 
semblée nationale  du  i3  février  1790  en  ordonna 
la  suppression. 

1360. 

PODIEBRAD. 

La  Chartreuse  de  Podiebrad,  au  diocèse  de  Pra- 
gue (Bohême),  fut  fondée  par  Botzko  de  Cunsdat. 
Après  quelques  années  d'existence,  le  manque  de 
ressources  obligea  l'Ordre  à  l'abandonner,  en 
i269. 

1360. 

STETTIN. 

La  Chartreuse  de  La  Grace-de-Dieu,  à  Stettin, 
sur  la  rive  gauche  de  l'Oder,  dans  l'ancien  diocèse 
de  Camin,  en  Poméranie  (Prusse),  eut  pour  fon- 
dateur Bernin  III,  duc  de  Stettin.  Les  Protestants 
l'ayant  détruite  en  i55o,  l'Ordre  ne  put,  faute  de 
ressources ,  en  relever  les  ruines,  et  peu  de  temps 
après,  le  prince  de  Poméranie  s'en  empara  pour  en 
faire  une  citadelle. 


—  3o8  — 

1362. 
AMSTERDAM. 

La  Chartreuse  du  Port-du-Salut-dé-Saint- André, 
près  d'Amsterdam,  au  diocèse  d'Utrecht  (Hollande), 
daterait  de  l'année  1 392,  d'après  le  manuscrit  de  la 
Grande  Chartreuse  ;  mais  la  carte  des  fondations 
donne  la  date  de  i3Ô2.  Ses  fondateurs  furent  Guil- 
laume et  Albert,  comtes  palatins  de  Hollande.  Les 
Protestants  la  détruisirent  en  i585. 

1364. 

LEWELD. 

La  Chartreuse  du  Val-Saint-Michel,  à  Le- 
weld,  près  de  la  ville  de  Gran,  au  diocèse  de  Stri- 
gonie  (Hongrie),  fut  fondée  par  Louis  d*Anjou, 
Roi  de  Hongrie  ;  détruite  par  les  Turcs,  elle  fut 
abandonnée   par  l'Ordre  en   i56o. 

1367. 

PISE. 

La  Chartreuse  du  Val-de-Grace,  près  de  Pise, 
au  diocèse  du  même  nom,  en  Toscane  (Italie), 
située  sur  les  bords  de  la  rivière  de  l'Arno,  dans 
la  vallée  de  Cala,  fut  fondée,  sur  l'invitation  de 
sainte  Catherine  de  Sienne,  par  Pierre   Mirantis, 


—  :>oq  — 

citoyen  de  Pise,  et  Loth  François  de  Gamba- 
curtis  qui  par  testament  avait  laissé  des  sommes 
considérables,  à  cette  intention.  Grégoire  XI  y  réu- 
nit le  Monastère  de  Saint-Vitus  de  Pise  ;  cette  Ab- 
baye avait  été  retirée  aux  Bénédictins  parce  qu'ils 
n'observaient  plus  la  discipline  régulière.  En  1482, 
le  Chapitre  Général  augmenta  encore  les  revenus 
de  cette  Maison,  en  lui  attribuant  les  biens  de  l'an- 
cienne Chartreuse  de  Sainte-Marie-et-Saint-Gor- 
gon,  située  dans  l'île  de  Gorgone.  La  Chartreuse 
du  Val-de-Grâce  éprouva  beaucoup  de  pertes,  pen- 
dant les  guerres  qui  désolèrent  la  péninsule.  Sup- 
primée en  1808  par  Napoléon  Ier,  et  rétablie  en 
18 16,  elle  existe  encore,  mais  la  plupart  des  Reli- 
gieux ont  été  expulsés  par  le  Roi  d'Italie,  Victor- 
Emmanuel,  en  1866,  et  ses  biens  sont  sous  séquestre. 

1368. 
CATANE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Lumière,  ou 
de  Nova-Luce,  près  de  Catane,  au  diocèse  de  ce 
nom  (Sicile),  doit  sa  fondation  à  Artaud  d'Ala- 
gon,  comte  de  Mistrel  et  gouverneur  de  Sicile. 
D'après  quelques  auteurs, la  charte  de  fondation  est 
datée  du  mois  de  mars  1078.  Cette  Maison  fut 
ruinée  par  les  guerres,  vers  i38o,  et  donnée  aux 
Bénédictins,  en  1 385.  Comme  compensation,  on 
construisit  la  Chartreuse  du  Val-du-Christ,  dans 
le  royaume  de  Valence. 


—  3 1  o  — 

1370. 

LONDRES. 

La  Chartreuse  de  La  Salutation-de-la-Bien- 
heureuse-Vierge-Marie  ou  Salutation-Mère-Dieu, 
à  Londres,  au  diocèse  de  ce  nom,  comté  de  Mid- 
dlesex  (Angleterre),  eut  pour  fondateurs  Walter 
de  Manny,  Chevalier  de  la  Jarretière,  originaire 
du  diocèse  de  Cambrai,  et  Marguerite  son  épouse. 
Edouard  III,  Roi  d'Angleterre,  confirma  cette  fon- 
dation par  une  charte  datée  de  Westminster  le  6 
février  i3yi.  Le  Pape  Urbain  VI  donna  aussi,  en 
faveur  de  cette  Maison,  aux  ides  de  décembre  i3y8, 
une  Bulle  datée  de  Rome,  à  Sainte-Marie  au  delà 
du  Tibre.  L'Évêque  Michel  Northleroock  est  regar- 
dé comme  un  grand  bienfaiteur  de  ce  Couvent  qui 
fat  supprimé  par  Henri  VIII,  en  1539.  Le  Roi 
donna  cette  Chartreuse  à  sire  Thomas  Audley  \ 
elle  passa  ensuite  entre  les  mains  de  Thomas  Ho- 
ward, duc  de  Nordfolk,  qui  en  fit  le  lieu  de  sa  rési- 
dence. En  161 1,  Thomas  Howard,  comte  de  Suf- 
folk,  la  vendit  à  Thomas  Sutton,  écuyer,  qui  y 
établit  un  hôpital. 

1370. 

ROME. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Marie-des-Axges,  à 
Rome,  dans  les   Etats  de  l'Eglise  (Italie),  portait 


—  3 


i  i 


primitivement,  le  titre  de  Sainte-Croix-de-Jérusa- 
lem;  elle  se  trouvait  loin  du  centre  de  la  ville  et 
avait  été  donnée  aux  Chartreux  par  le  Pape  Ur- 
bain V.  Les  Souverains  Pontifes  comblèrent  de 
faveurs  ce  Couvent  qui  avait  été  d'abord  occupé 
par  des  Bénédictins.  Nicolas  des  Ursins,  comte 
de  Noie,  est  considéré  comme  un  de  ses  principaux 
bienfaiteurs.  Cette  Chartreuse  fut  transférée,  en 
i56i,  par  le  Pape  Pie  IV,  sur  remplacement  des 
Thermes  de  Dioclétien  et  mise  sous  le  vocable  de 
Sainte-Marie-des-Anges.  Pie  IV  la  fit  construire,  la 
dota  richement  et  la  combla  de  nombreux  privilèges. 
Les  armées  républicaines  commirent  beaucoup  de 
brigandages  dans  ce  Monastère  qui  fut  supprimé, 
en  1804,  par  Napoléon  Ier  et  rétabli  en  18 14,  par 
le  Pape  Pie  VII.  Aujourd'hui,  la  Chartreuse  de 
Sainte-Marie-des-Anges  existe  encore,  mais  elle  ne 
renferme  plus  qu'un  petit  nombre  de  Religieux  ; 
les  autres  ont  été  expulsés,  en  1868,  par  Victor- 
Emmanuel,  Roi  d'Italie,  et  ses  biens  sont  sous 
séquestre. 

1371. 

CAPRI. 

La  Chartreuse  de  SAiNT-JACQUES,dans  la  petite  île 
de  Capri,  dépendante  du  royaume  de  Naples,  au 
diocèse  de  Capri  (Italie),  fut  fondée  par  Jacques 
Arcucius  de  Capri,  comte  de  Minerbini, chancelier 
de  la  reine  Jeanne  de  Sicile.  Cette  princesse  dota 


—   012    — 

ce  Monastère,  lui  fit  de  nombreuses  largesses,  et 
lui  accorda  de  grands  privilèges.  Cette  Chartreuse, 
supprimée,  en  1806,  par  décret  de  Napoléon  Ier, 
n'a  pu  être  rétablie. 

1372. 

ERFURTH. 

La  Chartreuse  du  Mont-St-Sauveur,  au  faubourg 
d'Erfurth,  que  Ton  trouve  aussi  écrit  Erford,  dio- 
cèse de  Mayence,  doit  sa  fondation  à  Jean  Orton  de 
Boymelberg,  prévôt  de  Dorland,  avec  le  consente- 
ment de  Jean,  Archevêque  de  Mayence,  qui  consa- 
cra Téglise  du  Couvent,en  1374.  Cette  Chartreuse  fut 
rançonnée  et  ravagée  plusieurs  fois  par  les  armées 
Luthériennes.  Restaurée  au  commencement  du 
XVIIe  siècle,  elle  fut  supprimée,  à  la  fin  du  siècle 
suivant,  par  les  armées  de  la  République  française. 

1373. 

BRUNN. 

La  Chartreuse  de  La  Sainte-Trinité,  près  de 
Brunn,  au  diocèse  d'Olmutz,  en  Moravie  (Bohême), 

eut  pour  fondateurs  Jean-Henri,  marquis  de  Mora- 
vie, Elisabeth,  son  épouse,  et  leurs  trois  fils.  Elle 
éprouva  de  grands  malheurs  sous  la  tyrannie  des 
Hussites  qui  la  ruinèrent  entièrement,  mais  Ale- 
xis d'Olmutz,  chanoine  de  l'église  de  Breslau,  la  fit 


D  I-*> 


reconstruire,  en  1490.  L'Empereur  d'Autriche,  Jo- 
seph II,  la  supprima  en  1782. 

1376. 

RUREMONDE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Bethléem,  à 
Ruremonde,  dans  la  Flandre  Autrichienne,  doit 
sa  fondation  à  Werner  Swelmen,  écuyer,  et  à  Ber- 
the  Geylenkerken,  son  épouse.  Gérard  III,  comte 
de  Gueldres,  fut  un  des  grands  bienfaiteurs  du 
Couvent.  Quelques  auteurs  considèrent  même  ce 
pieux  seigneur,  comme  fondateur.  La  Chartreu- 
se de  Notre-Dame-de-Bethléem  fut  saccagée  le  2  3 
juillet  i5y2,  par  les  troupes  de  Guillaume  de  Nas- 
sau, prince  d'Orange,  qui  massacrèrent  plusieurs 
Religieux.  Restaurée  quelques  années  plus  tard,  elle 
fut  supprimée  par  l'Empereur  Joseph  II,  en  1783. 

1376. 

LEUTMERITZ. 

La  Chartreuse  de  Leutmeritz,  près  de  la  ville 
de  ce  nom,  au  diocèse  de  Leutmeritz  ou  Leutma- 
ritz  (Bohême),  fut  fondée  par  Albert  de  Stemberg, 
Evèque  de  Leutmeritz.  Pour  des  causes  inconnues, 
cette  Chartreuse  n'exista  que  peu  d'années  ;  d'a- 
près la  carte  des  fondations,  elle  fut  abandonnée 
par  l'Ordre,  en  1 394. 


—   :>  1 4  — 

1377. 

TOURNAY. 

La  Chartreuse  du  Mont-Saint-André,  au  fau- 
bourg de  Tournay,  au  diocèse  du  même  nom,  dans 
la  Flandre  (Belgique'1,  eut  pour  fondateur  Jean  de 
Werchin,  sénéchal  de  Hainaut.  Au  XVe  siècle, 
les  bandes  armées  qui  ravagèrent  la  contrée,  sac- 
cagèrent plusieurs  fois  ce  Couvent.  Les  hérétiques 
le  brûlèrent  en  1 566,  et  les  Moines  durent  se  cacher 
au  château  du  Biez ,  où  ils  reçurent  l'hospitalité 
de  la  noble  Dame  de  Vergny.  En  attendant  la 
reconstruction  du  Couvent ,  le  R.  P.  Général 
répartit  ses  Religieux  dans  les  différentes  Mai- 
sons de  la  province.  Rétabli,  en  i5o,i,  par  Hermès 
Le  Clerc,  médecin  et  citoyen  de  Tournay,  ce  Mo- 
nastère fut  plusieurs  fois  rançonné  par  les  armées 
ennemies.  A  la  bataille  de  Fontenoy,  sous  LouisXV, 
il  servit  d'hôpital  militaire  pour  les  blessés  des 
deux  partis.  Cette  Chartreuse  a  été  supprimée,  en 
iy83,  par  l'Empereur  Joseph  IL 

1378. 

GORGONE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Gorgon,  dans  l'île  de 
la  Gorgone,  près  de  l'île  de  Corse  ,  occupée,  au 
XIe  siècle  par  des  Moines  Bénédictins,  fut  donnée 
aux  Chartreux  par  le  Pape  Grégoire  XL  A  cause 


—  3 1 5  — 

des  fréquentes  incursions  des  pirates  algériens, cette 
Maison  fut  abandonnée  par  l'Ordre  en  1426,  et  les 
biens  servirent  à  doter  la  Chartreuse  de  Pise,  en 
1482.  Lorsque  le  Pape  Léon  X  donna  l'île  de  la 
Gorgone  à  la  République  de  Florence,  en  1 5 1 3, 
il  fut  spécifié  qu'une  reconnaissance  annuelle  se- 
rait payée  aux  Chartreux  de  Pise,  pour  leur  do- 
maine direct. 

1378. 

KINGSTON. 

La  Chartreuse  de  Saint-Michel,  à  Kingston- 
sur-Hull,  au  diocèse  d'York,  comté  d'York  (An- 
gleterre), eut  pour  fondateurs  Guillaume  de  la 
Pôle,  comte  de  Suffolck,  seigneur  de  Wingfield, 
Catherine,  son  épouse,  Edmond  son  frère  et  Michel 
son  fils.  Le  Monastère,  élevé  avec  l'autorisation  et 
l'assentiment  du  Roi  d'Angleterre,  était  placé  sous 
le  patronage  de  la  Sainte-Vierge,  de  saint  Michel 
Archange  et  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry  ;  il 
fut  détruit  pendant  le  schisme  d'Angleterre,  par 
le  Roi  Henri  VIII,  en   i53q. 

1379. 

EISENACH. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Elisabeth,  près  d'Ei- 
senach,  au  diocèse  de  Mayence,  en  Thuringe  (Aile- 


—  dio  — 

magne\  fut  fondée  par  les  Chartreux  cTErfurth,  de 
concert  avec  Mathias  d'Erbestein,  prévôt  du  Cha- 
pitre d'Erfurth. Cette  Maison  éprouva  la  fureur  des 
Luthériens  qui  s'en  emparèrent  et  la  détruisirent, 
ce   qui   obligea  l'Ordre   à   l'abandonner  en    id2d. 

1381. 

COVENTRY. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Anne,  près  de  Co- 
ventry,  au  diocèse  de  ce  nom,  comté  de  Warwick 
(Angleterre',  doit  sa  fondation  à  Guillaume  de 
Sowche  .  Quelques  auteurs  donnent  aussi  comme 
fondateur  Jean  de  Northergug,  qui  s'y  fit  Char- 
treux, mais  le  principal  bienfaiteur  de  ce  Monas- 
tère fut  Richard  II,  Roi  d'Angleterre,  ainsi  que 
le  prouve  sa  charte  datée  de  Westminster,  le  18  no- 
vembre 1 38 1 .  Le  promoteur  de  cette  fondation  fut 
Dom  Robert  Palmer,  Procureur  de  la  Chartreuse 
de  Londres.  Le  Monasticum  Anglicanum  rapporte 
que  le  Roi  Richard,  en  revenant  d'Ecosse,  vers  la 
fête  de  la  Nativité  de  la  Sainte- Vierge,  en  1 385 , 
posa  la  première  pierre  de  ce  Monastère,  le  samedi 
dans  Toctave  de  ladite  fête  de  la  Nativité.  Parmi 
les  bienfaiteurs,  on  compte  Richard  Luff;  Jean  Bo- 
tener  ;  Jean  Holmeton  de  Sleford;  Guillaume  Til- 
ney;  Marguerite  Byri  ;  Marguerite  Tylney;  Jean 
Bokyngton,  Evèque  de  Lincoln;  Thomas  de  Beau- 
champ,  comte  de  Warwick;  Adam  Botener;  Ro- 
bert  Braybroke,   Évêque  de   Londres;  Guillaume 


Tilney;  Jean  Morton,  chanoine  de  Lichfeld.  Cette 
Maison  fut  supprimée  pendant  le  schisme,  par 
Henri  VIII,  Roi  d'Angleterre,  en   i53c). 

1382. 

NUREMBERG. 

La  Chartreuse  de  La  Celle-Notre-Dame,  près 
de  Nuremberg,  au  diocèse  de  Bamberg,  en  Fran- 
conie  (Allemagne),  fut  fondée  par  Marquard  Men- 
del,  riche  et  puissant  citoyen  de  Nuremberg.  Le 
manuscrit  de  la  Grande  Chartreuse  reporte  cette 
fondation  à  Tannée  1428.  Les  Luthériens  s'empa- 
rèrent de  ce  Couvent,  le  pillèrent  et  chassèrent  les 
Moines,  en  1026.  L'Ordre  fut  obligé  de  l'aban- 
donner, à  cette  époque. 


1382. 

DANTZICK. 

La  Chartreuse  du  Paradis-Notre-Dame,  dans 
la  forêt  de  Culpin,  près  de  la  ville  de  Dantzick,  au 
diocèse  de  Vladislaw  (Pologne;,  eut  pour  fondateur 
Jean  Russentezin,  qui  donna,  comme  dotation,  au 
nouveau  Monastère,  le  revenu  des  seigneuries  de 
Culpin,  de  Czapell  et  de  Goigne.  On  ignore  l'épo- 
que de  sa  suppression,  mais  il  y  a  lieu  de  croire 
que  son  existence  fut  assez  courte. 


—  3i8  — 

1383. 

DIJON. 

La  Chartreuse  de  La  Sainte-Trinité,  près  de 
Dijon,  au  faubourg  d'Ousche,  diocèse  de  Dijon,  dé- 
partement de  la  Côte-d'Or,  doit  sa  fondation  à  Phi- 
lippe-le-Hardi,  duc  de  Bourgogne  et  comte  de 
Flandre,  et  à  Marguerite  de  Bavière,  son  épouse. 
Parmi  les  principaux  bienfaiteurs,  on  cite  le  duc 
Jean-sans-Peur  et  Philippe-Le-Bon,  duc  de  Bour- 
gogne. Le  Pape  Clément  VII  accorda  à  ce  Monas- 
tère quelques  privilèges, dans  une  Bulle  datée  d'Avi- 
gnon le  19  avril  i3gi.  Cette  Chartreuse  eut  à 
souffrir  des  déprédations  des  Calvinistes  ;  elle  fut 
rebâtie  au  XVIIIe  siècle,  et  supprimée  par  la  Révo- 
lution française  qui  vendit  ses  propriétés  comme 
biens  nationaux,  en  1792,  et  renversa  les  magni- 
fiques tombeaux  des  derniers  ducs  de  Bourgogne 
que  renfermait  son  église. 

1383. 

PIERRE-CHATEL. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Pierre-Chatel, 
non  loin  de  la  ville  de  Belley,  au  diocèse  du  même 
nom,  département  de  l'Ain,  fut  fondée  par  Amé- 
dée  VI,  comte  de  Savoie,  qui  établit  les  Chartreux 
dans  une  forteresse  bâtie  sur  la  pointe  d'un  rocher 
nommé  Pierre-Châtel.    Ce  Couvent  fut  richement 


—  3 1 9  — 

dote  avec  les  biens  que  l'épouse  du  comte  Amé- 
dée,  Bonne  de  Bourbon,  avait  laissés,  à  cet  effet, 
par  testament.  C'était  dans  ce  château  que  les  ducs 
de  Savoie  avaient  fondé  l'Ordre  des  chevaliers  de 
l'Annonciade,  et  l'on  continua  de  recevoir  dans  la 
Chartreuse  les  nouveaux  chevaliers. Sous  LouisXIII, 
par  provision  du  22  décembre  1641,  les  Prieurs 
et  les  Religieux  Chartreux  furent  nommés  capi- 
taines gouverneurs  du  fort  de  Pierre-Châtel,  qui 
était  la  clef  de  la  Savoie.  Les  Chartreux  prenaient, 
à  leur  choix,  un  capitaine  pour  remplir  les  fonc- 
tions militaires.  Ce  Couvent  fut  supprimé  par  dé- 
cret de  l'Assemblée  nationale  du   i3  février  1790. 

1383. 

TORNES. 

La  Chartreuse  de  Tornes,  au  diocèse  d'Ex- 
cester,  dans  le  Devonshire  (Angleterre),  fondée  par 
Guillaume  de  la  Souche,  conseiller  du  Roi,  eut  une 
courte  existence,  puisque  la  carte  des  fondations 
relate  son  abandon,  en  l'année   1 386. 

1384. 

ROUEN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-La-Rose,  à 
Rouen,  au  diocèse  de  ce  nom,  département  de  la 
Seine-Inférieure,    fut    fondée    par   Guillaume    de 


—    320    

l'Estrange,  Archevêque  de  Rouen.  Les  Calvinistes 
la  saccagèrent  et  la  ruinèrent  de  telle  façon  que 
l'Ordre  se  trouva  dans  la  nécessité  de  l'abandonner, 
en  1667.  Les  biens  de  ce  Couvent  furent  donnés  à 
la  Chartreuse  de  Saint-Julien,  au  faubourg  de 
Rouen. 

1384. 

NORDLINGEN. 

La  Chartreuse  du  Jardin-du-Christ,  ou  deNord- 
Imgen,  au  diocèse  d'Augsbourg,  dans  la  Souabe 
(Allemagne)  ,  doit  sa  fondation  à  Louis,  comte 
d'Oettingen,  de  concert  avec  plusieurs  membres  de 
sa  famille.  Dans  le  principe,  ce  n'était  qu'un  er- 
mitage qui  servait  d'hospice  aux  pèlerins  ;  mais 
par  un  décret  impérial  rendu  en  1599,  cette  Maison 
fut  érigée  en  Chartreuse  et  incorporée  à  l'Ordre, 
la  même  année.  Ruinée  par  les  hérétiques,  en  1634, 
elle  fut  abandonnée  par  l'Ordre,  en  i65o. 

1384. 

RATISBONNE. 

La  Chartreuse  de  Saint- Vitus,  ou  de  Ratisbon- 
ne,  au  diocèse  du  même  nom  (Bavière),  ne  daterait 
que  de  l'année  1484,  d'après  le  manuscrit  de  la 
Grande  Chartreuse.  On  pense  qu'elle  eut  pour  fon- 
dateur, Albert  le  Sage ,   duc  de  Bavière  et  comte 


—    32  I    — 

palatin.  Ce  prince,  avec  l'assentiment  du  Souve- 
rain Pontife,  aurait  enlevé  ce  Couvent  aux  Béné- 
dictins, pour  y  placer  les  enfants  de  saint  Bruno. 
La  Bulle  de  Sixte  III  est  datée  de  Rome  le  1 1  des 
calendes  de  novembre  1480.  Le  Pape  Innocent  a 
aussi  donné  en  faveur  de  ce  Monastère  une  Bulle 
datée  du  17  des  calendes  de  juin  1487.  Cette  Char- 
treuse fut  supprimée,  à  la  fin  du  XVIIIe  siècle  par 
les  armées  françaises. 

1385. 

VAL-CHRISTI. 

La  Chartreuse  du  Val -du -Christ  ou  Val-de- 
Cristo,  non  loin  de  Ségorbe,  au  diocèse  du  même 
nom,  dans  le  royaume  de  Valence  (Espagne),  eut 
pour  fondateurs  Martin  Ier,  Roi  d'Aragon  ;  Pierre, 
son  fils;  Jean,  son  frère,  et  Marie  de  Lune,  sa  belle- 
sœur;  elle  fut  construite  en  compensation  de  la  Char- 
treuse de  La  Porte-du-Paradis,  en  Sicile,  qui  avait 
été  enlevée  à  l'Ordre  des  Chartreux.  Commencé  en 
1 385,  ce  Monastère  fut  incorporé  à  l'Ordre,  l'année 
suivante.  La  consécration  de  l'église  se  fit  le  i3  no- 
vembre 1401,  par  Antoine,  Archevêque  d'Athènes, 
assisté  d'Hugues,  Evêque  de  Valence,  et  de  Fran- 
çois, Evêque  de  Ségovie,  en  présence  du  Roi  et 
du  Cardinal  Pierre  de  Serra.  Le  Couvent  du  Val- 
du-Christ  fut  supprimé  en  i835,  par  décret  du 
1 1  octobre,  sous  le  ministère  de  Dom  Alvaro  Go- 
mez  Becerra. 

21 


—    322    — 

1387. 
HILDESHEIM. 

La  Chartreuse  du  Cloître-Notre-Dame,  près 
d'Hildesheim,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  la  Basse- 
Saxe  (Allemagne),  fut  fondée  par  l'Évêqué  Gérard, 
baron  de  Mont-sur-Minda.  Quelques  auteurs  don- 
nent aussi  comme  fondateur  Thierry  de  Dasle, 
chanoine  de  la  cathédrale  de  Hildesheim,  qui  mou- 
rut en  1420.  Ce  Monastère  fut  prospère  jusqu'à 
l'époque  de  la  Réforme,  mais  saccagé  par  les  Lu- 
thériens, puis  rançonné  par  les  armées  qui  rava- 
gèrent si  longtemps  cette  contrée,  il  ne  put  relever 
ses  ruines  et  fut  supprimé  en   1778. 

1387. 

ASTI. 

La  Chartreuse  Saint-Jacques  et  Saixt-Philippe, 
près  d'Asti,  au  diocèse  du  même  nom, dans  leMont- 
ferrat  (Italie),  était  occupée  auparavant  par  des 
Moines  de  Vallombreuse  ;  le  Pape  Clément  VII  la 
céda  aux  Chartreux.  On  cite  comme  bienfaiteurs 
de  cette  Chartreuse  Jacques  et  Barthélémy  de  Sca- 
rampis.  Elle  eut  beaucoup  à  souffrir  des  nom- 
breuses guerres  qui  désolèrent  la  contrée,  mais  elle 
put  relever  ses  ruines,  grâce  aux  secours  de  la 
Grande  Chartreuse.  Les  révolutionnaires  italiens 
Font  supprimée,  au  commencement  du  XIXe  siècle. 


—    320    — 

1389. 

SAINT-ESPRIT. 

La  Chartreuse  du  Saint-Esprit,  au  diocèse  de 
Valence,  royaume  de  Valence  (Espagne',  est  fort 
peu  connue;  quelques  auteurs  ont  même  douté  de 
son  existence.  Elle  fut  construite  pour  des  Moniales, 
par  Marie,  épouse  de  Martin  Ier,  Roi  d'Aragon.  On 
croit  que  cette  Chartreuse  n'a  été  abandonnée  qu'au 
XVe  siècle  ;  les  Franciscains  de  l'Observance  l'ont 
occupée  plus  tard. 

1390. 

PAULAR. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-del-Paular,  près 
de  Ségovie  au  diocèse  de  Ségovie,  en  Castille  (Es- 
pagne:, fut  fondée  par  Jean  Ier,  Roi  de  Castille, 
d'après  la  volonté  dernière  de  Henri  II,  son  père. 
La  mort  ayant  empêché  ce  prince  de  terminer  son 
œuvre,  Henri  III,  son  successeur,  la  continua.  Il  fit 
bâtir  l'église,  en  i3o,3,et  dota  la  Chartreuse  de  grands 
biens.  Ce  Couvent  ne  fut  terminé  que  sous  le  règne 
de  Jean  II,  Roi  de  Castille,  en  1440.  Ce  prince 
donna  aux  Chartreux  son  château  de  Paular  et 
augmenta  encore  leurs  revenus.  Ce  Monastère  fut 
supprimé  en  1 835,  par  un  décret  daté  du  11  oc- 
tobre ,  sous  le  ministère  de  Dom  Alvaro  Gomez 
Becerra. 


—  324  — 

1390. 

FRANCFORT. 

La  Chartreuse  de  la  Miséricorde  de  Dieu,  près 
de  Francfort-sur-1'Oder ,  au  diocèse  de  Brande- 
bourg (Prusse),  eut  pour  fondateurs  Frizlen  Be- 
cow,  Frier  Belliko,  consul  de  Francfort,  et  quelques 
autres  riches  habitants  de  la  ville.  Cette  Char- 
treuse a  été  abandonnée  par  l'Ordre  en  i56o.  par 
suite  des  guerres.  Elle  est  actuellement  entre  les 
mains  des  Luthériens. 

1392. 
UTRECHT. 

La  Chartreuse  du  Saint-Sauveur  ,  près  d'U- 
trecht,  dans  une  vallée  qui  portait  le  nom  de  Vallée 
des-Fleurs,  au  diocèse  d'Utrecht  (Hollande),  doit 
sa  fondation  à  Sweder  d'Apconde,  baron  de  Gha- 
esbeke  et  de  Stryen,  du  consentement  d'Albert, 
comte  de  Flandre  et  de  Zélande,  et  de  Guillaume 
son  fils.  Ce  Couvent  fut  entièrement  détruit  par  les 
Luthériens,  et  l'Ordre  ne  pouvant  en  relever  les 
ruines  dut  l'abandonner  en  1609. 

1394. 

RUGENWALD. 

La  Chartreuse  de  la  Couroxne-Notre-Dame, 
près  de  Rugenwald,  au  diocèse  de  Camin,  en  Po- 


—  325  — 

méranie  (Prusse),  fut  fondée  par  Adélaïde,  duchesse 
de  Poméranie,  et  détruite  par  les  Luthériens,  en 
i55o;  les  pierres  servirent  à  bâtir  une  citadelle. 

1395. 
CHIAROMONTE. 

La    Chartreuse    du  Val-Saint-Nicolas,  ou  de 

Chiaromonte,  au  diocèse  d'Anglona,  dans  la  pro- 
vince de  la  Basilicate,  royaume  de  Naples  (Italie), 
doit  sa  fondation  à  Wenceslas  de  San-Severino,  duc 
d'Amalfi,  qui  la  dota  de  grands  biens.  D'après  le 
manuscrit  de  la  Grande  Chartreuse,  ce  Couvent 
avait  été  bâti  primitivement  en  iSjo,  sur  le  terri- 
toire de  Sévise,  puis  transféré,  en  1394,  sur  le  ter- 
ritoire de  Sainte-Hélène,  près  de  la  ville  de  Chia- 
romonte, au  delà  de  la  rivière.  Cette  Chartreuse 
saccagée  par  les  révolutionnaires  fut  supprimée  en 
1806,  par  décret  de  l'Empereur  Napoléon  Ier.  ■ 

1396. 

PAVIE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-des-Graces,  près 
de  Pavie,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  le  Milanais, 
(Italie;,  eut  pour  fondateurs  Jean  Visconti  Galéas, 
seigneur  de  Pavie,  comte  de  Vertu,  et  Catherine 
Barnabo,  son  épouse.  La  première  pierre  fut  posée 
le  S  septembre  i3o,6,  par  Jean  Galéas  accompagné 


—  326  — 

des  Évêques  de  Pavie,  de  Novare,  de  Fcltre  et  de 
Vicence.  On  ne  put  achever  l'église  qu'en  1473, 
mais  la  prise  de  possession  date  de  1 3g8.  Le  Roi 
de  France,  François  Ier,  campa  dans  son  enclos, 
lorsqu'il  vint  mettre  le  siège  devant  la  ville  de  Pavie, 
en  i525.  Ce  Monastère  fut  supprimé  par  un  décret 
de  l'Empereur  Joseph  II,  en  1782,  et  n'a  été  rendu 
à  l'Ordre  que  le  17  juin  1843,  par  l'Empereur 
d'Autriche  Ferdinand  Ier.  Le  2 1  décembre  de  la 
même  année,  les  Chartreux  rentrèrent  dans  leur  an- 
cienne solitude,  grâce  surtout  aux  vives  sollicita- 
tions du  comte  Jacques  Mellerio,  qui  laissa  par 
testament  à  ce  Monastère,  une  rente  annuelle.  La 
Chartreuse  de  Pavie  existe  encore,  mais  les  Reli- 
gieux en  ont  été  expulsés  parle  Roi  d'Italie, Victor- 
Emmanuel,  en  1868.  Ses  biens  sont  sous  séquestre, 
et  seuls  quelques  Chartreux  y  habitent  comme 
gardiens  de  la  propriété. 

1396. 

OYRON. 

La  Chartreuse  d'Oyrox,  qu'on  trouve  encore 
écrit  Ovron,  au  diocèse  de  Poitiers,  département  des 
Deux-Sèvres,  eut  pour  fondatrice  Pétronille  d'Am- 
boise,  vicomtesse  de  Thouars.  Un  demi-siècle  plus 
tard,  cette  Maison  fut  abandonnée  par  l'Ordre,  en 
1443.  A  cette  époque, les  Chartreux  firent  un  arran- 
gement avec  le  vicomte  de  Thouars  qui  consistait 
à  partager  le  revenu  de  ce  Monastère,  en  cinq  par- 


ties,  pour  autant  de  Chartreuses  déjà  fondées  :  la 
Grande  Chartreuse,  et  les  Chartreuses  du  Parc,  du 
Liget,  de  Paris  et  du  Val-Dieu. 

1397. 

AXELHOLME. 

La  Chartreuse  de  la  Visitation-de-Notre-Da- 
me,  ou  d'Eppeworthe  à  Axelholme,  au  diocèse  de 
Lincoln,  comté  de  ce  nom  (Angleterre'  ,  fondée 
par  Thomas  de  Montbray,  comte  de  Nottingham, 
était  placée  sous  le  patronage  de  la  Sainte-Vierge, 
de  saint  Jean  rÉvangéliste  et  du  Roi  saint  Edouard. 
Richard,  Roi  d'Angleterre,  confirma  la  fondation 
et  la  dotation  de  ce  Monastère  par  une  charte  datée 
de  Westminster,  le  26  juin,  vingtième  année  de 
son  règne.  Le  Pape  Boniface  IX  donna  aussi,  en 
faveur  de  cette  Chartreuse,  une  Bulle  en  date  du 
14  juillet  1 3 9 S .  Ce  Couvent  fut  supprimé  par  les 
schismatiques,  en   i53q,  sous  le  Roi  Henri  VIII. 

1397. 
BERNE. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Paule-de-la-Porte-du- 

Mont,  près  de  Berne,  au  diocèse  de  Lausanne,  can- 
ton de  Berne  (Suisse),  considère  Pierre,  baron  de 
Torbery,  comme  son  fondateur;  toutefois  quelques 
auteurs  reportent  sa  fondation  à   Tannée   1400,  et 


—  328  — 

l'attribuent  à  Pierre  de  la  Porte,  écuyer.  En  1628, 
les  hérétiques  Bernois  supprimèrent  ce  Monas- 
tère. 

1398. 

LUBECK. 

La  Chartreuse  de  La  Maison-de-la- Vierge,  à 
Lubeck,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  la  Basse-Saxe 
(Allemagne),  fut  fondée  par  Benoît  Gérard,  duc  de 
Sleswick,  et  détruite  par  les  Luthériens,  en  i565. 

1398. 

ROSTOK. 

La  Chartreuse  dite  Legis-Marle,  près  de  la  ville 
de  Rostok,  au  diocèse  de  Schwerin,  dans  le  duché 
de  Mecklembourg  (Allemagne^,  eut  pour  fondateurs 
Mathias  de  Bosken  et  Rodolphe,  Évêque  de  Schwe- 
rin. Les  hérétiques  la  supprimèrent,  en   1 552 . 

1398. 
AGGSPACH. 

La  Chartreuse  de  Porte-Notre-Dame,  sur  le 
Danube,  près  d'Aggspach,  au  diocèse  de  Vienne 
(Autriche),  fut  fondée  par  Hayderic ,  baron  de 
Mayssaw,  en  1  3q8  ,  et  incorporée  à  l'Ordre,  en 
1400.  Après  avoir  souffert  des  nombreuses  guerres 


—  329  — 

qui  désolèrent   la   contrée,  elle  fut  supprimée  par 
l'Empereur  Joseph  II,  en   1782. 

1398. 

«HEXAM. 

La  Chartreuse  d'Hexam,  au  bourg  de  ce  nom, 
dans  le  Northumberland  (Angleterre),  eut  pour  fon- 
dateur l'Archevêque  d'York .  Henri  VIII ,  Roi 
d'Angleterre,  la  supprima,  en  i53r). 

1398. 

INGELBY. 

La  Chartreuse  de  l'Assomption  de  la  Bien- 
heureuse-Vierge-Marie ou  de  Mountgrace,  à  In- 
gelbj',  au  diocèse  d'York,  comté  de  ce  nom  (An- 
gleterre), fut  fondée  par  Thomas  Holland,  duc 
de  Surrey,  comte  de  Kant  et  seigneur  de  Wake, 
de  concert  avec  Jeanne  son  épouse.  On  compte 
parmi  les  bienfaiteurs  Jean  Holland,  ainsi  que 
Jean  d'Ingelby  et  Hélène,  son  épouse.  Cette  Char- 
treuse fut  supprimée  pendant  la  guerre  suscitée  à 
l'Église  par  le  Roi  Henri  VIII,  en   i53g. 

1399. 

MAJORQUE. 

La  Chartreuse  de  Jésus-de-Nazaretii,  près  de 
Majorque,  dans  l'île  de  ce  nom.  au  diocèse  de  Ma- 


—  :oo  — 

jorque  (Espagne'),  eut  pour  fondateur  Martin  Ier, 
Roi  d'Aragon,  qui  établit  les  Chartreux  dans  un 
de  ses  palais,  sous  les  auspices  de  Dom  Béringuier 
Descamps  et  de  Dom  Nicolas  Robert,  tous  deux 
profès  de  la  Chartreuse  de  Valbonne.  On  compte 
parmi  ses  principaux  bienfaiteurs  :  Palau,  Arman- 
dés,  Paul  Oleza  et  Mathias  Borrasa.  L'église  fut 
consacrée  le  8  mai  1446,  par  Jean  de  Aranda , 
Évêque  d'Albanie.  Le  Couvent  fut  supprimé  en 
i835,  par  décret  du  11  octobre,  sous  le  ministère 
de  Dom  Alvaro  Gomez  Becerra. 

1400. 

SÉVILLE. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Las-Cuévas 
dite  de  Covis,  près  de  Séville,  au  diocèse  de  ce 
nom,  en  Andalousie  (Espagne),  doit  sa  fondation 
à  Gonsalve  de  Menard,  Archevêque  de  Séville. 
Quelques  auteurs  disent  que  ce  Monastère  fut 
commencé  en  i3g5  ;  il  fut  incorporé  à  l'Ordre 
en  141 1,  et  supprimé  en  i835,  par  un  décret  gou- 
vernemental, en  date  du   1  1   octobre. 


FONDATIONS 


DU  QUINZIÈME  SIÈCLE 


1401. 
BÀLE. 

A  Chartreuse  du  Val-Sainte-Marguerite, 
dans  la  ville  de  Baie,  au  diocèse  de  ce  nom, 
canton  de  Bàle  (Suisse)  eut  pour  principal 
fondateur  Jacques  Zybel, tribun  du  magistrat  de  Bà- 
le; toutefois  Archibald,  Evêque  de  Bàle,  avait  com- 
mencé cette  fondation  en  1295,  mais  sa  mort  et  les 
guerres  arrêtèrent  les  travaux  qu'on  ne  reprit  qu'en 
1401.  Cette  Maison  fut  incorporée  à  l'Ordre,  en 
1406,  puis  supprimée  par  les  Calvinistes  en  1529. 

1402. 

BUXHEIM. 

La  Chartreuse  de  Celle-de-la- Vierge-Marie,  à 
Buxheim.près  de  la  ville  de  Memmingen,  au  diocèse 


—  332  — 

d'Augsbourg,  dans  la  Souabe  (Allemagne),  fondée 
par  Henri  de  Ellerbach,  prévôt  de  l'église  cathé- 
drale d'Augsbourg,  était  auparavant  occupée  par 
des  chanoines  réguliers  ;  elle  fut  incorporée  à 
l'Ordre  en  1406,  et  supprimée  à  la  fin  du  XVIIIe 
siècle  par  les  armées  françaises. 

1403. 

PLÉTRIARH. 

La  Chartreuse  du  Trône-de-la-Sainte-Trinité,  à 
Plétriarh ,  au  diocèse  d'Aquiléja ,  en  Esclavonie 
(Autriche),  eut  pour  fondateur  Hermann,  comte 
de  Cilley.  Les  guerres  la  ruinèrent,  et  l'Ordre  se 
trouvant  dans  la  nécessité  de  l'abandonner,  en 
1595,  Ferdinand,  archiduc  d'Autriche,  donna 
cette  Maison  aux  Pères  Jésuites. 

1406. 

OLMUTZ. 

La  Chartreuse  de  la-Vallée-de-Josaphat,  près 
d'Olmutz.  au  diocèse  de  ce  nom,  en  Moravie 
(Bohême),  eut  pour  fondateurs  Josse,  marquis  de 
Moravie,  et  Albert  de  Stemberg,  Évêque  de  Lutho- 
mile.  D'après  Morozzo,  cette  fondation  remonte- 
rait à  l'année  1070  et  aurait  été  faite  par  Albert 
de  Stemberg;  le  marquis  Josse  aurait  seulement 
construit  l'église  et  terminé    le  Monastère.    Cette 


—  333  — 

Chartreuse  fut  ruine'e  parles  Hussites  et  plus  tard 
par  les  Luthériens,  au  XVIe  siècle.  Les  Moines 
durent  se  retirer  dans  la  ville  d'Olmutz,  où  ils  se 
fixèrent.  L'Empereur  Joseph  II  supprima  le  nou- 
veau Monastère,  en   1782. 

1408. 

MANTOUE. 

La  Chartreuse  de  la  Sainte-Trinité,  près  de 
Mantoue,  sur  le  bord  du  lac  Mincio,  au  diocèse 
de  Mantoue  (Italie),  fut  fondée  par  Jean-François 
de  Gonzague  ,  marquis  de  Mantoue.  En  1427  , 
Jean  de  Gonzague  établit  pour  les  Chartreux  un  re- 
fuge dans  la  ville  de  Mantoue,  avec  une  église,  sous 
le  titre  de  Sainte-Croix.  Ce  Couvent  fut  supprimé, 
en    1782,  par    l'Empereur    d'Autriche    Joseph  IL 

1408. 
ASTHEIM. 

La  Chartreuse  de  Pont-Sainte -Marie,  à  As- 

theim,  au  diocèse  de  Wurtzbourg,  en  Franconie 
(Allemagne),  fondée  par  Erckenger  de  Sauns- 
heim,  baron  de  Schwartzenbourg,  éprouva  de 
grandes  pertes  pendant  les  guerres  du  XIVe  et 
du  XVe  siècle,  puis  en  i525,  dans  les  guerres 
de  religion.  Elle  put  cependant  réparer  ses  ruines 
grâce  au  zèle  des  deux  Visiteurs  de  la    Province, 


—  334  — 

Do  m  Haupt  et  Dom  Louis  Hager.  A  la  fin  du 
XVIIIe  siècle,  les  arme'es  françaises  la  supprimè- 
rent. 

1412. 

MONT-ALÈGRE. 

La  Chartreuse  de  Mont-Alègre,  près  de  Barce- 
lone, au  diocèse  de  ce  nom,  en  Catalogne  (  Es- 
pagne), eut  pour  fondateurs  Bernard  Nicolai,  négo- 
ciant ds  Barcelone,  et  Jean  de  Neal.  D'après  cer- 
tains documents,  il  semblerait  que  cette  fondation 
avait  déjà  été  tentée  en  1266.  La  carte  des  fonda- 
tions, en  donnant  la  date  de  141 1,  rappelle  peut- 
être  une  reconstruction  totale  du  Monastère  .  Le 
manuscrit  de  la  Grande  Chartreuse  porte  qu'il  fut 
construit  par  les  soins  de  Dom  Dominique,  Prieur 
de  la  Chartreuse  de  Saint-Jacques-du-Val-du- 
Paradis  qui,  autorisé  par  le  Chapitre  Général, 
réunit  les  Chartreuses  de  Saint-Paul-de-Maresme 
et  de  Saint -Jacques -du -Val -du -Paradis  à  celle 
de  Mont-Alègre.  Ce  Couvent  avait  été  primitive- 
ment occupé  par  des  Religieuses  qui  durent  se 
retirer  dans  la  ville  de  Barcelone,  puis  par  des 
ermites,  et  enfin,  avait  été  donné  à  l'hôpital  de 
Barcelone.  Dom  Dominique  en  fit  l'acquisition 
des  administrateurs  et  y  bâtit  la  Chartreuse.  Ce 
Monastère,  supprimé  par  le  gouvernement  Espa- 
gnol, en  1 835,  a  été  racheté  par  les  Chartreux, 
il  y  a  quelques  années. 


—  335  — 

1414. 

SCHÉNE. 

La  Chartreuse  de  Jésus-de-Bethléem  à  Schéne, 
au  diocèse  de  Winchester,  dans  le  comte'  de  Sus- 
sex  (Angleterre),  fut  fondée  par  Henri  V,  Roi 
d'Angleterre,  avec  une  colonie  de  Chartreux  Belges. 
La  charte  de  fondation  et  de  dotation  est  datée 
de  Westminster,  le  ier  avril  1414.  Henri  VIII 
en  chassa  les  Religieux,  mais  la  Reine  Marie  étant 
montée  sur  le  trône,  Dom  Maurice  Chauncey,  qui 
s'était  retiré  à  Bruges  avec  quelques  autres  Char- 
treux anglais,  revint  en  Angleterre,  en  1 555,  et 
obtint  de  rentrer  en  possession  de  la  Chartreuse 
de  Schéne,  le  29  novembre  1 556.  Après  la  mort  de 
la  Reine  Marie,  les  Chartreux  de  nouveau  obligés 
de  quitter  leur  Monastère,  se  retirèrent  à  la  Char- 
treuse de  Bruges,  en  1 5 5 9 .  Quelques  historiens 
pensent  qu'ils  bâtirent  une  Maison  à  Nieuport^avec 
le  secours  des  catholiques  anglais. 

1416. 

LIGNITZ. 

La  Chartreuse  de  la  Passion-du-Christ,  ou  de 
Lignitz,  sur  l'Oder,  au  diocèse  de  Breslau,  duché 
de  Silésie  (Prusse),  fut  fondée  par  le  prince  Louis, 
duc  de  Lignitz,  et  supprimée  en  Ô48,  par  les 
Luthériens. 


—  336  — 

1417. 

WEZEL. 

La  Chartreuse  de  l'Ile-de-la-Reine-du-Ciel, 
près  de  Wezel,  dans  une  île  du  Rhin,  au  diocèse 
de  Cologne,  dans  le  duché  de  Clèves  (Allemagne), 
reconnaît  pour  fondateur  Adolphe,  premier  duc  de 
Clèves  et  comte  de  la  Marche,  et  Marie,  duchesse 
de  Bourgogne,  de  Flandre  et  de  Clèves.  En  1 588, 
les  hérétiques  ruinèrent  ce  Monastère  et  les  Reli- 
gieux durent  se  retirer  dans  la  ville  de  Wezel,  où 
ils  occupèrent  un  ancien  Couvent  de  Dominicains. 
Quelques  années  plus  tard,  ils  tentèrent  de  recons- 
truire leur  Maison  non  loin  de  la  ville,  au  delà 
du  Rhin,  mais  cet  essai  ne  paraît  pas  avoir  réussi, 
puisque  TOrdre  abandonna  cette  Chartreuse,  en 
1621. 

1422. 

VENISE. 

La  Chartreuse  de  Saint-André-Del-Lido,  dans 
une  petite  île,  près  de  Venise,  au  diocèse  de  Venise 
(Italie),  fut  fondée  par  Marc  Justiniani  et  les  pieuses 
libéralités  de  riches  citoyens  de  Venise,  puis  incor- 
porée à  l'Ordre  en  1425.  La  République  avait,  en 
1190,  accordé  cette  île  aux  Pères  Augustins  qui  y 
séjournèrent  jusqu'au  moment  où  le  duc  de  Venise 
obtint  du  Pape  de  les  transférer  dans  un  autre  en- 


droit  et  donna  cette  propriété  aux  Chartreux.  Ce 
Monastère  fut  supprimé  et  mis  en  vente  ainsi  que 
ses  biens,  par  décret  de  la  sérénissime  République 
en  date  du  7  septembre   1768. 

1430. 

PERTH. 

La  Chartreuse  du:Val-des- Vertus,  près  de  Perth, 
au  diocèse  de  Saint-André,  comté  de  Perth  (Écos- 
se),doit  sa  fondation  à  Jacques  Stuart,  Roi  d'Ecosse. 
Les  successeurs  de  Jacques  Ier  comblèrent  ce  Mo- 
nastère de  leurs  largesses,  lui  accordèrent  de  nom- 
breuses immunités  et  y  choisirent  leur  sépulture, 
jusqu'au  moment  où  les  hérétiques  le  dévastèrent 
et  l'incendièrent  en  i558,  ou  selon  quelques  au- 
teurs, en  1 5Ô7. 

1432. 

ZIRICZÉE. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sion,  à  Ziriczée,  dans 
l'île  de  Schowen  (Zélande),  rattachée  au  diocèse 
d'Utrecht,  fut  fondée  par  Jean  Livin  et  dame 
Direw  de  Z y  1 ,  son  épouse.  Ce  Couvent  ne  fut  ja- 
mais très  prospère  ;  les  hérétiques  le  détruisirent 
entièrement  en  1072,  de  telle  sorte  qu'à  la  fin  du 
XVIe  siècle,  on  ne  voyait  déjà  plus  aucuns  ves- 
tiges des  ruines. 


—  338  — 

1439. 

GUITELSTEIN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-du-Bon-Cailloux, 
près  de  Guitelstein,  ancien  diocèse  de  Constance, 
dans  la  Souabe  (Allemagne),  eut  pour  fondateurs 
Louis, comtede  Wurtemberg, et Uldaric,  son  frère, 
qui  dotèrent  ce  Couvent  de  riches  possessions. 
Si  on  en  croit  certains  auteurs,  avant  d'apparte- 
nir aux  Chartreux ,  ce  Monastère  avait  été'  oc- 
cupe' par  des  Be'ne'dictins.  Pendant  les  guerres 
de  religion,  il  fut  de'truit  par  les  Luthe'riens  en 
i536. 

1440. 

ANIAGO. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-d'Antago  ,  au 
diocèse  de  Valladolid,  dans  la  Castille  (Espagne), 
eut  pour  fondateur  Jean  Vasquez  de  Cépe'da,  Evo- 
que de  Se'govie.  Ce  Couvent,  commencé  en  1440, 
ne  fut  incorporé  à  l'Ordre  que  deux  ans  plus 
tard,  en  1442.  Marie  d'Aragon,  fille  de  Ferdinand, 
Roi  d'Aragon  et  épouse  de  Jean ,  Roi  de  Castille, 
fit  de  grandes  largesses  à  cette  Chartreuse  et 
mérita  le  titre  de  fondatrice.  Quelques  auteurs 
font  remonter  l'origine  de  ce  Monastère  à  la 
première  année  du  XVe  siècle,  mais  la  carte  de 
fondation  donne  la  date  de   1440;  il  fut  supprimé 


—  33q  — 

en  1 835,  par  décret  gouvernemental  du  11  octo- 
bre ,  sous  le  ministère  de  Dom  Alvaro  Gomez 
Becerra. 

1441. 

MIRAFLORÈS. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Miraflorès, 
près  de  Burgos,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  la 
Castille  (Espagne),  commencée  en  1401,  ne  fut 
réellement  fondée  qu'en  1441,  par  Jean  II,  Roi  de 
Castille.  On  compte  parmi  ses  bienfaiteurs  Henri 
III  et  plus  tard  la  reine  Isabelle,  épouse  de  Fer- 
dinand, Roi  d'Espagne.  Cette  princesse  fit  rétablir 
ce  Couvent  qui  avait  été  détruit  par  un  incendie. 
Supprimé  en  i835,  il  a  été  racheté  récemment, 
et  quelques  Religieux  l'habitent  aujourd'hui. 

1442. 
VOGELSBERG. 

La  Chartreuse  du  Mont-Saint-Jean-Baptiste  à 

Vogelsberg,  dans  la  Hesse  (Allemagne  ),  avait  été 
occupée  primitivement  par  des  Religieuses.  Elle  fut 
donnée,  en  1442,  par  Louis-le-Pacifique,  Land- 
grave de  Hesse,  à  Dom  Jean  Rotlas,  Prieur  de 
la  Chartreuse  d'Erfurth,  qui  la  fit  incorporer  à 
l'Ordre  en  1446.  Les  hérétiques  la  détruisirent  en 
i586. 


—  340  — 

1443. 
SCHIFFELBEIM. 

La  Chartreuse  de  la  Paix-de-Dieu,  à  Schiffel- 
beim,  ou  Schivelbein  dans  l'ancien  diocèse  de  Ga- 
min, en  Pome'ranie  (Prusse),  fut  fondée  par  Con- 
rad d'Erlinschusen,  grand-maître  de  TOrdre  Teuto- 
nique,  incorporée  à  TOrdre  en  1445,  et  supprimée 
par  les  hérétiques,  en  1 545. 

1446. 

NANTES. 

La  Chartreuse  des  Saints-Donatien-et-Roga- 
tien,  au  faubourg  Saint-Clément  à  Nantes,  au  dio- 
cèse de  ce  nom,  département  de  la  Loire-Inférieure, 
eut  pour  fondateur  François ,  duc  de  Bretagne  , 
qui  donna  à  cet  effet  aux  Chartreux  une  ancienne 
collégiale.  Avec  l'assentiment  du  Souverain  Pontife 
Eugène  IV,  les  chanoines  réguliers  se  transférèrent 
dans  un  autre  endroit,  pour  laisser  place  aux 
enfants  de  saint  Bruno.  Arthur,  duc  de  Bretagne, 
comte  de  Richemont  et  connétable  de  France,  oncle 
et  successeur  du  fondateur,  combla  ce  Couvent  de 
nombreuses  largesses.  La  Chartreuse  des  Saints- 
Donatien-et-Rogatien,  après  avoir  beaucoup  souffert 
pendant  les  guerres  de  religion,  fut  supprimée 
par  la  Révolution  française,  en  1790,  et  ses  biens 
furent  vendus. 


—  D41   — 

1449. 

PADOUE. 

La  Chartreuse  de  Saint -Jérome-et-Saint-Ber- 
nard,  près  de  Padoue,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans 
le  Padouan  (Italie",  fut  fondée  par  Pierre  Donato, 
Évêque  de  Padoue,  d'après  les  clauses  de  son  tes- 
tament daté  de  1447.  Elle  avait  été  établie  dans 
un  Couvent  de  Religieuses  de  l'Ordre  de  Citeaux 
transférées  dans  la  ville  de  Padoue.  Dans  les  guer- 
res du  commencement  du  XVIe  siècle,  elle  fut  en- 
tièrement détruite,  mais  on  la  reconstruisit  un  peu 
plus  loin,  vers  1 534.  L'Ordre  l'abandonna  en  1770. 

1450. 

VILLEFRANCHE. 

La  Chartreuse  du  Saint-Sauveur,  près  de  Ville- 
franche-en-Rouergue,  au  diocèse  de  Rodez,  dé- 
partement de  l'Aveyron,fut  d'abord  établie  par  Ve- 
sian  Valette,  riche  négociant,  mais  étant  mort  avant 
la  fin  des  travaux,  il  laissa  par  testament  les  som- 
mes nécessaires  pour  terminer  les  constructions. 
Son  épouse,  dame  Catherine  Garnier,  dota  la  nou- 
velle Chartreuse  en  1452;  toutefois  l'incorporation 
à  l'Ordre  ne  date  que  de  1491.  Ce  Monastère  souf- 
frit beaucoup  des  déprédations  des  Calvinistes,  et 
fut  supprimé  par  décret  de  l'Assemblée  nationale 
en    17110. 


—  342  — 

1454. 

FERRARE. 

La  Chartreuse  de  Saint-Christophe,  près  de 
Ferrare,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  les  États  du 
Pape  (Italie),  fut  fondée  par  Borsius,  duc  de  Man- 
toue  et  de  Ferrare,  et  dotée  par  un  grand  nombre 
de  bienfaiteurs.  L'église  du  Couvent  ayant  été  dé- 
truite, dans  les  guerres  du  XVIe  siècle,  fut  recons- 
truite en  i5yo.  Cette  Chartreuse,  supprimée  en 
1804  par  Napoléon  Ier,  n'a  pu  être  rétablie  et  sert 
actuellement  de  cimetière. 

1454. 
1LLEMBACH. 

La  Chartreuse  du  Jardin-Notre-Dame,  ou  Hor- 
tus-Beatœ-Mariœ,  à  Illembach,  que  la  carte  écrit 
Hulbach,  au  diocèse  de  Wurtzbourg,  dans  la  Fran- 
conie  (Allemagne),  eut  pour  fondateurs  Baltazar 
Faer  de  Berg  et  Madeleine  de  Westembourg,  son 
épouse  ;  elle  fut  supprimée  à  la  fin  du  XVIIIe  siècle 
par  les  armées  françaises. 

1454. 
BRUXELLES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-des-Graces,  près 
de  Bruxelles,  au  diocèse  de  Malines.  dans  le  Bra- 


— .  343  — 

bant  (Belgique),  fut  fondée  par  Dom  Henri  de  Léon, 
Prieur  de  la  Chartreuse  deCapelle,et  le  Conseil  de 
Bruxelles,  avec  l'assentiment  de  Philippe-le-Bon, 
duc  de  Bourgogne,  regardé  comme  un  des  princi- 
paux bienfaiteurs.  La  Bulle  de  Pie  II,  en  faveur  de 
cette  Chartreuse,  est  datée  du  5  des  ides  de  jan- 
vier 1458.  Son  église  fut  termine'e,  grâce  aux  li- 
béralités de  l'Empereur  Charles-Quint,  en  1524. 
Ce  Couvent  bâti  primitivement  dans  la  campagne, 
entre  Lachen  et  Anderleck,  fut  ruiné  pendant  les 
longues  guerres  qui  désolèrent  la  contrée  au  XVIe 
siècle  et  enfin  brûlé  par  les  hérétiques,  en  1578. 
Les  Religieux  réfugiés  à  Bruxelles  reconstruisirent 
leur  Monastère  dans  l'enceinte  de  la  ville,  vers 
1 5gi ,  sous  les  auspices  de  Dom  Pierre  de  Léon  et 
de  Dom  Hercule  Winckele.  Les  bienfaiteurs  de 
cette  seconde  fondation  furent  Gabriel  Pagador  de 
Saint-Etienne,  Biaise  Ocone  et  Albert,  archiduc 
d'Autriche,  duc  de  Brabant.  L'Empereur  Joseph  II 
ordonna  sa  suppression,  en  i"83. 

1455. 

VÉDANA. 

La  Chartreuse  de  Saint-Marc,  près  de  Védana, 
au  diocèse  de  Bellune,  dans  le  Bellunèze  (Italie), 
eut  pour  fondateurs  le  doyen  et  le  Chapitre  de  l'é- 
glise cathédrale  de  Bellune  avec  l'assentiment  de 
François  Patavin,  Évêque  de  Bellune;  elle  fut  éta- 
blie dans  un  Couvent  gouverné  par  des  séculiers 


—  344  — 

et  ne  put  être  incorporée  à  l'Ordre  des  Chartreux 
qu'en  1466.  Ruiné  par  les  guerres  du  XVIe  siècle 
ce  Monastère  fut  abandonné  par  l'Ordre  en  1770. 
Il  a  été  racheté  en  1882,  et  une  nouvelle  Commu- 
nauté y  a  été  établie  Tannée  suivante. 

1458. 
ITTENGEN. 

La  Chartreuse  de  Saint-Laurent,  à  Ittengen, 
près  du  lac  de  Constance,  dans  le  canton  de  Tur- 
govie  (Suisse),  alors  du  diocèse  de  Constance,  doit 
son  origine  au  Pape  Pie  II,  qui  l'établit  dans  un 
ancien  Couvent  de  chanoines  réguliers  de  Saint- 
Augustin.  On  compte  parmi  les  bienfaiteurs  de 
cette  Chartreuse  Jean-Louis  Pfeiffer,  d'une  noble 
famille  de  Lucerne,  sa  mère,  son  frère  et  sa  belle- 
sœur.  Ce  Couvent  fut  pillé  et  brûlé  par  les  hé- 
rétiques au  XVIe  siècle  et  ne  releva  ses  ruines 
qu'avec  peine;  il  fut  supprimé  au  commencement 
du  XIXe  siècle. 

1466. 

BOIS-LE-DUC. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Sophie-de-Constanti- 

nople,  près  de  Bois-le-Duc,  dans  un  lieu  nommé 
Vucht,  au  diocèse  de  Bois-le-Duc  (Hollande^  eut 
pour    fondateurs    Ludolphe    Van-Waester,    cha- 


—  345  — 

noine  de  Bois-lc-Duç,  et  plusieurs  riches  bour- 
geois de  cette  ville.  Son  incorporation  à  l'Ordre 
date  de  1472.  On  cite  parmi  ses  bienfaiteurs 
Charles,  duc  de  Bourgogne  -,  Arnould  de  Herlair 
et  sa  femme  Adélaïde  Pieckia,  que  l'on  trouve 
encore  écrit  Pichs.  Pendant  les  guerres  de  reli- 
gion, dans  le  XVIe  siècle,  cette  Chartreuse  fut 
pillée  et  saccagée,  en  i58o,  et  les  Religieux  du- 
rent se  retirer  dans  la  ville  de  Bois-le-Duc.  Ils 
essayèrent  de  s'y  établir,  mais  sans  succès.  En 
1629,  l'Ordre  supprima  ce  Monastère  et  ses  biens 
servirent  à  doter  la  Chartreuse  d'Anvers,  où  les 
Religieux  de  Bois-le-Duc  s'étaient  retirés. 

1470. 

DELFT. 

La  Chartreuse  de  Saint-Barthélémy,  près  de 
Delft,  au  diocèse  d'Utrecht  (Hollande),  fut  fondée 
par  Francon  de  Borsal,  comte  d'Ostrevent,  et  dé- 
truite par  les  Luthériens,  en   i5(m). 

1475. 

CANTAVE. 

La  Chartreuse  de  La  Compassion-de-la- Vierge- 
Marie^  Cantave,près  de  la  ville  de  Juliers,  au  dio- 
cèse de  Cologne,  électorat  de  Cologne  (Allemagne  , 
reconnaît  pour  fondateurs  Guillaume  VI,  duc  de 


—  346  — 

Juliers  ;  Elisabeth,  son  épouse,  et  quelques  mem- 
bres de  sa  famille.  Cette  Chartreuse  qui  ne  fut 
incorporée  qu'en  1480,  compte  parmi  ses  bien- 
faiteurs Hermann  de  Barchiis,  prévôt  de  l'église  de 
Clèves.  En  1610,  les  troupes  du  prince  de  Nas- 
sau la  saccagèrent  ;  en  1794,  les  armées  fran- 
çaises en  chassèrent  les  Religieux,  et  en  1802  eut 
lieu   la  vente   du  Monastère  et  de   ses  propriétés. 

1475. 

XÉRÈS. 

La  Chartreuse  de  La  Défense-de-la-Bienheu- 
reuse- Vierge-Marie  ou  de  Defensione-Beatœ-Ma- 
riœ,  à  Xérès-de-la-Frontera,  au  diocèse  de  Sé- 
ville,  dans  l'Andalousie  (Espagne),  fut  fondée  par 
Alvarez  Obertos  de  Valeto,  consul  à  Xérès  et 
Génois  d'origine.  Les  travaux  ayant  trainé  en  lon- 
gueur, ce  Monastère  ne  fut  incorporé  à  l'Ordre 
qu'en  1484,  après  avoir  été  richement  doté.  Selon 
Morozzo,  la  première  pierre  fut  posée  seulement 
le  17  décembre  1478.  La  suppression  date  du  11 
octobre   1 835. 

1476. 

DULMANIE. 

La  Chartreuse  du  Chateau-Notre-Dame,  près 
de  Dulmanie,au  diocèse  de  Munster, en  Westphalie 


—  347  — 

(Allemagne,  fut  établie  par  Gérard  Keppel,  Ma- 
réchal du  duché  de  Clèves,  de  concert  avec  sa 
belle-fille,  Hildegonde  Avortz,  veuve  de  son  fils. 
Elle  subit  beaucoup  d'épreuves  pendant  les  guerres 
de  religion  et  fut  supprimée,  en  1794,  par  les 
armées  françaises. 

1476. 

GONRADESBOURG. 

La  Chartreuse  de  l'Annonciade,  sur  le  mont 
Saint-Sixte,  près  de  Conradesbourg,  au  diocèse  de 
Paderborn,  en  Westphalie  (Allemagne),  fondée 
par  Werner  Baldwin,  docteur  en  droit,  n'eut  pas 
une  longue  existence  ;  pendant  les  guerres  de  re- 
ligion, les  Luthériens  s'en  emparèrent,  chassèrent 
violemment  les  Religieux,  et  vendirent  toutes  les 
propriétés. 

1477. 

RÉTHEL. 

La  Chartreuse  de  Saint-Sixte,  à  Réthel,  près 
de  Thionville,  au  diocèse  de  Metz,  département 
de  la  Moselle,  avait  été  primitivement  fondée  pour 
des  Religieuses,  par  une  sœur  de  Charlemagne , 
puis  occupée  par  des  Bénédictins.  En  1 4*3 1  , 
Charles-le-Hardi ,  duc  de  Lorraine,  et  Margue- 
rite  de    Bavière    la   cédèrent    aux    Chartreux.    La 


—  348  — 

prise  de  possession  n'eut  lieu  qu'en  i  477.  Dé- 
vastée par  les  armées  françaises,  cette  Maison  fut 
rétablie  au  XVIIe  siècle  par  Dom  Hugues  Meer- 
houran,  Prieur,  et  Dom  Hector  Sanvitane,  Visi- 
teur de  la  province  d'Allemagne.  Elle  était  flo- 
rissante lorsque  la  Révolution  française  décréta  sa 
suppression  et  la  vendit  comme  bien  national,  en 
1790. 

1479. 

GRAGOVIE. 

La  Chartreuse  de  Cracovie,  au  diocèse  de  ce 
nom,  dans  la  Galicie  occidentale  (Pologne',  eut 
pour  fondateur  Jean  Dagloss,  Archevêque  de  Lem- 
berg  ou  Léopol,  dans  la  Galicie  orientale.  Ruinée 
par  les  guerres,  elle  fut  abandonnée  par  l'Ordre, 
en    i53o. 

1479. 
REINSCHAW. 

La  Chartreuse  de  La  Traxsfiguration-de-Notre- 
Seigneur,  à  Reinschaw,  au  diocèse  de  Dresde, 
dans  la  Misnie,  Haute-Saxe  (Allemagne),  avait 
appartenu  à  des  chanoines  réguliers  et  avait  été 
dotée  par  Jean  Federangels,  Anne,  son  épouse,  et 
les  ducs  de  Saxe  ;  le  Saint-Siège  la  donna  aux 
Chartreux  en  1479.    Les  hérétiques    s'en   emparé- 


—  .149  "" 

rent  en  1 527 ,  la  pillèrent,  et  après  avoir  maltraité 
et  chassé  les  Religieux,  vendirent  toutes  les  pro- 
priétés. 

1479. 

GAZALLA. 

La  Chartreuse  de  La  Conceptjon-de-la-Bien- 
heureuse-Vierge-Marie,  près  de  Cazalla,  au  dio- 
cèse de  Séville,  en  Andalousie  (Espagne),  fut  fon- 
dée par  les  Chartreux  de  Séville  qui,  en  1477, 
achetèrent  remplacement  du  château  de  Pierre- 
le-Cruel,  roi  de  Castille.  Commencé  en  1479,  ce 
Monastère  ne  fut  incorporé  à  l'Ordre  qu'en  1483, 
et  dut  être  abandonné  en  1629. 

1480. 

SAVONE. 

La  Chartreuse  de  Notre -Dame- de- Lorette, 
près  de  Savone,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans  la  Ré- 
publique de  Gênes  (Italie),  reconnaît  comme  fon- 
dateur Etienne  Embroni,  citoyen  de  Savone,  qui 
dans  la  suite  se  fit  frère  Chartreux.  Dans  le  prin- 
cipe, il  avait  fait  bâtir  une  chapelle  qu'il  donna  à 
la  Chartreuse  de  Gènes.  Les  aumônes  des  fidèles 
servirent  à  bâtir,  en  ce  lieu,  une  Chartreuse  qui 
fut  supprimée  au  XIXe  siècle  par  un  décret  de 
Napoléon  Ier. 


—  35o  — 

1480. 
AU  RAY. 

La  Chartreuse  du  Camp- Saint-Michel,  près 
cTAuray,  au  diocèse  de  Vannes,  département  du 
Morbihan,  doit  son  origine  à  François  II,  duc  de 
Bretagne  ;  il  avait  fonde'  en  cet  endroit  un  décanat, 
avec  huit  chapelains  -,  plus  tard,  avec  l'autorisa- 
tion du  Saint-Siège,  il  transféra  ailleurs  les  cha- 
pelains et  donna  cette  Maison  aux  Chartreux,  en 
1480  ;  toutefois  elle  ne  fut  incorporée  à  l'Ordre 
qu'en  1492.  Un  décret  de  l'Assemblée  nationale 
la  supprima,  en  février  1790,  et  Tannée  suivante 
ses  propriétés  furent  vendues,  comme  biens  na- 
tionaux. 

1484. 

CAMPEN. 

La  Chartreuse  de  Saint-Martin,  dite  le  Mont- 
du-Soleil,  près  de  Campen,  au  diocèse  d'Utrecht 
(Hollande),  eut  pour  fondateurs  Roderic  Kanne- 
tyem,  Othon  Van  Heyden,  Lambert  Van  Houe, 
Evrard  Van  Arko  et  plusieurs  autres  particuliers. 
Cette  Maison  ne  fut  incorporée  à  l'Ordre  qu'en 
1494 .  Au  siècle  suivant,  vers  1569,  les  Luthériens 
la  détruisirent.  La  carte  des  fondations  relate  sa 
suppression,  à  Tannée  i58o;  TOrdre  manquait  de 
ressources  pour  la  rétablir. 


—  35 1  — 

1491. 

GRYPSHOLM. 

La  Chartreuse  de  La  Paix-de-la-Bienheureuse- 
Vierge-Marie,  à  Grypsholm,  au  diocèse  de  Stran- 
ges,  dans  la  Sudermanie  (Suède),  fut  fonde'e  par 
Sténon  Sture  ,  administrateur  du  royaume  de 
Suède,  puis  incorporée  à  l'Ordre,  en  1499,  et  sup- 
primée en  i52Ô  par  les  Luthériens  qui  s'en  em- 
parèrent. 

1491. 

LOUVAIN. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Marie-Madeleine-sous- 
i. a-Croix,  à  Louvain,  au  diocèse  de  Malines,  dans 
le  Brabant  (Belgique),  attribue  sa  fondation  à 
Jean  Van  Overhove,  d'Anvers,  receveur  de'  la 
maison  de  Nassau,  et  Walter  Waterleet,  prévôt 
de  l'église  de  Malbod.  Les  constructions  ne  com- 
mencèrent qu'en  1496.  Parmi  les  bienfaiteurs  se 
trouvent  Marguerite,  sœur  d'Edouard,  Roi  d'An- 
gleterre, veuve  de  Charles,  duc  de  Bourgogne  et 
de  Brabant  ;  la  marquise  d'Arscot,  veuve  de  Guil- 
laume de  Crouy  ;  Gilles  de  Potere  ;  François  de 
Buslcyden  ;  Gaspard  Turnout  ;  Jean  de  Berges  ; 
Adrien  de  Hilwyghem;  de  Meldert  ;  Catherine  Op- 
pendorpia  ;  Gobelin  Steegman  ;  Thomas  Zwanen- 
burg  et  Conrad  de  Sarto,  conseiller  de  l'archiduc 


Philippe.  L'église  fut  construite  grâce  aux  libéra- 
lités des  deux  frères  Ghisbert  et  Walter  de  Potere, 
et  consacrée  en  i5oi.  L'Empereur  Joseph  II 
supprima  ce  Monastère  en  1783. 

1494. 

WARASDIN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame  de  Warasdin, 
au  diocèse  de  Zagrab,  dans  la  Croatie  (Hongrie), 
eut  pour  fondateur  Wladislas  VI,  Roi  de  Hongrie 
et  de  Bohême,  mais  ses  revenus  étant  trop  peu 
considérables,  l'Ordre  dut  l'abandonner  en   1498. 

1498. 

BANDE. 

La  Chartreuse  de  Bande,  territoire  sous  la  ju- 
ridiction de  l'Abbé  de  Saint- Juste  de  Suse,  en 
Piémont,  fut  construite  pour  recevoir  les  Moines 
de  la  Chartreuse  de  Mont-Benoit  ;  un  siècle  plus 
tard,  en  i?Ç)b,  l'Ordre  l'abandonna  et  transféra 
les  Religieux  à  la  Chartreuse  de  Veillane,  au  dio- 
cèse de  Turin. 


FONDATIONS 


VU    SEIZIEME    SIECLE 


1503. 
MAILLARD. 


53551 

A  Chartreuse  de  Maillard  ,  au  diocèse 
de  Meaux,  département  de  Seine-et-Mar- 
ne ,  eut  pour  promoteur  Dom  Ge'rard 
Patin,  Prieur  de  la  Chartreuse  de  Paris.  Le  Cha- 
pitre Général  de  l'Ordre  avait  approuvé  ce  projet 
qui  eut  un  commencement  d'exécution,  mais  les 
oppositions  de  l'Evêque  de  Meaux  jointes  à  celles 
des  Chartreux  de  Paris  obligèrent  Dom  Patin  à 
abandonner  son  dessein  et  à  affermer  les  biens 
de  la  nouvelle  Chartreuse,  en   1620. 

1504. 

BRESCIA. 

La  Chartreuse  de  Brescia,  près  de  cette  ville, 
au  diocèse  de  Brescia, dans  le  Bressan,  appartenait 

'23 


—  5b4  — 

à  la  république  de  Venise  Italie  .  La  carte  des 
fondations,  tout  en  citant  ce  Monastère,  ne  nous 
fait  connaître  ni  son  fondateur,  ni  l'époque  où 
l'Ordre  crut  devoir  l'abandonner.  Tout  laisse  ce- 
pendant pressentir  qu'elle  n'eut  qu'une  très  courte 
existence. 

1507. 

DE    FONTIBUS. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Foxtibls,  au 
diocèse  de  Huesca,  dans  le  gouvernement  d'Ara- 
gon (Espagne),  compte  comme  fondateurs  Biaise, 
comte  d'Aragon  et  Béatrix  de  Lune,  son  épouse. 
Son  incorporation  à  l'Ordre  date  de  i5i3.  Pour 
des  raisons  qu'on  ignore,  les  Chartreux  durent  l'a- 
bandonner en  1564  et  se  retirer  dans  un  Couvent 
de  nouvelle  fondation,  ayant  pour  vocable  La 
Cour-Dieu,  sur  le  bord  de  la  rivière  de  Gallego. 
Au  siècle  suivant,  la  Chartreuse  de  Notre-Dame- 
de-Fontibus  fut  rétablie  à  l'endroit  primitif,  et 
enfin  supprimée  en  1 835. 

1511. 

RODEZ. 

La  Chartreuse  de  Rodez,  située  près  de  cette 
ville,  au  diocèse  de  Rodez,  département  de  l'Avey- 
ron.  doit   sa  fondation  à  Hélion  Geoffroy,  prévôt 


—  roi)  — 

de  L'église  d'Albi  et  chanoine  de  Rodez  ;  elle 
souffrit  beaucoup  des  déprédations  des  Calvinis- 
tes ,  et  fut  abandonnée  par  l'Ordre  dans  le  cou- 
rant du  XVIIIe  siècle. 

1511. 

GRENADE. 

La  Chartreuse  de  l'Assomption,  au  village  de 
Inadamar,  près  de  la  ville  de  Grenade,  au  diocèse 
de  ce  nom,  dans  le  royaume  de  Grenade  (Espa- 
gne), fut  fondée  par  les  Religieux  de  la  Chartreuse 
de  Paular,  en  Castille.  Dès  1458,  ce  projet  avait 
été  formé  et  recevait  l'approbation  du  Chapitre 
Général  de  1469,  mais  les  travaux  ne  purent  com- 
mencer qu'en  i5o6,  sur  un  terrain  donné  par  Fer- 
dinand de  Cordoue,  et  se  terminèrent  en  i5ii. 
Cette  installation  n'eut  pas  de  résultats  favorables, 
et  en  i5i6,on  fut  obligé  de  transférer  le  Monastère 
dans  la  ville  de  Cordoue.  La  nouvelle  Chartreuse 
ne  fut  incorporée  à  l'Ordre  qu'en  i55o.On  compte 
parmi  les  bienfaiteurs  les  Rois  d'Espagne  et  Gon- 
zague  de   Cordoue.  La   suppression  date  de  1 835. 

1564. 

AULA-DEI. 

La  Chartreuse  de  La  Cour-de-Dieu,  ou  de  Aula- 
Dei,  sur  le  bord  de  la  rivière  de  Gallego,  près  de 


—  356  — 

Saragosse,  au  diocèse  de  ce  nom.  gouvernement 
d'Aragon  Espagne,  fut  fondée  par  le  Cardinal 
Ferdinand  d'Aragon,  Archevêque  de  Saragosse,  et 
incorporée  à  l'Ordre  en  1676.  Dès  le  commence- 
ment de  sa  fondation,  ce  Couvent  servit  de  refuge 
aux  Religieux  de  la  Chartreuse  de  Notre-Dame-de- 
Fontibus  ;  il  fut  supprimé  en    1 835 . 

1578. 

GAILLON-BOURBON. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Bonne-Espé- 
rance,  près  de  l'ancien  château  de  Gaillon-Bour- 
bon,  au  diocèse  d'Evreux,  département  de  l'Eure, 
eut  pour  fondateur  le  Cardinal  Charles  de  Bour- 
bon, Archevêque  de  Rouen,  oncle  de  Henri  IV. 
Ce  prélat  n'ayant  pu  achever  son  œuvre  avant 
sa  mort,  on  fut  obligé  pour  donner  au  nouveau 
Couvent  les  revenus  suffisants,  d'y  unir  deux  an- 
ciens prieurés;  dans  la  suite  on  concéda  aux  Char- 
treux les  revenus  de  l'Abbaye  du  Mont-Sainte-Ca- 
therine, de  Rouen.  Les  lettres-patentes  du  Roi  de 
France,  concernant  le  concordat  passé  entre  les 
Religieux  de  Sainte-Catherine  et  les  Chartreux  de 
Gaillon,  sont  datées  du  4  janvier  [5g8  et  du  14 
octobre  1602.  Ce  Monastère,  y  compris  l'église, 
devint  la  proie  des  flammes,  le  9  août  1764.  Les 
Chartreux  le  reconstruisirent  avec  peine,  et  les  tra- 
vaux ne  furent  terminés  qu'en  1777  ;  un  décret  de 
l'Assemblée  nationale  le  supprima  en   170,0. 


1585. 

ARA-CHRISTI. 

La  Chartreuse  de  l'Autel-du-Christ,  ou  d'Ara- 
Christi,  près  de  Valence,  au  diocèse  de  ce  nom, 
province  de  Valence  (Espagne),  fut  fondée  par  Hélè- 
ne de  Roig,  d'après  les  intentions  de  son  frère,  le  cé- 
lèbre Christophe  de  Roig,  chevalier,  docteur  en 
droit  de  l'Université  de  Valence,  chanoine  de  Va- 
lence et  inquisiteur  d'Aragon.  Sa  suppression  date 
de   1 83 5. 

1585. 

LYON. 

La  Chartreuse  du  Lys-du-Saint-Esprit,  dans  la 
Aille  de  Lyon,  au  diocèse  de  ce  nom,  département 
du  Rhône,  fut  construite  par  l'Ordre  même  des 
Chartreux,  avec  des  revenus  accordés  par  le  Cha- 
pitre Général.  Pierre  de  Villars,  Archevêque  de 
Vienne, en  posa  la  première  pierre  en  1587. Henri III, 
Roi  de  France,  fit  quelque  bien  à  cette  Maison  et 
s'en  déclara  le  fondateur.  Parmi  les  principaux 
bienfaiteurs,  on  cite  un  riche  négociant  nommé 
Robivien  qui  s'y  fit  Chartreux  et  Henri  IV,  Roi  de 
France.  La  Chartreuse  du  Lys-du-Saint- Esprit 
s'enrichit  des  biens  du  Couvent  des  Moniales  dit 
Poleteins  qui  avait  été  abandonné  par  l'Ordre. 
Elle  fut  supprimée,  en  ijqo,  par  la  Révolution 
française  et  vendue  comme  bien  national. 


—  358  — 

1587. 

ÉBORA. 

La  Chartreuse  de  l'Echelle-du-Ciel,  ou  de 
Scala-Cœli  près  d'Ebora,  au  diocèse  de  ce  nom 
(Portugal1,  eut  pour  fondateurs  Théotone  de  Bra- 
gance,  Archevêque  d'Ebora,  et  la  famille  des 
ducs  de  Bragance.  On  ignore  l'époque  de  sa  sup- 
pression. 

1590. 

ARA-CŒLI. 

La  Chartreuse  de  l'Autel-du-Ciel,  ou  d'Ara- 
Cœli,  près  de  Lérida,  au  diocèse  de  ce  nom,  en 
Catalogne  (Espagne),  se  trouvait  dans  un  ermitage 
donné  aux  Chartreux,  par  un  Induit  apostolique, 
du  consentement  des  intéressés-,  mais  cette  fonda- 
tion n'ayant  pas  réussi,  les  Chartreux  remirent, 
quelques  années  plus  tard,  cette  propriété  à  ses 
premiers  possesseurs. 

1593. 

LISBONNE. 

La  Chartreuse  du  Val-de-Miséricorde,  près  de 
la  ville  de  Lisbonne,  au  diocèse  de  ce  nom,  dans 
l'Estramadure   Portugaise,  fut  d'abord   construite 


—  oog  — 

dans  la  ville  même  de  Lisbonne  ;  mais  les  Char- 
treux n'y  trouvant  pas  la  solitude  désirable,  le 
Monastère  fut  transféré,  dès  i5()j,  en  dehors  de 
la  ville,  sur  le  bord  de  la  mer,  par  les  soins  de 
Georges  d'Alayde,  Evêque  de  Yiseu,  dans  la  pro- 
vince de  Béira,  et  de  noble  dame  Simoa  Gudiana. 

1595. 

VEILLANE. 

La  Chartreuse  de  Veillane,  au  diocèse  de  Tu- 
rin, en  Piémont  (Italie),  fut  établie  sous  le  vocable 
de  la  Sainte-Trinité,  dans  un  Monastère  de  l'Or- 
dre des  Humiliés.  On  croit  qu'elle  fut  donnée, 
en  r  5 9 1  ,  en  compensation  de  la  Chartreuse  de 
Bande.  Le  nouveau  Monastère  n'eut  pas  une  lon- 
gue existence;  au  commencement  du  siècle  suivant, 
il  fut  détruit  de  fond  en  comble,  Dar  suite  des  suer- 
res,  et  les  Religieux  durent  se  réfugier  d'abord  à 
Mont-Benoît,  vers  i(53o,  puis  à  la  Chartreuse  de 
Turin,  en  [640. 

1600. 

MOLSHEIM. 

La  Chartreuse  du  Mont-Sainte-Marie,  de  Mols- 
heim,  au  diocèse  de  Strasbourg  Alsace  , fut  fondée 
par  les  Chartreux  de  Strasbourg,  chassés  de  leur 
Couvent  par  les  Protestants.  Après  la  destruction 


—  Mdo  — 

de  leur  Maison,  en  i5qi,  ces  Religieux  s'étaient 
réfugiés  dans  la  ville  où  ils  possédaient  un  hospice, 
mais  ne  pouvant  y  suivre  la  vie  régulière,  ils  se  re- 
tirèrent quelques  années  plus  tard  à  Molsheim. 
Charles  de  Lorraine,  Cardinal  et  Evêque  de  Stras- 
bourg, contribua  largement  à  cette  nouvelle  fonda- 
tion. La  Chartreuse  de  Molsheim  fut  supprimée 
par  décret  de  l'Assemblée  nationale,  en   1790. 


FONDATIONS 
DU    DIX-SEPTIÈME    SIÈCLE 


1602. 
TOULOUSE. 


ANS  le  département  delà  Haute-Garonne, 
la  Chartreuse  de  Toulouse,  au  diocèse  de 
|ce  nom,  doit  sa  fondation  aux  Chartreux 
de  Castres,  chassés  de  leur  Monastère  par  les  Cal- 
vinistes, en  i  5 1 >— .  D'après  Morozzo,  cette  fonda- 
tion remonterait  à  la  seconde  moitié  duXIVTe  siècle. 
Ce  Couvent  étant  tombé  en  ruines,  aurait  été 
abandonné  par  l'Ordre,  puis  rétabli  en  [602.  Sac- 
cagé par  les  Calvinistes,  en  i(3o5,  il  fut  de  nou- 
veau restauré,  et  enfin  supprimé  par  la  Révolu- 
tion française,  en  1790. 

1605. 
BORDEAUX. 

La  Chartreuse  de   Notre-Dame-de-Misi::rk:orde, 
au  faubourg  de  Bordeaux,  au  delà  de  la    Garonne. 


—  362  — 

au  diocèse  de  Bordeaux,  département  de  la  Giron- 
de, eut  pour  fondateurs  Ambroise  de  Gasq,  seigneur 
de  Bleignac,  baron  de  Saint-Sulpice,  qui  se  fit 
Chartreux  au  Monastère  de  La  Tour,  en  Calabre. 
et  Ambroise  d'Escoubleau,  Cardinal  de  Sourdis. 
Au  XIVe  siècle,  quelques  Chartreux  de  Vauclair, 
chassés  de  leur  Couvent  par  les  Anglais,  avaient 
bâti  un  petit  ermitage  près  de  Bordeaux,  sur  une  pro- 
priété qui  leur  avait  été  donnée  par  Pierre  Madc- 
ran,  notaire  de  la  ville.  L'acte  est  du  5  octobre  1 383 . 
Arnaud  Andra,  chanoine  et  prévôt  de  l'église  Saint- 
Seurin,leur  avait  fait  aussi  une  donation  le  2(3  août 
1425.  Toutefois,  ils  quittèrent  cet  ermitage,  en  1460, 
pour  retourner  à  Vauclair,  et  ce  fut  seulement  au 
XVIIe  siècle  que  le  Chapitre  Général  rétablit  la 
Chartreuse  de  Bordeaux.  La  Révolution  française 
la  supprima  en  1790  et  la  lit  vendre  comme  bien 
national. 

1618. 

LA  BOUTILLERIK. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dam!:-i>es-Si:pt-Doi- 
leirs,  ou  de  la  Boutillerie,  sur  la  Bèque.  près  de 
Fleurbaix,  au  diocèse  d'Arras,  département  du  Pas- 
de-Calais,  fut  fondée  par  Jean  Le  Vasseur,  écuver, 
licencié  en  l'un  et  Pautre  droit,  mayenr  de  la  ville 
de  Lille,  seigneur  de  la  Boutillcrie  et  de  Rabo- 
danges.  Parmi  les  bienfaiteurs  de  cette  Maison,  on 
cite:  l'Archiduc  Albert  et  Isabelle  d'Espagne,  son 


—  363  — 

épouse;  Girard  de  Mérodes,  seigneur  d'Oignies; 
Hippolyte  Petitpas,  seigneur  de  Gamaus,  Jean 
Vanvicht,  seigneur  de  Nieuvenhove;  Jean  de  Bos- 
quiel,  seigneur  de  Cadmitz  ;  Dom  Jean  de  Méers, 
Abbé  de  Saint-Sauveur  d'Anchin  -,  Charles  de  Lal- 
laing,  comte  de  Hooestrate  ;  Antoine  d'Oignies, 
seigneur  de  Pérenchies.  La  première  pierre  de  l'é- 
glise fut  bénite  le  25  septembre  1627,  mais  la 
consécration,  présidée  par  Christophe  de  France, 
Évêque  de  Saint-Omer,  n'eut  lieu  que  le  16  sep- 
tembre 1644.  Dans  le  courant  du  XVIIe  siècle,  le 
Monastère  et  ses  propriétés  furent  pillés  et  ravagés 
par  les  Allemands.  A  cette  époque  on  cite  parmi 
les  bienfaiteurs  :  en  1647,  François  Leclerc,  sei- 
gneur de  Montisant,  chanoine  de  Cambrai  ;  Phi- 
lippe Lefebvre,  curé  de  Fromelles  et  doyen  du  dis- 
trict de  La  Bassée;  en  1648,  Jacques  de  Voogt, 
seigneur  de  Sonnebeck;  Antoine  Blave  ;  chapelain 
de  Notre-Dame-de-Maisnil;  en  1649,  Thomas  Bras- 
me,  pasteur  du  Maisnil;  en  i652,  Philippe  de'Hay- 
nin,  seigneur  du  Maisnil;  en  1657,  Albert-André  de 
Sainte-Aldcgonde,  baron  de  Maingoval;  en  1660, 
Michel  de  Lannoy,  seigneur  de  Carnoy  ;  en  [669, 
le  Cardinal  d'Esté,  Abbé  de  Saint-Yaast,  et  les 
Religieux  de  son  Abbaye;  et  en  1043,  Michel  Le 
Tel  lier,  plus  tard  chancelier  de  France. 

La  Chartreuse  de  la  Boutillerie  eut  encore  beau- 
coup à  souffrir,  en  170(5  et  en  1708,  des  dépréda- 
tions des  Allemands,  des  Anglais  et  des  Hollandais. 
A  l'époque  de  la  Révolution,  elle  devait  servir  de 
lieu  de  réunion  pour  les  Chartreux  de  la  contrée, 


—  3(54  — 

mais,  en  1791,  les  révolutionnaires  tirent  vendre  le 
Couvent  et  ses  propriétés  comme  bien  national. 

1620. 

WALDITZ. 

La  Chartreuse  de  l'Assomption-de-la-Bienheu- 
reuse- Vierge-Marie,  ou  encore  Camp-Notre-Dame, 
au  diocèse  de  Prague  (Bohême),  eut  pour  fondateur 
Albert  de  Waldestein,  prince  du  Saint-Empire, 
conseiller  de  l'Empereur  et  capitaine  général.  Il  do- 
ta richement  les  Chartreux,  mais  étant  mort  et  ses 
biens  ayant  été  réunis  au  fisc,  l'Empereur  Ferdi- 
nand s'attribua  le  titre  de  fondateur,  en  concédant 
aux  enfants  de  saint  Bruno  les  biens  qui  prove- 
naient d'Albert  de  Waldestein.  La  première  pierre 
de  l'église  fut  posée  le  3o  juillet  i632,  par  le  Car- 
dinal Ernest  de  Harach,  Archevêque  de  Prague; 
et  la  consécration  se  fit  par  Matthieu  Ferdinand, 
Archevêque  de  Prague,  le  9  octobre  [668.  Ce 
magnifique  sanctuaire  fut  détruit  dans  un  incendie, 
le  jour  de  Saint-Marc  de  l'année  1676,  et  recons- 
truit aussitôt  avec  plus  de  splendeur.  L'Empereur 
Joseph  II  supprima  ce  Monastère  en  1782. 

1621. 

ORLÉANS. 

La  Chartreuse  d'Orléans,  près  de   la  ville,  au 
faubourg  Bannier,  diocèse  d'Orléans,  département 


—    365  — 

du  Loiret,  fut  construite  sur  remplacement  d'une 
ancienne  léproserie.  Le  Roi  de  France,  Louis  XIII, 
fondateur  de  cette  Chartreuse,  accorda  aux  enfants 
de  saint  Bruno  les  revenus  de  cet  hôpital  et  lit  les 
premiers  frais  d'installation.  L'Ordre  prit  posses- 
sion de  ce  Monastère,  en  1624.  Un  décret  de  l'As- 
semblée de  1790  le  supprima,  et  ses  propriétés 
furent  vendues  comme  bien  national,  à  la  même 
époque. 

1623. 
RIPAILLE. 

La  Chartreuse  de  l'Annonciade,  à  Ripaille,  près 
de  Thonon,  sur  les  bords  du  lac  Léman,  au  dio- 
cèse de  Genève,  dans  le  Chablais  (Savoie),  rem- 
plaça un  prieuré  de  Chanoines  Augustins  doté,  en 
1410,  par  Amédée  VIII,  comte  de  Savoie.  Le  fon- 
dateur de  la  Chartreuse  fut  Charles-Emmanuel  Ier, 
duc  de  Savoie,  d'après  le  désir  exprimé  par  saint 
François  de  Sales.  Les  lettres-patentes  sont  datées 
du  12  octobre  162 3  et  du  24  avril  1624.  Les  biens 
de  la  Chartreuse  de  Vallon  furent  donnés  au  nou- 
veau Monastère  par  le  Général  de  l'Ordre;  la  carte 
du  Chapitre  Général  de  [628,  en  relatant  cette 
translation,  rappelle  que  le  duc  de  Savoie  Charles- 
Emmanuel  enrichit  ce  Couvent.  La  Chartreuse  de 
l'Annonciade  fut  supprimée  par  la  Révolution  fran- 
çaise, en  [793,  et  ses  biens  furent  vendus  le  24 
messidor  an  IV. 


—  366  — 

1623. 

ANVERS. 

La  Chartreuse  de  La  Lyre,  près  d'Anvers,  au 
diocèsede  ce  nom,  en  Brabant  Belgique  ,  eut  pour 
fondateurs  quelques  riches  citoyens  d'Anvers.  Le 
Chapitre  Général  y  adjoignit  les  biens  de  la  Char- 
treuse de  Bois-le-Duc  abandonnée  par  l'Ordre. 
Nous  avons  vu  que  le  Monastère  de  Sainte-Cathe- 
rine avait  été  démoli  par  suite  des  guerres,  en 
044  -,  ses  revenus  furent  plus  tard  cédés  à  la  Char- 
treuse de  La  Lyre.  Le  manuscrit  de  la  Grande 
Chartreuse  pense  que  l'on  commença  les  travaux 
de  ce  Couvent,  au  milieu  du  XVIe  siècle  et  cite 
Dancart,  citoyen  d'Anvers,  comme  son  insigne 
bienfaiteur.  L'Empereur  d'Autriche,  Joseph  II  le 
supprima   en   1783. 

1625. 

MOULINS. 

La  Chartreuse  de  Saixt-Josf.ph,  de  Moulins,  au 
diocèse  de  ce  nom,  département  de  l'Allier,-  fut 
fondée  par  Henri  de  Bourbon,  prince  de  Condé. 
et  par  les  Chartreux  de  Bonnefoy,  en  Vivarais. 
Dom  François  de  Lingendas,  ancien  Prieur  de 
Bonnefoy  et  de  Glandier,  puis  Prieur  de  Saint- 
Joseph  de  Moulins,  y  éleva  de  belles  constructions, 
vers  iG3o  ;  et  Dom  Jean  Joyet,  termina  les  travaux 


-   M)7   - 

vers  1(548.   Ce  Monastère  fut  supprimé,  en   [790, 
par  décret  de  l'Assemblée  nationale. 

1626. 

NIEUPORT. 

La  Chartreuse  de  Nieuport,  au  diocèse  d'Ypres, 
province  de  Flandre  (Belgique,  fut  fondée  par  Phi- 
lippe IV,  Roi  d'Espagne,  pour  les  Chartreux  An- 
glais; la  charte  est  du  20  juin  [626.  Ces  Religieux 
s'étaient  d'abord  réfugiés  à  Bruges,  mais  chassés  de 
cette  ville  par  les  Calvinistes,  en  1 5y8,  ils  reçurent 
l'hospitalité  dans  différentes  Maisons  de  l'Ordre 
et  se  retirèrent  à  Louvain,  en  1090,  puis  à  Mali- 
nes,  en  i5c)r.  Ils  y  restèrent  jusqu'au  moment  où 
Philippe  IV  leur  donna  Nieuport.  L'Empereur 
Joseph  II  supprima  ce  Monastère,  en   17S0. 

1628. 

LE  PUY. 

La  Chartreuse  du  Puy, dans  le  village  de  Brives- 
Charensac,  au  confluent  de  la  Borne,  au  diocèse 
du  Puy-en-Vélay,  départementale  la  Haute-Loire, 
doit  sa  fondation  à  Juste  de  Serres,  Évèque  du 
Puy,  de  concert  avec  le  Chapitre  de  son  église  ca- 
thédrale. Cette  Chartreuse  supprimée,  en  1790, 
par  l'Assemblée  nationale,  sert  actuellement  de 
petit  séminaire. 


—  368  — 

1621. 
NANCY. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Anne  près  de  Nancy, 
au  diocèse  de  ce  nom,  en  Lorraine,  département 
de  la  Meurthe,  fut  fondée  par  le  duc  Charles  IV 
de  Lorraine  sur  le  domaine  confisqué  à  Melchior 
de  la  Vallée,  protonotaire  Apostolique,  chantre  et 
chanoine  de  la  collégiale  de  Saint-Georges .  Les 
lettres-patentes  sont  datées  du  19  juillet  i632.  Lors 
de  l'invasion  des  Français  en  Lorraine  en  1634,  la 
Communauté  fut  obligée  de  se  disperser,  mais  le 
duc  Charles,  étant  rentré  dans  ses  États,  dota  la 
Chartreuse  par  lettres-patentes  du  20  octobre  1662. 
Quelques  années  plus  tard,  en  1666,  les  Religieux 
furent  transférés  à  Bosserville,  et  Sainte-Anne  ser- 
vit d'annexé  pour  la  résidence  de  quelques  Moines. 
La  Chartreuse  de  Sainte-Anne  fut  supprimée,  en 
1790,  par  la  Révolution  française  et  vendue  comme 
propriété  nationale,  le  3  juin   1 79 r . 

1633. 

MARSEILLE. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Marie-Madeleine,  à 
Marseille,  près  du  jardin  des  plantes.au  diocèse  de 
Marseille,  département  des  Bouches-du- Rhône  , 
doit  sa  fondation  aux  Chartreux  de  Villeneuve, 
près  d'Avignon,  sous  le  priorat  de  Dom  Pacifique 


—  369  — 

de  Mont.  Déjà  en  12  14,  les  Chartreux  possédaient, 
dans  la  ville  de  Marseille,  un  hospice  qui  avait 
été  fondé  par  Pierre  Brémont,  prévôt  du  Chapitre 
de  Marseille,  de  concert  avec  Hugues,  Raymond, 
Itier  et  Aycart  de  Rochefort  ;  mais  en  1249,  le 
bâtiment  occupé  par  les  Chartreux  étant  nécessaire 
aux  Religieuses  de  l'Abbaye  de  Notre-Dame-du- 
Mont-de-Sion,  ils  le  leur  cédèrent,  et  Benoît  d'Ali- 
gnane,  Evoque  de  Marseille,  construisit  en  échange, 
pour  les  Chartreux,  une  Maison  près  du  Couvent 
des  Frères  Mineurs. 

L'acte  ou  contrat  de  la  nouvelle  fondation  fut 
passé  le  23  janvier  i633,  et  ratifié  par  le  Révérend 
Père,  le  20  avril  de  la  même  année;  l'acte  d'achat 
de  la  Bastide  d'Anguilhenqui,  où  Ton  éleva  le  Mo- 
nastère, était  daté  du  i5  mars  1 633.  La  première 
pierre  fut  posée  par  le  Maréchal  de  l'Hospital,  mar- 
quis de  Vitry,  gouverneur  de  Provence  et-  bénite 
par  François  de  Loménie,  Évêque  de  Marseille,  le  8 
septembre  1 633 .  On  cite  parmi  les  principaux  bien- 
faiteurs François  de  Foresta,  seigneur  de  Caste- 
lar;  Jean-Augustin  de  Foresta,  son  frère;  Antoine 
et  Léon  de  Valbelle  ;  Jean  de  Garnier;  messire 
Louis  de  Paulo,  président  au  Parlement  d'Aix;Léon 
d'Albertas,  seigneur  de  Jonques  ;  Jean-Antoine  de 
Glandèves,  comte  de  Pourrières,  et  Antoine  de 
Riquetti.  Au  mois  de  mai  i65G,  Louis  XIV  prit 
la  Chartreuse  de  Marseille  sous  sa  protection.  L'é- 
glise du  Monastère,  terminée  en  1696,  ne  fut  con- 
sacrée que  le  11  décembre  1702,  par  Charles-Gas- 
pard-Guillaumc  de  Yintimillc  du  Luc,  Evêque  de 

24 


—   ^7°  — 

Marseille;  elle  fut  désignée  comme  église  constitu- 
tionnelle. Un  décret  de  l'Assemblée  nationale,  en 
1790,  supprima  le  Couvent  dont  une  partie  servit 
plus  tard  au  Noviciat  des  Frères  des  Écoles  chré- 
tiennes. 

1633. 

AIX. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Marthe,  à  Aix,  au  dio- 
cèse de  ce  nom,  département  des  Bouches-du-Rhô- 
nc,  aurait  été,  d'après  le  manuscrit  de  la  Grande 
Chartreuse,  commencée,  en  1623,  et  incorporée  à 
TOrdre  en  1 6 3 3 .  Elle  eut  pour  fondateur  Jean-An- 
dré Aimar,  cons2iller  au  Parlement  d'Aix,  d'après 
les  conseils  de  Louis-Alphonse-Duplessis  de  Riche- 
lieu, Archevêque  d'Aix.  La  Révolution  française  la 
supprima  en  1790,  et  la  vendit  comme  bien  na- 
tional. 

1633. 

SARAGOSSE. 

La  Chartreuse  de  La  Conception-de-la-Biexheu- 
reuse-Vierge-Marie,  près  de  la  ville  de  Saragosse, 
au  diocèse  de  ce  nom,  dans  la  province  d'Aragon 
(Espagne),  compte  comme  fondateur  Alphonse  de 
Funes  et  de  Villalpando;  Gérômina  Zaporta,  son 
épouse,  et  plusieurs  autres  gentilhommes  de  la  con- 
trée. Cette  Chartreuse  fut  supprimée  en    1 835. 


1640. 
VIA-CŒLI. 

La  Chartreuse  de  la  Voie-du-Ciel  ou  de  Via- 
Cœli,  non  loin  de  Orihuella,  sur  la  rivière  de 
Se'gura,  au  diocèse  de  Orihuella,  province  de 
Valence  (Espagne),  avait  ète'  fondée  par  Thomas 
Pe'dros,  mais  peu  de  temps  après,  les  revenus 
e'tant  insuffisants,  l'Ordre  se  trouva  dans  la  né- 
cessité de  l'abandonner  en   1681. 

1641. 

GELDA. 

La  Chartreuse  de  Gelda  ou  Gilda,  au  diocèse 
de  Gnesne,  en  Posnanie  (Pologne),  fut  fondée 
par  l'illustre  dame  Suzanne  de  Przerembska, 
veuve  de  Jean  Obieski,  sous-chambellan  de  Po- 
logne. On  ignore  l'époque  de  la  suppression. 

1642. 
TURIN. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-l'Anxoncia- 
tiox,  au  village  de  Collegno,  près  de  Turin,  au 
diocèse  du  même  nom,  en  Piémont  (Italie),  eut 
pour  fondatrice,  Christine  de  Bourbon,  fille  de 
Henri   IV,    Roi  de    France,   et  veuve    de    Victor- 


3j2    — 

Amédée,  duc  de  Savoie.  Ce  Couvent  avant  e'te' 
ravagé  par  les  arme'es  républicaines,  les  Religieux 
furent  obligés  de  se  disperser.  Après  i83o,  le  Roi 
Charles-Albert  rappela  les  Chartreux  à  Collegno, 
mais  quelques  années  plus  tard,  ils  en  furent  bru- 
talement chassés  le  10  août  1854,  par  le  gouver- 
nement constitutionnel  du  Piémont.  Actuellement 
ce  Monastère  est  devenu  un  hôpital  de  fous. 

1650. 

BÉRÉZE. 

La  Chartreuse  de  Sainte-Croix,  près  de  Béréze, 
au  diocèse  de  Lucko,  en  Polésie  (Pologne,  eut 
pour  fondateur  Casimir-Léon  Sapichavica  ,  que 
quelques  auteurs  nomment  Sapieska ,  vice-chan- 
celier de  Lithuanie,  et  Christine-Théodora,  com- 
tesse de  Parnon,  son  épouse.  Les  cartes  des  Cha- 
pitres Généraux  de  1654  et  de  1 656  relatent  les 
bienfaits  dont  fut  comblée  cette  Chartreuse  par 
les  pieux  fondateurs;  la  date  de  suppression  est 
inconnue. 

1662. 

DOUAI. 

La  Chartreuse  de  Saint-Joseph-et-Saint-Morand, 
à  Douai,  au  diocèse  de  Cambrai,  département  du 
Nord,  fut  d'abord  fondée  vers  la  fin  du  XVIe  siècle, 


070 


par  les  Chartreux  de  Notre- Dame-de-Macourt-lez- 
Marly  près  de  Valenciennes,  qui  chassés  de  leur 
Couvent  par  les  Protestants  essayèrent,  sans  succès, 
de  s'établir  à  Douai.  En  i63o,  le  Prieur  de  Va- 
lenciennes, Dom  Anthelme  de  Prouville,  reprit  le 
projet  abandonné  au  siècle  précédent.  La  demoi- 
selle Marie  Loys,  d'après  les  conseils  de  Philippe 
Caverel,  Abbé  de  Saint- Vaast  d'Arras,  et  les  vo- 
lontés dernières  de  son  frère  Nicolas  Loys,  docteur 
en  théologie,  chanoine  de  Tournay,  testa  en  faveur 
des  enfants  de  saint  Bruno,  le  10  janvier  i65_l;  et 
le  Roi  Philippe  IV,  par  lettres-patentes,  en  date 
de  Bruxelles  i655,  autorisa  la  nouvelle  fondation. 
Les  Chartreux  s'établirent  en  1660,  dans  un  en- 
droit appelé  Hiérusalem,  puis,  en  1662,  dans  un 
ancien  Couvent  de  Religieux  Prémontrés,  dits  de 
Saint-Nicolas  de  Fumes.  Philippe  IV,  par  lettres- 
patentes  d'avril  i665,  approuva  l'établissement  de 
la  nouvelle  Chartreuse.  Parmi  les  bienfaiteurs 
on  cite  :  les  Chartreux  du  Mont-Dieu  ;  Dom  An- 
toine Crépieul  de  Douai,  profès  de  la  Grande 
Chartreuse  ;  Michel  Verdière,  bourgeois  de  Lille; 
Antoine  Debus,  sieur  de  TEstoile,  échevin  de 
Douai-,  Marie  de  Prouville,  veuve  de  Louis  de  Hai- 
nin,  chevalier,  seigneur  du  Cornet  ;  Le  Carlier, 
conseiller  d'Artois,  et  Dubois,  Abbé  de  Saint- 
Aman  d. 

Les  travaux  commencés  en  1 663,  puis  suspendus 
à  cause  de  la  conquête  de  la  ville  par  Louis  XIV, 
ne  furent  repris  qu'en  1680.  L'église,  commencée 
en   1700,   fut  terminée  en   1722  et  bénite  le  G  oc- 


—  3;4  — 

tobre  1723  par  Jean  de  Ransart,  vicaire  capitu- 
laire  d'Arras.  En  1700,  la  Révolution  française 
fit  vendre  les  propriétés  comme  biens  nationaux, 
et  affecta  les  bâtiments  au  service  des  magasins 
d'artillerie. 

1666. 
BOSSERVILLE. 

La  Chartreuse  de  La  Coxception-Immaculée-de- 
la-Bienheureuse- Vierge-Marie,  à  Bosserville,  entre 
Nancy  et  Saint-Nicolas,  au  diocèse  de  Nancy,  en 
Lorraine,  département  de  la  Meurthe,  eut  pour 
fondateur  Charles  IV,  duc  de  Lorraine,  qui  y 
fit  transférer  les  Religieux  de  la  Chartreuse  de 
Sainte-Anne,  près  de  Nancy.  Les  lettres-patentes 
de  cette  fondation  sont  datées  du  2  3  janvier  1666. 
Camilly,  Évêque  de  Toul,  consacra  l'église  le  7 
octobre  171 2.  Cette  Chartreuse  ne  fut  terminée 
qu'en  ij3i,  par  Léopold,  duc  de  Lorraine  et  de 
Bar,  petit-neveu  du  fondateur.  La  Révolution 
française  la  supprima  et  convertit  les  bâtiments 
en  ambulance  militaire  ;  la  mise  en  vente,  comme 
propriété  nationale  n'eut  lieu  que  le  27  ventôse, 
an  VI  de  la  République. 

Le  2(5  mars  1 835,  le  Révérend  Père  Général, 
Dom  Jean-Baptiste  Mortaize ,  racheta  cette  ma- 
gnifique Chartreuse  et  la  fit  restaurer.  Parmi  les 
principaux  bienfaiteurs  qui  vinrent  au  secours 
des  Chartreux,  dans  cette  circonstance,  on  compte 


—  3y5  — 

Dom  Bernard  Abram  -,  Dom  Joyeux,  ancien  Char- 
treux, chanoine  et  secrétaire  de  l'évêché  de  Metz; 
Louis-Philippe,  Roi  des  Français;  Mgr.  deForbin- 
Janson,  Évcque  de  Nancy;  Mgr.  Donnet,  son 
coadjuteur  ;  Mgr.  de  Prilly,  Evêque  de  Châlons- 
sur-Marne  ;  M.  de  Dumast  ;  le  baron  de  Hart  ; 
M.  Seillière  ;  le  comte  de  Saint-Mauris;  le  comte 
d'Oursch;  le  marquis  The'odore  de  Ludres;  l'abbé 
de  Gournay  ;  l'abbé  Berman  ;  l'abbé  Gennat  ; 
l'abbé  Ducherrai  et  M.  Yagner.  La  Chartreuse 
de  Bosserville  contient  actuellement  trente  cel- 
lules dans  le  cloître. 

1667. 

ROUEN. 

La  Chartreuse  de  Saint-Julien, près  de  Rouen, 
non  loin  du  faubourg  Saint-Sévère,  au  diocèse 
de  Rouen,  département  de  la  Seine-Inférieure, 
était  occupée  par  des  Bénédictins  ;  le  Chapitre 
Général  y  adjoignit  les  biens  de  la  Chartreuse 
de  la  Rose-Notre-Dame  abandonnée  par  l'Ordre. 
Ce  Monastère  fut  supprimé  par  le  décret  de 
l'Assemblée  nationale  du   i3-ig  février   1790. 


FONDATIONS 


"DU   'DIX-'hlEUVIEME    SIECLE. 


1822. 


B  E  A  U  R  E  G  A  R  D 


A  Chartreuse  de  Sainte-Croix-de-Beau- 
regard,  près  de  Voiron,  au  diocèse  de 
Grenoble,  département  de  l'Isère,  fut  éta- 
blie pour  des  Moniales;  l'installation  eut  lieu  le  6 
juin  1822.  Dès  1820,  les  anciennes  Religieuses 
Chartreuses  s'étaient  réunies  à  Lozier,  paroisse  de 
Vinay,  au  diocèse  de  Grenoble,  mais  ce  lieu  n'étant 
pas  assez  solitaire,  elles  achetèrent,  avec  le  secours 
du  Révérend  Père  Général,  le  château  de  Beaure- 
gard  et  s'y  installèrent  en  1S22.  Les  Statuts  de  ce 
Couvent  furent  approuvés  le  26  septembre  1825, 
par  l'Evêque  de  Grenoble  et  enregistrés  au  Conseil 
d'Etat,  en  vertu  d'une  ordonnance  royale  du  3i 
décembre    182G.    La   Communauté   fut  définitive- 


ment  autorisée  par  ordonnance  royale  du   17  jan- 
vier  1827. 

1825. 

MOUGÈRES. 

La  Chartreuse  de  Notre-Dame-de-Pitié,  à  Mou- 
gères, entre  le  bourg  de  Roujan  et  celui  de  Caux,  sur 
les  bords  de  la  rivière  de  Peyne,  diocèse  de  Mont- 
pellier, département  de  l1  Hérault,  avait  été  occu- 
pée depuis  le  XIIIe  siècle  par  des  Religieux  Do- 
minicains. La  Révolution  française  les  dispersa 
et  le  Couvent  fut  vendu  comme  bien  national  le 
18  janvier  1791.  Sous  la  Restauration,  en  1825, 
la  dame  Maury,  née  Trinquet,  donna  aux  Char- 
treux l'ancien  Monastère  en  ruines.  Les  enfants  de 
saint  Bruno  s'y  établirent  sous  le  Révérend  Père 
Dom  Benoît  Nizzatti,  avec  l'assentiment  de  Mgr. 
Fournier,  Evèque  de  Montpellier.  Le  nouveau 
chœur  de  l'église  fut  béni  le  8  décembre  i865 
par  Mgr.  Thibaut,  Evèque  de  Montpellier.  Le 
cloître  de   ce    Monastère   contient   douze  cellules. 

1854. 

BASTIDE-SAINT-PIERRE. 

La  Chartreuse  des  Saixts-Cœurs-de-Jésus-et-de- 
Marie,  à  la  Bastide-Saint-Pierre,  près  de  Mon- 
tauban,    au    diocèse   de   Cahors,   département  du 


—  378  — 

Lot,  a  été  fondée  pour  des  Moniales,  par  la 
Grande  Chartreuse,  avec  une  colonie  de  Sainte- 
Croix-de-Beauregard.  La  prise  de  possession  est 
du  8  septembre  i85-j.,  sous  le  Généralat  de  Dom 
Jean-Baptiste  Mortaize. 

1869. 
HAÏN. 

La  Chartreuse  de  Saixt-Bruxo,  ou  de  Haïn,  à 
Kaïsserwerth,  près  de  Cologne,  au  diocèse  de  ce 
nom,  Prusse  Rhénane  (Allemagne),  a  été  fondée 
par  l'Ordre  en  1869,  sous  le  Révérend  Père  Dom 
Charles -Marie  Saisson.  Le  Chapitre  Général 
avait  décidé  la  construction  de  ce  Monastère  près 
de  la  ville  de  Cologne,  pour  rappeler  le  souvenir 
du  saint  fondateur  des  Chartreux,  dans  la  contrée 
où  il  avait  pris  naissance.  Cette  Maison  eut  une 
existence  bien  courte  -,  les  Religieux  en  ont  été 
expulsés  pendant  la  persécution  du  prince  de  Bis- 
mark, chancelier  de  l'Empereur  Guillaume  de 
Prusse.  En  attendant  des  jours  meilleurs,  ils  y  ont 
établi  un  régisseur  qui  garde  la  propriété. 

1870. 

LE  GARD. 

La  Chartreuse  de  Notre-Da.me-du-Gard,  près  de 
Picquigny,  au  diocèse  d'Amiens,  département  de 
la  Somme,  fut  établie  pour  des  Moniales,  sous  le 


—  *79  — 

Révérend  Père  Dom-Charles-Marie  Saisson.  Ce 
Monastère  avait  e'té  occupe  par  des  Religieux  de 
TOrdre  de  Citeaux,  depuis  n38,  jusqu'à  la  Révo- 
lution française.  En  1816,  il  fut  acheté  et  recons- 
truit par  les  Trappistes  qui  le  cédèrent,  en  1842, 
au  baron  de  Vert-Pré,  en  échange  de  l'Abbaye  de 
Sept-Fonts.  Les  Religieux  du  Saint-Cœur-de-Marie 
qui  en  étaient  devenus  propriétaires  le  revendirent 
à  leur  tour,  à  M.  l'Abbé  de  Genlis  pour  y  établir 
un  orphelinat.  Le  succès  n'ayant  pas  répondu  à 
l'attente  du  fondateur,  les  Chartreux  achetèrent 
cette  Maison  et  ses  dépendances,  pour  des  Moniales 
de  leur  Ordre.  La  Communauté,  constituée  en 
1870,  comprend  25  Religieuses  de  chœur. 

1873. 
PARKMINSTER. 

La  Chartreuse  de  Saint-Hugues-de-Lincoen,  à 
Parkminster,  non  loin  de  Brigthon,  au  diocèse  de 
Southwark,  comté  de  Sussex  (Angleterre),  a  été 
fondée  par  l'Ordre,  sous  le  Révérend  Père  Dom 
Charles-Marie  Saisson,  le  21  janvier  1873.  Les  tra- 
vaux commencés  le  i3  septembre  1876  ne  furent 
terminés  qu'en  1882,  et  Tannée  suivante,  le  Cha- 
pitre Général  put  constituer  la  nouvelle  Commu- 
nauté. Le  cloître  de  cette  magnifique  Maison  con- 
tient 3(5  cellules.  L'église  a  été  consacrée  le  10  mai 
i883  par  Mgr.  Robert  Coflin,  Évêque  de  South- 
wark. 


38o 


L'Ordre  des  Chartreux  est  actuellement  divisé 
en  trois  Provinces  et  compte,  en  dehors  de  la 
Grande  Chartreuse,  vingt-six  Maisons  :  treize,  en 
France;  huit, en  Italie  ;  deux,  en  Espagne  -,  une,  en 
Suisse;  une,  en  Allemagne,  et  une, en  Angleterre. 

Première  Province  de  France  : 

Beauregard ,  fonde'  en  1822  (V.  p.  376;  ;  Le 
Reposoir ,  racheté  en  1844  (V.  p.  200)  ;  Portes, 
racheté  et  restauré  en  i856  (V.  p.  217)  ;  Val- 
Sainte  (V.  p.  262)  ;  Sêlignat ,  rétabli  en  1867 
(V.  p.  242)  ;  Le  Gard,  fondé  en  1870  (V.  p.  078)  ; 
Montreuil,  reconstruit  en  1872  (V.  p.  281)  ;  Mi- 
raflores,  reconstitué  par  le  Chapitre  Général  de 
1881  (V.    p.  33(3)  \    Mont-AVegre,  (V.  p.   334). 

Seconde  Province  de  France  : 

Mougeres,  fondé  en  1826  (V.  p.  377)  \  Nancy, 
racheté  en  i835,  (V.  p.  374)  ;  Valbonne,  racheté 
en  i836  (V.  p.  244)  ;  Mont-Rieux,  racheté  en 
1843  (V.  p.  221)  ;  Montauban ,  fondé  en  1854 
(V.  p.  377)  -,  Vauclair,  racheté  et  rétabli  en  i858 
(V.  p.  292)  ;  Glandier,  reconstruit  en  1869  V. 
p.  247)  ;  Haïn,  fondé  en  1869  (V.  p.  378)  ;  Park- 
minster,  en  Angleterre,  fondé  en  1873  (V.  p.  379). 

Province   d'Italie  : 

Rome,  rétabli  en  1814  V.  p.  3 10)  ;  Trisulti, 
rétabli  en  18 14  (V.  p.  245'  -,  Pise,  reconstitué  en 
1816  (V.  p.  3o8  ;  Florence,  rétabli  en  1818  (V. 
p.  299)   ;   Naples ,   rétabli   en    i836   (V.   p.  285    ; 


—  38i  — 

Pavie,  rendu  à  l'Ordre  en  1843  (V.  p.  325)  ; 
Calabre,  ou  Saint-Étienne-et-Saint-Bruno,  racheté 
en  1854  (V.  p.  216)  ;  Védana.  racheté  en  1882 
(V.  p.  343). 


Nous  avons  cru  utile,  en  terminant  cet  ouvrage, 
de  donner  un  résume  des  Chartreuses  qui  existent 
actuellement  en  Europe;  le  lecteur  a  pu  ainsi  mieux 
juger  du  mouvement  de  renaissance  de  l'Ordre  des 
Chartreux.  Au  déclin  de  la  Révolution  française, 
il  ne  restait  aux  enfants  de  saint  Bruno  qu'un  seul 
Monastère,  perdu  dans  les  montagnes  de  la  Suisse, 
la  Part-Dieu,  et  on  ne  pouvait  humainement  pré- 
voir la  résurrection  de  cet  Ordre  célèbre,  frappé  de 
mort  avec  tant  de  retentissement  et  d'éclat. 

D'après  les  dates  de  rachat  et  de  rétablissement, 
il  est  facile  de  constater  que  cette  résurrection  s'est 
opérée  lentement  et  par  la  force  même  des  choses. 
Les  destinées  des  Ordres  monastiques  étant  unies 
par  des  liens  presque  indissolubles  aux  destinées 
mêmes  de  l'Eglise,  les  Chartreux  ont  reparu  aussi- 
tôt que  la  religion  a  joui  de  la  liberté  ;  ils  ont  relevé 
les  ruines  accumulées  par  la  Révolution  ou  le  des- 
potisme, et  repris,  avec  bonheur,  leur  vie  de  sacri- 
fice et  d'abnégation. 

L'apparition  des  disciples  de  saint  Bruno,  au 
milieu  des  populations,  a  été  exempte  d'hostilité  ; 
le  plus  souvent,  ils  ont  été  acceptés  avec  une  cer- 
taine sympathie  ou  tout  au  moins  avec  une  paci- 
fique indifférence .  Qu'importent,  à  la  plupart  des 


—  382  — 

hommes  de  notre  temps,  les  desseins  de  la  Provi- 
dence en  faisant  reparaître  ces  saints  Religieux  ; 
ils  ne  comprennent  pas  le  rôle  du  Moine  et  par  là 
même  ils  le  tolèrent,  mais  à  la  condition  que  celui-ci 
restera  dans  la  solitude  de  son  cloître  et  ne  fera  pas 
sentir  extérieurement  son  influence  sur  la  société 
civile.  «L'attention  des  contemporains,  —  écrivait- 
on  dernièrement  en  parlant  des  Moines  en  géné- 
ral, —  n'a  pu  voir  en  eux  que  des  hommes  de 
prière  et  de  pénitence.  Etrangers  aux  affaires  de 
ce  monde,  ils  n'ont  pas  inspiré  la  crainte,  parce 
qu'on  croyait  sérieusement  n'en  avoir  rien  à 
craindre.  Leurs  armes,  toutes  spirituelles,  ne  sont 
pas  du  nombre  de  celles  qui  sont  redoutées  par 
une  génération  qui  regarde  le  surnaturel  comme 
une  illusion  ou  un  rêve.  Leurs  larmes  et  leurs 
gémissements  ont  paru  inoffensifs.  On  y  a  même 
pris  un  certain  intérêt.  On  a  trouvé  piquant,  en 
plein  dix-neuvième  siècle,  d'avoir  à  visiter,  au  bout 
d'une  excursion  de  touriste,  une  Chartreuse  ou  une 
Trappe1.  » 

L'Église  a  une  pensée  plus  élevée;  elle  veut,  par 
la  prière  de  ces  pieux  Solitaires  et  des  Religieux 
leurs  émules,  désarmer  la  colère  céleste,  par  leurs 
saintes  expiations  acquitter  la  dette  de  la  société 
envers  la  justice  divine,  et  par  leurs  mortifications 
multipliées  apporter  le  remède  salutaire  contre  le 
sensualisme  contemporain.  Les  vrais  catholiques 
l'ont  bien  compris,   c'est  pourquoi  eux  du   moins 

1  L'abbé  F.  Martin,  Les  Moines,  t.  II. 


—  383  — 

ont  reçu  les  Chartreux  avec  bonheur  et  avec  vé- 
nération. 

Fait  remarquable,  la  renaissance  de  cet  Ordre 
illustre  s'est  produite  aussi  bien  dans  les  pays  les 
plus  remués  par  l'esprit  révolutionnaire  que  parmi 
les  nations  Protestantes  où  le  schisme  règne  en- 
core en  dominateur.  Plus  que  jamais,  on  com- 
prend la  nécessité  de  ces  pieux  asiles  où  rame,  fati- 
guée des  luttes  de  la  vie,  effrayée  des  progrès  de 
l'athéisme,  vient,  dans  la  pratique  de  la  pénitence 
et  de  la  vertu,  chercher  un  refuge  et  une  consola- 
tion. «Telle  est  maintenant  la  situation  des  esprits, 
disait  Balmès,  tel  est  le  développement  simultané 
de  toutes  les  facultés  de  l'âme,  tel  le  vide  que  sen- 
tent les  cœurs  généreux,  que  si  on  apprend  qu'une 
maison  de  retraite  s'est  élevée  dans  quelque  désert 
et  que  cette  maison  est  habitée  par  la  mortification 
et  la  prière,  elle  deviendra  l'objet  des  visites  em- 
pressées de  cette  ardente  jeunesse  qui  cherche  un 
aliment  à  ses  passions  de  feu,  et  beaucoup  laisse- 
ront les  bruyants  plaisirs  de  Rome  pour  le  silence 
et  les  austérités  de  Bethléem1.  » 

Nous  ne  croyons  pas  nous  bercer  de  douces  illu- 
sions et  de  vaines  espérances,  mais,  tout  en  consta- 
tant les  obstaclesquis'élèvent  contre  le  bien, tout  en 
faisant  la  part  et  des  idées  révolutionnaires  répan- 
dues au  milieu  des  peuples  et  de  leurs  consé- 
quences inévitables,  nous  sommes  persuadés  qu'un 
jour  viendra  où  l'œuvre  d'iniquité  sera  battue  en 

1  Mélanges,  t.  II. 


-  384  - 

brèche  et  qu'une  réaction  religieuse  rendra  la  paix 
au  monde.  Alors  les  Monastères  sortiront  pleins  de 
vie  du  milieu  des  décombres  amoncele's  ;  une  sève 
nouvelle  remontera  au  vieil  arbre,  privé  de  ses 
branches,  mais  encore  plein  de  vigueur,  et  sous  les 
arceaux  des  cloîtres  se  presseront  des  âmes  fortes 
et  généreuses,  décidées  à  se  consacrer  à  l'amour  de 
Dieu,  à  l'édification  du  prochain  et  au  salut  de  la 
société.  «  Quand  la  Religion  aura  remporté  la  vic- 
toire, disait  encore  l'éminent  écrivain  que  nous 
venons  de  citer,  quand  la  religion  aura  du  moins 
brisé  les  chaînes  qui  pèsent  de  toutes  parts  sur  elle, 
qui  paralysent  son  action  et  brisent  ses  influences, 
quand  il  sera  permis  à  la  foi  et  à  la  charité  de  re- 
prendre le  cours  interrompu  de  leurs  œuvres  di- 
vines, alors  renaîtront  d'une  manière  ou  d'une 
autre  les  Communautés  religieuses.  Les  cités  et  les 
déserts  verront  se  rétablir  leurs  maisons  de  prière; 
les  hommes  se  réuniront  encore  pour  réaliser  dans 
la  vie  commune  les  plus  sublimes  conseils  de 
l'Évangile  :  ils  pourront,  dans  le  concert  de  toutes 
les  vertus,  élever  au  ciel  un  cœur  ardent  et  pur; 
ils  pourront  prier  pour  le  bonheur  et  la  conversion 
de  ceux  qui  se  montrèrent  leurs  plus  implacables 
ennemis.  » 


PIÈCES 


JUSTIFICATIVES 


PIECES  JUSTIFICATIVES 


1. 


TESTIMONIALES     LITTER.E 

SENATUS    INCLYT.E     URBIS     COLONLE    AGRIPPIN^ 

DE     ANTIQUITATE     AC     NOBILITATE     FAMILI/E     S.      BRUNONIS 

PRIMI    CARTUSIANORUM    INSTITUTORIS,      - 

EX  EADEM  COLONIA  ORIUNDI. 


Omnibus  has   visuris,    lecturis  aut   audituris,  salutem 
in  Domino. 


OS  equestris  ac  patricii  ordinis  viri  Am  - 
rnannus,  Consules ,  Quœstores,  Proconsules, 
ceterique  Imperialis  Civitatis  Colonise  Agrip- 
pince  Senatores  notum  facimus,  et  in  perpetuam  rei 
veritatem  declaramus  ,  ac  attestamur,  familiam  cogno- 
mento  de  Hardenuust,  vel  de  Hardevust,  van  Har- 
denuust,  vel  van  Hardevust,  von  Hardenuust ,  vel 
von  Hardevust,  Hardenuust,  vel  Hardevust,  unam 
esse   ex    illustrissimis  et   antiquissimis   hujus    Civita- 

23 


—  386  — 

lis,  fuisseque  hic  stabilitam  a  Brunone  de  Duro  Pugno, 
équité  generosissimo,  et  Pâtre  S.  Brunonis,  Carthu- 
sianorum  fundatoris  circiter  ann.  MLXVIII.  régnante 
Henrico  III.  Romanorum  imperatore,  Sanctoque  An- 
none  Coloniensium  Archiepiscopo,  ex  quo  omnes  ex  eo 
stemmate  descendentes  e  nobilissimis,  ac  florentissimis 
tanto  in  inferiori  quam  in  superiori  Germania  uxores 
sibi  copularunt  familiis 

Diversis  porro  muneribus  curisque  prœcipuis  summa 
cum  laude  perfuncti  sunt,  tum  in  Imperatorum  tum 
Regum,  Principumque  Electorum  aula  militari,  seu 
politica,  immo  non  pauci  hujus  nobilissimce  et  maximis 
magistratibus  gestis  clarissimœ  familias  non  raro  Con- 
sules,  et  primi  Senatores  prudentissimce  hujus  Civitatis 
fasces  gubernarunt,  ac  militarium  S.  Jacobi  Rhodiensis, 
Teutonici,  ac  Melitensis  ordinum  equestri  dignitate, 
et  Commendis  fuerunt  honorati;  quin  et  plures  ex  ea 
emerserunt  Episcopi,  et  illustrium  uniusque  sexus  per 
utramque  Germaniam  Ccenobiorum  Prrclati,  nec  non 
Capitulorum  Praepositi,  ac  Canonici,  in  quœ  non  alii 
admittuntur  ac  cooptantur,  quam  qui  Illustrissimo  san- 
guine orti  vêtus  équestre  octo  proavorum  stemma  de- 
monstraverunt. 

Insuper  varias  terras,  et  dominia  possederunt,  et 
etiamnum  possident,  qualia  imprimis  respective  sunt 
ea  de  Texseldonck,  de  Grebenclau,  de  Brait,  de  Wi- 
chem,  de  Blanckenborg,  de  Nerven,  de  Szecke,  de  Rin- 
gelbergh,  de  Lustorp,  de  Assenborgh,  de  Langheraet, 
de  Ghemen,  de  Lavenbach,  de  Dutche,  de  Ghemenick, 
de  Bodeberg,  de  Humen,  de  Schagen,  de  Coninxsmar, 
de  Gasteren,  de  Bodekerke,  de  Bouckenem,  etc.  quo- 
rum nomina,  et  insignia  nonnulli  gestare  et  veteris 
familias  eadem  insignia  variis  ex  causis,  et  ob  stirpium 
ex  aucta  sobole,  numerum  diffusionemque  ex  more  pa- 


—  387  — 

triiie  immutare  prœsumpserunt,  mutatis  vel  metallis  vel 
coloribus,  quia  et  etiam  aliquatenus  figuris  et  symbo- 
lis  ;  unde,  quot  olim  fere  stirpes  in  equestri  hac  gente 
tôt  fere  armorum  ....  inter  se  diversitatibus  discerne- 
bantur,  ita  ut,  quamvis  ex  eadem  radice  ceu  stipite  ori- 
undœ  communia  habuerint  exordia,  in  plures  tamen 
ramos,  et  propagines  scissœ  militaris  virtutis  tradita  a 
majoribus  insignia,  non  promis  eadem  quidem,  sed 
tamen  valde  affinia,  praeferre  voluerint. 

Cum  enim  Bruno  de  Hardevust  eques  auratus  To- 
parcha  de  Grebenclau,  et  Brait  Sancti  Brunonis  Carthu- 
sianorum  Archimandritœ  ex  Fratre  Balduino  atnepos, 
ac  bujus  Civitatis  Consul,  ab  invita,  et  tumultuante 
plèbe  an.  MCCLXXIII.  interfectus,  varios  ex  Maria 
von  Poppinghausen,  et  Ursula  von  Jabach  dominii  de 
Wichem  haerede  uxoribus  sustulisset  filios,  visum  fuit 
nonnullis,  eorum  familiam  in  varios  jam  dissectam  ra- 
mos stirpemque  et  posteritatem  cuique  suam  cognato 
quodam  ac  decerpto  ex  eodem  majorum  atro  gentilio- 
rum  digmate  discriminare,  et  ob  id  Arnoldo,  prœfecto 
de  Keyserwerdt  filiorum  secundo  (  de  Vygs  etiam  co- 
gnomine  ob  res  natas  assumpto  ),  duo  miniata,  ni.veis- 
que  limbis  adornata  ad  manicas  brachia,  et  quasi  tu- 
mescentem  in  gyrum  ad  armos  argento  intercisum  cir- 
cumducta  aureo  in  clypeo  decussatim  disposita  pro 
signo  exhibere,  et  sic  plantare  Vyghiorum  originem, 
Joanni  autem  Serenissimi  Principis  Henrici  Virnenbur- 
gici  Electoris  Coloniensis  aulœ  prafecto  filiorum  tertio 
genito,  armatum  in  atro  scuto  brachium,  cui  evaginatus 
in  pugno  gladius  manuario  tegmine  inaurato,  mox 
etiam  Christiano,  eorum  ex  Henrico  toparcha  de  Gre- 
benclau, et  Brait,  primœvo  fratre  nepoti ,  et  Joannis 
Toparchae  de  Grebenclau  ,  et  Brait ,  cui  conjux  fuit 
Margarita  van  Ruynenborch   fratri    natu   j union    bina 


388 


miniata,  et  decussata  in  argentea  parma  brachia  osten- 
tare. 

Aliis  denique  lunulam,  aliis  stellam,  aliis  avem,  vel 
lilium,  aliasve  notulas  addere  discrimenque  illud  in 
filios,  et  nepotes  (in  quibus  etiamnum  hodie  illustres 
eorum  florent  prosapiœ  cum  sanguine  transmittere,  ex- 
ceptis  tamen  duobus,  qui  pro  insigniis  duo  armata,  et 
cancellata  in  miniato  campo  retinuerant  brachia,  pri- 
mordialia  nempe,  et  universae  quondam  ante  hanc  în- 
choatam  stirpium  divisionem  huic  genti  arma  indistin- 
cte communia,  quae  ad  nostram  usque  astatem  invaria- 
ta,  intégra  et  illibata  apud  eorum  posteros  permanse- 
runt,  quorum  stirpis  et  nominis,  et  insignium  caput 
etiamnum  exstat  Illustrissimus  ac  nobilissimus  Domi- 
nus  Ferdinandus  Leopoldus  de  Hardevust  ,  Baro  de 
Grebenclau,  et  sacri  Romani  Imperii  ,  Toparcha  de 
Brait,  Gasteren,  Schagen  ec.  Cœsareaa  Majestati  e  cubi- 
culis,  et  a  sanctioribus  aulicisque  consiliis  in  Silesia  jam 
residens,  ducta    in  uxorem  Comitissa  de  Falkenstain. 

Qui  nobis  pluribus  litteris  patefecit,  et  manifestissi- 
mis  argumentis  ac  probationibus  demonstravit.  quod 
omnes  ejusdem  cognominis  de  Hardevust,  jam  inde  a 
ducentis  et  amplius  annis  in  Castellanis  Handriae  ditio- 
nibus  Civitatum  Cassetanae,  Burburgensis,  ac  Winoci- 
berganœ  gestent  itidem  pro  gentiliciis  in  scuto  nigro 
armatum  brachium,  evaginato  in  pugno  gladio  ,  cui 
manuarium  tegmen  inauratum,  et  quod  hi  directa,  et 
légitima  série  descendant  ex  familia  praedicti  Brunonis 
An.  MCCLXXIII  .  hujus  Civitatis  consulis  populari 
seditione  interfecti,  originemque  suam  ex  eo  tanquam 
e  communi  secum  stipite  et  cum  Illustrissimis  Domi- 
nis  Roberto  von  Hardevust,  Toparcha  de  Bodekerche, 
Bouckevem,  ec.  Ammanno  Hildershemiensi,  ac  Theo- 
doro  Comité  de  Vygh,   et  sacri  Romani    Imperii  To- 


—  38g  — 

parcha  de  Dutche,  Humen  etc.  Cœsarianorum  Equitum 
praefecto  et  moderno  Vyghiorum  prosapiœ  capite,  nec- 
non  cum  Toparchis  de  Conincxmar,  de  Ghemenick, 
et  de  Bodeberge  ;  Stirpem  autem  e  prasfato  Joanne  Sere- 
nissimi  Principis  Henrici  Virneburgici  Electoris  Co- 
loniensis  ad  annum  usque  MCCCXXXI.  aulas  pragfe- 
cto,  tanquam  gentiliorum  suorum  autore  jure  répétant. 
Et  post  multa. 

Quem  proinde  (Willelmum  scilicet  Ignatium  de  Har- 
devust  Toparcham  de  Laghe  etc.  )  pro  vero,  et  indubi- 
tato  agnato,  et  consanguineo,  uno,  eodemque  ac  com- 
muni  secum  oriundo  e  stipite,  illo  scilicet  ordine  quem 
prœmissum  exhibet  filiationis  fragmentum,  et  hisce 
junctum  magis  dilucidat  genealogicum  schéma,  cum 
nata  jam  proie,  et  légitime  ex  eo  nascitura  a  se  suisque 
haberi,  et  merito  ab  omnibus  habendum,  praenomina- 
tus  Illustrissimus  Dominus  Baro  (  videlicet  de  Greben- 
clau  Ferdinandus  Leopoldus  de  Hardevust  )  insuper 
addidit,  et  declaravit,  favorem  illi  omnem  ut  tali  ope- 
ramque  suam,  si  quando  forte  prodesse  posse  contige- 
rit,  lubenter  addicens. 

E  cujus  domesticis  familial  suas  documentis,tabulis- 
que  gentilitiis,  et  authenticis  probatissimoe  fidei  pan- 
chartis  in  concessu  nostro  exhibitis  seriem  hanc  genea- 
logicam  adeo  evidenter,  efficaciter,  ac  irrefutabiliter 
demonstratam,  ac  e  publicis  hujus  patrias  ac  Civitatis 
monumentis,  et  sanction  bus  archivis  confirmatam  judi- 
cavimus,  ut  nec  citra  injuriam  et  non  nisi  incassum  fi- 
dem  ejus  argui  posse  recte  concludamus  ;  et  quia  prœ- 
dictus  Toparcha  de  Laghe. eorum  omnium  nostras  tes- 
timoniales rogavit,  hasce  lubenter  in  earum,  quas  hac 
super  re  IX.  Julii  hujus  anni  adhuc  dedimus,  confir- 
mationem  ampliorem  subsigillo  hujus  Imperialis  Civi- 
tatis et  unius  Secretariorum  nostrorum  sitinatura  conces- 


—  390  — 

simus,  ut  occurrentes  qualibet  occasione  et  necessitate 
ei  inservire  valeant.  Datas  Colonial  Agrippinse  anno 
MDLXXII.  die  tertio  Novembris.  Subsignatum.  Franc. 
Dabbendorp  cum  scuto  Colonias  Agrippinae. 


2. 


CHARTA      HUMBERTI     DE    MIRIBEL    CONCESSA    MAGITRO     BRUNONI 
PRO    FUNDATIONE    M.    CARTUSI.E. 

RATIA  Sanctas,  et  individus  Trinitatis  miseri- 
^corditer  nostrœ  salutis  admoniti,  recordati  sumus 
humanae  statum  conditionis,  et  vitae  fragilis  lapsus  inevi- 
tabiles,  quam  sine  termino  ducimus  in  peccatis.  Itaque 
judicavimus  nos  peccati  servos  de  manu  mortis  redimere, 
temporalia  pro  Cœlestibus  mutare,  œternam  hœreditatem 
pretio  periturae  posessionis  comparare,  ne  duplici  contri- 
tione  conteramur,  et  proesentis  vitas  miserias  laborum, 
et  dolorum  initium  sumamus.  Itaque  Magistro  Bruno- 
ni,  et  his  qui  cum  eo  venerunt  fratribus,  ut  Deo  vaca- 
rent,  ad  inhabitandum  solitudinem  quaerentibus,  ipsis, 
eorumque  successoribus  in  œternam  possessionem  spa- 
tiosam  Eremum  concessimus,  ego  Humbertus  de  Miri- 
bel,  una  cum  Odone  fratre  meo,  et  caeteris,  qui  juris 
aliquid  habebant  in  prcedicto  loco  ;  hi  vero  scilicet  Hu- 
go de  Tolnone,  Anselmus  Garcinus  ;  deinde  Lucia,  et 
filii  ejus  Rostanus,  Guigo,  Anselmus,  Pontius,  atque 
Boso,  precibus,  et  interventu  prasdictœ  Matris  eorum  ; 
Bernardus  quoque  Longobardus  cum  filiis  suis  ;  simi- 
liter  et  Domnus  Abbas  Siguinus  de  Casa  Dei,  cum  suo- 
rum  Fratrum  conventu,  quidquid  ibi  juris  habere  vide- 
bantur,  supradictis  concesserunt  Fratribus. 


—    ^Q1     — 

Ipsa  vero,  quam  eis  dedimus,  Eremus  hos  habet  ter- 
minos  :  scilicet  infra  locum,  qui  vocatur  Clusa,  et  ru- 
pem  claudentem  vallem,  et  pertingentem  usque  ad 
molarem,  claudentem  et  dividentem  Combam  caldam, 
et  pervenientem  usque  ad  rupem  mediam,  quee  est 
super  Borghesos  ;  deinde  molarem  alium,  qui  descen- 
dendo  perducitur  per  usque  ad  rupem  a  Bonviant . 
Exinde  molarem  alium,  qui  descendendo  perducitur 
per  crepidinem  planeti  a  Bonviant,  usque  ad  rupem, 
quas  est  supra  furnum  de  la  Follia.  Similiter  ab  illo 
monte,  qui  de  eadem  rupe  porrigitur,  usque  ad  mon- 
tem  Aillinartem  et  a  monte  Aillinarte  descendendo 
extenditur  juxta  Mortam  contra  Occidentem,  usque  ad 
rupem,  quce  est  super  Correriam,  et  ab  hac  rupe  porri- 
gitur usque  ad  rupem  de  Pertuso  :  Inde  postremo  pro- 
tenditur  descendendo  usque  ad  flumen,  quod  vocatur 
Guerus  mortuus.  Inde  quoque  ab  eodem  clauditur  us- 
que ad  clausam.  Si  qua  vero  persona  potens,  aut  impo- 
tens,  hanc  donationem  infregerit,  tanquam  sacrilegii  rea 
ab  Omnipotentis  Dei  gratia,  et  fidelium  consortio  sepa- 
rata,  anathemate  Maranatha  feriatur  aeterni  ignis  incen- 
dio,  nisi  digne  satisfecerit,  cum  Dathan,  et  Abiron,  et 
Juda  proditore  concremanda. 

Prasfata  quidem  terra  his  terminationibus  conclusa,a 
Magistro  Brunone,  et  ab  his,  qui  cum  eo  erant  fratri- 
bus  ccepit  inhabitari,  et  construi  anno  ab  Incarnatione 
Domini  1084.  Episcopatus  vero  Domini  Hugonis  Gra- 
tianopolitani  Episcopi  quarto  ;  qui  videlicet  laudat,  et 
corroborât  hoc  donum ,  quod  fecerunt  suprascriptœ 
personce ,  cum  omni  conventu  Clericorum  suorum , 
quantum  ad  se  pertinet,  quidquid  suis  juris  esse  vide- 
tur,  omnino  concedit.  Testes  Hugo  Decanus,  Joannes 
de  Podio,  et  Rostagnus,  Guigo  de  Lantz,  et  Galterus 
Bueta,  Peirus,  et  Gilbertus,  Agelbertus,  et  Aldelemus, 


—  392  — 

Petrus  et  Ricardus.  Lecta  est  autem  hax  Charta  Gra 
tianopoli  in  Ecclesia  Beatas  et  Gloriosas  semper  Virgi- 
nis  Mariae,  quarta  feria  secundo?  hebdomadce  Dominici 
Adventus,  in  prœsentia  prxdicti  Domini  Hugonis  Gra- 
tianopolis  Episcopi,  atque  Canonicorum  suoram,  alio- 
rumque  multorum,  tam  Sacerdotum,  quam  caeterorum 
ordinum  Clericorum  celebrantium  sanctam  Synodum 
quinto  Idus  Decembris. 


3. 


CHARTA      HUGONIS     EPISCOPI     GRATIANOPOLITANI, 
VETANTIS  NE  MULIERES  CARTUSIAM  ACCEDANT. 

UGO  Gratianopolitanœ  Ecclesiag  vocatus  Episco- 
pus,  Presbyteris  etLaicisin  Gratianopolitano  epi- 
scopatu  commorantibus,  aeternam  in  Domino  Salutem. 
Quomodo  fratres  nostri  Cartusias  Monachi  Deo  placere 
desiderent,  mundus,  quem  fugiunt,  et  loci  in  quo  ha- 
bitant asperitas ,  et  solitudo  satis  probant  :  quorum 
desiderio ,  quoniam  pax  et  quies  maxime  necessaria? 
sunt,  supra  pontem,  qui  terminus  possessionis  eorum 
est,  ad  removenda  ea,  quas  proposito  eorum  contraria 
sunt,  domum  œdiricari  consuluimus,  et  pra^cepimus  . 
Rogamus  itaque  dilectionem  vestram,  et  auctoritate  di- 
vina  injungimus,  ut  feminae  per  terram  eorum  nullate- 
nus  transeant,  neque  viri  arma  portantes.  Prasterea  infra 
terminos  ipsorum  possessionis,  piscationem  et  venatio- 
nem,  et  avium  captionem,  ovium,  vel  caprarum,  atque 
omnium  domesticorum  animalium  pascua  et  transitum 
prohibemus.  Obcdientes  monitis  nostris,  divina  clemen- 
tia  in  gratia  sua  multiplicet,  et  in  omnibus  bonis,  quaî 


—  zqi  — 

ibidem  a  servis  Dei  geruntur,  vel  usque  in  sœculi  finem 
gerenda  surit,  eamdem,  quam  habere  ipsi  cupiunt  par- 
tem,  tribuat  :  Inobedientes  vero  divino  judicio  reos  re- 
linquimus,  et  a  saeculari  p^otestate  puniri  faciemus  .  Da- 
tum  mense  Julii  anno  MLXXXIV. 


4. 


URBANI      PAP,E    II    BREVE 

AD    SIGUINUM     CASAE     DEI   ABBATEM  , 

l'T    DOMUM     CARTUSLE     SIBI     A    P.     BRUNONE 

IN     KRATRL'M     DILAPSIONE    CHIROGRAPHO     COMMENDATAM  , 

IPSIS  REDEUNTIBUS,  UNA  CUM    CHIROGRAPHO 

ILLICO  RESTITUAT. 

RBANUS  Episcopus,servus  servorum  Dei,  caris- 
|simo  filio  Siguino  Abbati  Casas  Dei,  et  omni  Con- 
gregationi  salutem,  et  Apostolicam  benedictionem. 

Eos,  qui  ob  Ecclesia?  Romanœ  obedientiam  labori- 
bus  fatigantur,  Romanx  quoque  Ecclesiœ  ope  dignum 
est  relevari  :  Quia  ergo  nos  ad  Sedis  Apostolicœ  serviti- 
um  Brunonem  carissimum  Filium,  evocavimus,  ipso  ad 
nos  perveniente,  ut  ejus  cella  detrimenti  aliquid  patia- 
tur,  pati  non  possumus,  quoniam  nec  debemus.  Ve- 
stram  ergo  dilectionem  rogamus,  et  rogando  prœcipi- 
mus,  ut  eamdem  cellam  in  libertate  pristina  remittatis, 
Chirographum  quoque,  quod  vobis  de  eadem  cella  prœ- 
dictus  Filius  noster  in  Fratrum  dilapsione  fecerat,  pro 
nostra  dilectione  restituite,  ut  libertate  pristina  valeat 
permanere.  Nunc  enim  Fratres,qui  dilapsi  fuerant,  Deo 
inspirante,  regressi  sunt,  nec  aliter  acquiescunt  in  eo- 
dem  loco  persistere.  Sane  postquam  ha?  vobis  perlatae 


—  394  — 

sunt  litterœ ,  intra  triginta  dies  prasfatum  Chirogra- 
phum  pro  nostrae  jussionis  reverentia,  restituere  ne  mo- 
remini. 


5. 


LITTER.E  SIGUINI  ABBATIS  CAS^E    DEI, 

QUIBUS    AD   URBANI    PAPjE,   ET  MAGISTRI    BRUNONIS 

ORDINIS    CARTUSIENSIS   FUNDATORIS  PRECES, 

LOCUM    CARTUSLE   SIBI    CONCREDITUM, 

BEATO    LANDUINO    EJUSDEM   CARTUSI.E    PRIORIS 

ANNO    IO9O    RESTITUIT. 

S"^^GO  frater  Siguinus  Abbas  Casae  Dei.  Notum  fieri 
tJllyvolo  prœsentibus,  et  futuris,  quod  Frater  Bruno  a 
Domino  Papa  Urbano  Romam  evocatus,  videns  loci  des- 
titutionem  Fratribus  recedentibus  propter  absentiam 
ejus, dédit  locum  Cartusire  nobis,et  Congregationi  nobis 
commissas.  Postmodum  vero  rogatu  Patris  nostri  Papa? 
Urbani,  et  precibus  praememorati  Fratris  Brunonis,  et 
eisdem  Fratribus,  ut  ibidem  remanerenta  Priore  eorum 
Brunone  plurimum  confctatis,  Fratri  Landuino,  quem 
Magister  Bruno  discedens  caeteris  Fratribus  praeposuit; 
ipsi,  et  cœteris  Fratribus  sub  eo  degentibus,  et  eorum 
successoribus  donum,  quod  nobis  prasdictus  Bruno  fe- 
cerat,  coram  Congregatione  nobis  commissa  in  Capitu- 
lo  nostro  sub  prassentia  Gratianopolitani  Episcopi  Hu- 
gonis,  Ego  ipse  Frater  Siguinus  prasdictag  Casae  Dei 
Abbas  cum  consensu  Fratrum  nostrorum  reliqui;  et  eis 
et  successoribus  eorum  locum  praedictae  Cartusiae  pro 
voluntate  eorum  omnino  liberum  feci,  et  juri  eorum 
omnino    tradidi.  Sed  Charta,  quam   prasdictus  Bruno 


-  395  - 

nobis  fecerat,  ideo  non  est  reddita,  quoniam  a  Fratri- 
bus  nostris  in  Capitulo  sub  interdicto  requisita  non  po- 
tuit  inveniri;  et  si  unquam  inventa  fuerit,  eorum  ipsa 
Charta  sit  juris.  Factum  est  anno  ab  Incarnatione  Do- 
mini  1090.  i5.  Kalend.  Octob. —  Ego  Siguinus  Abbas 
subscripsi,  et  in  praesentia  Archiepiscopi  Hugonis  hanc 
Chartam  ex  inteçro  confirma vi. 


6. 


BREVE    QUO     L'RBANUS  II  MAGISTRO    BRUNONI 

ECCLESIAM     SANCTI     CYRIACI     MARTYRIS    IN    URBE 

AD  HABITANDUM    CONCEDIT. 

ERVUS  Servorum  Dei,   Urbanus  Episcopus  Di- 
jj||lecto  Filio  Brunoni  Coloniensi,  salutem,  et  Apo- 
stolicam  benedictionem. 

His,  qui  reliais  divitiis,  et  gloriam  mundi  hujus  in 
habitu,  et  spiritu  paupertatis,  se  in  sui  Creatoris  ob- 
sequium  converterunt,  non  convenit  nos  habere  infes- 
tos,  sed  potius  favorabiles,  ac  benevolos .  Dilecte  Fili 
Bruno  ,  qui  apud  nos  mânes  laborando  pro  conciliis 
proxime  celebrandis,  nobis  signirieasti,  quod  pro  reli- 
gione,  quam  instituisti,  debes  dumtaxat  in  locis  solita- 
riis,  et  eremis  habitare,  et  non  in  castris  aut  villis  per- 
mittitur  morari.  Volentes  igitur  voluntati  tuœ  paterna 
solicitudine  providere,  ut  solitarie  in  divinis  colloquiis 
persévères,  auctoritate  prassentium  concedimus  Paterni- 
tati  tuas  Ecelesiam,  et  titulum  S.  Cyriaci  Martyris  in 
Thermis  Diocletiani,  ut  in  eo  loco,  libère  cum  Gavino 
socio  tuo  possis  in  divinis  obsequiis  vacare,  ut  cum  ve- 


-  396  - 

nerit  Dominus,  confestim  aperias  ei.  Datum  Beneventi, 
Pontirkatus  nostri  anno  III. 


7. 


PRIVILEGIUM     I.     COMITIS    ROGERII, 

QUO     S.    P.    BRUNONI,    ET  SUCCESSORIBL'S 

TERRITORILM     IN      SPATIUM     UNIUS     LEUCjE, 

IN  LOCO  TERRIS  DICTO,  CONCESSIT. 

lOGERIUS  Dei  gratia  Cornes  Calabriœ,  et  Sicilia?, 
omnibus  fidelibus  suis,  et  Ecclesiae  Dei  filiis 
tam  praesentibus,  quam  futuris  in  Domino  salutem. 

Notum  esse  volumus  Fraternitati  vestras  per  Dei  mi- 
sericordiam  a  Galliarum  partibus  ad  regionem  istam 
Calabriae,  sanctas  Religionis  viros  Brunonem  videlicet, 
et  Lanuinum,  cumsociis  eorumpervenisse  :  qui  contem- 
ptamundialisgloriœvanitate  soli  Deoelegerant  militare. 

Horum  itaque  desiderium  ego  cognoscens,  et  ipso- 
rum  meritis,  et  precibus  apud  Deum  adjuvari  deside- 
rans  ab  eorum  caritate  precibus  multis  obtinui,  ut  in 
Terra  mea  locum  sibi  habitabilem  eligerent,  in  quo  ad 
serviendum  Deo,  qualia  vellent  habitacula  prapararent. 
Elegerunt  siquidem  in  Terra  mea  quemdam  solitudinis 
locum,  situm  inter  locum,  qui  dicitur  Arena,  et  oppi- 
dum, quod  appellatur  •  Stylum.  Hune  ego  locum  ad 
honorem  Dei  omnipotentis  Patris,  et  Filii,  et  Spiritus 
Sancti,  ad  honorem  Beatissimœ  semper  Virginis  Geni- 
tricis  Christi  Dei,  et  Domini  nostri  omniumque  San- 
ctorum  doaavi  eis,,  et  successoribus  eorum  ibidem  Deo 
servi turis,cum  tota  Silva,  et  Terra,  et  aqua,  et  monte 
in  spatium  uniusleucœ,  in   omni  parte  adjacenti.  Con- 


—    JH)7    — 

cedens,  et  constituens,  quatenus  locum  istum  libère,  et 
quiète  cum  hac  adjacentia  sua  in  perpetuum  possideant; 
nec  ex  hoc  mihi,  vel  alicui  personœ  angariam,  vel  ser- 
vitium  faciant.  Contestor  autem,  et  coatradico  ex  parte 
Dei  Omnipotentis  et  Sanctœ  Maria?  perpétuas  Virginis, 
et  omnium  Sanctorum,  et  mea,  ne  sit  aliquis  meorum 
aut  extraneorum,  Stratigotus  videlicet,  aut  Vicecones, 
rustieus,  aut  miles,  servus,  sive  liber,  qui  in  loco  isto  , 
pascuœ,  vel  agriculture,  seu  etiam  piscationis,  aut  li- 
gnorum  occasione,  aut  ex  quacumque  causa  Servis  Dei 
molestiam,  aut  injuriam  faciat,  sed  in  eorum  potestate 
sit  praedictum  locum  cum  tota  adjacentia  sua,  secun- 
dum  voluntatem  suam  possidere,  disponere,ordinare  , 
et  erogare.  Quod  si  quis  deinceps  contra  hujus  paginas 
Constitutionem  venire  praesumpserit,  in  primis  nisi  di- 
gne satisfecerit,  iram  Dei,  et  maledictionem  incurrat, 
et  conatu  tali  ad  nihilum  redacto,  pro  prassumptione 
tanta  centum  librarum  auri  pcenam  in  Curia  nostra 
sustincat.  Igitur,  ut  Constitutio  nostra  hase  inviolabi- 
liier,  et  omnino  rirma  permaneat,  concedente  uxore  mea 
Adelay  Comitissa,  et  hiio  meo  Gaufrido,  in  praesentia 
bonorum  hominum  donationem  istam  feci,  et  sîgillo 
meo  sigillari  prascepi....  Ego  Gofridus  Militensis  Eccle- 
siae  Episcopus  licet  indignus  Chartam  hanc  manu  pro- 
pria scripsi  ro.gatu  Comitis  Rogerii,  laudans,  et  conrir- 
mans  Constitutionem  hanc,anathemate  vero,  et  excom- 
municatione  damnanseum,  quicumque  banc  infringere 
praesumpserit,  nisi  tamen  digne  resipiscens  satisfecerit. 
Facta  sunt  haec  Anno  ab  Incarnatione  Domini  mille- 
simo  nonagesimo  '  .  Insuper  donavi  Mule  cum  filiis  suis 
ad  custodiendam  sylvam....  Testes  autem  adfuerunt  hi  : 
Stephanus  Presbyter,  Giraldus  Presbyter,  Petrus  de  Mo- 

1  Est  hic  annus  vErae  nostrae  vulgaris  109 1. 


—  398  — 

ritonio,   Richardus  Maletus,  Raynulphus  Eleemosina- 
rius,  Nicolaus  Notarius,  et  alii  plures. 


8. 


COXFIRMATIO    DONATIONIS 

LOCI      INTER      ARENAM     ET     STYLUM, 

PER   ROGERIUM  APULI.E  DUCEM. 

OGERIUS  Apuliae,  Calabriae,  et Siciliae gratia  Dei 
Dux,  omnibus  fidelibus  Christianis  pra2sentibus,et 
futuris  in  Domino  salutem. 

Notum  esse  volumus  fraternitati  vestra?  de  duobus 
viris  Brunone,  scilicet  et  Lanuino,  qui  sanctœ  religio- 
nis  studio  accensi,  cum  sociis  suis  in  terra  Calabriae 
a  Galliarum  partibus,disponente  Deo,venerunt;  et  meo 
ductu  in  Terra,  quae  praîdicta  est,  locum,  qui  eorum 
proposito  conveniret,  quœsierunt  ;  qui  cum  sibi  ido- 
neum  pênes  me  non  invenissent,  elegere  manere  inter 
locum,  qui  dicitur  Arena,  et  oppidum  quod  appella- 
tur  Stylum.  Locum  autem  illum  Rogerius  cornes  Si- 
ciliœ  patruus  meus,  et  fidelis,  ipsorum  precibus  apud 
Deum  desiderans  adjuvari  toto  cordis  affectu  illis  do- 
navit,  de  Comitatuenim  ipsius  per  meam  concessionem 
erat,  et  a  totius  servitutis  debito,  et  ab  omni  Angaria 
in  perpetuum  liberavit,  ita  siquidem,  ut  aliquis  servo- 
rum,  vel  extraneorum,  Stratigotus,  aut  Vicecomes  rusti- 
cus,  aut  miles,  servus,  aut  liber  non  sit,  qui  in  eo  loco 
pascuœ,  aut  agriculture,  sive  piscationis,  aut  venatio- 
nis,  vel  lignorum  incisionis,  aut  ex  quaque  causa,  ser- 
vis Dei  molestiam,  seu  injuriam  faciat.  Sed  in  eorum 
potestate  sit  omnino  locus  prœdictus,  ut  secundum  quod 


—  399  — 

voluerint  possideant,  ordinent  et  disponant.  Talem  cjus 
loci  donationem,  et  libertatis  concessionem  ego  Roge- 
rius  Dux  laudo,  et  corroboro  :  Et  quoniam  Terra  illa 
de  meo  Ducatu  est,  ut  nullam  in  perpetuum  patian- 
tur  calumniam,  modis  omnibus  contradico.  Quod  si 
quis  contra  sente ntiam,  quœ  data  est,  agere  pra;sump- 
serit,  et  nostrum  violaverit  prœceptum,  certissimum 
habeat,  quia  aut  de  cunctis  finibus  nostris  in  aeternum 
exterminabitur,  aut  gladio  meo,  sive  successorum  meo- 
rum  ferietur.  Ut  omnia  igitur  superius  concessa  firma, 
et  illibata  permaneant,  hanc  Chartulam  cuidam  nostro 
Clerico  Rodulpho  ego  Rogerius  Dux,  et  uxor  mea  Ade- 
la  scribere  prœcepimus,  et  sigillo  nostro  signavimus. 
Anno  Dominicœ  Incarnationis  millesimo  nonagesimo 
quarto,   fndictione  prima. 


9 


CHARTA    CONFIRMATIONS  PR.ECEDENTIUM    CONCESSIONUM 
AB  DRBANO  II.    FACTA. 

RBANUSEpiscopus,servusservorumDei:  Dilectis 
| in  Christo  Filiis  Brunoni,  et  Lanuino  salutem,  et 
Apostolicam  benedictionem.  Piœ  voluntatis  affectus  stu- 
dio débet  prosequente  compleri.  Quia  igitur  nostri  officii 
interest  servorum  Dei  quieti,  prout  Dominus  posse  de- 
derit,  providere,  petitionibus  vestris,  filii  in  Christo 
charissimi,  ac  Reverendissimi  clementer  annuimus.  Per 
hujus  ergo  Apostolici  Privilegii  paginam,  Apostolica 
auctoritate  statuimus,  ut  locus  ille,  quem  habitationi 
vestrœ  disponente  Domino  elegistis  a  jugo,  potestate, 
injuria,    molcstia,  omnium    hominum   liber  cum  tota 


—  4°°  — ' 

silva,  et  monte,  terra,  aqua  in  spatio  unius  leucœ  in 
omni  parte  adjacenti  in  vestra  omnimoda,  et  successo- 
rum  vestrorum  dispositione  permaneat,  sicut  vobis  a 
dilecto  nostro  filio  Rogerio  Comité  condonatus  est,  et 
a  confratre  nostro  Theodoro  Squillacino  Episcopo 
confirmatus,  nemini  intra  partium  spatium  liceat  pas- 
cuae,  agriculturœ,  seu  piscationis,  aut  lignorum  occa- 
sione,  aut  quaque  ex  causa  vobis,  aut  vestris  succes- 
soribus  injuriam,  aut  molestiam  irrogare,  sed  totum 
secundum  voluntatem  vestram  possideatis,  disponatis, 
ordinetis,  et  erogetis  ;  si  quid  prasterea  Episcopalis 
officii  indigueritis ,  ad  quem  potissimum  vicinorum 
Antistitum  volueritis,  recurrendi,  prœsenti  decreto  li- 
beram  licentiam  indulgemus. 

Decimarum  quoque  usum,  ex  vestris,  vel  puerorum 
vestrorum  laboribus  vestri  juris  esse  censemus  ;  quod 
si  qua  puerorum  vestrorum  laboribus  offensa  contigerit, 
in  vestra  tantum  manu  omnis  eorum  correctio  maneat, 
nec  ullus  se  de  his,  quae  ad  vos  pertinent  sine  vestra 
voluntate  occasione  aliqua  intromittat.  Quatenus  omni- 
potentis  Dei  speculationi  liberis  mentibus  insistatis,  et 
ad  ejus  faciei  dulcedinem,  ipso  praestante  pervenire  va- 
leatis.  Sane,  si  quis  in  posterum  Archiepiscopus,  Epis- 
copus,  Imperator,  aut  Rex,  Princeps,  aut  Dux,  Cornes, 
aut  Vicecomes,  Judex,  aut  persona  quœlibet  potens,  aut 
impotens  hujus  nostri  Privilegii  paginam  sciens  contra 
eam  temere  venire  tentaverit,  secundo,  tertiove  commo- 
nitus,  si  non  satisfactione  congrua  se  emendaverit,  cum 
honoris  sui,  et  officii  periculo  subjacere  decernimus,  et 
a  Christi,  atque  Ecclesiœ  corpore,  auctoritate  potestatis 
Apostolicœ  segregamus.  Conservantibus  autem,  pax  a 
Deo,  etmisericordia,  prassentibus,  ac  futuris  seculis  con- 
serventur.  Amen,  Amen.  Datum  per  manum  Joannis 
S.R.  Ecclesiœ  Diaconi  Cardinalis,  pridie  Idus  Octobris 


■ —  401  — 

Indictione  prima  Anno  Dominicae  Incarnationis  1092. 
Pontificatus  autem  D.  Urbani  Papae  secundi,  anno 
quinto. 


10. 


PRIVILEGIUM  II.   COMITIS  ROGERII, 

QUO  DISTINCTE  DESIGNAT  PER    TERMINOS  TERRITORIUM 

QUOD  PER  PRIMUM  PRIVILEGIUM  CONCESSERAT. 

OGERIUS  divina  favente  Clementia  Cornes  Ca- 
[labriae  ac  Siciliae.  In  nomine  Dei,  sanctœ,  et  indi- 
viduae   Trinitatis. 

Notum  sit  omnibus  Christi,  nostrisque  fidelibus,  tam 
futuris,  quam  praesentibus,  quoniam  miseratio  divina 
sanctœ  Religionis  viros,  Brunonem  videlicet,  ac  La- 
nuinum,  cum  sociis  suis  ad  nos  usque  transmisit,  san- 
cto  suo  proposito  aptum  solitudini  locum  quaerentes  : 
quorum  nos  desiderio  congaudentes,  meritisque  talium, 
ac  precibus  apud  Dominum  adjuvari  confidentes,  mul- 
tis  eos  exhortati  sumus  precibus,  ut  in  Terra  nostra  lo- 
cum sibi  habilem  eligerent,  in  quo  ad  serviendum  Deo, 
qualia  vellent  habitacula  prcepararent. 

Elegerunt  itaque  quemdam  solitudinis  locum,  situm 
inter  locum,  qui  dicitur  Arena,  et  oppidum  quod  ap- 
pellatur  Stylum  :  Hune  ergo  locum,  et  omnia  undique 
in  circuitu  adjacentia,  in  spatium  unius  leuese,  Deo,  et 
Beatoe  Mariae,  ac  ipsis,  eorumque  successoribus  in  pro- 
prietatem,  sicut  nostra  fuerunt,  sub  omni  immunitate, 
atque  libertate  donavimus,  cum  omnibus  rébus  infra  si- 
tis,  terris,  sylvis,  aquis,  pascuis,  ac  cœtcris  omnibus, 
cultis,  vel  incultis,  mobilibus,  vel  immobilibus  :    Ro- 

26 


—  4°2  — 

gavimus  insuper  Venerabilem  virum  Militensem  Epi- 
scopum  Gofridum,  super  hac  donatione  nostra  confirma- 
tionis  chartàm  eum  scribere,  quam  etiam  sigillavimus. 
Sed  cum  postea  gratia  commendandi  nos  ipsorum  ora- 
tionibus  supradictos  visitassemus  Fratres  :  eorumque 
societatem,  gratiasDeo,suscepissemus,  praedictœ  spatium 
leucœ  his  in  circuitu  terminis  distincte  per  nosmetipsos 
designavimus  :  ac  terminorum  nomina  in  memoriam 
futuris  conscribere  jussimus  :  De  parte  orientis  Castel- 
lum,  qui  locus  est  in  cacumine  montis  de  Stylo  :  inde 
vadit  per  Serram  ejusdem  montis ,  usque  ad  Mala- 
reposta,  scilicet  ad  superiorem  collem  montis  :  et  inde 
per  magnam  Cavam,  quœ  versa  est  ad  Occidentem,  us- 
que ad  pedem  montis  descendit,  qua  aqua  decurrit,  et 
inde  transit  duos  ruseletos,  ac  Vallonem  indirecto,  us- 
que ad  jugum  ejusdem  montis  usque  Brondismenon  : 
inde  transit  Vallonem  recte  ad  viam,  qua?  venit  de 
Arena,  et  vadit  ad  locum,  qui  vocatur  Sancta  Crux, 
et  inde  indirecto  usque  super  cacumen  montis  Em- 
bachat  :  et  inde  descendit  per  Cavam,  sicut  aqua  de- 
currit per  Spatulam  usque  ad  flumen  Enchinar  ;  et 
inde  ascendit  illud  flumen,  usque  ad  aliud  flumen, 
quod  vocatur  Alba  :  et  inde  ascendit  idem  flumen, 
usque  ad  magnam  Cavam,  quam  Grasci  vocant  Bac- 
chinache  :  et  sic  ascendit  per  eamdem  Cavam,  usque 
ad  Castellum  unde  inccepimus  :  Hanc  autem  donatio- 
nem  nostram,  tam  Dominus  noster  Apostolicus  Urba- 
nus,  quam  Squillacinus  Episcopus  Theodorus,  in  cujus 
Episcopatu  ipse  locus  situs  est,  laudavcrunt,  privilegiis 
contirmaverunt,  atque  terribili  anathemate  munierunt. 
Quapropter  prœcipiendo  rogamus,  rogandoque  praxi- 
pimus  ex  parte  Dei  Omnipotentis,  et  Beatas  Maria?, 
quibus  ipsum  concessimus  locum,  et  nostra,  ut  nullus 
aliquando  cujuscumque  dignitatis  sit,  vel  potestatis,  no- 


—  40:>  — 

ster,  aut  extraneus  in  [toto  prœdicto  spatio  quicquam 
magnum,  vel  parvum  sibi  vindicet,  nec  nos  ipsi.Nullus 
aliqua  unquam  occasione,  vel  causa,  fratribus  ibidem 
Deo  servituris  injuriam,  aut  molestiam  irroget,  vel  ul- 
lam  inquietitudinem  faciat  ;  et  illi,  neque  homines  eo- 
rum  aliquam  angariam,  aut  servitium  omnino  faciant: 
nulli,  nec  nobis  ipsis,  aliquam  ibi  culturam  facere, 
ullum  animal  pascere,  ligna  incidere,  venari,  vel  pi- 
scari,  aut  quicquam  omnino,  sine  fratrum  licentia  li- 
ceat  :  Sed  in  eorum  potestate  sit  quascumque  intra  prae- 
dictum  continentur  spatium,  juxta  voluntatem  suam 
possidere,  disponere,  ordinare,  et  erogare,  tanquam  Dei 
possessionem,  et  suam  immunem,  atque  liberam.  Quod 
si  quis  aliquando  hanc  nostram  Constitutionem  in  ali- 
quo  violare  prassumpserit,  fratribus  ibidem  digne  de- 
gentibus  satisfaciat  :  Quod  si  contempserit,  Principi 
Terrœ,  qui  fuerit,  centum  librasauri  persolvat.  Ut  ergo 
Constitutio  hase  inviolabiliter,  et  omnino  firma  perma- 
neat,  concedente  uxore  nostra  Adelay  Comitissa,  et  filio 
nostro  Goffredo  in  prœsentia  bonorum  hominum  dona- 
tionem  istam  fecimus,  et  sigillo  proprio  signavimus:  in- 
super donavi  Mule  cum  filiis  suis  ad  custodiendam 
sylvam.  Datum  in  Pratis  Squillacii  ubi  tune  collecto 
morabamur  exercitu,  Anno  ab  Incarnatione  Domini 
millesimo  nonagesimo  tertio,  Indictione  I,  Nonis  Maii. 
■J-  Rogerius  Cornes  f  Adelays  Comitissa  y  Goffredus  fi- 
lius  Comitis  Rogerii  7  Rogerius  Culchebret  Bastardus 
7  Guglielmusde  Altavilla  7  Guglielmus  Culchrebet  7 
Josbertus  de  Luciaco  7  Rogerius  Presbyter  de  Stylo. 
Gratis  scriptum. 


—  404  — 
11. 

DIPLOMA  DONATIONIS  MONASTERII  AC  PR.EDIORUM 

S.  MARLE  DEARSAFIA,  PRO   DOTATIOXE  S.   MARI/E  DE  TURRI 

A    COMITE  ROGERIO  FACTA, 

TEMPORE  DEDICATIONIS  EJUSDEM  ECCLESI.E 

IN    CALABRITANA    EREMO    S.    BRUXOMS. 

|HN   nomine   Dei  iEterni,  et  Salvatoris  nostri  Jesu 
jChristi. 

Anno  ab  incarnatione  Domini  millésime-  nonagesi- 
mo  quarto, Indictione  secunda.  Cum  ego  Rogerius  Co- 
rnes Calabriœ,  et  Sicilias  pro  Dei  amore,  et  animas  meae 
remedio,  et  pro  salute  anima?  Roberti  Guiscardi  fratris 
mei  gloriosissimi  Ducis  Apuliœ,  et  Calabriœ,  et  pro  re- 
medio animarum  fratrum  meorum,  atque  omnium  pa- 
rentum,  et  Uxorum  mearum  vellem  dedicari  lacère  ad 
honorem  Dei,  et  B.  Marias,  et  B.  Joannis  Baptistas  Ec- 
clesiam  de  Eremo,  quas  sita  est  inter  Arenam,  et  oppi- 
dum, quod  dicitur  Stylum  super  territorio  dicti  oppidi 
Styli  per  Venerabiles,  et  sanctissimos  Patres  Panormita- 
nensem  Archiepiscopum,  et  Militensem,  Tropiensem, 
Nicotarensem,  Catanensem,  atque  Squillacensem  Epis- 
copos  ;  collaudantibus  eisdem  sanctissimis  Patribus,  de- 
di  Beato  Patri  Brunoni  Magistro  ejusdem  Eremitae,  sibi, 
et  successoribus  suis  Monasterium  Sanctas  Marias  de 
Arsafia  cum  omnibus  pertinentiis  suis  ubicumque  sint, 
eximendo  eamdem  Ecclesiam,  seu  Monasterium  de  Ar- 
safia ab  hodierno  die  in  antea  in  perpetuum  ab  omni 
temporali  servitio,  et  Turri  ad  quas  tenebatur  oppido 
meo  de  Stylo,  ut  Ecclesia  de  Eremo,  et  fratres  in  perpe- 
tuum illam  quiète  habeant,  sine  omni  calumnia,  et  sine 
temporali  servitio,  omni  remoto  tremore,  et  placario,  et 


—  4co  — 

omnibus  remotis  infestationibus.  Haec  autem  donaria 
Ecclesiae  praedictas  de  Bosco,  et  fratribus  ibi  Deo  servi- 
entibus  dotem  dedi,  Adelayde  conjuge  mea  consiliante, 
et  laudante,  et  concedente  Goffiido  filio  meo,  et  Mal- 
gerio  filio  meo.  Quod  monasterium  Arsafias  capella  mea 
erat  exempta  ab  Episcopali  jurisdictione  per  sacrosan- 
ctam  Romanam  Ecelesiam,  quod  constare  feci  praedictis 
Archiepiscopo,  et  Episcopis,  qui  testes  sunt  hujus  dona- 
tionis,  et  testes  sunt  Josbertus  de  Luciano,  Paganus 
de  Gorgis,  Rogerius  Bonellus,  Fulco  Capellanus  meus, 
qui  haec  scripsit.  Haec  autem  dedi  testimonium  infra- 
scriptorum  testium  ;  et  hi  termini,  et  limites  sanctae  Ma- 
rias de  Arsafia  videlicet  :  ab  arbore  quercus  ubi  est  la- 
pis intrinsecus,  quae  est  inter  duo  Casalia,  quas  dicuntur 
de  sancto  Andréa,  et  Roseto,  et  per  directum  vadit  ad 
vallonem,  et  inde  ascendit  ad  viam  magnam  usque  ad 
fluraen  Assi,  et  descendit  flumen  usque  ad  locum,  qui 
dicitur  Sylipa,  et  inde  accipit  vallonem,  et  senterium 
grossum  ad  terram  Cumerchi,  ubi  est  lapis  rotundus 
cruciatus  recte  ad  piastrum,  et  per  eumdem  senterium 
ad  caput  vallonis  Sylipae,  et  inde  déclinât  per  vallonem 
ad  viam,  quas  descendit  ad  Ferullusam,  et  ad  Monaste- 
rium Arsafiœ,  et  inde  per  senterium  ad  Vivonem  et 
ferit  ad  Serram  de  Monosillu,  et  déclinât  ad  vallonem, 
qui  dicitur  Monosillu,  et  descendit  per  eumdem  val- 
lonem per  antiquum  senterium  usque  ad  vallonem 
de  Ferullusa,  et  inde  per  senterium  ascendit  ad  Serram, 
et  inde  descendit  ad  flumen  Matrimone,  et  inde  ascendit 
flumen,  et  colligit  per  senterium  grossum  ad  locum,  qui 
dicitur  Fassi  ad  magnum  vallonem,  et  inde  circuit  per 
senterium  per  caput  Cristas,  et  circuit,  et  descendit  ad 
viam  publicam,  et  vallonem,  qui  descendit  ad  flumen 
Matrimone,  et  inde  ascendit  per  idem  flumen,  et  Cristam 
vadit  ad  terram  S.    Euphemiae,  et  inde  per  senterium, 


—  4°6  — 

et  per  magnam  Cristam,  et  descendit  per  Ecclesiam, 
quam  fieri  fecit  Rogerius  Bonellus,  et  vadit  per  sente- 
rium  ad  Pluppa,  et  indeascendit  per  magnum  vallonem, 
et  per  pedem  montis  Muturaldii,  et  per  caputcollis  Ma- 
roni  descendit,  et  circuit  flumen  quod  dicitur  Stiliba- 
nus,  et  inde  per  idem  flumen  ascendit  per  magnam 
vallem,  et  descendit  ad  arborem  unde  incceptum  est. 
Cum  duobus  Casalibus  interclusis  scilicet  de  S.  Andréa, 
et  Roseti,  liberis,  et  exemptis  ab  omni  communitate  Ca- 
salium  meorum  de  dicto  oppido  Styli.  Item  locum,  qui 
dicitur  Apostoli  cum  duobus  Casalibus  Vingi  (al.  Bingi 
et  Bvungi,  et  Bibungi)  et  hi  termini  eorum  videlicet  : 
De  monte,  qui  dicitur  Punga  ubi  erat  Guardia,  et  vadit 
per  médium  duorum  Farnorum,  et  descendit  ad  vallo- 
nem Stravoracchinum,  et  inde  descendit  ad  magnum 
flumen,  et  per  idem  flumen  ad  pedem  montis  qui  dici- 
tur Molissara,  et  inde  vadit  per  vallonem  Bertinete,  et 
ferit  Ecclesiam  Episcopi,  et  inde  dat  per  caput  collis  ad 
Plaça,  et  inde  circuit  per  pedem  magna?  Roccae,  ubi  si- 
tum  est  oppidum  ex  superiori  parte  nemoris,  et  tendit 
ad  dictum  vallonem,  qui  descendit  de  Tramontana,  et 
inde  tendit  ad  sanctam  Crucem,  quae  est  in  via  publica, 
et  inde  vadit  ad  Carchama,  et  inde  per  caput  Merdate 

ascendit  ad et  inde  vadit  ad  finem,  et  inde  per 

Serram  usque  ad  montem  Sisach,  et  inde  ascendit  ad 
montem  Pungi,  unde  incceptum  est. 

Item  Ecclesiam  S.  Fantini  exempta  ab  Episcopali 
jurisdictione  Cyracii,qua3  ad  eamdem  Ecclesiam  Arsa- 
liae  pertinet,  et  qiue  posita  est  in  pertinentiis  Agrotteriœ 
in  tenimento  Gyracii  cum  omnibus  rationibus,  et  per- 
tinentiis suis,  quas  sic  dividitura  Casali  Marmorum  per 
viam  publicam,  quce  descendit  ad  flumen,  et  vadit  ad 
aquam  Sorelli,  et  inde  transit  per  Sinorum,  qui  dicitur 
Muy,  et  ascendit  per  Vallem,  qua;  dicitur  Mugalipu,  et 


—  4°7  — 

inde  vadit  usque  ad  Cristam  Marmorum,  et  inde  des- 
cendit ad  vallonem  alium,  qui  dicitur  Riusclona  per  di- 
visas de  Mandilona,  usque  ad  magnum  flumen  Protho- 
rati.  Deinde  per  ipsum  flumen  ascendit,  usque  ad  Ar- 
vium  album,  et  ascendit  in  montem,  qui  dicitur  Silo- 
vu  m ,  de  quo  monte  girat,  et  descendit  per  vallem  de 
Castanea,  usque  ad  magnum  lapidem  vivum,  et  rotun- 
dum,qui  est  in  flumine  Rubla,  et  inde  per  ipsum  flumen 
ad  vallonem  de  Chirinu,  et  per  ipsum  vallonem  ad  ter- 
rain rubram,  et  descendit  vallem  usque  ad  viam  publi- 
cam  dicti  Casalis  Marmorum,  unde  incceptum  est. 

Item  Casale  Arunchi  in  pertinentiis  Civitatis  Squil- 
lacii  cum  omnibus  rationibus,  et  pertinentiis  suis,  sicût 
tenere,  et  habere  eadem  Ecclesia  Arsafias  consuevit.  Haec 
omnia  prœnominata  loca  dono,  et  concedo  pro  eadem 
Ecclesia  in  dotem  Domino  Patri  Brunoni,  et  successo- 
ribus  suis  cum  omnibus  rationibus,  aquarum  decursi- 
bus,  molendinis,  nemoribus,  et  arboribus,  cultis,  et 
incultis,  mineriis  asris,  et  ferri,  et  omnium  metallorum, 
pascuis,  et  omnibus  juribus,  quae  ego,  et  Curia  mea 
habere  hactenus  consuevit. 

Ita  ut  nemo  ibi  aliquid,  nisi  dicta  Ecclesia  Eremi 
habeat,  sicut  ex  nunc,  ibi  nemo  aliquid  juris  habuit, 
nisi  ego. 

Item  concedo  eidem  Ecclesias  Eremi  in  reliqua  terra 

mea  usum  liberum  mineriarum  aeris,  et  ferri,  et 

pascua  libéra  in  eadem  terra  mea  pro  animalibus  ejus- 
dem  Ecclesia;,  atque  Custodum.  Necnon  in  dictis  Casa- 
libus,  et  locis,  quae  eidem  Ecclesiae  dedi  ;  nemo  in  su- 
pradictis  locis  suo,  vel  meo  nomine,  aut  haeredum  vel 
successorum  meorum  prasumat  jus  aliquod  prosequi, 
vel  habere,  nec  ego.  Sed  omnia  conserventur  eidem  Ec- 
clesiae solida  et  intacta  ;  quia  parvum  est  pro  Dei  amore 
suis  tribuere   famulis,  qui  mihi  multa   praestitit  larga 


—  408  — 

manu.  Si  vero  persona  aliqua,  filius  meus,  aut  aliquis 
hœres,  seu  successor  hoc  meum  quassaverit  donum,  seu 
privilegium,  mihi,  vel  posteris  meis,  aut  Ecclesiae  Ro- 
mance centum  libras  auri  persolvat,  nisi  ad  condignam 
venerit  satisfactionem  fratrum  ibi  Deo  servientium,  et 
perpétuas  subjaceat  damnationi.  Hase  autem  acta  sunt 
mense  Augusti,  dum  regressus  essem  de  expeditione, 
quam  feceram  super  Guillielmum,  et  ab  obsidione  Ca- 
strivillas.  Et  hoc  meum  privilegium  ad  perpetuam  fir- 
mitatem,  jussi,  et  mandavi,  ac  feci  mea  pendenti  bulla 
plumbea  communiri.  f  Rogerius  Cornes,  y  Adelays 
Comitissa.  f  Malgerius  filius  Comitis  Rogerii.  -f-  Gof- 
fredus  filius  Comitis  Rogerii.  f  Josbertus  de  Luciano. 
-j-  Paganus  de  Gorgis.  -j-  Rogerius  Bonellus.  -{■  Ego 
Fulco  Domini  Comitis  Rogerii  Cappellanus,  de  man- 
dato  ejus  hoc  privilegium  scripsi,  et  me  subscripsi. 


12. 


BULLA    URBANI    II. 

QUA    CONFIRMAT  PRIVILEGIA   ROGERII    COMITIS, 

AC  JOANNIS    SQUILLACENSIS  EPISCOPI   CONCESSIONEM. 

RBANUS  Episcopus  Servus  servorum  Dei,Dilectis 
Jfiliis  Brunoni,  et  Lanuino  salutem,  et  Apostolicam 
benedictionem.  Quia  igitur  nostri  officii  interest  servo- 
rum Dei  quieti,  et  commodis,  prout  Dominus  posse  de- 
derit  providere,  petitionibus  vestris,  Carissimi  filii  in 
Christo,et  reverendissimi,  clementer  annuimus.  Per  hu- 
jus  igitur  Apostolici  privilegii  paginam  Apostolicaaucto- 
ritate  confirmamus  donationem  terrarum,quas  vobisdatas 
sunt  in  Squillacensi  Territorio,  et  conscriptas,  et  termi- 
nât», et  désignât»  per  terminos  certos  a  Dilecto  nostro 


—  4oq  — 

Filio  Rogerio  Comité,  et  Joanne  Confratre  nostro 
Squillacino  Episcopo  concedente,  et  confirmante;  viva 
prœterea  auctoritate  tibi  praecipimus,  statuimus,  et  ea, 
quae  nohis  est  a  Deo  concessa  licentia  interdicimus,  ut 
ab  hac  die  in  antea,  neque  Comiti  ipsi,  nec  alicui  haere- 
dum  suorum  supradictam  vestram  donationem,  et  hanc 
nostram  confirmationem  violare,  vel  decurtare  in  aliquo 
liceat,  neque  de  iis,  quœ  confirmamus  aliqua  se  intro- 
mittat  persona  sine  vestra  voluntate,  quatenus  Omnipo- 
tentis  Dei  speculationi  mentibus  liberis  insistatis,  et  ad 
ejus  faciei  dulcedinem,  ipso  prasstante  pervenire  valea- 
tis.  Si  qua  vero  persona,  aut  Hœres  Comitis  ipsam  vio- 
laverit,  nisi  ad  condignam  venerit  satisfactionem,  cum 
honoris,  et  officii  sui  periculo  subjacere  decernimus,  et 
a  Christi,  et  Ecclesias  corpore  segregamus,  atque  extre- 
mo  examine  districts;  subjaceat  ultioni,  sine  intermis- 
sione,  et  remedio  :  Conservantibus  autem  pax  a  Deo, 
et  misericordia  praesentibus,  ac  futuris  saeculis  conser- 
vetur.  Amen.  Si  vero  tam  legaliter  Cornes,  aut  alius 
Hœres  addere  aliquid  huic  voluerit  donationi  sub  hac 
nostra  confirmatione  ratum  esse  statuimus.  Datum  Sa- 
lerni  mense  Septembris.  Indictione  sexta.  Anno  ab  In- 
carnatione  Domini   1098. 

Ego  Rinierius  Cardinalis  subscripsi.  Ego  Joannes 
Cardinalis  subscripsi.  Ego....  Archiepiscopus,  subscrip- 
si. Ego  Amatus  Cappellanus  et  Sacerdos  subscripsi. 
Ego  Dominicus  Cappellanus  subscripsi.  Ego  Constan- 
tius  Cajacensis  Episcopus  subscripsi. 


—  4io  — 

13. 

PRIVILEGIUM   MAGNUM    IN    QUO    COMES    ROGERIUS 

PER    APPARITIONEM    SIBI    FACTAM 

A   S.    BRUNONE    IN    OBSIDIONE    CAPILE 

TESTATUR    SE    LIBERATUM    A    PRODITIONE    SERGII. 

kjjN  nomiae  Dei  vïterni,   et  Salvatoris  nostri  Jesu 
jChristi. 

Anno  ab  Incarnatione  ejusden  millesimo  nonagesi- 
mo  octavo,  Indictione  septima.  Gloriosus  Rex  David 
Spiritu  Sancto  praeventus  :  Narrabo,  inquit,  omnia  mi- 
rabilis tua.  Propter  quod  ego  Rogerius,  Divina  miseri- 
cordia  Cornes  Calabria:,  et  Siciliœ,  notum  esse  volo 
omnibus  fidelibus  Christianis  bénéficia,  quœ  mihi  pec- 
catori  concessit  Deus  orationibus  Reverendi  viri  Fratris 
Brunonis,  piissimi  Patris  Fratrum  qui  habitant  in  Ec- 
clesiis  Sanctœ  Mariae  de  Eremo,  et  Sancti  Protomartyris 
Stephani  ;  quas  sitœ  surit  in  terra  mea  inter  Oppidum, 
quod  dicitur  Stylum,  et  Arenam.  Cum  essem  in  obsidio- 
ne  Capuce  Kalendis  Martii,  et  praefecissem  Sergium 
natione  Graecum  Principem  super  ducentos  armigeros 
naiionis  suas,  et  exercitus  excubiarum  Magistrum,  qui 
sathanica  persuasione  prasventus  Principi  Capuœ,  pro- 
mittenti  auri  non  modicam  quantitatem  ad  invadendum 
me,  meumque  exercitum  noctu  aditum  est  pollicitus  se 
praebere.  Nox  proditionis  advenit,  et  Princeps  Capuae, 
ejusque  exercitus  juxta  promissum,  est  paratus  ad  arma  ; 
dumque  me  sopori  dedissem  interjecto  aliquanto  nobis 
spatio  astitit  cubiculo  meo  quidam  senex  reverendi  vul- 
tus  vestibus  scissis  non  valens  lacrymas  continere  ;  cui 
cum  in  visu  dicerem,  quae  causa  ploratus,  et  lacryma- 
rum  esset,  visus  est  mihi  durius  lacrymari.  Iterato  quae- 


—  4M   — 

renti  mihi  quis  esset  ploratus,  sic  ait  :  Fleo  animas 
Christianorum,  teque  cum  illis,  sed  exurgens  quanto- 
cius,  arma  sume,  si  liberare  te  Deus  permiserit,  tuo- 
rumque  animas  pugnatorum. 

Hic  per  totum  mihi  videbatur  velut  si  esset  per  omnia 
Venerabilis  pater  Bruno.  Expergefactus  sum  cum  ter- 
rore  grandi  pro  visione  pavescens.  Illico  sumpsi  arma, 
damans  etmilitibus,  ut  armati  equosascenderent,  visio- 
nem,  si  vera  esset,  satagens  comprobare.  Ad  quem  stre- 
pitum,  et  clangorem  fugientes  impius  Sergius,  ejusque 
sequaces,  subsecuti  sunt  Principem  Capuae,  sperantes  in 
dictam  Civitatem  confugium  habituros.  Ceperunt  au- 
tem  milites  inter  vulneratos,  et  sanos  centum  sexaginta 
duos,  a  quibus  et  visionem  fore  veram  probavimus,  et 
rei  gestae  scivimus  veritatem.  Reversus  sum  Deo  volente 
vigesimo  nono  Julii  mensis  Squillacium,  post  habitam 
Capuae  Civitatem  ;  ubi  fui  per  quindenam  continuam 
infirmatus.  Venit  vero  ad  me  jam  dictus  Venerabilis 
Pater  Bruno  cum  quatuor  de  Fratribus  suis,  qui  me 
sanctis  devotisque  colloquiis  consolati  sunt  ;  cui  Reve- 
rendo  viro,  et  visionem  retuli,  et  humiles  egi  gratias, 
quod  de  me  etiam  absente  curam  in  suis  orationîbus 
habuisset.  Qui  se  humilians  asseruit,  non  ipsum  fore, 
quem  credidi  ;  sed  Dei  Angelum,  qui  stat  pro  Princi- 
pibus  tempore  belli. 

Rogavi  quoque  ipsum  humiliter,  ut  propter  Dei  amo- 
rem  in  terra  mea  Squillacii  sumere  dignaretur  largos 
redditus,  quot  donabam,  renuens  ipse  recipere,  dicebat, 
quod  ad  hoc  domum  sui  patris,  meamque  dimiserat,  ut 
a  mundi  rébus  extraneus  deserviret  Deo  suo.  Hic  fuerat 
in  tota  domo  mea  quasi  primus,  et  magnus.  Tandem 
vix  cum  eo  impetrare  potui,  ut  gratis  acquiesceret  su- 
mere modicum  munus  meum.  Donavi  autem  eidem 
Patri  Brunoni,  ejusque  successoribus  ad  habendum  in 


—  412  — 

perpetuum  absque  temporali  servitio  Monasterium  S. 
Jacobi  de  Montauro  cura  Castro,  quod  est  subtus  di- 
ctum  Monasterium  antiquitus  constructum.  Et  castrum 
ligneum,  situm  in  cacumine  montis  versus  mare,  qui 
mons  per  directum  fabricati  castri  descendit,  quod  ca- 
strum, Belvidere,  a  loci  incolis  nuncupatur.  Et  Casale 
S.  Mariœ,  quod  est  ad  ripam  dicti  montis  inter  orien- 
tem,  et  meridiem.  Domum  etiam  meam  cum  vinea, 
quae  Buttarium  dicitur,  cum  Buttis,  quae  de  eadem  Do- 
mo  sunt,  quae  fuerunt  Roberti  Guiscardi  fratris  mei, 
et  dédit  mihi  Rogerius  Dux  carissimus  Nepos  meus.  Ca- 
salia  Mentabri,  et  Oliviani,  et  Gasparinœ,  ubi  antiquitus 
Casale  fuerat  cum  omnibus  pertinentiis  eorum,  sicuti 
hic  divisa  apparebunt.  Videlicet  a  terra  Coxari,  quae 
est  prope  crucem  Curiati,  et  descendit  inde  ad  très  fon- 
tes, et  sicut  descendit  Vallonus  super  Carchisa.  Et  in- 
de ascendit  ad  magnum  terminum,  et  descendit  ad  san- 
ctum  Nicolaum  de  Arpedoni ,  ubi  est  petra  cruciata, 
et  vadit  ad  Aream  Condo  prope  Marosazolim,  et  ferit 
ad  montem  Gallonem,  et  descendit  inde  et  vadit  ad 
Tribunam  S.  Gregorii,  qui  est  supra  Puzum,  et  inde 
vadit  ad  divisam  Pentedattuli,  et  vadit  divisa  eamdem 
inculcando  euhuram  usque  ad  mare,  et  extenditur  in 
mare  mille  quingentis  passibus. 

Item  sicut  primum  assumptum  est  ab  eadem  terra 
Coxari,  quœ  est  prope  crucem  Curiati,  et  venit  via 
usque  ad  Crucem,  quae  est  subtus  Sanctum  Ilcliam, 
descendit  inde  et  ferit  ad  antiquum,  et  inde  descendit, 
et  vadit  ad  divisam  Grossam,  usque  ad  Sanctum  Juli- 
anum,  et  inde  ferit  ad  locum,  ubi  sunt  duo  mori  prope 
fontem,qui  est  supra  SanctamMariam, et  vadit  via  magna 
usque  subtus  Casale  Oliviani  totum  illud  Casale  clau- 
dendo,  et  inde  descendit  vallatim  per  mediam  vineam, 
quae  fuit    Licasti ,   et    inde   ascendit   ad   magnum  ter- 


-  4X3  - 

minum  ,  et  ferit  ad  Buchissa,  ubi  fuit  quidam  termi- 
nus, et  vadit  ad  fontem,  qui  est  prope  monticellum, 
et  inde  ad  domum  Dochali,  et  vadit  ad  locum,  ubi 
fuit  domus  Chelesu  subtus  Sanctam  Veneram,  et  vadit 
per  siccum  vallonem  usque  ad  mare  ,  et  intrat  in 
mare  mille  quingentis  passibus.  Omnia  enim  quae- 
cumque  infra  hos  terminos  tam  vaxallos,  qui  in  dictis 
Casalibus  habitant  nunc,  quam  qui  habitaturi  sunt, 
praeter  si  personali  servitio  alicui  Baronam  meorum 
aliquis  teneatur  ,  tui  juris,  tuorumque  fratrum  tibi 
succedentium  ,  Pater  Bruno,  esse  concedo.  Concedo 
etiam  ut  recomendatos  habeas  tu,  et  successores  tui 
tam  de  Comitatu  meo  Calabrias  ,  et  Siciliœ  ,  quam 
extra  undecumque  sint,  excepta  causa  superius  no- 
minata.  Habitationes  Casalium,  tibi,  successoribusque 
tuis,  quandocumque  volueritis,  commutare  licebit,  et 
etiam  ipsum  Monasterium  S.  Jacobi,  quod  donavi,  et 
omnia  in  eadem,  et  de  eadem  terra  facere,  quas  ego 
facere  potui  cum  licebat.  Nemini  infra  has  divisas 
licebit  aliquid  suum  proprium  dicere,  vel  habere,  cum 
omnibus,  qui  inibi  possessiones  habebant ,  volunta- 
rium  excambium  dederim  satis  gratum  :  cui  terras,  cui 
denarios,  quibusdam  vero,  quia  villani  erant,  perpe- 
tuam   libertatem. 

Praeter  tenimentum  tantum ,  quod  est  matris  Ec- 
clesice  Militensium,  et  est  juxta  Gasparinam,  multae 
in  has  divisas  terras  sunt,  quae  ad  te  Pater  Bruno  spe- 
ctant,  et  successores  tuos,  quos  cum  Arsafia  dedi  ma- 
jori  Ecclesiae  vestrae  tempore  dedicationis  ipsius.  Nul- 
lus  infra  has  divisas  aviare,  venari,  aut  in  mari  piscari 
audeat  sine  dictorum  Fratrum  consensu ,  et  de  his 
omnibus  dicti  Fratres  habeant  jura  sua,  pascua  sumere, 
sive  glandes,  ligna  incidere,  aquas  divertere,  forestas 
habere,  vel  prata,  nec  quicquam  omnino  in  his  terris 


—  4'4  — 

contrafacere,  vel  venire  occasione  alicujus  consuetudi- 
nis,  praetextu  Nobilis,  vel  Baronis,  aut  ab  eis,  sive  va- 
xallis,  et  villanis  eorum,  tam  eorum,  qui  sunt,  quam 
quos  habituri  sunt,  aut  recomendatis  aliquid  exigere 
servitii  temporalis  ;  nec  eosdem  vaxallos,  vel  villanos 
cogère,  ut  communitates  habeant  aliquas  cum  terra 
Squillacii,  aut  Seberati,  vel  Casalium  eorumdem  ;  sed 
in  solida  libertate,  et  ipsorum  fratrum  usus,  et  domi- 
nium  perserventur  ad  perpetuos  habituros,  et  in  mari 
juxta  terminos,  quos  taxavi,  jus  omne  habebunt,  quod 
ego  habui  temporibus  retroactis.  Ad  petitionem  fratris 
Lanuini  hic  jussi  apponi  terminos  Casalis  Arunghi , 
et  tenimenti  sui,  quod  ab  antiquo  pertinet  ad  Arsafiam, 
et  hase  divisa  :  A  flumine  Griteo  ex  superiori  parte 
Molendini  Prionersi  sicut  ascendit  Serra  usque  ad 
locum,  quaa  dicitur  Erica,  ubi  est  vinea  Spano,  et 
vadit  ex  transverso  ad  divisam  Esditu,  et  descendit 
ad  flumen  Arunghi  ,  et  sic  ascendit  illud  flumen 
Casalis,  et  ferit  ad  locum,  qui  dicitur  Plaça  supra 
Plantanum  Coxari,  et  transit  ad  Aquam  frigidam,  quae 
est  in  divisis  Selima,  et  ascendit  ad  divisam  Grigia- 
tuti,  et  ascendit  ad  locum,  qui  dicitur  Conesmata,  et 
descendit  ad  fontem,  qui  dicitur  Calcon,  et  vadit  via 
usque  ad  locum,  qui  dicitur  Plam  supra  Plantanum 
Coxari,  et  transit  ad  Aquam  frigidam,  quœ  in  divisis 
Axoline,  et  Culturse  Montauri,  et  transit  ad  locum, 
qui  dicitur  Clima,  et  ferit  ad  locum,  qui  dicitur  Oxisi, 
et  vadit  ex  transverso  ad  culturam,  quœ  dicitur  Decaria, 
quam  claudit,  et  vadit,  inde  et  ferit  ad  culturam  quo- 
que  Locothetœ,  et  transit  ad  Castanetum,  quod  dicitur 
Tamascho,  et  ferit  sursum  ad  magnum  terminum,  qui 
est  super  pétris,  et  descendit  ad  locum,  qui  dicitur 
Caturati,  et  ad  locum,  qui  dicitur  Terrata,  et  des- 
cendit   vallonem,  et  ferit  ad  flumen  Grisu,  et  descen- 


—  4i5  — 

dit  flumen  usque   supra  Molendinum  Prionersi,  unde 
incœptum  est. 

Dcdi  etiam  eidem  Patri  Brunoni,  et  successoribussuis 
Viridarium  S.  Nicolai,  quod  proprium  tenebam  in  ma- 
nu mea.  Dedi  etiam  eidem  hœreditatem  Cologeri  villa- 
ni  mei,  qui  mortuus  fuerat  sine  linea  et  filiis.  Et  va- 
xallos,  et  villanos  in  eodem  Casali  commorantes,  et  in 
eadem  libertate,  et  usu  tranquillo  quo  sunt  et  alia  loca 
superius  condonata  et  per  meam  voluntatem  liberata  ab 
omni  jugo  servili  tam  ad  dictos  fratres,  quam  ad  vaxal- 
los,  recomendatos,  et  villanos,  omnique  libertate  gau- 
debunt  in  isto  loco,  qui  Arunghum  dicitur,  et  omnibus 
locis,  qui  conjungi  valeant,  his  divisis,  quas  Deo  vo- 
lente  habituri  sunt,  seu  villanos,  a  Dominis,  et  fidelibus 
Christianis,  qua  in  locis  scriptis  superius  gaudere  ipsos 
providi.  Dono  tibi  quoque  Patri  Brunoni,  et  successo- 
ribus  tuis  in  perpetuum  meura  molendinum,  et  fullo- 
nem,  quœ  sunt  subtus  Squillacium  juxta  fontem,  qui 
dicitur  de  Alexi,  sub  omni  libertate,  et  immunitate,  ut 
nemini  teneamini  pro  eodem  ;  nec  mihi,  aut  successo- 
ribus  meis,  ab  ipsa  mea  fluminaria  possint  totam  aquam 
assumere,  et  positionem  aquaeductus  molendini,  et 
fullonis  in  ipsa  terra  mea  si  volueritis  in  melius  com- 
mutare  absque  contradictione  aliqua  hominis  alicujus, 
et  mea  vel  successorum  meorum,  et  de  aquis,  quas  in 
terra  mea  sunt,  omne  beneficium  faeiatis  ad  vestrœ  ar- 
bitrium  voluntatis. 

Dono  etiam  tibi  Patri  Brunoni,  et  successoribus  tuis 
in  servos  perpetuos,  et  villanos  centum  duodecim  lineas 
servorum,  et  villanorum,  eorumque  filios  in  perpe- 
tuum, ubicumque  sint,  et  morentur  cum  omnibus  bonis 
eorum;  quos  ad  tui,  tuorumque  successorum  obsequia 
reservavi  ;  qui  inventi  sunt  apud  obsidionem  Capuae  in 
proditionis  consortio  Sergii  pestilentis.  Hos  morti  ob- 


—  416  — 

noxios  in  reversione  Squillacium  servaveram  diversis 
mortibus  puniendos,  sed  tuis  postulationibus  liberatos, 
filiosque  eorum  tibi,  et  successoribus  tuis  obligo,  et  fi- 
lios  eorum  in  œternum  servos  perpetuos,  et  villanos  ad 
B.  Mariae,  et  Protomarlyris  Stephani  personalem,  et 
perpetuam  servitutem  insuper  concedo  ad  petitionem 
tuam  frater  Lanuine,  quod  animalia  vestra,  vestrorum- 
que  vaxallorum,  recomandatorum,  et  villanorum  per 
tenimenta  terrarum,  et  locorum  circa  stadia  centum  li- 
bère pasci  possunt,  et  per  omnia  mea  nemora  glandes 
habere.  Hoc  privilegium  scriptum  est  secundo  Augusti, 
anno  ab  Incarnatione  Domini  millesimo  nonagesimo 
nono,  Indictione  septima,per  manus  Fulconis  Cappel- 
lani  mei  apud  Squillacium  in  Cappella  S.  Matthaei,  prae- 
sente,  et  confirmante  Venerabili,  et  Sanctissimo  Pâtre 
Joanne  Squillacensis  Sedis  Episcopo,  résidente  ibi  juxia 
fores  Ecclesiae,  et  concedente  Adelayde  conjuge  mea, 
residentibus  quoque  mecum  etiam  testibus  hujus  dona- 
tionis,  Rodulpho  Comité  de  Loretello  nepote  meo, 
Guillelmo  de  Altavilla,Odone  Bono  Marchisio, Roberto 
de  Luciano,  Bonello,  Malgerio  filio  meo,  Masduytho, 
Berengerio,  Niello  de  Ferlit,  Ricardo  de  Treveris,  Ro- 
dulpho Painevin,  Huberto  de  Selona,  Raymundo  de 
Chincamp,  Roberto  de  Cuculo,  Ermenfredo  Cappella- 
no  de  S.  Matthaeo,  Roberto  de  Layna,  Stratigoto  villœ, 
Basilio  protospatario,  Theodoro  Manchino. 

Nullus  contra  hanc  voluntariam  donationem  meam, 
et  desideratam  prœsumat  in  aliquo  minimo,  vel  magno 
aliquid  facere,  vel  dicere.  Siquidem  si  fuerit  Rusticus, 
vel  Burgensis,  Curia:  mea?,  si  quid  ipse  habuerit,  habi- 
tura  credat  de  rébus  mobilibus,et  nihilominus  ipsis  fra- 
tribus  decem  auri  libras  persolvat,  et  eorum  fratrum 
damna  si  quas  perpessi  fuerint,  et  de  illorum  maleficum 
bonis  reficientur,  si  accusatus  fuerit,  et  convictus.  Quod 


—  4i7  — 

si  miles,  aut  Baro  ducentas  auri  libras  persolvat  succes- 
sorum  meorum  Curiœ,  sive  meae.  Quod  si  in  tantum 
non  habuerit,  ejus  mobilia  omnia  mea  erunt.  Et  eisdem 
fratribus  nisi  satisfecerit  condigne  quinquaginta  libras 
auri  persolvat.  Nec  mihi  aut  successoribus  meis  de  om- 
nibus, quae  per  me  data  sunt  lieeat  in  antea  aliquid  in- 
novare,  facere,  vel  contradicere  in  aliquo  parvo,  vel 
magno.  Quod  si  ego  (quod  absit  ) ,  vel  successores  mei 
contrarium  fecerimus  in  aliquo  magno,  vel  parvo  in 
omnibus  supra  scriptis,  iram  sempiterni  Dei,  et  Beatae 
Marias,  et  Beati  Protomartyris  Stephani  incurramus.  Et 
idem  Pater  Joannes  Episcopus,  ad  petitionem  meam 
contra  taies  in  majori  ejus  Ecclesia,  omni  présente  po- 
pulo, et  ipsis,  qui  suprascripti  sunt,  testibus  anathema 
gravissimum  promulgavit,  conservantibus  autem  com- 
munionem  Sanctorum,  meritum  bonum  a  Deo  Pâtre 
nostro,  et  Domino  Jesu  Christo.  Amen.  Amen.  Amen. 

Rogerius  Cornes Adelays  Comitissa Guillelmus 

de  Altavilla Rodulphus  Cornes  de  Lorotello 

Odo  Bonus  Marchisius Josbertus  de  Luciaco 

Rodulphus  Painevin Niellus  de  Ferlit Malge- 

rius  filius  Comitis  Rogerii Ricardus  de  Treveris.... 

Ego  Fulco   Domini  Comitis  Rogerii  Cappellanus  de 
mandato  ejus  scripsi,  et  me  subscripsi. 


27 


—  4i.8  — 
14. 

COMES   ROGERIUS 

LIBERATOS    PRODITORES    BRUNONI  AC  SUCCESSORIBUS    EJUS 

SERVOS    ET    VILLANOS    ASSIGNAT. 

flJEC  sunt  nomina,  et  lineœ  servorum  centum  duo- 
|decim,  qui  inventi  sunt  cum  Sergio  Proditore  in 
obsidione  Civitatis  Capuae  Kalendis  Martii,Incarnationis 
Domini  anno  millesimo  nonagesimo  octavo,  Indictione 
septima,  quos  ego  Rogerius  Calabria?,  et  Sicilice  per 
Dei  voluntatem  Cornes,  pro  miraculo  quod  Deus  digna- 
tus  est  visibiliter  mihi  ostendere  orationibus  Béati  Bru- 
noni  ad  salutem  Fidelium  Christianorum,  qui  mecum 
erant,  et  me  a  m  ;  donavi  eidem  Patri  Brunoni,  ejusque 
successoribus,  non  solum  ipsos,  sed  etiam  filios  filio- 
rum  suorum  usque  in  sempiternum,  in  servos  perpe- 
tuos,  et  villanos,  quos  Proditores  ex  sententia  interfici 
diversis  generibus  suppliciorum  damnaveram.  Sed  ad 
petitionem  dicti  Patris  Brunonis,  tune  eis  mortem  per- 
niciosam  peperci,  et  ad  Ecclesiarum  Beatas  Marias  de 
Nemore,  et  Beati  Promartyris  Stephani  obligavi  perpé- 
tuas servitutes.  Et  inde  fieri  feci  Chirographum  apud 
Squillacium  cum  donatione,  quam  feci  de  Monasterio 
S.  Jacobi  de  Montauro,  et  tenimenti  sui,  sed  eorum 
nomina  et  lineas  non  habentur  in  eodem  Chirographo  ; 
ad  petitionem  autem  fratris  Lanuini  Prioris  Ecclesiae 
S.  Stephani,  in  illo  privilegio  jussi  poni  in  memoriam 
sempiternam,  et  hœc  nomina  dictorum  servorum,  et 
lineœ (SequuntuT  nomina.) 

Has  sunt  centum  duodecim  lineœ  servorum,  et  villa- 
norum,  quos  dedi  Patri  Brunoni,  et  successoribus  suis 
cum  omnibus  bonis  eorum  ubicumquesint  in  perpetu- 


—  4io  — 

um,  et  habitent  ubicumque.  Et  hi  fuerunt  quasi  omnes 
de  tenimentis  Squillacii,  et  Suberati.  Hoc  privilegium 
scriptum  est  quarto  Junii  mensis,  in  Cappella  Sancti 
Martini,  quae  sita  est  in  medio  Civitatis  Mileti,  infirmo 
existente  Domino  meo  Comité,  per  manus  mei  Ruberti 
de  Parisiis  Scribœ,  et  recitatum  in  Caméra,  ubi  idem 
Dominus  meus  Cornes  infirmus  jacebat.  Prœsente  Do- 
mina nostra  Adelayde  Comitissa,  et  concedente  Mal- 
gerio  Domini  Comitis  Filio.  Prasentibus  Petro  de 
Moritonio,  Roberto  de  Layna,  Toraldo  Carbonello, 
Raynaldo  de  Clympeam,  Uberto  de  Solana,  Incarna- 
tionis  Domini  nostri  Jesu  Christi  anno  millesimo  cen- 
tesimo  secundo.  Indictione  nona.  Amen. 


15. 


EPISTOLA    S.    BRUNONIS,    QUAM     EX    EREM0    CALABRI^E 

AD  FRATRES  SUOS  CARTUSIjE  EREMUM  INCOLENTES 

MISIT    VIII    SEPTEMBRIS    MXCIX. 

RATRIBUSsuis  unice  dilectis  in  Christo  Frater 
|  Bruno  salutem  in  Domino.  Cognito  rationabilis,  et 
vere  laudandce  disciplinas  vestrae  inflexibili  rigore  ex  cre- 
bra,  ac  dulci  relatione  Beatissimi  Fratris  nostri  Landui- 
ni;  necnon  audito  sancto  amore  vestro,  et  incessanti  stu- 
dio erga  ea,  qua_>  integritatis,  et  honestatis  sunt,  exultât 
spiritus  meus  in  Domino.  Recte  exulto,  et  feror  in  lau- 
dem,  et  gratiarum  actiones  Domino,  et  tamen  amaresus- 
piro.  Exulto  quidem,  ut  justum  est  pro  incremento 
frugum,  virtutum  vestrarum  ;  me  autem  doleo,  et  eru- 
besco  inertem,  et  socordem  jacere  in  sorde  peccatorum 
meorum.  Gaudete  ergo,  Fratres  mei  carissimi,pro  sorte 


—  420  — 

beatitudinis  vestrœ,  et  pro  larga  manu  gratis  Dei  in 
vos.  Gaudete  quia  quietam  et  tutam  stationem  portus 
sécrétions  obtinuistis,  ad  quem  cum  muhi  quoque 
nonnullo  conatu  contendant,  non  perveniunt  tamen, 
muhi  vero  postquam  potiti  fuere,  exclusi  sunt,  quo- 
niam  nulli  eorum  desuper  concessum  est.  Ideo  Fratres 
mei  certum,  et  probatum  sit  vobis,  quod  quicunque 
hoc  optabili  usus  est  bono  ,  si  quocunque  modo  id 
amiserit  usque  in  finem  dolebit,  si  quis  respectus,  vel 
cura  salutis  animas  sua;  sibi  fuerit.  De  vobis  dilectissi- 
mis  Fratribus  meis  laicis  dico.  Magnificat  anima  mea 
Dominum,  quia  magnificentiam  misericordiœ  suas  su- 
per vos  intueor  secundum  imitationem  Prioris  vestri, 
et  patris  amantissimi,  qui  multum  gloriatur  pro  vobis, 
et  gaudet.  Gaudeamus,  et  nos  quoniam  cum  scientiœ 
litterarum  expertes  sitis,  potens  Deus  inscribit  digito 
suo  in  cordibus  vestris  non  solum  amorem,  sed  et  no- 
titiam  sanctœ  legis  suas.  Opère  enim  ostenditis  quod 
amatis,  quodve  nostis.  Nam  cum  obedientiam  vestram 
cum  omni  cautela,  et  studio  observatis,  quœ  est  execu- 
tio  mandatorum  Dei,  et  clavis,  ac  signaculum  totius 
spiritualis  disciplinas,  quœ  nunquam  est  sine  multa 
humilitate,  et  egregia  patientia,  quam  semper  comita- 
tur  castus  amor  Domini,  et  vera  caritas,  manifestum 
est  vos  sapienter  légère  ipsum  fructum  suavissimum  et 
utilem  Scripturas  divinae.  Ergo  Fratres  mei  permanete 
in  eo  ad  quod  pervenistis,  et  morbidum  gregem  quo- 
rumdam  vanissimorum  laicorum,  ut  pesiem,  vitate, 
qui  chartulas  suas  circumferunt  mussitantes,  quœ  non 
intelligunt,  nec  amant  ;  quibus  verbis,  et  factis  contra- 
dicunt,  qui  otiosi,  et  girovagi  quotquot  bonis,  et  re- 
ligiosis  detrahunt,  et  se  in  hoc  laudabiles  putant,  si 
laudandos  infamaverint,  quibus  obedientia  et  omnis 
disciplina    odio  est.   Fratrem  vero   Landuinum   nobis- 


—  42i  — 

cum  detinere  volui  propter  graves  et  crebras  inrirmita- 
tes  nostras,  sed  quia  sibi  nihil  sanum,  nihil  jucundum, 
nihil  vitale  et  utile  esse  sine  vobis  reputat,  non  acquie- 
vit,  protestans  mihi  in  lacrymarum  fonte  pro  vobis 
émanante,  et  suspiriis  multis,  quanti  apud  eum  sitis, 
et  quam  perfecta  charitate  vos  diligat.  Unde  coactionem 
nullam  facere  volui,  ne  laederem  eum  aut  vos,  quos 
charissimos  pro  merito  virtutum  vestrarum  habeo.  Qua- 
propter  fraternitatem  vestram  sedulo  moneo,  et  sub- 
misse atque  obnixe  precor,  ut  charitatem  quam  corde 
gestatis,  executione  operis  in  ipsum  utpote  in  Priorem 
et  Patrem  vestrum  charissimum  ostendatis,  bénigne  et 
provide  subministrando  quce  sibi  pro  multimoda  vale- 
tudine  sua  necessaria  sunt.  Quod  si  vobis  in  hoc  hu- 
manitatis  officio  non  consenserit,  malens  periclitari 
de  salute  et  vita,  quam  aliquid  de  disciplinas  corporalis 
rigore  omittere,  quod  prorsus  improbandum  est,  forsi- 
tan  erubescens,  ut  qui  primus  in  religione  est,  in  hac 
parte  posterior  inveniatur,  metuens  ne  occasione  sui, 
aliquis  ex  vobis  remissior  vel  tepidior  fiât,  quod  nul- 
latenus  formidandum  puto  ;  ne  hujus  gratioe  expertes 
sitis,  nostram  vicem  in  hoc  tantum  vestras  charitati  con- 
cedimus,  ut  liceat  vobis  reverenter  eum  cogère  ad  ea 
quas  saluti  sua;  commodastis.  De  me,  Fratres,  scitote 
quoniam  mihi  unicum  post  Deum  est  desiderium  ve- 
niendi  ad  vos  et  videndi  vos  ;  et  quando  potero  opère 
adimplebo,  Deo  adjuvante.   Valete. 


—  422  — 
16. 


BULLA    PASCHALIS    II 

QUA    IN    CLIENTELAM    S.    ROMANDE    ECCLESI^    RECIPITUR 

EREMUS    SANCT.E    MARI-iE    DE    BOSCO. 


lASCHALIS  Episcopus  servus  servorum  Dei.  Di- 
jlectis  in  Christo  Filiis,  Brunoni,Lanuino,et  eorum 
fratribus  praesentibus  et  futuris  in  perpetuum.Quia  nostri 
officii  interest  servorum  Dei  quieti,  prout  Dominus 
posse  dederit,  providere,  petitionibus  vestris,  Filii  in 
Christo  charissimi,ac  reverendissimi,  clementer  annui- 
mus.  Per  hujus  ergo  Apostolici  Privilegii  paginam  Apo- 
stolica  auctoritate  statuimus,  ut  locus  ille,  quem  habi- 
tationi  vestrae,  disponente  Domino,  elegistis,  a  jugo, 
potestate,  injuria,  molestia  omnium  hominum  omnino 
liber  cum  tota  silva,  et  monte,  terra,  aqua  in  spatium 
unius  leucai  in  omni  parte  adjacenti  in  vestra  omnimo- 
da,  et  successorum  vestrorum  dispositione  permanent, 
sicut  vobis  a  dilecto  filio  nostro  egregia?  memoriœ  Ro- 
gerio  Comité  condonatus ,  et  a  proedecessore  nostro 
sanctœ  in  Christo  recordationis  Urbano  II.  confirmants 
est.  Nemini  intra  proedictum  spatium  liceat  pascere, 
agriculture,  seu  piscationis,  aut  lignorum  occasione, 
aut  quacumque  ex  causa,  aut  vestris  successoribus  inju- 
riam  aut  molestiam  irrogare,  sed  totum  secundum  vo- 
luntatem  vestram  possideatis,  disponatis,  ordinetis,  et 
erogetis.  Porro  si  quid  Episcopalis  officii  indigueritis 
ad  quem  potissimum  vicinorum  Antistitum  volueritis, 
recurrendi  prœsenti  decreto  liberam  licentiam  indul- 
gemus.  Confirmamus  prœterea  vobis  locum,  qui  dicitur 
Arsafia,  ubi  antiquitus  Monasterium  fuerat  cum  omni- 


—   420    — 

bus  praediis,  et  possessionibus  ad  illud  pertinentibus, 
ubicumque  sint,  sicut  a  supradicto  egregice  mémorise 
Rogerio  Comité  in  Ecclesias  vestras  dedicatione  locus 
idem  oblatus  est.  Villanos  quoque  de  Stylensi  territorio, 
qui  super  Arsafiac  possessionibus  commanent  :  porro  in 
territorio  Squillacensi  Casale  Arunehum  cum  omnibus 
suis  pertinentiis,  et  villanos  ejusdem  Casalis.  Similiter  et 
villanos  pertinentes  ad  Montaurum  et  01ivianum,cujus- 
cumque  sint  artis  vel  negotii,  vel  marinarii,  quos  idem 
Cornes  paulo  ante  obitus  sui  diem  loco  vestro  per  Chi- 
rographum  obtulisse  cognoscitur.  Decimarum  quoque 
usum,  ex  vestris,  vel  puerorum  vestrorum  laboribus, 
vestri  juris  esse  censemus,  et  si  qua  puerorum  vestrorum 
offensa  contigerit,  in  vestra  tantum  manu  eorum  omnis 
correctio  maneat.  Nec  ullus  se  de  his,  quas  ad  vos  perti- 
nent, sine  vestra  voluntate  occasione  aliqua  intromittat. 
Quatenus  Omnipotentis  Dei  speculationi  liberis  menti- 
bus  insistatis,  et  ad  ejus  faciei  dulcedinem  ipso  prœstan- 
te  pervenire  valeatis.  Si  qua  sane  Ecclesiastica,  sœcula- 
risve  persona  hanc  nostrce  Constitutionispaginam  sciens 
contra  eam  temere  venire  tentaverit,  secundo  tertiove 
commonita  si  non  satisfactione  congrua  emendavérit, 
potestatis  honorisque  sui  dignitate  careat,  eamque  se 
divino  judicio  existera  de  perpetrata  iniquitate  cognos- 
cat,  et  a  sacratissimo  corpore  et  sanguine  Dei  et  Domi- 
ni  Redemptoris  nostri  Jesu  Christi  aliéna  fiât,  atque  in 
extremo  examine  districts  ultioni  subjaceat.  Cunctis 
autem  eidem  loco  justa  servantibus,  sit  pax  Domini 
nostri  Jesu  Christi,  qiiatenus  et  hic  fructum  bonae  actio- 
nis  percipiant,  et  apud  districtum  Judicem  praemia  aeter- 
nae  pacis  inveniant  :  Amen.  Amen.  Ego  Paschalis  catho- 
licoe  Ecclesiac  Episcop.  Ss.  Datum  apud  oppidum  Mel- 
liti  per  manum  Joannis  sanctas  Romanae  Ecclesias 
Diaconum  Cardinalem,  VI.  Kal.  Augusti,  Indiction.  IX. 


—  424  — 

Incarnat.  Dominicas  ann.  MCII.  Pontif.  autem  Domini 
Paschalis  II.  PP.  anno  II. 


17. 


FIDES  DE  SS.   TRINITATE  ATQUE  DE  SS.   SACRAMENTO  ALTARIS, 
ANTE  SUUM    OBITUM  A  MAGISTRO  BRUNONE  EXPOSITA. 


[REDO  firmiter  in  Patrem,  et  Filium,  et  Spiritum 
IJSanctum,  Patrem  ingenitum,  Filium  unigenitum, 
Spiritum  Sanctum  ab  utroque  procedentem,  et  has  très 
personas  unum  Deum.  Credo  quod  idem  Dei  Filius 
conceptus  sit  de  Spiritu  Sancto,  ex  Maria  Virgine.  Credo 
quod  Virgo  castissima  fuerat  ante  partum,  Virgo  in 
partu,et  postpartum  Virgo  in  œternum  permansit.  Credo 
quod  idem  Dei  Filius  conceptus  sit  inter  homines,  ut 
verus  homo  sine  peccato.  Credo  quod  idem  Dei  Filius 
invidiose  captus  est  a  perfidis  Judaeis,  injuriose  tracta- 
tus,  injuste  ligatus,  consputus,  flagellatus,  mortuus  et 
sepultus,  descendit  ad  inferos,  ut  captivos  suos  inde  li- 
beraret  :  descendit  propter  redemptionem  nostram,  et 
resurrexit,  ascendit  ad  cœlos,  inde  venlurus  est  judi- 
care  vivos  et  mortuos.  Credo  Sacramenta,  quoe  Catho- 
lica  crédit  et  veneratur  Ecclesia,  et  nominatim,  quod 
consecratur  in  Altari  verum  corpus  esse,  veram  carnem, 
et  verum  sanguinem  Domini  nostri  Jesu  Christi,  quem 
et  nos  accipimus  in  remissionem  peccatorum,  in  spem 
salutis  alternas.  Credo  carnisresurrectionem,  vitam  aeter- 
nam.  Amen. 

Confiteor  atque  credo  sanctam  atque  ineffabilem  Tri- 
nitatem,  Patrem,  et  Filium,  et  Spiritum  Sanctum  unum 
Deum  naturalem,  unius  substantif  unius  naturae,  unius 


—  4--"1   — 

majestatis,  atque  virtutis.  Et  Patrem  quidem  non  ge- 
nitum,  non  créa  tu  m,  sed  ingenitum  profitemur.  Ipse 
Pater  a  nullo  originem  ducit,  ex  quo  et  Filius  nati- 
vitatem,  et  Spiritus  Sanctus  processionem  accepit.  Fons 
ipse  igitur,  et  origo  est  totius  Divinitatis,  ipse  quoque 
Pater  essentia  quidem  ineffabilis  substantia  sua  Filium 
genuit  ineffabiliter,  nec  tamen  aliud,  quam  quod  ipse 
est,  genuit,  Deus  Deum,  lux  lucem  ;  ab  ipso  ergo  est 
omnis  Paternitas  in  cœlo  et  in  terra.  Amen. 


18. 


EN'CYCLICA    EPISTOLA    CARTl'SI.E    S.    MARIEE    DE    EREMO, 
DE  OBITU  S.   BRUNONIS. 

RIMO  loco,  quem  Primatem,  et  caput  in  Ecclesia 
jcredimus,  et  confitemur  Apostolicae  Sedis  Prae- 
sulem,  totamque  istam  principalem  Curiam,  humiliter 
EremitxCalabria,'  Monasterii  Sanctae  Dei  Genitricis  Ma- 
ria?, cujus  fundator  Pater  Bruno  fuit,  et  Prœlatus,  dum 
in  carne  viveret,  débita  subjectione  veneramur,  et  salu- 
tamus,  sanctique  Patris  nostri  Brunonis  obitum  pridie 
nonas  Octobris  denuntiamus,  ut  meritis  eorum,  et  pre- 
cibus  adjuvetur  apud  Deum.  Salutamus  etiam  Univer- 
salem  Ecclesiam  sanctam  in  Ordinibus  et  professioni- 
bus  suis,  Canonicos,  Monachos,  Eremitas,  Deo  dicatas 
sanctas  Virgines,  quibus  et  omnibus  spirituali  praesentia 
prosternimur,  ut  defuncti  Patris  nostri  memores  esse 
velint,  ut  dilecta;  illi  animae,  si  adest  macula,  (cum  non 
sit  justus,  qui  non  peccet)  multiplicatis  intercessoribus, 
et  precum  instantia  detergatur  et  transeat  in  requiem. 
Precamur  quoque,   ut  quorumcumque  locorum  Con- 


—  426  — 

gregationes,  aut  personae  religiosae  ejus  agant  memo- 
riam,  se  nominatim  non  pigeât  in  hac  Charta  subs- 
cribere.  Separatim  vero,  si  qui  volunt  ejus  memoriam 
scriptam,  et  anniversarium  observare,  scribantur,  ut 
congruam  vicem  singulis  rependamus,  prout  pauci  suffi- 
cimus.  Ut  autem  sciatis  quanta  fiducia ,  quam  certa 
spe  liberationis  ejus  fundatis  preces,  transitus  illius 
utilitatem  brevi  titulo  innotescimus,  ut  in  sancti  viri 
consummatione  veritatem,  et  perfectionem  transactœ 
vitas  colligatis.  Sciens  quia  venit  hora  ejus,  ut  trans- 
eat  ex  hoc  mundo  ad  Patrem ,  convocatis  Fratribus 
suis,  ab  ipsa  infantia  singulas  aetates  suas  replicavit, 
et  totius  temporis  sui  scientia  etsententia  dignum  procla- 
mavit.  Postea  fidem  suam  de  Trinitate,  protracto,  et  pro- 
fundo  sermone  exposuit,  et  conclusit  sic  :  Credo  etiam 
Sacramenta,  quas  sancta  crédit  et  veneratur  Ecclesia,  et 
nominatim  panem,  et  vinum,  quae  consecrantur  in  al- 
tari  post  Consecrationem,  verum  corpus  esse  Domini  no- 
stri  Jesu  Christi,  veram  carnem,  et  verum  sanguinem, 
quae  et  nos  accipimus  in  remissionem  peccatorum  no- 
strorum,  et  in  spem  salutis  aeternae.  Proxima  die  Domi- 
nica,  sancta  illa  anima  carne  soluta  est,  pridie  nonas 
Octobris  ,  anno  Domini  millesimo  centesimo  primo. 
Orate  pro  eo,  et  pro  nobis  peccatoribus.  Fratrem  no- 
strum  harum  litterarum  latorem  obedientiœ  gratia  pere- 
grinantem,  vestrce  charitati  commendamus.  Valete. 


—  4*7  — 
19. 

TITULI  FUNEBRES. 

SERIES     ELOGIORUM,     QUIBUS    VARI.E    PER    ITALIAM,      GALLIAM  , 

ANGLIAM,  CONSTITUEE  ECCLESI^,  RELIGIOS.E    FAMILLE 

ET     SINGULARES     IN     ECCLESIASTICA    DIGNITATE     PERSON.E 

SANCTISSIMI     PATRIARCH.E     BRUNONIS     FUNERI 

PIE   AC  DEVOTE  PARENTARUNT. 


TITULUS  MAJORIS  CARTUSLE. 

J^OS  quoque  Cartusiœ  Fratres,  piissimi  Patris  nostri 
^^Brunonis,  viri  valde  charissimi,  solatio  miserabili- 
ter  prœ  omnibus  destituti,  quid  pro  ejus  dilecta  anima 
et  sancta  faciemus,  definire  nequimus.  Vincunt  enim 
mérita  beneficiorum  ejus  erga  nos,  quidquid  possumus, 
et  valemus.  Itaque  sicut  pro  unico  Pâtre  ac  Domino 
nostro  nunc,  et  sine  fine  orabimus,  et  qualiscumque 
missarum,  easterique  spiritalis  exercitii  consuetudo  circa 
defunctos  apud  nos  tenetur,  pro  illius  anima  omni 
tempore  tanquam  filii  persolvemus. 


TITULUS    S.    NICOLAI    MELITENSIS    ECCLESIjE. 

Mors  brève  nomen  habet,  sed  nomine  dura  sub  ipso 

Sors  latet  ;  et  sors,  qux  non  brève  jus  habeat. 

Calcat  opes,  et  sceptra  quatit,  cathedrasque  supinat, 

Nemoque  novit  ubi,  quando,  vel  unde  venit. 

Sensus,  honor,  meritum,  species,  vis,  res,  genus,  aetas, 


—  428  — 

Omnia  vanescunt  mortis  in  articulo. 
Haec  cum  cuncta  forent  tibi  Bruno  pridie  nonas 

Octobris  ;  tamen  es  mortuus  ipse  modo. 
Magne  Pater,  qui  cuncta  potes,  cui  competit  uni 

Interiora  viri  cernere  funditus,  et 
Parcere  peccatis,  dare  post  obitum  medicinam  : 

Parce  viro  tanto,  sisque  medela  sibi. 


TITULUS    S.    MARLE    TROPEIENSIS    ECCLESIyE. 

Unde  Deo  gratus  fuit  Bruno,  inde  beatus, 

Quem  si  laudarem  non  hune  pro  laude  bearem. 

Reddo  Deo  grates,  quod  habebat  tôt  bonitates  ; 

Quot  possunt  dici  lingua  sapientis  amici  : 

Inde  cutis  colli,  teritur  prae  pondère  rolli, 

Rolligeri  collum  nequit  ultra  tollere  rollum, 

Quo  tôt  cum  tantis  scribuntur,  et  aula  tonantis, 

Et  sol  cum  luna,  stellarum  cursus  et  una, 

Lux,  polus,  aer,  humus,  mare,  tartara  sulphure,  fumus, 

Lividus,  obscœnus,  fœtensque,  putredrine  plenus  : 

Quae  plaga  Plutonis  procul  est  a  sorte  Brunonis. 

Ampla  fuit  Charta,  nunc  parva  videtur,  et  arcta  : 

Qua  sors,  qua  fa+um,  qua  scribitur  orane  creatum, 

Atque  Creatoris,  sine  tempore  tempus  honoris  : 

Cujus  in  hac  vita  vitae  fuit  hic  eremita  ; 

Quam  pius,  et  mitis,  simplex,  sine  agmine  litis 

Dicere  si  nossem,  non  est  quo  scribere  possem. 

Intus,  et  a  tergo  jam  pellis  scribitur,  ergo 

Ultra  quid  dicam  ?  jam  nescio  dicere  quicquam. 

Sed  tamen,  ut  crescat  benedictio  :  dico,  quiescat; 

Paci,  dico,  datus,  cum  sit  super  astra  locatus  : 

Si  tamen  in  fossa  fiât  caro  pulvis,  et  ossa. 


—  429  — 

Non  obiit,  vivit,  patriam  redeundo  petivit. 
Vivere    quae  Bruno  vivit,  possimus  in  uno. 


TITULUS    S.    PETRI    NEOCASTRENSIS. 

Hac  vixit  vita  dum  felix  hic  Eremita 
Dictus  Bruno  bonus,  noster  per  cuncta  patronus; 
Quo  vixit  pago  :  vivens  permansit  imago 
Verae  justitiœ,  doctrinœ,  philosophiœ; 
Exemplum  cunctis  qui  dans  ratione  potitis, 
Struxit  structuram,  quam  novit  non  ruituram. 
iEtheream  sedem,  per  sascula  cuncta  manentem. 
In  summis  ccelis,  ubi  gaudet  Bruno  fidelis. 
Cujus  mirantes  vitam,  mores  imitantes: 
Omnes  oremus  prece  qualicumque  valemus: 
Hic,  ut  tam  dignus,  tam  verax,  tamque  benignus, 
Pro  nobis  toto  fundens  oracula  voto, 
Quo  gaudet  lcetus  cœlesti  culmine  fretus, 
Nos  congaudere  faciat,  secumque  manere. 


5. 


EX  DtICATU  HETRUREE,   ARCHIEPISCOPATU  FLORENTINO, 
ET  EPISCOPATU  BURGENSI. 

TITULUS  MONASTERII  SANCTI   SEPULCHRI. 

Monasterii  Sancti  Sepulchri  Congregatio  volontarie 
adimplebit,  quod  petitis. 


—  4-3o  — 
6. 

EX     ARCHIEPISCOPATU    SENENSI    ET    EPISCOPATU    CLUSINO. 
TITULUS   CLUSINI    CŒNOBII. 

Clusinum  collegium  satis  humile  et  exiguum  pro 
Brunone  relig'onis  socio,  insignisque  fidei  magistro  exi- 
mio,  ac  suis  orationibus  in  vita  sanctissimi  viri  patris 
nostri  Benedicti  dedito,  mœrens,  se  fore  destitutum  tanti 
viri  solatio,  dietim  exorabit  Dominum  :  imponendo 
Fratribus  Missas,  et  Psalterium  suum,  complendo  vide- 
licet  Tricenarium.  Quem  etiam  inter  nomina  Fratrum 
diligenter  habebit  impositum,  ejusque  festum  dévote  ce- 
lebrabit  annuum,ut  sibidet  requiem,  Michaele  precante, 
perennem.  Orationum  vestrarum  clypeo  muniri  opta- 
mus,  quibus  adscisci  inter  Sanctorum  consortia,  nos, 
et  defunctos  nostros  minime  dubitamus. 


TITULUS    FRATRUM    MONTIS    AMATI. 

Notum  autem  facimus  sanctitati  vestras,  nos  Fratres 
de  Vivo  humiles  habitatores  Montis  Amati  una  cura  Do- 
mino nostro  Priore  Hieronymo  in  communi  statuisse 
pro  Reverendissimo  charissimoque  Brunone,  vestrae 
Congregationis  Pâtre,  septem  diebus  pro  ejus  venera- 
bili  transitu  vigilias,  et  Missas  celebrare,  in  matricula 
conscribere,  anniversarium  diem  agere.  Oramus,  et  ob- 
nixe  petimus  ut  nostri  in  omnibus  bonis  vestris  me- 
mores  sitis.  Valete. 


—  43 1  — 


EX  STATU  REIPUBLICE  LUCENSIS,  ARCHIEPISCOPATU    PISANO, 
ET  EPISCOPATU  LUCENSI. 

TITULUS     SANCTI      MARTINI  . 

Ecclesiœ  nos  Canonici  S.  Martini,  quœ  dicitur  Pe- 
tra,  gratanter  hanc  chartam  accipientes,  humilique  men- 
te recordationem  in  nostra  matricula  conscribentes,  re- 
ligiosi  hujus  viri,  Brunonis  seilicet,  memoriam  in  die 
ejus  anniversaria  faciemus. 


TITULUS     FRATRUM    FICULENSIS    SEU   FICF.CLENSIS     CŒNOBU. 

Nos  Fisciclenses  Fratres  pro  reverendissimo,  ae  reli- 
giosissimo  Domino  Brunone  eminentissimo  Eremita, 
supplicationum  preces  intentissime,  libenti  valde  ani- 
mo,  Creatori  Deo  oblationis  vestras  libamine  persol- 
vemus.  Et  ejus  venerabile  nomen  inter  amantissima 
fratrum  nostrorum  nomina  conscribemus,  ejusque  an- 
niversarium  diem,  prout  charitas  vestra  petit,  devotius 
celebrabimus. 


10. 


TITULUS    S.    FRIGDIANI    EPISCOPI    LUCENSIS. 

Nos  humiles  Sancti  Frigdiani  Lucensis  Ecclesiœ  Fra- 
tres pro  tanto  viro,  et  tam  glorioso  voluntarie  officium 
commemorationis  inpendimus  :  credentes,  nos  apud 
Deum  ejus  sanctis  commendari  meritis. 


40  : 


EX    ARCHIEPISCOPATU    BONOMENSI 
IN    PROVINCIA    LONGOBARDLE   ET    EPISCOPATU    PLACENTINO. 

TITULUS    ECCLESI/E    PLACENTINO. 

Nos  sanctissimae  Marias,  sanctaeque  Justinas  Placenti- 
nae  Matricis  Ecclesias  parvi  meriti  Fratres,  pro  tam  Ve- 
nerabilis  viri  gloriosissima  anima  débitas  ardenti  animo 
exequias  agere  voluntarie  promittimus,  ejusque  san- 
ciam  memoriam  in  nostra  matricula  amantissime  inse- 
remus. 


12. 


EX    ARCHIEPISCOPATU    TACRINENSI,   IN    PEDEMONTIO. 
TITULUS    SEGUSIENSIS   ECCLESLE. 

Auctoritas  sanxit  divina,  necnon  Apostolica  habet 
sententia,  invicem  Fratres  portare  onera  :  hujus  ergo 
auctoritatis  dogmate  fulcita  Segusiensis  Ecclesiœ  nostra 
humilis,  et  exigua,  fundendo  preces  Dei  exorat  clemen- 
tiam,  ut  tanti  religiosi  viri  anima,  videlicet  Brunonis 
functi,  delictorum  veniam  consequatur,  perenni  Dei 
gratia. 

i3. 

TITULUS    PROPOSITUR.E    ULCIENSIS. 

Nos  humiles  Fratres  S.  Laurentii  Ulciensis  Ecclesiae, 
quae  alio  nomine  plebs  Martyrum  vocatur,  pro  tanto 
viro,  tamque  religioso,  pro  quo   etiam  totus  orbis  ter- 


-  433  - 

rarum  preces  incessanter  fundere  débet  :  officium  cum 
tricenario,  et  deinceps  anniversarium  ejus  divina  sub- 
ministrante  gratia  persolvemus. 

14- 

EX    ARCHIEPISCOPATU    PARISIENSI. 
TITULUS    SANCT.E    MARIjE    PARISIORUM. 

O  vos  mundani,  qui  re  gaudetis  iaani, 
Spernite  culturam  carnis  subito  perituram  : 
Corpus  enim  vastum  varia  pinguedine  pastum 
Quo  magis  impletur,  putidum  magis  efficietur. 
Cur  impinguatur  caro,  qua  vermis  satiatur? 
Cur  adeo  cupimus  bona,  quœ  retinere  nequimus  ? 
Quos  maie  seducit  mundus,  per  dévia  ducit, 
Et  sectatores  carnis  fallit  per  honores, 
Blandaque  praetendit,  dum  nobis  retia  tendit. 
Est  et  in  hoc  mundo  mundanis  sollicitudo, 
Pœnaque  lucratur  pcenam,  caro  bis  cruciatur. 
Qui  lucra  sectantur  subita  nece  praecipitantur. 
Et  subeunt  antrum   carnes,  animaeque  baratrum  : 
Hase  satis  attente  pertractans  Bruno  repente 
IUe  magistrorum  decus;  informatio  morum  : 
Remigium  turbae  Rhemensis,  major  in  urbe, 
Mundum  despexit,  iter  ad  cœlestia  flexit  : 
Vilibus  indutus  pannis,  te  Christe  secutus. 
Huic  igitur  cceli  pateant,  populoque  tideli, 
Cum  quo  laetatur  Bruno  semper  sociatur. 


28 


4M 


ID. 


TITULUS    S.    GERMANI    EPISC0PI    PARISIENSIS. 

Mentibus  in  nostris  deberet  semper  haberi 
Lux,  in  qua  reprobi  mala  tollent,  seu  bona  justi. 
Hanc  timuit  Bruno  ;  Sophiae  qui  verus  amator 
Exuit  hic  veterem  mortali  carne  parentem 
Ipsum  de  terra  Christus  devexit  ad  astra. 
Serve  Dei  Bruno,  te  suscipiat  tuus  auctor, 
Perpétua  possis  uti  requie  paradisi  : 
Hanc  habeant  omnes  nostri,  cunctique  fidèles. 


16. 


TITULUS    S.    DIONYSII    AREOPAG1T.E,    PROPE    PARISIUM. 


Si  prosa,  vel  versus  possent  conferre  salutem, 

Nec  prosa,  nec  versus  tollent  tibi  Bruno  salutem. 

Nam  prosa,  vel  versus  de  te  volât  ore  dicaci, 

Quœ  tibi  sic  prosunt  serpentis  ab  ore  minaci  : 

Si  tormentari  prohibèrent,  atque  vorari. 

Sic  prosa,  vel  versus  possunt  conferre  salutem, 

Cum  strepitu  vocis  sonet  ergo  melodia  cordis, 

Ut  prosa,  vel  versus  quod  continent,  id  meditemur. 

Quodque  sonat  fieri,  Dominum  de  corde  precemur. 

Bruno  digne  pater,  ut  eo  salveris  ab  igné, 

Qui  non  justorum,  sed  semper  erit  reproborum  : 

Et  si  quid  minus  est,  quod  non  perfectio  donet, 

Id  tibi  donari  defectibus,  et  superaddi, 

Nostra  tuis  possit  devotio,  si  Deus  audit. 

Sed  Deus  audiet,  et  faciet,  quia  justa  rogamus, 

Ut  tibi  fine  carens  cœlestis  lux  tribuatur, 

Et  tecum  nostris,  et  cunctis  hic  titulatis. 


—  p 


TITULUS    S.    MAGLORII    PARISIENSIS. 

Occiduis  morbis  resolutis,  cur  dolet  orbis 
Consumpta  pœna,  si  pace  fruuntur  amœna? 
Non  opus  est  flendi,  quia  gaudent  luce  perenni. 
Est  homo  laudandus  :  tamen  est  hac  voce  juvandus 
Parce  Redemptor  ei,  terrence  materiei. 


TITULUS    S.    PETRI    FOSSATENSIS    CŒNOBII. 

Nil  prosunt  animae,  versus  si  fecero  mille  : 
Vos  orate  tamen,  pace  quiescat,  amen. 


19. 


TITULUS    S.    PETRI    LATUNACENSIS. 

Arbore  de  quadam  fructum  gustaverat  Adam. 
Arbore  post  de  qua,  sors  imminet  omnibus  aequa. 
Si  non  peccasset,  genus  humanum  recreasset  : 
Sed  quia  peccavit,  morti  mala  cuncta  paravit. 
Ergo  dolor,  luctus,  lacrymarum  fundite  fluctus  : 
Quod  mors  sic  mordet,  scevit,  ruit,  omnia  sorbet  : 
Hac  ruit  omnis  homo  pro  gustato  maie  porno. 
Hic  valet,  et  vixit,  mox  terra;  membra  reponit. 
Sic  caro  flos  fœni,  fit  fœnum  gloria  mundi, 
Dum  juvenum  flores  marcescunt  atque  décores: 
Cum  parvo  magnus,  cum  justo  transit  iniquus. 
Hoc  probat  omnis  homo  ;  sed  homo  quod  comprobat 

[omnis], 


—  436  — 

Intulit  ipse  Pater;  sed  quod  Pater  întulit  ipse, 
Expulit  ipse  Deus;  sed  quod  Deus  expulit  ipse, 
Nobile  fecit  opus  ;  sed  opus  quod  nobile  fecit, 
Sentit  origo  sequens  ;  sed  et  hoc  quod  sentit  origo, 
Sentit  et  hic  Bruno,  quoniam  Bruno  sentit,  et  iste 
Vivit  in  aeternum  ;  non  ergo  fleamus  ob  ipsum. 
Si  qua  tamen  gessit,  Domino  quae  non  placuere  ; 
Os,  mens,  lingua,  Deum  non  deneget  ista  rogare  ; 
O  theos  Alpha  bone,  da  ccelica  régna  Brunoni. 


20. 


TITULUS    S.    MARLE   CARNOTENSIS. 

Ecclesiae  munus  Bruno  fuit  haud  ruiturus, 
Nam   bonus,  atque    pins   mentis  fuit,  atque   Sophiïe. 
Doctor  erat  verus  :  fieat  ipsum  plebs  bona,  Clerus. 
Justus,  sincerus,  morum  gravitate  severus, 
Mortuus  est  Bruno,  pugnando   rege  sub  uno  ; 
Qui  sic  pugnavit,  Ducis  hostes,  qui  superavit. 
Cujus  miles  erat,  quapropter  prœmia  quœrat, 
A  Duce  Sanctorum  lœtissima    régna  polorum  ; 
Et  nos  mille  modis  psalmis  oremus,  et  odis, 
Ut  det  Christus  ei  lucem  summas  requiei. 
Nam  si  promeruit  hanc  mercedem  quis  habere, 
Nullus  Brunonem  putet  hac  mercede  carere. 


21, 


VERSUS    SCHOLARES    EJUSDEM    CARNOTENSIS    ECCLESI.E. 


Quis  fuerit  Bruno  momento  temporis  uno, 

Nescius  hue  veniat,    discere  si  cupiat. 

Iste  fuit  justus,  sapiens  nimis,  atque  venustus  ; 


-  4*7  - 

Sed  nulli  noouit,  discere  quod  potuit. 

Cui  pia  vota  damus,  nostrumque  Patrem  rogitamus, 

Ut  fugiens  rabiem,  possideat  requiem. 

Si  Bruno  vixit,  sicut  vixisse  putatur, 

Vivat  in  œternum,  paradisi   sede  fruatur. 

Flos  erat  hic  Patrum,  solamen,  gloria  fratrum  ; 

Veri  sectator,   divinœ  legis  amator, 

Semita  justitia?,  fons  hic,  et  origo  sophias  ; 

Lux  spéculum  mundi  ;  rerum  sublime  cacumen  ; 

Labentum    baculus  ;  miserorum   dulce   levamen  ; 

Nec  mens  fracta  malis  ;  nec  erat  nimis  alta  secundis. 

Hic  sibi   non  vixit,  sed    mundo,  quem   bene  rexit, 

Non  hic,  sed  vita  spoliata,  flet  hoc  Eremita. 

Vita  non  eguit,  qui  mundo  non  sibi  vixit. 

Ut  narrem  breviter,  quis  narret  sufficienter  ? 

Quam  phœbe  phœbo,  quam  cetera  sidéra  lunœ 

.km  totus  mundus  adsit  tibi  Gallice  Bruno. 


22. 


TITULUS    SANCTI    PATERNI    CARNOTIS. 

Concio  Silvestris,  lachrymarum  parce  fluentis, 
Pastoris  vita  fidei  cultu  redimita, 
Votum  lœtandi  nobis  dat,   non  lacrymandi, 
Si  mundo  moritur,   paradisi  sede  potitur, 
Perdomuit  carnem,   dum  cceli  tendit  ad  arcem. 
Se  sociat  Christo,  mundo  dum  migrât  ab  isto 
Si  qua  tamen  carnis  violavit  viscera  Patris, 
Culpa  licet  parva;  tergat  miseratio  larga, 
Ejus  quem  toto  properavit  cernere  voto. 
O  miles  Christi,  qui  pugnrc  victor  abisti; 
Quam  bene  certasti,  quia  certando  superasti; 
Spernens  terrena,  stipendia  carpis  amcena. 


—  _p8  — 

Vivis,  et  exultas,  et  ad  aulœ  limina  puisas, 
Christe  tuo  fesso,  quia  te  petit,  obvius  esto; 
Dans  illi  requiem,  dans  sine  fine  diem. 

23. 

TITULUS    SANCT.E    CRUCIS 
SANCTIQUE    FARONIS    MELDENSIS    EPISCOPI. 

Cognitus  iste  satis  doctrina  erat,  atque  beatis 
Moribus,  et  vita  Bruno  sapiens  Eremita. 
Principiis  primis,  summis  fulgebat,  et  imis. 
Post  monachus  factus,  jam  cœlica  gaudia  nactus. 
Ecce  jacet  Bruno  tumulo  conclusus  in  uno  ; 
Nam  sic  tolluntur  sapientes  dum  moriuntur, 
In  Domini  castra,  pollentia  desuper  astra. 
Nullus  miretur,  si  Bruno  sanctus  habetur  : 
Hoc  meruit  vita,  dici  simplex  Eremita  : 
At  si  peccavit,  quod  necdum  forte  piavit  : 
Hoc  sibi  condonet  Dominus,   cœloque  coronet. 


24. 


TITL'LUS    S.    PETRI    RESBACENSIS. 


Temporibus  nostris  finis  dum  proximat  orbis, 

Extitit  in  mundo  proximus  iste  Deo. 

Nam  dives  fuerat  ;  mores  sapienter   agebat  : 

Contempsit  cuncta  ;   post  pauper  et  est  Eremita, 

Factus  pro  Domino,  qui  solus  régnât  in  alto. 

Iste  viam  carnis  tenuit,  per  sa^cula  felix 

Sit  pietate  Dei,  qui  saecula  morte  redemit. 


—  -po  — 


2}. 


EX    EPISCOPATU    AURELIANENSI. 
TITULUS    SANCT.E    CRUCIS    AURELIANENSIS. 

Summum    Bruno    decus,  et  gloria   temporis   hujus, 
Carne  jaces,  sed  parte  mânes  meliore  superstes; 
Et  justi  recipis  nunc  praemia  grata  laboris  : 
Prreclaris  merito  Doctoribus  associatus. 
Vivens  in  Christo,  nostri  vir  sancte  mémento  ; 
Doctrinœque  tuœ,  quae  toto    fulget  in  orbe, 
Christo   funde   preces,    mereamur,   ut   esse  sequaces, 
Quique  Deum  pro  et  fraterno  more  rogamus 
Brino  tuis  scmper  precibus  vir  sancte  juvemur. 
Vos  quoque  Sanctissimi  Fratres,  qui  tantum,  ac  ta- 
lem    patronum   ad    cœlos  prœmisistis,  omni   humanae 
compassionis  dolore  postposito,  gaudete,  et  exultate  in 
Domino   :  dignosque   tanto    Pâtre   vos   fuisse  moribus 
ostendite,  ut  ipse  pro  vobis  intercedente,  dignetur  vobis 
Dominus,  si  non  scientia  parem,  honesta    saltem   vita 
consimilem  Patrem  providere.  Valete. 

26. 

TITULUS    S.    MAXIMINI    MICIANENSIS    CŒNOBII. 

Doctus  Psalmista,  clarissimus  atque  sophista, 
Gallia  quem  mire  sua  deberet  sepclire, 
Ut  fertur  Calabris  nunc  Bruno  scpultus   in    agris  : 
Hac  f une  tus  vita  sub  temporibus  stabilita, 
Transeat  ad  vitam  sine  temporibus  stabilitam. 


—  440  — 


ALIUS    TITULUS    EJUSDEM    MICIANENSIS    CŒNOBII. 

Bruno  consurgat  régi,  qui  crimina  purgat, 
Sanctorum  Christo  :  cui  mundo  vixit  in  isto  : 
Excessit  vita  Monachus  sapiens  Eremita 
Hinc  Clerus  tristis  moneatur  versibus  istis 
Prœmia  donantem  Dominum  rogitare  tonantem. 
Ut  det  ei  requiem  ;  plebs  pia  dicat  amen. 


28. 


EX     EPISCOPATU    ALESENSIS. 
TITULUS     S.    MARLE    BLECENSIS    ECCLESLE. 

Non  est  deflendum,  nec  Patris  morte  dolendum  ; 
Non  obiit  Bruno,  qui  partem  fixit  in  uno  ; 
Hune  Deus  excepit,  comitem  pia  turba  recepit. 

29. 

ALIUS    TITULUS    EJUSDEM. 

Bruno  vir  egregiae  probitatis  gemma  sophiœ  : 
Tujus  honestatis,  sit  prœsens  Chartula  testis  : 
Pacis  habet  ridem,  Cœli  translatus  ad  aedem, 
Ergo  laudemus  Dominum.  veneremur,  amemus, 
Per  quem  servorum  decoratur  vita  suorum. 


—  44i   — 
3o. 

ALIUS    TITULUS    EJUSDEM. 

Unus  eras  eremo,  liquisti  terrea  Bruno, 
Nec  mors  morte  tua  tonuit,  penitus  tua  jura  ; 
Solvitur  in  cineres  corpus,  sis  cœlicus  hasres. 

3i. 

TITULUS    S.    MARIiE    PONTILEVIENSIS    CŒNOBII. 

Exiit  e  mundo  vir  mundi  spretor,  ad  illum 

Qui  mundum  fecit,  quem  sine  fine  videt. 
Et  licet  hic  tanquam  tenebrosus  Bruno  vocetur  ; 

E.>t  tamen  et  fama  lucidus,  et  meritis. 
Luce  Dei  fruitur,  quia  lucem  respuit  istam, 

Et  pro  deserto,  cœlica  régna  colit. 
Vos  igitur  Fratres  pro  letho  ne  doleatis, 

Esse  suos  laetos,  laetus  et  ipse  cupit. 
Si  quid  ei  minus  est,   Deus  illi  compleat  illud, 

Et  nostros  vestris  jungat  ei  precibus. 


32. 


EX    ARCHIEPISCOPATU    LUGDUNENSI. 
TITULUS    MAJORIS    ECCLESIjE    LUGDUNENSIS. 

Sic  mors  prudenti  parcit,  velut  insipietiti  : 
Prudens  Bruno  fuit,  sed  cito  morte  ruit. 

Nempe  jacet  Bruno  tumulo  depressus  in  uno, 
Qui  quantum  potuit  justititc  studuit. 

Floruit  et  vita  factus  simples  eremita  ; 
Si  fuit  iste  reus,  tu  sibi  parce  Deus. 


—  44'^  — 

Cui    dantur  frustra    pro  psalmis  carmina    pulchra , 
Plus  prodesset  ei,  ter  miserere  mei. 


TITULUS    ATHANACENSIS    CŒNOEII    LUGDUNI. 

Athanaceusis  vero  cœtus  divino  oraculo  prœmoni- 
tus,  pro  anima  Religiosi,  Deoque  dilecti  Brunonis, 
générale  officium,  simulque  preces,  et  orationes  per- 
solvit,  et  conscriptis  cum  eo  Fratribus,  obsequia  com- 
mendationis  exhibuit. 


H- 


TITULUS    S.    PETRI    CASSELLEXSIS    ECC-LESI^. 

Brunonis  vermes  carnem  pascuntur  inermes. 
Proh  dolor  immensi  vas,  sensus,  et  bonitatis. 
Non  tamen  est  inde  quod  defleo  ;  nam  mihi   constat, 
Illum  Sanctorum  concivem,  sed  quia  cœtus 
Ipsius  mceret  privatus  Pâtre  benigno. 


6b. 


EX    ARCHIEPISCOPATU    AUGUSTODUNENSI. 
TITULUS    S.    MARGARIT/E   CŒNOBII. 

Cum   Pâtre  sit   Nato   laus,    et   Cum    Flamine  sacro, 
Mundum  sustentât  :  ccelum  ditione  gubernat. 
Angeli  cum    Seraphim,    pariterque    beata    Cherubim 
Cum  cœteris  sanctis,   justis  simul,  atque  beatis. 
Occurrant  illi  simul  exultantes,  et  lœti, 
Et  tamen  cum  ipsis  astantibus  undique  turmis 


—  4-P  — 

Virtutum  Thronis,  et  Potestatibus  justis 
Vere  beatificent  Dominum,  regem  quoque   laudent. 
Inclyti  Brunonis  adsint  animxque  parati  : 
Abraham,    mox    Isaac ,    et  Jacob,    Job,    et    Helias, 
Isaii,  Daniel,   David,  Sanctissimus  Johel, 
Abacuch,  Abdias,  Sophonias,  et  Hieremias, 
Cum  vatum  cœteris  sistent  obtutibus  Christi, 
Supplices,  et  lœti  deposcant  dono  ditari. 
Et  nos  cum  ipsis  demus  pia  cantica  laudis. 
Quamvis  indigni  mereamur  luce  beari, 
Exultât  ccelum,  terra  gémit  nunc,  et  résultat. 


36. 


EX    EPISCOPATU    LINGONENSI. 
TITULUS    LINGONENSIS    ECCLESL-E    EPISCOPI. 

Robertus  Lingonensis  EcclesiœServusrogabit  ejusdem 
Ecclesiae  Canonicos,  et  Sacerdotes,  Monachos,  Eremi- 
tas  in  Episcopatu  Lingonensi  Domino  servientes,utorent 
pro  anima  charissimi  Magistri  sui  Brunonis,  et  Elee- 
mosynas  pauperibus  largiantur ,  memoriamque  obi- 
tus  sui,  in  quibus  poterit  Ecclesiis  scriptam,  observari 
faciet. 


TITULUS    S.   STEPHAM    DIVIONENSIS. 

Qui  régit  omne,  quod  est,  hune  noxa  solvat  ab  omni, 
Hune  societ  justis,  qui  régit  omne  quod  est. 

Quce  petitis  vestris,  eadem  persolvite  nostris 
Obsequia,  psalmos,  cantica,  vota,  preces. 

Spiritus  in  cœlo  Brunonis  suscipiatur, 


—  444  - 

Et  sit  cum  Christo,  dum  vixit,  quem  sequebatur, 
Impetret  et  nobis,  quod  se  possimus  adiré, 
Quos  cupit  hic  mundus  peccati  facere  perire. 


38. 


TITULUS    S.    BENIGNI    DIVIONENSIS    CŒNOBII. 

Est  quia  surgendum,  non  est  de  morte  dolendum, 
Parcere  mors  nescit,  justus  bene  morte  quiescit  ; 
Mutua  vota  damus;  nobis  eademque  rogamus. 


39. 


TITULUS    S.    PETRI    BESVENSIS. 

Transit  ab  hac  vita  Bruno  summus  Eremita. 
Quem  deflent  cuncti,  sapientes,  atque  periti, 
Hic  sapiens  vixit,  sapiens,  et  alta  migravit, 
Jam  ccelum  teneat,  jam  Christo  sedulus  astet 
Pro  sibi  devotis  securus  fratribus  orans. 


40. 


TITULUS     SANCT.£    MARLE,     SANCTIQUE     JOANNIS  , 
COXFRATRUM    REOMENSIS    CŒNOBII. 

Dans  bona  Christe  Poli  famulo  da  régna  Brunoni, 

Mutanti  florem  mundi,  cunctumque  decorem, 

Deserto  vili,  quod  regno  clarius  illi. 

Hac  fuit  in   vita,  jam  cessant  plurima  scripta  : 

Débita  doctori  reddantur  vota  Brunoni, 

Atque  suis  cunctis;  nostris  quoque  reddite  functis  : 

Christi  veraces  famuli,  justique  sequaces 


—  4-P  — 

Qui  charam  fortis  eremum  colitis  modo  Turris, 
Quœ  vos,  ut  vestrum  perducet  ad  astra  magistrum. 

Notum  sit  vobis  Charissimi,  nos  Reomenses  Fratres, 
vestri  memoriam  Patroni  in  missis,  et  orationibus  tri- 
ginta  egisse  diebus,  ipsiusque  nomen,  cum  nostrorum 
nominibus  Fratrum,  sicut  decet,  scripsisse. 

41. 

TITULlh-.  s.  michaelis  archangeli   tornodrensis  coenobii. 

Mors  pia  justorum  fruitur  quia  régna  polorum 
Morte  sua  sacro  sociatus  in  agmine  Bruno 
Vivat;  et  in  requie  potiatur  dona  sophiœ. 
Gaudeat  hic  felix,  videat  faciem  quoque  Patris  ; 
Cernere  quam  Christus  faciet  sine  fine  beatos. 


42. 


TITULUS    SANCT.E    MAREE    MOLISMENSIS    ECCLESLE. 

Tempore  disposito  migrât  de  corpore  Bruno, 
Cujus,   dum  vixit,  vita  Deo  placuit  : 

Subveniant  illi,  quibus  est  permissa  potestas, 
Ut  sit    ei  requies,  et  sine  fine  dies. 

Nostris  versiculis,  qui  habitamus  Molesmium,  adden- 
tes  vobis,  qui  estis  Turri,  innotescimus,  quod  pro  Dom- 
no  Brunone  Patrono  vestro,  nostro  autem  familiarissi- 
mo,  Missarum  solemnia  diebus  triginta  celebravimus, 
ejus  etiam  obitus  anniversarium  diem  in  catalogo  fra- 
trum nostrorum  eonscripsimus. 


44<  > 
43- 


TITULUS    LAMBERTI    ABBATIS    PULTARIENSIS    COENOBII. 

Ego  F  rater  Lambertus  Pultariensis  Monasterii  ex  ne- 
cessitate  Apostolicce  obedientiœ  servus,  et  procurator 
exiguus  hujus  eximii  Magistri  Brunonis ,  in  litteralis 
doctrinae  scientia  a  primordio  meae  conversationis  de 
sœculo,  in  eruditione  Catholicas  conversationis,  et  ve- 
ras  religionis  discipulus,  ejusdem  piissimi  Patris  nostri, 
et  informatons  memoriam  in  septenariis  et  tricenariis 
officiis ,  et  anniversaria  die  sui  obitus,  cura  canticis 
spiritualibus  ,  et  pauperum  refocillatione  quotannis 
recolenda,  cum  commissis  mibi  filiis,  et  fratribus  pro- 
curare, et  dévote  prosequi  non  fatigabimur,  et  quos 
poterimus  ad  orandum  pro  eo  excitabimus. 


44. 


TITULUS    SAXCT.E    MARI.E    CASTELLIONENSIS. 

Bruno  vir  hic  magnus  fuit,  ac  simplex  velut  agnus, 

Qui  mundum  cernens  vilescere,  cunctaque  spernens  ; 

Vitam  mutavit,  corpusque  famé  maceravit. 

Post  Monachus  factus  :   Eremi  vastissima  nactus, 

Hanc  linquens  sedem  Cœli  conscendit  in  cedem 

In  qua  detur  ei  locus  optatus  requiei. 

Et  si  quem  laesit  ;  vel  si  quod  cri  mini  adhaesit 

Hoc  condonetur  ei  eratia  masna  Dei. 


—  447  — 
4-s- 

EX    EPISCOPATU    MATISCONENSI. 
TITULUS    SANCTI    PETRI    CLUNIACENSIS    CŒNOBII. 

Jue  dolor  poni  débet  pro  morte  patroni  : 
Caudeat  et  Mater,  gaudet  ut  ipse  Pater. 

Fecmius  obsequium,  quod  Chartula  jussit  agendum, 
Et  nobis  iidem,  vos  faciatis  idem. 

46. 

EX    EPISCOPATU  CABILONENSI. 
TITULUS    S.    VINCENTII    CABILONENSIS   ECCLESIjE. 

Cum  bene  praeteritam  testetur  littera  vitam, 
Et  cum  posse  mori  nulli  dematur  honori  ; 
Fletus  deponi  debent  pro  morte  patroni  ; 
Namque  Deus  sedem  superam  sibi  tradidit  aedem. 
Nunc  igitur  fratres  psalmos,  missasque  canentes, 
Reddamus  Christo  laudes,  et  carmina  nostro, 
Ut  prosit  cunctis  quod  nos  adolebimus  isti. 

47- 

EX     ARCHIEPISCOPATU    SENONEXSI     IN    CAMPAMA, 
ET    TRECENSI    EPISCOPATU. 

TITULUS    S.   PETRI    TRECORU.M. 

Ut  titulus  dicit,  mundi  tentamina  vicit, 

Bruno  vir  sapiens,  jussa  Dei  faciens  ; 
Sprevit  opes  multas,  sibi  nec  fuit  ulla  facilitas, 

Sed  quicquid  potuit  fratribus  exhibuit. 


—  44'^  — 

Fugit  ab  hac  vita,  Monachus  fit,  et  hinc  Eremita  ; 

Dum  sic  abstinuit,  régna  poli  meruit. 
Sed  quia  jure  pari  decet  hoc  pio  fratre  precari, 

Poscimus,  ut  requies  sit  tibi  quœque  dies. 


48. 


TITULUS     S.    PETRI     INSUL/E    GERMANIC/E. 

Mortua  mors  utinam,  vel  carcere  clausa  fuisses. 

Ne  tantum  mundo  Doctorem  surripuisses, 

Pro  quo  nos  petimus  Christum  fontem  bonitatis, 

Ut  det  Brunoni  munus  solitœ  pietatis. 

Christe  Patris  Verbum  regnum  concède  supernum 

Brunoni  famulo,  qui  se  tibi  pectore  puro, 

Vivens  conjunxit,  mundanaque  gaudia  sprevit. 

Vos  igitur  Fratres  eremitica  claustra  colentes, 

Quod  nos  pro  vestris  facimus,  nunc  reddite  nostris, 

Subtracti  laeto  potiantur  quo  paradiso. 


49. 


TITULUS    S.    PETRI    AREMARENSIS    CŒNOBII. 

Fons  et  origo  boni,  Jesu,  pius  esto  Brunoni, 
Ne  leo  tangat  ovem,  fer  bone  pastor  opem. 

Agnus  Bruno  tuus  sit,  sit  non  dœmonis  hcedus  ; 
Si  meruit  pcenas,  parce  reo  bonitas. 


—  449  — 
5o. 

KX    EPISCOPATU    AUTISSIODORENSI. 
TITULUS    S.  STEPHANI  MARTYRIS   AUTISSIODORENSIS  ECCLESIjE. 

Bruno  pius  pastor  purae  pietatis  amator  ; 
Daemonis  ignitas  superavit  ubique  sagittas  : 
Subjectis  largus  fuit  hic  nimis,  et  sibi  parcus. 
Factis  implebat,  quicquid  per  verba  docebat . 
Non  se  prœlatum,  sed  se  cupiebat  amatum, 
Gaudeat  in  cœlis,  quia  vixit  corde  fidelis. 


5i. 


TITULUS  S.   GERMANT  AUTISSIODORENSIS. 

Mansio  Brunonis  sit  perpes  cœlitus  omnis, 

Cumque  Deo  vita  fiât  ei  socia, 
Nobis  vota  dari,  semper  curate  precari, 

Illius  meritis,  sedibus  aethereis. 

52. 

EX  ARCHIEPISCOPATU  RHEMENS1 
IN    PROVINCIA    CAMPANLE    GALLIC.E. 

TITULUS   SANCT^E    MARI.E    RHEMENSIS    METROPOLIS. 

Hic  pater  eximius  fundator  Religionis, 

Exemplar  sese  Fratribus  exhibuit  . 
Dans  illis  formam  spernendi  vilia  mundi. 

Cœlestis  patriic  prcemia  dum  sequitur  ; 
Pro  cujus  culpa  non  credimus  esse  gemendum, 

Quem  jam  gaudentem  credimus  in  requie. 

29 


4-DO    — 

Nam  si  cui  sancto  requiem  bona  vita  meretur, 

Huic  quoque  pro  meritis  summa  datur  requies. 
Qui  cum  multimode  nostra  polleret  in  Urbe, 

Solamenque  suis,  atque  decus  fieret  : 
Cumque  faveret  ei  fortuna  per  omnia;  jamque 

Hune  praeferremus  omnibus,  et  merito  : 
Namque  benignus  erat,  omnique  peritus  in  arte, 

Facumdusque  satis,  divitiisque  potens. 
Omnia  postposuit  Christo  ;  nudumque  secutus 

Christum,  cum  multis  suscipit  hune  Eremus. 
Propterea  requiem  sibi  credimus  esse  paratam, 

Si  tamen  ulla  levis,  hcesit  ei  macula  : 
(Nam  patet  in  terris  nullum  sine  labe  morari) 

Hanc  Deus  absterçat  dando  sibi  veniam. 


53. 


ALIUS    TITULUS    EJUSDEM    ECCLESLE    RHEMENSIS. 

Ut  servire  Joseph  Dominas  contempsit  Amori, 
Et  fugit  amplexos  incestos  mente  virili  : 
Sic  contempta  jacet  Bruno  tibi  gloria  mundi 
Amplecti  dum  te  cuperet  :  tibi  brachia  tendens, 
Multum  mundus  opus,  multos  ostendit  amores 
Tuque  fuga  lapsus,  pompali  veste  rejecta, 
Amplectens  Eremum  vestiris  sorte  beata. 
Hune  tantum  talem  cœlestibus  esse  sodalem 
Credimus  :  hune  rogitat  Fratrum  devotio  tota, 
Ut  Domino  pro  se  dignetur  fundere  vota. 
Pars  tamen  interior,  si  traxerit  ab  exteriore 
Quid  sordis  :    Deus  hoc  pietatis  dilue  rore. 


—  45 1  — 
54. 

TITULUS    ALI  US    EJUSDEM. 

Judicis  examen  venturi  Bruno  parvescens, 
Mundanas  contempsit  opes,  eremumque  petivit  ; 
Atque  suavis  ibi  fructus  emisit  odores, 
Ad  Christum  revocans,  quos  gloria  varia  fefellit  : 
Nocte  dieque  Dei  prasceptis    invigilabat  : 
Omnibus  exemplar  eremi,  quos  vita  décorât  : 
O  quam  felici  meriti  mercede  fruuntur, 
Qui  socii  turmis  cœlestibus  efficiuntur, 
Lucis  et  inveniunt  loca,  quœ  sunt  nescia  pestis  : 
In  quibus  aeternis  celebrantur  gaudia  festis  : 
Ad  quae  suspirans,  hic  dissolvi  cupiebat, 
Posset  ut  in  Christo  sic  conregnare  beatis. 
Denique  tinito  certamine  carne  solutus, 
Optatisque  fruens  conseendit  ad  aethera  liber. 
Verum  si  quid  ei  terrenae  sortis  adhœsit, 
Quatenus  ad  tumulum  mercedis  nil  sibi  desit, 
Pulsemus  Dominum  precibus,  quem    cuncta  veren- 

[fur;] 
Nulla  quod  Inferni  tormenta  sibi  dominentur. 


55. 


ITEM    ALIUS    TITULUS    EJUSDEM    ECCLESLE. 

Iste  vir  Elias  par,  Baptistœque  Joanni  ; 
Hic  eremi  cultor  fuit  ;  et  bonitatis  amator  ; 
Hic  Abrabae  similis,  pius  extitit,  atque  fidelis  : 
Iste  velut  Petrus,  Domini  mandata  secutus  ; 
Omnia  contempsit,  et  Christo  pauper  adhaesit. 
Maluit  hic  Christo  pauper,  quam  viverc  mundo 


—    -P2    — 

Dives,  sicque  Dei  plene  praecepta  peregit, 

Sed  quia,  quae  mundi  sunt  mors  rapit  omnia  secum, 

Mundo  sublatum  junxit  cœlestibus  istum. 

Nos  vero  Domini  deposcamus  pietatem, 

Ut  tanto  Patri  mundani  si  quid  adhaesit 

Pulveris  :  abstergat  Deus  illud  fons  pietatis. 


56. 


EJUSDEM  ECCLESLE  TITULUS  ALIUS. 

Quem  tenerum  docuit  Mater  Remensis  alumnum, 
Propositi  tenuisse  rïdem  lcetata,  Brunonem 
Migrantem  ad  Dominum  lachrymis,  precibusque  sa- 

[lutat.] 


57. 


TITULUS  S.   REMIGII   FRANCORUM    APOSTOLI. 

Ne  doleatis  oves,  pastores  funere  flentes, 
Nam  non  est  flendus,  fuerat  qui  vivere  Christus, 
Atque  mori  lucrum,  superando  dœmonis  astum. 
Hic  Pater  eximius  nobis  merito  venerandus, 
Nec  solum  nobis,  sed  quos  sol  flammeus  urit  : 
Quem  fovet  ipse  Deus,  quem  jam  retinet  paradisus 
In  requie  pacis;  cur  talem  quœso  doletis  ? 
Raptus  enim  mundo,  donatur  vivere  cœlo  : 
Et  vivit  vere,  studuit  quia  vivere  juste. 
Conregnare  tibi  Deus  annue  quaesumus  illi, 
^Eterna  requie  dans  tecum  perpetuari. 


—  4-D:>  — 
58. 

TTTOLUS    S.    NICASII    RHEMORl'M    ARCHIEPISCOPI. 

Deus  fidelium  lumen,  et  animarum,  animam  hujus 
viri  Catholici,  ab  omni  solvat  vinculo  delictorum. 

59. 

TITULUS    SANCTI    BASOLI. 

Bruno  polum    subeat,   quem  strenua   vita   venustat, 
Quo  merito  ridei,  gloria  crescat  ei. 

60. 

TITULUS    SANCTI    DIONYSII    RHEMENSIS. 

Cunctas  liquit  opes  cunctos  simul  orbis  honores  : 
Pro  te  Christe  pater,   pro  cœli  munere  pauper. 
Bruno  factus  iter,  quorum  fuit  ante  magister, 
Quatuor  ut  fontes  ex  una  parte  meantes, 
Quos    paradisus    habet,   mundi   per    régna   rluentes, 
Exundant  terras  ;  sic  his  quos  imbuit,  ornât, 
Cudit,  et  illustrât,  et  adhuc  régit,  excolit,  aptat. 
Syderis  instar  erat  cunctis,  quos  ipse  docebat 
Inter  cœlicolas  Christi  requiescat  in  aula. 

61. 

TITULUS    SANCTI    SYMPHORIANI    MARTYRIS,    IN    URBE    RHEMENSI. 

Si  quid  lugere  de  morte  juvetque  dolere. 

Tune  nos  tristemur  super  hoc  quoque  Pâtre  rleamus; 


—  4^4  — 

Sed  quia  nec  luctus.   nec  clamor  ad  aethera  ductus 
Quemque  de  morte  valet  ad  vitam  revocare 
Oremus  Christum  pro  nobis  in  Cruce  fixum, 
Cœlesti  vita  potiatur  ut  hic  Eremita. 
Scribimus  hase  vobis,  et   idem  petimus,  date   nobis. 

62. 

TITULUS    S.     PETRI    CŒNOBII    PUELLARUM. 

Vitas  forma  piae,  toties  acerra  sophias, 
Bruno  pater,  vita  si  transmigravit  ab  ista, 
Ad  Domini  nutum,  liquet  ille  carne  solutum, 
Qui  justum  mérita  voluit  donare  corona  ; 
Quem  licet  œthereis  fidamus  inesse  choreis, 
Haud  tamen  obsequii  deerunt  solatia  nostri. 


63. 


TITULUS   SANCTORUM  MARTYRUM   TIMOTHEI   ET  APOLLINARIS. 

Hujus  doctoris  fuit  hase  vis  cordis,  et  oris  : 

Ut  toto  cunctos  superaret  in  orbe  Magistros, 

Sic  meditando  bonus  fuit,  atque  loquendo  disertus, 

Huic  se  tota  dédit  sapientia,  totaque  sedit 

Hujus  in  arcanis  dives  penetralibus  hospes. 

Quod   dico,    novi  :  mecum   quoque   Francia    novit  ; 

Et  totus  novit  per  climata  quatuor  orbis. 

Hase  illum  docuit  res  hujus  spernere  mundi, 

Et  solum  fecit  perquirere  gaudia  Cceli. 

Huic  si  quid  sordis  de  carnis  lege  cohœsit  : 

(Nam  cuncti  penitus  carnali  lege  gravamur) 

Omnipotens  tollat,  qui  crimina  nostra  relaxât  : 

Impleat,   atque  sibi  votum,  quod  semper  amavit. 


—  455  — 
64. 

P'.X    EPISCOPATU    SUESSIONENSI. 
TITULUS  ECCLESIyE  SUESSIONENSIS. 

Suessorum  Mater  Ecclesia  Fratribus  dilectissimis,  et 
Deo  charis,  consistentibus  in  Eremo,  quœ  dicitur  Tur- 
ris  :  conversationem  supernam  habere  semper  per  Chri- 
stum.  Piissimi  ac  deo  dilecti  Patris,  vere  Venerabilis 
Brunonis  cognito  sancto,  ac  glorioso  decessu,  dulciter 
super  tali,  tantoque  viro  commoti  fuimus.  Officium  au- 
tem  ejus  felici  animoe  fidelium  more  impendimus.  Et  ad 
ejus  beatam  memoriam  anniversarie  recolendam  diem, 
quo  carnis  carcere  egressus  est,  quomodo  a  vobis  de- 
nunciatam  accepimus  :  sanctam  ejus  resolutionem  in 
nostra  matricula  scripsimus.  Orantes,  et  deprecantes.  ut 
ejus  sanctissimis  vestrisque  precibus  adjuvemur,  tam 
vivi  quam  defuncti.  Amen. 


65. 


TITULUS  SANCTORUM  MEDARDI  ET  SEBASTIANI 
SUESSIONENSIS  CŒNOBII. 

Plebs  pia  Medardi,  regalis,  et  inclyta  sancti, 
Flentibus,  et  mœstis  solamina  grata  salutis. 
Qui  gemitis  functum,  functi  deponite  luctum, 
Nil  juvat  extinctum  deflere,  dolere  sepultum  ; 
Sed  potius  vota  prosint  libamina  sancta  : 
Haec  tribuantur  ei,  quicumque  pericula  mortis 
Pertimet,  horrescit,  pereuntibus  omnibus  orbis. 
Continuis  precibus  succurrat,  et  auxilietur. 
Dum  petit,  et  rogitat  ;  pro  se  quoque  quisque  laborat, 


—  4-56  — 

Cum  Moyses  orat,  superat  plebs  Israelita. 

Dura  cessât  votis,  cadit  illico,  vincit  et  hostis. 

Nos  simul  oremus,  nec  cesset  spiritus  ullus. 

Vota  juvant  hominem,   dum  vivit  et  exit  ad  horam 

Quœ  perimit  vitam,  tulit  improba  mors  Eremitam, 

Quœ  nocet,  et  laedit  justum,  satis  impia  laedit. 

Haec  tam  crudelis  necat  insatiata  carybdis, 

Quos  fovet  omnipotens,  nullum  miserata  dolores. 

Salvet  ab  hac  hominem,  qui  pertulit  in  cruce  mortem 

Et  vitam  tribuat,  quam  non  Proserpina  rumpat. 


66. 


TITULUS    S.   PETRI  CASIACENSIS  CŒNOBII. 

Qui  pro  salute  hominum  dignatus  est  fieri  homo  : 
Dignetur  concedere  veniam  vestro  patrono. 

67. 

TITULUS    ABBATIS    S.  JOANNIS    SUESSIONENSIS  CŒNOBII. 

Dilectis  in  Christo,  et  Deo  dignis  Fratribus  Calabrice 
reverendis  Eremitis  in  Monasterio  Sanctae  Dei  Genitri- 
cis  semper  Virginis  Marias,  Deo  famulantibus,  Petrus 
S.  Joannis  Suessionensis  Canonicorum  Regularium  hu- 
milis  Abbas,  totaque  Fratrum  cum  eo  degens,  et  Deo 
serviens  Congregatio,  bonum  incepisse,  melius  perseve- 
rare,  féliciter  consummare.  Audito  beato  fine  S.  Patris 
vestri,  et  Magistri  mei  Brunonis,  a  cujus  ore  sanœ  doctri- 
ne fluenta,  plerumque  haurire  contigit  :  etsi  opère  non 
complevi;  absentia  vehementer  tristamur,  carnales  eva- 
sisse  angustias,  et  requiem  adeptum  esse,  et  cum  Deo 
vivere,  prouu  conjecturam   de   munditia,  et  perfectione 


—  -P7  — 

transactae  vitae  nobis  satis  nota?  facere  possumus,  vehe- 
mentius  congaudemus.  Ejus  ergo  memoriam,  tum  quia 
Magister  noster  fuit,  tum  quia  precibus  ejus,  et  vestris 
confidimus,  tanto  apud  Deum  efficacioribus,  quanto 
sauctioribus,  hoc  modo  habituros  promittimus  triginta 
diebus  Missas,  et  vigilias  pro  remedio  ejus,  vestrorum- 
que  Fratrum  defunctorum  célébrantes.  In  Libro  autem 
ubi  nomina  Fratrum  nostrorum  Defunctorum  scripta 
sunt,  nomen  ejus  conscribemus.  Anniversarium  Depo- 
sitionis  ejus  diem  débita  veneratione  Deo  volente  cele- 
brabimus.  Et  omnium  Beneficiorum,  quae  apud  nos 
riunt,  et  in  locis,  quae  ad  nos  pertinent,  eum  partici- 
pera desideramus  ;  et  vos  participes  suscipimus. 


68. 


TITULUS    S.    LEODEGARII. 

Hic  Leodegarii  Titulus  describitur  almi. 
A  facie  mortis  nequit  ullus  sistere  fortis  ; 

Sed  fumo  similis  vita  viri  sterilis. 
Labitur,  ut  ventus,  pulcherrima  nata  juventus  ;    ' 

JEquQ  tolluntur  pessimus,  atque  bonus. 
Omnes  morte  ruunt,  terramque  cadavera  quœrunt 

In  nihilum  veniunt,  vermibus  esca  fluunt. 
Corpora  putrescunt,  quœ  viva  superba  fuerunt, 

Horrida  fit  caro,  mortua  cuncta  caro. 
Mox  homo,  cum  moritur,  statim  sua  fossa  paratur, 

Charos  post  nullus  curât  habcre  suos. 
Sed  sociat  cineri  jam  fœtens  corpus  amici, 

O  quam  vanus  amor,  cum  cadit  omnis  honor  ! 
Brunoni  dedimus  quod  debitus  exigit  usus, 

Vos  et  idem  nostris  persolvite  subtitulatis. 


—  458  — 
6g. 

EX    EPISCOPATU    LAUDUNENSI. 
TITULUS  SANCT/E  MARLE  LAUDUNENSIS  ECCLËSIyE. 

Bruno  decus  Cleri,  decus,  et  prudentia  mundi, 
Dum  fuit  in  terris,  florebat  acumine  mentis  ; 
Dum  fuit  inter  nos  florebat,  et  in  documentis. 
Integritas  morum  cumulum  supplevit  honorum 
Sed  postquam  nostra  delegit  cedere  vita, 
Vester  eollega,  vetrisque  locis  Eremita 
Deposuit  curam  penitus  totius  honoris, 
Amplectens  curam  Christi  solius  amoris. 
Vos  igitur  Fratres  Eremi  déserta  eolentes, 
Fallacem  mundum  sic  jam  superasse  videntes 
Egregium  Patrem,  ne  triste  feratis,  obiisse, 
Quam  nos  régna  poli  divina  putamus  adiisse. 
Cum  sit  Ccelicola  potuit  quid  majus  habere  ? 
Dum  fuit  in  terris,  hœc  i  11  i  vota  fuere. 


ALIUS    TITULUS    EJUSDEM. 

Gaudens  Doctorem,  quem  Francia  Bruno  recepit 
Clauderis  in  terra  Calabrinus  nunc  Eremita, 
Quod  clamant  omnes,  ut  tibi  sit  requies. 


TITULUS  S.   NICOLAI  DE  SALTU  VEDOCII. 

Haud    doleat    quisquam    morti    succumbere    quem- 
Cum  vivat  potius,  qui  corporis  enecat  aestus.    [quam] 


—  4^9  — 

Hic  in  perpetuum  jus  mortis  vitat  acerbum, 
Et  tibi  det  jugemcum  sanctis  Bruno  quietem. 


ORDO  MONIALIUM  TITULI   S.   JOANNIS   BAPTISTE. 

Bruno  laudaris  :  tua  vita  decens  renovatur, 
Versibus,  etscriptis,  nec  quanta  fuit,  memoratur  : 
Ipse  pius,  simplex,  plenus  dietatis  amore  ; 
Impiger,  et  mundus  fuit  omni  dignus  honore. 
Vivit  adhuc  Bruno,  sibi  traditur  a  Pâtre  vita, 
Clericus  ipse  fuit,  fit  Monachus,  hinc  Eremita  ; 
Nunc  jacet  exangue  corpus,  tamen  hoc  veneratur. 
Vivit  adhuc  Bruno,  cujus  fletus  gratulatur. 
Ipse  fatigatus  per  tempora,  neque  reatus, 
Nunc  sibi  concédât  Deus,  ut  semper  requiescat. 


7*> 


EX    EPISCOPATU    CATALAUNENSI. 
TITULUS  S.   STEPHANI   CATALAUNENSIS. 

Commisit  protoplastus  Homo,  cur  postera  proies, 

Patris  facta  luens,  tendat  in  interitum  ? 
Omnes  intereunt,  sed  non  omnes  cruciantur, 

Mors  venit  injustis,  vita  salusque  bonis. 
Hic  igitur  Bruno  vir  sanctœ  religionis, 

Mundum  contemnens,  cœlica  promeruit. 
Nos  ergo  Dominum  devota  mente  precamur, 

Ut  qui  justus  erat,  justiricetur  adhuc. 


460  — 


TITULUS  S.    PETRI   CŒNOBH    DEMONTE. 

Nos  gessit  moriens  Christus  de  morte  resurgens 
Spes  in  morte  Deus  :  gloria  sola  Deus. 

Brunoni  requiem  tu  confer  Christe  perennem  : 
Gaudia  cutn  sanctis  sint  sibi  pro  meritis. 


EX    EPISCOPATU    NOVIOMENSI. 
TITULUS    S.   BARTHOLOM.EI  APOSTOLI    IN  MONTE. 

Orbis  amarescens  claudeseit  pondère  mortis, 
Et  trahit  ad  speciem  humanas  per  dévia  sortis 
Mergit,  et  exilio  propriorum  quoque  tabescens. 
Onde  tumescis  homo,  miser  hac  œtate  senescens? 
Fonte  Carybdineo  mergeris  ad  ultima  finis  ; 
Ac  cinis  in  cineres  solveris,  ut  umbra  lucernis. 
Est  labor  ejus  amor,  et  inextricabilis  error, 
Defectu  cujus  animam  complectitur  horror. 
Postquam  nudata  fuerit  de  carcere  carnis, 
Vel  Satanae  ducibus,  heu  circumsepta  catervis. 
Quod  metuens  animosus  in  hoc  discrimine  Bruno: 
Servitio  pénétrât  eremum  certaminis  uno. 
Linguit  opes,  mundique  decus,  ne  gloria  pœna 
Fiat  in  interitum,  sed  currens  nectare  vena  ; 
Dulcescat  fluctus  animi,  cordisque  tenorem  : 
In  se  constringens,  scelerum  constringat  amorem  : 
Per  cursus  varios,  operum  virtute  bonorum, 
Mortirlcando  caput  mortis  cura  jure  malorum. 
Quapropter  meruit  consortia  Cœlicolarum. 
Liber  ab  hoste  Stygis,  aut  rerum  tartarearum. 


46i 


Et  sociatur  ei,  per  quem  reparabitur  orbis. 
Qui  longus  meta,  tam  purus  denique  morbis, 
Quo  requiescat  amen,  misera  de  morte  resurgens, 
Ne  lœdat  serpens  fœda  prurigine  turgens. 


76. 


TITULUS    MONTIS  S.  QUINTINI    MARTYRIS    VERMADENSIS    PAGI. 

Dum  moritur  Bruno,  moritur  quod  traxit  ab  uno. 
Stat  meritum  hujus,  quia  vivit  spiritus  ejus. 
Vita  beatorum,  spes,  atque  corona  piorum, 
Ipsum  sydereis  societ  super  astra  choraeis. 


TITULUS    S.    FURSEI    PERONN.E. 

Hic  vir  virtutis  virtutibus  inde  secutis 

Per  meriti  florem  capiat  sine  rine  decorem. 

Ipse  Deus,  quo  qunsque  reguntur,  et  omnia  constant 

Bruno  tuo  donec  gaudia  spiritui. 
Terra  licet  tua  membra  tegat  carnalia  vilis 

Spiritus  in  ccelis  transeat  alta  tuus. 
Bruno  pius  pastor,  vitam  ducens  Eremito.' 
Attribuente  Deo  mereatur  gaudia  vita?. 


EX    F.PISCOPATU    BELLOVACENSt. 
TITULUS  S.  LUCIÂN1   BELVAGORUM    APOSTOLI  ET  MARTYRIS. 

Dux  Eremitarum,  lux  corruit  Ecclesiarum. 

Hune  Eremus  plorat,  quem  quisque  ridelis  honorât 


4^2    

Est  enim  dignus,  quoniam  fuit  ipse  benignus  : 

Nam  mundum  sprevit,  mundanaque  cuncta  reliquit, 

Exercens  vitam  de  se  faciens  Eremitam, 

Verus  in  aethereis  fit  ipse  choraeis, 

Vivens  cura  nostris  hic  fratribus  attitulatis. 


79- 


TITULUS  S.   SYMPHORIANI  MARTYRIS  BELVACENSIS. 

Abbatem  Sanctum  narrant  hune  scripta  fuisse, 
Commissumque  gregem  virtutis  iter  docuisse. 
Ergo  si  vixit,  rotulus  testatur,  ut  iste, 
Te  sibi  perpétuant  requiem  petimus  dare,  Christe. 


80. 


TITULUS    S.    QUINTINI  BELVACENSIS. 

Humilis  Congregatio  S.  Quintini  Belvacensis  spe- 
rans  patrocinio  Reverendi  Patris  sui  Brunonis  apud 
Deum  se  adjuvari,  obedienter  ei  tricesimum  adscribit, 
et  cum  Fratribus  suis  memoriam  ipsius  vestrumque 
omnium  amodo  tenebit. 

Raptus  ab  hac  vita  Christum  sitiens  Eremita, 
Ne  mala  mutarent  sanctam  prassentia  vitam  : 
Quicquid  proposuit  vivens  moriendo  probavit. 
Proderit  Ecclesias  fidei  vestigia  nosse. 
Quidam  Frater  de  praefata  Ecclesia  Gauberius  nomi- 
ne  sanctae  recordationis  viro,  quem  multum  diligebat; 
et  solum  nostris  temporibus  mundano  renunciasse  prae- 
dicabat,  tricesimum  faciet,  et  quamdiu  vixerit  inter  fa- 
miliares  suos  in  memoriam  dilicenter  habebit. 


—  4C3  — 


EX    KPISCOPATU    AMBIANENSI 


TITULUS    S.   PETRI  CORBEI.E. 


Divhias  Bruno  mundanas  postposuisti, 
Exemploque  tuo  postponendas  docuisti, 
Et  loca  deserti  pro  Rege  poli  coluisti, 
Dulcibus  alloquiis  multorum  corda  rigasti, 
Talibus  exemplo  sanctis  extas  imitator 
Sanctorumque  Patrum,  qui  doctrinis  viguerunt 
Illic  insidias  hostis  per  tempora  multa 
Passus,  mansisti  cujus  fraudes  superasti. 
Nunc  tamen  in  Christo  complesti  fine  beato 
Mortalis  vitaî  cursus,  et  gaudia  vitae 
Perpétua;  defunctus  habes,  hœc  est  tua  merces. 


82. 


TITULUS  S.  FULCIANI  DE  SYLVA. 

Bruno  vir  excellens,  probus,  et  vitiosa  repellens 
Discipulus  Christi  vita  testante  fuisti  ; 
Vita  quies,  sine  nocte  dies,  reparatio  mira  ; 
Ipso  dante  tibi  pateant  ad  gaudia  vera. 

83. 

EX    ARCHIEPISCOPATU    ROTHOMAGENSI    IN    NORMANNIA. 
TITULUS    SANCT.E  MARLE  ROTHOMAGENSIS    ECCLESI^E. 

Ecclesiœ  sanctae  totius  lugeat  ordo  : 
Humani  generis  riens  irreparabile  damnum. 


—  4^4  — 

Mundo  decessit  mundani  victor  honoris, 

Bruno  Pater,  sanctœ  fundator  Relligionis. 

Cujus  tanta  piam  vitam  commandât  honestas 

Ut  sit  eum  cuiquam  non  cequiparare  potestas. 

Ipse  fuit  sapiens,  vir  nobilis,   indole  fulgens, 

Imbutus  fonte  totius  philosophie. 

In  quo  cum  virtus  probitatis  viva  niteret, 

Glorificos  fasces,  qua  promeruisse  valeret, 

Proculcator  opum,   cunctorum  spretor  honorum, 

Et  mundi  stultam  pede  contudit  ambitionem, 

Et  studio  cunctam  fundavit  relligionem. 

Mundum  declinans,  mundi  sublimia  vitans, 

Elegit  potius  privata  degere  vita  ; 

Sed  quamvis  humilis,  clarus  meritis  Eremita, 

Cujus  magnificœ  quoniam  seriem  pietatis 

Nemo  referre  valet  :  actusve  piœ  bonitatis. 

His  praetermissis  preeibus  nos  invigilemus; 

Atque  Patrem  summum  devota  mente  rogemus; 

Ut  pater  eximius  vitali  hue  fruatur  : 

Justus  et  agminibus  justorum  consocietur. 

Nos   Rothomagenses   Metropolis    Ecclesirc    Canonici 

singulisannis  venerabilis  jviri  Brunonis  anniversarium 

faciemus. 


84. 


TITILUS   S.   TRINITATIS    MONTIS  R^1,iOMAGI. 

Quamvis  mens  hominis  nescit  discernere,  finis 
Quis  sit  cunctorum;  sed  fons  et  origo  bonorum  : 
Cui  patet  occultum  ;  nec  quid  dimittit  inultum  : 
Nos  tamen  ut  mores  désignant  exteriores, 
Dulcis,  et  emeritee  pia  consummatio  vitoe  ; 
Credimus  ad  superos,  quod  vester  transiit  héros. 


—  4-65  — 

Quœ  vos  oratis  de  votis  concelebratis, 
Hase  eadem  nostris  exposcimus,  ut  faciatis  : 
Ut  vivant  Christo,  quos  carcere  solvit  ad  isto. 


85. 


EX  EPISCOPATU   BAIOCENSI. 
TITULUS  S.    MAREE    BAIOCENSIS    ECCLESEE. 

Strenuus,  et  fortis  conservator  Monachorum, 
Providus  et  mortis,  fundator  Cœnobiorum, 
Sanctorumque  Patrum  pius,  et  clemens  imitator, 
Solamen  Fratrum,  sanctae  virtutis  amator, 
Morum  corrector   justus,  pia  spes  miserorum, 
Justitiœ  rector,  custos  et  ubique  bonorum, 
Moribus  ornatus,  vas  et   plénum  pietatis  : 
Fortiter  armatus  clypeo  verag  probitatis  : 
Humanae  Bruno  subiit  jus  conditionis, 
Cœtibus  Angelicœ  conjungendus  legionis, 
Non  ibi  raptores  habitant,  nec  turba  rebellis  ; 
Nec  pravi  mores  ibi  sunt,  sed  quisque  fidelis. 
Quo  nobis  aditum  tribuat  Rex  perpetualis  ; 
Mortis  post  obitum  protectio  spiritualis  : 
Spiritus  hic  summa  Brunonis  pace  fruatur  ; 
Luceque  splendiflua  pietate  Dei  potiatur. 


86. 


VERSUS    SCHOLARES    EJUSDEM    URBIS. 

Hic  dolor  o  Bruno  plus  quam  processit  ab  uno  ; 
Unde  dolet,   plangit,  quam  mors  tua  funditus  angit 
Non  lacrymando  parum  communis  turba  scholarum; 

30 


—  466  — 

Atque  genu  prono  tali  viduata  patrono  : 
Pro  merito  dando  diffundit  vota  precando  ; 
Et  regem  poscit,  qui  cuncta  latentia  noscit , 
Ut  tibi  det  vitam,  te  suscipiens  Eremitam. 


87. 


TITULUS   S.   GEORGII  EJUSDEM  URBIS. 

FJos  Eremitarum,  lumen  mirabile,  clarum 
Sydus  Bruno  Patrum,  vigor,  ordo,  régula  Fratrum, 
Exemplarque  viae  cœlestis,  fonsque  sophiœ  : 
Has  tetigit  metas,  quibus  omnis  clauditur  œtas, 
In  numéro  Fratrum   te   scripsimus   optime   Patrum. 
Sedula  dévote  fundendo  precamina  pro  te, 
Ut  pietate  Dei,  tibi  detur  pars  requiei. 


TITULUS  S.   STEPHANT  CADOMENSIS. 

Si  vel  per  gemitum,  vel  per  lachrymas  dare  vitam, 

Hic  mundus  posset,  mundus  utrumque  daret. 
Ut  sibi  sublatum  semel  eliceret  redivivum 

Brunonem  miseris,  spem,  decus,  auxilium. 
Qui  sectans  eremum,propriamque  crucem  bajulando, 

Actu  complevit,  ore  quod  edocuit  : 
Remigiumque  tenens  fidei,  spem  rixit  in  astris, 

Et  rate  felici  jam  mare  transiliit. 
Et  quia  non  per  se  valet  ullus  posse  beari, 

Hune  immensa  Dei  gratia  justiricet. 


—  407  — 
8g. 

TITULUS   S.   VIGORIS  CERASIACI  CŒNOBII. 

Humilis  grex  Cœnobii  Cerasiensis  Beati  Vigoris  prœ- 
monitus  oraculo  divino  pro  anima  religiosi,  ac  Deo  di- 
lecti  Brunonis  générale  officium  persolvit  :  orans,  ut 
ei  parcat  su  m  ma  Dei  pietas. 

90. 

EX  EPISCOPATU  ABRINCENSI. 
TITULUS  S.  MICHAELIS  DE  PERICULO  MARIS. 

Mira  Dei  virtus  mirandos  perficit  actus, 
Quosdam  justificat,  quosdam  de  morte  repulsat. 
Quos  vult  ignorât  ;  quos  vult  solide  sibi  firmat  : 
In   quibus  hic  Bruno,  vir  relligionis  amator, 
Colligitur,  capitur,  féliciter  annumeratur. 
Hujus  sicut  opus  rotuli  contestificatur. 


91. 


EX    EPISCOPATU   SAGIENSI. 
TITULUS     S.     GERVASII    FALESI/E. 

Gallia  multorum  mater,  nutrixque  virorum, 
Isti  quando  pares  est  habitura  mares? 

Iste  tuus  quondam  Doctrinœ  prœbuit  undam 
Gentibus,  et  Cleris;  heu!  bona  fama  péris. 

Francigenœ  gentis  nil  confert  littera  sentis, 
Hoc  obeunte  quidem  ;  nunc  habes  inde  fidem. 


—  468  — 

Istius  fossa  Calaber  tumultus  tegit  ossa. 
Vivere  praestet  ei  gratia  magna  Dei. 


92. 


TITULUS  S.    TRINTTATIS   FALESIfi. 

Tanti  Doctoris  fuerat  de  morte  dolendum, 
Omnibus,  atque  bonis  noctesque,  diesque  gemendum. 
Si  possent  luctus  hominem  revocare  sepultum, 
Et  lacrymae  fructus  facerent,  non  plangere  stultum. 
Sed  quia  Missarum  lacrymis  suffragia  praestant, 
Atque  preces  hominem  justee  super  asthera   gestant  : 
Hymnis  et  psalmis,  precibus  grex  ergo  fidelis 
Christi  poscat  opem,  missis  omnino  querelis, 
Ut  faciat  cœlis  animam  residere  Brunonis  : 
Ne  populetur  ovem,  conservet  ab  ore  prœdonis. 


9;. 


EX  EPISCOPATU  LEXOVIEN'SI. 
TITULUS     SANCT.fi     MARI.*:    BERNACI. 

Doctor  Doctorum  fuit,  exemplarque  bonorum, 
Nostris  temporibus  Bruno  vir  eximius. 

Esseque  pœnalis  culpœ  nil  credimus  illi  ; 
Ipse  Deum  nobis  conciliet  meritis. 


—  4^9  ~~ 

94- 

EX  EPISCOPATU    CONSTANTIENSI. 
TITULUS    S.   MARIEE  CONSTANTIENSIS    ECCLESI.E. 

Christus  Doctorum  doctor,  fons  atque  bonorum, 

Donet  Brunoni  quod  meruere  boni. 
Esse  Deum  verum,  sequitur  non  esse  severum, 

Huic  igitur  placidus,  sit  sine  fine  Deus. 
Nam  genus  humanum,  confecium  crimine  vanum  : 

Iste  pater  docuit,  quam  melius  potuit. 
Christi  mandatum  pandens  dare  munus  amatum 

Servanti  vitam,  dat  quia  perpetuam. 
Nec  solum  verbis,  ut  durus  doctor,  acerbis 

Perdocet,  at  factis  persequitur  propriis. 
Perpétua  vita  cur  non  caret  hic  Eremita  ? 

Est  quoniam  verus  solus  in  orbe  Deus. 
Quod  petitis  vestris,  hoc  Christus  det  quoque  nostris. 

Insimul  ut  socii  sint  sine  fine  Dei. 


95. 


VERSUS    SCHOLARES   EJUSDEM  URBIS. 

Bruno  multorum  prœceptor  grammaticorum 
Cunctis  corporeum  nunciat  interitum. 

Grammaticus,  Rhetor,  Dialecticus,  Astrologusque 
Effugerent  mortem,  si  fugienda  foret, 

Sed  quia  mors  nulla  nequit  auferri  medicina, 
Semper  quisque  suum  cogitet  interitum. 


47° 


96. 


EX     TURONENSI  ARCHIEPISCOPATU. 
TITULUS    S.    PAULI    APOSTOLI  CORMARICENSIS. 

Dominis,  et  Fratribus  meis  Deo  omnipotenti  in 
Monasterio  S.  Marias  de  Eremo,  quœ  Turris  dicitur, 
servientibus,  Mainardus,  uti  mundo,  frui  Deo.  Anno 
ab  Incarnatione  Domini  nostri  Jesu  Christi  millesi- 
mo  centesimo  secundo,  Calendis  Novembris.  Susce- 
pi  rotulum  istum,  legi  in  eo  beatam,  ut  puto,  ani- 
mam  suavissimi  Magistri  mei  Brunonis  saeculi  hujus 
vaporem  transitorium  perseverando  in  vera  charitate 
efflavisse,  pennisque  virtutum  cœlestia  régna  subiisse. 
Gavisus  ulique  super  tanti  Viri  glorioso  fine.  Sed 
quia  intentio  indefessa  mihi  inerat  ad  eum  in  brevi 
pergere,  eumque  videre,  et  audire,  omnesque  animi 
mei  aestus  in  illum  refundere,  et  vobiscum  sub  ejus 
Ducatu  sanctœ  Trinitati  obedire  :  ultra  quam  dicere 
possim  de  inopinato  transitu  ejus  conturbatus  sum, 
nec  retinere  potui  habenas  ultro  profluentium  lacry- 
marum.  Mainardus  inquam  ego  in  Cormaricensi  Mo- 
nasterio, Monachorum  plurimorum  nomine,  non  opè- 
re Prior,  Rhemorum  civitatis  oriundus  fui.  Domini 
hujus  Brunonis,  aliquot  annis  doctrinam  audivi,  Deo- 
que  volente  admodum  profeci,  profectusque  mei  gra- 
tes  Domino  Brunoni ,  etsi  in  hac  vita  reddere  non 
potui,  nunc  saltem  animas  illius  exhibere  statui. 
Habebo  itaque  illum,  omnesque  in  Christo  dilectores 
ejus  in  memoriali  meo,  quamdiu  spirare  potero  :  uni- 
versosque  convictores  meos  filios,  ac  Fratres  spiri- 
tuales  ad  idem  opus  pro  posse  meo  provocabo,  preces, 
oblationes,  eleemosynas  pro  eo  non  aliter   nec  minus 


—  47  !   — 

quam  pro  meipso  offeram  Deo  Trinitati.  quamdiu  fue- 
rit  spiritus  in  naribus  meis. 


97 


ET   EPISCOPATU   CENOMANENSI. 
TITULUS    S.     JULIANI    CENOMANENSI. 

Morte  tua  flendum  non  credimus,  optime  Bruno, 
Qui  fugiens  vanos  mundi  pereuntis  honores  ; 
Angelicam  in  terris  vitam  sapiens  imitatus, 
Corpore  adhuc  vivens,  cœlestia  mente  petebas. 
Corporis  ergo  malis  Christo  miserante  solutus 
Sedibus  œthereis  aeterna  pace  frueris. 
O  utinam  tua  sancta  sequi  vestigia  possem  ! 
Corporis  istius  quo  lastus  damna  subirem. 


98. 


ALIUS  TITULUS  EJUSDEM. 

Vixit  in  Ecclesia  firmissima  Bruno  columna  ; 

Occidit,  unde  decus  Ecclesiœ  titubât. 
Mundalis  luget,  cœlestis  Curia  gaudet  : 

Hœc  perdidi,  tantum  suscipit  i  1  la  virum. 
Débita  naturae  solvit  meliora  secutus, 

Cui  pro  morte  brevi  vita  perennis  erit. 

99. 

ALIUS    EJUDEM. 

Ad  Superos  Superum  cultor,   sociusque  recessit 
Commendans  terrae  Bruno  quod  ejus  erat. 


—  472  - 

Sarcinulasque   levés,   et  agentem    prothea    mundum 

Despicit  ;  alternas  pauper  adeplus  opes. 
Depositum  interea  cineri  miscetur  idemque 

Sperat,  et  expectat  prœmia  sorte  pari. 
Suspicor  Angelicas  huic  exultare  cohortes, 

Et  cœli  cives  plaudere  cive  novo. 
Sexta  dies  Octobris  erat,  cum  Bruno  secutus 

Naturam,  superos  exoneratus  adit. 


ioo. 


ALIUS    EJUSDEM    TITULUS. 

Iste  superna  petens  sincera  relligione, 
Régnât  cum  Sanctis  in  cœlesti  regione, 
Iste  laboravit     (felix  labor)  unde  vocavit 
Gloria  Sanctorum  merces  miranda  laborum 
Te  :  Tibi  se  Bruno  dans  regnum  rege  sub  uno, 
Rege  sub  hoc  dico  :  majestas  eu  jus  Olympo 
Fulget  :  et  est  Sanctis  lux,  gloria,  vita  perennis  ; 
Istius  ergo  decet  nos  commendare  laborem  ; 
Muneris  œterni  decet,  et  laudare  datorem  : 
Impetret,  et  nobis  nostrae  devotio  laudis  : 
Munere  divino  reçnemus  rese  sub  illo. 


101 


TITULUS  S.  VINCENTII   CENOMANENSIS. 

Si  posset  lacrymis,  et  planctu  vita  reduci  : 

Cum  gemitu  magno,  et  lacrymis  planctuque  protervo: 

Totius  florem  mundi  Clerique  decorem  : 

Tristis  Brunonem  lacrymaret  luce  carentem. 


-  473  - 


102. 


TITULUS     S.    MARI.E    LONLEYI    CŒNOBII. 

Audito  transitu  Beatissimi  Eremitœ  Brunonis,  Ce- 
nomanensis  mater  Ecclesice  trigenarium  ei  fecit,  anni- 
versarium  depositionis  diem  celebratura. 


IO.i, 


TITULUS    S.    KRILEFFI  CENOMANENSIS. 

Contrahit  omnis  homo  primi  discrimina  fati, 
Et  cunctas  vitium  nocet  œvœ  posteritati. 
Exercens  igitur  studium  mors  impietatis  : 
Aggreditur,  solvitque  virum  tantœ  probitatis. 


104. 


TITULUS    ECCLESI.E    BEATI   JULIANI   DE  PRATO. 

Isti  Brunoni  tribuatur  vita  perennis, 
Spiritus  atque  suus  cœlesti  sede  receptus 
Regnet  cum  Domino,  felix  sit  nunc,  et  in  œvo 
Hic  vir  prœclarus  vita,  doctorque  beatus, 
Felix  in  Clero  fulsit,  per  dogmata  mundo. 
Unde  pio  gemitu,  profusis  fletibus,  et  nos 
Oremus  Christum,  quo  det  sibi  nunc  paradisum. 


—  474  — 


IOD. 


EX    EPISCOPATU    ANDEGAVENSI. 
TITULUS    S.    MAURITII  SEDIS  ANDEGAVENSIS. 

Gallia  tristatur,  Calaber  populus  lacrymatur  : 
Doctorem  bon  uni  gémit  ista,  flet  illa  patronum. 
Vitœ  praesentis,  hœc  laudat  eum  documentis; 
Ejus  et  eximia  celebratur  ubique  sophia. 
Plusquam  Maronis  laudatur  lingua  Brunonis. 
Gloria  Platanis  vilescit  laude  Brunonis. 
Hic  prœcellebat  Doctoribus,  hic  faciebat 
Summos  Doctores  non  instituendo  minores. 
Doctor  Doctorum  fuit  hic  non  clericoruih 
Nam  nec  honestates  verborum,  nec  gravitâtes 
Sumpsit  Brunonis,  nisi  vir  magnas  rationis. 
Rectio  prudentis  superabat  acumina  mentis 
Ut  documentorum  doctor  satis  extitit  horum. 
His  plus  perfectam  voluit  prœponere  sectam  : 
Nunciat  egregiam  divina  docendo  sophiam. 
Primaque  destruxit;  et  tanquam  frivola  duxit. 
Dux  prius  erroris  monstravit  iter  melioris  : 
Postea  doctrinoe,  quoe  gaudia  dat  sine  fine. 
Sed  nihil  mundana  sapientia  dat  nisi  vana  : 
Haec  facit  elatos  pompa,  facit  illa  beatos. 
Factis  complebat  operando  quod  ore  docebat, 
Multos  sermones  faciebat  per  regiones  : 
Urbem  transivit  Romam,  Calabrosque  petivit, 
Hic  Abbas  factus  est,  tandem  cœlica  nactus  : 
Hinc  gens  illa  gémit,  quia  Patrem  casus  ademit, 
Cumque  virum  talem  plorat  tam  spiritualem  : 
Non  mors  pastoris,  sed  damnum  causa  doloris. 


—  475  — 


iob. 


TITULUS    SS.    MARTYRUM  SERGII  ET  BACCHI    ANDEGAVENSIS. 

Justi  vel  reprobi  manet  unica  sors  moriendi, 
Et  simul  ad  finem  deducit  transitus  idem  : 
Sed  judex  operum  sedes  discernit  eorum. 
Vir  bonus  ad  requiem  transit,  peccator  ad  ignem. 


io: 


TITULUS    S.   FLORENTII  GLAMUENSIS  CŒNOBII. 

In  variis  membris  corpus  distinguitur  illud, 

Cui  caput  est  Christus  regnator  catholicorum. 

In  quo  nos  Monachi  mediocria  membra  locati, 

Credimus  excelsos  in  eo  veros  eremitas  : 

De  quorum  numéro  Te,  Bruno  magne,  fatentes 

Spretus  honor  mundi  quod  nobis  testiricatur, 

Et  sanctas  vitae  finis  bonus  adstipulatur. 

Cum  tibi  descriptas  laudes  omnino  probemus  : 

Nosque  tuis  meritis  fulciri  posse  putemus. 

Ut  tamen  ornatum  Fratrum  precibus  faveamus  : 

Effu disse  preces  pro  te  nos  notificamus. 

Unde  vicem  nobis  reddendam  non  dubitamus. 


108. 


TITULUS    S.   NICOLAI  ANDEGAVENSIS. 

Necdum  vester  nostros  lares  rolliger  attigerat,  cum 
Lambertus  Abbas  noster  jam  eum  susceperat,  et  de 
tanto  Pâtre  dignos  jam  versus  adscripserat;  illud  autem 
quod    prœmisit  libenter    concedimus ,   et     augere    jam 


—  476  — 

praemissis,  iterum  promittimus  pro  Brunone,  quem  jam 

cum  Deo  regnare  credimus. 

Bruno  fuit  fons  doctrinœ  norma  veri  dogmatis  ; 
Aristotelis  profunda  superans,  et  Socratis  : 
Supergrediens  Platonem,  sacri  dono  Chrismatis. 
Vixit  homo  plusquam  homo  pressus  mole  carnea  : 
Vivens  tamen  pressit  carnem,  tendens  ad  œtherea. 
Spernens  mundum  moribundum  ob  régna  cœlestia 
Vivat  Bruno  felix  cœlis  cum  supernis  cœtibus. 
Cernât  regem  cujus  legem  conservavit  actibus. 
Vosque  Patres  et  Confratres  orate  pro  Fratribus. 


ioq. 


TITULUS     ECCLESIjE    S.    TRINITATIS. 

Ut  petitis  fratres  a  nobis,  sic  faciemus. 
Sed  Bruno  cum  Christo  régnât  sicut  reputamus. 
Quem  Cruce  prœlata  sectatus  hic  est  Eremita  : 
Illecebris  mundi  constanti  mente  repulsis. 


EX    EPISCOPATU  LEHUNENSI. 
TITULUS    S.    PETRI    LEHUNENSIS  ECCLESUE. 

Mortuus  hic  vivit,  quia  spretis  omnibus  ivit. 
Cum  cruce  post  Christum  dum  mundum    linqueret 

[istum.] 
Hic  nullum  laesit,  Domino  quia  semper  adhaesit. 
Hinc  vitans  pcenas  sedes  sortitur  amcenas. 
Ad  quas  altisonans  justis  pia  prasmia  donans, 
Ad  convivendum  nobis  donet  veniendum. 


477  — 


EX  ARCHIEPISCOPATU  BITURICENSI  IN  AQUITANIA. 
TITULUS    S    PETRI    CASALIS. 

Vita  Brunonis,  fides  et  opéra,  si  talis  extitit,  ut  dicit 
Non  est  lugendus  cum  sit  superis  sociatus.    [littera  :] 
Sed  si  dum  fragilis  toleramus  pondéra  carnis, 
Nullus  compareat,  qui  sic  sine  crimine  vivat, 
Ut  caveat  factis,  aut  non  delinquere  verbis. 

Idcirco  Christum  deprecamur,ut  si  in  aliquo  offendit 
iste  Pater  dignetur  indulgere. 

1 12. 

TITULUS    S.    PETRI    VIRSIONENSIS  CŒNOBII. 

Turrinis  Monachis  sit  pax  per  saecula  cunctis, 
Dum  phœbus  radios  per  cosmum  tendere  fulvos 
Inciperet  :  Bajulus  vester  pro  funere  patris 
Derlens  hue  venit,  quem  mors  inimica  peremit. 
Cujus  nos  pro  anima  celebravimus  ordine  vota, 
Ut  mos  Ecclesice  sanctae  cognoscitur  esse. 
Ipsiusque  animam  Christo  commisimus  almam  : 
Nam  donec  vixit,  Domino  servire  cupivit 
Moribus  instructus  :  divino  lumine  fultus. 
Fratribus  atque  Deo  mansit  dilectus  in  œvo. 


—  478  — 
n3. 

TITULUS    S.    MARIEE  DOLENSIS    CŒNOBII. 

Prout  vestra  dignatur  expetere  sanctitas  :  et  nos  Do- 
lensis  Cœnobii  Fratres,  Fraternitatis  vestrœ  desolationi 
compassi,  pro  beati  Patris  nostri,  ac  Magistri  Brunonis 
anima,  devotissimarum  orationum  suffragia,  mox,  ut 
ejus  audivimus  obitum,  Omnipotenti  Domino  persol- 
vere  curavimus.  Ac  praster  castera,  Missarum  tricena- 
rium  ,  necnon  eleemosynarum  suffragia  :  animas  sibi 
missae  beneficium,  quod  quotidie,  et  annuente  Domino 
persolvitur  :  paternse  devovimus  dilectionis  affectu;  in- 
super, et  ejus  memoriam,  nostras  scripto  matriculae 
commendamus  ;  ut  quotannis  fraternae  dovotionis  af- 
fectus  ad  commendandum  eum  omnipotenti  Domino, 
ejus  lecto  nomine  excitetur. 


114. 


TITULUS  S.   SALVATORIS    MUNDr,    SANCTIQUE  GILDARII 
CONFESSORIS  DOLENSIS. 

Bruno  cum  Domino  régnât  per  saecula  ccelo.  Quo- 
niam  pro  omnibus  hominibus,  quos  sancta  Virgo  mater 
Ecclesia  per  aquam,  et  Spiritum  Sanctum  per  universa 
mundi  climata  ab  omni  errore,  ac  primo  originali  pec- 
cato  emundans  per  dies  régénérât,  débet  rideliter  ad  Do- 
minum  oratio  fundi,  maxime  pro  illis,  precum  instantia 
orationumque  perpes  memoria  débet  ab  omni  catholico 
adhiberi,  quorum  adjutorio,  et  benefîcio  credimus  posse 
adjuvari.  Quocirca  hujus  excellentissimi  Viri  Brunonis 
audita  a  Domino_vocatione  :  tria  officia  in  Conventu  ple- 
niora  statuimusperagere.  Anima  ejus  requiescat  in  pace. 


—  479  — 

i  1.5:. 

TITULUS    S.  ANTONINl  CONDACENSIS. 

Quidquid  habet  mundus,  quidquid  vocale  vocatur: 
Si  bene  discrevi  :  sub  mobilltate  moratur. 
Unde  sub  incerta  mutabilitate  tenemur. 
Res  quoque  non  stabiles  :  et  nos  et  nostra  videmur. 
Volvimur  in  fatis  :  volvuntur  fata  diurna, 
Ipsa  quidem  titubant  :  quasi  commoveantur  in  urna. 
Dulcedo  mundi  res  labilis,  et  metuenda. 
Et  sibi  suppositi  velut  ignis  flamma  cavenda. 
Accipiunt  omnes  tali  dulcedine  lœtum. 
Dulcedo  pereat,  quae  confert  sel  et  acetum. 
Decipit  haec  cunctos  sibi  grata  compede  junctos  : 
Deceptis  tandem  mercedem  donat  eamdem. 
Merces  illa  quidem  datur  omnibus  exitus  idem. 
O  miser  omnis  homo,  quamvis  quod  decipieris 
Cernas  :  ipse  tamen  modicum  curare  videris. 
Et  probo  deceptum  te  lumen  cordis  habere. 
Obscuratur  enim,  possis  ne  damna  videre. 
Nec  retinenda  tenes  :  nec  vis  removenda  movere. 
Heu  miseras  mentes,  metuenda  parum  metuentes  : 
Quoe  breviter  curant,  quœ  longo  tempore  durant. 
His  nimis  intentce,  quas  sunt  mutata  repente. 
Mors  timidum  nom  en,  miserabile  praebuit  omen, 
Venturœ  genti  primo  maie  nota  paienti. 
Mors  subit,  et  moritur  vivens,  nec  finis  habetur 
Certus  in  hac  vita,  Bruno  probat  hoc  Eremita. 
Bruno   ruit,  cui  Sylva  Domus,  cibus  herba  fuere. 
Qui  quia  mundus  erat  :  mundum  contempsit  habere. 
Sancta  parens  Christi,  quae  sola  Deo  placuisti, 
Concédas  ut  ci,  data  sit  Sedes  requiei. 


480  — 
116. 


IDEM    UT    SUPRA. 


Bruno  Dei  cultor,  vitiorum  nobilis  ultor  : 
Ante  Dei  faciem  possideas  requiem. 

Lector  securus  quia  nunc  sospes  subiturus 
Huic  compléta  tamen  débita  dicat  amen. 


i  r 


TITULUS    S.    MARTINI    PLENIPEDIS. 

Quoniam  nullus  suarum  virtutum,  precumve  rémi- 
ge, hujus  exitialis  vita,  naufragium  inevitabile  quoquo 
modo  potest  evadere  ;  cœlestisque  immarcescibile  pras- 
mium  obtinere ,  quod  catholicam  decet  religionem, 
Fratres  exposcitis.  Ut  igitur  ejus,  vestrisque  precibus 
nostrorum  rubigine  criminum  saluberrima  decocta 
purgemur  ;  vestri  Patris  diem  recolemus  anniversa- 
riam. 

118. 

TITULUS    FRATRUM    CAS^E  DEI,   SUBTUS  CURVILIONEM 
PROPE    GRATIANOPOLIM    ET    CARTUSIAM. 

Nos  Fratres,  et  Servi  servorum  Casas  Dei  habitantes 
in  Cella  Beatœ  Mariœ,  quœ  alio  nomine  dicitur  Cor- 
nelio,  et  est  vicina  Eremo  Cartusiae,  pro  sanctitate 
tanti  viri,  cujus  doctrina,  et  exemplo  stirps  tanta  in 
Christo  fructificavit,  septem  diebus  celebrabimus  of- 
ficium,  et  missas,  et  dabimus  panem  et  vinum  cum 
ceteris    ferculis    pauperibus ,    sicuti    uni    ex    fratribus 


-48.  - 

nostris.   Et  memoriam  anniversariam  ejus  in  catalogo 
nostro  scribemus. 

I  10. 

EX    ARCHIEPISCOPATU    ALBIENSI    IN    OCCITANIA, 
SIVE    A.QUITANIA  PRIMA,  ET  EPISCOPATU    CASTRENSI. 

TITULUS    S.    PETRI    CASTRENSIS    ECCLESLE. 

Gloria  justorum  solatia  sola  reorum, 

Bruno  fuit  vivens,  parque  dolor  moriens. 

Totius  Cleri  decus,  exemplar  quoque  veri. 

Mors,  dolor  I  eripuit,  dum  pater  occubuit. 

Effectus  Monachus  prius,  hinc  eremitaque  rectus  : 

Gratia  surama  Dei  propitietur  ei. 

Hue  tendunt  vota,  quo  propitiatio  tota 

Sit  fragili  vitae,  sub  brevitate  sitœ, 

Huic  fuit  Octobris  immanibus  édita  probris, 

Finis  sexta  dies,  sit  sibi  jam  requies. 


i  20. 


ITEM    AI. US   TITULUS    EJUSDEM. 

Personœ  titulus  sub  nomme  praetitulatus, 

Virginis,  et  Matris,  quam  post  Dominum  colit  orbis 
Diversos  luctus,  mundus  sonat  undique  totus  : 
Ad  multas  mortes  secum  ducendo  cohortes. 
Prosternit  cunctos  sacro  baptismate  lotos, 
Sicut  demonstrat  Brunonis  clara  lucerna. 
Is  cum  multorum  laudetur  voce  virorum, 
Sit  meritis  morum  spectabilis  eximiorum. 
Lege  tamen  mortis  sors  hune  tulit  impia  portis, 

31 


-  482  - 

Flemus  vobiscum  :  sed  opus  quid  ad  haec,  nisi  Chri- 

[stum] 
Poscere,  quod  requies  sibi  sit  post  funera  perpes. 
At  vestris  functis  dedimus,  sic  vos  date  nostris. 


121. 


EX    ARCHiEPISCOPATU    BURDIGALENSI   IN    AQUITANIA   SECUNDA, 
ET  EPISCOPATU    PICTAVIENSI. 

TITULUS    SANCTI    PETRI    PICTAVIS. 

Sunt  duras  sortis  nigra  spectacula  moriis, 

Ullius  excors,  et  fortunae  libéra  mors  est 

Cunctorum  cladem  trutina,  quae  librat  eadem, 

Sicut  privato,  sic  parcit  nobilitato. 

Augustosque  lares  vacuat  sicut  populares. 

Nam  juvenis  flores,  decus,  et  décor,  res,  et  honores  ; 

Praeter  divina  sunt  omnes  sub  libitina. 

Hune  obiisse  virum,  non  ergo  sit  hoc  tibi  mirum  ! 

Sed  qualis  fuerit,  si  forte  rudis  mihi  quœrit  : 

Solvat,  et  exolvat  Chartam,  rursumque  revolvat. 


i  22. 


TITULUS    SANCT/E    MARI.E    SANCTIQUE    CYPRÎANI    MARTYRIS. 

Omnis  imago  boni,  sis  clemens  Christe  Brunoni, 

Hic  Eremita  fuit,  unde  tibi  placuit  ; 
Quae  post  oblitus  cupiens  hoc  visere  littus, 

Te  non  per  speciem,  sed  videt  ad  faciem. 


—  483  - 

[23. 
TITULUS    S.    JOANNIS    EVANGFX1ST.-E    PICTAV1S. 

Gallia  festivitas  postponens  carminis  odas, 
Nunc  lugubres  cantus,  et  mœstos  excipe  planctus. 
Nanque  tu  us  Doctor,  quondam  per  cœlica  ductor, 
Bruno  pius  moritur,  flos  ferri  subtumulalur. 
Hinc  est,  quod  doleas  ;  sed  vivit,  pone  querelas. 
Vere  pro  meritis  justis  sonatur  in  astris, 
Cum  quo  sint  nobis  tibi  necnon  gaudia  lucis. 


124 


TITULUS    S.   MARI.E    PICTAVIS. 

Vivis,  et  in  Cœlis  gaudes  Eremita  fidelis  : 
Quem  felix  esse  sequitur,  fugit  omne  necesse. 
Patrem  Sanctum,  pro  quo  scelus  est  dare  planctum 
Cujus  gaudere  nequit  ulla  lues  abolere, 
Vivere  cui  Deus  est  :  cui  lux,  cui  vera  salus  est. 
Euge  Dei  verrra  frueris  mercede  superna. 
Accipis  inventum  modico  sudore  talentum, 
Quod  prudens  Domino  solvisti  fœnore  bino. 
Pro  meritis  tantis  tibi  clamant  verba  tonantis  ; 
Utere  serve  bone  mecum  summa  re-none. 


1  20. 


TITULUS    S.  HILARII    PICTAVIS. 

Brunonis  vitae  seriem  spectant  Eremitae, 
Mundum  rlorentem  mundanos  decipientem, 
Qui  dum  conspiceret,  sed  mundi  labe  careret 


—  484  — 

Dum  sibi  vilescit  :  dam  fœtida  gaudia  nescit  : 

Inhaerens  Christo,  sitclo  discessit  ab  isto. 

Hac  caruit  vita  Bruno  felix  Eremita, 

Est  Dominum  nactus  ;  cum   dictis   consonet  actus 

Non  igitur  flemus,  quem  sic  migrasse  videmus. 


[  26 . 


ALIUS   TITOLUS    EJUSDEM  ECCLESIjE. 

Hoc  dum  vixisti  mundo  vestigia  Christi. 
Pluribus  exutus  vitiis  es   Bruno  secutus. 
Ergo  tibi  Christus  praestabat  régna  polorum, 
In  quibus  exultât  laetissima  turb'a  bonorum. 


12 


TITt'LUS    S.    RADEGUNDIS    REGIN.-E  PICTAVIS. 

Rex  immensa  Deus,  qui  verbo  cuncta  creasti 
Qui  sanctis  requiem  cœlestia  régna  parasti  : 
Quique  tuos  ducis  ad  cœlica  gaudia  lucis  ; 
Fac  hune  gaudere  cum  Sanctis  sede  polorum 
Qua  gaudet  vere  certus  sine  fine  bonorum. 


I2Î 


TITULL'S    S.    MARKE    NOVI  MONASTERII. 


Nos  Fratres  Novi-Monasterii,  sicut  postulatis  pro  Pâ- 
tre vestro  sanctœ  recordationis  viro,  Domino  Brunone, 
clementiam  Domini  prompto  animo  exhibebimus. 


4SI 


I  2Q. 


ex  episcopate  santonensi. 

titt  les  s.    leodegari1  martyris. 

Poscitis  auxilium  ;  praebeat  quod  Christus  in  aevum, 
Brunoni  petimus,  migrant!  corpore  summus  : 
Quatenus  optati  concédât  munera  regni. 


i  ;>o. 


EX    EPISCOPATU    RL'PELLENSI. 
TITULUS    S.   MAREE    MORLIVENSïS  ECCLESEE. 

FJoruit  in  mundo  vir  prudens  ore  profundo, 
l  tilis  est  forma  sors  ejus,  et  ultima  norma. 
Scivit  enim  vere  mundum  non  posse  manere. 
Calcavit  flores,  ejus  contempsit  honores. 
Nunc  requies  sibi  sit,  quoniam  sacra  pagina  dixit 
Non  est  damnosa  mors  justi,  sed  speciosa. 
Bruno  Jérusalem  conscendit  spiritualem. 


TITELES    S.    PETRI    APOSTOLI  MALE.VCENSE^. 

Concedatur  ei  locus  a  Domino  requiei  : 
Quem  semper  coluit  vivere,  dum  potuit. 


|Xn 


152. 


TITULUS   ECCLESJ.E  B.    VINCENTII    CONVENTt'S  NOLIENSIfM. 

Noliensium  Conventum  in  Beati  Vincentii  Ecclesia 
juxta  summi  Patris  Augustini  instituta  horis  regulari- 
bus  psallendo  attentum ,  visa  schedula,  quae  Brunonis 
incomparabilis  Philosophi  obitum  patefecit  ;  tantus 
timor,  tantusque  horror  occupavit,  quod  vix  debitum 
officium  complere  praevaluit.  Quis  enim  non  obstu- 
pesceret,  imo  ab  intimis  cordis  ingemisceret,  cum  tan- 
tum  Virum  totius  scientiae,  et  pêne  omnium  Clerico- 
rum  lumen,  et  fundamentum  naturae  concessisse  audi- 
ret?  Sed  quia  inevitabile  constat  et  Salvatorem  no- 
strum  legem  mortis  ad  horam  subiisse  credimus  :  quod 
in  aliis  lugerimus,  mœrorem  in  Brunone  gaudio  mu- 
tamus  :  Bruno  namque  veram  scientiam,  et  pruden- 
tiam  liberalium  artium  ,  necnon  ceteras  Cardinales 
virtutes  habuit ,  et  servavit ,  quas  in  bono  fine  con- 
summavit.  Dudum  siquidem  Ecclesia?  Sedis  Rhemen- 
sium  summus  Didascalus  utpote  in  psalterio,  et  cete- 
ris  scientiis  luculentissimus.  et  columna  totius  Metro- 
polis  diu  extitit.  Sed  quia  hoc  totum  vere  transito- 
rium  perpendit  post  viiam  eremiticam  ,  arctiorem, 
et  inusitatissimam  Eremum  in  transmarinis  parlibus 
expetiit,  et  inde  Domino  vocante  ad  summi  Régis 
convivia  lcetus  perrexit.  Ubi  licet  Angelicum  psalte- 
rium  credamus  cum  Christo  decantare  ;  tamen  si  quid 
maculœ  quod  viveret,  ex  originali  parente,  seu  ex  ac- 
tuaii  vita,  oblivione,  seu  incuria  contempsit  abolere  : 
totius  pietatis,  necnon  misericordiœ  fontem,  prece  et 
mente  oremus  assidue,  quatenus  ei  velit  indulgere. 
Et  ut  pro  co  illud  impetremus,  continuis  septem  die- 
bus,  ofRcium    mortuis    debitum   Christo  persolvemus. 


-  4*7  - 
1 33. 

SCHOLA  EJUSDEM  LOCI. 

Lumen  erat  Bruno,  dum  vixit  Francigenarum, 
Lux  Cleri  fruitur  nunc  lumine  Cœlicolarum  : 
Est  etenim  tali  condignus  honore  potiri, 
Qui  vitam  vita  cœlestem  duxit  in  ista. 
Délirât  plane,  cor  habet  rationis  inane, 
Quisquis  testatur  secus,  aut  aliud  meditatur  ; 
Ut  narrât  chartam  nobis  qui  detulit  istam. 
Si  de  terrena  sibi  quicquam  foece  cohassit  : 
Illud  ab  hoc  tergat,  qui  mundi  crimina  purgat. 


ir>4. 


ALIUS    TITULUS    EJUSDEM. 

Lux  fuerat  mundo  Bruno  dum  vixit  in  isto, 
Sed  modo  relucet,  quia  cœli  sede  relucet. 
Novit  psalterium;  sed  nunc  canit  organa  sursum. 
Edocuit  multos,  nunc  cernit  in  œthera  sanctos. 
Doctor  Doctorum,  nunc  unus  Cœlicolarum. 
In  terris  doctor,  nunc  Christo  plaudet  in  alto. 
Funde  preces  ergo  pro  nobis  inclyte  Bruno, 
Et  nos  e  contra  nitemur  reddere  vota. 
Nam  cupimus  tecum  cum  Christo  vivere  sursum. 
Et  decimo  cuncti  flagitamus  in  ordine  poni. 


—  488  — 
i35. 

EX    EPISCOPATU    LUCIONENSI. 

TITTLUS    SANCT/E    MARLE    LUCIONENSIS. 

Fratres,  qui  estis  in  Eremo,  quce  dicitur  Turris,  no- 
tum  sit  omnibus  vobis,  quod  pro  Domino  Brunone 
agamus  charitative  septem  vigilias,  et  septem  missas  ;  et 
panem  et  vinum  Domino  Reginaldo  Abbate  imperante. 

[36. 

TITULUS  S.   MICHAELIS    EREMI. 

Mors  hominum  saeva,  quam  nobilis  attulit  Eva, 

Omnibus  illa  nocet,  ut  liber  iste  docet. 
Omnes  illa  terit,  regnum  super  omnia  quœrit, 

Justus  Bruno  fuit,  ut  liber  hic  docuit. 
Bruno  fuit  justus,  simples,  humilisque  venustus  : 

Mors  tamen  ut  voluit,  vivere  non  potuit. 
Et  quia  membra  jacent,  gemitus  pro  funere  cessent, 

Pro  gemitu  quoniam  nullus  habet  veniam. 
Nos  ergo  instemus,  Dominumque  Deum  rogitemus, 

Ante  suam  faciem,  quod  sibi  det  requiem. 

[37. 

EX    ARCHIEPISCOPATU    Al'XIENSI,   IN   AQUITANIA    1  KRTIA, 
SIVK  NOVEMPOPULAN[A,   ET   EPISCOPATU  ELORONENSI. 

TITILt'S    S.    MARLU    ELORONENSIS   ECCLESI.E. 

Sancte  Bruno,  venerande  Pater,  veneranda   propagO 
Cœlica  jussa  tenens,  vivas  cœlestis  imago. 


489 

[-38. 


EX   ARCH1EPISC0PATU  VIENNENS1  IN  GALLIÂ  NARBONENS1 

ET  EPISCOPATU  GRATIANOPOLITANO. 

TITULUS  ECCLESLE  GRATIANOPOLITAN.E. 

Gratianopolitana  Ecclesia ,  quam  Dominus  Bruno 
Monachus,  atque  Eremita  sibi  Eremum  facere,  habita- 
tionemque  prius  destinavit,  quanto  tune  gavisa  est  in 
ejus  prœsentia  :  eam  nimirum  existimans  perpetuam  ha- 
bere  :  tanto  nunc  magis  dolet  prae  ceteris  super  tanti 
tamque  incomparabilis  viri  absentia.  Quocirca  officium 
ejus  commemorationis  assiduum  usque  tricesimum  li- 
benter  persolvit.  Panem  quoque,  et  vinum  cum  ceteris 
ferculis,  quee  Fratres  ejusdem  Congregationis  intérim 
sumpsere,  eadem  pro  ejusdem  viri  anima  pauperibus 
largita  sunt.  Diem  vero  migrationis  suoe,  quo  animam 
suam  memoratu  dignam  Deo  reddidit,  in  catalogo  suo- 
rum  illustrium  virorum  ponens,  anniversariam  et  ce- 
lebrem  se  habere  indesinenter  repromisit.  Nos  itaque 
humili  prece  vos  precamur,  ut  nos  tri  sitis  memores, 
quatenus  orationum  ,  precumve  vestrarum  possimus 
fieri  participes. 


i3o. 


EX    EPISCOPATU    VALENTINENSE 
TITULUS    FRATRUM   S.    RUFF1   IN  COSTA    S.   ANDRE.E. 

Nos  Fratres  ex  Canonicis  S.  Rufti  commorantes  in 
quadam  cellula  S.  Andréas,  quae  vulgo  Costa  vocatur, 
pro  piissimi  anima  Brunonis  per  septem  dies  continua- 


—  49°  — 

tos,  matutinas,  et  Missas  celebrabimus.  Et  sicuti  uni  ex 
Nohis  pro  ejus  animas  solatio,  prasbendam  dabimus;  et 
in  catalogo  Fratrum  nostrorum  nomen  ejus  scriptum 
habebimus. 


140. 


EX    ARCHIEPISCOPATU    EBREDUNENSI,   IN  DELPHINATU, 
ET    EPISCOPATU    GLANDATENSI. 

TITULUS  S.    BARONIS  IN  GANDAVO. 

In  verbis  quanquam  nobis  sit  magna  facultas, 
Non  pro  posse  tamen  sit  prodere  verba  voluntas, 
Sed  fientes  breviter  dicamus,  summe  Magister. 
Brunoni  charo  tibi  rex  in  carne  fideli 
Cui  super  omne  bonum  placuerunt  gaudia  cœli, 
lllud  des  esse,  quod  nusquam  novit  abesse. 


141. 


TITULUS    S.    PETRI  BLANDINENSIS  CŒNOBII. 


Est  commune  mori  mors,  nulli  parcet  honori, 

Mors  est  vita  piis,  paena  diurna  malis. 
Ibimus  absquc  mora,  sed  qua  nescimus  in  hora 

Est  quia  vita  brevis,  fluxa,  caduca,  levis. 
Ecce  satis  scimus,  quod  non  evadere  quimus, 

Et  quid  erit  finis?  vermis  et  inde  cinis. 
Dum  vixit,  vita  nituit  satis  hic  Eremita  : 

Mortuus  ipse  tamen  pace  quiescat,  amen. 


—  40'   — 


142. 


EX  ARCHIEPISCOPATE   BISUNTINO  IN  BURGINDIA, 
ET    EPISCOPATU    BELLICIENSI. 

TITULUS  S.  MARI.E  BELVENSIS    ECCLESI.E. 

I vit  ab  hac  vita  Bruno  simplex  eremita, 
Tollitur  arce  poli  terris  super  astra  relictis  ; 
Et  sic  cum  Christo  mundo  requiescit  ab  isto, 
Orans  pro  cunctis  vivent! bus,  et  modo  functis. 


'-P 


EX    EPISCOPATU    LAUSANNENSI. 
TITLLL'S   S.   ROMANI    DE  ECCLESIA    LEGDUNENSI    ARCHIDIACONI. 

Domine  tibi  Bruno,  qui  semper  rege  sub  uno, 
Sacram  servasti  legem,  nec  eam  violasti  : 
Finis  adest  vitœ,  tristantur  ab  hoc  Eremitœ. 
Sunt  tibi  post  fatum  summcc  data  gaudia  vitae. 
Non  ergo  pro  te  gemitus  edant  Eremitee  : 
Nam  mundo  vivens,  loca  déserta  subiisti, 
Nunc  cœlo  nactus  laetaris  in  agmine  Christi. 


144. 


EX  ARCHIEPISCOPATU  CAMERACENSI   IN     BELGICO    FRANCICO. 
TITELUS  S.   PETRI    HUCURTENSIS    ECCLESIA. 

De:linarc  mori  nescit  sapientia  mundi, 
Nec  rem  cum  voce  déclinât  sexus  uterque  ; 


—  492  — 

Asi  ego,  ni  fallar,  Bruno  déclinât  uirumquc 

Sed  mit  in  libra  ;  merito  quia  sors  fuit  œqua. 

Pura  fuit  vita,  sapiens  fuit  hic  Eremita  : 

Appensus  libra?  discrimen  nesciat  iras. 

Notificamus  igitur  vobis,  Fratres  charissimi,  prout 
flagitastis.  Nos  huic  Catholicœ  Ecclesice  lilio,  tricena- 
rium,  et  anniversarium  diem  :  et  in  Catalogo  Fratrum 
nostrorum  inscriptione  dévote  conscripsisse. 


i45. 


EX    EPISCOPATU    ATREBATENSI. 
ÏITILL'S  S.    MARLE    ATREBATENSIS  SEDIS. 

Lux  aeterna,  Deus,  praeter  quam  nihil  valet  esse, 
Qui  voluit  nobis  nasci  de  semine  Jesse, 
Participât  faciat  te,  Bruno,  suae  bonitatis, 
Qui  fons  mellifluus  est  mirificae  pietatis. 

146. 

ALILS    TITULUS    EJL'SDEM. 

Kectx,  Bruno,  viae  dus  et  fons  philosophia'. 

Non  aliter  docuit  vivere  quam  studuit. 
Dum  bene  vivendo  fecit  quodcumque  loquendo 

Vir  bonus  ostendit,  cœlitus  emicuit. 
Unde  sibi  merces  donetur gloria  perpes, 

Ac  diuturna  quies,  et  sine  nocte  dies. 


49- 


<-+; 


TITULUS  PATRIS    VEDASTI    EJUSDEM  CIVITATIS  EPISCOPI 
NOBILIACI    CŒNOBII    SCHOL.E. 

Ploret  vita  brcvi  séries  quod  transeat  œvi  ; 
Transit  enim  quidquid  jam  praesens  cernitur  esse. 
Sic   decet  :  idque  petit,  quod   habet   natura    necesse. 
Gloria  stat  rerum,   périt  Ikcc  in  tempore  finis. 
Nihil  habet  aeternum,  nisi  sint  imitamina  veri. 
Ergo  quisquis  homo  vult  prudens  esse  videri, 
Diligat  haec  tantum,  quae  sunt  sibi  dona  salutis. 
Si  bene  stant  cura:  bona  lucis  amando  futurs?, 
Non  procurât  ea,  qux1  sic  fugiunt  velut  aura. 
Quidquid  habet  mundus,  est  quaedam  captio  mentis, 
Ut  seducat  eam  semper  vigil  ars  inimici. 
Ille  leo  rugiens,  quaerens  quem  devoret,  hostis 
Nunquam  dormitat,  nec  praestat  membra  quieii. 
Irrequieta  manet  omnis  sua  cura  per  horas, 
Nec  habet  occasum  furor  hic  nec  sacra  voluntas. 
Unde  rogo,  caveas  homo,  ne  tenearis  ab  illo. 
Mente  sed  intentus  superis  et  sensibus,  omne 
Impendas  studium,  vero  quo  functus  honore, 
Divino  semper  puroque  fruaris  amore. 
Dépérit  omne,  quod  est,  sapiens,  simul  insipiensque, 
Pauper,  inops,  dives,  quos  vilis  contegit  urna, 
Lege  necis  sumpta,  sic   hunt  pulvis  et  ossa. 
Justus  obit,  moritur,  aliquo  ht  crimine  kesus, 
Nec  caret  macula  communi  lege  creatus. 
Cedit  enim  sorti,  nimirum  quam  pater  Adam 
Per   matrem   meruit,   quam   littera   nominat    Evam. 
Mens   mea  dum   queritur  super   his,  per   plura  va- 

[gatur,  ] 
Ampla  nimis  ratio  per  mentent  multiplicatur, 


—  494  — 

Clare  Pater  Bruno,  peto,  sit  tibi  vita  perennis, 
Dicat  amen  quisquis  mihi  respondendo  fidelis. 


148. 


ALIUS     TITULUS    EJUSDEM. 

Lumen  et  ordo  via?  ducentis  ad  alta  sophiae 
Occidit,  hinc  cedens  naturae  Bruno  recedens, 
Par  pecudis  brutae,  Tibi,  Bruno,  magister  acute, 
Viluit  hic  flore  mundus,  steriiique  décore. 
Flos  fuit  in  fceno,  viguit  sub  sole  sereno  : 
Dum  tua  cantaret,  studio  dum  musa  vacaret, 
Dum  more  lactaret  Remos,  modo  pane  cibaret. 
Hinc  tamen  abjectis  opibus,  studiisque  rejectis, 
Clausus  in  obscuro  frueris  libamine  duro. 
Nihilque  sequens   Bruno  varium  fundatus  in  uno, 
Sic  Pater,  o  Bruno,  capis  unum  captus  ab  uno. 


149. 


TITULUS    S.    SALVATORIS    AQLTCIENSIS    CŒNOBII. 

Ego  Aimericus  hujus  praetitulati  Cœnobii  Abbas  ; 
anima?  inclyti,  et  famosi  Magistri  Brunonis  precibus 
licet  exiguis,  œternam  ab  ./Eterno ,  et  pio  Salvatore 
requiem  imploro  ;  et  diem  obitus  ipsius  Brunonis 
in  Calendario  notavi. 


i5o. 


TITULUS     CŒNOBII     MARCEMENSIS. 


Excessit  tandem  defuncto    corpore   pridem, 
Excedens   animo,   famosus   carminé    Bruno, 


—  4<p  — 

Qui   tulit  exilium  vivens   in    corpore    mundum 
Hinc  se  submovit,  Eremita  bonus  latitavit, 
Sed  beue  sic  latitat,  operum  dum  luce  coruscat. 
Delectatur  ibi  cernendœ  spe  Deitatis  ; 
Qua  aune  perpetuo  cœlis  fruitur  penetratis. 

i  5  i. 

EX  EPISCOPATU  AUDOMAROPOLITANO. 
TITL'LUS    S.    AUDOMARI    EPISCOPI. 

Exemplum  miseris  mortalibus  esse  solebas, 

Ut  colerent  Christum,  quem  semper  Bruno  colebas, 

Pro  quo  divitias  sprevisti  totius  orbis, 

Ut  tibi  perpétuas  daret  x\uctor  totius  orbis. 

Ergo  vera  rides,  qua  m  tu  semper  coluisti. 

Te  trahat  ad  Chrisii  requiem,   quam  Bruno  petisti. 


EX  EPISCOPATU    TORNACENSI  . 
TITULUS    SANCT<«  MARI.E  TORNACENSIS. 

Quem  genuisse  Colonia  :   Francia  vult  aluisse  : 
Gloria  Bruno  Pater  genti  communis  utrique. 
Assensu  facili  sociatur  ad  agmina  cœli. 
Quorum  civis  erat,  etiam  dum  vita  manebat. 
Non  tamen  hinc  frustra  cornes  est  oratio  justa  ; 
Conférât  hoc  Dominus,   meritis  quod  defuit  ejus. 


—  49<J  — 
i53. 

TITULUS    S.    AMANDI    ELNOVENSIS    ECCLESI^E. 

Hic  quia  dum  vixit  mentis  consedit  in  arce  : 
Huic   quoque  displicuit  quicquid  fit  daemonis  arte. 
Post  mortem  carnis  cœlesti  conditur  urbe  ; 
Sedes  pro  meritis  datur  huic,  quœ  digna  sophia:. 
Cui  vivens  studuit  non  ficto  cordis  amore. 
Hinc  pro  morte  Patris  luctus  omittat  ovile  ; 
Orbatam  quamvis  sit  multae  lucis  honore. 
Gaudeat,   at  merito  sicut  gaudet  Pater  ipse, 
Quod  facimus  vestris,  eadem  nostris  facitote. 


i  34. 


EX  EPISCOPATU  BRUGENSI. 
TITULUS    SANCTI  DON ATI  AN  I   BRUGEN'SIS  ECCLESIjE. 

Hic  cultor  veri  dum  vixit  gloria  Cleri, 
Carne  resolutus  habeat  nunc  gaudia  tutus. 
Quas  petitis  vestris  fratres  impendite  nostris. 
Et  qui  lector  ades,  die  :  Sit  ei  requies. 

1  55. 

EX  ARCHIEPISCOPATU  CANTUARIENSI,   IN*  ANGLIA. 
TITULUS    SANCTI  PETRI,  ET  S.  AUGUSTIN!   ANGLORUM    APOSTOLI. 

Bruno  pia  vita  Cœlo  vivas  Eremita. 
Reddidimus  vestris,  reddantur  débita  nostris. 


1-97  ~ 


[5b. 


EX  EPISCOPATU  LONDONIENS!. 
TITULUS     S.    PAULI    LONDONIENSI5. 

Tanti  fama  viri  diffusa  sub  ultima  mundi. 

Excitât  ardentes  in  digna  peccamina  mentes. 

Et  licet,  ut  quimus,  complere  petita  velimus  ; 

Vota  probatorum  passim  promissa  virorum 

Nos  pro  posse   monent,    Dominum   memorare  Bru- 

[nonem,] 

Decessumque  sui  missis  celehrare  quotannis. 

Archidiaconi  Rangerius,  Walterius,  Quintilianus, 
Robertus  Durandusque  Scholasticus,  Theobaldus,  Ar- 
turus,  caeterique  omnes  Canonici  Ecclesiae  S.  Pauli 
Londoniensis,  salutamus,  fraternaque  dilectione  im- 
pertimus  Eremitas  Ecclesiae  Sanctae  Dei  Genitricis  Ma- 
ria? Turris  Çalabriae  :  Concedimusque  ut  petiistis  anni- 
versarium  fieri  singulis  annis,  Reverendo  Magistro 
Domino  Brunoni  Servo  Dei,  cunctisque  Fratribus  Cœ- 
nobii  vestri  :  pridie  nonas  Octobris,  id  concessimus 
publico  consensu  Fratrum  nostrorum.  Xomenque  ejus 
nominibus  Fratrum  nostrorum  adscripsimus  in  mémo- 
riam  praedictae  commemorationis. 


TITULUS    DISCIPULI    EJUS    RANGERII. 

Ego  Rangerius  Viri  Venerabilis  Brunonis  quondam 
discipulus  :  precum  supplicationes  offerre  desidero  Deo 
omnipotenti,  ut  qui  illum  tanta  honestavit  gratia,  tanta 
pietate  decoravit,  secundum  suœ  tidei  meritum  conférât 

32 


—  498  — 

et  coronam.  Specialiter  aulem,  et  pro  debiio  spécial!,  et 
amoris  privilegio  anniversariam  ejus  memoriam  exhi- 
bebo,  pro  opportunitate  rerum,  et  temporis. 

i58. 

EX  EPISCOPATU    LINCOLNIENSI. 

TITULUS    SANCTvE   MAREE    ECCLESEE    LINCOLNIENSIS. 

Transisti  mundo  securus  maxime  Bruno  ; 

Quem  quia  sprevisti,  nil  nocuisse  puto. 
Te  voluit  rébus  fallacibus  illaqueare, 

Sed  tibi  prospiciens,  non  cadis  in  laqueum. 
Obtulit  iste  quidem,  qmae  pronus  stultus  adorât, 

Hoc  est,  divitias,  et  bona  quœ  pereunt. 
Et  quia  nemo  potest  horum  splendore  beari, 

Quippe  nihil  prosunt,  sed  nimis  officiunt 
Omnibus  abjectis,  eremum  lœtus  petiisti  : 

Hoc  solum  cupiens,  nempe  placere  Deo. 
Nec  bona  fama  viri  latuit  dispersa  per  orbem, 

Sed  vaga  per  multos  commonuit  populos. 
Profuit  et  multis  dans  exemplum  famulandi  : 

Ille  qui  bonus  est  :  qui  Dominus  Deus  est. 
Hoc  igitur  melius  quis  homo  posset  meditari  ? 

Ista  salus  multis  profuit,  atque  tibi. 
Quis  tam  felicem  novit  atque  sapientem? 

Non  novi  talem,   nec  tibi  consimilem. 
In  te  rêvera  patuit  sapientia  vera  ; 

Te  pietas  Domini,  nutriit,  et  docuit. 
Hune  elegisti  pra?  cunctis,  hune  et  amasti. 

Quem  quicumque  colit,   non  coluisse  pudet. 
Sit  tibi  lux,  patria,  requies,  et  gloria  parta, 

Cui  servire  fuit  idoria  sola  tibi. 


—  499  — 

i5q. 
TITULUS  SANCTjE  mari.e  spalding.e  eccleske  s.   nicolai 

ANDEGAVENSIS. 

In  mundo  rutilât  solis  jubar,  et  rutilando 

Transit,  et  excedit  sidéra  clara  poli. 
Sic  et  Brunonis  sapientia  tanta  refulsit 

Inter  Francorum  sydera  :  solus  ut  hic 
Esset  cunctorum  flos,  et  fons  Philosophorum. 

Flos  speciosus  erat,  fonsque  profundus  erat. 
Ex  hoc  manavit  sapientia  tanta  per  orbem, 

Ut  quos  imbueret  philosophos  faceret. 
Splendor  sermonis  fuit,  et  lux  Relligionis. 

Ejus  Relligio  scitur  ubique  satis. 
Ejus  doctrina  sunt  facti  tôt  sapientes, 

Quos  mea  mens  nescit,  et  mea  penna  tacet. 
Ejus  in  exemplo  sunt  multi  Relligiosi, 

Et  sectatores,  discipulique  Crucis. 
Ipse  Crucem  Christi  tulit,  et  sua  cuncta  reliquit, 

Seque  negando  sibi,   profuit  ipse  sibi. 
Dives,  famosus,  facundus,  et  generosus, 

In  mundo  nituit,  sed  sibi  displicuit. 
Mundus,   et  ipsius  res,  et  mundana  potestas, 

Non  sibi  cara  fuit,  omnibus  abstinuit. 
Nullus  amor,  vel  honor  nocuere  Deum  sitienti, 

Sed  quoerendo  Deum,  fugit  in  exilium. 
Exul  erat  patriœ,  loca  prœsidiumque  Marias 

Obtinuit,  cujus  filius  ipse  fuit. 
Félix  exul  erat,  quem  Virgo  Maria  recepit, 

Ha?c  sibi  refugium  praestat,  et  auxilium. 
Fiat  ei  portus,  cujus  fuit  integer  ortus  : 

Filius  asternus,  sit  tibi  certa  salus. 


—  5oo  — 

Religiosis  Fratribus,  in  loco  (qui  Turris  appellatur ) 
Deo  dévote  famulantibus,  Lambertus  Abbas,  et  tota 
Congregatio  S.  Nicolai  salutem,  et  dilectionem.  Dolori 
vestro,  et  desolationi  charitatis  visceribus  compatientes, 
Dominoque  Brunoni,  ex  hoc  mundo  ad  Patrem,  ut  cre- 
dimus  transeuuti,  congaudentes  :  et  triumphalis  funeris 
debitum  exolventes,  justis  petitionibus  vestris,  et  deside- 
riis  satisfacimus,  annuentes,  ut  illiusdepositio  in  Marty- 
rologio,  nominibus  Fratrum  nostrorum  interscribatur, 
et  perpétua  memoria  recolatur. 


160. 


EX    EPISCOPATU  SA.RISBURIENSI. 

TITULUS   SANCTVE    MARLE,   SANCTIQUE    ADELMI    EPISCOPI 
ET  CONFESSORIS,  MALMESBENENSIS  ECCLESI.E. 


Hic  bonus  athleta,  cujus  celeberrima  vita 

Istic  narratur,  laudabilis  esse  probatur. 

Nam  si  sic  vixit,  praesens  ut  chartula  dixit, 

Et  si  munificus  fuit,  et  pius  atque  pudicus, 

Si  sibipsimet  parcus  fuit,  indiguis  quoque  largus, 

Si  calcator  opum,  si  spretor  deliciarum, 

Si  verbis  cultus  fuit,  et  bene  morigeratus  : 

Est  quid  opus  verbo,  quid  dicere  plura  laboro  ? 

Jam  nunc  tantorum,  cœlum  tenet  arte  bonorum  ; 

Nam  sibi  pro  meritis  est  redditus  astriger  axis  ; 

Nunc  igitur  Bruno  laetatur,  et  haeret  in  uno  ; 

Unum  suscepit  Bruno,  qui  multa  reliquit. 

Est  tamen  hoc  solum  cunctis  praestantius  unum, 

Si  quam  sit  magnum,  juvat  hic  addiscere  lucrum  ; 

Sat  dicam  breviter,  paucisque  docebo  patenter. 

Suscepit  Christum  solamen  dulce  laborum. 


00  I    


Quid  prodest  igitur,  quod  nos  sibi  verificamur? 
Sed  puto  proficere,  si  dico  Deus  miserere  : 
Ast  quoniam  nemo  peccaminis  est  sine  nevo, 
Si  quod  habet  facinus,  tu  bone  terge  Deus. 


roi. 


EX   EP1SCOPATU    CONVENTRENSI. 
TITULUS    S.   MAREE   CONVENTRENSIS    ECCLESEE  IN    ANGLIA. 

Hune  pietate  sua  rex  Christus  in  arce  polorum 
Collocet,  atque  frui  requie  concédât  eorum. 

162. 

EX    EPISCOPATU   HEREEORDIENSI. 
TITULUS     S.     EDMUNDI    REGIS  ET  MARTYRIS. 

Transit  ab  hac  vita  Bruno  Pater  ac  eremita. 
Transeat  in  requiem,  spiritus  ejus  :  Amen. 

i63. 

ALIUS    EJUSDEM    TITULUS. 

Animal  huic  Dominus  Brunoni  gaudia  verus, 
Agmina  sanctorum,  qui  continet  alta  piorum. 


D02   — 


1 64. 


EX  ARCHIEPISCOPATU  EBORACENSI. 

TITULUS    S.    PETRI    EBORACENSIS  ECCLESLE, 
QVJE   EST   AXGLI.E    METROPOLIS. 

Pro  quo  Bruno  brevis  reprobavit  noxia  vitae, 
Ipse  rependat  ei  munera  perpetuo. 

i65. 

ALIUS  TITULUS  EJUSDEM. 

Fama  prius  nobis  retulit  quam  littera  vestra 

Non  de  morte  quidem,  sed  bonitate  viri. 
Gemma  domus  Domini  Bruno  fuit  atque  columna, 

Et  fidei  verus  cultor  Apostolicœ. 
Vera  rides  ejus  virtutibus  aediticata, 

vEthereas  asdes  asdificavit  ei. 
Gloria,  divitiœ,  persona,  scientia  rerum, 

Illi  clara  satis;  sed  pede  pressit  ea. 
Sunt  quas  dant  homini  post  mortem  vivere  posse, 

Nec  tamen  hœc  possunt  morte  carere  dare. 
Mors  premit  omne  caput,  quœ  si  cui  parcere  posset, 

Certe  Brunoni  parcere  debuerat. 
Mors  bona,  mors  felix,  si  mors  est  illa  vocanda 

Quam  sequitur  requies,  vitaque  perpétua. 
Si  quid  ei  terrena  dédit  contagio  sordis  : 
Nam  sine  peccato  vivere  nemo  potest) 
Abluat  illa  Deus,  qui  trinus,  vivit  et  unus, 

Et  det  ei  requiem,  dicat,  et  omnis  Amen. 
Quod  petitis  vestris  jam  fecimus,  et  faciemus, 

Et  petimus  nostris,  ut  faciatis  idem. 


?()."> 


i.66. 

TITULUS    BEATvE    MARIEE  EBORACENSIS. 

Filius  Ecclesiic  moriali  carne  solutus, 
Bruno  vir  sapiens;  quod  facta  sua  probant  : 

Non  est  plorandus,  quia  nunquam  jam  ruiturus, 
Spes,  amor,  atque  fides,  quod  meruere  tenet. 

167. 

ALIUS  TITULUS    EJUSDEM. 

O  si  voce  rei  divini  pompa  trophaei 

Posset  laudari,  vel  plene  notificari  : 

Sed  quia  deficeret,  nisi  se  mea  vox  cohiberet. 

Quod  mihi  velle  datur,  perfecte  posse  negatur; 

Sed  tamen  absque  mora,  surgat  mea  per  mare  prora. 

Ut  si  fas  detur  Christum  laudando  precetur. 

Laus  tibi  Summe  Pater,  cui  subditur  inferus  ater. 

Laus  tibi,  laus  Christe,  cui  mundus  subjacet  iste  : 

Cœlestis  doni  da  praemia  quaeso  Brunoni; 

Ut  tibi,  qui  vixit,  qui   mundo  se  crucifixit  : 

Vivat  in  aeternum,  nec  mortis  tangat  avernum  ; 

Quod  petitis  vobis  impendite  mutuo  nobis. 


168. 


TITULUS  SAHCT1  JOANNIS  BEVERLACENSIS  ECCLESLE. 

Bruno  quod  sprevit  vivens  in  morte  reliquit  ; 
Nam  mundum  fugit,  mundanaque  vilia  dixit. 
Christo  servivit,  quare  cœlum  penetravit  ; 
Ipsius  talcs  transmittcre,  sed  quia  fratres 


—  304  — 

Chartam  fecerunt  ;  nostri  Domini  voluerunt. 
Pro  famulo  taato  postremo  tempore  functo  ; 
Officium  servis  gratum  persolvere  cunctis. 


169. 


TITULUS    CVNONICORUM     S.    JOANNIS    BEVERLACENSIS     CŒNOBIl. 
RICARDUS  AD    EUMDEM. 

Qui  casu  mortis  sublato  Pâtre  doletis  : 
Ponite  tristitiam,  manet  omnis  exitus  idem. 
Hinc  est  pensandum  :  quia  mundi  gloria  fœnum, 
Ad  tempus  floret,  florens  pertransit  et  aret  ; 
Et  quia  sic  floret,  florens  sic  transit  et  aret. 
Declinemus  eam  magis  inquirendo  futuram. 
Jam  prœcessisti,  jam  régula  Bruno  fuisti  : 
Jam  conclusisti,  quod  caute  proposuisti. 
Florebas  mundo  fragili  sed  flore  caduco  ; 
Sprevisti  mundum  fragilem,  floremque  caducum. 
Contemplative  quœrens  succedere  vitœ, 
Quam  tibi  concédât,  qui  sœcla  per  omnia  régnât. 


170. 


ITEM,  ALBERTUS     AD    EUMDEM. 

Det  pietas  Christi  tibi  Bruno  quod  meruisti 
Factus  in  hac  vita  Monachus  prius,  hinc  Eremita. 

17  r. 

ITEM,   TESTANTS    AD    EUMDEM. 

Sit  tibi  Bruno  quies,  sit  lux,  sit  gloria  perpes, 
Sit  tibi  vera  salus,  vera  medela  Deus. 


non  — ■ 


[TEM,   RICHARDES  AD  EUMDEM. 


^ternam  sedem  nobis  invidit,  et  sedem, 
iEternae  sedis  factus  prius  exul,  et  œdis, 
Arboris  illicitce  dum  gustum  suggerit  JEvx. 
Gustat,  fit  gustans  mortalibus  addita  fatis, 
Porrexitque  viro,  casu  simili  ruituro. 
Immortalis  erat  sicut   Deitatis  imago  ; 
Immortalis  erat  costis  educta  virago. 
Sed  mox  post  justum  mortales  efficiuntur. 
Dejectuque  gravi  paradiso  dejiciuntur. 
Intravit  mundum  mors  effera,  subdidit  illum 
Legibus  illa  suis,  moritur,  qui  nascitur  omnis. 
Parcere  non  novit,  sed  nec  tibi  Bruno  pepercit 
Apposuit  patribus,  jam  sit  tibi  vivere  Christus, 
Et  raptum  mundo  te  restituât  paradiso. 


ITEM,  WILLHELMUS    AD    EUMDEM. 

Carmina  si  possent  tanto  prodesse  patrono, 

Jam  prodesset  ei  musa  canora  m  ci. 
Carmina  cantasset  titulo  fruitura  perenni, 

Mille  modis  tanto,   psalleret  illa  viro. 
Psalleret  illa  viro  studiosa  mente,  manuque, 

Linguaque  nagnificum,  magnificaret  eum. 
Sed  quia  defuncto  nil  prosunt  carmina  laudis 

Virtus  summa  Dei  propitietur  ei. 
Torruerat  phaebus  bis  sex,  octoque  diebus 

Libram,  cum  viia  discessit  hic  Ercmita. 


—    DOO   — 

174. 
EX  EPISCOPATU  YPRENSI. 

TITULUS  SANCT^E  MARLE  FARMOCELLENSIS    ECCLESI.E. 

Frustra  conquerimur,  justus  si  morte  sopitur, 

Omnibus  una  via  proveniens  varia. 
Tristia  damnatis,  dat  gaudia  plena  beatis, 

Ergo  beatus  erit,  qui  bene  transierit. 
Félix  hic  Bruno,  cui  consonat  ore  sub  uno 

Laus  modulata  piis,  eomptaque  tôt  studiis. 
Nosque  precamur  ei  lumen  lucere  diei. 

Qui  non  temporibus  concidit,  aut  vicibus. 
Vos  quoque  pro  nostris  oretis  commemoratis. 
Sic  sic  concludo  breviter  celeberrime   Bruno, 
Cui  famulabaris  Christo,  sine  fine  fruaris. 

i75. 

TITULUS    SANCT.E  MARLE  MECINENSIS  ECCLESI^E. 

Commemorande  Pater  Bruno,  Christi  pia  Mater 
Dignetur  natum,  pro  nobis  in  cruce  passum 
Poscere,  ccelestis  donet  tibi  prxmia  regni, 
Quo  tecum  Fratres  nostri  sint,  atque  sorores. 


i-ô. 


TITULUS     S.    PETRI    ISLENSIS    ECCLESI.E. 


\'era  rides  Christi  laxat  peccamina  mundi, 
Cujus  facta  caro  ligno  crucis  hostia  Patri. 
QuoJ,  qui  corde   bono  credens  votis  imitatur, 


I  psi  us  vitic  consortia  laeta  meretur  ; 
Cujus  Bruno  Pater  concivis,  ut  efficiatur, 
Judicis  ad  thronum  devbtio  digna  feratur. 
Prosit  defunctis  oratio  mutua  nostris. 


TITULUS    S.   MARI.E    NONIANDI. 

Egregius  Bruno  non  est  laudandus  in  uno, 

Qui  docuit   Clerum,   Pater  extitit  et   Monachorum 

Atque  Deo  charus  per  claros  splenduit  actus. 

Omnibus  hic  nobis  sit   semper  commemorandus  ; 
Ipsius  ut  flatum  capiat  Deus  immaculatum. 
Missis,  et  psalmis  societur  civibus  almis. 


19bis 

INDULTUM    CARTUSIENSIBUS    DATUM 

DE    OFFICIO    ET    MISSA 

S.    BRUNONTS1. 

IjNTONIUS  miseratione  Div.Tit.  S.  Praxedis  Pres- 
[byter  Cardinalis  Papiensis,  necnon  totius  Ord. 
Cartusiensis  Protector.  Universis,  et  singulis  présentes 
nostras  inspecturis,  et  lecturis,  salutem  in  Domino  sem- 
piternam.Cum  ex  nostro  protectionis  officio,  benevolen- 
tiaque,  ac  pietate,  qua  universo  Cartusiensi  Ordini  prœ- 
dicio  ai]icimur,hodie  ad  pedcs  Sanctissimi  D.  N.  Leonis 
divina  providentia  PP.  X.  praesentavimus  Venerabiles 
ReJigiosos  viros  DD.  Matthceum  Bononiœ,  Ludovicum 
1  \'oir  la  traduction  de  cetts  pièce,  t.  I.  p.  i5<i  ci  ssq. 


—  5o8  — 

Mantuoe,  Jacobum  Neapolis,  et  Hugonem  S.  Crucis  in 
urbe  ejusdem  Cartusiensis  Ordinis,  Domorum  Priores  ; 
et  tam  nos,  quam  Religiosi  prœdicti  plura  de  laudibus, 
praeconiis,  ac  vitae  sanctitate  B.  Brunonis  Confessons 
ejusdem  Ordinis  Cartusiensis  primi  fundatoris,  ac  In- 
stituions Sanctitati  suae  retulissemus,  et  exposuissemus  ; 
qui  vir  beatus  déclinante  Christiana  miliiia,  et  propter 
iniquitatis  abundantiam  charitate  plurimum  frigescente, 
tanquam  dux  strenuus  ad  resistendum  hostibus  novum 
in  Ecclesia  instruxit,  et  instauravit  exercitum,et  in  vine- 
am,  quod  Dominus  sua  dextera  plantaverat,  jam  vitio- 
rum  vepribus,  et  spinis  obsitam,  veluti  solertissimus 
Paterfamilias  tôt  fidèles  conduxit  operarios  ,  ut  ube- 
riores  ex  ea  fructus  S.  Ecclesiœ  proveniant,  et  odorem 
suavitatis  proférant,  et  sanctitatis  ;  ipsius  namque  B. 
Confessoris  multiplex  doctrinœ,  vitae  castigatissimae,  in- 
nocentia?,  ac  munditiae  exemplum  plurimos  generans, 
sanctas  adoptionis  filios  générât,  et  nutrit  incessanter  ; 
cujus  meritis  Ordo  prœfatus  exornatur,  et  comprobatur 
miraculis,  et  assidue  quasi  de  virtute  in  virtutem  crescit 
rigans  montes  de  superioribus  suis,  et  de  fructu  operum 
suorum  satiatur  terra.  Idcirco  nos  una  cum  prrcfatis 
Prioribus  ab  eodem  D.  D.  N.  Venerabilium  virorum 
Francisa  de  Puteo  moderni  Generalis,aliorumque  Pri- 
orum,  et  universorum  Monachorum,  Monialium,  Con- 
versorum,  et  Personarum  dicti  Ordinis  nomine  humi- 
liter  supplicavimus,  ut  pro  Omnipotentis  Dei  gloria, 
qui  in  suorum  exultât  veneratione  Sanctorum,  ac  Beati 
prœdicti  Confessons  honore, illiusque  evidentissimis  san- 
ctitatis operibus,  signisque  virtutum,  quibus  in  carne 
positus  claruit,  et  ad  ccelos  evocatus  perpetuo  splendet, 
proque  tam  praeclari  Ordinis  décore,  de  Apostolica  mu- 
nificentia,  et  benignitate,  sub  sexta  Octobris  die,  qua 
die  posita  carnis  sarcina,  idem  B.  Bruno  Confessor  ad 


—  r>oi)  — 

perpetuam  evolavit  gloriam,  festum  quotannis  in  ejus 
memoriam,  ac  solemne  officium  dignis  in  Domino  lau- 
dibus,  et  honoribus  celebrandi,  et  commemoratîone 
ejusdem  caeteris  diebus  fâciendi  licentiam  concedere  di- 
gnaretur  ;  quamvis  idem  Beatus  Bruno  Cofessor  non 
reperiatur  aliter  canonizatus  per  Summos  Pontifices 
Prasdecessores  suos,  ut  moris  est.  Qui  prœfatus  Sanctis- 
simus  D.N.  Papa  asserens,  se  jamdudum  de  laudibus  ac 
sanctitate  ejusdem  Beati  Confessons  plurima  intellexis- 
se,  arbitratus,  dignum  esse  ac  consonum  rationi,  ut  quem 
Deus  in  hoc  saeculo  tantis  donis,  et  gratiis  insignivit, 
assumptum  in  cœlis,  magis,  ac  magis  venerandum  ;  et, 
cui  viventi  dederat  cor  omnipotens  ad  praecepta,  et  le- 
gem  vitae,  et  disciplinée,  eidem  nunc  apud  thronum  di- 
vinae  gloriae  existenti  impendatur  in  terris  débita?  devo- 
tionis  obsequium  ;  hujusmodi  nostris,  et  prœfatorum 
Priorum  supplicationibus  libenter  annuens  dictis  D. 
Francisco  moderno,  ac  pro  tempore  Generali  existenti, 
et  aliis  Prioribus,  Monachis,  Monialibus,  Conversis,  ac 
personis  dicti  Ordinis,  in  ipsius  Ordinis  dumtaxat  Do- 
mibus,  et  eorum  Ecclesiis  seu  capellis  festum  pnedictum 
solemniter  colendi,  etdevotione  débita  celebrandi  ;  pFâe- 
fatique  Brunonis  corpus,  et  memoriam  dignis  in  Do- 
mino laudibus  prosequendi,  et  venerandi  ;  officiumque 
conveniens  in  honore  ipsius  B.  Confessoris  agendi,  et 
decantandi;  necnon  commcmorationem  singulis  diebus 
fâciendi,  ex  tune,  et  de  caetero  in  perpetuum  cum  Dei 
benedictione  licentiam  vivae  vocis  oraculo  nobis  facto 
bénigne,  ac  favorabiliter  concessit  pariter,  ac  induisit  ; 
non  obstante,  quod  idem  B.  Bruno  Confessor  non  in- 
veniatur  aliter  canonizatus  ut  supra  ;  prassentibus  quo- 
que  ibidem  Revercndissimo  in  Cbristo  Pâtre  D.  D. 
Laurentio  Putio  Tituli  Sanctorum  IV.  Coronatorum 
S.  R.  E.  Presbytero  Cardinale,  et  Rev.  S.  D.  Francisco 


r>  i  o 


Armellino  Camerae  Apostolicae  Clerico.  Quare  ne  apud 
quemquam  de  hujusmodi  concessione  possit  aliquod 
dubium  suboriri,  prœsentes  manu  propria  subscriptas, 
et  nostri  soliti  sigilli  appensione  munitas  confici  jussi- 
mus,  et  per  nostrum  quoque  Secretarium  subscribi  fe- 
cimus  in  fidem,  robur,  ac  testimonium  proemissorum 
et  veritatis.  Datum  Romae  in  Apostolico  palatio  die  19. 
Mensis  Julii  an.  1 5  14.  Pontificatus  vero  D.  N.  an.  II. 
Antonius  Cardinalis  S.  Praxedis,  Protector,  manu  pro- 
pria. Antonius  Testa  Verulanus. 


20. 


0RDINATI0  CAPITULI  GENERALIS    ANNI     IDID 
DE     RITU     SOLEMNI     IN     FESTO    SANCTI     BRUNONIS. 


UM  sanctissimusDominusnoster  Dominus  Léo  di- 
Hjvina  providentia  Papa  decimus  et  modernus,  nobis 
etOrdini  nostro  sua  gratia  dederit  et  concesseritlicentiam 
et  auctoritatem,  ut  in  singulis  domibus  dicti  nostii  Or- 
dinis,  et  earum  ecclesiis,  seu  capellis  possimus  festum 
beati  Brunonis  patris  nostri  solemniter  colère,  et  débita 
devotione  celebrare,  ejusque  corpus  et  memoriam  di- 
gnis  in  Domino  laudibus  prosequi,  et  venerari,  et  offi- 
cium  conveniens  in  honorem  ipsius  agere  et  decantare, 
necnon  commemorationem  singulis  diebus  de  eo  facere, 
et  alias  prout  in  desuper  confectis  litteris  plenius  conti- 
netur. 

Propterea  ne  tantam  gratiam  neglexisse  videamur, 
ad  Dei  et  ejusdem  patris  nostri  laudem  et  honorem, 
Ordinisincrementum  et  nostramnostrorumque  omnium 
salutem,  consolationem  et  pacem,  dictarum  litterarum 


— ■  bu  — 

mentem  et  tenorem  insequentes,  volumus  et  ordinamus, 
quod  de  caetero  annis  singulis,  perpetuis  futuris  tem- 
poribus,  die  sexta  mensis  octobris,  qua  die  idem  pater 
noster,  carne  solutus,  beata  fuit  immortalitate  vestitus, 
festum  praedictum  in  omnibus  et  singulis  domibus, 
totius  Ordinis  nostri  praedicti  et  earum  ecclesiis  seu  ca- 
pellis  in  honorem  et  sub  nomine  et  vocabulo  ejusdem 
beati  Brunonis  confessoris,  cum  candelis  et  solemniter 
celebretur,  et  ab  omnibus  et  singulis  prioribus,  mo- 
nachis,  conversis  et  aliis  personis  dicti  Ordinis  nostri 
débita  devotione  colatur,  ejusque  corpus  et  memoria 
dignis  in  Domino  laudibus  veneretur,  riatque  et  decan- 
tctur  de  eo  ipsa  die  sexta  octobris  solemne  offieium 
cum  duodecim  lectionibus,  capitulo,  refectorio,  et  cœ- 
teris  caeremoniis,  qua?  solemnibus  festis  ,  candelarum 
soient  observari  in  hune  videlicet  qui  sequitur  modum. 
Ad  primas  vesperas  antiphona  super  psalmos,  «  Sint 
lumbi.»  Responsorium,  «  Beatus  servus.  »  Ad  matutinas 
octo  primas  lectiones,  sermo  beati  Augustini  episcopi, 
qui  incipit  :  «  Dominus  noster  Jésus  Christus,  »  sicut  in 
festo  sancti  Martini.  Quatuor  vero  ultimae,  homilia  bea- 
ti Gregorii  papœ,  quse  incipit  «  Sancti  evangelii  :  su- 
per Evangelio  secundum  Lucam  :  Sint  lumbi  vestri,  » 
sicut  in  festo  sancti  Benedicti.  Ad  missam,  dictum 
evangelium  :  «  Sint  lumbi  vestri.  »  Coetera  omnia  tam 
in  missa  ,  utrisque  vesperis  ,  matulinis  ,  qua  m  cœte- 
ris  horis  riant  sicut  unius  confessoris  non  episcopi  , 
exceptis  orationibus,  qua:  dicentur  prout  infra  in  ped^ 
praesentis  ordinationis  sunt  notatœ.  Volumus  pariter  et 
Ordinamus  quod  in  vigilia  dicti  festi  fiât  abstinentia  et 
in  die  fiât  sermo  in  capitulo  monachorum  et  converso- 
rum,  ad  laudem  ejusdem  sancti,  et  ad  reformationem 
Ordinis,  et  cessetur  ipsa  die  ab  omnibus  operibus,  ut 
divinis  laudibus  facilius  et  devotius  intendere  valeamus. 


.-i  I  2 


Item  ordinamus,  quod  dictum  fcstum  scribatur  in 
calendariis  Ordinis  sub  dicta  die  octobris,  et  in  litaniis 
post  sanctum  Benedictum  ponatur,  scribatur,  et  ab  inde 
dicatur  :  «  Sancte  Bruno,  ora  pro  nobis.  »  Item  pariter 
ordinamus,  quod  singulis  diebus,  quibus  caetera  dicun- 
tur  solita  çuffragia  in  matutini's  et  vesperis,  immédiate 
post  Commemorationem  Sancti  Joannis  fiât  de  eo  com- 
memoratio  in  hune  modum  antiphona  :  «  Similabo.  » 
Versus  :  «  Justum  deduxit.  »  Oratio  :  «  Omnipotens 
sempiterne  Deus,  etc.  »  Ut  per  ejus  intercessionem  et 
mérita  divinam  in  praesenti  gratiam  et  aeternam  in  futu- 
ro  gloriam  consequi  mereamur.  Sequuntur  orationes 
ad  missas  dicendae,  quarum  prima  dicetur  in  die  ad 
utrasque  vesperas,  laudes  et  tertiam  et  quotidie  ad  com- 
memorationem in  matutinis  et  vesperis.  »  Oratio  :  «  Om- 
nipotens sempiterne  Deus,  qui  renunciantibus  saeculo 
mansiones  paras  in  ccelo,  immensam  clementiam  tuam 
humiliter  imploramus,  ut,  intercedente  beato  Pâtre  no- 
stro  Brunone  Confessore  tuo,  vota  quae  profitendo  feci- 
mus  fideliter  implere,  et  ad  ea  quae  perseverantibus  in  te 
dignatus  es  promittere,  valeamus  salubriter  pervenire.  » 
Sécréta  «  Sacrandum  tibi  Domine  munus  ofFerimus  , 
majestatem  tuam  suppliciter  exorantes  ,  ut  per  inter- 
cessionem et  mérita  beati  Patris  nostri  Brunonis  Confes- 
sons tui  a  peccatis  omnibus  et  peccatorum  omnium 
pœnis  absoluti,  acceptum  tibi  sacrificium  in  tuœ  pas- 
sionis  et  nostrae  redemptionis  memoriam  ofFerre  valea- 
mus. Qui  vivis.  »  Complenda.  «  Per  hœc  sancta  qua? 
sumpsimus,  Domine  Deus,  pium  in  nobis  accende 
sanctae  religionis  affectum,  ut  ejus,  quem  ut  Patrem 
in  terris  colimus,  vestigia  insequentes  ,  quod  te  do- 
uante promisimus,  te  opérante  implere,  et  cum  vitae 
finis  advenerit,  ad  te,  veritas,  et  vita  es,  pervenire  me- 
reamur qui  vivis,  etc.  « 


CONFIRMATIO      EJUSDEM     ORDINATIONIS, 
A    CAPITULO    GENERÀLI  ANN1     I  5  I  6 . 

Ordinationem  in  praesenti  capitulo  factam  circa  cele- 
brationem  festi  beatiBrunonis  patris  nostriconfirmamus, 
et  eam  perpetuo  in  ordine  noslro  observari  volumus  et 
mandamus,  hoc  addito,  quod,  sicut  in  litaniis  privatis, 
ita  et  in  conventualibus  ponatur  et  scribatur,  et  ab  inde 
dicatur  :  «  Sancte  Bruno,  ora  pro  nobis.  »  Et  in  mar- 
tyrologio  sub  die  sexta  octobris  scribantur  haec  verba  : 
in  Calabria  depos-itio  beati  Brunonis  confessons,  primi 
institutoris  ordinis  Carthusiensis.  Et  nihilominus  or- 
dinamus,  quod  de  vita  ejus  noviter  impressa  legatur  in 
refectorio  singulis  annis  in  singulis  domibus  ordinis, 
in  dicto  festo. 


21. 


BULLA   GREGORII    PAP.E    XV 
DE  MISSA  ET    OFFICIO    SANCTI    BRUNONIS. 

H^fl  D  pcrpetuam  rei  memoriam.  Gregorius  Papa  XV. 
gjggrgDomini  nostri  Jesu  Christi,  qui  servos  suos  oeter- 
nae  gloriae  praemio  donat  in  cœlo,  vices,  quanquam 
immeriti,  gerentes  in  terris,  ex  adjuncto  nobis  pasto- 
ralis  officii  debito  procurare  tenemur ,  ut  corumdem 
servorum  Christi  débita  veneratio  in  dies  magis  promo- 
veatur,  et  laudetur  Dominus  in  sanctis  suis.  Quamo- 
brem,  fidelium  quorucftlibet,  praeseftim  vero  sub  suavi 
religionis  jugo  aliissimo  famulantium,  votis,  quœ  pecu- 
liarern  sanctorum  hujusmodi  cultum  et  venerationem 
respiciunt,  libenter  annuimus,  prout  conspicimus  in 
Domino  salubriter  expedire. 


—  D  '  4 


Supplicationibus  itaque  dilecti  lilii  D.  Bernardi  Ga- 
zii,  ordinis  Carthusiensis  procuratoris  generalis,  nobis 
humiliter  porrectis  inclinati,  de  vencrabilium  i'ratrum 
nostrorum  S.  R.  E.  Cardinalium  sacris  rilibus  prae- 
positorum  consilio,  quod  de  ca.'tero  perpetuis  luturis 
temporibus  festum  Sancti  Brunonis,  ejusdem  ordinis 
fundatoris,  die  vj  octobris,  qua  in  eœlnm  evolavit,  in 
missali  et  breviaro  romano  reponi,  officiumque  de  eo 
semiduplex  ab  omnibus  ubique  iidelibus  recitari  libère 
et  licite  possit,  et  valeat,  apostolica  auctoritate  tenorum 
praesentium  concedimus  et  indulgemus.  Quocirca  vene- 
rabilibus  fratribus  patriarchis,  archiepiscopis,  episcopis, 
cœterisque  ecclesiarum  praelatis,  in  universo  terrarum 
orbe  constitutis,  praecipimus  et  mandamus,  ut  in  suis 
quibusque  ecclesiis  ,provinciis,  et  diœcesibus  présentes 
nostras  litteras  solemnhcr  publicari,  et  ab  omnibus  ec- 
clesiasticis  personis  scecularibus,  et  quorumvis  ordinum 
regularibus  omnino  observari  faciant,  non  obstantibus 
constitutionibus  et  ordinationibus  apostolicis,  caeteris- 
que  contrariis  quibuscumque.  Volumus  autem  ut  prae- 
sentium  transumptis,  etiam  impressis,  manu  alicujus 
notarii  publici  suscriptis,  et  sigillo  alicujus  personaj 
in  dignitate  ecclesiastica  constitutœ  munitis  eadem  pror- 
sus  fides  adhibeatur,  quae  praesentibus  adhiberetur,  si  fo- 
rent exhibitae  vel  ostensas.  Datum  Romae  apud  San- 
ctum  Petrum,  sub  annulo  piscatoris,  die  xvij  tebruarii 
M.  DC. XXIII.  Pontiticatus  nostri  anno  tertio.  S.  Cardi- 
nalis  Sanctic  Susanna?.  Ita  est,  Sylvester  Spada  illus- 
trissimi  et  reverendissimi  domini  Cardinalis  Vicarii 
notarius.  Locus  -J-  sigilli. 


—    J  I  J    — 

DECRETUH  S.   RITUUM  CONGREGATIONIS 

DE   FESTO    S.    BRUNONIS    SUB    HITU     SEMIDUPLICI 

AD  LIBITUM    CELEBRANDO,   IN    ECCLESIA    UNIVERSALI. 

Die  XIX  novembris  1622.  Indultum  S.  Brunonis. 
Supplication!  a  D.  Bernardo  Gazio  Ord.  Cartusiensis 
Procuratore  Generali,S.Rituum  Congregationi  porrectae, 
eadem  Congregatio,  Commuai  Ulustrissimorum  R.  P. 
assensu,  inclinata,  habita  etiam  SS.  D.  N.  confirma- 
tione,  Festum  S.  Brunonis  cjusdem  Ordinis  fundatoris 
die  6  octobris,  qua  in  cœlum  evolavit,  in  Missali  ac 
Breviaro  Romano  reponi,  et  Officium  de  eo  Semidu- 
plex  ab  omnibus  ubique  fidelibus  recitari  concessit.  Illi 
enim  inter  Sanctos  praecipue  universalem  Ecclesia;  ve- 
nerationem  expostulare  videntur,  qui  sacrarum  famili- 
arum  Institutores  militanti  eidem  Ecclesiae  nunquam 
interitura  suffragia  reliquerunt.  Sign.  Franeiscus  Maria 
Cardinalis  a  Monte.  •)-  Locus  Sigilli  -  Joannes  Baptista 
Rinuncinus  Secretarius. 


22. 


BREVE    GREGORII    PAIVE    XV 
DE    INDULGE.NTIIS    IN    FESTO    SANCTI    BRUNONIS   CONSEQUENDIS. 

I^^JD  perpetuam  rei  memoriam.  Gregorius  Papa  XV. 
g^J  Splendor  paternae  gloriœ,  qui  sua  mundum  illu- 
minât inetîabili  charitate,  pia  vota  ridelium,  de  clemen- 
tissima  ejus  majestate  sperantium,  tune  prœcipue  beni- 
gno  favore  prosequitur,  cum  devota  ipsorum  humilitas 
sanctorum  precibuset  meritis  adjuvatur.  Volentes  igitur, 
omneset  sinculas  ecclesias  monasteriorum  monachorum 


—  5 1 6  — 

Carthusianorum  ubicumque  existentium  aliquo  spiri- 
tuali  munere  illustrare,  de  omnipotentis  Dei  misericor- 
dia  ac  beatorum  Pétri  et  Pault  apostolorum  auctoritate 
confisi,  omnibus  utriusque  sexus  Christi  fidelibus,  vere 
pœnitentibus  et  confessis,  ac  sacra  communione  refectis, 
qui  aliquam  ex  dictis  ecclesiis  die  festo  Sancti  Brunonis, 
sexto  mensis  octobris  celebrari  solito,  a  primis  Vesperis 
usque  ad  occasum  solis  festi  hujusmodi  singulis  annis 
dévote  visitaverint,  et  ibi  pro  christianorum  principum 
concordia,  haeresum  extirpatioue,  ac  sanctœ  matris  ec- 
clesiae  exaltatione  pias  ad  Deum  preces  effuderint,  ple- 
nariam  omnium  suortim  peccatorum  indulgentiam  et 
remissionem  misericorditer  in  Domino  concedimus,  prae- 
sentibus  perpetuis  futuris  temporibus  valituris.  Volu- 
mus  autem,  quod  praesentium  transumptis  etiam  im- 
pressis,  manu  alicujus  notarii  publici  subscriptis,  et 
sigillo  alicujus  personae,  in  dignitate  ecclesiastica  con- 
stitutce  munitis,  eadem  prorsus  fides  adhibeatur,  quœ 
prœsentibus  adhiberetur,  si  forent  exhibitie  vel  ostensa?. 
Datum  Roma2  apud  Sanctam  Mariam  majorem,  sub  an- 
nulo  piscatoris,  die  tertia  julii,  anno  M.  DC.  XXIII, 
pontiticatus  nostri  anno  tertio. 


23. 

BULLA.    LEONIS    PAP.E    X 

QUA    MONASTERIUM    SANCTI    STEPHANE    DE    NEMORE 

AD    CARTUSIENSES    PRISTINOS    POSSESSORES    DEVOLUTLM  ESSE 

DECLARAT. 

[EO  episcopus,  servus  servorum  Dei,  ad  perpetuam 
reimemoriam.  Procommisso  nobis  desuperaposto- 
latus  ofiicio,  quo  universalis  ecclesiie  Regimini  praeside- 
mus  ,  de  ecclesiarum   et   monasteriorum,    aliorumque 


D  I 


regularium  locorum  omnium  statu  prospère  et  saluhriter 
dirigendo  continua  reddimur  attentione  solliciti  :  unde 
aliqua  ex  eisdem  monasteriis  et  locis,  ut  in  eis  gratior 
Deo  vigeat  ohservantia,  crescat  divinus  cultus,  et  fidelium 
augeatur  devotio,  novis  nonnunquam  committimus  gu- 
bernanda  rectoribus,  per  quorum  solertiae  studium  et 
providam  diligentiam  monasteria  et  loca  ipsa,  et  jam 
alias  votivis  in  spiritualibus  et  temporalibus  proficiaftt 
incrementis. 

Sane  monasterio  Sancti  Stephani  de  Bosco  Cister- 
ciensis  ordinis  Squillacensis  diaecesis,  quod  dilectus 
filius  noster  Aloysius  Sanctae  Marias  in  Cosmedin  dia- 
eonus  Cardinalis  ex  concessione  et  dispensatione  apo- 
stolica  in  commendam  nuper  obtinebat  (commenda  h'u- 
jus  modi  ex  eo  quod  idem  Aloysius  Cardinalis  illi  hodie 
in  manibus  nostris  sponte  et  libère  cessit,  nosque  cessio- 
nem  ipsara  duximus  admittendam,  cessante),  adhuc 
eo,  quo,  dum  eidem  Aloysio  Cardinali  commendatum 
fuit,  vacabat,  modo  vacante;  nos  vero,  ultimum  dicti 
monasterii  vacationis  modum,  etiam  si  ex  illo  quaevis 
generalis  reservatio  et  in  corpore  juris  clausa  resultet, 
prœsentibus  pro  expressis  habentes  ad  provisionem  su- 
per ipsius  monasterii  regimine  celerem  et  felicem,  ne 
monasterium  ipsum  longas  vacationis  exponatur  in- 
commodis,  paternis  et  sollicitis  studiis  intendentes , 
post  deliberationem,  quam  dcsuper  cum  fratribus  no- 
stris habuimus  diligentem,  demum  ad  dilectos  fîlios 
fratres  Carthusiensis  ordinis,  in  quibus  regularis  dis- 
ciplinas observantia  ,  vitae  sanctimonia,  et  exemplares 
mores  in  dies  tanquam  novi  palmites  in  agio  Domini 
pulhilare  noscuntur,  dereximus  oculos  mentis  nostrae. 
Sperantes,  quod  si  in  monasterio  prsedicto,  in  eu  jus  ec- 
clesia  corpus  Sancti  Brunonis  dicti  Carthusiensis  ordi- 
nis institutoris  dicitur  esse  reconditum,  et  quod,  ut  ab 


—  5i8  — 

aliquibus  asseritur,  olim  ejusdem  Carthusiensis  ordinis 
domus  fuit,  dignitas  abbatialis  et  Cisterciensis  ordo 
perpetuo  supprimerentur  et  extinguerentur ,  et  ordo 
Carthusiensis  hujus  modi  institueretur  et  plantaretur  : 
et  de  caetero  monasterium  ipsum  domus  sub  eadem 
invocatione  sanctî  Stephani  nuncuparetur,  et  dicti  Car- 
thusiensis ordinis  fratribus,  per  eos  juxta  ipsorum  ritus 
et  mores,  ac  regularia  instituta,  prout  alias  ejusdem 
Carthusiensis  ordinis  domus  reguntur  et  gubernantur, 
regendum  et  gubernandum  perpetuo  concederetur,  ex 
hoc  gratia  Deo  et  accepta  in  dicto  monasterio  introdu- 
ceretur  bene  beateque  vivendi  norma,  augeretur  divinus 
cultus,  aliasque  ejusdem  monasterii  statui  in  spiritua- 
libus  et  temporalibus  cum  circumvicinorum  fidelium 
spirituali  consolatione  féliciter  consuleretur. 

Quibus  omnibus  débita  meditatione  pensatis,  de  di- 
lectorum  fratrum  consilio,  auctoritate  apostolica,  tenore 
praesentium  in  eodem  monasterio  quovis  modo,  et  ex 
cujuscumque  persona  vacet,  eiiamsi  ejus  provisio  ex 
quavis  causa  ad  sedem  apostolicam  specialiter  vel  gene- 
raliter  pertineat,  dignitatem  abbatialem  et  Cistereien- 
sem  ordinem,  hujus  modi  perpetuo  supprimimus  et  ex- 
tinguimus,  et  dictum  Carthusiensem  ordinem  ita  quod 
de  caetero  non  monasterium,  sed  domus  ejusdem  San- 
cti  Stephani  sit  et  denominetur,  instituimus;  illudque 
cum  omnibus  et  singulis  ejus  mobilibus,  et  immo- 
bilibus  bonis,  juribus  et  pertinentiis  suis,  dictis  fratri- 
bus per  unum  priorem  et  fratres  in  decenti  numéro 
juxta  eorum  ritus  et  mores,  ac  instituta  regularia  prae- 
dicta,  et  prout  aliae  dicti  Carthusiensis  ordinis  do- 
mus reguntur  et  gubernantur,  regendum  et  gubernan- 
dum  perpetuo  concedimus.  Itaque  liceat  dilectis  filiis 
modernis  dicti  Carthusiensis  ordinis  visitatoribus  in 
provincia    remotioris    Lombardiae    juxta    morern    ejus- 


—  3  io  — 

dem  Carthusicnsis  ordinis,  infra  cujus  provincial  li- 
mites dicta  domus  Sancti  Stephani  consistit ,  Carthu- 
siensis  ordinis  et  illius  fratrum  hujus  modi  nominc 
corporalem  domus  Sancti  Stephani  bonorum  ac  jurium 
et  pertinentiarum  praedictarum  possessionem  per  se  vel 
per  alium  seu  alios  propria  auctoritate  libereapprehende- 
re,  et,  sicut  praemittitur,  regendam  et  gubernandam  per- 
petuo  retinere,  illiusque  fructus,  redditus  et  provenais 
in  fratrum  et  domus  eorum  usus  utiritatemque  conver- 
tere,  diœcesani  loci  et  cujusvis  alterius  licentia  super 
hoc  minime  requisita. 

Ac  priori  et  fratribus  in  ipsa  domo  Sancti  Stephani 
pro  tempore  degentibus,  quod  ipsi  et  dicta  domus  om- 
nibus et  singulis  privilegiis,  gratiis,  immunitatibus,  in- 
dulgentiis,  exemptionibus,  praeeminentiis,  favoribus,  et 
indultis  spiritualibus  et  temporalibus,  quibus  aliœ  dicii 
Carthusicnsis  ordinis  domus,  aut  priores  et  fratres  in 
illis  pro  tempore  degentes  generaliter  utuntur,  potiun- 
tur,  et  gaudent,  ac  uti,  potiri  et  gaudere  poterunt  quo- 
modo  libet  in  futurum,  uti,  potiri,  et  gaudere  libère  et 
licite  possint ,  de  simili  consilio  auctoritate  praefata 
indulgemus,  non  obstantibus  constitutionibus  et  ordi- 
nationibus  apostolicis,  ac  dictorum  ordinum  juramento, 
conhrmatione  apostolica,  vel  quavis  tirmitate  alia  ro- 
boratis,  statutis  et  consuetudinibus,  cœterisquecontrariis 
quibuscumque.  Nos  enim  ex  nunc  irritum  decerni- 
mus,  et  inane,  si  secus  super  his  a  quoquam  quavis 
auctoritate  scienter  vel  ignoranter  contigerit  attentari. 
Nulli  ergo  omnimo  hominum  liceat  hanc  paginam 
nostras  suppressionis,  extinctionis,  concessionis  et  de- 
creti  infringere,  vel  ei  ausu  temerario  contraire.  Si  quis 
aulem  hoc  attentare  prsesumpserit,  indignationem  Dei 
omnipotentis  et  bcatorum  Pétri  et  Pauli  apostolorum 
ejus,  se  noverit  incursurum.   Datum  Romx-  apud  San- 


D20    


etum  Petrum  anno  incarnationis  Dominiez  millesimo 
quingentesimo  tertio  decimo,  decimo  septimo  calendas 
januarii,  pontificatus  nostri  anno  primo. 


23 


bis 


ATTESTATIO    RECOGNITIONIS    SACRARUM    RELIQL'IARt'M 

S.    BRUNONIS 

A  VICARIO  GENERALI  ECCLESI/E  SQUILLACENSIS   EXPEDITA1. 

lUONlAM  propter  humani  generis  fragilitatem 
|multa  in  hoesaeculo  sub  oblivionis  involucro,  tan- 
quam  sub  densissimis  tenebris  inundant:  memoria  enim 
hominum  labilis  est,  et  caduca  ;  et,  ut  ait  Ecclesiastes  : 
Non  est  priorum  memoria,  et  quas  apud  eum  sequuntur. 
Multa  vero  propter  diversa  hominum  ingénia,  et  va- 
riam  référendum  assertionem,  res  non  de  visu,  sed  de 
aliorum  relatione  narrantium,plerumque  diversimode, 
tumultuarieque  nunciatur.  Plurima  etiam  ob  invidorum 
atque  calumniantium  malignitatem,  et  livorem  mali- 
gnitatis,  semper  veritati  detrahentium,  sub  falsis  ru- 
moribus  pertinaciter  disseminantur  in  vulgo.  Idcirco 
nos  Abbas  Joannes  Ruffus  Cantor,  et  Generalis  Vica- 
rius  in  spiritualibus,  et  temporalibus  Révère  ndissi  mi, 
et  Illustrissimi  D.  Vincentiî  Galeotae  de  Neapoli  Epis- 
copi  Squillacensis,  et  Caputaquensis,  una  cura  RR. 
PP.  D.  Matthaeo  de  Vigis  de  Asten,  D.  Jacobo  Arago- 
nensi,  et  D.  Petro  de  Riccardis  de  Acerris  Prioribus 
Domorum  Bononiœ  Neapolis,  et  Clarimontis  sacri  Or- 
dinis  Cartusiensis ,  neenon  et  Visitatoribus  ,  ac  Com- 
missariis  pro  hac  re  a  CapituloGenerali  praefati  Ordinis 
Cartusiensis  in  has  partes  missis,  neenon  et  D.  Constan- 
1  Cf.  t.  1.  p.  166. 


32  I 


tio  de  Rigetis  Bononiensi  Rectore  hujus  Domus  S.  Ste- 
phani  de  Bosco  nullius  Diœcesis  Provincice  Reginen  : 
ad  tollendam  omnem  ambiguitatem,  si  qua  forte  hac- 
tenus  in  mentibus  nonnullorum  Fidelium  de  sacro 
corpore,  et  Sanctis  Reliquiis  B.  P.  Brunonis  Colonien- 
sis  in  Ecclesia  dictae  Domus  S.  Stephani  tumulati  falso 
insederit  :  ad  perpetuam  rei  memoriam,  et  prœsenti, 
et  futuro,  in  Deo  optimo,  maximo,  Pâtre,  Filio,  et  Spi- 
ritu  Sancto,  Populo  Christiano  testatum  reliquimus, 
qualiter  hodie,  quœ  fuit  in  celebritate  omnium  Sancto- 
rum  prima  mensis  Novembris  III.  Indictionis  anno  a 
salutifera  Christi  Incarnatione  i  5  1 4,  in  Ecclesia  dictae 
Domus  S.  Stephani  de  Bosco  Ordinis  Cartusiensis,  no- 
stris  propriis  manibus  deposuimus  sacras  Reliquias 
prœdicti  S.  Patris  Brunonis  ejusdem  Ordinis  Cartu- 
siensis primi  Institutoris,  atque  Domus  praîdictœ  S.  Ste- 
phani Fundatoris.  Et  ut  veritas  clarius  elucescat  per 
prœsentes  testamur,  qualiter  de  prasdictis  sacris  Reli- 
quiis ossa  a  nobis  reposita  fuerunt  num.  52.  in  san- 
cta  Sanctorum  in  dextrum  cornu  ascendendo  post  Ai- 
tare  majus,  sub  Altari  dedicato  eidem  S.  P.  Brunoni  : 
reposuimus  autem  illa  in  arca  marmorea,  circumsepta 
quadam  arca  lignea,  crata  ferrea  circumquaque  ligata. 
Caput  vero  prœdicti  P.  Brunonis  inter  praedictas  Reli- 
quias repertum  ad  majorem  populorum  devotionem 
excitandam,  et  augendam,  in  eadem  Ecclesia  S.  Ste- 
phani decenti  loco  reservatum  est,  exornandum  pro 
more,  et  consuetudine,  et  honore  totius  Cartusiensis 
Religionis.  In  qua  quidem  Sanctarum  Reliquiarum 
depositione  ingens  longinquorum  attiguorumque  po- 
pulorum utriusque  sexus  multitudo  devotissime  in- 
terfuit. De  quibus  praefatis  sacris  Reliquiis,  cum  pro- 
pter  multorum  Praedecessorum  Catholicorum  ride  di- 
gnorum  assertionem  et  propter  ea  quae  de  ipsis  reliquiis 


—    ?2  2    — 

antiquissime  scripta  reperiuntur,  tum  vero  proptercon- 
stantissimam  omnium  aetatum  de  ipsis  Reliquiis  for- 
mam  a  migratione  praedicti  B.  P.  Brunonis,  usque  in 
hodiernum  diem  per  ora  hominum,  seriatim,  sucessiw.-, 
et  gradatim  inviolabiliter  durantem,  nemini  dubium 
esse  débet,  cura  dicti  B.  P.  Brunonis  verum  corpus, 
verœque,  et  indubitatae  ReliquicC  sint,  prout  sunt,  quas 
nos  pro  talibus  ullo  dubio,  veris,  in  pnedictis  locis 
reposuimus  recondidimusque,  obsecrantes  Deum  opti- 
mum maximum,  ut  meritis,  et  intercessione  B.  Marias 
semper  Virginis,  et  dicti  B.  Patris  Brunonis,  omnium- 
que  Sanctorum  ,  cuncto  populo  Christiano  pacem, 
et  concordiam,  nobis  salutem,  et  gratiam,  Defunctis 
requiem  aeternam  donare  dignetur.  In  quorum  testi- 
monium  has  présentes  fieri  fecimus  manu  Syri  Anto- 
nini  Fasani  publici  Apostolica  auctoritate  Notarii,  et 
etiam  Cathedralis  Eccles.  Squillacen.  Canonici,  et  Pro- 
tonotarii,  subscriptione  nostra,  ac  sigillorum  nostrorum 
impressione  muniri.  Eadem  hora  cum  praefatis  reliquiis 
reperimus  ossa  B.  Lanuini  consocii  B.  P.  Brunonis, 
quag  omnia  simul  reposuimus  :  partem  vero  capitis 
dicti  B.  Lanuini  reposuimus  cum  capite  dicti  B.  P. 
Brunonis,  similiter  exornandam,  ut  supra.  Sub  die 
mense  Indictione  et  anno  quibus  supra.  Ego  qui  su- 
pra Abbas  Joannes  Ruffus  Cantor,  et  Vicarius  omnia 
supradicta  contirmo,  et  fateor  vera  esse,  propterea  ad 
ridem  manu  propria  me  subscripsi,  ac  meo  solito  si- 
gillo  roberavi.  Ego  Frater  Matthœus  Gartusiae  Bono- 
nias  Prior,  qui  supra,  affirmo  omnia  suprascripta  vera 
esse  ;  in  quorum  ridem  hic  me  subscripsi  manu  pro- 
pria, et  sigillo  munivi  solito.  Ego  Frater  Jacobus  Car- 
tusiœ  Neapolis  Prior,  qui  supra,  contirmo  omnia  su- 
prascripta esse  vera,  in  quorum  ridem  hic  me  subscripsi 
manu  propria,  et  sigillum  apposui.   Ego   Frater  Petrus 


—  523  — 

de  Acerris  Prior  Cartusias  Clarimontis,  qui  supra,  affir- 
me» omnia  suprascripta  vera  esse,  in  quorum  fidem  hic 
me  subscripsi  manu  propria,  et  sigillo  solito  munivi. 
Ego  qui  supra,  Frater  Constantius  Bononiensis  Rector 
Cartusiœ  S.  Stephani  suprascripti,  omnia  suprascripta 
confirmo  esse  vera,  in  quorum  iidem  hic  me  propria 
manu  subscripsi,  ac  sigillo  nostro  consueto  roboravi 
Jesu  impresso.  Ego  Frater  Vincentius  de  Senisio  Sa- 
crista,  omnia  suprascripta  confirmo  esse  vera,  et  mea 
propria  manu  subscripsi.  Ego  Frater  Joannes  de  Stc- 
phanis  Valentianus,  Monachus  Cartusiae  S.  Jacobi  de 
Capreis  professus,  assero  omnia  suprascripta  esse  vera, 
ideo  manu  propria  me  subscripsi.  Ego  Frater  Philip- 
pus  Verulanus  omnia  suprascripta  confirmo  vera  esse, 
et  mea  propria  manu  subscripsi.  Ego  Frater  Michael 
Pratz  alias  Rovirola  Barchinonensis  Monachus  Profes- 
sus Cartusiae  Neapolis  affirmo,  ut  supra,  omnia  manu 
propria.  Ego  Adamus  Salerno  de  Terra  S.  Catharinae, 
Regia  auctoritate  Notarius  publicus  per  totum  Regnum 
Siciliae  citra  farum,  fateor.  pradicta  supra  contenta  esse 
vera,ac  interfui  praedictee  numerationi,  et  omnibus  pra> 
dictis.Etad  fidem  et  rectitudinem  mea  propria  manu  sub- 
scripsi, meumque  solitum  signum  consuetum  apposui. 


24. 

LITTFR.K    CAPITULI    GENERALIS    ANNI     12D4, 

QUIBL'S  ORDO  CARTUSIENSIS 

PERPETUÔ  RENUNCIAVIT  ESU1  CARNIUM. 

jOVERINT  universi  praesentem  paginam  inspec- 
■turi  :  quod  Beatus  tune  temporis  Prior  Carthu- 
siae,  et  caeteri  Priores  universi  ejusdem  Ordinis  ad  Gé- 
nérale Capitulum   in  Carthusia  simul  congregati,  et  in 


—    D24   — 

ipso  Capitulo  existentes ,  prrcsentibus  Venerabilibus 
prioribus  Roderico  Dei  gratia  Tarentasiensi  Archiepi- 
scopo,et  Fulcone  eadem  gratia  Episcopo  Gratianopoli- 
tano,  spontanei  et  voluatarii  ,  non  coacti,  tam  pro 
se  quam  pro  suis  Conventibus  unanimiter  et  con- 
corditer  in  pleno  et  Generali  Capitulo  esui  carnium 
perpetuo  abrenunciaverunt  :  adjicientes  quod  si  quis 
illorum  sive  Prior,  sive  Monachus  contra  hujusmodi 
Statutum  prcesumptione  temeraria,  quod  absit,  venire 
praesumpserit,  a  societate  et  communione  totius  Ordi- 
nis,  et  ab  ipso  Ordine  amotum  se  noverit  penitus  et 
exclusum.  Datum  anno  Domini  millesimo  ducentesimo 
quadragesimo  quarto,  die  lima?  post  festum  Ascensio- 
nis  Domini.  In  cujus  rei  testimonium  prasdieti  Domi- 
ni, Rodericus  Tarentasiensis  Archiepiscopus,  et  Domi- 
nus  S.  Episcopus  Gratianopolitanus,  prœsentem  pagi- 
nam  etinstantiam  et  petitionem  dicti  Prions  et  Capituli 
Generalis  sigillorum  suorum  munimine  roboraverunt. 


25. 


CONFIRMATIO    STATUTORUM    ORDIMS    CARTUS1ENSIS 
AB    INNOCENTIO    PAPA    XI. 

JNNOCENTIUS  Papa  XI.  Ad  perpetuam  rei  me- 
jmoriam. 

Injunctum  Nobis  divinitus  Apostolica?  servitutis  offi- 
cium,  meritis  iicet  et  viribus  longe  impares,  ad  Eccle- 
sias  Catholicae  per  universum  tcrrarum  orbem  diffu- 
sœ,  œdificationem,  bonorumque,  et  piorum  operum 
incrementum ,  et  animarum  salutem  lideliter  exequi, 
adjuvante  Domino,  satagentes,  Regulares  Ordines  in 
Ecclesia  Dei  pie,  sancteque  institutos,  ac  multiplici, 
celeberrimaque   virtutum   laude   fulgentes,   in   salutari 


D  2  ? 


eorum  vivendi  norma,  veterisque  disciplinée  obser- 
vantia  confovere,  atque  conservare  omni  studio  con- 
nitimur  ;  Ac  proinde  ea,  quae  pro  felici,  prosperoque 
Religiosorum  virorum,  corumque  praesertim,  quos 
suave  Christi  jugum  sub  austerioris  vitos  régula  am- 
plexos,  caeteris  sanetitatis.  et  religiositatis  exemple» 
praelucere  decet,  regimine,  et  gubernio  provide,  pru- 
denterque  facta,  atque  ordinata  esse  uoscuntur,  ut  ser- 
ventur  exactius,  et  perenni  stabilitate  persistant,  Apo- 
stolici  muniminis  patrocinio,  cum  id  a  nobis  petitur, 
libenter  corroboramus,  sicut  omnibus  matura  delibera- 
tione  perpensis,  salubriter  in  Domino  expedire  con- 
spicimus.  Exponi  siquidem  Nobis  nuper  fecerunt  di- 
lecti  Filii  Innocentius  Prior  Cartusiae  Majoris  Gratia- 
nopolit.  Diœeesis,  totius  Ordinis  Cartusiensis  Minister 
Generalis,  ac  Definitores  Capituli  Generalis  ejusdem 
Ordinis  ,  quod  ipsi  alias  animo  revolventes  ineffabi- 
lem  Divinae  bonitatis  altitudinem,  qua  factum  est,  ut 
idem  Ordo,  quem  Romani  Pontitices  Prœdecessores 
nostri  velut  arborem  bonam  in  agro  militantis  Eccle- 
siie  dextera  Domini  plantatam,  ac  fructus  uberes  jus- 
titiae  jugiter  producentem  merito  appellarunt,  sin- 
gulari  plane  prœrogativa  ad  hoc  usque  septimum  a  fun- 
datione  sua  sasculum  in  suo  primaevo  instituto  absque 
ulla  reformationis  necessitate  perseveraverit,  tam  ingen- 
tibus  altissimi  benericiis  obstricti,  aliquam  Domino 
pro  omnibus,  quee  iis  retribuit,  retributionem  reddi- 
turi,  quam  exactissimam  regularis  disciplinas  observan- 
tiam  sollicitis  magis  studiis  custodire  decreverunt, 
adeoque  juxta  Ordinationem  Anno  M.  DC.  LXXIX. 
a  Capitulo  Generali  Ordinis  praefati  emanatam,  nova  m 
Statutorum  pro  salubri  ejusdem  Ordinis  Fratrum  in 
via  mandatorum  Domini  directione  editorum  Collec- 
lionem,  longo  labore,  ac  diligentia  perfectam,  Correrix' 


—  5  26  — 

apud  dictam  MajoremCartusiam  AnnoM.  DC.  LXXXI. 
typis  evulgari  curarunt,  antiqua  in  ea  operis  hujus- 
modi  secunda  editione  majorum  suorum  vestigia  per- 
sequentes,  qui  primis  Statuiis  eas  Ordinationes,  et 
interpretationes  adjunxerunt,  quae  illis  ad  vcteris  Ins- 
îituti  conservationem,  et  abusuum  ex  humana  infirmi- 
tate  erumpentium  extirpationem,  necnon  ad  praecavendas 
relaxationes  conducere  visa;  fuerunt  ;  Et  sane  opus 
istud  ab  omnibus  fere  universi  Ordinis  Provinciis,  et 
Domibus  regularibus  in  spiritu  humilitatis,  et  obe- 
dientice  pacitice,  et  reverenter  (ut  asseritur  admissum, 
paucorum  solummodo  querelis,  qui  praecipue  ad  versus 
Ordinationes,  et  interpretationes  praefatas  reclamarunt, 
exceptum  fuit.  Cum  autem,  sicut  eadem  expositio 
subjungebat,  praefata  Statutorum  Collectio,  ut  supra 
édita,  per  Congregationem  nonnullorum  ex  Venerabi- 
libus  Fratribus  nostris  S.  R.  E.  Cardinalibus,  quos 
super  hoc  negotio,  dicto  Innocentio  Priore,  et  Mini- 
stro  Generali,  ac  Definitoribus  praefatis  potissimum 
instantibus,  ad  quascumque  dissentiones  dirimendas, 
quœ  inter  viros  solîtarias  xhve  professores  fraternœ 
charitatis  serenitatem,  religiosamque  tranquillitatem 
obnubilare  potuissent,  specialiter  deputavimus,  dili- 
genter,  ac  sedulo  revisa,  imo  et  contradictoribus  au- 
ditis  discussa,  ac  ubi  opus  esse  visum  est,  opportune 
etiam  correcta,  et  emendata  fuerit,  in  Volumine  teno- 
ris,  qui  sequitur,  videlicet. 

NOVA    COLLECTIO 

STATUTORUM 

ORDINIS    CARTUSIENSIS, 

Ea  quœ  in  antiquis,  et  novis  Statutis, 

ac  Tertia  compilatione  dispersa  et 

confusa  habebantur  simul  ordi- 

nate   disposita   complectens. 

KOITIO    SECL'NDA. 


Nobis  propterea  dîcti  Exponentes  humiliter  suppli- 
cari  fecerunt,  ut  si bi  in  praemissis  opportune  provide- 
re,    et    ut    infra   indulgere  de    benignitate   Apostolica 

dignaremur.  Nos  igitur,  qui  Ordinem  proedictum,  et 
illius  personas  non  cessantes  in  rerum  Divinarura 
contemplatione  sublimium  Domino  famulari,  in  vi- 
sceribus  gerimus  charitatis,  Innocentii  Prioris  et  Mi- 
nistri  Generalis  prœdicti  zelum  in  Domino  plurimum 
commendantes,  ipsumque,  et  Definitores  prasfatos  spe- 
cialibus  favoribus,  et  gratiis  prosequi  volentes,  et  eo- 
rum  singulares  personas  a  quibusvis  excommunicatio- 
nis,  suspensionis,  et  interdicti,  aliisque  sententiis , 
censuris,  et  pœnis  Ecclesiasticis  a  Jure,  vel  ab  homi- 
ne,  quavis  occasione,  vel  causa  latis,  si  quibus  quo- 
modolibet  innodatae  existunt,  ad  effectum 'pramiissorum 
dumtaxat  consequendum,  harum  série  absolventes,  et 
absolutas  fore  censentes,  hujusmodi  supplicacionibus 
inclinati,  de  memoratorum  Cardinalium,  qui  re  ma- 
ture discussa,  omnes,  et  quascumque  notas  marginales 
impressas  ad  supradicta  Staluta  nullam  vim  legis,  aut 
Statuti  habere  censuerunt,  et  declaraverunt,  consilio, 
praeinsertam  novam  Collectionem  Statutorum  Ordinis 
Cartusiensis,  ut  supra  correctam,  et  emendatam,  auc- 
toritate  Apostolica  tenore  praesentium  confirmamus 
pariter,  et  approbamus,  illique  inviolabilis  Apostolica: 
firmitatis  robur  adjicimus,  ac  omnes,  et  singulos  juris, 
et  facti  defectus  etiam  substantiales,  si  qui  in  illis 
quomodolibet  intervenerint,  seu  intervenisse  dici,  cen- 
seri,  vel  praetendi  possent,  supplemus,  et  sanamus. 
Decernentes  easdem  présentes  litteras,  ac  Statuta 
prajinserta  semper  lirma,  valida,  et  efficacia  existere, 
et  fore,  suosque  plenarios,  et  integros  effectus  sortiri, 
et  obtinere,  ac  illis  ad  quos  spectat,  et  pro  tempore 
spectabit  in  omnibiks,  et  per  omnia  plenissime  suffra- 


—  5-28  — 

gari,  et  ab  eis  respective  inviolabiliter  observari.  Sicque 
in  praemissis  per  quoscumque  Judices  Ordinarios,  et 
Delegatos,  etiam  Causarum  Palatii  Apostolici  Audito- 
res,  ac  S.  R.  E.  Cardinales,  sublata  eis,  et  eorum 
cuilibet  quavis  aliter  judicandi,  et  interpretandi  facul- 
tate,  et  auctoritate,  judicari,  et  definiri  debere,  ac  ir- 
ritum,  et  inane  si  secus  super  his  a  quoquam  quavis 
auctoritate  scienter,  vel  ignoranter  coutigerit,  attentari. 
Nonobstantibus  praemissis,  ac  Constitutionibus,  et  Or- 
dinationibus  Apostolicis,  necnon,  quatenus  opus  sit, 
dicti  ordinis,  ejusque  Provinciarum,  et  Monasteriorum, 
aliisque  quibusvis  etiam  juramento  ,  confirmatione 
Apostolica,  vel  alia  quavis  firmitate  roboratis  Statutis, 
usibus,  et  consuetudinibus,  privilegiis  quoque,  indul- 
tis,  et  litteris  Apostolicis  Ordini,  Superioribus,  et  per- 
sonis  praefatis  sub  quibuscumque  tenoribus,  et  formis, 
ac  cum  quibusvis  etiam  derogatoriarum  derogatoriis, 
aliisque  efficacioribus,  efficacissimis,  et  insolitis  clau- 
sulis,  irritantibusque,  et  aliis  decretis  in  génère,  vel  in 
specie,  ac  alias  in  contrarium  quomodolibet  concessis, 
approbatis,  et  innovatis.  Quibus  omnibus,  et  singulis, 
illorum  tenores  praesentibus  pro  plene,  et  sufficienter 
expressis,  et  de  verbo  ad  verbum  insertis  habentes, 
illis  alias  in  suo  robore  permansuris,  ad  prasmissorum 
effectum  hac  vice  dumtaxat  specialiter,  et  expresse  de- 
rogamus,  caeterisque  contrariis  quibuscumque.  Volumus 
autem,  ut  earumdem  pra:sentium  litterarum  Transum- 
ptis,  seu  exemplis  etiam  impressis,  manu  alicujus  No- 
tarii  publici  subscriptis,  et  sigillo  personae  in  Eccle- 
siastica  Dignitate  constitutœ  munitis,  eadem  prorsus 
rides  tam  in  judicio,  quam  extra  illud  ubique  locorum 
habeatur,  quae  haberetur  ipsis  prœsentibus  si  forent 
exbibitœ,  vel  ostensae. 

Datum  Roma?  apud  Sanctam  Mariam  Majorem  sub 


—    D29   — 

Annulo    Piscatoris  die    27.  Martii   1688.    Pontirkatus 
Nostri  Anno  Duodccimo. 


ORDINATIO    CAPITL'LI    GENERALIS    ANNI    1 679, 

IN    MAJOR!    CARTUSIA   CELEBRAT!, 

PRO    SECONDA   EDITIONE 

SECUND.E  ET  TERTI.E  PARTIS   STATUTORUM   FACIENDA. 

Quia  ubi'que  majôrum  Statutôrum  penûria  laborâ- 
mus,  ordinâmus,  ut  illôrum  fiât  secûnda  et  nova  Edî- 
tio,  juxta  exémplar  a  R.  Pâtre  corréctum,  et  a  Capi- 
tule» Generâli  visum,  examinâtum,  et  approbâtum.  In 
quo  locis  obscuriôribus  notae  appôsitae  sunt  et  Capitu- 
lôrum  Generdlium  Ordinationes  ad  totum  Ordinem, 
et  matérias  in  his  majôribus  Statûtis  contentas  spec- 
tdntes,  a  postréma  Statutôrum  collectiône  éditas,  suo 
quaeque  loco  fine  paginârum,  aut  capitulorum  repo- 
nûntur.  Ex  quibus  Ordinatiônibus  revisis,  et  exami- 
nais, quœ  m  agi  s  utiles,  aut  necessâriae  visœ  fuérunt, 
seléctas  sunt,  qusedam  éliam  ddditœ  et  simul  ad  for- 
mam  et  nûmerum,  quae  in  Aula  prasséntis  Capituli 
publicabûntur,  redâctae,  in  pôsterum  vim  Statûti  ha- 
bitûrœ,  caeteris  qua;  ad  Ordinem  integrum  et  has  Sta- 
tutôrum partes  spectant,  in  ista  publicatiône  non  con- 
téntis,  resecâtis,  dliis  vero  quae  ad  singuldres  Provin- 
cias  et  Domos  pertinent  in  suo  rôbore  semper 
remanéntibus. 


ORDINATIO  CAPITULI  GENERALIS  ANNI     l68o. 

Ordinatiônem    praecedéntis    Capituli,  quœ    încîpit  : 
Quia  ubi'que  majôrum  Statutôrum,  etc.  confirmdmus. 

34 


—  53o  — 

Frater  Innocéntius  hûmilis  Prior  Cartûsias  caeterique 
Difhnitôres  Capitulôrum  Generâlium  annis  1679.  et 
1680.  in  Majôri  Cartûsia  celebratorum  univérsis  Car- 
tusiénsis  Ordinis  alûmnis,  et  proféssis  salûtem,  et 
propôsiti  certâminis  felfcem  cursum.  Cum  nihil  nobis 
post  Sancta  Christi  Evangélia  Sacrâmque  Scriptûram 
sit  magis  necessârium,  quam  Statûta  Ordinis,  ad  quo- 
rum normam  Christo  militâre  proféssi  sumus,  et  in 
quibus  média  ad  sermônes  ejus  servândos  nobis  pré- 
fixa reperimus  ;  ideo  omni  qua  potûimus  diligén- 
tia  laborâvimus,  ut  in  hac  nova  Editiôue  nihil  omit- 
terétur,  quod  illôrum  rectas  intelligéntiae  atque  obser- 
vântiae,  habita  ratiône  multôrum  quee  seculôrum 
experiéutia  sensim  edôcuit,  posset  desiderâri  ;  qua  de 
causa  Ordinatiônes  Capitulôrum  Generâlium  suis  locis 
attexûimus,  nihil  étiam  relinquerétur  inemendâtum  ex 
his  quas  témporum  ratiône  et  fori  Ecclesiâstici  rao- 
dérna  praxi  exigéntibus,  Sancta  Sedes  Apostôlica,  cui 
omnimodam  subjectiônem  et  obediéntiam  devovémus, 
commendâverat  expriméndum.  Hune  ergo  librum  di- 
ligéntius  revôlvite,  et  véluti  panem  quotidiânum 
masticâre  satâgite.  Ad  hoc  enim  singulâri  Ordina- 
tiône  preecépimus,  ut  singuli  Mônachi  illum  pênes  se 
hâbeant  ;  nec  étiam  déerunt  aliquândo  Convérsis,  et 
Moniâlibus  exemplâria  Tertiœ  partis  in  linguam  ver- 
nâculam  conversa;.  Quod  autem  verba  exhortatiônis 
de  correctiône  paulo  dûrius  prius  expressa,  verbis  le- 
niôribus,  salva  tamen  rerum  substântia,  nunc  profe- 
rântur,  id  tum  justitia,  tum  discretiône  exigéntibus 
factum  est  :  Justitia,  quia  re  vera  ulcéribus  de  facto 
non  apparéntibus,  aut  rarissime  in  paucis  existéntibus, 
non  débet  pûblicum,  aut  commune  omnibus  remédium 
nunc  applicâri.  Discretiône  autem,  quia  juniôres  au- 
ditôres    putântes   exîstere,    et   verum    esse   ad   litteram, 


r  n 

—  33 


3  I 


quod  ex  succénso  zclo  procédit  matres  imitante,  quse 
ex  pûeri  casu  statim  filium  suum  clamant  esse  môr- 
tuum,  inde  quandôque,  ut  experiéntia  dôcuit,  scanda- 
lizântur.  Porro  de  sola  exhortatiône  âgitur,  et  non  de 
observântia  dliqua  Regulâri.  De  quibus  omnibus  vos 
étiam  mônitos  esse  volûimus  praesénti  série,  ut  nul- 
lfus  ofFendîculi  occasione  relîcta,  hoc  opus  libéntius 
suscipiâtis,  reveréntius  observétis,  et  inde  forma  Car- 
tusiâne  vivéndi  assûmpta  religioséque  servâta,  ad  bra- 
vîum  supérnae  vocatiônis  perveniâtis,  in  Christo  Jesu 
Domino  nostro,  cui  est  honor,  et  glôria  in  sécula  se- 
culôrum.    Amen. 


26. 


LETTRES  PATENTES  DE    LOUIS  XIV 
SUR  LES  PRIVILÈGES  ACCORDÉS  A  L'ORDRE  DES  CHARTREUX. 

JOUIS, par  la  grâce  deDieu,  roi  de  France  et  de  Na- 
varre, dauphin  de  Viennois,  comte  de  Valentinois, 
Diois,  comte  de  Provence,  Forcalquier  et  terres  adja- 
centes ;  à  tous  présents  et  à  venir,  salut.  Entre  les  privi- 
lèges que  nos  saints  pères  les  papes  ont  ci-devant  accor- 
dé à  Tordre  des  Chartreux,  celui  de  l'exemption  des 
dîmes  pour  les  terres  qu'ils  cultivent  par  leurs  mains, 
ou  qu'ils  l'ont  valoir  à  leurs  dépens,  même  des  bestiaux 
qu'ils  nourrissent  à  leurs  frais,  est  un  des  plus  considé- 
rables et  des  mieux  établis  ;  comme  aussi  de  jouir  des 
novales  dans  tous  les  lieux,  terres  et  domaines  où  ils 
ont  droit  de  prendre  les  grosses  dîmes  ;  en  sorte  qu'ils  y 
ont  été  maintenus  par  divers  arrêts  de  nos  cours  souve- 
raines, conformes  en  cela  aux  bulles  des  papes  Céles- 
tin  III,    de  Tannée    1192;    d'Innocent  III,  de  Tannée 


D  Ô  2 


1202  ;  Jean  XXII,  de  Tannée  i  3  1 8  ;  d'Innocent  VI, 
1 362  ;  Grégoire  XI,  1 3 7 1  ;  Clément  VII,  i3go  ;  Martin  V, 
1480;  Pie  II,  1466;  Sixte  IV,  1481  ;  Pie  V,  1 5 6 7  ; 
Sixte  V,  1  588  ;  Grégoire  XV,  1623  ;  et  Urbain  VIII, 
1644;  et  aux  lettres-patentes  des  rois  nos  prédécesseurs 
Louis  XI,  1465  ;  Louis  XII,  1498;  François  I,  i5i6 
et  020;  Henri  II,  1547;  Henri  III,  1  5 7 5  ;  Henri  IV, 
1596;  Louis  XIII  notre  très-honoré  seigneur  et  père, 
de  Tannée  161 1,  qui  leur  ont  été  accordées  pour  laisser 
à  la.  postérité  des  marques  certaines  de  Testime  singu- 
lière qu'ils  ont  toujours  fait  de  leur  piété  :  aussi  est-il 
bien  juste  que  Taustérité  de  leur  vie  régulière  et  exem- 
plaire soit  du  moins  par  nous  récompensée  de  quelque 
prérogative  particulière,  surtout  dans  notre  royaume 
où  cet  ordre  a  pris  sa  naissance  depuis  plusieurs  siècles, 
et  où  le  chef  y  a  établi  sa  résidence  avec  tant  de  fermeté, 
que  comme  il  ne  s'en  éloigne  jamais,  il  y  attire,  par 
ce  moyen,  de  tous  les  autres  royaumes  étrangers,  les 
principaux  officiers  dudit  ordre,  lesquels,  tous  les  ans, 
y  viennent  prendre  et  recevoir,  dans  les  chapitres  géné- 
raux qui  y  sont  célébrés,  les  lumières  nécessaires  pour 
s'entretenir  et  se  conserver,  comme  ils  ont  fait  jusqu'à 
présent,  sans  aucune  relâche  ni  diminution,  dans  la 
vigueur  et  pureté  de  leur  première  institution  ;  ce  qui 
nous  est  si  agréable,  que  nous  ne  pouvons  assez  leur 
témoigner  la  satisfaction  que  nous  en  avons  ;  et  en 
attendant  que  nous  leur  en  donnions  des  marques  plus 
particulières,  nous  sommes  fortement  sollicités  par  no- 
tre propre  mouvement  de  leur  continuer  et  confirmer 
les  mêmes  droits  et  privilèges  qui  leur  ont  été  ci-de- 
vant accordés,  tant  en  général  qu'en  particulier,  par 
nos  saints  pères  les  papes  et  les  rois  nos  prédécesseurs, 
pour  lever,  autant  qu'il  nous  est  possible,  tous  les  obs- 
tacles qui  pourroient  leur  être  opposés  à  l'avenir  dans 


r>  3  S 


les  temps  les  plus  difficiles  et  les  moins  favorables  :  A 
ces  causes,  et  pour  obliger  davantage  lesdits  religieux 
à  continuer  leurs  prières  pour  notre  prospérité  et  bien 
de  notre  état,  de  l'avis  de  notre  conseil  qui  a  vu  les 
bulles  et  lettres-patentes  ci-dessus  déclarées,  et  autres 
attachées  sous  le  contre-scel  de  notre  chancellerie,  avons, 
de  notre  grâce  spéciale,  pleine  puissance  et  autorité 
royale,  approuvé,  loué,  confirmé  et  ratifié,  approuvons, 
louons,  confirmons  et  ratifions  par  ces  présentes,  signées 
de  notre  main,  toutes  et  chacunes  desdites  bulles,  pri- 
vilèges, lettres-patentes  accordées  audit  ordre,  tant  en 
général  qu'en  particulier,  par  nos  saints  pères  les  papes 
et  les  rois  nos  prédécesseurs,  voulons  et  nous  plaît  que 
lesdits  religieux  en  jouissent,  et  leurs  successeurs,  à 
perpétuité,  tout  ainsi  que  si  ils  étoient  ci-après  plus 
particulièrement  expliqués  et  désignés,  sans  qu'ils  puis- 
sent être  chargés,  taxés  et  cotisés,  à  présent  ou  à  l'ave- 
nir, pour  les  impositions,  tant  anciennes  que  nouvelles, 
de  quelque  nature  qu'elles  soient,  sous  prétexte  de  né- 
cessité urgente  de  l'état  ou  autrement,  dont  nous  les 
avons  d'abondant,  ensemble  leurs  frères  convers,  don- 
nés, gens  familiers,  serviteurs,  domestiques,  et  chacun 
d'eux,  déclaré  et  déclarons  à  toujours  francs,  quittes  et 
exemps  de  tous  droits  de  dîmes,  quatrième,  treizième  et 
impositions;  tailles,  emprunts,  gabelles  et  autres  aides  ; 
subsides,  redevances  et  subventions  octroyées  et  à  oc- 
troyer, tant  par  le  saint-siége  apostolique,  par  l'église 
et  le  clergé  de  ce  royaume  et  de  notre  état,  que  par 
quelqu'autre  de  nos  sujets  ;  ou  autrement,  pour  le  fait 
de  nos  guerres,  gens  d'armes,  fortifications,  réparations, 
corvées;  sans  aussi  qu'ils  soient  tenus  de  nous  payer 
aucuns  péages,  acquits,  travers,  droits  d'entrée,  barrage, 
issues,  traites  foraines,  rouage,  vinage  et  avalagc,  en 
quelques  villes,  cités,  châteaux,  forteresses,  ponts,  ports. 


-  534  — 

passages,  chaussées,  rivières  de  notre  obéissance,  et 
autres  choses  quelconques,  pour  quelque  cause  et  occa- 
sion quelles  puissent  être  mises  pour  le  présent  ou 
pour  l'avenir,  à  cause  de  la  vente  ou  de  l'achat  qu'ils 
l'ont  ou  pourroient  faire  de  leurs  vins,  bleds,  fruits,  dé- 
pouilles, nourriture,  chevaux,  bœufs,  vaches,  moutons, 
brebis  et  autres  bestiaux;  poissons  et  autres  quelcon- 
ques biens  échangés,  vendus  et  achetés;  notre  intention 
étant  que  lesdits  religieux,  ensemble  et  leurs  succes- 
seurs, leurs  frères  convers  ,  donnés,  gens  familiers, 
serviteurs,  domestiques,  demeurent  francs,  quittes  et 
exempts  de  toutes  lesdites  impositions,  charges,  taxes, 
et  généralement  de  celles  qui  se  paient  et  se  lèvent 
en  ce  royaume,  et  se  pourroient  payer  ci-après  sur  les 
personnes,  fonds,  terres,  domaines  et  denrées  qui  sont 
dans  le  commerce,  même  des  droits  de  francs-fiefs,  nou- 
veaux acquêts  et  amortissements  ;  sans  préjudice  néan- 
moins des  droits  d'indemnité,  si  aucuns  sont  dûs  aux 
seigneurs  féodaux  et  censiers.  Voulons  et  nous  plaît 
qu'ils  jouissent  pareillement  de  leur  chauffage,  franc- 
salé,  droits  de  pêche  et  de  toutes  autres  choses  à 
eux  accordées,  sans  en  rien  excepter,  tout  ainsi  qu'ils 
en  ont  bien  et  dûment  joui  et  usé,  jouissent  et  usent 
encore  à  présent,  sans  aucune  modification  ni  restric- 
tion ;  mettant  au  surplus  lesdits  religieux,  leurs  servi- 
teurs et  domestiques,  biens  et  domaines,  sous  notre 
protection  et  sauvegarde  ;  et  voulons  qu'ils  jouissent 
des  mêmes  privilèges, 'droits  et  prérogatives  que  si  ils 
étoient  tous  de  fondation  royale,  les  déchargeant  pour 
ce,  et  en  outre  leurs  successeurs,  de  donner  aliments, 
nourriture  ou  logements  dedans  ou  dehors  de  leurs 
maisons,  argent  ni  chose  quelconque,  aux  soldats  estro- 
piés ou  autres  gens,  nonobstant  toutes  les  adresses 
de  lettres-patentes  que  nous  avons  dès-à-présent  révo- 


—  535  — 

quées.  Si  donnons  en  mandement  à  nos  amés  et  féaux 
conseillers  les  gens  tenant  nos  cours  de  parlement, 
chambre  des  comptes,  cours  des  aides,  et  autres  nos  jus- 
ticiers et  officiers  qu'il  appartiendra,  chacun  en  droit 
soi,  que  les  présentes  ils  aient  à  faire  registrer,  et  du 
contenu  en  icelles  faire  jouir  et  user  lesdits  religieux, 
convers,  donnés,  gens  familiers,  serviteurs  et  domes- 
tiques, et  leurs  successeurs,  pleinement,  paisiblement  et 
perpétuellement,  cessant  et  faisant  cesser  tous  troubles 
et  empêchements  au  contraire;  et  si,  au  préjudice  des 
présentes,  ils  étaient  contraints  de  payer  aucune  chose, 
nosdits  officiers,  chacun  en  droit  soi,  feront  rendre  et 
restituer  ce  qui  aura  été  payé,  et  tout  remettre  au  pre- 
mier état,  nonobstant  tous  édits,  ordonnances,  arrêts  et 
règlements  à  ce  contraires,  auxquels  pour  ce  regard,  et 
sans  tirer  à  conséquence,  nous  avons  dérogé  et  déro- 
geons par  ces  présentes. Voulons  qu'aux  copies  d'icelles, 
dûment  collationnées  par  un  de  nos  amés  et  féaux  con- 
seillers-secrétaires, maison,  couronne  de  France  et  de 
nos  finances,  il  soit  ajouté  foi  tout  ainsi  qu'à  l'original  : 
car  tel  est  notre  plaisir.  Et  afin  que  ce  soit  chose  ferme 
et  stable  à  toujours,  nous  avons  fait  mettre  notre  scel 
à  cesdites  présentes,  sauf  en  autre  chose  notre  droit  et 
l'autrui  en  tout.  Donné  à  Paris  au  mois  de  janvier, 
Tan  de  grâce  1 663 ,  et  de  notre  règne  le  vingtième. 
Signé  Louis....  Et  sur  le  repli,  par  le  roi-dauphin,  Le- 

tellikr Et  à  côté  visa,   Seguier,  pour  servir  aux 

lettres  de  confirmation  des    privilèges   de   l'Ordre  des 
Chartreux.   » 

«  Registrées  au  parlement  de  Paris,  le  3  février  1 663. 

Signé  Dutillet En  chambre  des  comptes  de  Paris, 

le  7    mars  1 663.   Signé  Richier Au  greffe  de  la 

cour  des    aides  de    Paris,   le    25    octobre    1 663.   Signé 
Dumoulin En   la  chambre  du  trésor  de  Paris,  le  9 


—  536  — 

janvier   1670.    Signé  Héron Au  greffe  de  la   ville 

de  Paris,  le    14  d'août   i665.   Signé  Lemaire Au 

parlement    de   Toulouse,    le    12    janvier    1667.    Signé 

de  Malenfant Au  parlement  de   Bordeaux,  le  23 

novembre  16S8.  Signé  de  Vuicueras Au  parlement 

de  Dijon,  le  26  février  1667.  Signé  Jolly Au  par- 
lement de  Grenoble,  le  18  décembre  1666.  Signé  Cu- 
ghet Au  parlement  d'Aix,  le  18  janvier  1667.  Si- 
gné Estienne Au  parlement  de  Rennes,  le  26  avril 

1667.  Signé  Malescot En  la  chambre  des  comptes 

de  Dijon, au   bureau    des  finances   de  Toulouse.... 

de  Dauphiné,...  de  Provence, etc.,  etc.  ,  etc.   » 


27. 


ORDINATIO  CAPITULI   GENERALIS 

ANNI    I  542, 

DE    LECTURA  LINGU.E  GR.ECvE 

A      CARTUSIANIS     NON     FREQUENTANDA. 

[NNIS  prœteritis  facta  est  ordinatio  et  prohibitio  in 
|Capitulo  Generali  super  lectura  librorum  Erasmi, 
tanquam  Cartusianas  Religioni  contraria  ,  et  minus 
necessaria,  et  ob  id  reprobata.  Jam  vero  nonnulli 
sunt,  qui  apud  semetipsos  non  tantum  scioli  videri 
volunt,  verum  etiam  affirmant  hi  neminem  ad  veram 
scientiam,  et  intellectum  Scriptura  posse  pervenire, 
nisi  in  lingua  gra?ca  sit  eruditus.  Igitur  quidam  obli- 
ti  sanctae  rusticitatis  nostri  Propositi,  ut  apud  vulgares 
scioli  videantur,  tempus  pro  sacris  lectionibus  ipsis 
concessum  expendunt,  quadam  animi  curiositate  in 
litteris  graecis  nonnullis  simul,  et  hebraicis.  Quaprop- 
ter   hortamur   in    Domino  omnes  nostros   subditos.  ut 


—  53;  — 

sint  memores  arrepti  Propositi,  et  Cartusianœ  simplici- 
tatis,  ut  désistant  ab  hujusmodi  curiositate,  tempusinfru- 
ctuose  expendendo  inhisce  litteris  praescriptis.  Sed  potius 
studeant  semetipsos  exercere  in  piis  exercitiis  vitae  Jesu 
Christi,  qui  nos  docuit  verbo,  et  exemplo  mititatem  , 
et  humilitatem  ;  ut  sic  talibus  exercitiis  valeant  perve- 
nire  ad  secretoria  interioris  hominis,  quod  quidem 
nostra  vocatio  requirit.  Alioquin  hujusmodi  lecturam 
grsecarum  litterarura  non  omittentes  per  Visitatores 
Provincial  arceantur  ab  eisdem  ;  et  si  necesse  fuerit, 
non  desistentes  semel  moniti  ab  eisdem  Visitatoribus 
corrigantur,  ut  arteri  timorem  habeant.  Quod  et  ipsis 
Visitatoribus  injungimus. 


28. 


BULLA  JLLII  PAP.K  II 

QUA  PROHIBKT  MULIERIBUS 

NE    DOMOS  CARTUSÏANORUM   INGREDIANTUR. 

ULIUSPapasecundus:  dilectisFiliis,  Priori  Gene- 
rali,  Diffinitoribus,  etCapitulo  Ordinis  Cartusien- 
sis.  Dilecti  filii.  salutem  et  Apostolicam  benedietionem. 
Pro  parte  vestra  nobis  expositum  fuit  :  quod  licet 
felicis  recordationis  Eugenius  Papa  IV.  et  nonnulli 
alii  praedecessores  nostri  Romani  Pontifices,  per  co- 
rum  litteras  Apostolicas  perpetuo  specialiter  concesse- 
rint  Priori  et  Fratribus  Do  m  us  Beatae  Marias  de  Bel- 
lilarico  Antisiodorensis  diœcesis,  et  nonnullis  aliis 
Domibus  dicti  Ordinis:  ut  univcrsi  Christi  fidèles  in 
certis  festivitatibus  Ecclesias  Domorum  earumdem  vi- 
sitantes, et  pro  illarum  reparationc  manus  porrigentes 
adjutrices,  certas  peccatorum  remissiones  et  Indulgen- 


?  D  fS    

tins  consequerentur,  et  specialiter,  ut  ad  eumdem 
effectum  contra  ipsius  Ordinis  Generalia  Instituta, 
mulierihus  liceret  easdem  Ecclesias  visitare  et  intrare. 
Tamen  quia  tempore  praecedente,  id  quod  ,ad  bonum 
finem  sexui  fœmineo  circa  praemissa  ex  gratia  per- 
missum  fuit,  ad  noxam  et  dissolutionem  et  persona- 
rum  inibi  divino  servitio  mancipatarum,  et  totius  Re- 
ligionis  vestrx-  scandalum  cedere  posse  dubitatis,  et 
attento  quod  per  easdem  litteras  domibus  eisdem 
concessum  extitit,  ut  personne  illae  quae  légitime  im- 
peditee,  Ecclesias  ipsas  personaliter  visitare  non  pos- 
sent,  si  eleemosynas  eisdem  Ecclesiis  mittendo  per 
alios  eas  visitassent,  easdem  indulgentias  conseque- 
rentur :  et  proinde  humiliter  supplicatum  fuit,  ut  hu- 
jusmodi  scandalo  obviare  paterna  charitate  vellemus. 
Idcirco  Nos  vestris  supplicationibus  inclinati,  licentiam 
et  permissionem  mulieribus  intrandi  Ecclesias  Domo- 
rum  praedictarum,  sive  ut  eas  Ecclesias  hujusmodi  in- 
trare permittere  possinr,  Prioribus,  Fratribus,  et  Do- 
mibus prasdictis,  ut  praefertur,  concessas,  prœsentium 
tenore,  Apostolica  auctoritate  revocamus,  et  quoad  hoc 
viribus  vacuamus,  illis  alias  in  suo  robore  perman- 
suris  :  Vobisque  praesentium  tenore  committimus,  et 
mandamus,  ut  statuta  Ordinis  vestri  hujusmodi  invio- 
labiliter,  etiam  per  Priores,  Fratres,  Conversos,  et 
personas  Domorum  earumdem  observari  mandetis  et 
faciatis,  contradictoresque  et  rebelles  per  censuram 
Ecclesiasticam,  et  alia  Statutorum,  et  Consuetudinum 
laudabilium  Ordinis  prsefati  remédia  compescatis  ; 
Non  obstantibus  etc.  Datum  Romœ  apud  S.  Petrum 
sub  annulo  Piscatoris,  die  VII.  Januarii,  millesimo 
quingentesimo  sexto.  Pontif.  nostri  Anno  III.  Sigis- 
mundus. 


OÔQ    — 


29 


BULLA  JULII  PAP.E   II 
QUA  PROHIBET  VIRIS  ET  MDLIERIBUS 

NE    INGREDIANTUR    MONASTERIA    MONIALIUM 
ORDINIS  CARTUSIENSIS. 

ULIUS  Papa  secundus:  dilectis  riliis,  Priori  Ma- 
Hjjoris  Domus  Cartusia?,  et  Diffinitoribus  Capituli 
Generalis  Ordinis  Cartusiensis.  Dilecti  tilii,  salutem  et 
Apostolicam  Benedictionem. 

Exponi  nobis  fecistis,  quod  licet  per  regularia  In- 
stituta  Ordinis  Cartusiensis  et  Canonicas  sanctiones 
omnibus  :  praesertim  viris,  ta  m  srecularibus,  quam  re- 
gularibus  inhibeatur,  ne  Monasteria  Monialium  dicti 
Ordinis  ingrediantur  :  tamen  nonnulli  viri  sub  prae- 
textu  visitandi  eorum  consanguineos,  et  affines  in  Mo- 
nasteriis  ipsius  Ordinis  existentes,  aut  aliis  exquisitis 
viis,  Monasteria  Monialium  praefati  Ordinis  absque 
licentia  vestra  ingredi  praesumant,  ex  quo  non  parva 
scandala  possent  verisimiliter  exoriri.  Quare  pro  parte 
vestra  nobis  fuit  humiliter  supplicatum,  ut  super  his 
opportune  providere  de  Benignitate  Apostolica  digna- 
remur.  Hoc  igitur  cupientes,  ut  Moniales,  et  Deo  di- 
catae  persona;,  honestam,  pudicam,  et  castam  vitam 
conservent,  hujusmodi  supplicationibus  inclinati,  qui- 
buscumque  tam  viris,  quam  mulieribus  cujuscumque 
conditionis  existentibus,  ne  Monasteria  Monialium 
dicti  Ordinis  :  etiam  praetextu  quarumeumque  licen- 
tiarum  eis  desuper,  etiam  per  Sedem  Apostolicam 
concessarum,  absque  Prioris  Majoris  Domus  Cartusiae, 
et  Diffiniiorum  Capituli  Generalis  dicti  Ordinis  pro 
tempore  existentium,  aut  eorum  Commissariorum  vel 


—  b4o  — 

locum  tenentium,  licentia  speciali  ingredi  praesumant, 
sub  Excommunicationis  lata?  sententiae  pœna  harum 
série  districtius  inhibemus.  Non  obstantibus  etc.  Da- 
tum  Romce  apud  Sanctum  Petrum,  sub  annulo  Pisca- 
toris,  die  XV.  Junii,  millesimo  quingentesimo  octavo, 
Ponlificatus  nostri  anno  quinto.    F.   Ponzetus. 


30. 


BULLA    LEONIS  PAP.E  X 

PRO  DOMO   S.    STEPHANI    DE  NEMORE 

IN   QUA    SUPPRIMIT  DIGNITATEM  ABBATIALEM 

ET  CISTERSIENSEM  ORDINEM,  ET  CONCEDIT  UT  IBI  CARTUSIENSES, 

SICUT   ANTIQUITUS  REGULARITER  VIVEBANT,  INTRODUCANTUR. 

AD    ANN.    I  5  I  3  . 

EO  Episcopus  Servus  Servorum  Dei,  DilectisFiliis 
|universis  Fratribus  Cartusiensis  Ordinis,  salutem 
et  Apostolicam  benedictionem. 

Apostolicas  Sedis  consueta  benignitas,  ne  dispositio- 
nes  de  Monasteriis  et  aliis  regularibus  locis  per  eam  pro 
tempore  facta?,  valeant  quomodolibet  impugnari,  remé- 
dia prout  convenit,  adhibet  opportuna.  Cum  itaque 
nos  hodie  ex  certis  causis  in  Monasterio  S.  Stephani 
de  Bosco  Cisterciensis  Ordinis  Squillacen.  Diaecesis, 
certo  modo  ,  quem  pro  expresso  habemus  vacante  de 
Fratrum  nostrorum  consilio  auctoritate  Apostolica  di- 
gnitatem  Abbatialem,  et  dictum  Cistercien.  Ordinem 
perpetuo  supprimere,  ex  extinguere,  ac  Cartusiensem 
Ordinem,  ita  ut  de  cœtero  Monasterium  ipsum,  non 
Monasterium,  sed  Domus  ejusdem  S.  Stephani  nun- 
cupetur,  instituere,  illamque  cum  omnibus,  et  singulis 
ejus   mobilibus,  et  immobilibus  bonis,  juribus.    perti- 


—  541  — 

nentiis  suis,  vobis  per  nos  juxta  vestros  ritus,  et  mores 
et  regularia  ipsius  Cartusiensis  instituta,  et  prout  aliae 
dicti  Cartusiensis  Ordinis  Domus  reguntur,  et  guber- 
nantur,  regendam  et  gubernandam  perpetuo  concedere 
intendimus  :  Nos  ne  si  forte  vos  aliquibus  sententiis, 
censuris ,  et  pœnis  Ecclesiasticis  ligati  existitis,  sup- 
pressio,  extinctio,  institutio  et  concessio  praedictcC  pos- 
sit....  quomodo  libet  impugnari  providere  volentes, 
quemlibet  vestrum  a  quibusvis  excommunicationis , 
suspensionis,  et  interdicti,  aliisque  Ecclesiasticis  sen- 
tentiis, censuris,  et  pœnis,  a  jure,  vel  ab  homine,  qua- 
vis  occasione,  vel  causa  latis,  si  quibus  quomodolibet 
innodati  existitis,  ad  hoc  duntaxat,  ut  suppressio,  ex- 
tinctio ,  institutio,  et  concessio  praedictae,  ac  singulae 
litterae  Apostolica?  desuper  conriciendie  suum  sortiantur 
effectum,  auctoritate  Apostolica  tenore  prœsentium  ab- 
solvimus,  et  absolutos  fore  et  esse  pronuntiamus.  Non 
obstantibus  constitutionibus ,  et  ordinationibus  Apos- 
tolicis  ac  Ordinum  praedictorum ,  juramento,  Conrir- 
matione  Apostolica,  vel  quavis  firmitate  alia  roboratis, 
statutis,  et  Consuetudinibus,  cceterisque  contrariis  qui- 
buscumque.  Nulli  ergo  omnino  hominum  liceat  hanc 
paginam  nostras  absolutionis  et  enunciationis  infrigere, 
vel  ei  ausu  temerario  contraire  ;  Si  quis  autem  hoc 
attentare  prœsumpserit ,  indignationem  Omnipotentis 
Dei ,  et  Beatorum  Pétri  ,  et  Pauli  Apostolorum  ejus 
se  noverit  incursurum.  Datum  Romaj  apud  S.  Petruni  ; 
Anno  Incarnationis  Dominiez  millesimo  quingente- 
simo  tertiodecimo  ;  decimo  septimo  Kalend.  Januariî, 
Pontihcatus  nostri  anno  primo. 


—  542  — 

31. 

ORDINATIO  CAPITULI  GENERALIS 
ORDINIS     CARTUSIENSIS,     AN.      I/23. 
PRO     SEPTEM    PROVINCIIS    FRANCLE. 

L  O  zelo  Capitulum  générale  semper  sieterit  ut  in 
jOrdine  Cartusiensi  nulke  unquam  admitterentur 
novitates  testantur  ordinationesplerumque  factae,et  prae- 
sertim  ordinatio  anni  1710  quam  renovamus  et  Confir- 
mamus:  nam  sicut  omnes  unam  eamdemque  vocatio- 
nem  amplexati  sumus,  prœstat  ut  solliciti  simus  servare 
unitatem  spiritus,  praestat  ut  idipsum  discamus  omnes 
unanimes,  idipsum  sentientes,  donec  occurramus  in 
unitatem  fidei  et  agnitionem  Fili  Dei  :  huic  testimonium 
perhibuit  Petrus  qui  de  variis  hominum  de  Christo 
opinionibus  interrogatus,  respondit  et  dixit  :  «  Tu  es 
Christus  Filius  Dei  vivi  :  »  hanc  Pétri  confessionem  in- 
declinabilem  teneamus  et  tidei  Pétri  et  successorum  ejus 
quœ  nunquam  deficiet  firmiter  adhaerentes  non  desis- 
tamus  nostram  in  una  fide  collectionem  sub  uno  visibili 
capite  Romano  Pontifice,Christi  in  terris  vicariocoadu- 
natam.  Audiamus  eum  cujus  est  confirmare  fratres 
suos,  cujus  est  et  pascere  oves  et  agnos  Christi. 

Stat  totus  orbis  Catholicus  pro  constitutione  Unige- 
nitus  ;  stat  pro  ea  totum  istud  Gallia?  regnum  ;  hanc 
acceptarunt  episcopi  pêne  universi  ;  huic  favent  diplo- 
mata  regia  et  supremarum  omnium  curiarum  sanctio- 
nes  :  quocirca  ut  ecclesiastiae  et  regia?  potestati  praeste- 
mus  obsequium,  ordinamus  ut  nullus  in  ordine  nostro 
recipiatur  novitius,  nullus  ad  ordines  promoveatur,  nul- 
lus regimini  animarum  praeficiatur,  nisi  prius  subscri- 
pserint  formulario  Alexandri  VII  ;  et  nisi  ore,  quo  con- 


-  543  - 

fessio  rit  ad  salutem,  se  corde  et  animo  subjeetos  esse 
declaraverint  constitutionibus  Summorum  Pontificum 
Innocentii  X,  Alexandri  VII  et  bullae  Clementis  XI  quœ 
incipit  :  Vineam  Domini  Sabaoth  contra  Jansenianos 
errores  promulgatis  et  in  regia  declaratione  mensis  au- 
gusti  anni  1720,  memoratis,  atque  servari  firmiter prae- 
scriptis  ac  nominatim  îllae  ejusdem  Clementis  XI  quae 
incipit  Unigenitus.  Quod  si  quis  Prior  aut  oflficialis 
aut  alia  quaevis  perso na  Ordinis  praefatae  constitutioni 
rebelli  sextiterit  eam  impugnando,aut  ab  ea  appellando, 
tanquam  inobediens  Sedi  Apostolicie  et  regiis  decla- 
rationibus,  ut  perturbator  ecclesiasticae  unitatis  et  totius 
Christianismi   regni  tranquillitatis  puniatur. 

Stricte  igitur  invigilent  visitatores  et  Priores  ut  ser- 
vetur  prcesens  ordinatio  una  cura  ordinatione  anni  1710 
qua  omnibus  personis  Ordinis  interdicuntur  novatorum 
libri  hœresim  jansenianam  redolentes,  quos  denuo  in- 
terdicimus  universis;  atque  hos  insuper  libros  praefatae 
institutioni  adversantes  nulli  nostrum  liceat  légère,  sed, 
ut  a  solitudinibus  nostris  omnes  libri  suspecti  et  personae 
suspectas  prorsus  arceantur,   districte  praecipimus. 


32. 

LETTRE    DU    R.    P.    DE    MONTGEFFOND 

AUX    RELIGIEUX    CHARTREUX    RETIRÉS    EN    HOLLANDE 

A    L'OCCASION   DE    LA   CONSTITUTION    UNIGENITUS. 

IES  Chers  Enfans  (car  je  vous  reconnois  encore 
jsous  cette  qualité)  sans  attendre  que  vous  reve- 
niez de  vous-mêmes  au  troupeau  dont  vous  vous  êtes 
si  malheureusement  écartez,  sans  attendre  que  vous 
disiez  avec  ce  fils  fugitif  et  dénaturé,  Surgam  et  ibo  ad 


—  044  — 

Patrem,  je  vay  vous  chercher  dans  vôtre  égarement,  et 
vous  presser  avec  toute  la  tendresse  qu'un  Père  est  ca- 
pable de  ressentir,  de  rentrer  dans  la  bergerie,  et  dans 
le  sein  paternel  dont  vous  êtes  sortis.  C'est  vôtre  sort 
infortuné,  et  le  péril  évident  de  vôtre  salut  qui  me  tou- 
chent, et  non  les  libelles  que  vous  avez  répandus  dans 
le  public,  pour  l'indisposer  contre  la  conduite  de  l'Ordre 
et  la  mienne.  De  pareils  écrits  ne  peuvent  être  regardez 
que  comme  l'ouvrage  de  ceux  qui  vous  ont  séduits,  et 
ne  peuvent  être  approuvez  que  de  ceux  qu'ils  ont  enga- 
gés dans  leurs  erreurs.  Malgré  ces  apologies,  tout  ce 
qu'il  y  a  au  monde  de  bons  Catholiques  ne  voit  en  vous 
(je  le  dis  avec  la  plus  vive  douleur)  que  des  transfuges 
de  l'Eglise  Romaine,  et  de  la  sainte  Profession  que  vous 
avez  vouée  à  la  face  des  Autels. 

Le  Souverain  Pontife  Clément  XI,  d'heureuse  mé- 
moire, condamne  un  Livre  pernicieux  par  la  Bulle  Uni- 
genitns?  Cette  Bulle  est  reçeùe  par  tous  lesEvêques  du 
monde  hors  un  très  petit  nombre  de  ceux  du  Rovaume. 
Le  Roy  Louis  XIV,  de  glorieuse  mémoire,  Pauthorise 
par  ses  Lettres  Patentes,  et  la  reconnoit  par  ses  Arrêts 
pour  loy  de  l'Eglise  comme  elle  Test  de  l'Etat.  Nôtre 
Chapitre  Général  en  conséquence  ordonne  par  son  Dé- 
cret Quo  \elo,  que  cette  Constitution  soit  reçeue  par 
tous  les  membres  de  l'Ordre,  et  que  tous  déclarent  de 
vive  voix  qu'ils  la  reçoivent  de  cœur  et  d'esprit.  Quoy 
de  plus  régulier  que  cette  conduite,  et  de  plus  digne 
d'un  Corps  Religieux  qui  a  toujours  fait  profession  de 
la  soumission  la  plus  entière  aux  loix  de  l'Eglise  et  à 
celles  du  Prince?  Le  Décret  est  lu  ensuite  dans  toutes 
nos  Maisons  aux  jours  prescrits  par  nos  Statuts,  vous 
en  entendez  la  lecture,  et  c'est  le  moment  fatal  où  vôtre 
révolte  a  éclatée.  Fiers  des  réponses  que  vous  aviez  faites 
aux  Supérieurs  qui  exigeoient  de  vous  la  plus  juste  et  la 


■ —  :>_p  — > 

plus  indispensable  obéissance,  vous  les  avez  publiées 
depuis  vôtre  retraite,  dans  le  libelle  intitulé  [Témoi- 
gnage des  Chartreux  contre  la  Constitution  Unige- 
nitus  :  )  comme  si  nôtre  Ordre  étoit  réduit  à  3o.  ou  40. 
Religieux  rebelles  à  toutes  les  puissances;  et  que  tous 
les  autres  qui  y  sont  soumis,  se  fussent  par-là  même 
rendus  indignes  du  nom  de  Chartreux. 

Je  reviens  au  Décret  Quo  \elo  qui  vous  a  servi  de 
Prétexte  dans  vôtre  égarement.  Vous  en  avez  appelle 
d'abord  comme  d'abus  ;  le  Roy  ayant  évoqué  à  son  Con- 
seil le  jugement  de  cet  Appel  a  confirmé  le  Décret  par 
l'Arrêt  de  son  Conseil  du  14.  Aoust  1723.  Dans  l'in- 
tervalle de  tems  entre  le  Chapitre  de  1723,  où  il  a  été 
porté,  et  le  Chapitre  de  1724.  où  il  devoit  être  confirmé; 
vous  avez  présentés  plusieurs  Requêtes  pour  l'empê- 
cher.  Toutes  vos  Requêtes  et  mémoires  ont  été  lus  et 
pesez  dans  ce  dernier  Chapitre,  et  le  Décret  y  ayant  été 
confirmé,  tous  les  Prieurs  Pont  souscrit,  aussi  bien  que 
tous  les  Officiers  et  Religieux  de  la  grande  Chartreuse. 

Par  l'acte  de  confirmation  du  Décret,  il  est  ordonné 
que  tous  les  Sujets  de  l'Ordre  qui  à  l'avenir  refuseroient 
de  s'y  soumettre,  encourroient  les  peines  canoniques 
portées  par  nos  Statuts  n.  2.  chap.  22.  de  la  seconde 
partie,  contre  ceux  qui  refusent  d'obéir  au  Chapitre  gé- 
néral. Cet  acte  de  confirmation  lu  et  publié  dans  toutes 
les  Maisons  de  l'Ordre  conformément  aux  Statuts  et  aux 
jours  y  prescrits  devant  tenir  lieu  d'admonition  cano- 
nique, les  Supérieurs  de  chaque  Maison  ont  demande  à 
leurs  Religieux  s'ils  acquiesçoient  au  Décret  confirmé  ; 
mais  bien  loin, iMes  chers  Enfans', d'écouter  icy  la  voix 
du  devoir  et  de  l'obéissance,  vous  avez  persisté  dans  le 
refus  de  vous  soumettre  ;  quelques  uns  de  vous  ont  ap- 
pelle au  futur  Concile,  ou  renouvelle  leur  appel  au  pré- 
judice de  la  Déclaration  du  Roy  du  mois  d'Août  1720, 

35 


—  5  4^  — 

qui  le  défendoit  ;  d'autres  en  sont  venus  même  jusques 
à  rétracter  la  signature  pure  et  simple  du  Formulaire 
auquel  ils  avoient  souscrit  depuis  plusieurs  années. 

Le  Chapitre  général  de  Tannée  1725, voyant  le  schisme 
et  la  division  se  glisser  insensiblement,  et  que  bien  loin 
de  profiter  de  l'indulgence  dont  on  avoit  usé  jusques-là 
à  vôtre  égard,  vous  tachiez  d'attirer  de  vos  Confrères 
dans  vos  sentimens,  s'est  fait  représenter  les  procez  ver- 
baux des  admonitions  canoniques  qui  vous  avoient  été 
faites,  avec  la  Déclaration  du  feu  Roy  du  mois  de  Fé- 
vrier 1 665,  et  l'Arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  20  Sep- 
tembre 1724,  et  le  tout  meurement  examiné,  considérant 
qu'il  s'agissoit  de  maintenir  l'uniformité  de  la  foy  et  de 
la  discipline,  et  qu'une  fatale  liberté  de  conscience  atti- 
rèrent infailliblement,  selon  l'oracle  de  la  Vérité  même, 
une  funeste  désolation  dans  V  héritage  de  Jésus-Christ  ; 
il  s'est  enfin  déterminé  à  décerner  contre  vous  les  peines 
canoniques  et  médicinales  qui  ne  tendoient  qu'à  humi- 
lier l'esprit  sans  intéresser  le  corps  ;  vous  n'avez  pas 
éprouvé  les  abstinences  ni  les  prisons  dont  vous  affectez 
de  faire  une  peinture  si  affreuse  :  on  s'est  borné  à  en  in- 
terdire quelques  uns  de  vous  des  fonctions  de  leurs 
Ordres,  et  à  en  excommunier  d'autres.  Le  Chapitre  gé- 
néral pouvoit-il  en  user  autrement  à  l'égard  d'un  nombre 
de  Religieux,  auprès  de  qui  on  avoit  tout  employé  pour 
les  engager  à  se  soumettre,  et  qui  persistoient  néanmoins 
dans  la  plus  inflexible  désobéissance  ? 

Nos  Statuts  portent  formellement  que  les  Réfractaires 
aux  Ordonnances  des  Chapitres  généraux  encourent  la 
peine  d'excommunication  lato?  senlcntiœ  ipso  facto, 
n.  2.  chap.  22.  de  la  seconde  partie,  et  ils  adjoutent  que 
la  promulgation  et  publication  de  cette  sentence  est  cen- 
sée faite  par  lesdits  Statuts.  En  vous  voyant  opiniâtre- 
ment rebelles,  et  vôtre  condamnation  portée  par  la  loy, 


a-t-on  pu  se  dispenser  de  s'y  conformer  en  vous  faisant 
subir  les  peines  portées  par  la  loy  ? 

Voila,  Mes  chers  Enfans,  ce  qui  a  forcé  les  Supérieurs 
de   vous    exclurre    de  la  participation   des   Sacremens. 
Tandis  que  vous   persistiez  dans  la   désobéissance   ils 
vous  trouvoicnt  évidemment  dans  le  cas  de  l'excommu- 
nication portée  par  les  Statuts  ;  et  ne  se  seroient-ils  pas 
rendus  coupables  eux-mêmes  de  la   profanation  qu'ils 
auroient  soufferte,  en  vous  laissant  approcher  des  saints 
Mystères?   C'est   donc  à  tort,   Mes  chers   Enfans,   que 
vous  vous  plaignez  de  la  conduite  qu'on  a  tenue  à  vôtre 
égard  ;  vous  prétendez  que  la  conscience  ne  vous  per- 
metioit    pas   d'obéir  ;   mais   vos   Supérieurs  ont-ils  pu 
croire   que  la  conscience    leur  permît   de  vous  laisser 
l'usage  des  Sacremens  avant   que  vous  fussies  rentrez 
dans  la   subordination  ?  Vôtre  dernière   démarche   fait 
bien  voir  jusques  où  alloit  en  vous  l'esprit  d'indépen- 
dance,  lorsque  vous  vous   êtes  déterminez  à  une  fuite 
scandaleuse  au  mépris  de  vos  vœux  de  stabilité  et  d'obé- 
issance ;  ces  liens  sacrés  auroient  paru  indissolubles  à 
tout  autre  :  vous  avez  sçû  vous  rassurer  contre  l'indis- 
pensable obligation  qu'ils  vous  imposoient:  et  sur  quoy 
vous  êtes-vous  rassurez  ? 

On  vouloit,  dites-vous,  vous  obliger  par  les  censures 
d'abandonner  la  vérité.  En  ce  cas-là  même,  il  auroit 
fallu  souffrir  humblement  l'éloignement  des  saints  Mys- 
tères qui  n'auroit  pu  vous  être  imputé,  et  qui  auroit  pu 
même  vous  être  méritoire  par  la  cause  pour  laquelle 
vous  l'auriez  souffert.  Étants  ficielles  à  la  vérité,  il  auroit 
fallu  l'être  aussi  aux  vœux  que  vous  aviez  prononcez  à 
la  face  du  Ciel  et  de  la  terre  ;  ces  deux  devoirs  n'au- 
roient  rien  eu  d'incompatible. 

Vous  avez  beau  exagérer  vos  craintes  et  les  peines  qui 
vous  menaçoient  ;  vous  ne  trouverez  jamais  en  suivant 


—  54S  — 

les  principes  de  la  religion,  de  quoi  authoriser  vôtre 
fuite.  Les  premiers  Chrétiens  quittoient  les  Villes  pour 
fuir  la  persécution;  mais  ils  iVa  voient  point  fait  vœu  de 
stabilité  dans  les  Villes.  11  s'agissoit  pour  eux  d'éviter 
la  mort  et  les  plus  cruels  supplices.  C'est  la  cellule  plus 
étroitement  gardée,  et  l'abstinence  un  peu  plus  rigou- 
reuse qui  vous  fait  violer  les  engagements  les  plus  so- 
lemnels  et  les  plus  sacrez. 

Les  Jansénistes  vous  comparent  aux  premiers  Chré- 
tiens qui  quittoient  les  Villes  pour  fuir  la  persécution; 
et  tous  les  Catholiques  vous  comparent  à  ces  Religieux 
apostats  qui  au  tems  de  Luther  quittèrent  leur  habit  et 
leur  cloître  pour  se  ranger  sous  ses  étendarts  et  professer 
en  liberté  l'hérésie  ;  et  plût  à  Dieu,  Mes  chers  Enfants, 
que  cette  dernière  comparaison  fût  moins  juste  !  Car 
que  dites-vous  pour  vôtre  justification  que  ces  apostats 
ne  pussent  dire  ?  Luther  avoit  appelé  au  futur  Concile 
de  la  Bulle  de  Léon  X.  et  ils  adhéroient  à  son  appel 
comme  vous  adhérez  à  l'appel  interjette  de  la  Constitu- 
tion Unigenitus.  Ils  ne  désertoient,  comme  vous,  de 
leurs  Monastères,  que  pour  professer  librement  la  doc- 
trine condamnée  par  le  Siège  Apostolique,  et  pour 
n'éprouver  pas  la  rigueur  des  peines  canoniques  qu'ils 
ne  pouvoient  éviter  en  demeurant  sous  la  main  de  leurs 
Supérieurs.  Comme  vous,  ils  prétendoient  défendre  la 
vérité,  et  ne  cherchoient  qu'à  mettre  par  la  fuite  leur 
foy  à  couvert.  Je  suis  persuadé,  Mes  chers  Enfans,  que 
vous  êtes  bien  éloignez  de  vouloir  aller  aussi  loin 
qu'eux;  mais  quand  ils  rirent  le  premier  pas  qui  vous 
est  aujourd'hui  commun  avec  eux,  vouloient-ils  aller 
aussi  loin  qu'ils  allèrent  dans  la  suite?  Dez  cette  pre- 
mière démarche  ne  furent-ils  pas  justement  regardez 
comme  doublement  apostats?  Ils  n'en  furent  pas  quittes 
auprès  des  Catholiques,  pour  dire  qu'ils  n'ayoient  son- 


—  D49  — 

gez  qu'à  mettre  leur  foy  en  seureté,  tandis  qu'on  les 
voyoit  révoltez  contre  une  Bulle  qui  n'étoit  pas  même 
à  beaucoup  prez  si  solemnellement  reçeue,  que  celle 
qui  est  aujourd'hui  le  sujet  de  vôtre  désobéissance  et  de 
vôtre  désertion. 

Pour  la  tolérer  cette  désobéissance,  il  falloit  nous  ré- 
soudre à  voir  disparaître  parmi  nous  l'uniformité  de  foy 
et  de  discipline,  et  l'unité  avec  le  saint  Siège  que  nous 
conservons  depuis  prez  de  sept  siècles  ;  il  nous  falloit 
oublier  les  maximes  de  S.  Paul,  Je  vous  conjure,  Mes 
Frères,  par  le  nom  de  nôtre  Seigneur  Jesus-Christ,  de 
n'avoir  tous  qu'un  même  langage  et  de  ne  point  souffrir 
parmi  vous  des  divisions  ;  mais  d'être  unis  tous  en- 
semble dans  un  même  esprit,  et  dans  un  même  sentiment. 
C'est  ce  que  l'Apôtre  disoit  aux  Corinthiens.  Et  il  di- 
soit  aux  Romains  :  Qu'il  n'y  ait  parmi  vous  qu'un  môme 
sentiment  ;  n'aspire^  point  à  paroitre  sages  et  doiie\  de 
connoissances  sublimes  :  accommodez-vous  à  la  soumis- 
sion quelque  humble  qu'elle  vous  paroisse,  ne  soj^e^  point 
sages  à  vos  propres  yeux. 

C'est  à  ces  maximes  de  l'Apôtre,  à  ces  régies  néces- 
saires au  maintien  de  la  foi  et  de  la  discipline,  que  s'est 
conformé  le  Chapitre  général,  en  ordonnant  à  tous  les 
Sujets  de  l'Ordre  de  s'y  conformer  avec  luy  ;  il  n'a  pas 
donné  de  décision  en  fait  de  doctrine, il  a  seulement  reçu 
celle  qui  êtoit  émanée  du  S.  Siège,  et  qui  acceptée  par 
le  Corps  Episcopal,  est  devenue  une  loy  invariable  pour 
tous  les  Fidèles.  Il  n'a  pas  jugé,  il  a  seulement  obéi  au 
jugement  de  l'Eglise  ;  tandis  que  vous,  Mes  chers  En- 
fans,  vous  vous  êtes  faits  les  juges  de  l'Eglise  même,  en 
prononçant  sans  pudeur  dans  vos  écrits  que  la  Bulle 
Unigenitus,  qu'elle  a  reçeue,  est  pleine  d'erreurs,  qu'elle 
est  contraire  à  l'Ecriture,  et  à  la  Tradition,  qu'elle  com- 
bat des  vérités  capitales  de  la    Religion.  Quoy  donc  ! 


—    DDO   — 

Depuis  la  publication  de  cette  Bulle,  n'avons-nous  pas 
les  mêmes  Ecritures  qu'auparavant,  les  mêmes  Evan- 
giles, les  mêmes  Ouvrages  des  saints  Pères,  le  même 
Catéchisme?  Les  Prédicateurs  et  les  Docteurs  catho- 
liques n'enseignent -ils  pas  les  mêmes  véritez  ?  Ne 
croyent-ils  pas  ce  que  croit  l'Eglise  Romaine  de  la  toute 
Puissance  de  Dieu,  du  besoin  de  la  Grâce  et  de  sa  né- 
cessité pour  rendre  nos  œuvres  méritoires  de  la  vie  éter- 
nelle ?  L'on  observe  les  mêmes  régies  dans  l'administra- 
tion des  Sacremens  :  l'Eglise  de  France  jouit  toujours 
de  ses  Libertez,  aussi  bien  que  les  Ecoles  catholiques. 
Si  l'Episcopat  souffre  quelque  atteinte  à  ses  Droits,  c'est 
de  la  part  des  Opposants  à  la  Bulle  et  non  de  la  Bulle 
même.  Nous  n'y  appercevons  pas  ces  monstres  d'erreurs, 
et  ce  renversement  de  discipline,  qu'on  luy  impute:  et 
vous  ne  les  y  appercevriez  pas  non  plus  que  nous,  Mes 
chers  Enfans,  si  vous  étiez  demeurez  dans  la  simplicité 
de  vôtre  état,  et  que  plus  fidèles  à  l'esprit  de  recueille- 
ment et  de  retraite,  vous  eussiez  fermé  vos  cellules  à  ces 
hommes  séduisans,  qui  vous  ont  fasciné  les  yeux  :  ils 
portent  sur  leurs  lèvres  le  venin  de  l'aspic,  et  le  répan- 
dent dans  les  oreilles  qui  se  prêtent  pour  les  entendre. 
Ils  vous  ont  dit,  par  exemple,  que  la  Bulle  condamne 
des  expressions  copiées  mot  à  mot  de  l'Ecriture  et  des 
Pères  :  rien  n'est  plus  faux,  ils  sont  encore  à  en  trouver 
une  seule  de  cette  espèce  dans  les  Propositions  condam- 
nées. Ils  citent  à  la  vérité  une  foule  de  Passages  de 
l'Ecriture  et  des  Pères  pour  authoriser  leurs  erreurs. 
Tous  les  hérétiques  en  ont  usé  de  même  :  cela  n'a  point 
empêché  l'Eglise  de  les  condamner,  ny  les  vrais  enfans 
de  l'Eglise,  de  souscrire  à  leur  condamnation.  Les  Ariens 
choient  ces  paroles  de  J.  C.  mon  Père  est  plus  grand 
que  mojr,  pour  montrer  qu'il  n'étoit  pas  égal  à  son  Père: 
ils  n'ont  pas  laissé  d'être  anathématisez  par  le  S.   Cou- 


—  ro  i    — 

cile  de  Nicée  :  car,  comme  dit  S.  Augustin,  quoique 
tout  ce  qui  est  dans  l'Ecriture  soit  vray  et  catholique,  il 
ne  Test  pas  néanmoins  dans  la  bouche  ni  dans  les  écrits 
de  ceux  qui  les  détournent  dans  un  sens  qui  n'est  point 
orthodoxe.  C'est  de  l'Eglise  que  nous  recevons  les  Écri- 
tures :  et  c'est  d'elle  seule  que  nous  en  devons  apprendre 
le  véritable  sens. 

Vous  prétendez,  il  est  vrai,  que  l'Eglise  n'a  point  jus- 
ques  icy  prononcé  sur  les  cent  une  Propositions  de 
Quesnel,  et  que  la  Bulle  qui  les  proscrit,  n'est  encore 
qu'un  jugement  provisionel,  en  attendant  celui  d'un 
Concile  général  qui  décide  en  dernier  ressort.  Quand  la 
Bulle  acceptée  comme  elle  l'est,  ne  contiendroit  qu'un 
jugement  provisionel,  ce  qui  est  absolument  faux;  seriez- 
vous  authorisez  à  quitter  vôtre  saint  habit,  et  violer  vos 
vœux  avec  le  plus  scandaleux  éclat,  plutôt  que  d'y 
acquiescer?  Mais  où  avez-vous  trouvé  que  l'Eglise  ne 
puisse  décider  en  dernier  ressort  sur  la  doctrine,  que 
quand  elle  est  assemblée  en  Concile  ?  Où  avez-vous 
trouvé  que  l'opposition  de  sept  ou  huit  Evêques  puisse 
infirmer  un  jugement  doctrinal  du  Siège  Apostolique, 
adopté  par  tout  le  reste  de  leurs  Confrères?  Si  l'Eglise 
dispersée  n'avoit  pas  l'authorité  suffisante  pour  fixer 
la  créance  des  Fidèles,  l'erreur  marcheroit  tête  levée 
pendant  des  siècles  entiers,  et  ravageroit  impunément  le 
Troupeau  de  J.C.  sans  qu'il  restât  au  Corps  des  Evêques 
aucune  voye  légitime  pour  la  réprimer  et  pour  en  arrêter 
les  progrez  :  ses  Partisans  en  seroient  quittes  pour  op- 
poser un  appel  au  Concile  œcuménique,  à  tous  les  Dé- 
crets et  Mandements  qu'on  pourroit  faire  contre  eux. En 
vain  J.  C.  a  dit  aux  Apôtres  et  dans  leurs  Personnes  aux 
Evêques  :  Allc\,  enseigne^  toutes  les  Nations  ;  voila  que 
je  suis  avec  vous  tous  les  jours  jusques  à  la  consomma- 
tion des  siècles,  s'ils  peuvent  d'un  commun  accord  en- 


—  552  — 

seigner  Terreur  pendant  des  siècles  entiers,  jusques  à  ce 
que  assemblez  en  Concile,  ils  reconnoissent  leur  éga- 
rement. Dans  cet  affreux  Système  où  vous  jette  vôtre 
opposition  à  la  Bulle  Unigenitus,  que  devient  l'infailli- 
bilité de  l'Eglise,  que  devient  sa  visibilité?  Trois  Papes 
consécutifs  et  le  Corps  des  Evêques  toujours  obstinez  à 
faire  recevoir  aux  Fidèles  une  décision  monstrueuse  par 
les  véritez  essentielles  qu'elle  combat  et  le  renversement 
de  la  Morale  qu'elle  introduit  selon  vous,  peuvent-ils 
encore  nous  représenter  cette  Epouse  de  J.  C.  sans  tache 
et  incorruptible  dans  sa  foy?  Supposez  tant  qu'il  vous 
plaira,  que  quelques  Papes  comme  particuliers  sont 
tombez  dans  Terreur  ;  vous  ne  montrerez  jamais  qu'au- 
cun Pape  Tait  enseignée  en  instruisant  toute  l'Eglise  : 
bien  moins,  montrez  vous,  que  le  Corps  Episcopal 
puisse  jamais  adhérer  à  un  Décret  du  saint  Siège,  qui 
s'écarteroit  de  la  foi.  Il  faudroit  pour  cela  supposer,  que 
malgré  les  promesses  que  J.  C.  a  faites  à  son  Eglise,  les 
portes  de  l'Enfer  peuvent  prévaloir  contre  elle  ;  qu'elle 
peut  cesser  d'être  ce  qu'elle  est,  la  dépositaire  de  la  vé- 
rité, et  qu'il  peut  venir  un  teins  de  luy  en  substituer  un 
autre.  Les  Hérétiques  qui  vous  donnent  aujourd'hui 
retraite  ont  crû  ce  temps  venu  :  les  chefs  du  Parti  que 
vous  suivez  l'ont  aussi  paru  croire,  et  par  le  spectacle 
qu'il  nous  donne  aujourd'huy  à  Utrecht,  il  ne  met  que 
trop  clairement  la  main  à  l'œuvre  pour  consommer  ce 
mystère  d'iniquité. 

Ouvrez  les  yeux,  Mes  chers  Enfans,  sur  la  profondeur 
du  précipice  où  Ton  vous  a  conduit,  et  sur  le  foible  ap- 
pui d'un  frivole  appel  au  futur  Concile,  pour  vous  em- 
pocher d'y  tomber.  Le  futur  Concile  auquel  Luther 
avoit  appelé  ne  se  tint  que  plus  de  3o  ans  après  son  ap- 
pel ;  et  l'Hérésiarque  mourut  dans  cet  intervalle.  Au 
moyen  de  son  appel  luy  fut-il  libre  de  persister  dans  ses 


—    DD3    — 

ssntimens  erronez  ?  ei  pourriez-vous  penser  qu'il  soit 
mort  dans  la  communion  de  l'Eglise  Romaine,  et  à  cou- 
vert des  censures  et  de  l'excommunication  dont  il  avoit 
été  frappé  par  la  Bulle  de  Léon  X  ?  Il  avoit  pour  luy 
des  Evêques,  des  Universitez,  des  peuples  entiers  plus 
nombreux  assurément  que  les  Sectateurs  du  P.  Quesnel; 
qui  ôseroit  soutenir  que  parmi  les  Partysans  de  Luther, 
ceux  qui  sont  morts  avant  la  tenue  du  Concile,  sont 
morts  catholiques,  parce  qu'ils  prétendoient  l'Eglise 
universelle  saisie  de  l'appel  auquel  ils  avoient  adhéré  ? 
Vous  rassureriez-vous  sur  cette  proposition  de  Ques- 
nel, qu'une  excommunication  injuste  ne  doit  pas  em- 
pêcher de  faire  son  devoir?  Le  troupeau,  dit  Saint  Gré- 
goire le  Grand,  doit  craindre  l  excommunication  de  son 
Pasteur,  quand  même  elle  seroit  injuste.  Mais  à  quel 
Tribunal  avez-vous  porté  l'excommunication  lancée 
contre  vous  pour  la  faire  déclarer  injuste?On  nous  excom- 
munie, dites-vous,  parce  que  nous  défendons  la  vérité  : 
mais  l'Eglise  prétend  que  vous  défendez  le  mensonge:  et  à 
ce  jugement  de  l'Eglise  qtfopposez-vous?  Celuy  que  tous 
les  Hérétiques  y  ont  opposé,  le  jugement  de  l'esprit  par- 
ticulier. En  faudroit-il  d'avantage  pour  vous  faire  aper- 
cevoir l'abîme  où  vous  vous  précipitez?  Vos  Supérieurs 
ont  fait  tous  leurs  efforts  pour  vous  en  éloigner,  et  vous 
qualifiez  de  persécution  les  voyes  canoniques  et  régu- 
lières qu'ils  ont  employées,  pour  seconder  les  vues  cha- 
ritables qu'ils  avoient  sur  vous.  Au  lieu  de  vous  plaindre 
des  menaces  qu'ils  vous  ont  faites  de  garder  vôtre  cellule 
pour  prison,  et  de  pratiquer  certaines  abstinences  que 
nos  premiers  Pères  ont  observées,  vous  ne  deviez  au 
contraire  les  regarder  que  comme  des  marques  d'une 
bonté  paternelle,  qui  ne  vous  menaçoit  que  pour  se  dis- 
penser de  vous  punir,  et  pour  vous  engager  à  prévenir 
par  vôtre  soumission  les  peines  que  vôtre  désobéissance 


—  n^4  — ■ 

nous  forçoit  de  vous  imposer.  Un  Père  qui  menace  n'a 
pas  envie  de  frapper,  il  n'intimide  ses  enfans  qu'afin 
qu'ils  veillent  sur  leur  conduite.  Quand  Dieu  menace, 
dit  saint  J.  Chrysostome,  c'est  pour  lors  qu'il  fait  le  plus 
paroitre  son  amour. 

Dez  le  moment  qu'un  Chartreux  embrasse  le  Régie, 
il  s'oblige  à  demeurer  dans  sa  cellule  sans  en  pouvoir 
sortir  que  pour  des  raisons  légitimes  :  et  lors  que  les 
menaces  paternelles  qu'on  vous  a  faites  de  vous  y  rete- 
nir, vous  font  violer  la  stabilité  et  l'obéissance  que  vous 
aviez  voiiée,  ne  donnez-vous  pas  lieu  de  penser  que 
vous  êtes  las  de  porter  le  joug  du  Seigneur,  et  que  la 
prétendue  défense  de  la  vérité,  n'est  qu'un  prétexte  pour 
colorer  vôtre  inconstance? 

Ce  n'est  pas  pour  vous  confondre  que  je  vous  écris 
cecy  :  mais  je  vous  avertis  comme  mes  enfans  bien-aime\, 
de  rentrer  en  vous-mêmes  et  de  sonder  le  fond  de  vôtre 
cœur,  afin  de  découvrir  l'illusion  où  vous  êtes;  ne  pou- 
vant imiter  le  Pasteur  charitable  de  l'Evangile,  en  lais- 
sant dans  le  désert  le  troupeau  confié  à  mes  soins  par 
la  Providence,  je  dois  à  ma  bonté  paternelle  de  faire 
connoitre  à  la  brebis  égarée,  celle  que  je  ressens  pour 
elle,  et  le  désir  que  j'ay  de  la  voir  rentrer  dans  la  voye 
dont  elle  s'est  écartée.  Je  dois  la  rechercher  par  mes  aver- 
tissements, jusques  à  ce  que  je  Paye  retrouvée.  Ecoutez, 
Mes  chers  Enfans,  la  voix  d'un  Père  qui  vous  presse  de 
venir  essuyer  les  larmes  que  vôtre  désobéissance  luy 
fait  répandre.  Que  j'aye  la  consolation  de  pouvoir  invi- 
ter toutes  les  personnes  bien  intentionnées  pour  la  sainte 
doctrine,  toutes  les  âmes  justes  qui  s'interressent  à  vôtre 
salut,  à  venir  se  réjouir  avec  moy  du  recouvrement  de 
la  brebis  que  j'avois  eu  le  malheur  de  perdre  ;  du  retour 
de  cet  Enfant  qui  êtoit  mort  à  la  vie  de  la  Grâce,  et  qui 
est  ressuscité.  Mon  sein  vous  est  ouvert  comme  le  fut  au 


—  555  — 

Prodigue  celuy  de  son  Père  :  vous  éprouverez  de  ma 
part  les  marques  les  plus  sensibles  de  la  plus  vive  ten- 
dresse. Il  n'est  rien  que  je  ne  sois  disposé  de  faire  pour 
vous  adoucir  vôtre  retour;  point  d'indulgence,  point  de 
bons  traitements,  ausquels  vous  ne  deviez  vous  attendre. 
La  seule  chose  que  je  vous  demande,  c'est  que  vous 
soyez  avec  nous  d'un  même  sentiment  ;  c'est  à  dire  que 
vous  pensiez  avec  nous  ce  que  pensent  le  Pape,  l'Eglise 
de  Rome,  tous  les  Evêques  étrangers,  et  la  multitude 
des  Evêques  de  France. 

Sans  prendre  aucun  parti  dans  les  différentes  opinions 
que  les  Ecoles  catholiques  ont  la  liberté  d'enseigner, 
nous  ne  nous  attachons  qu'à  ce  que  l'Eglise  a  décidé,  et 
nous  ne  vous  demandons  rien  de  plus.  Nous  croyons  la 
Toute-puissance  de  Dieu  ;  mais  nous  croyons  aussi  que 
sous  cette  Toute-puissance,  l'homme  conserve  pour  le 
bien  et  pour  le  mal  une  liberté  exempte  non  seulement 
de  contrainte,  mais  de  nécessité.  Nous  croyons  que  sans 
la  grâce,  nous  ne  pouvons  faire  aucune  bonne  action 
surnaturelle  ;  mais  nous  ne  croyons  pas  que  cette  grâce 
quelque  efficace  qu'elle  puisse  être,  soit  invincible,  en 
telle  sorte  que  la  volonté  humaine  n'ait  pas  un  pouvoir 
complet  d'y  résister.  Nous  croyons  qu'il  y  a  des  grâces 
suffisantes,  lesquelles  donnent  un  vray  et  parfait  pouvoir 
de  faire  le  bien  à  quoy  elles  portent,  et  avec  lesquelles  on 
ne  le  fait  pas.  Nous  croyons  que  sans  avoir  la  charité 
habituelle,  on  ne  peut  faire  aucune  bonne  œuvre  méri- 
toire de  la  vie  éternelle  :  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il 
n'y  ait  de  bonnes  oeuvres  méritoires  de  la  vie  éternelle 
que  celles  qui  se  font  par  le  motif  de  la  charité:  nous 
croyons  qu'il  y  a  une  crainte  des  jugemens  de  Dieu  sur- 
naturelle que  le  Saint-Esprit  inspire,  et  qui  est  dans  le 
pécheur  une  disposition  à  la  Justification.  Enfin  nous 
ne  nous  écartons  en  rien  de  tout  ce  que  le  saint  Concile 


—  Sdd  — 

de  Trente  a  décidé  contre  les  hérétiques  de  son  tems  ;  et 
nous  trouvons  dans  leur  condamnation,  celle  du  Système 
de  Jansénius  et  de  Quesnel,  ainsi  que  la  justification  de 
la  Bulle  Unigenitus.  En  un  mot  nous  condamnons  de 
cœur  et  d'esprit  le  Livre  des  réflexions  morales,  et  les 
101  Propositions  qui  en  sont  extraites,  de  la  même  ma- 
nière que  cette  Constitution  les  condamne.  Seroit-il 
possible  que  vous  vous  obstinassiez  à  regarder  comme 
un  second  Evangile  un  Livre  que  l'Eglise  proscrit , 
tandis  que  vous  entendez  St.  Augustin  dire  expressé- 
ment, qu'il  ne  croiroit  pas  à  l'Evangile,  si  l'authorité 
de  TEglise  ne  l'y  engageoit. 

En  vain  vous  éterniserez  les  disputes  :  nous  avons 
pour  nous  et  contre  vous  la  plus  grande  authorité  vi- 
sible, qui  doit,  et  qui  peut  seule  fixer  la  créance  des  Fi- 
dèles. C'est  dans  la  barque  de  Pierre  que  nous  reposons 
tranquillement,  assurez  qu'elle  ne  peut  succomber  aux 
tempêtes.  C'est  dans  le  sein  de  l'Eglise  que  nous  puisons 
sûrement  les  eaux  salutaires  d'une  doctrine  pure  :  mais 
vous,  Mes  chers  Enfans,  qû alle^-vous  donc  chercher 
dans  la  voye  de  l'Egypte?  Est-ce  pour  y  boire  Veau 
bourbeuse?  Où  aboutirez-vous  en  suivant  la  voye  fu- 
neste dans  laquelle  vous  vous  êtes  engagez  ?  Vous  v 
vivez  séparez  de  l'Eglise  Romaine  et  de  vôtre  Ordre, 
dont  vous  devriez  faire  la  joye  et  l'ornement  par  vos 
vertus.  Au  lieu  de  ces  sources  d'eaux  vives  et  claires 
qui  couloient  dans  vôtre  ancienne  solitude  vous  ne  trou- 
vez là  que  des  citernes  entrouvertes  qui  ne  peuvent  re- 
tenir l'eau  de  la  saine  doctrine  ;  que  des  eaux  sales  et 
infectées  du  limon  qu'y  répandent  ceux  qui  affectant  de 
puiser  dans  l'Evangile,  en  corrompent  le  sens  pour  au- 
thoriser  leurs  erreurs.  Nous  choisissez  pour  vôtre  de- 
meure une  Egypte  couverte  des  ténèbres  épaisses  de  Vhé- 
résie,   tandis  que  vos  Frères  dans  la  terre  de   Gessen 


-  557  - 

jouissent  de  la  véritable  Lumière,  et  que  Dieu  seul  est 
leur  guide  ;  parce  qu'ils  marchent  sous  les  Loys  de 
l'obéissance  qu'ils  doivent  à  l'Eglise,  et  qu'ils  ont  vouée 
à  leurs  Supérieurs.  Venez,  Mes  chers  Enfaris,  venez  au 
plutôt  vous  rejoindre  à  eux,  pour  goûter  avec  eux  les 
douceurs  dont  vous  vous  êtes  privez  en  les  abandonnant. 
Comprenez  enfin  quel  mal  c'est  pour  vous,  et  combien  il 
vous  est  amer  d'avoir  abandonné  votre  Dieu,  de  n'avoir 
plus  sa  crainte  devant  les  yeux,  et  d'être  infidelles  aux 
vœux  de  vôtre  profession. 

Vous  vous  plaignez  que  le  Chapitre  général  vous  a 
dispersés  au  préjudice  de  vôtre  vœu  de  stabilité.  Mais 
quand  ce  vœu  vous  imposeroit  l'obligation  de  ne  jamais 
sortir  de  vôtre  maison  de  profession,  cette  obligation 
pourroit-elle  préjudicier  au  droit  que  le  Chapitre  géné- 
ral, ou  celuy  qui  est  revêtu  de  son  autorité,  ont  acquis 
par  vôtre  vœu  d'obéissance,  de  disposer  de  vous  de  la 
manière  qu'ils  jugent  la  plus  convenable  à  vôtre  salut 
et  au  bien  commun?  C'est  ainsi  qu'on  a  toujours  inter- 
prété le  vœu  de  stabilité.  Tel  est  l'usage  pratiqué  de 
tout-tems  dans  l'Ordre,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les 
cartes  des  Chapitres  généraux  depuis  son  établissement. 
Auroit-on  pu  à  l'occasion  d'un  incendie  se  dispenser 
de  vous  transférer  d'une  maison  à  une  autre?  La  néces- 
sité de  vous  tirer  de  vos  maisons  n'étoit  pas  moins  pres- 
sante, puisqu'il  s'agissoit  d'arrêter  le  progrez  des  erreurs 
dont  vos  cœurs  se  laissoient  infecter,  et  de  vous  ôter  les 
moyens  de  vous  y  confirmer  de  plus  en  plus.  N'est-il 
pas  bien  singulier,  qu'après  avoir  réclamé  si  hautement 
vôtre  vœu  de  stabilité  pour  ne  sortir  pas  de  vos  maisons 
de  profession,  vous  ne  vous  soyez  pas  même  fait  un 
scrupule  de  secouer  le  joug  de  l'obéissance  vouée  à 
Dieu  à  la  face  des  Autels,  et  de  franchir,  déguizez  en 
laïques,   les  murs  de  vos  Couvents,    pour   aller   vivre 


—  558  — 

sous  les  Loix  et  la  protection  d'une  Puissance  héré- 
tique. 

Vous  vous  flattez  d'y  vivre  conformément  aux  pra- 
tiques de  l'Ordre,  et  d'y  garder  toutes  les  observances 
de  vôtre  état.  On  comprend  aisément  qu'un  homme  du 
monde  qui  est  libre,  peut  en  quelque  sorte  vivre  en 
Chartreux.  Mais  qu'un  Chartreux  qui  malgré  ses  vœux 
a  quitté  son  habit  et  son  cloître,  et  s'est  soustrait  à  ses 
Supérieurs,  puisse  encore  en  cet  état  vivre  en  Chartreux, 
c'est  ce  qu'on  ne  peut  penser  sans  le  plus  grossier  aveu- 
glement. Cette  obéissance  religieuse  que  vous  avez 
vouée,  à  qui  la  rendrez-vous  ?  Qui  vous  donnera  des 
Supérieurs  légitimes?  Pouvez-vous  même  vous  les  don- 
ner canoniquement  ?  Les  recevrez-vous  d'un  Evêque 
notoirement  intrus  et  excommunié  ? 

J'aurois  bien  lieu  de  me  plaindre  icy  du  peu  de  fidé- 
lité avec  laquelle  on  a  rapporté  certains  faits  dans  vos 
libelles.  On  y  dit,  par  exemple,  qu'un  Prieur  me  devint 
suspect  en  me  marquant  ses  sentimens  en  faveur  de  la 
grâce  efficace,  selon  la  doctrine  de  S.  Thomas.  On  fait 
entendre  que  c'est  le  Thomisme  que  je  désapprouvay  en 
luy;  ce  qui  est  très  faux.  Ma  réponse  à  sa  Lettre  fut, 
qu'on  peut  être  bon  Thomiste  et  bon  Augustinien,  sans 
cesser  d'être  bon  Catholique  ;  mais  qu'on  ne  peut  être 
bon  Catholique  sans  cesser  d'être  Janséniste  ou  Ques- 
nelliste.  Tel  est  le  sens  de  ma  réponse  :  c'est  ce  que  je 
pense  et  ce  que  j'ay  toujours  pensé.  Il  m'est  fort  indiffé- 
rent que  vous  soyez  Thomistes  ou  Molinistes  ;  parceque 
cela  est  fort  indifférent  à  l'Église.  Un  Chartreux r  même 
comme  Chartreux,  peut  très  louablement  ignorer  la  dif- 
férence qu'il  y  a  des  uns  aux  autres.  Nous  ne  sommes 
pas  établis  pour  enseigner  les  Fidèles,  mais  pour  les 
édifier.  Une  humble  foy,  le  silence,  la  prière,  la  péni- 
tence, voilà  essentiellement  nôtre  partage.   Ce  partage 


DDQ    

n'est-il  pas  assez  beau,  assez  glorieux  pour  nous?  Que  ne 
vous  v  êtes  vous  tenus,  Mes  chers  Enfans  ;  vous  seriez 
encore  ce  que  vous  étiez,  et  vous  m'auriez  épargné  bien 
des  pleurs. 

En  vain  on  citera  des  exemples  pour  justifier  vôtre 
évasion.  J'ay  rougi  pour  vous,  Mes  chers  Enfans,  en 
voyant  pousser  l'indécence,  jusques  à  mettre  vôtre  fuite 
en  parallèle  avec  celle  du  Sauveur  en  Egypte.  On  n'en 
peut  trouver  qu'une  seule  qui  ressemble  bien  à  la  vôtre  ; 
c'est  celle  de  tant  de  Religieux  que  les  erreurs  des  der- 
niers siècles  sçurent  malheureusement  enlever  de  leurs 
cloîtres  au  grand  scandale  de  l'Eglise. 

Il  ne  me  reste  plus,  Mes  chers  Enfans,  qu'à  vous  con- 
jurer de  rentrer  dans  le  sein  de  l'Ordre,  et  de  venir  vous 
ranger  de  nouveau  sous  le  joug  aimable  de  vos  Régies 
et  de  vos  Statuts.  C'est  la  seule  voye  de  salut  pour  vous; 
il  faut  ou  la  reprendre,  ou  périr  éternellement.  C'est  un 
Père  qui  vous  parle  ;  ouvrez  vos  cœurs  à  ses  avis,  à  ses 
instances,  au  désir  ardent  qu'il  a  de  vous  donner  le  bai- 
ser de  paix.  Avec  quel  transport  de  joye  en  vous  voyant 
reparoître,  diray-je  avec  le  Père  de  l'Enfant  prodigue  ; 
Aportez  leur,  leur  première  robbe  et  les  en  revêtez? 
Que  si  au  lieu  de  vous  rendre  à  ma  voix,  vous  usez  de 
Répliques,  je  vous  déclare  que  dez  maintenant  je  me 
condamne  au  silence,  et  que  content  d'avoir  satisfait  à 
mon  devoir  de  Père  et  de  Pasteur,  je  me  bornerav  à  gé- 
mir dans  le  secret  de  mon  cœur  sur  vôtre  endurcis- 
sement. 

Cependant,  Mes  chers  Enfans,  j'ay  cette  confiance  que 
vous  profiterez  de  mes  avis  paternels  et  de  mes  disposi- 
tions à  vôtre  égard  ;  Confidimus  enim  de  vobis,  CJia- 
rissimi,  meliora  et  viciniora  saluti  ;  tametsi  ita  loqui- 
inur.  J'espère  qu'après  avoir  été  des  brebis  errantes  au 
exé  du  vent  de  la  fausse  Doctrine,  vous  retournerez   au 


56o 


Pasteur  de  vos  âmes,  à  celuy  qui  tient  envers  vous  la 
place  de  Dieu;  et  dans  cette  espérance  je  ne  cesseray 
d'offrir  pour  vous  mes  vœux  au  Seigneur,  et  de  luy 
demander  la  consolation  de  vous  revoir.  C'est  l'effet  du 
tendre  attachement  avec  lequel  je  suis 

Chartreuse 
ce  20  avril  1726.  Votre  affectionné  confrère 

Fr.  Antoine  Prieur  de  Chartreuse 
et  Général  de  l'Ordre  des  Chartreux. 


La  lettre  du  R.  P.  de  Montgeffond  était  accompagnée 
de  l'Ordonnance  suivante,  du  Chapitre  Général. 

ExOrdinatione  Capituli  Generalis  Ordinis  Carthusiensis, 
an.    1726. 

Hortamur  viros  illos  qui  ab  Ordine  discesserunt,  et 
in  Hollandiam  evaserunt  ut  redeant  ad  ovile,  eis  dé- 
clarantes Capitulum  Générale,  et  Reverendum  Patrem 
paratos  esse  eos  recipere,  et  eis  restituere  stolam  pri- 
ma m ,  nec  de  pcenis  seu  pœnitentiis  contra  taies  per  Sta- 
tuta  latis  fiet  mentio,  modo  veniant  nobiscum  unani- 
mes, idem  nobiscum  sentientes,  et  gaudium  erit  nobis 
super  peccatoribus  propriâ  sponte  pcenitentiam  agenti- 
bus,  et  ad  sinum  paternum  revertentibus. 

Satagant  itaque  ab  oculis  Patrum  et  Fratrum  suorum 
lacrymas  indesinenter  super  eorum  aberratione  manan- 
tes,  per  conversionem  suam  sinceram  abstergere,  nec 
contemnant  amplius  benignitatem  Dei  et  Ordinis  qui 
eos  ad  pcenitentiam  adducunt  ;  habent  enim  in  R. 
Pâtre  totius  Ordinis  generali  Ministro  indulgentissi- 
mum  Patrem  qui  in  suo  regimine  semper  tenuit  man- 
suetudinem,  et  qui  nunquam  à  Religione  officii  sui 
paterni  discessit,  nec  à  Statutis  et  ab  his  quae  per  Ma- 


5l 


>i 


jores  nostros  factitata  sunt,  unquam  declinâvit,  quid- 
quid  in  côntrarium  praetenderint  fugitivi  nostri,  suis 
litteris  ad  nos  directis,  et  difïamatoriis  suis  apologa- 
tionibus  qux  per  Decretum  Senatus  Parisiensis  nuper 
proscriptœ  sunt  tanquam  ad  versantes  Declarationi  Re- 
giae  mensis  Augusti  anni   1720. 

Et  ideo  nullam  fidem  faciunt  in  praejudicium  eo- 
rum  quae  oculis  nostris  videmus,  testamur.  et  appro- 
bamus  in  regimine  Ordinis,  et  in  rectà,  moderatà  et 
ordinatâ  secundum  Régulas  regendi  arte  Reverendi 
Patris. 

Datum,  actum ,  deliberatutn  de  unanimi  consensu 
omnium  Diffinitorum  in  majori  Cartusia,  sedente  Ca- 
pitulo  Generali;  in  quorum  fidem  nostris  syngraphis 
et  sigillis  consuetis  rirmavimus  hac  die  22  Maii    1726. 


EPISTOLA    S.    BRUNONIS    EX    EREMO     CALABRI.E 
AD    RADULPHUM    COGNOMENTO    VIRIDEM 
RHE.MENSIS   ECCLESI.E  PR.EPOSITUM     DEINDE  ARCHIEPISCOPUM 


Domino  suo  venerando  Radulpho,  Rhemensi  prae- 
posito,  sincerissimœ  charitatis  cultu  observando,  Bruno 
salutem.  Veteris  approbatœ  amicitiae  fides  eo  praecla- 
rior  et  laude  ampliori  dignior  in  te  conspîcitur,  quo 
rarior  apud  homines  reperitur.  Quanquam  enim  longo 
terrarum  tractû,  et  prolixiore  temporis  spatio,  corpora 
ab  invicem  sejuncta  sint  ,  animus  tamen  benevolen- 
tiae  tuae  ab  amico  avelli  non  potuit .  Quod  quidem 
litteris  tuis  suavissimis,  (in  quibus  mihi  amice  blan- 
ditus  es  nec  non  beneficiis  non  solum  mihi.  verum 
etiam  fratri  Bernardo,  causa  nostri,  large  impensis, 
aliisque   indiciis   nonnullis   satis  ostensum    est.    Unde 

1  Cf.  la  traduction  Je  cette  pièce,  t.  1.  p.  128  et  seq. 

3G 


5Ô2   — 

grates  non  quidem  meritis  pares,  sed  tamen  ex  puro 
fonte  manantes,  benignitati  tuas  rependimus.  Peregri- 
num  quemdam  in  aliis  legationibus  satis  fidelem  cum 
litteris  ad  te  dudum  direximus,  sedhucusque  non  com- 
parer Dignum  judicavimus  unum  ex  nostris  charitati 
tua;  transmittere  qui  omnia  quae  circa  nos  sunt,  (quia 
minus  ad  hase  calamo  et  atramento  sufficimus)  copio- 
sius  viva  voce  prosequatur.  Notiticamus  ergo  dilectioni 
tuae,  dignationi  tuœ,  quoniam  id  tibi  non  ingratum  pu- 
tamus,  non  corpore,  (utinam  sic  mente,)  valere,  et  quas 
ad  exteriora  pertinent,  satis  esse  pro  voto.  Verum  etiam 
opperior  supplicans  divinas  misericordias  manum,  quas 
omnes  inferiores  sanet  infirmitates  meas  et  satiet  in 
bonis  desiderium  meum.  In  finibus  autem  Calabriœcum 
fratribus  religiosis,  et  aliquot  bene  eruditis  (qui  in 
excubiis  persistentes  divinis  expectant  reditum  Domini 
sui,  ut  cum  pulsaverit  confestim  aperiant  ei)  eremum 
incolo,  ab  hominum  habitatione  satis  undique  remo- 
tam.  De  cujus  amœnitate  aerisque  temperie  et  sospi- 
tate,  vel  planitie  ampla  et  grata,  inter  montes  in  lon- 
gum  porrecta,  ubi  sunt  virentia  prata  et  florida  pascua, 
quid  dignum  dicam  ?  Aut  collium  undique  se  leniter 
erigentium  prospectum,  opacarumque  vallium  reces- 
sum,  cum  amabili  fluminum,rivorum,  fontiumque  co- 
pia, quis  sufficienter  explicet  ?  nec  irrigui  desunt  horti. 
diversarumque  arborum  fertilitas .  Verum  quid  his 
diutius  immoror?  Alia  quippe  sunt  oblectamenta  viri 
prudentis,  gratiora  et  utiliora  valde,  quia  divina.  Ve- 
rumtamen  arctiori  disciplina,  studiisque  spiritualibus 
animus  infirmior  fatigatus,  scepius  his  relevatur  ac 
respirât.  Arcus  enim  si  assidue  sit  tentus,  remissior 
est,  et  minus  ad  officium  aptus.  Quid  vero  solitudo 
eremique  silentium  amatoribus  suis  utilitatis  jucun- 
ditatisque  conférât,  norunt  hi  solum  qui   experti  sunt. 


—  563  — 

Hic  namque  viris  strenuis,  tam  redire  in  se  licet 
quam  libet,  et  habitare  secum,  virtutumque  germina 
instanter  excolere,  atque  de  paradisi  féliciter  fructi- 
bus  uti.  Hic  oculus  ille  conquiritur,  cujus  sereno  in- 
tuitu  vulneratur  sponsus,  a  more  quo  mundo  et  puro 
conspicitur  Deus.  Hic  otium  celebratur  negotiosum, 
et  ia  quieta  pausatur  actione.  Hic  pro  certaminis  la- 
bore  repensât  Deus  athletis  suis  mercedem  optatam, 
pacem  videlicet,  quam  mundus  ignorât,  et  gaudium 
in  Spiritu  Sancto.  Hase  est  illa  Rachel  formosa,  pul- 
chra  aspectu,  à  Jacob  plus  dilecla,  licet  minus  filio- 
rum  ferax,  quam  Lia  fascundior,  sed  lippa.  Pauciores 
enim  sunt  contemplationis,  quam  actionis  filii;  verum- 
tamen  Joseph  et  Benjamin  plus  sunt  casteris  fratribus 
à  pâtre  dilecti.  Hase  pars  illa  optima,  quam  Maria 
elegit  quœ  non  auferetur.  Hase  Sunamitis  pulcherrima 
sola  in  omnibus  finibus  Israël  reperta,  quas  David  fo- 
veret  senem  et  calefaceret.  Quam  tu,  frater  charissi- 
me,  utinam  unice  diligeres,  ut  ejus  amplexibus  fotus, 
divino  caleres  amore.  Cujus  si  charitas  semel  ani- 
mo  insederit,  mox  illecebrosa  illa  et  blanda  deceptrix 
gloria  mundi  tibi  sorderet,  sollicitasque  opes,  (menti 
sanae  onerosasï  leviter  abjiceres  ;  nec  non  voluptates 
fastidires  prorsus  œque  animo  corporique  nocivas. 
Novit  namque  prudentia  tua  quis  dicat  :  Qui  diligit 
mundum  ,  et  ea  quee  sunt  in  mundo,  (quœ  sunt  vo- 
luptates carnis,  concupiscentia  oculorum  atque  am- 
bitio  seculi]  non  est  charitas  Patris  in  eo.  Et  item  : 
Qui  est  amicus  hujus  mundi,  inimicus  Dei  constitui- 
tur.  Quid  ergo  tam  iniquum,  quid  sic  insanae  et  pre- 
cipitata;  mentis,  quid  tam  est  perniciosum,  quidvein- 
felicius,  quam  contra  eum  cujus  potentia?  resistere, 
cujusvc  ultionem  justitiœ  effugere  non  vales,  inimi- 
citias  exercere  te  velle.  Numquid  fortiores  illo  sumus? 


—  5(5 1.  — 

Numquid  quia  patientia  pietatis  suae  nos  modo  ad  pœ- 
nitentiam  provocat,  injurias  contemptus  tandem  non 
ulciscetur?  Quid  enim  est  tam  perversius,  quid  tam 
rationem,  justitiam,  ipsamque  naturam  oppugnans, 
quàm  creaturam  plus  diligere  quàm  factorem  ?  Quid 
ergo  agendum  censés  charissime?  Quid  nisi  divinis 
cedere  consiliis,  cedere  veritati,  qune  fallere  non  potest? 
Consulit  namque  in  commune,  dicens  :  Venite  ad  me 
omnes  qui  laboratis  et  onerati  estis  et  ego  reficiam 
vos.  Nonne  pessimus  et  inutilis  est  labor  concupiscen- 
tia  distendi,  sollicitudinibus  et  anxietatibus,  timoré  et 
dolore  pro  concupitis  incessanter  affligi  ?  Quod  vero 
onus  est  gravius,  quam  quod  mentem  a  sublimi  di- 
gnitatis  suœ  arce  in  infima  deprimit,  quod  est  inju- 
stitia  omnis?  Fuge,  ergo,  frater  mi,  fuge  lias  molestias 
et  miserias  omnes,  et  transfer  te  a  tempestate  hujus 
mundi  in  tutam  et  quietam  portus  stationem.  Novit 
etiam  prudentia  tua  quid  nobis  Sapientia  dicat:  Nisi 
quis  renunciaverit  omnibus  quœ  possidet,  non  potest 
meus  esse  discipulus.  Quod  quam  pulchrum,  quam  sit 
utile,  quamque  jucundum  in  schola  ejus  sub  disci- 
plina Spiritus  Sancti  manere,  divinam  adipisci  philo- 
sophiam  quœ  sola  dat  beatitudinem  veram,  quis  non 
videat  ?  Qua  propter  opère  pretium  est,  diligenti  exa- 
minatione  prudentiam  tuam  ista  perpendere  ;  quod  si 
amor  Dei  te  non  invitât,  tantorum  prœmiorum  mi- 
litas te  non  provocat,  saltem  nécessitas  et  timor  pœ- 
narum  ad  hoc  compellere  débet.  Scis  namque  qua 
sponsione  obligatus  es,  et  quàm  omnipotens  ac  terri- 
bilis  sit  cui  temetipsum  munus  gratum  et  omnino 
acceptabile  devovisti,  cui  nec  mentiri  licet,  nec  expe- 
dit.  Nec  enim  patitur  inulte  se  irrideri.  Reminiscitur 
quippe  dilectio  tua,  quod  cum  ego  et  tu  et  Fulcius 
Monoculus,  quadam  die  simul    fuissemus  in    hortulo 


—  565  — 

adjacenti  domui  Adae,  ubi  tune  hospitabat,  de  falsis 
oblectationibus  et  perituris  mundi  hujus  divitiis,  nec 
non  de  perennis  gloria?  gaudiis  aliquandiu,  ut  opinor, 
tractaremus,  unde  divino  amore  ferventes,  promisi- 
mus  ac  vovimus  Spiritui  Sancto  in  proximo  fugitiva 
sasculi  relinquere,  et  alterna  captare,  nec  non  mona- 
chicum  habitum  recipere.  Quod  et  in  vicino  peractum 
esset,  nisi  tune  Fuleius  Romain  abiisset,  ad  cujus  re- 
ditum  peragenda  distulimus.  Quo  moram  faciente 
aliisque  intervenientibus  causis,  divinus  amor  elanguit, 
refriguit  animus,  fervorque  evanuit.  Quid  ergo  super- 
est,  charissime,  nisi  a  tanti  debiti  nexibus  te  eitius 
expedire,  ne  pro  tam  grandi  tamque  diuturno  men- 
dacii  crimine,  iram  incurras  potentissimi,  et  propter 
hoc  cruciatus  immanes.  Quis  namque  inultum  relin- 
queret  se  a  quolibet  sibi  subdito  defraudari  munere 
promisso,  maxime  si  id  magni  foret  sibi  œstimationis 
et  pretii  ?  Qua  propter  crede  non  mihi  sed  prophetae, 
imo  Spiritui  Sancto  dicenti  :  Vovete  et  reddite  Do- 
mino Deo  vestro,  omnes  qui  in  circuitu  ejus  avertis 
mimera,  terribili  et  ei  qui  aufert  spiritum  principum, 
terribili  apud  reges  terrœ.  Cur  hase  omnia  inculcat 
Spiritus  Dei,  nisi  ut  te  voventem  perurgeat  reddere 
quod  vovisti  ?  Quid  vero  reddere  gravaris,  quod  nul- 
lam  bonorum  tuorum  facit  jacturam  vel  imminutio- 
nem  ?  Quodque  tua  potius  quam  illius  cui  persolveris 
accumulât  lucra.  Quocirca  non  te  detineant  divitiae 
fallaces,  quia  inopiam  expellere  nequeunt  ;  nec  digni- 
tas  praspositurœ,  quœ  non  sine  magno  administrari 
possunt  periculo  anima?.  Aliéna  namque  quorum  mi- 
nister  sis,  et  non  possessor,  in  proprios  usus  conver- 
tere  (ut  pace  tua  dicam)  tam  est  odiosum  quam  ini- 
quum.  Quod  si  splendoris  et  gloriie  appetens  multam 
volueris  retinere  familiam,    nonne,    cum    tua   quae    ex 


-  566  — 

justo  habes  non  suppetunt,  necesse  est  ut  quoquo 
pacto  eripias  aliis  quod  aliis  largiaris?  Quod  non  est 
esse  benericum  aut  liberalem  :  nihil  enim  est  libérale 
quod  non  idem  justum.  Verum  et  hoc  dilectioni  tuœ 
persuasum  cupio,  ne  pro  Domini  Archiepiscopi  neces- 
situdine  qui  plurimum  consiliis  tuis  crédit,  et  nititur, 
quœ  non  omnia  justa  vel  utilia  facile  dantur,  a  tam 
sublimi  décliner  sponsione,  et  a  divina  revoceris  chari- 
tate,  quas  quanto  est  justior,  tanto  et  utilior.  Quid  autem 
tam  justum  tamque  utile,  quidve  naturae  humanoe  sic 
insitum  et  congruum  quam  diligere  bonum  ?  Et  quid 
aliud  tam  bonum  quam  Deus  ?  Immo  quid  aliud  bo- 
num, nisi  solus  Deus  ?  Unde  anima  sancta  hujus  boni 
incomparabilem  decorem,  splendorem,  pulchritudinem, 
ex  parte  sentiens  amoris  flamma  succensa  dicit  :  Siti- 
vit  anima  mea  ad  Deum  fortem  vivnm,  quand o  ve- 
niam  et  apparebo  ante  faciem  Dei  ?  Utinam  non  asper- 
neris  amicum  monentem,  utinam  non  surda  aure  au- 
dias  verba  Spiritus  Dei  ;  utinam  desiderio  longœque 
expectationi  meae  satisfacias  dilectissime,  ne  diutius  cru- 
cietur  pro  te  anima  mea  curis  sollicitudinibusque  at- 
que  timoré.  Nam  si  venerit  [quod  Deus  avertat)  te 
prius  quam  debiti  votum  solveris  ab  hac  recedere 
vita,  me,  continua  tristitia,  sine  aliqua  spei  consola- 
tione  tabescentem,  relinques.  Qua  propter  et  te  exo- 
ratum  et  imprecatum  cupio,  ut  vel  causa  orationis  ad 
Sanctum  Nicolaum,  inde  ad  nos  usque  venire  digne- 
ris  ;  quatenus  videas  eum  qui  te  unice  diligit  ;  et  sta- 
tum  rerum  nostrarum  ac  religionis  ordinem,  nec  non 
quae  ad  communem  utilitatem  spectant,  mutua  viva 
voce  tractare  possimus.  Et  confido  in  Domino  quod 
non  pcenitebit  te  tanti  itineris  subiisse  laborem.  Epi- 
stolaris  brevitatis  excessi  modum,  quia  dum  corpore 
te  habere  non  possum,   saltem  diutius   sermocinando 


—  5t>7  — 

tecum  morabor.  Fraternitatem  tuam  diu  incolumem, 
memorem  consilii  nostri,  nec  voti  immemorem,  vi- 
gere  sedulus  exopto.  Vitam  Sancti  Remigii  nobis  trans- 
mittas  oro ,  quia  nusquam  in  partibus  nostris  rcpe- 
ritur.  Valc. 


Le  magnifique  hommage  rendu  au  patriarche 
des  Chartreux,  dans  les  réponses  faites  à  la  lettre 
encyclique  envoyée  par  les  Religieux  du  Monas- 
tère de  Calabre  pour  faire  connaître  la  mort  de 
leur  saint  Prieur,  nous  a  paru  devoir  être  com- 
plète' par  les  éloges  donnés  aux  Chartreux  dans 
les  différents  siècles .  C'est  pourquoi ,  espérant 
être  utile  au  lecteur,  nous  reproduisons  ici,  comme 
supplément  aux  titres  funèbres,  les  passages  les 
plus  remarquables  d'un  certain  nombre  d'auteurs 
anciens  et  modernes  sur  saint  Bruno  et  sur  TOrdre 
célèbre  dont  il  a  été  le  fondateur. 

ELOGIA 

PR.-ESTANTISSIMORUM    QUORUMDAM  VIRORUM 

QUI    LITTERARUM  SUARUM  MONUMENTIS, 

SIVE    BRUNONEM  FUNDATOREM, 

SIVE  ORDINEM  SUUM  CARTUSIENSEM  COMMENDARUNT. 

1  . 

[X  Epistola  Hugonis  Diensis  Episcopi,  Apostolici 
in  Gallia  Legati ,  scripta  ad  Gregorium  VII.  post 
Concilium  Augustodunense  anno   1077  celebralum. 

Manassem  amicum  nostrum,  qui  in  Concilio  Claro- 
montano   Rhemensis   Ecclesia;  maie  acquisitam   Prae- 


.68 


posituram  in  manu  nostra  dimisit  ,  commendamus 
gratia  Sanctitatis  vestrae,  sicut  catholicae  fidei  sincerum 
defensorem,  ac  Domnum  Brunonem,  Rhemensis  Eccle- 
sias  in  omni  honestate  Magistrum  ;  digni  sunt  ambo 
a  vobis,  in  bis  quae  Dei  sunt  vestra  auctoritate  con- 
firmari,  quoniam  digni  habiti  sunt  pro  nomine  Jesu 
contumeliam  pati.  Et  ideo  consultores  profuturos 
causae  Dei,  et  cooperatores  in  partibus  Franciae  vos 
habeatis. 

2. 

Sigebertus  monachus  Benedictinus  Abbas  Gemblacensis 
in  suo  chronico   ad  annum  1084. 

Bruno  natione  Teutonicus,  ex  urbe  Colonia,  liiteris 
apprime  eruditus,  Rhemensis  Ecclesiae  canonicus,  et 
scholarum  Magister,  relicto  saeculo  Eremum  Cartusiae 
fundat,  propositumque  monasticae  conversationis  satis 
arduum  instituit. 

3. 

Ex  fragmento  Guiberti  Abbatis  de  Novigento,  lib.  I. 
de  vita  sua,  cap.  xi.  apud  Andream  Quercetanum  : 
Gesta  dei  per  Francos. 

At  Bruno  urbe  déserta  saeculo  etiam  abrenuneiare 
proposuit,  qui  suorum  notitias  horrens  ad  Gratianopo- 
litanum  processit  territorium,  ubi  in  arduo ,  et  ad- 
modum  terribili  promontorio,  ad  quod  difficillimum, 
et  valde  insolens  iter  intenditur,  sub  eo  enim  prœruptis- 
simae  vallis  vorago  dehiscit,  habitare  deligens  hujus- 
modi  mores  instituit,  et  sequaces  ejus  hodie  sic  vi- 
vu  nt 

Ibi  igitur  tanto  cœptœ  contemplationis  fervore  fe- 
runtur,  ut  nulla  temporis  longitudine  a  sua  institu- 
tione  désistant,   ncc  aliqua  arduse  illius  conversationis 


—  56g  — 

diuturnitate  tepescant.  Inde  etiam  qua,  nescio,  occa- 
sione  mirabilis  iste  Bruno  recedens,  postquam  his, 
quœ  prœlibavimus  rudimenta  multa  dictorum  ,  et 
factorum  inculcatione  prrcstiterat  ad  Apulos,  nescio, 
Calabrosne  recessit,  et  ibidem  huic  quiddam  simile 
vivendi  genus  instituit.  Ibi  cum  multa  humilitate"  se 
ageret,  et  omnimoda  piorum  exemplorum  prœbitione 
circumquaque  fulgeret,  ad  Episcopii  dignitatem  ab 
Apostolica  Sede  qurcsitus,  et  tentus,  fugit  ;  et  soeculum 
veritus,  ne  ea,  quas  de  Deo  gustaverat,  amitteret,  in 
delatione  tanti  muneris  non  divina,  sed  saecularia  re- 
cusavit.  Hœ  inquam  personœ  conversionum  tum  tem- 
poris  extulere  primordia,  cui  cohiesere  continuo  viro- 
rum ,  feminarumque  grèges,  omnis  protinus  ordo 
concurrit.  Quid  de  œtatibus  loquar,  cum  decennes,  et 
undendes  infantuli  senilia  meditarentur,  et  multi  cas- 
tigatiora  gérèrent,  quam  rctatula  pateretur.  —  iHucus- 
que  codex  Claudii  Hemerei  Doctoris  Sorbonici  in 
libro  cujus  titulus  Cartusianus,  sive  iter  ad  sapientiam  ). 
Fiebat  in  illis  conversionibus,  quod  in  antiquis  fieri 
solebat  martyribus,  ut  major  in  imbecillibus,  tene- 
risque  corporibus  inveniretur  fidei  vivacitas,  quam  in 
illis,  in  quibus  œvitatis,  et  scientiae  floreret  auctoritas. 
Cum  ergo  nusquam  nisi  in  vetustissimis  Monasteriis 
Monachorum  haberetur  aliquorum  sedes,  cœperant  ubi- 
que  loci  nova  construi,  et  undecumque  confluentibus 
magni  alimentorum  redditus  adhiberi.  Quibus  facultas 
non  aderat  ut  grandiuscula  fabricarent,  alii  binis,  alii 
quaternis,  alii  quot  poterant  alendis  iratribus,  domos, 
ac  victualia  componcbant  :  unde  factum  est,  ut  in 
villis,  oppidis,  urbibus,  atque  prœsidiis,  imo  etiam 
ipsis  saltibus,  atque  agris,  Monachorum  quaqua  ver- 
sum  sese  exercendo  dilatatorum  repente  fervere  vide- 
rentur  examina,  caque  loca  divino  nomine,  et  sancto- 


—    D70    — 

rum  cultibus  emicarent,  in  quibus,  et  lustra  ferarum, 
et  spelœa  latronum  extiterant.  Affectabat  itaque  spon- 
taneam  subire  pauperiem  tôt  exemplis  circumcincta 
nobilitas,  et  cœnobia,  quœ  subibat,  rébus  a  se  con- 
temptis  inferciens,  aliis  etiam  ad  haec  ipsa  trahendis 
pia  semper  veneratione  tendebat.  At  fœminœ  itidem  in- 
signes maritorum  celebrium  jugalitate  déserta,  et  a  piis 
cordibus  liberorum  caritudine  abstenta,  collatis  inibi 
opibus,  Ecelesiasticis  se  stipendiis  contradebant.  Qui 
vero,  vel  quae  non  poterant  rébus  ad  integrum  abre- 
nunciare  possessis,  eos,  qui  abrenunciaverant,  crebris 
substantiarum  suarum  largitionibus  sustentabant. 

Ecclesias,  et  altaria  multa  jucundissimorum  mune- 
rum  oblatione  circumdabant,  et  orationes,  ac  pie  Vi- 
vendi modum,  quem  taies  imitando  exequi  non  po- 
terant, talia  facientes  propriis  ad  id  faciendum  juvando 
substantiis,  in  quantum  licuerat  exaequare  studebant. 
Unde  contigit,  ut  his  temporibus,  et  multitudine  datio- 
num,  et  dantium,  imo  magis  solertia,  ad  hoc  propo- 
siti  venientium,  Ecclesiarum  habitatores,  multimoda 
sua  procuratione  juvantium,  in  tantum  promoveren- 
tur  cœnobia,  ut  quotidiana  ab  illis,  qui  tune  flore- 
bant  statibus,  per  succrescentium  modernorum  nequi- 
tiam  videantur  incidere  detrimenta. 

Jam  nunc  enim,  proh  dolor,  quaD  hujusmodi  affe- 
ctione  permoti  locis  sacris  contulere  parentes,  aut  pe- 
nitus  subtrahunt,  aut  crebras  redemptiones  exigere  non 
desinunt  filii  a  patrum  voluntatibus  usquequaque  dé- 
génères. 

Hucusque  fragmentum  ex  libro  Ms.  Guiberti  Abba- 
tis  Novigenti  de  vita  sua,  qui  Parisiis  habetur  pênes 
C.  V.  Andream  Quercetanum  de  re  litteraria  optime 
meritum. 


—  571  — 


Guigo,  V.  Cartusia?  Prior  in  Tractatu  ad  Fratres  de  Monte 
Dei,  lib.  I,  cap.  1. 

Fratribus  de  Monte  Dei.  Orientale  lumen,  et  anti- 
quum  illum  in  Religione  ^Flgyptium  fervorem,  tenebris 
occiduis,  et  Gallicanis  frigoribus  inferentibus,  vitae 
solitarice  exemplar,  et  cœlestis  formant  conversationis 
occurrere,  et  concurrere  anima  mea  exsultat  in  gaudio 
S.  Spiritus,  et  risu  cordis  in  fervore  pietatis,  et  in  omni 

obsequio   devota;  voluntatis  etc Yestra  simplicitas 

jam  multos  provocat  ad  œmulationem  :  vestra  sufficien- 
tia ,  et  altissima  paupertas  jam  multorum  confundit 
cupiditatem  :  vestrum  secretum  jam  earum  rerum, 
quas  tumultum  facere  videntur,  pluribus  incutit  horro- 
rem  etc 

Et  cap.  11.  ejusdem  libri. 

Nolite  negligere,  nolite  lardare,  grandis  enim  vobis 
exstat  via.  Altissima  est  enim  possessio  vestra  ;  ccelos 
transit,  par  Angelis  est,  Angelkce  similis  puritati.  Non 
enim  solum  vovistis  omnem  sanctitatem,  sed  omnis 
sanctitatis  perfectionem,et  omnis  consummationis  finem. 

Et  cap.  ni. 

Salva  enim  per  omnia  Cartusia?  sanctitatis  débita,  et 
cum  omni  laude  praxiicanda  reverentia,  multa  in  Alpi- 
nis  illis  horridis  et  continuis  frigoribus  necessaria  sunt, 
quiu  frugalem  suffieientiam,  et  voluntariam  pauperta- 
tem  sectantibus,  in  his  duntaxat  regionibus  non  adeo 
necessaria  videntur. 


Et  insuper  in  vita    S.    Hugonis  Episcopi    Gratianopo- 
litani,  cap.  iv. 

Magister  Bruno  ,  vir  religione  scientiaque  famosus  , 
honestatis,et  gravitatis,  ac  totius  maturitatis  quasi  quod- 
dam  simulacrum. 

5. 

Robertus  S.  Mariani  monachus  Antissiodorensis  in  chro- 
nico  ad  an.    1084.  —  ii5o. 

Circa  id  tempus  S.  Hugo,  Gratianopolitanus  Episco- 
pus  vidit  per  somnium  in  solitudine  Cartusiae  Deum 
suas  dignationi  habitaculum  construentem,  stellas  etiam 
septem  ducatum  sibi  praestantes  itineris.  Et  ecce  sanc- 
titatis  ejus  odore  tracti  ad  ipsum  veniunt  septem  viri, 
qui  omnes  uno  desiderio  succensi  locum  eremiticae 
vitag  congruum  quaerebant,  necdum  repererant.  Ho- 
rum  primus  Magister  Bruno  vir  religione,  scientiaque 
famosissimus,  alii  quatuor  litterati,  duo  laici,  quos 
sanctus  Hugo  gratanter  suscepit,  et  voti  compotes  fecit. 
Ipso  namque  juvante,  consulente,  comitante,  Cartusiae 
solitudinem  intraverunt,  atque  extruxerunt.  Sic  cœpit 
Ordo  Cartusiensis,  inter  caeteros  Ordines  puritate  men- 
tium,  ac  theoriae  studio  singularis. 

6. 

S.    Bernardus  Abbas  Clara-Vallensis. —  XI.  Epistola  ad 
Guigonem  Cartusiae  Priorem  et  caeteros  Fratres.  1 1 33. 

Vestra  illa  succensa,  et  succendens  salutatio,  sic  mihi, 
ut  verum  fatear,  accepta  fuit,  et  est,  quasi  non  ab  ho- 
mme, sed  certissime  ab  illo,  qui  mandat  salutes  Jacob 

descendere    videretur Festivus    erit    enim   mihi 

dies  i  1  le  ducendus,  et  memoriale  scmpiternum,  in  quo 
virum  illum  videre,  ac  suscipere  merui,  per  quem  fac- 
tum  est,  ut  in  cordibus  vestris  ego  reciperer  etc.  Verebar 


—  573  — 

nimirum  sa  ne  ta  m  quam  in  Domino  habetis  importunis 
scriptitationibus  infestare  quietem  :  juge  illud  vestrum 
sacrumque  silentium  a  saeculo ,  susurrium  cum  Deo 
vel  ad  modicum  interrumpere,  nostraque  ingerere  auri- 
bus  secretis,  penitus  occupatis  supernis  eloquiis.  Time- 
bam  omnino  molestus  fieri  etc.  Miseremini  mei,  non 
quia  merui,  sed  quia  egeo.  Miseremini  tanquam  miseri- 
cordiam  consecuti  a  Domino,  ut  sine  timoré  a  mundi 
tumultibus  liberati,  serviamus  ei.  Felices,  quos  abscon- 
dit  in  tabernaculo  suo  in  die  malorum,  in  umbra  ala- 
rum  suarurn  sperantes,  donec  transeat  iniquitas. 

Et  Epistola  cltv.  ad  D.  Bernardum  Priorem  Domus 
Portarum. 

Memor  antiquae  meae  promissionis,  propositum  ha- 
bui,  et  desîderium  magnum  transire  per  vos,  revisere 
quos  diligit  anima  mea,  itineri  meo  solatium,  laboribus 
levamen,  peecatis  remedium  postulare;  et  culpis  meis 
exigentibus  factum  est,  non  ut  nollem,  sed  ut  non  pos- 
sem. . . .  Tuas,  et  per  te  Sanctorum  cum  quibus  es,  ora- 
tiones  supplex  efflagito. 

/• 
Ex  chronico  Mauriniacensi  lib.  II. 

Fuerunt  et  lcetitiœ,  et  admirationi,  ad  id  negotium 
pertinentes,  excellentissimorum  Eremitarum  Cartusien- 
sium  littenc,  quae  per  quemdam  Venerabilem  Abbatem 
de  Ordine  Cisterciensi  delatae,  et  in  Concilio  per  Gau- 
fridum  Carnotensem  Episcopum  recitata;  sunt.  Erant 
autem  Cartusienses  in  jugis  Alpium  Angelicam  vitam 
ducentes,  supereminentissimee  religionis,  et  incompa- 
ra bi  lis  auctoritatis. 


574 


Petrus  Mauritius,  cognomento  venerabilis,  IX.  Clunia- 
censium  Abbas,  lib.  II  miraculorum,  cap.  xxviii. 

Servatur,  inquit,  in  Burgundiae  partibus  inter  omnes 
Europas  nostrae  monastici  Ordinis  Professiones,  Profes- 
sio  quaedam,  multis  aliis  ejusdem  monastici  Propositi 
sanctior,  et  cautior,  instituta  nostro  tempore  a  quibus- 
dam  Patribus  magnis,  doctis  et  sanctis,  Magistro  Bru- 
none  Coloniensi,  Magistro  Landuino  Italo  ac  quibus- 
dam  aliis  vere  magnis,  ut  dixi,  et  Deum  timentibus  viris. 
Qui  quorumdam  antiquorum  Monachorum  tepeditate 
negligentia  ac  desidia  praedocti,  saeculo  abrenunciare 
volentes,  cautius  sibi,  suisque  in  via  Dei  sectatoribus 
consuluerunt,  et  vigilanti  oculo,  Ordinem,  contra  om- 
nes pêne  Sathanae  insidias  circumspectum  instituerunt. 
Nam  etc. 

Et  lib.  I.  Epist.  xxiii.  ad  Guigonem  Priorem,  cœte- 
rosque  Cartusiae  Fratres,  qui  eidem  Venerabili  Abbati 
responsivam  miserunt  Epistolam,  cujus  initium  est  : 
Crucirixum,crucifixus  et  ipse  crucifigendis  misisti  etc. 
sub  num.  xxv.  ejusdem  libri. 

Cum  exundantem  erga  vos,  sincerum  cordis  mei  affe- 
ctum,  verborum  signis  explicare  pertento,  fateor  in  ipso 
conatu  deficio.  De  aliis  quibuslibet  assidue  tractanti, 
verborum  copia  affluit  ;  cum  vestri  amore  et  memoria 
tota  repleta  sit  anima  mea,  seipsum  quasrens  explicare 
animus  succumbit. . . .  Quando  enim  explicare  potero 
quomodo  a  vobis  corpore  sejunctus,  tota  vobis  mente 
conjungar  ;  quomodo  alibi  maliens  vobiscum  semper 
maneam,  quomodo  cum  aliis  convèrsans,  intra  sacri 
Collegii  vestri  numerum  spirituali  cohabitatione  con- 
verser? quando  referre  valebo  quam  gravis  mihi  sit,  teste 


—  d-5  — 

eo  quem  fallere  non  possum,  ipsa  vestra  corporalis  ab- 
sentia  :  quasi  carere  possem,  non  solum  miserum  quan- 
tum ad  me  nomen  Abbatis,  sed  etiam  totum  cum  suis 
omnibus  mundum  exuere  nullo  modo  dubitarem   etc. 

Et  lib.   IV.  Epist.  xxxviii.  ad  eosdem. 

Agnosco  quid  vobis  debeam,  agnosco,  quod  pro  cun- 
ctis  mortalibus  religioni  deditis,  nec  Ecclesice  nostrœ 
voto  professionis  adstrictis  vos  semper  in  Domino  ea- 
rius  dilexi,  volui.  veneratus  sum.  Feci  hucusque,  facio 
adhuc,  faciam  quando  fuerit  spiritus  in  manibus  meis. 
Causa  hujus  mei  erga  vos  amoris,  Christus  est  :  quem 
quia  in  ipso  personaliter  non  possum,  in  vasis  ejus, 
hoc  est  in  vobis,  in  quibus  habitat,  ipsum  diligo,  am- 
plector,  honoro. 

Et  lib.  VI.  Epist.  xii.  ad  Eugenium  Papam. 

Cartusiensis  Ordinis,  et  proposai  instituta  quantum 
veneratus  sim,  quantum  amplectar,  noverunt  multi,  ego 
vero  magis,  Deus  autem  maxime.  Nam  si  mens  mea 
non  me  fallit,  si  conscientia  mea  mihi,  quod  verum  est 
attestatur,  si  tandem  vera  est  sententia  divina  :  nemo 
novit,  quae  sunt  hominis,  n isi  spiritus  hominis,  qui  in 
ipso  est.  I.  ad  Corin.  2.  Agnosco  me  Cartusiensium  a 
triginta  jam  fere  annis,  hoc  est  etiam  antequam  prœesse 
inciperem,  prce  cunctis  pêne  mortalibus  amasse  Reli- 
gionem,  coluisse  sinceritatem,  amplexum  esse  verîta- 
tem.  Intellexi,  nec  me  falli  putavi,  cunctorum  Latino- 
rum  institutis   eorum   propositum    prceferendum  ;   nec 

esse  eos  de  illis,  qui  liqua nt  culicem  etc 

Non  enim  praecipue  in  cibis,  in  potibus,  in  vestibus, 
in  laboribus,  vel  similibus  regnum  Dei  consistere  pu- 
tant  :  licet  hsec  discretive  facta,  multum  eidem  regno 
Dei  militent,  sed  in  pietate  illa,  de  qua  ait  Apostolus, 


-  576  - 

I.  Timot.  4.  Corporalis  exercitatio  etc.  Epulantur  vere 
sancti  illi  in  mensa  sapientne,  deliciantur  in  ferculo 
veri  Salomonis,  non  in  supsrstitionibus,  non  in  hypo- 
crisi,  non  in  vanitatibus,  non  in  fermento  malitiae,  et 
nequitiae,  sed  in  azymis  sinceritatis  et  veritatis.  Magni 
ergo  sunt,  amandi  sunt,  amplectendi  sunt  etc. 

Et  Epist.  xxiv.  ejusdem  lib.  Cartusianis  Majorevensibus 
missa. 

Cantat  Deo  Propheta  in  Psalmis  :  quam  dulcia  /au- 
cibus  vieis  eloquia  tua,  super  mel  ori  mco.  Possum 
et  ego  non  mentiens  scribere  vobis,  qnod  longe  dul- 
ciora  sunt  melle,  verba,  vel  litterœ  vestraj  mihi.  Nam 
semper  supremam  arcem  pectoris  mei,  vestrique  Or- 
dinis  viris  servavi  :  Instituta  Cartusiensia  universa- 
rum  religionum  institutionibus  praetuli  :  a  primis  pêne 
adolescentioL'  annis  sincero  affectu  sacrum  Religionis 
vestras  propositum  colui.  Unde  quando  vacare  potui, 
quoedam  antiquiora  vestri  Ordinis  loca  adiré  fréquenter 
non  pigritavi,  inaccessibiles  pêne  nivibus,  et  a  glacie 
altissimas  rupes  non  abhorrui  :  Fratres  inter  illas  mon- 
tium,  et  rupium  angustias  omnipotenti  Domino  ser- 
vientes,  videre,  visitare,  atque  cum  eis  in  Domino  ju- 
cundari,  dulce  habui,  etc. 

Et  Epist.  xl.  ejusdem  libri  ad  Basilium  I.  Majoris  Car- 
tusias  Priorem  VIII.  quas  incipit  :  Nuper  in  procinctu 
Romani  ilineris,  etc. 

Volotamen  te,  charissime,  scire  affectum  illum  meum, 
quo  montana  vestra  adiré  decreveram,  magis  causa  te 
visitandi  quam  locum  licet  sanctum  vivendi  fuisse. 
Illum  enim,  ac  Fratres  alios,  et  a  multis  jam  annis 
saspe  videram  :  te  vero  ex  quo  illud  arduum,  et  C céle- 
ste propositum  assumpsisti,  numquam  visitaveram. 


—  ^77  — 

.9- 
Alexander  Papa  III.  In  suaConstitutione, édita  Anagniie, 
IV.  nonas  septembrisan.  r  176,  qiuc  habeturin  Bulla- 
rio  Tom.  I.et  est  VII.  inter  Constitutiones  ejusdem. 

Cum  vos  per  gratiam  Dei  multa  praemineatis  gloria 
meritorum,  et  vitam  solitariam  eligentes,  divinae  con- 
templationi  arctius  intendatis;  bonus  odor  Religionis 
vestra;  ad  id  nos  inducit,  ut  communi,  et  speciali  de- 
bito,  quieti  vestrae  debeamus  intendere,  et  jura  vestra 
summopere  conservare. 

Et  Epistola  ad  Archiepiscopum  Viennensem. 

Non  latet  discretionis  vestrœ  prudentiam ,  quanto 
desiderio,  quantoque  amore  Cartusiani  Fratres  divinis 
intendant  obsequiis;  et  abnegantes  carnalia  desideria 
rerum  terrenarum  delectationes  spernentes,sobrie,  juste, 
ac  pie  in  hoc  sœculo  vivere  elegerint,  et  incessantes  su- 
pernœ  meditationi  proposuerint  vacare. U nde  dignum est, 
et  conveniens,  ac  consentaneum  rationi,  ut  intamsan- 
cto,  et  pio  proposito,  Pontificalibus  adjuventur  studiis. 

10. 
Joannes  Sarisberiensis  Episcopus  Carnotensis.  lib.  VII. 
Polycratici  cap.  xxin.  sacrum  Cartusiensium  Ordinem 
ita  prosequitur. 

Cartusienses  cupiditati  sua;,  imo  necessitati  limites 
prœfixerunt,  et  moderationis  habenis  omnem  avaritiam 
cohibent,  et  interdum  ipsi  necessitati  aliquid  subtra- 
hunt,  ne  sub  obtentu  illius  quippiam  avaritiam  molia- 
tur.  Magni  procul  dubio  viri,  et  inter  prœcipuos  nume- 
randi,  cum  non  modo  professiones,  sed  jam  senescente 
mundo  intanta  multitudine  labentium  sœculorum  pauci 
processerunt  homines,  qui  satietatissibi  aliquos  praescri- 
pserint  terminos. 

37 


—  578  — 

1 1. 

Petrus  Abbas  Cellcnsis  primum,  Episcopus  postmodum 
Carnotensis  successor  Joannis  supralaudati  inEpisto- 
laxxiu  lib.I  ad  Eskilum  LundensemArchiepiscopum. 

De  illo  Ordine,  qui  quasi  Cherubim,  sive  Seraphim 
immédiate  résident  Agno,  qui  habet  oculos  septem,  et 
cornua  septem,  in  trono  gratiae  accedunt,  gazas  vestras 
exornare  voluistis  :  Ecce  factum  est,  ut  imperastis.  Ac- 
quievit  sanctus  Cartusiensium  Fratrum  conventus  justis 
petitionibus  vestris  etc. 

12. 

Petrus  Blesensis  Archidiaconus  Bathoniensis  .  lxxxvi, 
Epist.  ad  M.  Alexandrum  Monachum  Cartusiensem. 

Cur,  inquit,  sanctum,  et  gloriosa;  opinionis  Ordinem 
Cartusiensem  prœvaricando  dépravas?  Numquid  résina 
non  est  in  Galaad,  aut  medicus  non  est  tibi  ?  Ibi  sane 
inveneras  locum  pœnitentiœ,  secretum  solitudinis,  pa- 
cem  anima;,  contemplationis  arcanum,  gaudium  in  Spi- 
ritu  Sancto,  munus  salutis,  et  efficax  beneficium  mé- 
dicinal. Verum  manna  cœleste  fastidiens,  et  suspirans 
ad  ollas  carnium  domum  illam  appetis,  quae  desiderio 
tuo  satisfaciet,  quae  tibi  delicatius,  et  indulgentius  mini- 
strabit.  Ideoque  tumultum  frequentiœpopularis,  silcntio, 
et  solitudini  anteponis  solicitudinem  ;  licet  noveris  scri- 
ptural esse,  quia  qui  jugum  Dei  accepit,  sedere  débet 
solitarius,  et  tacere.  Hoc  in  Ordine  Cartusiensi  causaris 
et  arguis,  quod  singulis  diebus  missas  non  faciunt,  at- 
que  hujus  religionis,  aut  potius  superstitionis  obtentu, 
tuum  machinaris  egressum.  Tuœ  littera  faciunt  te  insa- 
num  etc. 

Si  attendas  domum  Cartusiensem,  quam  rclinquere 
desideras,  considéra  unde  venias,  aut  quo  vadas.  Jeru- 


—  579  — 

salem  pro  Babylone,  Terram  promissionis  pro^gvpto, 
pro  exilio  patriam,  cœlum  pro  inferno,  quietem  ei  pa- 
cem  pro  labore,  et  miseria  derelinquis.  Domus  siquidem 
Cartusiensis  et  locus  habitationis  illius,  silus  est  in  mon- 
tibus,  et  scopulis,  et  ia  pétris,  ut  sit  potius  habitatio 
Angelorum,  quam  hominum,  ad  dandam  Altissimo  vo- 
cem  confessionis,et  laudis,  sicut  scriptum  est:  «Super  ea 
volucres  cœli  habitabunt,  de  medio  petrarum  dabunt 
«  voces....  Vere  terribilis  est  locus  iste,  uec  est  hic  aliud 
«  nisi  Domus  Dei,  et  porta  cœli.  »  Et  licet  domus  illa 
sit  in  terra  horroris,  et  vastœ  solitudinis,  nominatissima 
tamen  est  in  observatione  religionis,  et  Ordinis.  In  om- 
nem  terram  per  gratiam  Dei  exivit  fama  ejus,  et  in  fines 
orbis  terrœ  suas  odorem  suavitatis  effudit.  Plantatio 
enim  Dei  est,  et  vinea  Domini  Sabaoth  :  Ideoque  jam 
excrevit  in  immensum,  et  multiplices  fructus  fecit.  Vide 
si  jam  non  operuit  montes  timbra  ejus,  si  non  extendit 
palmites  suos  usque  ad  mare,  et  usque  in  Angliam  pro- 
pagines ejus  etc. —  1190. 

i3. 

Gaufredus   Vosiensis   Prior,    scriptor  sœculi  XII.  teste 
Mabillonio.   In  Chron.  cap.  iv. 

Ordo  Cartusiensium  sanctissimus  incœpit  per  Bru- 
nonem  virum  sanctum,  natione  Alemannum,  de  Co- 
lonia  Agrippina,  Magistrum  in  Theologia,  cura  sex 
aliis  venerabilibus  viris  in  Diœcesi  Gratianopolitana. 

14. 

Laurentius  Leodiensis,  in    Hist.    Episcoporum  Virdu- 
nensium. 

Cartusiensis  religio  mundo  hac tenus  inaudîta  de 
sanctissima  Reverendissimi  Brunonis  Scliola  processit, 
quœ    in  carne  extra  carnem   insolito  mortalibus    more 


—  58o  — 

vivendo,  Angelos  in  terra,  Joannem  Bapiistam,  et 
Paulum  Eremitam  in  deserto,  nobis  hodie  représen- 
tât, ut  merito  hanc  religionem  Florem  mundi  nomines, 
ut  hanc  esse  animal  simile  aquilae  in  cœlum  volanti 
jure  pronunties. 

i5. 

Clemens  III.  qui  anno  Christi  1187  creatus  est  Pon- 
tifex,   ad   Cartusianos. 

Inter  virtutum  aromata,  et  Sanctorum  fragrantiam 
studiorum  opinionis  vestrae  balsamus,  suo  nos  odore 
discernitur.  Qui  cum  se  asperioribus  institutis  a  mun- 
dana  separet  vanitate,  et  praeclara  resplendeat  gloria 
meritorum,  nobis  est  amplius  honorandus.  Providen- 
dum  quoque  diligentius  est,  et  cavendum,  ne  quietem 
sanctam  improbitas  alicujus  valeat  conturbare. 

16. 

Cœlestinus  III.  ad  eosdem  Cartusianos.  Hic  laudato 
Clementi  III.  sucessit  in  Pontiticatu,  et  anno  1 198 
obiit. 

Paci,  et  tranquillitati  vestrœ  tanto  propensius  provi- 
dere  volentes,  quanto  arctius  divinis  estis  obsequiis 
mancipati,  in  contemplationis  arce  procul  a  terreno- 
rum  tumultu  semoti  ;  piœ  postulationi  vestrae  facilius 
annuimus,  et  favorem  Apostolicum  libentius  imperti- 
mur.  Inde  est,  quod  ut  instituta  vestri  Ordinis  per- 
petuam  habeant  tirmitatem,  prout  approbata  sunt,  et  a 
bene  utentibus  observata,  rata  in  posterum  fore  de- 
cernimus,  et  auctoritate  qua  fungimur,  observamus. 


—  58i  — 

}7- 

Petrus  Cantor  Parisiensis,  Monachus  Cisterciensis,  qui 
floruit  anno  1200,  in  lih.  de  Verb.  Abbreviat.  cap. 
xxvur. 

Si  sanctus  Ordo  Cartusiensium  in  holocaustum,  hic 
etiam  oblatorum  Dei,  a  labe  mundi  per  abstinentiam, 
et  macerationem  carnis  purgatorum,  et  jam  volan- 
tium  per  pennas  ventorum  ,  non  nisi  in  festis,  et 
profestis  spirituali  officio  intitulatis  audet  conficere, 
quomodo  tu  peccator  Sacerdos  intrepidus  audes  tam 
sancta  irreverenter  tractare ? 

18. 
Joannes  a  Sancto  Victore  in  Memoriali  Ms.  Historiar. 

ad  annum   1081. 

Eodem  anno  (MLXXXI.)  Ordo  Cartusiensis  cœpit 
hoc  modo.  S.  Hugo  Gratianopolitanus  Episcopus  in 
Galliis  per  annos  LU.  virtutum  exemplis  incompara- 
bilibus  floruit.  Ipse  semel  vidit  per  somnium  Dominum 
in  solitudine  Cartusia?  suae  dignationi  constituentem 
habitaculum,  stellas  etiam  septem  sibi  prasstantes  iti- 
neris  ducatum.  Et  eccc  viri  septem  venerunt  ad 
eum,  qui  omnes  uno  dcsiderio  accensi  locum  ere- 
miticœ  vitœ  congruum  quaerebant,  necdumque  repe- 
rerant.  Horum  Magister  crat  Bruno  natione  Teutoni- 
cus  ex  urbe  Colonia  oriundus,  Rhemensis  Ecclesiae 
Canonicus ,  et  scholarum  Magister,  relicto  soeculo, 
Cartusiœ  Monasterium  fundavit,  propositumque  Mo- 
nastieœ  conversationis  satis  arduum  instituit.  Hujus 
sancti  propositi  cooperator  existens  S.  Hugo,  ab  eodem 
Brunone  habitum  Monachicum  sumpsit,  cunctisque 
ibi  habitantibus  insigne  exemplum  praebuit.  Sicque  Or- 
do ille  puritate  mentium,et  theoriœ  studio  ccepit  augeri. 


582 


i9. 
Joannes    Bronto  Jornacensis    Abbas,  Chron.  Rer.  An» 
glic.  ad  annum   1077.  n.   20. 

Circa  hase  tempora,  Ordo  Cartusiensis  incœpit  sub 
Brunone,  qui  Teutonicus,  et  urbe  Colonia  oriundus 
Magister  scholarum  fuit...  Hic  relicto  sœculo,  eremum 
Cartusite  circa  festum  Beati  Joannis  primo  fundavit, 
et  rexit  septem  annis. 

20. 

Honorius  III.  qui  anno  1216  Pontifex  est  renuntiatus, 

ad   Cartusienses. 

Cum  dilecti  Filii,  Fratres  Cartusiensis  Ordinis,accep- 
tis  permis  columbae  in  ara  cordis  mactatis  carnalibus 
desideriis,  in  mentis  fortitudinem  evolaverint,  illicque 
pro  suis  gemant,  et  aliorum  peccatis,  holocaustum  offe- 
rentes  Domino  semetipsos,  ne  pedes,  quos  laverant, 
cogantur  iterum  inquinare  etc. 

Et  insuper. 

Obsecramus  vos  per  Dominum  Jesum  Christum,  et 
per  charitatem  Spiritus  Sancti,  quatenus  immolantes 
Domino  pro  nobis  vestrorum  vitulos  labiorum  pias 
manus  elevetis  ad  Deum  ;  ut  de  sua  abundantia  pietatis 
custodiat  Ecclesiam  suam  propitiatione  perpétua.  Nos 
enim  asmulantes  Dei  œmulatione  vestri  Ordinis  hone- 
statem,  et  novissima  nostra  vestrorum  similia  tieri  cu- 
pientes,  vos,  et  universum  Ordinem  vestrum  tueri  prae- 
sidiis  ,  favoribus  attollere,  et  benetkiis  intendimus 
confovere. 


—  583  — 

2  I. 

Jacobus  de   Vitriaco    Sanctae  Romance  Ecclesice  Cardi- 
nalis,  in  Histor.  Occidentali,  cap.  xviii. 

Si  quis  aliquid  eis  (scilicet  Cartusianis)  abstulerit,  vel 
alio  modo  injuriatus  fuerit,  nullam  contra  ipsum  in  ju- 
dicio  causam  movent.  Unde  nec  proximos  sibi  licet 
inimicantes  scandalizant,  nec  advocatis  ad  lites  et  jur- 
gia  indigent,  nec  curias  sasculares  in  detrimentum  ani- 
mas suœ  eos  oportet  adiré. 

Et  insuper. 

Cartusianas  Religionis  rigor  districtionis,  et  districtio 
rigoris  tamquam  fornax  Spiritus  Sancti  aurum  purgans, 
et  scoriam  ex  argento  separans,  falsos  fratres  diu  reti- 
nere  non  potest.  Unde  Cella  comparatur  mari,  quod 
morticinum   quantocius  poterit  projicit. 

Et  demum. 

Cella  enim  (ut  Dionysius  ait  de  Vit.  inclusar.)  et  soli- 
taria  habitatio  ad  hoc  ordinata  est,  ut  in  ea  agat  solum 
homo,  quce  Dei  sunt.  Hvec  autem  sunt,  contemplari, 
diligere,  misereri,  justitiam  exercere,  bonitatem  suam 
aliis  communicare. 


Vincentius  Episcopus  Bellovacensis.  In  specui.  Histor. 
Lib.    XXVI .    cap.  xxvni. 

Anno  Domini  MLXXXIV.  Anno  Imperii  Henrici 
hujus  nominis  quarti  XXVIII.  Pontificatus  vero  Gre- 
gorii  VII.  Anno  XI.  Bruno  nationc  Teutonicus  ex 
urbe  Colonia  litteris  ad  modum  eruditus,  Rhemensis 
Ecclesice  Canonicus  et  seholarum  Magister,  relicto  sce- 
culo    Eremum    Cartusice   fundat,    propositumque    Mo- 


—  384  — 

nasticae  conversationis  satis  arduum  instituit.  Cujus 
sancti  propositi  cooperator  beatœ  memoriae  Hugo  Gra- 
tianopolitanus  Episcopus  ab  eodem  Brunone  sumpsit 
habitum  Monasticum,  cunctisque  permundum  habitan- 
tibus  insigne  exemplum  praebuit. 

Et  Lib.  XXVII.  cap.  vu. 

Monachi  Cartusienses  paulatim  pullulant,  qui  pras 
caeteris  continentes,  peste  avaritise  quam  plurimos  sub 
religionis  habitu  laborare,  etlaborare  videntes,  terminos 
posuerunt,  dum  certum  numerum  hominum,  anima- 
liumque,  et  possessionum,  quem  eis  prœtergredi  nullo 
modo  liceat,  statuerunt  ;  et  ipsi  singulas  singuli  cel- 
lulas  habentes,  ac  raro,  vel  ob  Dei  cultum,  vel  etiam 
ob  mutuum  in  charitate  solatium  convenientes,  perfe- 
ctius  mori  mundo,  et  caeteris,  tanto  diligentius,  quanto 
secretius  Deo  vivere  eleserunt. 


Chronologus  S.  Martini  Turonensis. 

Anno  millesimo  octogesimo  sexto,  incipit  Ordo  Car- 
tusias  tali  modo  :  S.  Hugo  Gratianopolitanus  vidit  per 
somnium  in  solitudine  Cartusiae  Dominum  Jesum 
quoddam  confirmantem  ;  septem  etiam  stellas  ducatum 
itineris  sibi  praestantes.  Nec  mora  ad  ipsum  Episcopum 
veniunt  septem  viri,  qui  uno  desiderio  locum  eremi- 
ticae  vitae  quaerebant,  nec  adhuc  repererant,  quorum  pri- 
mus  fuit  Magister  Bruno  etc. 

24. 

Alexander    Papa   IV.  in  sua    Bulla  emanata    circa   an- 
num    1255. 

Cœlestis  amor  patriae  mentes  vestras  sic  allexisse 
perspicitur,   ut   quasi    hoc    sol  uni    delectationem  vobis 


—  585  — 

tribuat,  quod  divinae  voluntati  sit  placitum,  et  salutem 
proférât  animarum. 

Et  alias,  ad  eosdem  Cartusianos. 

Amictus  lumine  sicut  vestimcnto  Dei  Filius  Dominus 
Jésus  Christus,  suam  sacrosanctam  Ecclesiam,  quasi  tôt 
videtur  illustrasse  hominibus,  quot  in  ea  constituit 
gradus,  et  Ordines,  virtutum  insigniis,  et  cultus  divini 
studio  refulgentcs.  Inter  personas  siquidem  alias,  quas 
in  laudemsui  nominis  virtus  Altissitni  ab  antiquis  tem- 
poribus  usque  nunc  assumpsisse  diguoscitur,  illi  quasi 
videntur  fuisse  praecipui,  qui  vestri  Ordinis  sanctitatem 
surit  professi.  Vigiles  etenim,  et  solliciti  ad  hoc  ipsi 
studuerunt  assidue  inveniri,  quod  ut  sponsus  cœlestis 
in  eorum  conscientiis  haberet  lectum  floridum,  etChri- 
stiana  Religio  de  ipsorum  conversatione  Angelica  su- 
meret  sarfctitatis  exemplum,  Sede  Apostolica  multitu- 
dine  spiritualis  laetitiag  saepe  sœpius  congaudente  :  ita 
quodseipsam  ineis  tamouam  in  odoreagri  pleni,cuibe- 
nedixerit  Deus,  sine  intermissione  delectans,  eos  inter 
alios  Ecclesice  filios,  perpétuai  dilectionis  amplexibus, 
et  gratiosi  favoris  affluent]  confovebat.  Multis  nihilo- 
minus  de  diversitate  fidelium  vacantibus  ad  hoc,  quod 
circa  religionem  tam  famosam  et  celebrem  sincerissimœ 
dilectionis  effunderet  largitatem.  Ecce  charissimi  no- 
bis  in  Domino  manifeste  per  ista  constitit,  quod  Ordo 
vester  Deo  et  hominibus  olim  carissimus  habeatur. 

Et  insuper. 

Thesauro  virtutum,  sic  pracclara  vestra  Religio,  siuim 
semper  astrinxit  afifectum,  quod  habetur,  et  in  con- 
spectu  œterni  Régis  placita,  et  in  oculis  hominum 
gratiosa.  Ipsa  quidem  Religio  vestra,  ut  columba  mi- 
tis,  et  humilis,  et  electa  Domini,  et  specialis,  pulchra 


—  586  — 

per  totum  aspicitur,  omnem  a  se  rugam  enormitatis 
abjiciens,  et  maculam  difformitatis  excludens,  vigi- 
lant i  b  u  s  illis,  qui  paternœ  sollicitudinis  in  ea  gerunt 
officium,  quod  ibidem,  nullae  possint  virorum  spinae 
succrescere  ;  ipsa  florum  honoris,  et  fructuum  honestatis 
immarcessibili  polleat  honestate.  Propter  hune  etenim 
sanctae  operationis  effectum  nunquam  Ordo  vester 
officio  alienœ  visitationis,  vel  correctionis  indiguit.... 
Cum  itaque  nos,  qui  ex  hujusmodi  virtuosis  actibus 
spiritu  in  Domino  exultamus  claris  agnoscamus  in- 
diciis  dictum  Ordinem  esse  aliis  rectae  vitœ  spéculum, 
et  salutiferœ  conversationis  exemplum... 

25. 

Clemens  IV  qui  ab  anno  1 265  usque  ad  annum  1268 
Pontificatum  gessit.  Epistola  281,  ad  S.  Ludovicum 
Francorum  regem. 

Cartusiensis  Ordinis,  cujus  sinceritas  in  sui  simpli- 
citate  non  déficit,  sed  quasi  lux  splendens  usque  ad 
diem  perfectum  crescit,  (Proverb.  4.  19)  Domino  pro- 
movente  oblivisci  non  possumus,  et  de  nostro  affectu 
alios  sestimantes,  quod  amamus  tenerrime,  specialius 
amicis  commendamus. 

Item  alibi. 

Religionis  vestrœ  meretur  honestas,  ut  vos  speciali 
diligentes  in  Domino  charitate,  prosequamur  gratia 
Sedis  Apostolicas,  et  favore.  Pi  a  m  affectionem  vestram, 
qua  Régi  cœlesti  super  omnia  placere,  ac  in  since- 
ritate  cordium  deservire  quaeritis,  charitativa  dilectione 
complectimur. 

Speciali  gratia,  et  favore  vos  illa  de  causa  dignos 
potissime  reputamus,  quia  toto  cordis  affectu  ad  hoc 
semper  intenditis,  ut  per  sanctae  conversationis  et  vitae 
studium  in  conspectu  Dei,  et  hominum  placeatis. 


—  587  — 

Ad  hanc  sanc  pulchritudinem  mirabilem,  qua  splen- 
det,  et  splenduit,  quasi  quadam   varietate    circumdata 

pia  Mater,  retroactis  temporibus,  adjecit  plurimum 
Ordo  vester  a  suis  fundatoribus  viris  spiritualibus,  et 
tanquam  adeps  a  carne  penitus  separatus,  magno  pa- 
riter,  et  exacte  consilio  circumeisus  :  qui  ab  homi- 
num  separati  consortiis,  et  ad  vitae  subsidia  necessaria 
satis  paucis  contenti,  aquilarum  more  nidum  suum, 
in  arduis  posuerunt  in  pramiptis  silicibus,  et  inaccessis 
rupibus  habitantes,  deliciarum  hortum  squallentis  ere- 
mi  solitudinem  arbitrati  :  ubi  lectionibus,  orationibus, 
et  contemplationi  vacantes,  solitudine  Marthx  sepo- 
sita,  subsederunt  ad  pedes  Domini  cum  Maria. 

26. 

Guillelmus  de  Braio  Gallus,  Cardinalis  Tit.  S.  Marci, 
anno  1263  ab  Urbano  IV.  renuntiatus  commissa- 
rius  Apostolicus,  in  rescripto  pro  Cartusia  Angionis, 
ita  de  Ordine  Cartusiense. 

Immaculata  Ordinis  vestri  Religio,  quœ  velut  lucerna, 
non  accensa  sub  modio,  sed  in  vertice  montium  tan- 
quam super  candelabrum  posita  perlucide  radios  cla- 
ritatis  ostendit  etc. 

27. 

Philippus   Bergomas,  in    supplemento    Chronicar.    ad 

annum    1084. 

Bruno  vir  sanctus,  et  clarissimus  Philosophus,  at- 
que  Theologus,  natione  Teutonicus  ex  urbe  Colonia 
Rhemensis  Ecclesias  Canonicus,  scholarumque  apud 
Parisium  magister,  iisdem  temporibus  cum  in  Galliis 
legendo,  scribendo  et  disputando  clarissimus  habere- 
tur,  relicto  sœculo,  et  pompis  ejus,  cum  septem  viris 
doctissimis  in  eremum  Cartusias  secessit,   ibique    Mo- 


—  588  — 

nasterio  structo,  propositum  Monasticae  conversationis 
satis  arduum,  teste  Vincentio  Gallo  Lib.  26.  ibidem 
instituit.  Cujus  sancti  propositi  Hugo  Gratianopoli- 
tanus  Episcopus,  qui  ab  eodem  Brunone  habitum 
Monasticum  accepit,  auctor  fuit. 

Et  paulo  post. 

Anno  MLXXXIV.  Ordo  Cartusiensis  in  Galliis  hoc 
anno  in  Diœcesi  Gratianopolitana  a  Brunone  Theo- 
logo  viro  sanctissimo  initium  sumpsit,  qui  Bernardo 
teste  inter  omnes  Ecclesiasticos  Ordines  primatum  tenet, 
non  ratione  temporis,  sed  rigorositatis  et  propterea 
eum  speciosissimam   Ecclesiœ  columnam  appellat. 

28. 

Guillelmus  de  Elbura,  alias  de  Yporegia,  cognomento 
Crassus,  Cartusiœ  Coloniensis  Professus,  in  Tractatu 
de  Veritate  perfectœ  religionis —  i3i3. 

IdcircO  Ordinem  sanctum  Cartusiag  divina  Miseri- 
cordia  adinvenit,  in  quo,  et  per  quem,  et  sub  quo 
utraque  vita,  tam  cœnobitica  quam  eremitica  reducta 
est  ad  suœ  primariae  originis  puritatem,  et  ad  anti- 
quam  institutionis  Monasticae  sanctitatem.  In  Ordine 
enim  Cartusiensi  est  communis,  et  cœnobiticœ  vita?  or- 
dinata  societas,  quia  omnia  Monasteria  totius  Ordinis 
dicti  simul  connexa  sunt,  et  unita  sub  uno  Priore 
Cartusiœ,  et  sub  uno  Capitulo  Generali,  quod  inde- 
sinenter  annis  singulis  in  principali  Domo  Cartusias 
celebratur,  quorum  providentia,  et  sanctis  consiliis, 
monitionibus,  ordinationibus,  visitationibus,  et  salu- 
taribus  institutis,  totus  Ordo,  totiusque  ordinis  domus 
reguntur,  corriguntur,  et  diriguntur,  et  in  sanctae  re- 
ligionis observantia  conservantur.  Ab  eisdem  Priore 
Cartusiœ,  et  Capitulo  Generali    ad   omnes  et  singulas 


—  58g  — 

Provincias,  in  quibus  sunt  Monasteria  Ordinis  supru- 

dicti,  mittuntur  Visitatores. 

29. 

Joannes  XXII,  ita  Cartusianosalloquens  scripsit.  r33-|.. 

Actus  vestros  in  Régis  reterni  beneplacito  dirigentes, 
exercitio   virtutum  cultui  religionis  intenditis,    et    per 

devotarum  orationum  instantiam  ,  salutem  quaeritis 
animarum,  sicque  propitiationera  eœlestis  gratiœ  pro- 
merentes  ad  aeternas  beatitudinis  bravium  tenditis  , 
tanquam  benedictionis  filiis  repromissum. 

Idem,  in  diplomate  pro  erectione  Cartusiœ  Boni- 
Passus,  cal.  decembris   i3i8. 

Exultât  in  vobis  Mater  Ecclesia,  quod  vos  spiritu 
beatas  considerationis  inducti,  supra  fundamentum  il- 
lud,  quod  positum  est,  quod  est  Christus  Jésus,  ut 
vobis  non  manu  facta  domus,  sed  œterna  prœparetur 
in  cœlis,  superaedirkabimini  tanquam  lapides  vivi  spi- 
rituales  Domos  per  lucra  sanetorum  operum,  alta  et 
solida  fabrica  stabilitas,  ei  cui  nunquam  sine  remu- 
neratione  servitur,  phialas  odoramentorum  plenas,  ut 
^Christi  bonus  odor  sitis,  Deo  per  sedulam  devotarum 
orationum  instantiam  offerendo.  Sicque  desiderii  pas- 
siones,  fulti  divina?  protectionis  auxilio  per  observan- 
tiam  districtionis  arctas  reprimitis,  quod  virtuose  de 
saeculi  fatigationibus  triumphatis  ;  illius  prœmii  re- 
cepturi  mercedem,  quod  operariis  in  Evangelio  Do- 
minus  pollicetur  etc. 

3o. 

Clemens  IV,  qui  anno  r342  inauguratus  est  Pontifex, 

et  obiit  anno   i352. 

Ad  fructus  uberes,  quos  Cartusiensis  Ordo  in  agro 
militantis    Ecclesiae    plantatus   dextera    Domini ,    velut 


—  ?oo  — ■ 

arbor  bona,  produxit  hactenus,  et  producit,  conside- 
rationis  nostras  oculos  extendentes ,  et  attendentes , 
quod  dicti  Ordinis  professores  mundo  mortui  soli 
Christo,  qui  est  vita,  viventes,  pro  universali  fide- 
lium  salute  ,  incessanter  ad  Dominum  preces  fun- 
dunt  etc. 

Prœinsignis  Ordinis  vestri  sacra  religio  in  agro  Do- 
minico  divina  dispensatione  planta  ta,  ex  sua?  institu- 
tionis  exordio,  per  insignium  meritorum  gratiam,  et 
exemplaris  vitœ  doctrinam,  uberes  hactenus  in  uni- 
versa  Ecclesia  honestatis,  et  salutis  fructus  protulit  et 
producit. 


Innocentius    Papa    VI.    creatus   anno    1 3 52,    qui  Ave- 
nionensem  Cartusiam  fundavit. 

Inter  cunctos  Religionis  Monasticœ  professores,  qui- 
bus  veluti  rutilantibus  margaritis  militans  coruscat 
Ecclesia,  vestri  Cartusiensis  Ordinis  candidi  Nazaraei 
splendore  illustrant  eximio  Ecclesiam  memoratam.  \  itae 
siquidem  munditiae  nitidi,  fervore  charitatis  igniti,  ri- 
gore  abstinentiœ  pallidi,  et  austeritate  pœnitentiœ  ma- 
scerati,  mundo  mortui,  Christo  vivunt.  Hi  Marthae 
circa  frequens  ministerium  satagentis,  quo  turbabatur 
erga  plurima,  sollicitudinem  fugientes,  per  contempla- 
tionis  altitudinem  sedent  ad  pedes  Domini  cum  Maria. 
Hi  amicam  mœroribus  solitudinem  eligentes  per  com- 
punctionis  lacrvmas,  et  pro  suorum,  aliorumque  fide- 
lium  remissione  peccaminum  ,  incessabiles  fundunt 
preces. 


—  ^Qï  — 

32. 

Franciscus  Petrarcha.  Epist.  ad  Sodalitatem  Magnas 
Cartusiœ,  Libris  de  Otio  Religiosorum  apposita, 
Tom.  I.Oper.  Basilece  editor.  per  Sebastianum  En- 
riopetri,   fol.   2q3.  Obiit  anno   i3j4. 

Veni  ergo  in  Paradisum,  vidi  Angelos  Dei  in   terra, 
et  in  terrenis  corporibus  habitantes,  suo   tempore  ha- 
bitaturos  in  cœlis,  et  ad  Christum,  cui  militant,  ex- 
acto  praesentis  exilii  labore  venturos.    Qui  priusquarà 
vos    formaret    in    utero,  novisset,  et    sanctificasset,  et 
prœdestinasset    in    numerum    electorum,    nequaquam 
hoc  vobis  rectum,  et  compendiosum  iter,  et  a  mundi 
devio    semotissimum    ostendisset.    Sed    ne    quid    hic 
plénum  sperem    sancto  illi    gaudio,    quod     ex  vestra 
conversatione  percepi,  sola  brevitas  adversata  est,  vix 
verendos    vultus    aspicere    contigit.    Nunquam    mihi 
brevior  lux,   nunquam    velocior  nox  fuit.  Dum   reli- 
giosissimam  illam  Eremum,    templumque  contemplor, 
dum    devotum   silentium,  et    Angelicam    psalmodiam 
stupeo,   dum  vos  hinc  omnes,    hinc  singulos  mire,  et 
humani    more    animi,  depositum  opus,  vos    perdulce 
meum    pignus   amplector,    inque    multum   ex    optatis 
germani  optimi,  atque  vinci  colloquiis  acquiesco,  non 
sentienti  mihi    totum  illud    exiguum  témpus    effluxit, 
verba   nectendi  ,  collegandique    animum    facultas    dé- 
fait. Unum  quoque  continuum  obsequium,  et  charitas, 
non  illa  communis,  quam  in   Christo    cunctis    hospi- 
tibus  exhibetis,  sed   singularis   quidem,  atque  praefer- 
vida   me   sollicitum   habebat,    nec   mea   longior    mora 
divinis  laudibus,  vestroque  proposito  forsan  ofïïceret, 
et  festinare  abitum  monebat.  Insuper  et  confabulatio- 
nes  cum   singulis  jucundas  et  brèves,  quibus  hue    illuc, 
sed  sempèr  in  idipsum,  sacra  et    sobria    voluptate  ra- 


—    DÇ)2    — 

piebar,  cursum  continuée  orationis  arcebant,  oblivio- 
ne  omnium  injecta,  nisi  eorum,  quae  vicissim  ex  ore 
nunc  hujus,  nunc  illius,  veluti  totidem  ccelestibus 
oraculis  erumpebant  etc. 

Et  alibi. 

Ordo  Cartusiensis  est,  quem  nemo  deceptus,  nemo 
invitus  intrat,  in  quo  nullus  perseverare  fictus  potest. 

33. 

Bonifacius    IX.  qui    creatus    fuit    Pontifex    Romanus 
anno   1389.  Ad  Cartusianos. 

Sacrosancta  Romana  Ecclesia ,  Mater  cunctorur.i 
fidelium,  et  Magistra  in  agro  virtutum  vestri  Ordinis, 
cui  Altissimus  benedixit,  et  in  décore  Sancta?  Religio- 
nis,  sub  qua  mundanis  abjectis  illecebris  devotum,  ac 
sedulum  exhibetis  in  Domino  famulatum,  exultât,  et 
jubilât,  praesertim  dum  prospicit  ad  alta  virtutum, 
gradibus  per  exercitationem  bonorum  operum,  et  prae- 
clara  sanctitatis  mérita  procedentes,  trahitis  ad  divi- 
num  obsequium  alios  per  exempla,  vitam  ducendo 
piissimam,  ac  fréquenter  divinis  laudibus,  ex  quibus 
divinœ  gloria  Majestatis  extollitur,  devotissime  insis- 
tendo,  et  huic  mundo  mortui,  ac  Domino  nostro  Jesu 
Christo,  qui  est  Vita,  viventes,  pro  universali  salute 
fidelium  ad  Dominum  preces  funditis  incessanter.  Pro- 
pter  quod  vestrum  eumdem  Ordinem,  quem  erga  nos, 
et  praedictam  Ecclesiam  devotionis  charitate  perlucere 
conspicimus,  intra  claustra  nostri  pectoris  paternis 
affectibus  contemplantes  etc. 


—  r>cp   — 

34. 

Henricus  do  Kalkar  cognomento  iEger.  In  libell.  de 
ortu  et  progressu  Ord.  Cartusiens.  pag.  8.  —  1408. 

Bruno  data  sibi  benedictione  per  Papam  Urbanum, 
adiit  Calabriam,  ubi,  et  evangelizans  illis  partibus  sen- 
tentiam  damnationis,  quam  audivit  Parisiis,  Dei  dono 
multos  convertit,  ex  quibus  tandem  Congregationem 
sanctam,  sicut  in  Cartusia,  in  Eremo,  cui  nomen 
Turris,  instituit  :  fecit  et  advertantibus  verbis  et  factis 
saepe  monita  salubria,  et   signa  solatiosa  satis. 

Et  alibi. 

Acceperant  autem  Fratres  ipsi  pro  exercitio  regulari 
vitam  de  Actibus  Apostolorum  post  Ascensionem  Do- 
mini,  viventes  scilicet  in  communi,  vacantes  etiam 
vigiliis  sacris,  jejuniis,  et  orationibus,  expectantes  et 
ipsi,  sicut  et  adhuc  posteri  eorum  quilibet,  vitae  suae 
terminum,  prout    Apostoli  Sancti    Spiritus    adventum. 

35. 

Anonymus  in  Historia  Ordinis  Cartusiensis,  ex  Co- 
dice  Ms.  S.  Laurentii  Leodiensis  ab  Edmundo  Mar- 
tene  Monacho  Benedictino  e  Congregatione  S.  Mauri 
edit.  Tom.  VI.  Veter.  scriptor.  pag.  i53.  —  1420. 

Bruno  Doctor  famosus  ,  magister,  et  Doctor  sacras 
Theologia?,  vir  magna-  sanctitatis  et  profundi  sensus, 
natione  Teutonicus,  de  Civitate  Colonia,  non  obscuris 
parentibus  natus,  Rhemensis  Ecclesiœ  Canonicus,  et 
ibidem  scholarum  magister  et  rector  etc. 

Et  post  nonnulla. 

Magister  igitur  Bruno,  vir  sanctissimus,  et  gemina 
scientia  prai-ditus,  tam  divina  scilicet  quam  humana  clo- 
us 


—  594  — 

quentia  Tulliana  prœclarus,  discretione  ac  devotione 
morumque  excellenti  honestate  prœfulgens,  cœlesti uni- 
que virtutum  copioso  thesauro  ditatus,  atque  dotatus, 
Deo ,  et  hominibus  dilectus ,  atque  gratus,  Eremum 
Cartusias  sex  annis  rexit. 

36. 

Martinus  V.  Pontifex,  in  Bulla  qua  exemit  Cartusianos 
a  solutione  decimarum  et  primitiarum.  —  143 1. 

Fons  parvulus,  qui  crevit  in  fluvium,  et  in  lucem, 
solemque  conversus,  in  aquas  plurimas  redundavit, 
Cartusiensium  est  Ordo  perlucidus,  quia  in  sui  ortus  ex- 
ordio,  parvus  et  humilis,  abjectione  habitus,  tenuitatis 
substantia,  humilitatis  professione,  ac  numéro  professo- 
rum,  sub  fontis  similitudine  non  indigne  describitur, 
cui  diversarum  ille  proprietatum  conformitate  respon- 
dens,  non  immerito  comparatur.  Hic  enini  fons  est 
hortorum  irriguus,  cœteras  irrigans  Religiones,  et  Or- 
dines,  ac  exemplis  salubribus  scaturitans.  Hic  est  fons 
amcenus  varietate  virtutum,  prœclarus  munditiœ  puri- 
tate,  pietate  patens,  indeficiens  sanctitate.  Horum  copia 
meritorum  illustratus,  ita  nomen  fontis  ampliavit,  ut 
fluvius  esse  censeatur  :  Cujus  professio  laudabilis,  de 
virtute  in  virtutem  progrediens,  ut  Deum  Deorum  in 
Sion  videat,  universalis  Ecclesice  laetificat  Civitatem,  in 
qua  per  meritorum  evidentiam,  claras  lucis  splendorem 
adeptus,  quasi  Stella  matutina  refulget  in  medio  nebulœ. 
Hujus  siquidem  Ordinis  sacra  Religio,  a  suae  institu- 
tionis  auspiciis,  quasi  déserta  et  invia,  paucis  adhuc 
initiata  cultoribus,  tandem  honoris,  et  honestatis  fructus 
parturiens,  ramos  suos,  ramos  quidem  honoris,  et  gra- 
tiae  generationes  germinans,  religionis  sinceritatem,  et 
austeram  vitae  continentiam  ampliavit  etc. 


—  5()5  — 

3t. 

Joannes  Gerson  Cancellarius  Parisiensis.  Lib.  de  absti- 
nentia  a  carnibus.  —  1429. 

Apud  Venerabiles  Cartusienses  reperitur,  sicubi  in 
Ecclesia  quicquam  vestigii  reliquerit,  praedicanda  illa 
pristinorum  Patrum  devotio,  admira bilisfervor,  et  con- 
tinentia    incredibilis  pêne. 

38. 

Anonymus  Cartusiensis  Vallis  Dei,  Diœc.  Sagiensis.  Lib. 
de  Religionum  Origine,  edit.  ab  Edmundo  Martene 
Tom.  VI.  Veter.  scriptor.  ubi  de  origine Ordinis  Car- 
tusiensis. cap.  xv.  —  1455. 

Cartusiensium  Ordo  sanctissimusab  eotempore  sum- 
psit  exordium,  quo  ab  Incarnatione  Christi  Filii  Dei 
benedictiannusmillesimusoctogesimusquartus  volveba- 
tur,  per  Brunonem  virum  sanctum,  ac  scientia  theorica, 
cunctorumque  liberalium  artium  proepollentem  dis- 
ciplina, natione  Alemannum  ,  de  Colonia  Agrippina 
oriendum,  et  sex  alios  venerabiles  viros  ac  reverendis- 
simos  in  theorica  facuitate  magistros,  et  in  aima  Uni- 
versitate  Parisiens!  degentes,  qui  divino  Pneumate 
inspirati  ,  sœculum  fugi entes  déserta  loca  petierunt, 
Christo  deinceps  militaturi. 

Ordo  iste  B.  Bernardo  teste,  inter  omnes  ecclesiasticos 
Ordines  primatum  tenet ,  non  ratione  temporis,  sed 
rigorositatis.  Unde  ipse  eum  vocat  speciosissimam  nostri 
aediricii  ,  structurœque  spiritualis  columnam.  Verum 
quia  propter  nimiam  austeritatem  etc. 

In  hoc  Ordine  floruerunt  et  adhuc  florent,  imo  ma- 
gis  fructificant,  non  dubito,  multi,  quorum  plurimi  soli 
Deo  cogniti,  in  cellulis  corpore  voiuntate  inclusi,  quo- 
tidie   cœli    sécréta    in    sancta    contemplatione  suspensi 


—  5()0  — 

rimantur,  saepiusque,  ni  fallor,  non  solum  cum  cœli 
civibus,  sed  et  cum  ipso  Rege  glorire  familiariter  lo- 
quuntur.  Quantos  autem  viros  illustres,  probos,  et  san- 
ctos,  ac  titulo  dignos  haec  nobis  genuerit  Religio,  quis 
enumeret  ? 

Et  cap.  xvi. 

Sed  et  legisse  me  memini  quindecim  sanctos  esse, 
vel  fuisse  in  Ordine;  quatuor  videlicet  Episcopi,  novem 
Monachi  et  duae  Moniales  extiterunt,  quorum  nomina 
et  gesta  habentur  et  miracula  declarantur. 

Quis  novit  quanti  sint  in  Ordine  isto  sancto?  Puto 
Deus  solus,  qui  novit  omnia  ;  et  quamvis  eorum  san- 
ctitas  per  miracula  minime  declaretur,  non  minus  tamen 
sancti  sunt,  qui  ipsius  Ordinis  sacras  traditiones  ser- 
vantes in  Dei  amore,  et  proximi  persévérant;  quoniam, 
ut  ait  quidam,  miracula  non  faciunt  hominem  sanctum, 
sed  ostendunt. 

39. 

S.  Antoninus  Archiepiscopus  Florentinus.    II  Part.  Hi- 
storiar.  Tit.  XV.  cap.  xxn.  §  11. — 1459. 

Certe  valde  venerabilis  est  ista  Religio  Cartusiana, 
quas  usque  in  prœsentem  diem  servat  rigorem  suarum 
observantiarum  per  annos  circiter  400.  Austera  siqui- 
dem  est  in  multis  :  in  abstinentia  quidem,  quia  prolixa 
jejunia,  sextis  omnibus  feriis  in  pane,  et  aqua  :  ab  esu 
carnium  semper  abstinent,  etiam  in  gravissima  infir- 
mitate  :  ita  ut,  qui  eis  vesci  voluerit,  amplius  in  clau- 
sura  cum  reliquis  non  valeat  permanere.  Quoad  vesti- 
tum,  quia  semper  cilicio  induuntur  ad  carnem.  Quoad 
solitudinemquianunquam  exeunt,exceptisPrioreet  Pro- 
curatore,  et  in  cellis  suis  soli  manentcum  arcto  silentio. 
Yigilias  magnas  habent,  propter  prolixitatem  ofHcii  etc. 


5Q7 


Et  cap.  xxiit.  5-  item  n. 

Omnes  autem  praefatne  Religiones  Monachales,  et 
Regulares,  quce  cum  magno  fervore,  et  vitae  sanctimo- 
nia  initium  habuerunt,  minima  négligentes  traditionum 
paternarum,  in  processu  temporis  paulatim  defluxerunt, 
et  exinanitae  sunt  usque  ad  fundamenta  in  eis,  vota  sci- 
licet  substantîalia  :  Excepto  Ordine  Cartusiense,  qui 
adhuc  in  suo  vigore  persévérât. 

40. 

Thomas  a  Kempis  Canonicus  Regularis  Ordinis  S. 
Augustini  in  diœcesi  Coloniensi.  De  vita  Gerardi 
Magni.  —   1 47 1 . 

Eo  tempore  mundi  status  in  maligno  videbatur  un- 
dique  positus,  ita  ut  pauci  essent,  qui  verbum  vitas,  mo- 
ribus,  ac  vocibus  prcedicarent,  pauciores  vero,  qui  con- 
tinentiam  sectarentur,  et  quod  dolendum  erat,  nomen 
sanctas  Religionis ,  et  status  devotionis ,  pras  inopia 
spiritus  a  Patrum  praecedentium  vestigiis  nimium  clau- 
dicabat.  Apud  Cartusienses  vero  lux  vitae  cœlestis,  re- 
mansit  occulto,  et  carnalibus  videbatur  satis  austera,  erat 
tamen  Deo  gratissima,  et  spiritu  ferventibus  optabilis, 
atque  jucunda. 

4.. 

Dionysius  Rikelius  Lib.  de  Praecon.  Ord.  Cartusiens. 
Art.  11.  —  147 1. 

Agnitum  plane,  atque  ïamosum  est  miraculum  illud 
resuscitati  Parisiis  mortui,  in  Theologia  Magistri  facie 
tenus  virtuosi  :  grandique  morum  venustate  forinsecus 
decorati  etc. 


-  598  - 

42. 

Alanus  De  Rupe,  Dominicanus.  Multas  insignes  prœ- 
rogativas  Ordinis  Cartusiensis,  sic  prosequitur  in 
Lib.  de  Utilitate  Psalterii  B.    Virginis.  —  1464. 

Gaude,  et  lœtare  o  Religio  Cartusiana. 

1.  Tu  enim  sacrosanctae  Romanae  Ecclesias  filia  es 
prœdilecta. 

2.  Tu  pietosissimis  privilegiorum  monilibus  per  eam- 
dem  matrem  prœfulges  exornata. 

3.  Tu  a  tempore  primœ  nativitatis  tuœ ,  nunquam 
maculam  in  gloriam  tuam  per  deformitatem  nosceris 
dédisse. 

4.  Tu  de  fonte  purissimas  veiïtatis  divinarum  laudum 
carmina  immédiate,  et  immutabiliter  semper  et  potasti, 
et  conservasti. 

5.  Tu  animabus  dei'unctorum  largissimas  tuas  elee-   ' 
mosynas  singulis  horis  in  orationibus  tuis  non   desinis 
impartiri. 

6.  Tu  integrum,  vêtus  et  novum  Testamentum  sin- 
gulis annis  per  Ordinem  auribus  filiorum  tuorum 
inculcare  dulciter  non  cessas. 

7.  Tu  in  semitis  naturae,  quœ  non  déficit  in  neces- 
sariis,  nec  abundat  in  superfluis,  indefesse  incedis. 

8.  Tu  ostiolum  tuum,  ne  pedes  mulierum  illud  te- 
rant,  caute  proeservas. 

9.  Tu  fidem  pudicitiie  per  jugem  inclusionem  imma- 
culatam  gaudes  conservare. 

10.  Tu  thesaurum  pretiosum  paupertatis  cum  casteris 
essentialibus  Religionum  inviolabiliter  observare  com- 
probaris. 

1 1.  Tu  tam  in  capite,  quarn  in  membris  aequaliter,  et 
rationabiliter  omnia  necessaria  distribuere  non  cessas, 
sine  personarum  acceptione. 


—  599  — 

12.  Tu  propter  altissimi  Creatoris  tui  amorem,  esui 
carnium  perpetuo  abrenunciasti. 

i3.  Tu  asperrime  vestium,  ciliciorum,  ob  amorem 
passionis  Christi,  incessanter  affiigi  non  récusas. 

14.  Tu  vigiliis,  jejuniis,  orationibus  carnem  tuam 
mortificare  suis  cum  concupiscentiis  non  rel'ugis. 

i5.  Tu  in  silentio,  quiète,  et  solitudine  cellae,  Crea- 
tori,  cubiculum  cordis  tui  per  dulces  meditationes  prae- 
parare  delectaris. 

16.  Tu  evagandi  materiam  per  saeculum,ob  arctiorem 
tui  eustodiam,  stabilitatis  voto,strictius  tuis  interdixisti. 

17.  Tibi  e  cella  in  ccelum  facilis  patebit  ingressus, 
dummodo  jurium  cellae  diligens  fueris  observatrix. 

43. 
Arnoldus  Bostius   Gandavensis   in    Flandria ,  Carmeli- 

tanus,  in    Lib.    de   Viris   Illustribus    Ordinis  Cartu- 

siensis,  ubi  de  Hugone  de  Vecordis  Cartusiae  Vallis- 

gratiae  Professo.  —   H99- 

Sane  desinet  ex  nunc  Ordinem  tuum  Cartusianum, 
Paradisi  vestibulum,  Cœli  lumen,  Deo  Opt.  Maximo,  sed 
et  bonis  omnibus  gratissimum  rusticae  tantum  simplici- 
tatis  arguere,  cui  videlicet  superficie  tenus  praesens  vi- 
dere  licebit  opusculum.  Plantatio  enim  Dei  est,  quae  ut 
vinea  Domini  Sabaoth  jam  excrevit  in  immensum;  et 
tam  multipliées  fructus  l'ecit,  ut  jam  nemo  possit,  qui 
non  proiicit,  nisi  negligentiam  suam  accusare.  Nec  mi- 
rum,  cum  probitas  omnigena  radicibus  ejus  tam  incocta 
sit,  ut  per  tam  longa  temporum  400  et  amplius  anno- 
rum  spatia  nec  per  mala  hujusce  vitae  contagia  enervari 
potuerit.  Hinc  solus  prae  caeteris  Flos  Monastici  germi- 
nis,  decus  atque  ornamentum  vitae  spiritualis,  et  Ordo 
non  lapsus  peculiari  quodam  jure,  ac  plane  optimo 
compellatur. 


(-)OO    — 

44- 
Polydorus  Virgilius.  In  libris   De    Rerum  Inventorib. 

Lib.  VII  Cap.  in  pag.  421.  —   J499- 

Et  adCartusianos  veniamus,  quorum  exordium  inci- 
dit  in  anno  salutis  1080.  Quidam  enim  singulari  do- 
ctrina  nomine  Bruno  homo  Coioniensis  cum  Lutetias 
Parisiorum  Philosophiam  profiteretur,  contigit,  ut  ami- 
cum  quemdam  bonis  moribus  prœditum,  et  vita  jam 
privatum,  priusquam  ad  sepulturam  daretur,  audire  vi- 
sus  sit  clamantem  :  Justo  Dei  judicio  damnatus  surn, 
et  ea  re  motus  e  vestigio  cum  sex  aliis  pari  miraculi 
eventu  territis,  Eremi  déserta  quaeritans  pervenerit  in 
Diœcesim  Gratianopolitanam  (est  Celtica  Civitas)  ibi- 
que  locum  optaverit,  cui  hodie  Cartusia  nomen  est, 
quem  ei  assignandum  curavit  Hugo  Gratianopolitanus 
Episcopus. 

45. 
Joannes  Mauburnus  Livriacensis  Monasterii  Abbas  in 
Speculo  Exercitiorum  spiritualium,   Roseto    nuncu- 
pato  Tit.   2.  Alpha  8.  §  ni.  in  fine.  —  i5oo. 

Si  in  singulis  Domibus  per  singulos  annos  in  Visita- 
tione,  excessus  tam  in  capitibus,  quam  in  membris 
rite  corrigerentur  ,  non  tanti  defectus,  et  scandala, 
aut  dissolutiones  suborirentur.  Impunitas  namque  ex- 
cessum  incentivum  praestat,  et  ausum  vitiorum.  Patet 
istud  in  Sacra  Cartusiensium  Religione,  quœ  maxime 
stetisse  invenitur  praster  caeteras  Religiones,  ob  stre- 
nuam,  ut  fertur,  Visitationum  observantiam  juxta  il- 
lud  : 
•■    Per    tria    Sil,  Sol.  Vi,   Cartusia  permanet  in   vi.  » 


—    t)Ol    

Et  §.  vi. 

Ideo  nonnulli  Religiosorum  Ordines  prce  casteris 
deformius  ruerunt,  quod  non  satis  se  inter  limites 
continentue,  et  abstinentiic  continuerunt.  A  qua  eva- 
gationequia  celebratissimus  ille  se  Ordo  Cartusiensis, 
et  reliquis  occasionibus  sibi  prœcavit,  idirco  adhuc  in 
primitivo  suo  flore  quotidie  efflorescit. 

46. 

Joannes  Nauclerus  T.  II.  Chron.  Gen.  xxxvn.  —  i5oi. 

Fuit  Bruno  Teutonicus,  ex  Colonia  natus,  Philo- 
sophice  atque  sacree  pagina?  Doctor  clarissimus,  Rhe- 
mensis  Ecclesia;  Canonicus,  et  Scholasticorum  Pari- 
siis  Doctor  dissertissimus  etc. 

47- 
Wernerus    Laerius   Cognomento  Rolewinck.   In  fasci- 
culo  Temporum  sexta  aetate  mundi,  ad  annum  Chri- 
sti   1084. —  002. 

Ordo  Cartusiensium  chirissimus  inecepit  hoc  tem- 
pore  per  Brunonem,  virum  sanctum,  natione  Alema- 
num  de  Colonia  Agrippina,  Magistrum  in  Theologia, 
cum  sex  aliis  venerabilibus  viris  in  Diœcesi  Gratia- 
nopolitanensi.  Hic  Ordo  (teste  B.  Bernardo)  inter 
omnes  Ecclesiasticos  Ordines  primatum  tenet,  non 
ratione  temporis,  sed  rigorositatis.  Unde  ipse  vocat 
eum  speciosissimam  columnam  Ecclesia?.  Verum  quia 
propter  nimiam  abstinentiam  paucis  portabilis  erat, 
et  ne  diu  parvus  maneret,  postea  ab  Ecclesia  mo- 
deratus  fuit  ;  nec  unquam  a  sancto  proposito  cecidit, 
singulariter  a  Spiritu  Sancto  prœservatus  usque  hodie. 


Ô02    

48. 

Petrus  Dorlandus  in  Iib.  I  Chron.  Cartus.'cap.  1. —  1 507. 

Hic  Bruno  Coloniœ  Agrippinae  generosus  Municeps 
nobilitatis  lampade  clarus,  et  pectoris  gloria  longe 
clarissimus,  quasi  refulgens  Lucifer  inter  instra  pro- 
micabat.  Hujus  a  cunabulis  Mater  Sapientia  lactaverat 
infantiam,  et  semper  edocuit  ad  meliora  proficere. 
Hic  etiam,  dum  puer  esset,  nihil  puérile  gerebat  in 
opère,  sed  quasi  futurae  Religionis  spécimen  ostentans, 
plurium  Monachorum  Institutor  a  Domino  parabatur. 
O  vere  perfectissimum  saecularem,  cujus  imitatorem 
fieri  cupiebant  viri  etiam  spirituales!  Huic  nihil  aliud 
fuit  vivere,  quam  Christum  cum  dilectione  timere,  et 
cum  timoré  diligere.  Cujus  qui  vestigia  sequebatur, 
tendebat  ad  gloriam  ;  divertens  autem,  mergebatur  ad 
flammam.  Accrevit  huic  viro  egregio  tantum  in  gym- 
nasiis  Parisiensibus  lumen,  ut  inter  primos  Philoso- 
phos  prœcipuus  haberetur,  et  inter  Theologos  ac  Ca- 
nonistas  'opinatissimus. 

49- 
Albertus  Grantzius  Hamburgensis  Decanus.  In  Metro- 
pol.   Saxon.   Lib.   5.    cap.   19. —  1517. 

Circa  hujus  quoque  Pontificis  S.  Gregorii  VII  tem- 
pora  initium  fuit  Cartusiensium  in  Burgundia  Diœcesi 
Gratianopolitana,  sub  Brunone  Coloniensi  inchoatore 
viro  sacris  litteris  doctissimo,  qui  ipse  septimus  ac- 
cessit ad  Hugonem  loci  Episcopum,  exponens  sancti 
propositi  devotionem,  ut  i  1  le  opem  ferre,  et  locum 
permittere,  ci  auctoritatem  dignaretur  interponere,  at- 
que  impetravit  amplius  quam  postulavit,  non  solum 
enim  quod  petivit,  obtinuit,  sed  illum  ipsum  Ponti- 
ricem    meruit  sacri  Ordinis  habere  consortem.     Incre- 


—  Oo;>  — 

di bile  dictu,  quam  brevi  res  nova  coaluit,  quam 
viriliter  inchoata  duravit,  nul  la  per  annos  400  indi- 
gens  reformatione,  ut  caeteri  omnes  collapsi  paula- 
tim  ;  sed  severa  Patrum  industria,  et  crebra  visitatio, 
et  silentium  cum  solitudine,  hoc  illi  miserante  Deo 
praestitit,  ut  concepium  fervorem  non  intermittat  in 
universum.  Possunt  membra  diffluere  pro  humana 
fragilitate,  sed  Ordo  perstat  immotus.  Hoc  ergo,  quod 
Ecclesia  persentit  in  cœteris  detrimentum,  redditum 
est  illi  ad  incrementum  devotionis  in  Ordine  novo 
cui  similis  alius  in  Ecclesia  non  extat  per  rigorem, 
per  austeritatem,  per  observantiam  sedulam. 

5o. 

Joannes  Tritemius  Abbas  ex  Ordine  S.  Benedicti.  In 
Chron.  Monast.  Hirsaugien.  pag.  108.  ad  annum 
Christi   1086.  —   1 5  j  9  . 

Hoc  ipso  anno,  Ordo  Cartusiensis  in  Diœcesi  Gra- 
tianopolitana  fundari  cœpit,  quod  sic  accidit.  S.  Hugo 
Episcopus  tune  Gratianopolitanus  vidit  per  somnium 
in  solitudine  Cartusia?  Deum  suas  dignationi  habitacu- 
lum  construentem,  stellas  etiam  septem  ducatum  sibi 
praestantes  itineris.  Et  ecce  sanctitatis  ejus  odore  attra- 
cti  ad  ipsum  veniunt  septem  viri,  qui  omnes  uno 
desiderio  succensi,  locum  vitae  eremiticae  congruum 
quœrebant,  nec  dum  repererant.  Horum  primus  fuit 
Bruno  ex  Colonia  Agrippina  oriundus,  Magister,  in 
Theologia,  Parisiensis,  vir  autem  religione  scientiaque 
litterarum  famosissimus  ;  alii  quatuor  litterati,  et  duo 
laici,  quos  S.  Hugo  gratanter  suscepit,  et  voti  com- 
potes fecit.  Ipso  namque  consulante,  adjuvante  et  co- 
mitante  Cartusiae  solitudincm  intrantes,  mansiones  suo 
proposito  necessarias  construxerunt. 


b04 


5i. 

Paulus  iEmilius  Veronensis,  lib.  V.  de  Reb.Gest.  Fran- 
corum. —  1 52q. 

Orti  sunt  Cartusienses  anno  salutis  1084.  Conditor 
eorum  extitit  Bruno  Civis  Agrippinensis,  Rhemorum 
Canonicus,  idem  et  scholarum  Rector.  In  finibus  Gra- 
tianopolitanorum  Eremo  ad  incolendum  délecta,  Hu- 
gone  ejus  Civitatis  Pontifice  viro  sancto. 

52. 

Joannes  Tillius  in  Chron.  De  Rébus  Francorum  ad  an- 
num  Christi   1084. —   i5jo. 

Initîum  Ordinis  Cartusiensium,  auctoribus  Brunone 
Agrippinensi  Cive,  scholarum  Magistro,  Rhemorumque 
Canonico,   et   Hugone  Gratianopolitanorum  Episcopo. 

53. 

Surius.    Vita    Sanctorum.  VI    Octobris.  Canonizatio,  ut 
vocant,  S.  Brunonis  carminé  conscripta. —  1578. 

Papa    Léo,    gestis  et    majestate   verendus, 
Cardineis  patribus  celebri  circumdatus  actu, 
Certior  est  factus,  quam  sancte  vixerit  olim 
Bruno,  quod  obsequium,  dum  vixit,  praestitit  Urbi  : 
Quodque  per  hune  cultu  divino  Ecclesia  crevit: 
Hujus  et  audierat  certo  miracula  quœdam. 
Propterea  votis  Patrum  concordibus  illum 
Retulit  in  divos  :  festum   concessit  eidem 
Octobris  sexta   celebrari  luce  quotannis  : 
[Illo  nempe  die  moriens  ascendit  olympum] 
Erigere  huic  statuas,  ac  œdincare  sacella 
Permittens  :  super  his  confecta  Diplomata  confert. 
Ordinis  hase  nostri  mater  Cartusia  servat, 
Inter  Romani  multa  instrumenta  senatus. 


—  6o5  — 

54. 

Papirius  Masson.  In  Annalibus  secundo  Lutetiae  editis 
anno  1  578. 

Anno  1086,  Ordo  Cartusiensium  in  Gallia  ortus  est. 
Cartusiani  appellantur  a  Cartusia  Monte  juxta  Gratia- 
nopolim  Allobrogum,  ubi  Bruno  tranquillam  sedem 
sibi  delegit,  Bruno,  inquam,  non  ignobilis  Theologus, 
ut  monumenta  ostendunt.  Ex  Chronico  Sigeberti,  patria 
Coloniensem  illum  fuisse  scimus  ;  ex  Canonico  Rhemen- 
si,ac  scholarum  Magistro^Princeps  Monachorum  factus 
est,  Landuino  Italo,  et  aliquot  praeterea  sociis. 

55. 

Stephanus  Salazarius  Xeresanœ  in  Hispania  Cartusia; 
Prior  integerrimus,  lib.  de  Christi  Salvatoris  Genea- 
logia  in  Epistola  praeliminari,  edit.  anno   1584. 

Adeo  Religio,  pietas,  rerum  visibilium  et  tempora- 
lium  neglectus,  propria?  voluntatis  abnegatio,  et  resi- 
gnatio  animi  a  rerum  omnium  transeuntium,  et  interi- 
turarum  umbris  abdicatio,  et  reliquœ  virtutes  in  majori 
Cartusia  efflorescunt,  ut  quicumque  eam  viderint,  jure 
testentur,  nullum  esse  in  Ecclesia  Catholica  Monaste- 
rium,  in  quo  hac  œtate  magis  vigeat  disciplina,  et  ob- 
servantia  regularis.  Quo  fit,  ut  cum  ex  lapsu,  et  ruina 
Monasteriorum,  qux-  suis  Ordinibus  erant  capita  Ordi- 
nis  Monastici,  labefacti  sint,  atque  corrupti,  sola  Car- 
tusia steterit,  primis  Patrum  suorum  institutis  et  passi- 
bus  insistens. 

Et  insuper. 

Habitant  penitissimam  Alpium  Sabaudicarum  soli- 
tudinem  usque  adeo  rigentem  et  perpetuis  nivibus  ob- 
ductam  ut  decantata  il  la  nivium,et  antiqua  sanctarum 


—  6o6  — 

Ascetarum  Scythiœ,  pro  hac  Eremo  pro  temperatissi- 
ma,  et  amœna  regione  haberi  possit.  Vestis  etiam  inti- 
ma illis  ex  sacco,  dira  subtus  ad  carnem  cilicia,  victus  te- 
nuis  panis  cibarius  ex  siligine,  somnus  modicus,  vigiliae 
immensae,  et  quœ  solemnioribus  diebus  ad  horas  qua- 
tuor cantando  protrahantur  etc. 

56. 

Eminentissimus  Cœsar  Baronius.  Annal.  Ecclesiast.Tom. 
XI,  ad  annum  1086,  n.  xvi —  1606. 

Hoc  itidem  anno,  Cartusiaî  solitudo  cœpta  est  habi- 
tari  a  S.  Hugone  Episcopo  Gratianopolitano,  sanctoque 
Brunone  auctore  sancti  Instituti,  ejusque  sociis,  ex  quo 
loco,  et  nomen  accepere,  ut  Cartusiani  monachi  dice- 
rentur  etc. 

Et  ad  annum   1092,  num.  xrr. 

Hoc  eodem  anno,  qui  sextus,  ut  vidimus  superius, 
numeratur  incolatus  sanctorum  monachorum  in  Car- 
tusia  :  Urbanus  Papa  accersivit  ad  se  ex  eadem  Cartu- 
siana  solitudine  S.  Brunonem  ejus  Instituti  auctorem, 
quem  jamdiu  antea  coluisset  ,  invitumque  licet  diu 
apud  se  retinuit,  ejus  opéra  usus  in  Conciliis  celebrandis, 
usque  ad  Placentinum  Concilium  quo  celebrato  vix 
missionem  obtinuit  ab  eo  in  Gallias  profecturo,  cum 
jam  usque  ad  triennium  apud  eumdem  Pontificem  per- 
mansisset.  Nonagesimo  autem  quinto  post  millesimum 
ab  eo  recedendi  obtinuisse  licentiam.  ejusdem  Brunonis 
vitse  acta  testantur;  sicque  ad  optatam  eremum  rediisse, 
non  tamen  in  Cartusiam,  ne  ita  Pontificem  proficis- 
centem  in  Gallias  sequeretur,  sed  in  Calabriam,  ubi 
Cartusianum  propagavit  Institutum. 


—  boy  — 

Et  ad  annum  ioq5,  n.  lu. 

Ipse  auiem  S.  Bruno  aliquandiu  retentus  ab  eodem 
Urbano  Pontifice,  celebrato  hoc  anno  Concilio  Placen- 
tino,  ab  eodem  dimissus,  et  in  eremum  abire  permissus 
abiit  (utdictum  est)  in  Calabriam,  ubi  liberalitate  Rogerii 
Ducis,  nobile  erexit  in  Squillacensi  Regione  monas- 
terium. 

Et  ad  annum  1 101 ,  n.  xiv. 

Ad  extremum  autem  illustratur  prassens  annus  obitu 
S.  Brunonis  Cartasientium  patriarchae,  qui  optimo  fine 

bene  institutam    vitam   felicissime  consignavit   

quem  ipsum  plurimis  illustratum  miraculis,  venerandum 
suscepit  Ecclesia. 

Thomas  Bozius  Congregationis  Oratorii  presbyter.  Lib. 
XXII.  de  signis  Ecclesiae,  cap.  ni.  signo  xxxv.  pag. 
io3/,  edit.  Colon.  —  1607. 

Solitariî  quidam  cœlus  auctore  B.  Brunone  excitati 
sunt  sub  anno  1084.  Quanta  vero  sit  illorum  laus  e 
quinque  perspici  potest  etc.  Bruno  itaque  Coloniensis, 
vircœlo  delapsus,  cœtus  talium  hominum  solitariorum 
primus  ab  orbe  condito  ausus  est  instituere,  maxima 
Germanicae  nobilitatis  laude;  ut  essent  scilicet,  qui  ab 
omnibus  rébus  terrenis  abstracti,  toti  in  rerum  divi- 
narum  contemplationc,  et  obtutu  defigerentur.  Quam- 
vis  Romualdus  etiam  hoc  sit  aggressus,  sed  non  tanto 
ut  apparet,  vel  exitu,  vel  conatu.  Hoc  autem  Bruno 
féliciter  est  aggressus,  ut  non  in  Cartusia  sola  (agri  Gra- 
tianopolitani  loco)  hoc  perfecerit,  verum  etiam  in  An- 
glia,  reliqua  Gallia,  Germania,  Italia,  Hispania,  aut  si 
quas  sunt  alias  regiones,  quœ  conventus  babeant  hu- 
jusmodi   virorum  celeberrimos.  Neque  vero  una  astate, 


—  ho  S    — 

aut  saeculo  id  i lie  divino  est  minière  assecutus,  ut  insti- 
tuai sui  pluriir.os  diversis  in  locis  imitatores  habuerit  : 
Sed  quinque  jam  sascula  exacta  numeramus,  quo  tem- 
pore  innumeri  prodierunt  tantae  laudis  viri  ex  Ordine 
ipsius.  Hinc  factum  est,  ut  pauci  Ordines  religiosorum 
sint,  qui  tôt  e  suis  ciere  possint,  a  quibus  adeo  cœle- 
stium  contemplandorum  ratio  sit  illustrata,  ut  a  scrip- 
toribiis  Cartusianis. 

Et  paulo  post. 

Juri  attribui  posse  videtur  Cartusianorum  familiis, 
quod  nunquam  siceorum  mores  a  primaeva  institutione 
sunt  collapsi,  ut  eorum  leges  in  deteriorem  faciem, 
ne  dum  vivendi  normam,  sint  immutatae.  Quod  multis 
Ordinibus  non  ita  contigit,  qui  longe  ab  antiqua  pu- 
ritate,  vel  saltem  vitag  austeritate  visi  sint  deflexisse. 

58. 

Antonius  Possevinus  Theologus.  In  apparatu  sacro, 
lib.  V.  cap.  Lin,  pag.  23o,  edit.  Colonien.  apudGym- 
nicum. —  1 6 1 1 . 

Cartusiani  velut  novae  cohortes  prodierunt  in  cam- 
puni ,  et  animas  plurimorum  e  laqueis  diaboli  in 
sanctam  Domini  libertatem,  vel  vita,  vel  voce,  vel  as- 
sidua  ad  Deum  oratione  adservarunt. 

59. 

Ex  tom.  X  Histor.  Conciliorum  Parisiis  editorum  ann. 
1 67 1 .  Opéra  RR.  PP.  e  Societate  Jesu  nempe  Phi- 
lippi  Labbaei,  et  Gabrielis  Cossartii,  ad  ann.  1088. 
pag.  421.  in  Vit.   Urbani  II. 

Brunonem  Cartusiani  Instituti  auctorem,  sexto  anno, 
quam  illesolitudinemCartusianam  incoluisset,(Urbanus 
II)  ad  se  arcessivit,   biennio   apud  se  retentum  dimisit 


—  ()()()  — 

anno  Domini  ioq5,  quando  ab  eodem  Urbano  disce- 
dens  in  Calabriam  profectus,  Institutum  suum  pro- 
pagavit. 

60. 
Carolus  Joseph  Morotius  ex  S.  Bernardi  Familia.    In 
Theatro    Chronologico   sacri    Cartus.    Ordinis,  ann. 
1681.  publicato,  pag.    1. 

Primordia  Cartusiensis  Institutionis  ab  ipsis  rétro 
incunabulis  deducturo,  opéra?  pretium  est  conversionem 
S.  Brunonis  ejusdem  auctoris  pramiittere,  qui  Colo- 
nise Ubiorum  natus,  Theologus  consummatissimus,  et 
vir  sanctissimus,  e  Canonico  ad  sanctum  Cunibertum 
ad  Theologiam  Rhemis  profitendam  evocatus,  cum  le- 
gendo,  scribendo,  ac  disputando  clarissimus  haberetur, 
aurœ  secularis  declinandœ  ergo,  Gratianopolim  secessit, 
et  latebras  expetiit  asperrimos  intra  montes  (  Cartusiam 
indigenae  vocant) ,  a  quibus  novercali  naturœ  illiberali- 
tate  cuncta  humanae  vitce  solatia  exulant,  juga  nivium 
hyemem  nunquam  exuunt,  ac  feris  inaccessa  ,  invia 
quoque  hominibus  censebantur. 

61. 

Natalis  Alexander  ex  Ordine  Prœdicatorum.  In  Histor. 
Eccles.  Edit.  Parisiis  1699.  Tom.  VI.  Saecul.  XI  et 
XII.  cap.  v.  art.  8.  p.  509. —  1682. 

S.  Bruno,  Colonia?  Agrippinœ  natus,  Rhemensi  Ec- 
clesiae  Canonicus,  et  Scholarum  Magister,  Ordinis  Car- 
tusianorum  institutor,  cum  sex  annis  Cartusiam  rexis- 
set,  vocante  Urbano  II.  Pontifice  maximo,  cujus  olim 
proeceptor  fuerat,  Romam  perrexit,  et  eumdem  Ponti- 
ticem  solatio,  consilioque  suo  in  Ecclesiasticis  negotiis 
juvaret.  Sed  cum  tumultus,  et  mores  Curiœ  ferre  non 
posset,  cara?  solitudinis  et  quietis  amore   flagrans,   re- 

39 


(JIO    — 

licta  Curia,  Regiensi  etiam  Episcopatu  recusato,  in  Ca- 

labriœ  eremum,  qui  Turris  nomen  est,  secessit,  ibique 
sociis  plurimis  postmodum  congregatis  solitariae  vitas 
propositum  quamdiu  vixit,  exercuit. 

Et  ib.  cap.  vu.  artic.  8.  pag.  586. 

Angelicus  Cartusiensium  Ordo ,  a  sancto  Brunone 
Rhemensis  Ecclesias  Magistro,  et  Cancellario,  in  rupe 
altissima  et  asperrima  Gratianopolitano  Diœceseos,  cui 
Cartusiœ  nomen,  coadjuvante  S.  Hugone  Gratianopo- 
litano, institutus  est  ann.  1084.  ut  colligitur  ex  Gui- 
gone  Priore  Cartusiensi  etc. 

62. 

Joannes  Mabilkmius  Ordinis  S.  Benedicti  Congrega- 
tionis  S.  Mauri  Tom.  V.  Annal.  Bened.  edit.  Lucen. 
Lib.  lxvi.  n.  63  et  sq.  —  1 685. 

Bruno  ex  urbe  Colonia  haud  obscuris  ortus  pa- 
rentibus,  ibidemque  factus  Clericus,  in  civitatem  Rhe- 

morum   accessit  adolescens,   ibidemque    consedit 

Dein  Pontificatu  Gervasii  Canonicus ,  et  Scholarum 
Magister ,  seu   magnorum  studiorum   Rector,  moxque 

Cancellarius  factus  est Rhemis  egressus  cum  sociis, 

consultis  inter  eundum  spiritualibus  viris,  Hugonem 
eximiœ  sanctitatis  Gratianopolitanum  adiit  :  qui  sep- 
tem  stellarum  visu,  et  indicio  cœlitus  de  eorum  ad- 
ventu  praemonitus,  accedentes  paterno  complexus  amo- 
re,  asperrimos  Cartusias  Montes  eis  ad  habitandum 
concessit.  Mox  eo  se  contulere  generosi  Christi  Milites 
paulo  ante  festum  S.  Joannis  Baptistx,  ubi  extructo 
in  honorem  Deiparœ  Virginis  Oratorio ,  in  separatis 
cellis,  totidem  cavernis,  et  speluncis  habitare,  et  celes- 
tem  vitam  agere  cxperunt,  Brunone  Magistro,  ac  Duce, 
qui  identidem  in  alium  locum  maxime  horridum  sece- 


—  6 1 1  — 

dere  consueverat.  Hœc  initia,  et  cunabula  fuere  sacrae 
illius  Domus,  quœ  a  situ  Cartusia  dicta  est,  cœterisque 
ejusdem  familiae  locis  nomen  dédit,  major  ad  discri- 
men  aliorum  appellata.  Hœc,  inquam,  origo  sacri  illius 
Cartusiensium  Ordinis ,  qui  veterum  Anachoretarum 
fervorem  in  Occidente  excitarunt. 

63. 
Et  n.  LXV.  mores  eorum  describens. 

Ad  Ecclesiam  non  horis  solitis,  uti  apud  claustrales, 
sed  certis  conveniebant.  Ciliciis  induti  erant  ad  cutem, 
casterarum  vestium  multa  apud  eos  tenuitas...  Domi- 
nica  die  ab  œconomo  panem  accipiebant,  et  legumina, 
quod  unicum  pulmenti  genus  in  cellis  suis  singuli  co- 
quere  poterant  :  aquam  autem  ad  potum,  caeterosque 
usus  ex  ductu  fontis,  qui  singulorum  cellis  per  occul- 
tos  meatus  influebat.  Pisce  et  caseo,  Dominicâ  et  solem- 
nioribus  festis.  in  communi  refectorio  utebantur...  Vi- 
num  si  quando  bibebant  ita  dilutum  erat,  ut  vini 
saporem  fere  omnino  amisisset.  Paupertatis  quam  ma- 
xime amantes  etc.  Tanta  porro  piorum  illorum  homi- 
num  religio  omnes  in  eorum  admirationem  ita  çom- 
movit,  ut  ad  eorum  imitationem  certatim  concurrerent 
virorum,  fceminarumque  grèges,  immo  decennes,  et 
undecennes  infantuli,  qui  longe  supra  vires  ardua  quœ- 
que  subire  contendebant. 
Et  alibi  passim  LXVII.  num.  xcn.  ad  ann.  1090. 

Eodem  tempore  quo  natus  est  Bernardus,  Bruno  Car- 
tusiœ  Majoris  primus  Institutor  ab  Urbano  II.  qui 
ipsius  apud  Rhemos  discipulus  fuerat  Romam  evocatur, 
ut  ejus  consiliis  in  Ecclesiœ  moderamine  uteretur.  JEgvG 
hanc  dicessionem  tulit  novellus  grex  tanti  pastoris  so- 
latio  destitutus  ;  cunctisque,  eo  absente,  intolerabilis 
visa  est  Cartusiœ  habitatio,   et  vitœ   asperitas.  Sed  tan- 


t)I2    

dern  parendum  fuit  Summi  Pontificis  auctoritati,  qui 
locum  Siguino  Abbati  Casas  Dei  commendavit.  Reces- 
sit  itaque  Bruno  e  Cartusia  post  annos  sex,  quam  eam 
incolere  cœperat;  ejus  discessu  conturbati  Fratres,  quae 
humana  tentatio  est  in  rébus  arduis,  déficiente  magni 
meriti  Duce  locum  deserunt  ;  quod  ubi  Bruno  rescivis- 
set,  litteris  ad  Siguinum  Casœ  Dei  Abbatem  scriptis, 
Cartusiam  ei  ejusque  Monasterio  concessit.  Postmo- 
dum  vero  Pontificis  hortatu,  ac  Brunonis  monitis  fratri- 
bus  revocatis,  et  a  Landuino,  quem  Bruno  discessurus 
Priorem  eis  proposuerat  in  proposito  confirmatis,  idem 
Siguinus,  locum  sibi  datum  restituit. 

Et  lib.  LXX.  n.  xxix,  ad  ann.   noi. 

In  Calabriae  Cartusia,  quœ  Turris  vocabatur,  hoc 
anno  pridie  nonas  octobris,  Dominica  die,  ad  immor- 
talem  vitam  transiit  eximiusCartusiani  Ordinis  institutor 
Bruno,  anno  circiter  undecimo  ab  ipsius  egressu  e  Ma- 
jori  Cartusia, quam  sex  annis  rexerat. Instante  obitu  con- 
vocatis  Fratribus  totius  vitae  suae  ab  infantia  cursum  ex- 
posuit,  seque  divina  animadversione  dignum  proclama- 
vit.  Tum  suam  de  Sanctissima  Trinitate  fidem  exposuit, 
et  de  Sacramentis  quas  credit,ac   veneratur  Ecclesia  etc. 

64. 

Antonius  Pagius  Doctor  Theologus  S.  Francisci  Minor. 
Conventual.  Ord.  in  Critice  Baronii  ad  ann.  1080. 
n.  xiii.  —  1699. 

Et  ad  ann.   1086.  n.  v. 

Sanctus  Bruno  Ordinis  Cartusiensium  Institutor,  Ma- 
nassis  Archiepiscopi  Rhemensis  postea  dignitate  moti 
mores  corruptos  perosus,  ex  urbe  Rhemensi  discessit,  et 
deinde  saeculo  renunciavit. 


—  6i3  — 

Et  ad  ann.    ioq5.  n.  xvi. 

Divus  Bruno  Ordinis  Cartusiensium  Institutor  ann. 
MXC  Romain  ab  Urbano  II.  vocatus  fuit.  etc. 

Et  denique  ad  ann.   iioi.  n.  vin. 

In  opusculo  de  Institutione  Ord.  Cartusiens.  apud 
Labbcxum,  tom.  I  Biblioth.  pag.  638,  dicitur  sanctum 
Brunonem  illius  fundatorem  in  Calabria  mortuum  esse 
post  egressum  Cartusiœ  undecimo  plus  minus  anno. 

65. 

Franciscus  Pagius  Ordinis  Minor.  Convent.  S.  Fran- 
cisci  S.  T.  D.  tom.  I.  Breviar.  Pontif.  Romanor. 
edit  Lucas  ann.  MDCCXXIX  sœcul.  xi  Vit.  Urbani 
Papas  II.   num.  xv.   pag.   597. 

Sanctus  Bruno  Coloniensis  ac  dein  Rhemensis  Cano- 
nicus,  mores  corruptos  sœculi  perosus,  vitas  solitariae 
Eremum  petiit,  et  Cartusiam  in  Episcopatu  Gratiano- 
politano  fundavit  anno  millesimo  octogesimo  quarto, 
ut  pluribus  probat  Annotator  Baronii  ad  ann.  1086. 
Sed  cum  non  totos  sex  annos,  inquit  ejus  vitœ  auctor 
cap.  xvi  et  seq.  apud  Surium  ad  diem  vi  mensis  Octo- 
bris,  in  exigua  sua  et  sancta  sodalitate  exegisset,  post 
Ordinis  Cartusiensis  fundationem  ,  Urbanus  II.  qui 
olim  sancti  viri  discipulus  fuerat,  accivit  eum  per  lit— 
teras  ad  Sanctoe  Ecclesias  prasstanda  officia,  graviter  pra> 
cipiens,  ne  venire  ad  Urbem  cunctaretur.  Verum  cum 
eo  recedente  ejus  socii  nullam  consolationem  admitte- 
rent,  nec  in  Cartusia  mancre  vellent,  Bruno  Iocum  dédit 
Venerabili  viro  Siguino  Abbati  Casœ  Dei,  qui  fuit  unus 
ex  primis  donatoribus,  sed  tamen  id  fecit,  ut  omnino 
constitueret  reverti  cum  suis  ad  Cartusiam. 


—  6i4  — 

66. 

Ignatius  Hiacynthus  Amat  de  Graveson,  Doctor  Pari- 
siensis  ac  collegii  Casanatensis  Theologus,  Ordinis 
Prasdicatorum.  Hist.  Ecclesiastica  tom.  IV.  secul.  x. 
xi  et  xn.  Colloq.  6.  pag.   129.  —  iy3o. 

Cartusiensium  Ordinem  fundavit  S.  Bruno  non  ann. 
MLXXXVI,  ut  putavit  Baronius,  sed  ann.  MLXXXIV. 
sicut  doctissimus  Pagius  (in  Crit.  Baronii  ad  ann.  1086.) 
ostendit  tum  ex  testimonio  Sigeberti  hujus  temporis 
scriptoris  in  Chronico,  tum  ex  Charta,  qua  S.  Brunoni, 
ejusque  sociis  Cartusiœ  solitudo  concessa  est,  in  qua 
conceptis  verbis  legitur,  hanc  Cartusiae  solitudinem  a 
Magistro  Brunone,  et  ab  his  qui  cum  eo  erant,  fratribus, 
cœpisse  inhabitari  et  construi  anno  ab  Incarnatione 
Domini  MLXXXIV.  Episcopatus  vero  Domini  Hugonis 
Gratianopolitani  Episcopi  IV.  Obiit  S.  Bruno  in  Ca- 
labria  anno  millesimo  centesimo  primo  multis  virtuti- 
bus  clarus,  ac  plura  reliquit  ingenii  sui  monumenta 
prœsertim  expositionem  in  Psalmos  et  Commentarium 
in  omnes  Divi  Pauli  Epistolas,  aliaque  opuscula,  quoe 
tribus  voluminibus  comprehensa  R.  P.  Theodorus  Pe- 
treius  Cartusianus  in  lucem  edidit  Colonise  an.MDCXI.. 

Infinitus  profecto  essem,  si  omnia  elogia,  quibus  viri 
pietate  et  doctrina  illustres  Cartusiensium  Ordinem 
maxime  commendarunt,  hic  inserere  vellem.  Breviter 
dicam,  Cartusienses  vitam  angelicam  in  terris  degentes, 
vel  angelos  esse  in  carne  hospitalités,  vel  homines  An- 
gelicum  spiritum  habentes,  et  suavissimum  omnium 
virtutum  odorem,  quo  inculta  horridaque  Eremus  per- 
funditur  longe ,  lateque  spirantes .  Vigent  etiamnum 
apud  Cartusienses  abstinentia  a  carnibus  perpétua,  jeju- 
nia  nullis  molliculorum  artiriciis  violata,juge,altumque 
silentium,  solitudo  continua,  modestia  humana  major, 


—  6i5  — 

charitas  ferventissima  crga  Deum  ,  cui  diu  noctuque 
persolvunt  laudes  ;  dilectio  erga  proximum  effusissima, 
admirabilis  hospitalitas,  qua  omnes  adventantes,  absque 
personarum  acceptione ,  tecto  mensaque  amantissime 
excipiunt.  Omitto  eorum  lecti  duritiem,  palearum  stra- 
men,  asperum  cilicii  indusium,  aliasque  id  genus  cor- 
poris  macerationes,per  quas  arctissimos  sanctitatiscalles 
incedentes  pii  1 11  i  Monachi  a  primœva  Instituti  sui  san- 
ctissimi  disciplina  nunquam  hactenus  degenerarunt. 

67. 

Bergier.  Dictionnaire  de  Théologie,  T.  Ier  p.  407,  ar- 
ticle Chartreux. —  1718. 

Voilà  donc  un  Ordre  religieux  qui  depuis  sept  cents 
ans  persévère  dans  la  ferveur  de  sa  première  institu- 
tion, preuve  assez  convaincante  de  la  sagesse  et  de  la 
sainteté  de  la  Règle  qu'il  observe.  C'est  donc  à  tort 
que  les  censeurs  de  la  vie  monastique  ont  répété  cent 
fois  que  la  prétendue  perfection  à  laquelle  aspirent  les 
Religieux  est  incompatible  avec  la  faiblesse  humaine, 
que  leurs  fondateurs  ont  été  des  enthousiastes  impru- 
dents, que  la  vie  du  cloître  est  un  suicide  lent  et  vo- 
lontaire, etc 

Les  Chartreux  ont  donné  à  l'Eglise  plusieurs  saints 
prélats  et  un  grand  nombre  de  sujets  illustres  par  leur 
doctrine  et  par  leur  piété. 

68. 

Rohrb.vcher.   Histoire   Universelle  de  l'Eglise  Catho- 
lique. Tome  VIII.  page  576  et  sq. 

Tandis  que  le  grand  et  saint  Pape  Grégoire  VII,  à  l'ex- 
emple et  à  la  suite  de  Saint  Léon  IX,  travaillait  avec  une 
foi  et  un  courage  invincibles,  à  la  réformation  du  cler- 
gé, à  l'extirpation  de  la   simonie  et  de    l'incontinence 


—  616  — 

qui  le  déshonoraient,  Dieu  suscita  un  nouveau  Patri- 
arche de  la  vie  solitaire,  un  homme  pareil  aux  An- 
toine de  la  Thébaïde,  aux  Hilarion  de  la  Palestine  ; 
un  homme  et  un  Ordre  qui,  par  leur  vie  pénitente, 
devaient  servir  de  leçon  et  de  modèle  au  clergé  et  au 
peuple  chrétien  et  attirer  à  jamais  les  bénédictions 
du  Ciel  sur  toute  l'Eglise  ;  un  Ordre  qui,  après  huit 
siècles,  est  encore  le  même,  sans  avoir  jamais  eu  be- 
soin de  réforme,  ni  pour  la  pureté  de  la  foi,  ni  pour 
l'austérité  de  la  discipline.  Cet  homme  est  saint  Bru- 
no, cet  Ordre  ce  sont  les  Chartreux.... 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


COZLTE'ISLUS  ViAKS  CE  VOLUME 


Achery  (d1).  58. 
Adam  Botener.  3i6. 
Adélaïde  (Duchesse  de  Po- 

méranie).  325. 
Adélaïde  Pieckia.  345. 
Adelphe  Châtelain  (Dom), 

248. 
Adolphe  (Duc  de  Clèves), 

336. 
Adrets  (Baron  des). 85.  2o5. 
Adrien     de     Hilwyghem 

35  1 . 
^deline    de    Bouvillaret. 

237. 

Affre  (Archevêque  de  Pa- 
ris). i85. 

Agnès  (DuchessedeDuras). 
297. 

Agnès  du  Bouchet.  248. 

Albert  (Archiduc).  291. 


Albert  (Archiduc  d'Autri- 
che). 343.  362. 

Albert  (Comte  de  Flandre). 
275. 

Albert  (Comte  de  Flandre 
et  de  Zélande).  324. 

Albert  (Comte  palatin  de 
Hollande).  3o8. 

Albert-Bertrand  (  Évêque 
de  Boulogne).  292. 

Albert  IV  de  la  Tour-du- 
Pin.  252. 

Albert  de  Sainte-Aldegon- 
de.  363. 

Albert  de  Stemberg  (Ev. 
de  Luthomile).  332. 

Albert  de  Stemberg.  (Evê- 
que de  Leutmeritz).  3 1 3 . 

Albert  de  Waldestein.  364. 

Albert  le  Sage  (Duc  de  Ba- 
vière». 320. 

Albertas  (Marquis d1).  223. 


(5i8 


Albon  (Comte  d1). 236. 266. 

Aleaume  (Chevalier  de). 
281. 

Met  (Jésuite).  83. 

Alexandre  III.  18.  19.23. 
25.  222.  227.  237.  240. 

Alexandre  IV.  3o.  3r. 

Alexandre  V.  60. 

Alexandre  VII.    141.   142. 

Alexis  d'Olmutz.  3 12. 

Aleyde  Piekye.  280. 

Allobroges.  48. 

Alphonse  II  (Comte  de  Pro- 
vence). 218. 

Alphonse  II  (Roi  d'Ara- 
gon). 232. 

Alphonse  de  Fîmes.  370. 

Alphonse  Ier  de  Provence. 
235. 

Alvarez  Obertos  de  Valeto. 
346. 

Alvaro  Gomez  Becerra . 
232.  259.  32i.  323.  33o. 
339. 

Amalec.  83. 

Amblard  d'Entremont . 
263. 

Amblard  de  Grandmont. 
217. 

Amblard  de  la  Tour.  217. 

Ambroise  Burdet  (Dom). 
09.    160. 

Ambroise  Crollet  (R.  P.). 
146.    147. 


Ambroise  d'Escoubleau 
(Cardinal).  362. 

Ambroise  de  Gasq  (Dom). 
362. 

Amé  (Comte  de  Savoie). 
263. 

Amédée  Comte  de  Genève). 
240. 

Amédée  (Comte  du  Gene- 
vois). 23o. 

Amédée  III de  Savoie.  223. 

Amédée  VI  (Comte  de  Sa- 
voie). 47.  3 1  S. 

Amédée  VIII  (Comte  de 
Savoie).  365. 

Amédée  IV  de  Maurienne. 
237. 

Amédée  V  de  Maurienne. 
237. 

Amédée  de  Savoie.  221. 
222. 

Amorbach  (  Imprim.)  77. 

Anastase  IV.  227. 

André  (Dom).  23 1 . 

André  d'Albalate.  258. 

André  Porcheron.  255. 

Angelo  Acciajuoli  (Cardi- 
nal). 299. 

Anne  de  Renesse.  261. 

Anselme-Marie  Bruniaux 
(R.  P.).  187. 

Antelme  d'abbé) .  164. 

Anthelme  (Saint).  14.  19. 
29.   198. 


—  6jq 


Anthelmcde  Prouville  (D .). 

373. 
Antoine  (Archevêque  d'A- 
thènes). 321. 
Antoine  Blave(Chapelain). 

363. 
Antoine  Rolen  d1Aymeries. 

261. 
Antoine   Crépieul   (Dom). 

$73. 
Antoine  Debus.  3/3. 
Antoine  de  Hardentun.  269. 
Antoine  de  Monchy.  282. 
Antoine    de    Mongeffond. 

(R.  P.).  i39  à  146.  23i. 
Antoine  d1Oignies.  363. 
Antoine  de  Pavie  (Cardi- 
nal). 77. 
Antoine  de  Riquetti.  36g. 
Antoine  de  Valbelle.  36g. 
Antoine  du  Charne  (R.  P.) 

72.  73. 
Antoine  Dellieux  (R.  P.). 

69  à  72.  204. 
Antoine  Vallet  (R.  P.).  162 

à  164. 
Aragon  (Cardinal  d').  21  5. 
Archambaud  VI  de  Com- 

born.  247. 
Archambaud  de  Croy.  278. 
Archambaud   IV   de  Péri- 

gord.  292. 
Archère     (  Archevêque    de 

Palerme).  21 3. 


Archibald  (Évêque  de  Ba- 
ie). 33 1. 

Arduciusde  Faucigny.223. 

Ardutus  (Evêque  de  Ge- 
nève). 240. 

Aristote.  1 1 1. 

Armand-Jean  de  Rangé. 
i35.  i36. 

Armandès.  33o. 

Arnaud  Andra  (Chanoine). 
362. 

Arnaud  Cervole.  245. 

Arnaud  de  Flotte.  241. 

Arnold  deHerlair.  280.345. 

Arnould  de  Cayeux.   281. 

A.rnould  de  Raisse.  80.  83. 

Arscot  (Marquise  d1).  35  1. 

Artaud  d'Alagon.  309. 

Artauld  (Saint).  223. 

Arthur  (Duc  de  Bretagne). 
340. 

Atius.  (Evêquede  Genève). 
240. 

Artold  (Chanoine  de  Sasi- 
riaco).  224. 

Audisia  d'Arvillars.   236. 

Audoin  Aubert  (Évêque 
de  Paris).  3o5. 

Augustin  (Saint).  23. 

Aycart  de  Rochefort.  36g. 

Aymar  de  Bellevue.'  37. 

Aymar  de  Poitiers.  220. 

Aymard  de  Roussillon. 
260. 


6ao  — 


Aymon  (C.  de  Savoie). 220. 
Aymon  (Ev.deSion).  292. 
Aymon  dAost  (R.  P.).  38. 

41.  200. 
Aymon  de  Corhel.  199. 
Aymon  de  Rivoire.  224. 
Aymon  de  Varennes.   222. 

224. 
Aymond  de  Faucigny.  226. 

23o. 


Bailleul   (Dame  de).    234. 
Ballaison   (sieur  de).  226. 
Baltazar  Faer  de  Berg.342. 
Baluze.  5o. 
Barmondière  (Françoise  de 

la).  170. 
Baronius  (Cardinal).  19. 
Barthélémy  d'Aldobrandi. 

292. 
Barthélémy    de    Burelles. 

227. 
Barthélémy  de    S.-Démé- 

trius.  2  14. 
Barthélémy  de  Scarampis. 

322. 

Barthélémy  Scalensis  (D.) 

63. 
Basile  (R.  P.).  19  a  21 . 
Basile  le  Grand  (Saint).2i. 
Baudouin  de  Leutzbourg. 

293. 


Baudoin  Vosse.  3o2. 
Bavon  (Dom).  22. 
Bazémont  (sieur  de).  207. 
Béatrix  de  Faucigny.  262. 
Béatrix  de  Genevois.  237. 
Béatrix  de  la  Tour  du  Pin. 

259. 
Béatrix  de  Lune.  354. 
Béatrix  de  Montferrat.  253. 
Béatrix  de  Savoie.  3 1 .  252. 
Beldinard  (de).  218. 
Bellarmin  (Cardinal).  1 1  3. 
Bellier  (sieur  du).  208. 
Belzunce  (Év.  de  Marseil- 
le!. 223. 
Benoit  XIII.  60.  61. 
Benoît     d'Alignane    (  Év. 

de  Marseille).  369. 
Benoît  Gérard  (Duc  de  Sle- 

swickï.  328. 
Benoît-Joseph  Labre  (S.). 

282. 
Benoît  Nizzatti(R. P.).  172. 
Bénonces  (Richard  de) 2 17. 
Béranger  (Evêque  de  Luc- 

ques).  297. 
Bérenger  Gallard.  232. 
Bergier.  21. 
Béringuier  Descamps  (D.) 

33o. 
Berman  (l'abbé)  375. 
Bermon  II  d'Uzès.  244. 
Bernard   (Abbé  de  Tulle). 

248. 


—    021    


Bernard  (Saint).  7.  10.  17. 

18.  23.  218. 
Bernard  Abram  (D).  375. 
Bernard    Bruyant  (Dom). 

282. 
Bernard    Carasse(R.    P.). 

86.  87  à  91.  i3o.   206. 
Bernard  de  la  Tour  [R. P.). 

28.  29.  3o.   199.  202. 
Bernard  de  Portes  (D.).  18. 
Bernard  de  Savenne.  248. 
Bernard  de  Varin   (Dom). 

14.  18.  217. 
Bernard  Nicolai.  334. 
Bernin  III  (duc  deStettin). 

307. 
Berthe  Geylenkerken  3  1  3. 
Berthold(Evêque  de  Stras- 
bourg). 296. 
Bertolini  de   Nigro.    264. 
Bertrand  de  Marseille.  222. 
Bertrand  de  Vos.  3o2. 
Binde  de  Petronis.  3oo. 
Bismark  (Prince  de).   378. 
Biaise  (Comte   d'Aragon). 

354. 
Biaise  Ocone.  343. 
Blanche  de  Sentillis.  3oi. 
Bollandistes.  19. 
Bonde  Saveuse.  278. 
Bonacursi   (  Abbé   de    S1  . 

Procul).  295. 
BonaventureEymin(R.P.). 

167.   168. 


Boniface  IX.  56.  60.  3ij. 
Boniface   Ferrier  (R.    P.). 

58  à  63. 
Bonne  de  Bourbon.   319. 
Borgia    (Pierre    de).    199. 
Borsius  (Duc  deMantoue). 

342. 
Boson  [R.  P.).  35  à  38. 
Botzko  de  Cunsdat.  307. 
Boucicault.  245. 
Boudet.  1 38. 
Bozon  Corbonello.  243. 
Brion   (Capitaine).   2o5. 
Brissac  (Maréchal  de)  87. 
Brunet  (Joseph).    35.    87. 
Bruno  (Saint).  3. 
Bruno  d'ArTringues(R.  P.). 

108  à  1 17.  207.   288. 
Bruno   Loër  (Dom).    86. 
Bruno    Rambeaud  (Dom). 

167.   168. 
Burnier  Eug.  39.  93.  117. 

139.   i'5i.  2o5. 

C 

Calixte  II.  214. 

Camilly  (Evêque  de  Toul) 

374. 
Camus  (Jean-Pierre).   119. 
Canisius.  26.  38. 
Casimir-Léon  Sapichavica 

372. 
Catherine   Barnabo.    325. 


—   02'. 


Catherine  de  Boubers. 
278. 

Catherine  de  Flémahl.  3o6. 

Catherine  de  Sienne  (Sainte) 
58.  3o8. 

Catherine  Garnier.  841. 

Catherine  Oppendorpia. 
35i. 

Célestin  III.   21  5. 

Cellier  (Dom).  i3.  22.  23. 

Césaire  (Saint).  229. 

Chaise  (Père  de  la).  1 36. 

Charles  (Duc  de  Bourgo- 
gne). 345. 

Charles  (Duc  de  Calabre). 
285. 

Charles  IV  (Duc  de  Lor- 
raine). 374. 

Charles  V  (Roi  de  France). 

I  19.    20L  252.    2Ô5. 

Charles-Quint.   280.  281. 

287.  343. 
Charles  VI  (Roi  de  France) 

252.  2Ô5. 

Charles  VII  (Roi  de  Fran- 
ce).   252. 

Charles  VIII  (Roi  de  Fran- 
ce). 252. 

Charles-Albert  (R.  du  Pié- 
mont!. 179.   372. 

Charles  d'Ailly.   282. 

Charles  de  Bourbon  (Car- 
dinal). 356. 

Charles  de  Bovelles.  272. 


Charles  de  France.  283. 

Charles  de   Lallaing.  363. 

Charles  de  Lorraine  (Car- 
dinal). 296.  36o. 

Charles  IV  de  Lorraine. 
368. 

Charles  1 1  de  Navarre.  20 1 . 

Charles  de  Valois.  48. 

Charles  de  Vintimille  (Ev. 
de  Marseille).  369. 

Charles-Emmanuel.     226. 

Charles- Emmanuel  Ier 
(Duc  de  Savoie).  365. 

Charles  Largentier.  284. 

Charles  le  Hardi  (Duc  de 
Lorraine.)  347. 

Charles  le  Téméraire.  70. 
204. 

Charles-Marie  Saisson  (R. 
P.).  179  à  184.  242.  264. 

Charles  Maurin    (D.).  i3i. 

Charlotte  de  Rumilly.  208. 

Chifflet  (Père).  22. 

Chorier.  71.  78.  87.  95. 
104.    117. 

Christine  deBourbon.371. 

Christine  Théodora  de 
Parnon.  372. 

Chrystophede  France  (Ev. 
deSt  Orner).  363. 

Chrystophe  de  Roig  (Cha- 
noine). 357. 

Chrystophe  de  Maggiani. 
jDom).  56. 


—    t>2û    


Clair  de  Fontenay  (R.  P.). 
42. 

Clément  III.  25. 

Clément  IV.  25.  3i.  255. 
256. 

Clément  V.  3y.  38. 

Clément  VI.  47. 

Clément  VII.  55.  57.  60. 
3i8.  322. 

Clément  VIII.  245. 

Clément  XI.  142. 

Coffin  (Ev.  de  Southwark). 
379. 

Conon  de  Genollier.    23o. 

Conrad  III  (Comte  de  Lu- 
xembourg.) 225. 

Conrad  d'Erlinschusen. 
340. 

Conrad  de  Sarto.  3 5  r . 

Constance  d'Antioche.214. 

Corbeau  de  Vaulserre.  199. 

Cornélius  Jansénius.    1 36. 

Corvenc  (seigneur  de)  226. 

Cot  (Capitaine).  2o5. 

Culchebret  de  Arenis.  214. 

D. 

Dalmace  Morel.  252. 
Damien  Longuano  [R.  P.). 

84. 
Danès  de  Marly  (Evêque). 

119. 
Decan  Rascas.  244. 


Délie  (Père).    28.  46.   65 

92.  95.  io3. 
Didier  (Abbé).   217. 
Dieudonné  Mellin.  248. 
Direw  de  Zyl.  3 3 7. 
Dominique  (Dom).  334. 
Dominique  Blasel  (Frère). 

i45. 
Donat  (  Evêque  de  Squil- 

lace).  214. 
Dorland  (Dom).  4.  7.   i3. 

14.   19.  21.  24.  27.   34. 

38.  43.  44.  48.  5o.   58. 

194. 
Dorland  Agricola    (Dom). 

3o3. 
Dorothée  (Abbé  de  laTrap- 

pe).  1 53. 
Dosworth,  R.  194. 
Driscart  (Adrian).  41.  46. 

5o.  91. 
Druon    de    la   Marche. 

269. 
Du  Boys.  168. 
Dubois    (Abbé  de  Saint- 

Amand).  373. 
Ducherrai  (l'abbé).  37?. 
Dugdale  G.  194. 
Duguesclin.  245. 
Dumast  (del.  375. 
Dupuy      de      Montbrun. 

237. 
Durand    (  F^vcquc   de    Li- 
moges).  24X. 


624  — 


E 


Erckenger  de  Saunsheim, 


Ébal  de  Mont.  23o. 

Ebles  de  Ventadour.   248. 

Ébohard  de  Rider.  304. 

Edouard  Baliol.  3oi. 

Edouard  de  Savoie.  220. 

Edouard  le   Libéral.  220. 

Edouard  III  (Roi  d'An- 
gleterre). 201.  3oo.  3o2. 
3  10. 

Edouard  IV  (Roi  d'Angle- 
terre). 204. 

Ela  de  Salisbury.  249. 

Eléonore  de  Savoie.   252. 

Elizabeth  Giraud.  179. 

Elizabeth  Stapleton.   3oi. 

Eloi  Marion  (Dom).   282. 

Elzéar  (Saint).  5  1 . 

Emmanuel  Ier  de  Savoie. 
n3. 

Emmanuel  Du  Creux  (D.). 
166. 

Emmanuel  (Evêque  dAl- 
benga).  274. 

Emmanuel  Nivière  (Dom). 
160. 

Emmanuel-Philibert.  226. 

Engelbert  de  la  Mark. 
3o6. 

Enguerrand  d'Hesteux. 
281. 

Ephrem  Coutarel  (Dom). 
1  57.  161.  166. 


Erharde  Winheimie.  295. 

Ernest  de  Harach  (  Cardi- 
nal). 364. 

Eskile  (  Archevêque  de 
Lunden).  2  38. 

Este  (Cardinal  d1).  363. 

Etienne  Biclet  (R.  P.).i52. 
i53. 

Etienne  (Chan.  de  Lyon). 
224. 

Etienne  (comte  de  Bour- 
gogne). 242. 

Etienne  d'Obazine.  9. 

Etienne  de  Salazar.  89. 

Etienne  (Ev.de  Die).  218. 

Etienne  Aubert.  3o5. 

Etienne  Embroni.  349. 

Etienne  Fabri.  248. 

Etienne  Franchet    (Dom). 

223. 

Etienne  Maconi  (Dom). 
57.  60.  61. 

Etienne  Richard  (R.  P.). 
147.   148. 

Eudes  V  (Duc  de  Bourgo- 
gne). 286. 

Eugène  III.  17.  222.  224. 

Eugène  IV.  246.  340. 

Eugène  de  Savoie.  291. 

Eusèbe  Bergier  (Dom). 
282. 

Evrard  Van  Arko.  35o. 


—  025   — 


F 

Fabricius.  23. 

Falco  de  Solliès.  222. 

Falcoz  (Evêque  de  Gre- 
noble).  256. 

Fava  (Evêquede  Grenoble) 
181. 

Favre  (le  Président).   11 3. 

Félix  V.  66. 

Feller.  80.  137. 

Ferdinand  (Archiduc  d'Au- 
triche).  332. 

Ferdinand  (Roi  d'Aragon). 
338. 

Ferdinand  (  Roi  d'Espa- 
gne). 339. 

Ferdinand  Ier  (Empereur 
d'Autriche).  326. 

Ferdinand  d'Aragon  (Car- 
dinal). 356. 

Ferdinand  de  Cordoue. 
355. 

Ferrus  (François  de).  170. 

Fiacre  Billard  (Dom).  92. 
96.  237. 

Flotte  (de).  218.  241. 

Forbin-Janson  (Evêque  de 
Nancy).  184,   i85.  375. 

Franclieu  (A.  de).  179. 

François  (  Duc  de  Breta- 
gne). 340. 

François  (Evêque  de  Sé- 
govie).  32i. 


François  Ier  (Roi  de  Fran- 
ce). 252.    283.  326. 

François  II  (Duc  de   Bre- 
tagne). 35o. 
François     de     Busleyden. 

36i. 
François  de  Conzié.  202. 
François  de  Foresta.  369. 
François  de  Créqui.   281. 
François   de   Framezelles. 

281. 
François  de  Lingendas(D). 

366. 
François  de  Loménie  (Ev. 

de  Marseille)  369. 
François  de  Sales  (Saint). 

1 13.  1 1 5.  116.  128.  226. 

365. 
François  de  Sero.  295. 
François  du  Puy  (R.  P.). 

75  à  78.  216. 
François  Fléard  (Evêque). 

270. 
François  Gallutius  .299. 
François  Leclerc  de  Mon- 

tisant.  363. 
François  Maresme  (R.  P.). 

66  à  68.  2o3. 
François  Patavin   (Evêque 

de  Bellune).  343. 
Françoise  d'Estournel.  27  2. 
Francon  de  Borsal.  345. 
Frecoldy  (Frère  Convers). 

25. 

4<) 


(52(5  — 


Frédéric  Barberousse.   18. 

218.  219. 
Frédéric    II     (Empereur). 

23o. 
Frédéric    III    (Empereur 

d'Autriche).  273. 
Frier  Belliko.  324. 
Frizlen  Becow.   324. 
Frudar  (Dame  de).   244. 
Furmeyer    (Capitaine). 

205. 

G 

Gabriel  Pagador.  343. 

Galéas     Sforce    (  Duc    de 

Milan).  71. 

Garnier  de  Balmey.  229. 

Gaspard  Turnout.  35  1. 

Gauceran   (Archevêque  de 
Lyon).  217. 

Gaudemar  de  Jarez.   252. 

Gauthier    de    Bourgogne. 

235. 
Gauthier  d'Enghien.  274. 
Genlis  (l'abbé  de).  379. 
Gennat  (l'abbé).  375. 
Geoffroy  (Comte).  234. 
Geoffroy  (Dom).  18. 
Geoffroy  (Evêque  de  Car- 

cassonne).  276. 
Geoffroy  de  Lorette.    214. 
Geoffroy  de  Loudun.  254. 
Geoffroy  de  Solliès.    222. 


Georges  (Évêque   de  Péri- 
gueux).  293. 
Georges   d'Alay     (Évêque 

de  Viseu).  35g. 
Georges  (Marquis  de  Sa- 
luées). 279. 
Gérard  III(Comte  de  Guel- 

dres).  3i3. 
Gérard    (Év.    de    Hildes- 

heim).  322. 
Gérard  (R.P.).  32. 
Gérard  (Dom).  73. 
Gérard  de  Diest.  285. 
Gérard  de  Nevers.  21. 
Gérard     de     Perfontaine. 

261. 
Gérard  de  Saxe.  296. 
Gérard  de  Villars.   268. 
Gérard  Kalkbrenner    (D.). 

82. 
Gérard  Keppel.  347. 
Gérard  Patin  (Dom).   353. 
Gérard  Pétrarque  (D.).  49. 
Géraud  de  Montaigu.  244. 
Géromina  Zaporta.  370. 
Gervais  de  Neufchâtel  234. 
Ghisbert  de  Potere.  352. 
Gilette  de  la  Rue.  282. 
Gilles    (Abbé      de     Saint- 

Bertin).    2b5. 
Gilles  de  Potere.  35 1. 
Girald  de  La  Tour.   217. 
Girard  de  Charmey.  262. 
Girard  de  Mérodes.  363. 


627 


Giraud  (Dom).  27.  34. 

Gobelin  Sleegman.  35  1. 
Godefroy  (Evêque).  8. 
Gonzague      de     Cordoue. 

355. 
Gonsalve  de  Menard   (Ar- 

chev.  de  Séville).  33o. 
GoslénusjEv.  de  Soissons  . 

224. 
Gournay  (de).    3j5. 
Gratien  Dancard.  280. 
Grégoire  IX.  227. 
Grégoire  XI.  54.  55.  201. 

309.  314. 
Grégoire  XII.  60. 
Grégoire    XIII.    89.    108. 

270. 
Grégoire  XV.  1 12. 
Grégoire  XVI.    i85. 
Grégoire  Reisch  (D.).  ~j". 
Grégoire     Sorel    (R.    P.). 

119  à   171. 
Grissac  (Baron  de).   5i. 
Guibert  (Antipape).  4. 
Guichard  de  Beaujeu.  222. 

224. 
Guicharde  de  Beaujeu. 247. 
Guido    (Evêque  de  Cam- 
brai). 261. 
Guido   (Evêque  de  Tour- 

nay).   275. 
Guigues   (Dauphin).     197. 
Guigues  II  [R.  P.).  22.  23. 


24. 


Guigues    III      (Dauphin). 

228.  253. 
Guigues     IV     (Dauphin). 

262. 
Guigues  d'Albon.  220. 
Guigues  de  Castro  (Dom). 

6  à  12.  16.  36.  jj. 
Guigues  de    Lemps.  221. 
Guigues  le  Gras.  270. 
Guillain  (Evêque  de  Cou- 

tances).  234. 
Guillaume  (Comte  de  Hol- 
lande). 287.  3o8. 
Guillaume    Ier   (Empereur 

d'Allemagne.  378. 
Guillaume  IV  (Evêque  de 

Grenoble'.  270. 
Guillaume  VI  (Duc  de  Ju- 

liers).  345. 
Guillaume  XII  (Comte  de 

Boulogne).  281. 
Guillaume  (Comte  de -Ne- 
vers).   22  5. 
Guillaume      (Evêque      de 

Lausanne).  262. 
Guillaume  d'Avesnes.  260. 
Guillaume  Bibauce  (R.  P.). 

78. 
Guillaume      de      Belfort. 

249. 
Guillaume    de  ■  Château - 

neuf.   220. 
Guillaume     de     Coligny. 

242. 


—   62*    — 


Guillaume  de  Crouy.  35 1. 
Guillaume  de  Croze.  244. 
Guillaume    de     Donzère. 

244. 
Guillaume  de  Flavecourt. 

255. 
Guillaume    de    la     Motte 

(R.  P.).  64.  65. 
Guillaume  delà  Pôle.  3 1 5 . 
Guillaume   de  la  Souche. 

319. 
Guillaume    de    l'Estrange 

(Arch.  de  Rouen).  320. 
Guillaume  de    PHospital. 

208. 
Guillaume  de  Mâcon(Evê- 

que).  268. 
Guillaume      de     Messine. 

(Doml.  2i5. 
Guillaume  deMontbel.  40. 

199. 
Guillaume  de  Montegrin. 

258. 
Guillaume     de     Mothier. 

281. 
Guillaume  de  Nassau.  3 1 3. 
Guillaumede  Poitiers.  220. 
Guillaume     de      Raynald 

(R.    P.).    53    à    58.  jj. 

201 .  202. 
Guillaume  de   Roussillon. 

259. 
Guillaume  de   Sirca.  232. 
Guillaumede  So\vche.3i6. 


Guillaume    de     Valbelle. 

235. 
Guillaume,     de    Vénéjan. 

244. 
Guillaume  de  Warnevyck. 

287. 
Guillaume  des  Prés.    281. 
Guillaume        Duvennard. 

287. 
Guillaume   Fabri    (R.   P.) 

33.  34.  35. 
Guillaume  Jourdain.  23  1. 
Guillaume  Scot.  3o2. 
Guillaume    Tilney.     3 16. 

317. 
Guiraud  de  Simiane.  241  . 
Guiscard  de  Beaujeu.  217. 
Guy  (Abbé).  25. 
Guy  d'Aubusson.  248. 
Guy  de  Bologne.  3o5. 
Guy  de  Châteauneuf.  2^7. 
Guy  Séneschal.  225. 

H 

Haimeric  (Card.).  10.  11. 
Hammontanus  (Doml.  82. 
Hardouin  de  Chignin.  14. 
Hart  (Baron  de).  375. 
Haupt  (Dom).  334. 
Hayderic  (Baron  de  Mays- 

saw).  328. 
Hébrard     de     Hirchborn 

Archevêque).  3o3. 


—  629  — 


Hector  Sanvitane  (Dom). 
348. 

Hélène  de  Roig.  35/. 

Hélion  de  Villeneuve.  258. 
276.  288. 

Hélion  Geoffroy  (Chanoi- 
ne!. 354. 

Hélisaire  de  Grimoard  (R. 
P.).  5i  à  53. 

Helmice  de  Moylant.  3o6. 

Hélyot  (Père).  3i.  58.  78. 
91.  139. 

Henri  (Dom).  73. 

Henri  (Duc  de  Norman- 
die). 238. 

Henri  (Evêque  de  Gurck). 
233. 

Henri  (Roi  de  Pologne). 
284. 

Henri  II  (Roi  de  France). 
87. 

Henri  II  (d'Angleterre). 
199.  239. 

Henri  II  (Roi  deCastillei. 
323. 

Henri  III  (Comte  de  Ni- 
vernais). 246. 

Henri  III  (Roi  de  Castille,. 
323.  339. 

Henri  III  (Roi  de  France). 
270.  357. 

Henri  III  (d'Angleterre  1. 
199.   2  5o. 

Henri  IV  (Roi  de  France  . 


1 12.  225.  252.  265.357. 
37i. 

Henri  V (Roi  d'Angleterre). 
234. 

Henri  VI  (Empereur).  299. 

Henri  VI  (Roi  d'Angle- 
terre). 2û3. 

Henri  VIII  (Roi  d'Angle- 
terre). 80.  239.  25o.  275. 
3oi .  3  10.  3 1 5 .  317.  327. 
329.  335. 

Henri  de  Baraton.  243. 

Henri  de  Bourbon  (Prince 
de  Condé).  366. 

Henri  de  Lancastre  (Car- 
dinal). 203. 

Henri  de  Léon  (Dom).  343 . 

Henri  Holtengen.  280. 

Henri  Kalkar  (Dom).  5. 

Henri  Pollet  (R.  P.).  45. 
46. 

Henry  de  Ellerbach.  332. 

Hercule  Winckele  (Dom). 
343. 

Hermann (Comte deCilley  . 
332. 

Hermann  de  Barehiis.346. 

Hermann  de  Tressia.  289. 

Hermann  Ottemberg  (Evê- 
que d'Arras).  278. 

Hermès  Le  Clerc.  314. 

Hilarion  Robinet  (R.  P.). 
1  54  a  1  57.  195. 

Hildegonde    Avoriz.    347. 


Hippolyte  Petitpas.  363. 

Honorius  III.  5.  2227. 

Hospital  (Maréchal  de  Y). 
36g. 

Houchin  (Dame  d1).    290. 

Hugon  de  Lormes.  252. 

Hugues  (Abbé  de  Saint- 
Remy).   227. 

Hugues  (Chevalier  du  Tem- 
ple). 10. 

Hugues  (Comte  de  la  Mar- 
che). 248. 

Hugues  Ier  (D.).  12  à  14. 

Hugues  (Evêque  de  Va- 
lence).   32  1. 

Hugues  Ier  (Saint).  10.  11. 
26.  196. 

Hugues  II  (Evêque).  10. 
198.  218. 

Hugues  II  (R.  P.).  27. 

Hugues   d'Arvillars.    236. 

Hugues  de  Biencourt.  269. 

Hugues  de  Coligny.  242. 

Hugues  de  Cuiseau.    227. 

Hugues  de  la  Ferté.   234. 

Hugues  de  la  Rochette. 
237. 

Hugues  de  Lincoln  (Saint). 
21.  22.  81 . 

Hugues  de  Solliès.  222. 

Hugues  de  Varennes.  222. 
224. 

Hugues  Meerhouran  (D.). 
348. 


Humbald  (Archevêque  de 

Lyon).  218. 
Humbert  (Dauphin).  220. 
Humbert  (Dom).  221. 
Humbert  de  Asneriis.  247. 
Humbert  de  Beaugé  (D.). 

233. 
Humbert  de  Beaujeu.  222. 
Humbert   de   Grand  mont. 

224. 
Humbert  de  Paladru.  263. 
Humbert  de  Prangins.23o. 
Humbert  de   Savoie.    20. 

28. 
Humbert   II  de  Viennois. 

44.  47.  229.  236. 
Humbert  III  de  Beaujeu. 

223  . 

Humbert  III  de  Maurien- 

ne.   239. 
Humbert    V    de    Thoire- 

Villars.  252. 
Humbert   Guichard.    252. 


Ignace  (Saint).  82. 
Ignace  Tricot  (Dom).  161. 
Indie    (Abbesse  de  Souri- 

bes).   257. 
Innocent  II.    10.    1  r.  224. 
Innocent  III.  20.  25.  222. 

227.   237.   245.   247. 
Innocent  IV.  227.  25  5. 


—  63 1 


Innocent  VI.  47.  5o.  3o5. 
Innocent  VII.  60. 
Innocent  XI.   i3o. 
Innocent  Le    Masson    (R. 

P.).  12.  63.   75.  81.  82. 

91.  112.  124  à  i3g.  198. 

209.   263. 
Isabelle  de  Boves.  272. 
Isabelle  d'Espagne.   362. 
Isabelle  de  Gcede.  289. 
Isabelle  de  Mclote.  269. 
Isabelle  de  Portugal.  290. 
hier.  369. 


Jacques   Arcucius    (Comte 

de  Minerbini).  3  1 1. 
Jacques  Bernard.  139. 
Jacques  de  Boulogne.  265. 
Jacques      de       Maubeuge 

(Chanoine).  261. 
Jacques  de  Scarampis.  322. 
Jacques  de  Vevey.  (R.P.). 

41.  43  à  45. 
Jacques  de  Voogt.   363. 
Jacques  Mellerio  (Comte). 

326. 
Jacques  Meuri.  80. 
Jacques  Morice  (D.).  107. 
Jacques  Paillard.   277. 
Jacques  Sacrati  (Ev.).  108. 
Jacques  Stuart  (R.  d'Ecos- 

se).   337. 


Jacques  Zybel.  33 1. 

Jancelin  (R.  P.).  24.   198. 

Jansénius.   145. 

Jean  Ier.  6. 

Jean  XXI.   227. 

Jean  XXII.  200.  226.  237. 
258.  270 .  276 .  282  . 
288. 

Jean  (Abbé  de  Saint-Mi- 
chel). 227. 

Jean  (Archev.  de  Mayen- 
ce).  3 12. 

Jean  (Archevêque  de  Vien- 
ne). 247. 

Jean  Ier  (Comted\Alençon). 

Jean  (Comte  de  Bourgo- 
gne). 247. 

Jean  (Comte  de  Flandre). 
289. 

Jean  (Prieur  de  Saint- 
Biaise).  238. 

Jean  (Roi  de  Bohême).  299. 

Jean  (Roi  de  France).  272. 
283. 

Jean  Ier  (Roi  de  Castille). 
323. 

Jean  II  (Roi  de  Castille). 
323.  339. 

Jean-André  Aimar.   370. 

Jean  -Andréa  -  Caldérin  . 
295. 

Jean-Antoine  de  Glandè- 
ves.  369. 

Jean  d'Acques.  281 . 


632 


Jean-Augustin  de  Foresta. 

369. 
Jean  Bailly  (Dom).  iii. 
Jean-Baptiste  Cadri)Dom) 

145. 
J.-B.    Lequette   (Evêque). 

282. 
Jean-Baptiste  Mortaize  (R. 

P.).    173.   2l8.   223.    23l. 

262.  293. 
Jean  Birel  (R.  P.).  46  a  5o. 
Jean  Boette  (Dom).  92.  96. 
Jean    Bokyngton    (Evêque 

de  Lincoln).  3 16. 
Jean  Botener.  3 16. 
Jean  Courteret  (Chanoine) 

281. 
Jean     Dagloss    (Arch.    de 

Lemberg).  348. 
Jean  de  Aranda  (Év.  d'Al- 
banie. 33o. 
Jean    d\Arenthon     d'Alex. 

129.    134. 
Jean  d1Auge.  281. 
Jean  d'Aubigny.  25  5. 
Jean  de  Auniviz.  292. 
Jean  d'Avesnes  (Comte  de 

Hainaut).   260. 
Jean  de  Bari  (Dom).  56. 
Jean  de  Beaufort.  261. 
Jean  de  Berges.   35 1. 
Jean  de  Blotefière.  269. 
Jean  de  Bosquiel.  363. 
Jean  de  Brabant.  3o6. 


Jean  de  Cérées.  255. 
Jean  de  Chanteloup.  3oo. 
Jean  d'Estrées.  228. 
Jean  de  Fosseux.  281. 
Jean  de  Garnier.  369. 
Jean  de  Griffemont  (Voir 

Griffenberg). 
Jean     de    Griffenberg  (  R. 

P.).  60.  61.  63. 
Jean  de    Hericofeth.  282. 
Jean  de  Hodicq.  281. 
Jean  d'Ingelby.  329. 
Jean   de  la  Grange    (  Ev. 

d'Amiens).  3o5. 
Jean  de  TEscluse.  (Dom   . 

92. 
Jean  de  la  Neuville  (D.). 

54- 
Jean  de  Luxembourg.  278. 
Jean  de  Meers  (Abbé).  363. 
Jean  de  Neal.   334. 
Jean    de    Neufchatel    (Év. 

de  Tulle).  3o5. 
Jean  de  Northergug.  3 16. 
Jean  de  Nouvion.   268. 
Jean  de  Pompadour.  248. 
Jean  de  Ransart.  374. 
Jean  de  Roesendael  (R.P.Ï. 

68.  69. 
Jean  de  Sainte-Aldegonde. 

264. 
Jean  de  Surare.  284. 
Jean  de  Vesly  (R.P.).  io5 

à  108. 


633  — 


Jean  de  Vienne.  282. 

Jean  de  Werchin.  314. 

Jean  Federangels.  348. 

Jean-François  de  Gonza- 
gue.  333. 

Jean  Gailhard  (R.P.).  80. 
81. 

Jean  Geylins.  289. 

Jean  Grandis(Chan.).  286. 

Jean-Henri  (Marquis  de 
Moravie).  3 12. 

Jean  Hertsberge.  3o2. 

Jean  Holland.  32g. 

Jea  nHolmeton  de  Sleford. 
3i6. 

Jean  Hulot.  282. 

Jean  Joyet  (Dom).  366. 

Jean  Le  Caucheteur.   269. 

Jean  Le  Vasseur.  362. 

Jean  Livin.   33j. 

Jean-Louis  Griffer.  344. 

Jean  Milner  (Dom).  3o3. 

Jean  Minien.   296. 

Jean  Morton  (Chanoine 
de  Lichfeld).  317. 

Jean  Naso  (Evêque  de  Bo- 
logne).  29D. 

Jean  Obieski.  371. 

Jean  Ode  (Frère  Convers). 

74- 
Jean    Orton    de    Boymel- 

berg.  3 12. 
Jean  Pégon  (R.  P.).  7.  28. 

I  20  à  1  24.    208. 


Jean  Rotlas  (Dom).  339. 
Jean  Russentezin.  317 
Jean-sans-Peur.  290.  3 18. 
Jean  Schwelin.  3oi. 
Jean  Tirelle  (Dom).  60. 
Jean  Van-Cockléare.  275. 
Jean  Van  Overhove.  35 1. 
Jean  Vanvicht.  363. 
Jean  Vasquez  de  Cépéda. 

338. 
Jean    Visconti    (Archevê- 
que).  3o3. 
Jean  Visconti  Galéas.  325. 
Jean  Volon  (R.P.).  83.  84. 
Jeanne  (Reine  de  Naples). 

285. 
Jeanne  (Reine  de  Sicile). 

2or. 
Jeanne  de  Béthune.    228* 

278. 
Jeanne  de  Boulogne.  281. 
Jeanne  de  Chàtillon.  255. 
Jeanne  de  Créquy.  278. 
Jeanne  de  Flandre.  285. 
Jeanne  de  Mayenne.  269. 
Jeanne    de   Preures.    278. 
Jeanne  de  Sicile.  211. 
Jeanne  Marbrier.  269. 
Jeanneto  de    Bucca.    3oq. 
Jérôme  (Saint).   10.    ni. 
Jérôme    Lignano  (R.   P.). 

90  à  93. 
Jérôme  Marchand  (R.P.) 

94  à  io5.   206. 


634 


Joachim  (Saint).  80. 

Joachim  de  la  Croix  (Dom). 
iii. 

Jodoc  Herz  (Dom).  79. 

Jordan  d'Aiguebelle.  237. 

Jordany  (Evêque  de  Fré- 
jus).  223. 

Joseph  II.  1  52.  1  5 5 .  232. 
2D7.273.  274.281.  288. 
289.  291 .  3o2.  3o3. 

Joseph  II  (Empereur  d'Au- 
triche). 180.  3 1 3.  314. 
326.  329.  333.  334.  343. 
352.  364.  366.  367. 

Josse  (Marquis  de  Mora- 
vie). 332. 

Joubert  de   Barrant.    248. 

Jourdain  Duhommet.  234. 

Joyeux  (Dom).  375. 

Juilliers(Év.deLiège).22  5. 

Jules  II.  j6.  271. 

Juste  de  Serres  (Evêque  du 
Puy).   367. 

Juste  Perrot  (R.  P.).  118. 
1 19.  208 


Labbé  (le  Père).  6.  12. 
Lacordaire  (R.  P.).  270. 
Lambert  (Dom).  2(5. 
Lambert  Van  Houé.  35o. 
La  Motte  d'Orléans  (de). 
269.   278. 


Lampignano   (Dom).    71. 
Landri  de   Coinsins.  23o. 
Landuin  (Dom).   3.  4. 
Langin  (S.  de).  226. 
La  Noue  (de).  225. 
Lansperge  (Dom).  87. 
Laurent  Allemand.   75. 
Laurent   de   Ripalta  (D.). 

71- 

Le  Camus  (Cardinal).  139. 

253. 
Le  Carlier.  373. 
Le  Cauchoirs(Dom).  i3o. 
Le  Coulteux  (Dom).    i3. 

28.    3i.   41.    1 3 1 .    [97. 

203. 

Le    Lignou    (Capitaine). 

238. 
Le  Vasseur  (Dom).  3i.  58. 

72.    93.   98.    100.    117. 

1 3 1 .  204. 
Léger  II  (Evêque  de  Gap). 

218. 
Léon    X.    j6.     jj.    216. 

3i5. 
Léon  XII.   171. 
Léon  d'Albertas.   369. 
Léon  de  Valbelle.  369. 
Léon  Tixier  (R.  P.).  1 19. 

120. 
Léopold  (Duc de  Lorraine). 

374; 

Liévin    Ammon    (  Dom). 

80. 


635 


Liévin   de  Jaeghere.   289. 

Locres  (Ferry  de).   194. 

Lolbert  (ComtedeTrévise). 
304. 

Longate  d'Annezin  (Dame 
de).   290. 

Loth  François  de  Gamba- 
curtis.    309. 

Louis  (C.  de  Blois).  234. 

Louis  (Comte  de  Oettin- 
gen).  320. 

Louis  (Comte  de  Flan- 
dre). 2j5.  287.  289. 

Louis  (Duc  de  Lignitz). 
335. 

Louis  II  (Comte  de  Flan- 
dre).   22  5. 

Louis  VII  (Roi  de  France). 
18.  227. 

Louis  IX  (Roi  de  France). 
3o.  207.   227.  255. 

Louis  X  (Roi  de  France). 

2  52. 

Louis  XI  (Roi  de  France). 

70.    204.   227.    252.    2Ô5. 

283. 
Louis  XI I  I^Roi  de  France). 

1 18.  207.  227.  319.  365. 
Louis  XIV  (Roi de  France). 

206.  373. 
Louis  XV  (Roi  de  France). 

314. 
Louis  XVI  iRoide  France  . 

369. 


Louis  XVIII  (Roi  de  Fran- 
ce).   211. 

Louis  Alphonse  de  Riche- 
lieu. 370. 

Louis  d'Anjou  (Roi  de 
Hongrie).  3o8. 

Louis  de  Couttes.  272. 

Louis  de  Hainain.  373. 

Louis  de  Maie  (Comte  de 
Flandre).  3o2. 

Louis  de  Mérode.  278. 

Louis  de  Mont.  23o. 

Louis  de  Nevers.  278. 

Louis  de  Paulo.  369. 

Louis  de  Wurtemberg.  3  38. 

Louis  Hager  (Dom).  334. 

Louis  Largentier.   284. 

Louis-le- Pacifique  (Land- 
grave de  Hesse).  33g. 

Louis  Le  Masuyer  (Dom). 
248. 

Louis-Philippe  (Roi  des 
Français).  375. 

Lucius  III.  25.  237. 

Ludolphe  (Dom).  80. 

Ludolphe     Van-Waester. 

344. 

Lutolde  (Dom).  25 1. 

M 

Mabillon.  4.  5.   12. 
Madeleine     de     Western - 
bourg.  342. 


—  636  — 


Mahault  (Comtesse  d'Ar- 
tois). 278.  290. 

Mandar  (Père).   1  53.  1  55. 

Marc  Justiniani.  336. 

Marchai  (l'abbé).  19.   198. 

Marguerite  (Comtesse  de 
Flandre).  290. 

Marguerite  Chauveronne. 
248. 

Marguerite  d'Angleterre. 
35  1. 

Marguerite  de  Bâgé.  252. 

Marguerite  de  Bavière. 
3  18.  347. 

Marguerite  d'Evreux.  281. 

Marguerite  d'York. 70. 204. 

Marguerite  (Comtesse  de 
Fif).  254. 

Marie  (Duchesse  de  Bour- 
gogne). 336. 

Marie  (Reine  d'Angleter- 
re). 335. 

Marie  (Reine  d'Aragon). 
323. 

Marie  d'Aragon.  338. 

Marie  de  Chàtillon.   252. 

Marie  de  Lune.  32 1. 

Marie  de  Prouville.    373. 

Marie  du  Bos.  269. 

Marie  Loys.  373. 

Marie  Muguelle  Boucq- 
rode).  281. 

Marie-Thérèse  d'Autriche. 
■  55. 


Marquard  Mendel.  317. 
Martène.  4.  5.  12.  14.  19. 

21.  23.  27.   36.  39.  43. 

45.  5o.  58.  63.  1 3 1 . 
Martin  (DomL  267. 
Martin  (R.  P.).  25.  26. 
Martin  Ier  (Roi  d'Aragon). 

32i.  323.  33o. 
Mastainge  (Seigneur  de). 

289. 
Matthias  Borrasa.  33o. 
Matthias  de  Bosken.  328. 
Matthias  d'Erbestein.  3 16. 
Matthias    Cortin    (Dom). 

92.  93.  96. 
Matthieu  de  Linières.  269. 
Matthieu    Ferdinand  (Ar- 
chevêque   de    Prague). 

364. 
Maurice  Chauncey   (D.). 

335. 
Maury  (Dame).  377. 
Melchior  de  la  Vallée.  368. 
Meldert  (de).  35 1. 
Michel-Ange.  193. 
Michel    Brunier  (R.    P.). 

1 48  à  1 5 1 . 
Michel  Crelian  (Dom).  287. 
Michel  de  Lannoy.  363. 
Michel  Le  Tellier.  363. 
Michel  Northleroock.  3 10. 
Michel  Verdière.  373. 
Aligne  (l'abbé).  195. 
Milo  de  la  Roche.  241. 


637  - 


Milon   (Evêque    de   Thé- 
rouanne).  224. 
Montgeffond  (R.  P.)-    1 3g 

à  146. 
Mire  (Aubert  le).  194. 
Montrond  [(Maxime   de). 

i95. 
Moreri.  58.  63.78.80.  io5. 

1 1 7.  1 36.  iSg. 
Morozzo.  4.  5.  i3.  14.  19. 

23.  24.  27.  39.  43.   58. 

63.  65.  66.  72.  75.   78. 

79.    84.    93.    i32.    194. 

332.  346.  36i. 
Morozzo    (Seig.  de).  238. 
Moustier  (de).  241. 

M 

Nantelme  Aimard.  237. 
Napoléon    Ier.    211.    216. 

246.  271.  273.  285.  295. 

297.  299.  3oo.  309.  3i  1. 

3i2.  325.  342.  349. 
Nassau  (Prince  de)  346. 
Nesle  (de).  272. 
Neufchàteau  (Cardinal  de). 

202. 
Nicolas  V.  66. 
Nicolas    Acciajuoli.    299. 
Nicolas  Albergati  (R.  P.). 

1  57  à   161. 
Nicolas  Cinciagond.  298. 
Nicolas  ComitiusiD.).3o5. 


Nicolas    de     Chanteloup. 

3oo. 
Nicolas    des    Ursins   3ii. 
Nicolas  Godard.  255. 
Nicolas  Loys  (Chanoine). 

373. 
Nicolas  Molin  (Dom).  90. 

99. 
Nicolas  Robert  (Dom)  33o. 
Nicole.    134. 
Nicolle  de  Dampierre.  28 1 . 

O 

Odon  (Abbé).   224. 

Orlandino  82. 

Othon  (Archiduc).  291. 

Othon  (Evêque  de  Gap). 
2  57. 

Othon  de  Grandson.  39. 
199.   279. 

Othon  (Duc  de  Bourgo- 
gne). 235. 

Othon  Van  Heyden.  35o. 

Ottokar  (Marquis  de  Sty- 
rie).  23 1. 

Oursch  (Comte   d1).    375. 


Pacifique  de  Mont  (Dom). 

369. 
Palau.    33o. 
Palmier  de  Regiano.  243 


638  — 


Pascal  II.  214. 

Pascal,  A.    161.    167.  199. 

Pasquier,  de  Lyon.  223. 

Passelaige  (Evêque).   19 

Paul  III.   81.  271. 

Paul  V.   237. 

Paul  Oleza.   33o. 

Pétrarque.  48.   5o. 

Petreius  (Dom).  4.  5.  i3. 
14.  21.  38.  41.  63.  65. 
66.  72.  77.  84.  89.  194. 

PétronillecTAmboise.  326. 

Philippe  (Duc  de  Bourgo- 
gne). 275.  289. 

Philippe  (Duc  d'Orléans). 
283. 

Philippe  IV  (Roi  d'Espa- 
gne). 278. 

Philippe  V.  255. 

Philippe  VI,  (Comte  de 
Valois).  283. 

Philippe  de  Cavrel  (Abbé) 
278. 

Philippe  de  Fosseux.  282. 

Philippe  de  Marigny.  255. 

Philippe  Ier  de  Maurienne. 
237. 

Philippe  IV,  Roi  d'Espa- 
gne.  373. 

Philippe  Caverel  (Abbé  de 
St-Vaast).  3 73. 

Philippe  de  Haynin.   363. 

Philippe  de  Valois  48. 
252.   2bq. 


Philippe-le-Bel.  255.  272. 

Philippe-le-Bon.   290. 

Philippe-le-Bon  (Duc  de 
Bourgogne:.  3 18.   343. 

Philippe-le-Hardi.   3  18 

Philippe  Lefebvre'Dovem. 
363. 

Pie   II.  343.   344. 

Pie  IV.  3  1 1. 

Pie  VI.  i55.  1 58.  161. 
499. 

Pie  VII,  170.  246.  299. 
3 1 1 . 

Pie  IX.   i83. 

Pierre  (Archevêque  de 
Reims).  227. 

Pierre  ) Baron  de  Torbery). 
327. 

Pierre  (Comte  de  Savoie!. 
262. 

Pierre  (Evêque  d'Arras  . 
278. 

Pierre  II  i.R.  P.i.  27. 

Pierre  Achspalt  (Archevê- 
que). 277. 

Pierre  Adournes.   275. 

Pierre  Aynard.  234. 

Pierre  Barbes.  (Archevê- 
que). 225. 

Pierre  Brémont.   369. 

Pierre  Canisius  .Bienheu- 
reux'. 82 

Pierre  Daens  Dom  .  ni. 

Pierre  de  Celle  [Abbé).2i. 


—  63o  — 


Pierre  de  Chimelieu.  224. 
Pierre  IX  de  Cluny.   20. 
Pierre  de  la  Porte.  327. 
Pierre  de  Léon  (D..)  343. 
Pierre  de  Leyde  (Dom).8i. 
Pierre  de  Bailleul.  278. 
Pierre  de  France.  255. 
Pierre    III    de   Gruyères. 

271. 
Pierre  de  La  Tour.    244. 
Pierre  de   La  Tour    Cha- 

tillon.  292. 
Pierre  de  Lune.    57.    62. 

219. 
Pierre  III    de  Montignac 

tR.P.).  34.  35. 
Pierre  de  Mortemer.   297. 
Pierre  de  Mussy.  284. 
Pierre  de  Rochefort  (Evê- 

que).  277. 
Pierre  de  Serra  (Car.). 32 1. 
Pierre  de  Valois.  233. 
Pierre  de  Villars  (Arch.  de 

Vienne).  357. 
Pierre  Donato  (Ev.  de  Pa- 

doue(.  341 . 
Pierre  du  Temple.  281. 
Pierre   le  Cruel    (  Roi   de 

Castille).  349. 
Pierre  Le  Fèvre  (Bienheu- 
reux). 83. 
Pierre  Le  Franc  (Dom).  5. 
Pierre  le  Vénérable  (Abbé). 

7.  10.  i3. 


Pierre  Loisel.  255. 
Pierre  Maderan.  362. 
Pierre  Maurice  (Saint)  21. 
Pierre  Mirantis.  3o8. 
Pierre  Roux.    (R.  P.).   73 

à  75.  2i5. 
Pierre  Salva  de  Montirac. 

3o5. 
Pierre  Sarde  (R.  P.).  85  à 

87.  204.  206. 
Pierre  Senescalle.  224. 
Pilot  (écrivain).   2o5. 
Ponce  II  (Evéque  de  Bel- 

ley).  218. 
Ponce  II  de  Balmey.  220. 
Ponce  de  Villars.  247. 
Pons  de  Croze.  244. 
Pons  de  Lazare.  9. 
Prilly   [de]   (Év.  de  Châ- 

lons).   375. 

Q 

Quesnel  (Père).   141 . 
R 

Radegonde  ^Sainte).  229. 
Raimbaud  d'Agout.  241. 
Raimbaud  d'Orange.  241. 
Rangier,  de  Reggio.  21 3. 
Raoul  (Abbé  de  Notre-Da- 
me de  Liesse).  283. 
Raoul  de  Beaumont.  254. 


C>4o  — 


Raoul  de  Belfort.  249. 

Raphaël  Paris  (Dom).  1 65. 

Raymond  (Comte  de  Vien- 
ne). 220. 

Raymond  II  (Evêque  de 
Marseille).  222. 

Raymond  (Prince  d'Oran- 
ge). 256. 

Raymond   Béranger.    234. 

Raymond  de  Lemps.  221. 

Raymond  de  Mont-Alban. 
222. 

Raymondde  Provence.  3 1 . 

Raymond  de  St- Gilles. 
23r. 

Raymond  Rascas.  244. 

Raymond  Saisse.  3oj. 

Raynald  de  Lanz.  221. 

Raynaldi.   5o. 

Raynaud  de  Rosoy.   227. 

Raysse  (Arnold  de) .  1 94. 
274. 

Reinald  Ier  (Duc  de  Guel- 
dre).  298. 

Renaud  de  Baugé.  233. 
247. 

René  de  la  Valbonne.  1 1 3. 

Reward  du  Pont.  3o6. 

Rhodes  'Chevaliers  de). 
276. 

Richard  (Abbé  de  Mouzon) . 

225. 

Richard  (Abbé  de  Vau- 
clair).  227. 


Richard  (  R.  d'Angleterre). 

3i6.  327. 
Richard      Cœur-de-Lion. 

199. 
Richard  de  Bénonces.  217. 
Richard  de  Petronis.   273. 
Richard  Luff.  3 16. 
Richard  Simon.  1 36. 
Riffier  (R.  P.).  3i.  32.  77. 
Robert    (  Roi    de    Sicile) . 

285. 
Robert    VII     (Comte     de 

Boulogne).  281. 
Robert  Braybroke  (Ev.  de 

Londres).  3  16. 
Robert  d'Argapie.  214. 
Robert  de  Béthune.  275. 
Robertde  Tarona.  214. 
Robert  Palmer  (Dom). 3 16. 
Robivien  (Dom).  357. 
Roch-Marie  Boussinet  (R. 

P.).  184CI  187. 
Roderic  Kannetyem.    35o. 
Rodolphe  (Ev.  de  Schwe- 

rin).  328. 
Roger  (Comte).  214. 
Roger  (Duc  d'Apulie^iS. 

214. 
Roger  (Evêque  de  Laon). 

227. 
Roger   (Evêque   de   Séez. 

233. 
Roger -Bernard    de    Péri- 

gord.  292. 


b4i   — 


Roger  de  Rupierre.  234. 
Roland    de  Asneriis.   247. 
Roland  Taverna  (Evêque 

de  Spolète).  260. 
Romuald  Moissonnier.  (R. 

P  ).  164  à  167.  211. 
Roseline  (Sainte).  258. 
Rosny  (Dame  de).  278. 
Rossilion  de  Bernex  (Ev.) 

i37. 
Rostan  d'Agout.  241. 
Rotrou     III.     (Comte    de 

Perche).   233. 
Roux  de  Bettons.  73. 


Sabran  (Dame  de).   5i. 
Saint-André     (Sieur   de). 

207. 
Saint-Dominique    (  Ordre 

de).  48.   5g. 
Saint- Jean -de-  Jérusalem 

(Chevaliers).  276. 
Saint-Mauris  (Comte  de). 

375. 
Samson    (  Archevêque    de 

Reims).  224. 
Saussey  (du).  38.  53.  68. 
Schénella  (  Comte  de  Tré- 

vise) .   304. 
Schoorisse  1  Baron  de).  28g. 
Sébastien    Palluis  (Dom). 

i5ç).  160. 


Seillière.  375. 

Serneux  (Seigneur  de). 
226. 

Sibert  (Bienheureux).  276. 

Simoa  Gudiana.  359. 

Simon   de  la  Motte.  261. 

Simon  de  Màcon.  268. 

Simon  Wilbrod  (Chanoi- 
ne).  287. 

Sixte  III.   32i. 

Sixte  IV.  72. 

Sofred  Ainard.  237. 

Soliman.  273. 

Sténon  Sture.  35 1. 

Surius  (Dom).  4.    19. 

Sutor  (Dom).  i3.  14.  19. 
21.  26.  3i.  39.  43.  5o. 
58.  63.  75.  201. 

Suzanne  de  Przerembska. 
37i. 

Sweder  d'Apconde.  324. 

Syboud  Allemand  de  Si- 
chilianne.  68. 


Talleyrand-Périgord  (Car- 
dinal). 47.  5o.  292. 

Thaddée  Forestier  (Dom). 
160. 

Théobaldus  Ancélinus.89. 

Théodore  de  Ludres.  375. 

Théodore,    de    Squillace. 

2l3. 

41 


—  642  — 


Théotonede  Bragance  (Ar- 
chevêque cTEbora).  358. 

Thibaud  (Evêque  de  Ne- 
vers1.  240. 

Thibaut  (Év.  de  Mont- 
pellier). 377. 

Thierry  de  Dasle.  322. 

Thierry  d'Erichon.  278. 
290. 

Thomas  (Comte  de  Flan- 
dre!. 247. 

Thomas  (Saint).  78. 

Thomas  Audley.  3 10. 

Thomas  Brasme.  363. 

Thomas  de  Beauchamp 
(Comte  de  Warwick). 
3i6. 

Thomas  de  Cantorbéry 
(Saint).  3 1 5 . 

Thomas  de  Loze.  241. 

Thomas  Ier  de  Maurienne. 
237. 

Thomas  de  Montbray.  327. 

Thomas  de  Saint-Severin. 
271. 

Thomas deSavoie.  3  [.220. 

Thomas  Holland  (Duc  de 
Surrey).  329. 

Thomas  Howard.  (Comte 
de  Suffolk).  3 10. 

Thomas  Howard  (Duc  de 
Nordfolk).  3 10. 

Thomas  Pédros.  37  c 

Thomas  Sutton.  3  10. 


Thomas  Zwanenburg.35  1 
Tracy  (Père  de).  5.  13.19 
23.  27.  3i.  34.  42.  45 
58.  63.  65.  73.  75.  84 
93.  117.  119.  i32.  139 
i52.  154. 
Tromby  (Dom).  23.  58. 
194.   197. 

U 

Uldaric   de  Wurtemberg. 

338. 
Ulric  III   (Duc  de  Carin- 

thie).    257. 
Urbain  II.  3.  2 1 3. 
Urbain  III.  25. 
Urbain  V.  5r.  53.  55.  3  11. 
Urbain  VI.    55.   56.    3io. 
Urbain  VIII.  112.  3oo. 

V 

Vaché  (Pierre).   199. 

Vagner.  375. 

Vaucorbeil  (de)  (Dom). 
i3o. 

Vergny    (Dame  de).    314. 

Vert-Pré  (Baron  de).  379. 

Vesian  Valette.   341 . 

Victor  IV  (Antipape) .    18. 

Victor-Amédée  (Duc  de  Sa- 
voie] .  372. 

Victor- Emmanuel     (Roi 


—  (343  — 


d'Italie).  216.  246.  264. 
285.   309.   3i  r.   326. 
Villenchie     de     Morestel. 

237. 

Vernenchie  Ainard.  237. 
Vincent  Ferrier  (Saint).  59. 
Viollet-le-Duc.   192.    193. 

W 

Walaran    (Archevêque   de 

Cologne).  295. 
WalleranddeTilly(Abbé). 

282. 
Walter    d'Enghien.    274. 
Walter  de  Manny.  3 10. 
Walter  de  Potere  352. 
Walter  Waterleet.  35  1. 
Wenceslas  de  San-Severi- 

no  (Duc  d'Amalfi).  325. 
Werner.  296. 
Werner  Baldwin.   347. 
Werner  Swelmen.   3i3. 
Wilhelme  Carbonello  2  1 4. 


Wilhelmette  de  Granson. 
271. 

William Chelsom  [Ev.).9i. 

William  de  Aldeburgh. 
3oi. 

William   de   Ryther.   3oi. 

William  Longespée.    25o. 

Witerius  (Comte  de  Ré- 
thel).  225. 

Wladislas  VI  (Roi  de  Hon- 
grie).  3  52. 

Wuillaume  de  Doudain- 
ville.  268. 

Wulfort  de  Ghistelle.  261. 


Ysmidon  d'Aïs.  237. 

Z 

Zanotti  (Marie).    194. 

Ziska.   299. 

Zunica  1  Comte  de)  278. 


TABLE  DES  NOMS  DE  LIEUX 


COTLTENUS  ViATïLS  CE  VOLUME. 


Abbeville.  94.  268. 
Agout,  rivière.  3o6. 
Agria,  ville.  294. 
Aiguebelle.  2Ô3. 
Aillon  (Chartreuse  cT).  92. 

160. 
Ain   (départ,  de  lvl.   233. 

242.  247.  252.  3 1 8. 
Aire.  278. 
Aisne  (département  de  l1). 

227.  283. 
Alatri  (diocèse  d1).  245. 
Albenga.  274. 
Allemagne.    18.    55.    106. 

127.  160.  202.  277.  294. 

295.  3o3.  317.  32o.  322. 

328.332.  338.  342.  345. 

347.  348. 
Allier  (départ,  de  1').  366. 
Alpes  (les).   196. 


Alsace.  296.  359. 
Ambronay,    Abbaye.  217. 
Amiens.  8.  268. 
Amiens  (diocèse  d1].   378. 
Anagni.  23.  3o. 
Andalousie.  33o.  349. 
Angion  (Chartreuse  d1)  33. 
Angleterre.  22.  54.  55.  202. 

239.  3io.  3 1 5 .  3  16.  327. 

329.  379. 
Anglona  (diocèse  de).  325. 
Annecy.  23o.  240. 
Annecy,  Evêché.  137. 
Anvers.  10.  280. 
Anvers  (Chartreuse  d').  73. 
Apponay    (Chartreuse  d1). 

72.73. 
Aquiléja.  56. 
Aquiléja  (diocèse  d1).  23i. 

332. 
Aquitaine    (province   d'). 

148. 


645  — 


Arandez.  218. 

Ardèche  (départ,  de  l').23ï. 

Arena  (ville).  21 3. 

Arles.  23o.  25o. 

Arno  (rivière  de  Y).  3o8. 

Arras.  (diocèse  d1).  28.  94. 

264.    277.    281.     290. 

362. 
Artois.  278.  291. 
Artois  (province  d1)  82. 
Arve  (vallée  de  Y).  23o. 
Arvillars  (village).  236. 
Arzier  (ville).  23o. 
Asti  (Chartreuse  d').  84. 
Aube   (départ,  de  l1).  284. 
Aude  (départ,  de  Y).   275. 

277. 
Augsbourg    (diocèse    d1). 

320.  332. 
Autran  (ville).  221 . 
Autriche.    56.    1 5 5  .    257. 

273.  291.  328.  332. 
Auvergne.  53.  120.  266. 
Auxi-le-Chàteau.  94. 
Aveyron    (départ,    de    l1). 

341.  354. 
Avignon.  38.  5o.   5r.  54. 

60.  69.   109.    1 19.   229. 

276.  3o5. 


Bâle.  66.  77.  25  1. 
Bâle  (canton  de)  33 r 


Bamberg  (diocèse).  317. 
Bar  (rivière).  224. 
Barca  (comté  de).    294. 
Barcelone.  66.  3oi. 
Barcelone  (diocèse de). 3 34. 
Bard  (chapelle  du).  149. 
Basilicate.  325. 
Basse-Saxe.  322.  328. 
Bastide     dAnguilhenqui . 

369. 
Bath     (diocèse    de).    239. 

249. 
Bavière.  320. 
Beaucroissant     (  village  ) . 

256. 
Beaune.  286. 
Beaune    (Chartreuse   de). 

121. 
Beauregard      (  Chartreuse 

de).  i85. 
Beauvais  (diocèse  de).  272. 
Beins  (vallée  de).  236. 
Belgentier  (vallée de).  222. 
Belgique.    80.    106.    274. 

280.  285.  289.302.  314. 

343.  366.  367. 
Bellevaux    (territoire  de). 

226. 
Belley.    14.    18.    19.    114. 

220.  233.  242.  3i8. 
Belley  (diocèse  de).    217. 

220.   223.    252. 

Bellune  (diocèse  de).  343. 
Bèque  (la),  rivière.  362. 


646  — 


Berne  (canton  de).  327. 
Besançon.  29.  227. 
Béthune.  277.  290. 
Biez  (château  du).  214. 
Bohême.    1 55.    307.    3 12. 

3i3.  332.  364. 
Bologne  (Chartreuse  de). 

56.  84.  91.  93.  160.  1 65 . 
Bondilhonet  (Notre-Dame 

du).  244. 
Bon-Pas  (Chartreuse  de). 

5i. 
Bonne- Foi      (Chartreuse 

de).  46. 
Bordeaux.  293. 
Bosserville  (Chartreuse  de). 

176.  180. 
Bouches-du-Rhône  (départ. 

des).  368.  37o. 
Boulonnais.  82. 
Bourg  en  Bresse.  146.  232. 

242. 
Bourg-Fontaine     (  Char- 
treuse de).  60.  92. 
Bouvantes (Chartreuse  de). 

i63. 
Bovinant   (montagne   de). 

37.   199. 
Brabant  (province  deï.280. 

285.  289.  366. 
Bray,  village.  227. 
Brandebourg  (diocèse  de). 

324. 
Breslau  (diocèse  de).  335. 


Breslan  (église  de).  223. 
Brighton  (ville  de).  379. 
Brives-Charensac   (village 

de).  3 67. 
Bruges.  274.  287.  3o2. 
Bruxelles.  274. 
Bugey.  217.  220. 
Bulle  (ville).  271. 
Burgos  (diocèse  de).  339. 

C 

Cadsan  (île  de).  3o3. 
Cahors  (diocèse  de).  377. 
Cala  (vallée  de).  3o8. 
Calabre.  4.  75.  76. 
Cambrai.    187.    260.  261 

372. 
Camin   [diocèse  de).  307. 

324.   340. 
Capaccio-Nuovo    (diocèse 

de).  271. 
Capoue.  214. 
Capri  (île  de).  3 1 1 . 
Carcassonne.  276. 
Carignano.  2o3. 
Carniole  (province de). 23 1. 

233.  257. 
Carpentras.  108. 
Castille.  323.  338. 
Catalogne.   232.  258.  3oi. 

334.  358. 
Cateau-Cambrésis.  278. 
Caux,  bourg.  377. 


647 


Cernay  (pré  de).  199. 
Chablais.  226. 
Chaise-Dieu,        Abbaye  . 

266. 
Chalais    (Chartreuse    de). 

35.  106.  1 58.  164. 
Chambéry    86.     174.  209. 

236.  239. 
Champagne.  69. 
Charmant-Som.    197. 
Chartrouse.  196. 
Choque,  Abbaye.  278. 
Cilly  (province  de).  56 
Citeaux,  Abbaye.  9.  25. 
Clairvaux,  Abbaye.  7.  218. 
Clamecy.  286. 
Clermont     (diocèse     de). 

249. 
Clèves  (duché  de).  336. 
Cluny,  Abbaye.   i3.  19. 
Coblentz.  293 . 
Colet,  propriété.  197. 
Collegno,  village.  371. 
Collobrières,  village.   234. 
Cologne.  82.  86. 
Cologne  (diocèse  de).  336. 

345.  378. 
Comtat-Venaissin.  91. 
Constance    (diocèse    de). 

3oi.  338. 
Constance  (lac  de).  344. 
Correrie.  101.  2o3.  209. 
Corrèze.  (dép.  de  la).   247. 
Corse  (île  de).  314. 


Cosne-sur-Loire.  246. 
Côte-d1Or     (dép.    de    la)- 

235.  3i8. 
Coutras,  ville.  292. 
Croatie.  352. 
Culpin  (forêts  de).  317. 
Currière    (Chartreuse   de). 

90.  101.  1  58.  .172. 
Czapell.     (seigneurie    de) 

317. 


Danemark.   238. 
Danube  (fleuve).  328. 
Dauphiné.  3.  36.  41.  75. 

148.   149.   199. 
Deux-Sèvres,     (dép.    des). 

326. 
Devonshire  319. 
Die.  38. 

Die  (diocèse  de).  219. 
Dijon  3  18. 

Dijon  (Chartreuse de).  122. 
Dijon  (diocèse  de).  235. 
Dordogne  (dép.  delà).  292 
Dresde  (diocèse  de).  348. 
Drôme.  i63.  266. 
Drôme  (département de  la). 

228. 
Dunblane    (Évèché).    91. 
Durance,  rivière.  276. 
Durbon    ^Chartreuse    de). 

09.   167. 


—  648 


E 

Echelles     (Château     des) . 

3i.   100. 
Ecluse    (ville).  3o2. 
Ecosse.  91.  337. 
Embrun  (Diocèse  d1).  219. 
Enghien.   2-3. 
Entre-deux-Guiers  (Sei- 
gneurie). 208. 
Entremont-le-Vieux.    93. 

198. 
Epernay  (village).  93. 
Erfurth  (Chart.  de).  79. 
Esclavonie.  332. 
Espagne.    58.     159.     ig3. 

32i.    323.     33o.     334. 

338.  339.  346.  349.  354. 

355.  357.  358. 
Estramadure  358. 
Eure  (dép.  de  V)  356. 
Evreux   (diocèse  d1).    356. 
Excester  (diocèse  de).  319. 
Eymen  (Prieuré).  256. 

F 

Faucigny.   226.    23o.  261'. 

Favraz.  86. 

Felletin  (ville  de).  119. 

Feltre.  326. 

Flandre.  78.  79.  i55.  275. 

3oi. 
Fleurbaix.  (villagede).362. 


Florence.  299. 

Florence  (Chartreuse  de). 

56.   i65.   i93. 
Fontanil     (village).     256. 

266. 
Fontenoy.    314. 
Fourvoirie.  74. 
France.    42.  48.    54.    5  5. 

106.   199.  202. 
Franche-Comté.  29. 
Franconie.  294.  3o3.  304. 

3i7.  333. 
Fréjus   (diocèse  de).  234. 

257. 
Fribourg.   ijô.  262.  271. 
289.    3oi. 

G     . 

Gaillon    (Chartreuse  de). 

166. 
Galicie.  348. 
Gallego  (rivière).  354. 
Gand.  79.  287. 
Gap.  159. 
Gap    (diocèse).    218.    219. 

241. 
Gard     (département     du). 

244. 
Garonne  (rivière).  36 1. 
Gênes.  179.  264. 
Genève.  14.  29.   11 3.  166. 

226.  240.  261. 
Genève  (diocèse  de).  365. 


649  — 


Gentilly.  255. 

Gcntilly   (Chartreuse   de). 

3o. 
Gironde    (département   de 

la).  362. 
Girone   (diocèse  de).  258. 
Glandier  (Chartreuse  de). 

34.  46.  85. 
Gnesne   (diocèse  de).   371. 
Goigne  -seigneurie  de). 3 17. 
Gorgone  (île  de).  309. 
Gosnay    (village   de).    82. 

277.   290. 
Graisivaudan,  vallée.  209. 
Grand -Colombier,    mon- 
tagne. 223. 
Grandmont.  289. 
Grand-Som,  montag.  196. 
Grenoble.  7.  68.  75.   112. 

1 3 3 .  211.  263. 
Gueldre.  78. 
Guiers-Mort,  torrent,    74. 

197.  209. 


Haïn  (Chart.de).  181.  378. 

Hardelot  (Château d1).  28 1 . 

Haute -Garonne  (départ. 
dela).36i. 

Haute-Loire  (dép.  de  la). 
367. 

Haute -Savoie  (départe- 
ment de  la).  23o.  240. 


Haute-Vienne  (dép.).  297. 
Hautes-Alpes       (départe- 
ment des).  241. 
Hérault  (dép.  de  l1).    184. 

377- 
Herbey  (Château  d1).  253. 

Hérimont    (Domaine    d1). 
272. 

Hesse  (la).  339. 

Hildesheim  (Chartreuse de) 

1 55. 
Hollande.  68.  79.  81  106. 

144.  145.  287.298.301. 

324.  345.  35o. 
Holstein  (Duché  de).  238. 
Hongrie.    i55.    291.   294. 

304.  3o8.  352. 
Huesca  (diocèse  de).    354. 


Ilkeston    (Seigneurie    de). 

3oo. 
Illembach.  294. 
Inadamar.  village.  355. 
Indre-et-Loire    (dép.    d'). 

238. 
Isère  (département    de  1'). 

253.  256.  263.  270.  376. 
Isère,  rivière.    196.   266. 
Isle,  rivière.  292. 
Italie.    4.    84.    127.    160. 

202.  279.  297.  322.  325. 

343.    ' 


65o  — 


Juliers.  345. 

Jura.   33.    i3g.    148.   226. 
236. 

K 


Kaiserwerth.  378. 


La  Lance  (Chartreuse  de) 

La  Lionne.  228. 

La  Padule  (Chartreuse  de) 

180.  i85. 
La  Prée  (château  de).  284 
La  Rivière,  village.  221 
La  Tour  ibaron nie  de). 2 66 
La  Tour  1  Chartreuse  de). 4 
Lancy  (vallon  de  la).  200 

279. 
Langeac,  village.    120. 
Laubach  (dioc.de).  233.257 
Lausanne,  (diocèse  de)  33 

1 5  5.  2  3o.  262. 271.  279 

327 
Léman,  lac.  365. 
Le  Puy,  ville.  23 1. 
Le  Puy,   diocèse.  367. 
Lérida  (diocèse  de).  358. 
Lérida  [Université  de).  59 
Liget  (Chartreuse  du).  96 


Limoges.  46.  297. 
Lincoln  (diocèse  de).  327. 
Lisieux.  255. 
Loches.  238. 
Lochien,  ville.  223. 
Loire-Inférieure   (dép.  de 

la).  340. 
Loiret  (dép.  du).  365. 
Lombardie.  i55. 
Lorraine.  368.  374. 
Lot  (dép.  du).  288.  378. 
Louvain.  78. 

Loyre   (torrent  de  la).  247. 
Lucerne.  i65. 
Lucko    diocèse  de).  372. 
Lucques.   297. 
Lyon.  95.    107.   147.   1 52. 

266. 

M 

Mâcon.  247. 
Maggiano.  273. 
Malamille.  197.   209. 
Malines  (diocèse  de).  280. 

285.  289.  342. 
Mantoue.  71. 
Marly  (seign.  de).  261. 
Marche  (la).  1 19. 
Marseille  (Chartreuse  de). 

219.  368. 
Marsico-Nuovo.  271. 
Martinique.    148. 
Maurbach.  273. 


65 1 


Maurbach  (Chart.  de).  56. 
Maurienne.  236.  375. 
Mayence.  277.  3 1 5 . 
Meaux  (diocèse  de).  353. 
Mecklembourg  (duché  de) 

328. 
Memmingen.  33 1. 
Méran,  ville.  284. 
Metz  (diocèse  de).  347. 
Meurthe    (départ,    de   la). 

368.  374. 
Meylan    (obédience    de). 

160. 
Mezenc  (vallée  du).  23 1 . 
Middlesex  (comté  de).  3  10. 
Milan.  71.  91.  3o3. 
Milanais.  325. 
Mincio,  lac.  333. 
Miolan  (seigneurie  de) 207. 
Mirebel  (château  de).  100. 

208. 
Molesme  (Abbaye).  5. 
Mondovie.  237. 
Mont-Alègre.    (Chartreuse 

de).  66. 
Mont -Dieu      (Chartreuse 

de).  12.  74.  88. 
Mont-Renaud  (Chartreuse 

de).  124.   125.   128. 
Mont-Saint.  232. 
Mont-Saint-Esprit    (Char- 
treuse de).   82. 
Mont  -  Sainte  -  Catherine, 
Abbaye.  356. 


Mont—  Sainte  —  Gertrude 

(Chartreuse  de).  79. 
Mont-sur-Minda  (baronnie 

de).  322. 
Montauban.  377. 
Mon  tauban  (Chartreuse  de). 

176. 
Montelli,  ville.  3o3. 
Montferrat.  84.   11 3.  322. 
Montgeffond   (château  de). 

139. 
Montmayeur,  Abbaye. 23o. 

25o. 
Montpellier.  184.  377. 
Montreuil-sur-Mer.  281. 
Montrieux  (Chartreuse  de). 

176. 
Moravie.  3i2.  332. 
Morbihan  (départ,  du). 35o. 
Mortagne.   184.  233. 
Morvan.  240. 
Moselle  (dép.  de  la).  347. 
Mouzon.  224. 
Munster  (diocèse  de).  346. 
Murviedro.  66. 

N 

Nantua,  ville.  220. 
Naples    (Chartreuse   de). 

193.  285. 
Navarre.  54. 
Neufchâtel  (lac  de).  200. 

279. 


—  653 


Picardie  (province  de).  88. 

122.    125. 

Picquigny,  village.   3j8. 
Piémont.    87.     176.    237. 

241  .    274 .    279 .    352. 

359. 
Pilât,  mont.  259. 
Pise.  1 1.  60.  193. 
Plantées  (les).  256.  266. 
Poitiers.  326. 
Polésie.  372. 
Pologne.  348.  371. 
Poméranie  .      307  .     325  . 

340. 
Pomiers    (Chartreuse  de). 

164. 
Pont-Saint-Esprit.  244. 
Port-Sainte-Marie.  (Char- 
treuse de).  85. 
Porta Cœli  (Chartreuse  de). 

59.  62.  63.  66. 
Portes  ;Chartreuse  de).  14. 

29.  1 3 1 .  176. 
Portugal.  358. 
Posnanie.  371. 
Poussan,  village.  184. 
Prague.  307. 
Prague  (diocèse  de).  364. 
Prémol    (Chartreuse  de  ). 

149. 
Provence.  369. 
Prusse.     324.     325.    335. 

340. 
Puv-de-Dôme.  2 


49. 


Q 

Quaix,  village.  2o5. 
R 

Rabat,  village.   173. 
Reposoir  (Chartreuse  du). 

29.  164.  176. 
Revesti    (Château).    221. 

256. 
Rhin,  fleuve.  293, 
Rhône  (département   du)  . 

259.  357. 
Riom.  85.  249. 
Rive-de-Giers.  25g. 
Rodez  (diocèse  de).  341. 
Romans    (Chart.    de)  i63. 
Romans,  ville.  229. 
Rome.  4.    56.    1 3 5 .    161. 

i63.  193.  3io.  32i. 
Roubaix.  187. 
Rouen.   1 58. 
Roujan,  bourg.  377. 
Ruchère  (la).  199. 


Saint-André   (diocèse    de1. 

337. 
Saint-André, Monastère.  4. 
Saint-Astier,  ville.  292. 
Saint-Aubert      (Monastère 

de).  275. 


652 


Neuville    (village  de).  82. 

181.  281. 
Nevers.  72.  240.  246.  252. 
Nevers  (diocèse   de).   286. 
Nieuport.  335. 
Nièvre    (dép.   de  la).  240. 

246.  252.    286. 
Nimègue.  68. 
Nîmes.  244.  3o5. 
Nord  (dép.  du).    187.  260. 

372. 
Northumberland.   329. 
Notre-Dame  de  Boulogne, 

Abbaye.  282. 
N.-D.    de   Cahors  (Char- 
treuse de).  85. 
N.-D.  deCasalibus.  68.81. 

89.  91.  97.  IOI.  2l3. 
N.-D.- de -la -Consolation, 

Couvent.  i32. 
N.-D.-des-Prés  (Chartreuse 

de).  82. 
N.-D.-du-Mont-  de-Sion. 

Abbaye.  369. 
Nottingham.  3oo. 
Novare.  326. 
Noyon.  124.  272. 

O 

Oder,   rivière.   307.  33  5. 
Olmutz.  3  12. 
Orange  (duché  d1).  229. 
Orihuella.  371. 


Orne  (dép.  de  1').  233, 
Ouvèse,  rivière.  25o. 


Paderborn.    (diocèse    de). 

347. 
Padoue   (Chartreuse  de). 

152. 

Padule  (Chartreuse  de  la). 

193. 
Paladru,  lac.  i5g.  219. 
Palerme   (Chartreuse  de). 

02. 
Pamiers.  173. 
Parckminster  (  Chartreuse 

de).   181.   379. 
Paris.   10.  3o.  45.  62.  73. 

80.   io5.  118.  149.  i5  1 . 

154.  194.  239. 
Parme.  260. 

Parménie  (mont  de).  256. 
Part-Dieu    (Chartreuse  de 

la).  1 63.  1 65 .  167.  211. 
Pas-de-Calais    (dép.    du). 

264.  277.  281.  290.  362. 
Passau  (diocèse  de).  291. 
Pavie  (Chartreuse  de).  71. 

84.  92.    176.    178.   180. 

1 85 .  193.  211. 
Périgueux.  292. 
Pério,  mont.  245. 
Perth  (comté  de).  337. 
Peyne  (rivière  de).  377. 


654  — 


Saint  -  Benoît    (  Collégiale 

de).  88. 
Saint-Bonnet  en  Forez.  j5. 
Saint-Cergues,  ville.  23o. 
Saint-Claude.  226.  235. 
Saint-Cyr  (église  de).  240. 
Saint  Donat  église.  287. 
Saint-Elme,  mont.  285. 
Saint-Etienne  de  Crossey. 

95.  2Ô3. 
Saint-Etienne  de  Troyes, 

Collégiale.  284. 
Saint-Fructuaire  (Abbaye 

de'.  238. 
Saint -Georges  (Collégiale 

de).  368. 
Saint-Gervais,  village.  221. 
Saint-Honoré  (Chartreuse 

de).  94.   io3. 
Saint-Hugon    (Chartreuse 

de).  35.  39.  92.  ni.  149. 

i5r. 
Saint-Hugues      de    Char- 
treuse. 208. 

Saint-Jean  (Abbaye  de  1. 
261. 

Saint-Jean  de  Bournay. 
village.    169. 

Saint-Julien  (  Chartreuse 
de).   i58. 

Saint-Julien  en  Beauchêne. 
218. 

Saint-Juste  de  Suse  (Ab- 
baye de).  241.  242.  352. 


Saint-Laurent-du-Pont.74. 

166.  177.  207.  2Ô3. 
Saint-Martin  (Prieuré  de). 

258. 
Saint-Martin    de    Seépuz. 

291. 
Saint-Martin-sur-Ecaillon 

,  !8/"- 

Saint-Maurice.  292. 
Saint- Nicolas- de- Furnes, 

(Abbaye  de).  373. 
Saint-Omer.  108.  264. 
Saint-Paulet    de   Caisson. 

244. 
Saint-Pierre-d'Entremont. 

l77- 

Saint-Remy  (Abbaye  de  .4. 

Saint-Robert  (Prieuré  de). 
256.  266. 

Saint  -  Romain  (  Château 
de).  6. 

Saint- Vaast  (Abbaye  de). 
28.  278.  363. 

Saint- Vitus  (Abbaye  de). 
309. 

Sainte-Garde.  179. 

Sainte-Marie  d'Arsaphia. 
2  1 3 . 

Saisse-Fontaine  (Monastè- 
re de).  3.   5. 

Salève,  montagne.  240. 

Sallanches,  ville.  280. 

Saône- et  -  Loire  (départe- 
ment de  .  286. 


655 


Saragosse.  356. 

Sarthe  (département  de  la) . 

254. 
Savoie.  35.  93.   100.  149. 

166.  199.239.250.261. 

365. 
Saxe  (Basse).  1 5 5 . 
Schene  (Chartreusedel275. 
Schowen  (île  de).  33j. 
Schwerin  (diocèse  de). 328. 
Sedan.  224.  225. 
Séez  (diocèse  de).  233. 
Ségorbe  (diocèse  de).  32 1. 
Ségura,  rivière.  371. 
Seillon  (Chart.de).  169. 
Seine-et-Marne   (dép.  de). 

353. 
Seine-Inférieure  (dép.  de). 

319. 
Seitz.  56. 

Sélignat  (Chart.  de).  181. 
Sens  (diocèse  de).  269. 
Sérapin,  montagne.  4. 
Séville  (diocèse  de).    346. 

349. 
Seyne  (la).   184. 
Sienne    (diocèse  de).   2j3. 

298.  3oo. 
Silésie  (duché  de).  335. 
Silésie  (province  de).  267. 
Sion.  292. 

Sisteron  (diocèse  de).  219. 
Soissons.  8.  283. 
Soissons  idiocèse  de).  227. 


Somme  (dép.  de  la).   378. 
Sommerset  (comté  de). 239. 

249. 
Souabe.  320.  332.  338. 
Souribes  (Abbaye  de). 257. 
Southwark    (diocèse    de). 

379. 
Squillace  (diocèse  de).2i3. 
Stranges  (diocèse  de).  35  1. 
Strasbourg.  296. 
Strasbourg    (diocèse  de). 

359. 
Strigonie  (diocèse  de). 266. 

291.  3o8. 
Stylum,  ville.  21 3. 
Sudermanie.  35 1. 
Suède.  35  1. 

Suisse.  160.  1 63 .  1 65.  271. 

292.  327.  33 1 .  344. 
Sussex   (comté    de).    335. 

379. 
Sylve-Bénite    (  Chartreuse 
de).  i5o.  159.  164. 


Tarascon-sur-Ariège.  173. 

Tarbes.  87. 

Tarragone    (  diocèse   de  ). 

232.     258. 

Tenaison   (vallée  de).  123. 
Termoli  (diocèse  de).  297. 
Terre-de-Labour.  285. 
Thérouanne.  265. 


—  656  — 


Thielt.  78. 

Thiérache  (forêt  de).  227. 

Thionville.  847. 

Thonon.  365. 

Thuison,  (faubourg  d'Ab- 

beville).  94.  268. 
Thuringe.  3 1 5. 
Tolède.  232. 

Toscane.  6.  298.  299.  3oo. 
Toulon.    119.  222.  234. 
Toulouse.  173. 
Tours.  238. 
Trappe  (la).  1 3 5.  1 36. 
Trêves.  293.  296. 
Trévise.  3o3. 

Trévoux  (journal  de).  137. 
Trieste  (  Chart.  de).  1 65. 
Trinion   (rivière  du).  229. 
Trisulti   (Chartreuse  de). 

56.  171.  193. 
Troyes.  69.  122.  284. 
Tulle  (diocèse  de).  247. 
Turin.  i32.  171.  172.  176. 

179.  241.  279.   359. 
Turgovie  (canton  de).  344. 
Tyrol.   284. 

U 

Uriage  (forêt  d1).  253. 
Utrecht.    144.     145.    287. 

298. 
Utrecht  (diocèse   d1).  3o8. 

324.  345.  35o. 


Vaison,  Évêché.  91.  229. 

Val-de-Bénédiction  (Char- 
treuse du).  69.  70. 

Val-Royal  (Chart.  du).  79. 

Val  -  Saint  -  Jean  -  Baptiste 
(Chartreuse  du).  56. 

Val -Saint- Pierre  (Char- 
treuse du).  122. 

Val-Sainte  (Chart.  du).  187. 

Val-Sainte-Marie  (Char- 
treuse du).  42.  i55. 

Valbonne  (Chartreuse  de). 
53.  69.  161.  167.  176. 
i83.  187. 

Valence.  6.  58.  59.  75. 
219.  256.  258. 

Valenciennes.  261. 

Valladolid  (dioc.  de).  338. 

Vallombrée.  197. 

Vallombreuse  ^Abbayede). 

322 . 

Vannes   (diocèse  de).  35o. 
Var  (départ,  du).  234.  257. 
Vauclair   (Chartreuse   de). 

176.  186. 
Vaucluse.    48.     147.    169. 

229.  25o. 
Vaud   (cant.  de).  166.  23o. 

289. 
Vaulnaveys-le-Bas.  253. 
Vauvert  (Château  de).  255. 
Védana  (Chart.  de).    02. 


G57  — 


Veillane    (Chartreuse   de), 

352. 
Venise.  3o3.  336. 
Verdun.  145. 
Vicence.  326. 
Vienne.  38.  148.  180.  2;3. 
Yilette  (Obédience  de).  95. 
Yileite,  village.  166. 
Villeneuve  (Chartreuse de). 

i38.  i57. 
Villers-Cotterets.  283. 
Vinay,  village.  3j6. 
Viterbe.  255.  256. 
Viviers  (diocèse  de).  23  1. 
Vladislaw  (diocèse  de).  317. 
Voiron.  3j6. 
Voreppe.  256.  270. 


Westminster,Abbaye.2  5o. 

3  10.  3 16.  327.  335. 
Westphalie.  346.  347. 
Wiltshire  (le).  249. 
Winchester     (diocèse    de). 

335. 
Wingfield  (seigneurie  de). 

3  1  5. 
Witham  (Chart.  del.  22. 
Wurtzbourg   (diocèse   de]. 

294.  3o5.  333.  342. 


Yonne,  département.  269. 
Ypres  (diocèse  d1).  367. 
York  (comté  d1).  3i5. 


W 


Warwick  (Comté  de).  3 16.      Zagrab  (diocèse  de) 
Wertheim,  ville.  294.  Zélande.  337. 


352. 


M 


TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  LE  SECOND  VOLUME 

TABLE    CHRONOLOGIQUE 

DES  GÉNÉRAUX 

DE   L'0%D%E    DES    CHJicKT%EUX 


I.  Saint  Bruno,   1084-1080     .     . 

II.  Dom  Landuin,     1090-1 100     .     . 

III.  Dom  Pierre  Le  Franc,  iioi-iio 

IV.  Dom  Jean  I",  1  102- 1 1 10     .     .     . 

V.  Dom  Guigues  de  Castro,  1 1 10-11  3y 

VI.  Dom  Hugues  Ier,  1 1 3 7 - 1 1 3 < >    .     . 

VII.  Saint  Anthelme,   1  i3g-i  1 5 1    .     . 

VIII.  R.  P.  Dom  Basile,  ii5i-i  173     . 

IX.  R.  P.  Dom  Guigues  II,  1  ijj-i  1  76 

X.  R.  P.  Dom  Jancelin  ,   1 1 76- 1 233 

XI.  R.  P.  Dom  Martin,  1233-1236  . 

XII.  R.  P.  Dom  Pierre  II,   1236-1242 

XIII.  R.  P.  Dom  Guigues  II,  1242-1253 

XIV.  R.  P.  Dom  Bernard  de  La  Tour,  1 2 5 3 - 1 2 5 8 

XV.  R.  P.  Dom  Rimer,  1258-126S     . 

XVI.  R.  P.  Dom  Gérard,  1268-1273  .     .     . 

XVII.  R.  P.  Dom  Guillaume  Fabri,  1273-1276 

XVIII.  R.  P.  Dom  Pierre  de  Montignac,  1276 

XIX.  R.  P.  Dom  Boson,  127S-1 3 13     .     .     . 

XX.  R.  P.  Dom  Aymon  d'Aost,    [3i3-i32g 

XXI.  R.  P.  Dom  Jacques  de  Vevey,  i32Q-i33o 


Pages. 
3. 
3. 

5. 

6. 

6. 
12. 
14. 
19. 
22. 
24. 


29. 
3i  - 

32. 

33. 

54- 
35. 

3S. 
41. 


—  66o 


XXII. 

XXIII. 

XXIV. 

XXV. 

XXVI. 

XXVII. 

XXVIII. 

XXIX. 

XXX. 

XXXI. 

XXXII. 

XXXIII. 

XXXIV. 

XXXV. 

XXXVI. 

XXXVII. 

XXXVIII 

XXXIX. 

XL. 

XLI. 

XLII. 

XLIII. 

XLIV. 

XLV. 

XLVI. 

XLVII. 

XLVIII. 

XLIX. 

L. 

LI. 

lu. 
lui. 

LIV- 
LV. 


R.  P.  Dom  Clair  de  Fontenay,  1 33o-i 336 
R.  P.  Dom  Jacques  de  Vevey,  1 336-1 341 
R.  P.  Dom  Henri  Pollet,  1 341-1346    .     . 
R.  P.  Dom  Jean  Birel,  1 346-1360  .     .     . 
R.  P.  Dom  HélisairedeGrimoard,i36o-i367 
R.  P.  Dom  Guillaume  de  Raynald,i  367-1402 
R.  P.  Dom  Boniface  Ferrier,  1 402-1 410. 
R.  P.  Dom  Jean  de  Griffenberg,   1410-1420 
R.  P.  Dom  Guillaume  delà  Motte,  1420-143; 
R.  P.  Dom  François  Maresme,  1437- 1463 
R.  P.  Dom  Jean  Zeevven  Van    Roesendael 

1463-1472 ■     .     . 

R.  P.  Dom  Antoine  Dellieux,  1472-1481. 
R.  P.  Dom  Antoine  du  Charne,  14S1-1494 
R.  P.  Dom  Pierre  Roux,  1494- i5o3    . 
R.  P.  Dom  François  du  Puy,  1  5 o 3 - 1  5 -2 1 
R.  P.  Dom  Guillaume  Bibauce,   1 52 1-1 535 
.  R.  P.  Dom  Dom  Jean  Gailhard,  1 535-1 540 
R.  P.  Dom  Pierre  de  Marnef,  1540- 1546 
R.  P.  Dom  Jean  Volon,  1546-1  553      .     . 
R.  P.  Dom  Damien  Longuano,  1 5 53- 1 5 54 
R.  P.  Dom  Pierre  Sarde,  îbS^-ibGG    .     . 
R.  P.  Dom  Bernard  Carasse,  1 566- 1 586. 
R.  P.  Dom  Jérôme  Lignano,  1 586- 1 588. 
R.  P.  Dom  Jérôme  Marchand,  088-1594 
R.  P.  Dom  Jean  de  Vesly,  1594- 1600.     . 
R.  P.  Dom  Bruno  d'Affringues,   1 600-1 63 1 
R.  P.  Dom  Juste  Perrot,  i63 1-1 643     .     . 
R.  P.  Dom  Léon  Tixier,   1643- 1649   .     . 
R.  P.  Dom  Jean  Pégon,  1 G49-1  Gy5     .     . 
R.  P.  Dom  Innocent  Le  Masson,  1675- 170J 
R.  P.  Dom  Antoine  de  Montgeffond,  1  jo3 

1  y3 1 

R.  P.  Dom  Ambroise  Crollet,  1 7 3 1  - 1 7 3 2 
R.  P.  Dom  Etienne  Richard,  17J2-1737. 
R.  P.  Dom  Michel  Brunierde  Larnage,  1737 
i758 


42. 
43. 
45. 
46. 
5i . 
53. 
58. 
63. 
64. 
66. 

68. 
69. 

T-- 
73. 

75. 

78. 

80. 

81. 

83. 

84. 

85. 

87. 

91. 

94. 
io5. 
108. 
118. 
119. 
120. 
12^. 

139. 

146. 
147. 

148. 


661  — 


LVI. 

R. 

P. 

LVII. 

R. 

P. 

LVIII. 

R. 

P 

LIX. 

R. 

P. 

LX. 

R. 

P. 

I.XI. 

R. 

P. 

LXII. 

R. 

P. 

LXIII. 

R. 

P. 

LXIV 

R. 

P. 

LXV. 

R. 

P. 

LXVI. 

R. 

P. 

LXVII 

R. 

P. 

Dom  Etienne  Biclet,  1 758-1778     .     . 

Dom  Hilarion  Robinet,  1778-1791 
.  Dom  Nicolas  Albergati  de  Geoffroy, 
1 79 1 - 1 80 1      

Dom  Antoine  Vallet,  1801-1 8i3  -  .     . 

Dom  Romuald  Moissonnier,  1 8 1 3- 1 8 1 6 

Dom  Bonaventure  Eymin,    1816    .     . 

Dom  Grégoire  Sorel,    1816-1824    .     . 

Dom  Benoît  Nizzatti,  1824-1831   .     . 

Dom  Jean- Baptiste   Mortaize  ,    1 83 1  — 

i863 

Dom  Charles-Mari^  Saisson,! 863-1877 

Dom  Roeh-Marie  Boussinet,  1877-1 879 

Dom  Anselme-Marie  Bruniaux,  1879. 


I  3  2. 

1  5  4. 

'57- 

162. 
164- 
167. 
169. 
172. 

i73. 
179. 
184. 
187. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES  GÉNÉRAUX 

T)E    L'OXT>XE    T>ES    CH^l%T%EUX. 


!;. 

P 

R. 

P 

R. 

P 

R. 

P 

R. 

P 

R. 

P 

R. 

P. 

R. 

P, 

R. 

P. 

R. 

P, 

R. 

P 

Pages. 

Dom  Ambroise  Crollet ^6. 

Dom  Anselme  Bruniaux i8-\ 

Saint  Anthelme [4. 

Dom  Antoine  Dellieux 6q. 

Dom  Antoine  de  Montgeffond 139. 

Dom  Antoine  du  Charne 72. 

Dom  Antoine  Vallet 142. 

Dom  Aymon  d'Aoste 38. 

Dom  Basile {g, 

Dom  Benoît  Nizzatti 172. 

Dom  Bernard  Garasse 87. 

Dom  Bernard  de  la  Tour 29. 


0Q2 


R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Do  m 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

P. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

Vénérable 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 
Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 
Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

R. 

p. 

Dom 

k. 

p. 

Dom 

k. 

p. 

Dom 

k. 

P. 

Dom 

Bonaventure  Eymin 167. 

Boniface  Ferrier 58. 

Boson 35. 

Bruno  d'Affringues 108. 

Charles-Marie  Saisson 170. 

Clair  de  Fontenay 42. 

Damien  Longuano 84. 

Etienne  Biclet i52. 

Etienne  kichard 147. 

François  Maresme G6. 

François  du  Puy y5. 

Gérard 02. 

Grégoire  Sorel 169. 

Guigues  de  Castro 6. 

Guigues  II 22. 

Guillaume  Bibauce 78. 

Guillaume  Fabri 33. 

Guillaume  de  la  Motte 64. 

Guillaume  de  kaynald 53. 

Hélisaire  de  Grimoard 5i. 

Henri  Polet 45. 

Hilarion  kobinet 154. 

Hugues  Ier 12. 

Hugues  II 27. 

Innocent  Le  Masson 124. 

Jacques  de  Vevey 41  et  43. 

Jancelin 24. 

Jean  Ier G. 

Jean  Birel 46. 

Jean  Gailhard 80. 

Jean  de  GrifTenberg G'5. 

Jean  Pégon •     .     .  120. 

Jean  de  Vesly io5. 

Jean  Volon N3. 

Jean  Zeewen  Van  koesendael     ....  68. 

Jean-Baptiste  Mortaize 173. 

Jérôme  Lignano àï. 


—  663  — 

R.   P.   Dom  Jérôme  Marchand 94. 

R.   P.  Dom  Juste  Perrot 118. 

Dom  Landuin 3. 

R.   P.  Dom  Léon  Tixier ng. 

R.   P.   Dom  Martin 25. 

R.  P.  Dom  Michel  Brunier  de  Larnage 148. 

R.   P.  Dom  Nicolas  Albergati  de  Geoffroy     ....  ib-j. 

R.   P.  Dom  Pierre  II 27. 

Dom   Pierre  Le  Franc 5. 

R.   P.  Dom  Pierre  de  Marnef 81. 

R.   P.  Dom  Pierre  de  Montignac 34. 

R.   P.  Dom  Pierre  Roux 73. 

R.   P:  Dom  Pierre  Sarde 85. 

R.   P.  Dom  Riffier 3i. 

R.  P.  Dom  Roch-Marie  Boussinet 184. 

R.   P.  Dom  Romuald  Moissonnier 164. 


MONASTERES 

T>E   L'OTt^DXE  T>ES    CHJi%T%EUX. 

Pour  faciliter  les  recherches,  nous  donnons  une  dou- 
ble table  des  Monastères.  La  première,  dans  Tordre 
chronologique,  et  la  seconde, dans  Tordre  alphabétique. 
Toutefois,  au  lieu  de  citer  le  vocable  sous  lequel  cha- 
cune des  Chartreuses  était  placée,  nous  prenons  le  nom 
connu  et  reçu  dans  TOrdre,  c'est-à-dire,  comme  nous 
Tavons  déjà  fait  remarquer,  le  nom  de  la  ville  près  de 
laquelle  chacun  de  ces  Monastères  était  bâti. 

TABLE    CHRONOLOGIQUE. 

Pages. 

1084  —  Grande  Chartreuse 196. 

1090  —  Calabre 21 3. 

1 1 1 5  —  Portes 217. 

11 16  —  Durbon 218. 


—  664  — 

i6  —      Sylve-Bénite    . 211). 

16  —       Meyriat 220. 

16  —      Saint-Sulpice 220. 

iG  —       Escouges 221. 

17  —      Mont-Rieux 221. 

32  —      Arvières 223. 

36  —       Mont-Dieu 224. 

38  —      Valon 225. 

39  —      Vaucluse 226. 

140  —      Val-Saint-Pierre 227. 

142  —      Annonciade 228. 

[44  —       Bouvantes 228. 

145  —  Prébayon      .......  229. 

[46  —      Oujon 23o. 

5i  —       Reposoir 23o. 

56  —       Bonne-Foy 23 1. 

[60  —      Seitz 23 1. 

[63  —      Scala-Dei 232. 

[68  —       Seillon 232. 

[69  —      Gyrio 233. 

70  —       Val-Dieu 233. 

[70  —       La  Verne 2^4. 

70  —       Lugni 235. 

71  —       Bon-Lieu 235. 

71  —      Casottes 236. 

[72  —      Val-Saint-Hugon 236. 

173  —      Val-de-Pez 237. 

176  —       Lunden 238. 

178  —      Le  Liget 238. 

78  —      Wittham 239. 

78  —      Aillon 2  3o. 

[79  —       Pommiers 240. 

[85  —      Apponay 240. 

[88  —       Bertaud 241. 

191  —      Loze 241. 

>oo  —  Se'lignat  ....          ....  242. 

ioo  —       Mont-Benoit 242. 


—  665  — 
• 

!2o3  —  Valbonne     .     .     : 244. 

[208  —  Trisulti 245. 

1209  —  Bellary 241".. 

.210  —  Mont-Merle 247. 

2\q  —  Glandier 247. 

[21g  —  Port-Sainte-Marie 24(1. 

[222  —  Val-d' Espérance 24g. 

[227  —  Henton 249. 

228  —  Saint-André  de  Ramires    .     .     .  25o. 

22g  —  Bonlieu 25o. 

2jo  —  De  Romanis s5 1 . 

:3o  —  Belle-Vallée 23 1. 

:2  3o  —  Poleteins 25 1. 

:34  —  Val-Saint-Georges 2  52. 

[2J4  —  Prémol 253. 

[235  —  Parc-Sainte-Marie 254. 

:37  —  Tharnut 254. 

.07  —  Paris 254. 

•237  —  Parménie 2  56. 

260  —  Freiidnitz 257. 

260  —  Celle-Robaud 257. 

1269  —  Saint-Paul-de-la-Mer    ....  258. 

272  —  Porta  Cœli 258. 

[27g  —  Irlande 25g. 

1280  —  Sainte-Croix 25g. 

[285  —  Parme 260. 

8  —  Valenciennes 260. 

1292  —  Mélan 261. 

294  —  Val-Sainte 262. 

297  —  Currière 263. 

[297  —  Gènes 264. 

298  —  Saint-Omer 264. 

29g  —  Salettes 265. 

3oo  —  Eymeu 266. 

3oo  —  Létenkow 266. 

3oi  —  Abbeville 268. 

3oi  —  Val-Profonde 269. 


666 


303  —  Chalais 270. 

304  —  La  Padule 271. 

3o6  —  La  Part-Dieu 271. 

:3o8  —  Noyon 272. 

3 1 3  —  Maurbach 273. 

3 14  —  Maggiano 273. 

;  3 14  —  Enghien 273. 

3 1 5  —  Albenga 274. 

3 18  —  Bruges 274. 

3 18  —  Carcassonne 275. 

3 18  —  Bon-Pas 276. 

320  —  Louvetière 27G. 

320  —  Mayence 277. 

:3iO  —  Gosnay 277. 

320  —  La  Lance .  279. 

J2i  ■ —  Montbrac 279. 

323  —  Kielle 280. 

J23  —  Liers 280. 

324  —  Montreuil 281. 

325  —  Bourg-Fontaine 283. 

326  —  Snals 284. 

326  —  Troyes 284. 

327  —  Naples 285. 

328  —  Diest 285. 

328  —  Basse-Ville 286. 

328  —  Beaune 286. 

328  —  Mont-Sainte-Gertrude  ....  287. 

J28  —  Gand 287. 

S28  —  Cahors 288. 

328  —  Bois-Saint-Martin 289. 

328  —  Val-de-Paix 289. 

329  —  Gosnay 290. 

329  —  Leignitz 291. 

330  —  Gemnitz 291. 

!3o  —  Gironde 292. 

33o  —  Vauclair 292. 

3J1  —  Coblentz 293. 


—  667  — 

132  —      Tarkan 294. 

333  —       Grunaw. 294. 

334  —       Cologne 295. 

334  —       Bologne 295. 

335  —      Trêves 296. 

335  —      Strasbourg 296. 

335  —       Mortemer 297. 

338  —       Lucques 297. 

338  —      Guillonèse 297. 

340  —      Sienne 298. 

340  —      Arnheim 298. 

340  —       Prague 298. 

342  —      Florence 299. 

343  —       Pontiniani 3oo. 

343  —       Nottingham 3oo. 

345  —      Val-du-Paradis 3oi. 

346  — ■       Fribourg 3oi. 

1348  —       Bruges 3o2. 

348  —       Cadsan 3o2. 

348  —      Wurtzbourg 3o3. 

34g  —       Milan 3o3. 

349  —      Montelli 3o3. 

35 1  —       La  Pierre-de-Refuge J04. 

35 1  —      Tuekelhausen 304. 

356  —      Villeneuve 3o5. 

357  —       Liège 3ob. 

359  —      Castres 3ot3. 

i36o  —       Podiebrad 307. 

360  —      Stettin 307. 

362  —      Amsterdam 3o8. 

364  —       Lcweld 3o8. 

[367  —      pise 3o8- 

368  —      Catane 309. 

370  —       Londres 3 10. 

370  —       Rome 3io. 

3yi  —       Capri 3n. 

372  —       Erfurth 3 12. 


—  668  — 

:3y3  —  Briinn 3 12. 

[376  —  Ruremonde 3i3. 

376  —  Leutmeritz 3i3. 

377  —  Tournay 314. 

378  —  Gorgone 314. 

378  —  Kingston 3i5. 

379  —  Eisenach 3i5. 

:  38 1  —  Coventry 3 16. 

382  —  Nuremberg 317. 

382  —  Dantzick 317. 

383  —  Dijon 3 18. 

383  —  Pierre-Châtel 3 18. 

383  —  Tornes 3iq. 

384  —  Rouen 3  iq. 

384  —  Nordlingen 320. 

384  —  Ratisbonne 320. 

385  —  Val-Christi 32 1. 

387  —  Hildesheim 322. 

[387  —  Asti 322- 

389  ■ —  Saint-Esprit 323. 

390  —  Paular 323. 

3qo  —  Francfort 324. 

392  —  Utrecht 324. 

394  —  Rugenwald 324. 

;3i)5  —  Chiaromonte 325. 

396  —  Pavie 32  5. 

396  —  Oyron 326. 

397  —  Axelholme 327. 

397  —  Berne 327. 

398  —  Lubeck 328. 

398  —  Rostok 328. 

398  —  Aggspach 328. 

398  —  Hexam 329. 

398  —  Ingelby 329. 

399  —  Majorque 32g. 

1400  —  Scville 33o. 

[401  —  Bàle         33 1. 


—  66cj  — 

1402  —  Buxheim 33 1. 

1403  —  Plétriarh 332. 

140G  — ■  Olmutz 332. 

1408  —  Mantoue 333. 

1408  —  Astheim 333. 

141 2  —  Mont-Alègre 334. 

14 1 5  —  Schéne 335. 

1416  —  Lignitz 335. 

1417  —  Wesel 336. 

1422  —  Venise 336. 

14'io  —  Perth  .     .     .     .     • 337. 

14J2  —  Ziriczée 337. 

1439  —  Guitelstein 338. 

1440  —  Aniago 338. 

1441  —  Miraflorès 33<j. 

1442  —  Vogelsberg 339. 

1443  —  Schiff'elbeim 340. 

144G  —  Nantes 340. 

1449  —  Padoue 341. 

1450  —  Villefranche 341. 

1454  —  Ferrare 342. 

1454  —  Illembach 342. 

1454  —  Bruxelles 342. 

1455  —  Vedana 343-. 

1458  —  Ittengen 344. 

1466  —  Bois-le-Duc 344. 

1470  —  Delft 345. 

1475  —  Cantave 345. 

1475  —  Xérès 346. 

1476  —  Dulmanie 346. 

1471»  —  Conradesbourg 347. 

1477  —  Réthel 347. 

1479  —  Cracovie 348. 

1479  —  Reinschaw   , 348. 

1 47*_)  —  Cazalla 340. 

1480  —  Savone 349. 

1480  —  Auray 35o. 


1484  — 

1491  - 

1491  — 

1494  — 

I498  — 

i5o3  — 

1504  — 

1507  — 

î  5  1 1  — 

i5i  1  — 

1 564  — 

i578  — 

1 585  — 

1 585  — 

i587  — 

i5go  — 

i5q3  — 

i595  — 

1600  — 

1602  — 

i6o5  — 

1618  — 

1620  — 

1621  — 
1623  — 
1623  — 

JÔ25  — 

1626  — 

1628  — 

iG32  — 

i633  — 

i633  — 

i633  — 

1G40  — 

1 64 1  — ■ 

1G42  — 

i65o  — 


■ —  O70  — 

Campen 35o. 

Grypsholm 35  1. 

Louvain 35  1 . 

Warasdin 352. 

Bande 352 

Maillard 353. 

Brescia 353. 

De  Fontibus 354. 

Rodez 354. 

Grenade 355. 

Aula-Dei 355. 

Gaillon-Bourbon 356. 

Ara-Christi 35y. 

Lyon 35y. 

Ébora 358. 

Ara-Cœli 358. 

Lisbonne 358. 

Veillane 359. 

Molsheim 35q. 

Toulouse 30 1. 

Bordeaux 36 1. 

La  Boutillerie .     .     .          ...  3Ô2. 

Walditz 364. 

Orléans 364. 

Ripaille 365. 

Anvers 366. 

Moulins 366. 

Nieuport •     .  367. 

Le  Puy 367. 

Nancy 368. 

Marseille 368. 

Aix 370. 

Saragosse 370. 

Via  Cœli 371 . 

Gelda  ....          371 . 

Turin  ...          ...         .     .  371 . 

Béreze 372. 


()7I  - 


16G2  —      Douai 

1666  —  Bosserville  .  .     .     . 

1667  —      Rouen     

1822  —       Beauregard 

1825  —      Mougères 

1854  —  La  Bastide-Saint- Pierre 

1869  —      Haïn 

1870  —      Gard 

1873  —  Parkminster      .     .     .     . 


372, 
374. 

375. 
376. 

377. 

377. 
378. 
3  7  8 . 

-;7<>- 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 

Abbeville i3oi 

Aggspach 1398 

Aillon 1 178 

Aix iG33 

Albenga i3i5 

Amsterdam     ....  1 362 

Aniago 1440 

Annonciade 1 142 

Anvers 1623 

Apponay 1 1 8  5 

Ara-Cœli 090 

Ara-Christi     ....  1 585 

Arnheim 1340 

Arvières 1 132 

Astheim 1408 

Asti i387 

Aula-Dei 1 564 

Auray 1480 

Axilholme 1397 

Bâle 1401  

Bande 1498  .     .  .     . 

Basseville i328 

Bastide-St- Pierre  (La)  .  1864 

Beaune i3a8 


Paire 


268. 
328. 
239. 
J70. 
274. 
3o8. 
338. 
228. 
366. 
240. 
358. 
357. 
298. 

223. 

333. 

322. 

355. 
35o. 

-;-7- 
33.. 
352. 
286. 
377. 
286. 


—   G-J2    — 


Beauregard     .     .     . 

1822 

Bellary 

Belle-Vallée  .     .     . 

I23o 

Béréze 

i65o 

•       l397 

.       1188 

Bois-le-Duc   .     .     . 

1461') 

Bois-Saint-Martin  . 

i  328 

i334 

•       "71 

1220 

11  56 

.       1 3 1 S 

i6o5 

1666 

Bourg-Fontaine.     . 

1 325 

Boutillerie  (la)     .     . 

.       1618 

Bouvantes.     .     .     . 

1144 

Brescia  ... 

1 504 

i3/3 

i348 

i3 18 

Bruxelles  .... 

1454 

Buxheim   .... 

1402 

Cadsan 

1348 

Cahors 

i328 

Calabre 

IOQO 

1484 

Cantave      .... 

1475 

37G. 
246. 

25l. 
372. 

327. 
241. 
344. 

289. 
295. 
2  3  5 . 
2  5o. 

23l. 

276. 
36 1 . 

374- 
283. 
362. 
228. 
353. 

3l2. 

3o2. 
274. 
342. 
33i. 

302. 

288. 

2  l3. 

35o. 
345. 
3 1 1 . 


Capri 1 37 1 

Carcassonne  ....  i3iS 275. 

Casottes 1171  236. 

Castres 1 3  5q 3o6. 

Catane 1 368 3oq. 

Cazalla ]479 ^49. 

Gelle-Robaud.     .     .     .  1260 257. 

Chalais i3o3 270. 


—  673  — 

Chartreuse  (Grande!    .  1084 196. 

Chiaromonte  .     .     .     .  1 3g5 325. 

Coblentz 1 33 1 293. 

Cologne 1 334 295. 

Conradesbourg    .     .     .  1476 347. 

Coventry 1 38 1 3i6. 

Cracovie !479 348. 

Currière I297 263. 

Dantzich i382 3 17. 

Delft 1470 345. 

Diest i328  .     .     .     .     ■  285. 

Dijon 1 383 3 1 8. 

Douai 1662 372. 

Dulmanie 1476 346. 

Durbon 11 16 218. 

Ébora 1587 358. 

Enghien 1 3 1 4 273. 

Erfurth i3j2 3 12. 

Escouges  (Les)     .     .     .  1116 221. 

Eymeu i3oo 266. 

Eisenach ^79 3i5. 

Ferrare '454 342. 

Florence 042 299. 

Fontibus  (De)     .     .     .  007  ...          .  354. 

Francfort iSgo 324. 

Frelidnitz 1260 ib-j. 

Fribourg 1346 3oi. 

Gaillon-Bourbon      .     .       1578 356. 

Gand i328 287. 

Gard  (Le) 1870 378. 

Gènes 1297 264. 

Gemnitz i33o 291. 

Gelda 164]        371. 

Gironde i33o 292. 

Glandier 12 19 247. 

Gorgone 1 3  7  <S 314. 

Gosnay i320 277. 

13 


674 


Gosnay. 

Grenade 

Grunaw. 

Grypsholm. 

Guillonèse. 

Guitelstein. 

Gyrio     . 

Haïn.     . 

Henton. 

Hexam . 

Hildesheim 

Illembach  . 

Ingelby. 

Irlande  . 

Ittengen 

Kielle    . 

Kingston 

Lance  (La) 

Leignitz 

Létenkow 

Leutmeritz 

Leweld  . 

Liège     . 

Liers 

Liget  (Le) 

Lignitz. 

Lisbonne 

Londres 

Louvain 

Louvetière 

Loze     . 

Lubeck. 

Lucques 

Lugni    . 

Lunden. 

Lyon     . 

Maggiano 


32g  .  ...  290. 

5n 355 

333 294. 

491 35 1. 

338 297. 

43g 338. 

169 233. 

869 378. 

227 249. 

398 329. 

387 322. 

4^4 342. 

398 329. 

279 259. 

458 J44. 

323 280. 

378 3i5. 

320 279 

329 291. 

3oo 266. 

376 3 1 3. 

364 3o8. 

357 3o6. 

323 280. 

178 238. 

416 335. 

593 338. 

370 3io. 

49 1 3  5  i . 

320 276. 

191 241. 

398 328. 

338 297. 

170 235. 

176 238. 

585 357. 

314 273. 


—  675 


Maillard 

Majorque 

Mantoue 

Marseille 

Maurbach 

Mayeuce 

Mélan 

Meyriat 

Milan 

Mirarlorès      .     .     .     . 

Molsheim 

Mont-Alègre  .     .     .     . 
Mont- Benoit  .... 

Montbrac 

Montelli 

Mont-Dieu     .... 
Mont-Merle    .     .     .     . 

Montreuil 

Mont-Rieux   .     .     .     . 
Mont-Sainte-Gertrude. 

Mortemer 

Mougères 

Moulins 

Nancy 

Nantes 

Naples 

Nieuport 

Nordlingen     .     .     .     . 
Nottingham    .     .     .     . 

Noyon 

Nuremberg         .     .     . 

Olmutz 

Orléans 

Oujon 

Oyron 

Padoue 

Padule  (La) 


5o3 
399 
408 

633 
3 i3 

320 

•292 
1 16 
349 
44' 
660 
412 
200 

32  1 

349 

[36 

210 
324 
117 
328 
335 
825 
625 
632 
446 

32"7 

626 

384 

343 
3  08 
382 
406 
621 
146 
396 

449 
3  04 


3:>:>. 
329. 
333. 
368. 
273. 
277. 
261. 
220. 
3o3. 
339. 
359. 
334. 
242. 
279. 
3o3. 
224. 
247. 
281. 
22 1 . 
287. 
297. 
377. 
366. 
368. 
340. 
285. 
367. 
320. 
3oo. 
272. 
3i7. 
332. 
364. 

230. 

326. 

34.. 
27 I. 


(576 


Parc-Sainte  Marie  (Le). 

Paris 

Parkminster  .... 

Parme 

Parménie 

Part-Dieu  (La)  .     .     . 

Paular  

Pavie 

Perth 

Pierre-Châtel .... 
Pierre-de-Refuge  (La). 

Pise 

Plétriarh 

Podiebrad 

Poleteins 

Pommiers 

Pontiniani 

Porta-Cœli     .     .     .     . 

Portes 

Port-Sainte-Marie  .     . 

Prague  

Prébayon  

Prémol 

Puy  (Le) 

Ratisbonne     .     .     .     . 

Reinschaw 

Reposoir  (Le).     .     .     . 

Réthel 

Ripaille 

Rodez 

Romanis  (De).     .     .     . 

Rome 

Rostok 

Rouen   

Rouen  

Rugenwald     .     .     .     . 
Ruremonde    .     .     .     . 


235 


234. 


257 254. 

873 379. 

285 260. 

257 256. 

3ob 271. 

390 323. 

396 32  5. 

43o 337. 

383 3i8. 

36 1 304. 

367 3o8. 

4o3 332. 

36o 307. 

23o 25 1. 

179 240. 

343 3oo. 

272 258. 

1 15 217. 

219 249. 

340 29S. 

145 229. 

234 2  53. 

628 367. 

384 320. 

479 348. 

i5i  23o. 

477 -H7- 

623 365. 

5 1 1 354. 

2  30 25 1. 

370 3io. 

398 328. 

384 3 19. 

667 375. 

394 324. 

376 3 1 3 . 


677 


St-André-de-Ramires  .  122S 

Sainte-Croix.     ...  1280 

Saint-Esprit  ....  1 389 

Saint-Omer   .     .     .     .  1298 

Saint-Paul-de-la-Mer  .  1261) 

Saint-Sulpice .    .     .     .  1 1  16 

Salettes 1299 

Saragosse 1 633 

Savone 14S0 

Scala-Dei i  i63 

Schiffelbeim   ....  144'j 

Seillon 1 1  ô8 

Seitz 11  60 

Sélignat 1200 

Séville 1400 

Schéne 141  5 

Sienne 1340 

Sylve-Bénite  .     .     .     .  1 1 1 G 

Snals i32() 

Stettin i36o 

Strasbourg     .     .     .     .  1 3 3  5 

Tarkan 1 332 

Tharnut 12  3  7 

Tornes 1 383 

Toulouse 1602 

Tournay 1377 

Trêves 1 335 

Trisulti 120S 

Troyes i32(> 

Tttckelhausen.    .     .     .  1 35 1 

Turin 1642 

Utrecht i3g2 

Valbonne i2o3 

Val-Christi     ....  [385 

Val-d' Espérance .     .     .  1222 

Val-de-Paix    .     .          .  [328 

Val-de-Pez          .    .    •  1 1 7  J 


250. 

259. 

323. 
264. 
258. 

220. 

2Ô5. 

370. 

349. 

2  32. 
340. 
2  3  2  . 
23l. 

2  4  2  . 

33o. 
335. 
298. 
219. 
284. 
307. 
296. 
294. 
254. 
3 1 9. 
36 1. 
3 14. 
296. 
245. 
284. 
304. 
371. 
324. 

244- 

3  2  1 . 
249. 
289. 

237. 


—  678 


Val-du-Parad 

s   .     .     .       1845       ...     : 

3oi. 

Val-Dieu    . 

.     .     .       1170       .... 

233. 

Valenciennes 

...       1288       

260. 

Val-Sainte'. 

...       1294       .... 

262. 

Valon    .     . 

.     .     .       n38       .... 

225. 

Val-Profonde 

.     .     .       1 3o 1       .... 

269 

Val-Saint-Gec 

)rges  .     .       1234       .... 

2  52 

Val-Saint-Hu 

gon    .     .       î 172       .... 

236 

Val-Saint-Pie 

rre     .     .       1  140       .... 

227 

Vauclair     . 

.     .     .     .       i33o       .... 

292 

Vaucluse    . 

1 r  39       .... 

226 

Védana.     . 

.     .     .     .       1455       .... 

343 

Veillane     . 

.     .     .       1595       .... 

359 

Venise  .     . 

.     .     .       1422       .... 

336 

Verne  (La). 

...       1170       .... 

2  34 

Via-Cœli   . 

.     .     .       1640       .... 

37 1 

Villefranche  . 

.     .     .       1450       .... 

34i 

Villeneuve 

...       i356      

3o5. 

Vogelsberg 

.    .     .       1442      .... 

339 

Walditz     . 

.     .     .       1620      .... 

364 

Warasdin  . 

.     .     .       1494      .... 

352 

Wesel    .     . 

.     .     .       1417      .... 

336 

Vittham     . 

...       1178      .... 

239 

Wurtzbourg 

...       i348      .... 

3o3 

Xérès     .     . 

.     .     .     .       1475      .... 

346 

Ziriczée     . 

.     .     .       1432       .     . 

337 

TABLE 

DES 

PIÈCES    JUSTIFICATIVES. 

Pages. 

i.  Testimoniales  litterae  senatus  inclyta;  urbis  Colo- 
nial Agrippina;  de  antiquitate  ac  nobilitate  fami- 
liae  S.  Brunonis  primi  Cartusianorum  institu- 
toris,  ex  eadem  Colonia  oriundi 385. 

2.  Charta   Humberti  de  Miribel  concessa   magistro 

Brunoni  pro  fundatione  M.  Cartusia;.     .     .     .  390. 

3.  Charta   Hugonis    Episcopi  Gratianopolitani    ve- 

tantis  ne  mulieres  Cartusiam  accédant .     .     .     .         3o2. 

4.  Urbani  Papa;  II.   Brève  ad  Siguinum  Casae   Dei 

Abbatem,  ut  domum  Cartusia;  sibi  a  P.  Brunone 
in  fratrum  dilapsione  chirographo  commenda- 
tam,  ipsis  redeuntibus,  unâ  cum  chirographo 
illico  restituât 3o3. 

5.  Littera?  Siguini  Abbatis  Casa;  Dei,  quibus  ad  Ur- 

bani Papa;,  et  magistri  Brunonis  Ordinis  Cartu- 
siensis  fundatoris  preces,  locum  Cartusia;  sibi 
concreditum,  beato  Landuino  ejusdem  Cartusia; 
Prions  anno   ioqo  restituit 394. 

6.  Brève  quo  Urbanus  II.  magistro  Brunoni  eccle- 

siam  sancti  Cyriaci  martyris  in  Urbe  ad  habitan- 

dum  concedit 3g5. 

7.  Privilegium   I.   Comitis  Rogerii,  quo  S.  P.  Bru- 

noni,  et  successoribus   territorium    in   spatium 

unius  leuca;,  in  loco  Turris  dicto,  concessit  .     .         3ob. 

8.  Confirmatio  donationis  loci  inter  Arenam  et  Sty- 

lum,  per  Rogerium  Apuliiv  ducem 3y8 . 


68o  — 


9.  Charta  confirmationis    praecedentium  concessio- 

nura  ab  Urbano  Iï.  facta 

10.  Privilegium  II.  Comitis  Rogerii,  quo  distincte 
désignât  per  terminos  territorium  quod  per  pri- 
mum  privilegium  concesserat 

iï.  Diploma  donationis  Monasterii  ac  praediorum. 
S.  Mariœ  de  Arsafia  pro  dotatione  S.  Marias 
de  Turri  a  Comité  Rogèrio  facta,  tempore  dedi- 
cationis  ejusdem  ecclesiae  in  Calabritana  eremo 
S.  Brunonis 

12.  Bulla  Urbani  II.  qua  confirmât  privilégia  Roge- 
rii Comitis,  ac  Joannis  squillacensis  Episcopi 
conccisionem 

1 3.  Privilegium  magnum  in  quo  Cornes  Rogerius  per 
apparitionem  sibi  factam  a  S.  Brunone  in  obsi- 
dione  Capuae  testatur  se  liberatum  a  proditione 
Sergii 

14.  Cornes  Rogerius  liberatos  proditores  Brunoni  ac 
successoribus  ejus  servos  et  villanos  assignat. 

i5.  Epistola  S.  Brunonis,  quam  ex  eremo  Calabriœ 
ad  fratres  suos  Cartusireeremum  incolentes  misit 
vin  septembris  MXCIX 

16.  Bulla  Paschalis  II.  qua  in  clientelam  S.  Romanai 
Ecclesiœ  recipitur  eremus  Sanctas  Maria;  de  Bo- 
sco     

17.  Fides  de  SS.  Trinitate  atque  de  SS.  Sacramento 
altaris,  ante  suum  obitum  a  magistro  Brunone 
exposita 

18.  Encyclica  epistola  Cartusia:  S.  Maria;  de  Eremo, 
de  obitu  S.  Brunonis 

19.  Tituli  Funèbres.  —  Séries  Elogiorum,  quibus 
varias  per  Italiam,  Galliam,  Angliam,  constituta." 
Ecclesiae,  Religiosœ  Familia;  et  singulares  in 
ecc'esiastica  dignitate  persona:  sanctissimi  Patri- 


599. 


401. 


404. 


4<  )  3 . 


410. 


4>! 


410. 


422. 


424- 


425. 


—  68i   — 

archce  Brunonis  funeri  piè  ac  devotè  parenta- 

runt 427- 

19  bis.  Indultum  Cartusiensibus  datum  de  Officio  et 

Missa  S.  Brunonis 5oy. 

20.  Ordinatio  Capituli  Generalis  anni  1  5 1  5  de  ritu 
solemni  in  festo  Sancti  Brunonis 5 10. 

Confîrmatio  ejusdem  ordinationis,  a  Capitulo  Ge- 
nerali  anni  1 5 1 6 5 1 3 . 

21.  Bulla  Gregorii  Papas  XV.  de  Missa  et  Officio 
Sancti  Brunonis 5 1 3 . 

'  Decretum  S.  Rituum  Congregationis  de  festo  S. 
Brunonis  sub  ritu  semiduplici  ad  libitum  cele- 
brando,  in  Ecclesia  universali 5i5. 

22.  Brève  Gregorii  Papas  XV.  de  Indulgentiis  in  festo 
Sancti  Brunonis  consequendis 5i5. 

23.  Bulla  Leonis  Papœ  X.  qua  Monasterium  Sancti 
Stephani  de  Nemore  ad  Gartusienses  pristinos 
possessores  devolutum  esse  déclarât 5 16. 

2 3  £/s.Attestatio  récognitions  sacrarumReliquiarum 
S.  Brunonis  a  vicario  gencrali  ecclesiœ  Squilla- 
censis  expedita 5io. 

24.  Litterae   Capituli    Generalis  anni  1254,   quibus. 
Ordo    Cartusiensis   perpetuo    renunciavit    esui 
carnium 523. 

2  5.  Confîrmatio  Statutorum  Ordinis  Cartusiensis  ab 

Innocentio  Papa  XI 524. 

Ordinatio  Capituli  Generalis  anni  1 679,  in  Majori 
Cartusia  celebrati,  pro  secunda  editione  sccundiv 
et  tertiœ  Partis  Statutorum  facienda 529. 

Ordinatio  Capituli  Generalis  anni  1G80  .     .     .     .        529. 

26.  Lettres-patentes  de  Louis  XIV,  sur  les  Privilè- 
ges accordés  à  l'Ordre  des  Chartreux     ....         53 1. 

27.  Ordinatio  Capituli  Generalis  anni  1  542,  de  lectu- 

ra  lingua;  grœcaî  aCartusianis  non  frequentanda.        536. 


—  (582  — 

28.  Bulla  Julii  Papa;  II,qua  prohibet  mulieribus  ne 
Domos  Cartusianorum  ingrediantur     ....         53y. 

29.  Bulla  Julii  PapœII,qua  prohibet  viris  et  mulie- 
ribus ne  ingrediantur  Monasteria  Monialium 
Ordinis  Cartusiensis 53<j. 

30.  Bulla  Leonis  Papœ  X.  pro  Domo  S.  Stephani  de 
Nemore,in  qua  supprimitdignitatemAbbatialem 
et  Cistersiensem  Ordinem,  et  concedit  ut  ibi 
Cartusienses,  sicut  antiquitùs  regulariter  vire- 

bant,    introducantur.     Ann.  1 5 1 3 540. 

3i.  Ordinatio  Capituli  Generalis  Ordinis  Cartusien- 
sis,   an.   1723,  pro  septem  Provinciis  Franciae.         542. 

32.  Lettre  du  R.  P.  de  Montgeffond  aux  Religieux 
Chartreux  retirés  en  Hollande  à  l'occasion  de  la 

Constitution  Unigenitus 543. 

Epistola  S.  Brunonis  ex  Eremo  Calabriœ  ad  Ra- 
dulphum  cognomento  Viridem  Rhemensis  Ec- 
clesiœ  Praepositum  deinde  Archiepiscopum     .     .         56i. 

Elogia  praestantissimorum  quorumdam  virorum 
qui  litterarum  suarum  monumentis,  sive  Bru- 
nonem  fundatorem,  sive  Ordinem  suum  Cartu- 
siensem  commendarunt 56y. 


Table  des  noms  propres 617. 

Table  des  noms  de  lieux 644. 


PARIS. 

IMPRIMERIE     DE     I.'œuVRE    DE    SAINT-PAUL. 
bi}  rue  de  Lille,  5i. 


l-    CHILIPOXA.    GERANT. 


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BX  4700  .B78  L43  1883 

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Lefebvre,  François  A., 

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Saint  Bruno  et  l'ordre 

des  Chartreux  / 
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